L’iboga, plante sacrée au Gabon et remède ancestral convoité
Remède ancestral des peuples de la forêt équatoriale, plante sacrée et psychotrope utilisé pour guérir les addictions : au Gabon, où l’usage de l’iboga est millénaire, des acteurs tentent de valoriser cette ressource végétale convoitée à l’international.Cet arbuste endémique de la forêt du bassin du Congo, poumon de l’Afrique centrale, est indissociable au Gabon de la spiritualité traditionnelle bwiti, où il est utilisé au cours de cérémonies, réduit en poudre hallucinogène tirée de sa racine.Or plusieurs études universitaires ont démontré l’efficacité de l’ibogaïne, l’un de ses principes actifs, à traiter les dépendances aux drogues, le stress post-traumatique et les maladies neurodégénératives, entraînant un intérêt croissant de la médecine et de l’industrie pharmaceutique. Au Gabon, où les exportations d’iboga sont rares et strictement encadrées, la plante reste majoritairement “sauvage ou cultivée pour une utilisation traditionnelle”, même si “des efforts se multiplient pour domestiquer la plante”, explique Florence Minko, du ministère des Eaux et Forêts.- “Pouvoir de transformation” -La mélodie de moungongo, une harpe traditionnelle gabonaise, accompagne la procession d’initiés dans un rituel préalable à la récolte de la racine d’iboga à Ndossi Village, près de Libreville.Parmi eux, Teddy Van Bonda Ndong, 31 ans et initié au bwiti depuis ses neuf ans, consomme le “bois sacré” au cours des cérémonies, mais aussi en petites quantités, quasi quotidiennement, assurant en retirer des “vertus pour sa santé mentale et physique”.C’est pour expérimenter “le pouvoir de transformation” de la plante que Stephen Windsor-Clive, un retraité de 68 ans, a voyagé du Royaume-uni jusqu’au Gabon. Sa fille de 37 ans souffre de troubles mentaux et après 10 ans d’errance médicale et plusieurs hospitalisations, l’iboga qu’il a découvert en ligne est “sa dernière tentative”, confie-t-il à l’AFP.Après 10 jours d’initiation au Bwiti, au cours duquel l’homme a consommé la substance accompagné par Tatayo, le “nganga” ou guide spirituel de la communauté Ebando à Libreville, le retraité anglais veut “faire vivre cette expérience à (sa) fille”, convaincu qu’une “force mystérieuse réside dans cette plante pour aider de nombreuses sphères de la conscience humaine”. Assis au pied d’un fromager au tronc peint d’un bleu nuit, Tafara Kennedy Chinyere, un artiste venu du Zimbabwe pour s’initier chez Tatayo, se dit apaisé : “Je me sens bien dans mon corps, et mon esprit. (…) J’en suis venu à réaliser que certaines choses n’ont plus aucune place dans mon existence”, dit-il en évoquant son “anxiété”.- Brevets étrangers -Docteur microbiologiste gabonais, initié au Bwiti, Yoan Mboussou fabrique dans son petit laboratoire situé non loin de Libreville des gélules de 500 mg d’iboga, commercialisées au Gabon comme complément alimentaire “anti-fatigue, anti-oxydant et anti-addictif”.Un produit pour lequel il espère obtenir une autorisation d’exportation, convaincu que l’iboga est un “levier potentiel pour développer l’économie et le pays tout entier”.”Aujourd’hui, le potentiel économique issu de l’iboga échappe clairement au Gabon”, regrette Yann Guignon, spécialiste franco-gabonais de l’ONG Blessing of the Forest, qui estime que la plante pourrait entre autres répondre à la “crise des opiacés” ou aux “suicides des vétérans de guerre” aux États-Unis.Une hypothèse confirmée par une étude de l’université américaine de Stanford, qui indique en 2024 que l’ibogaïne, “associée au magnésium pour protéger le cÅ“ur, réduit efficacement et en toute sécurité le syndrome de stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression, et améliore le bien-être des vétérans souffrant d’un traumatisme crânien”. L’iboga reste considérée comme un stupéfiant en France ou aux États-Unis en raison de risques pour la santé. Au Pays-Bas, au Mexique ou au Portugal, des centres de traitement à l’ibogaïne ou à l’iboga se développent depuis plusieurs années. Des dizaines de brevets étrangers ont été déposés sur l’application thérapeutique de l’ibogaïne, excluant de fait le Gabon, bien que “la plupart soient issus de l’étude de l’utilisation de l’iboga par les Gabonais, en particulier les traditionalistes bwitistes”, selon M. Guignon. D’autant plus qu’il est possible de produire de l’ibogaïne de synthèse ou de s’orienter vers d’autres plantes, comme le Voacanga Africana, disponible en plus grande quantité au “Mexique ou au Ghana afin de produire de l’ibogaïne à des tarifs défiant toutes concurrences”, explique-t-il.- Made in Gabon -“Le Gabon perd énormément, car il ne s’est pas positionné à temps sur ce marché en développant des plantations d’iboga conséquentes, un laboratoire national de transformation et une vraie politique industrielle”, affirme M. Guignon, qui déplore l’absence “de propriété intellectuelle” pour “protéger les connaissances traditionnelles”. Une seule structure possède l’autorisation d’exporter l’iboga hors du Gabon. Mais ce nombre devrait croître ces prochaines années car “des opérateurs économiques sont engagés dans une production à visée commerciale selon le protocole de Nagoya”, ratifié par le Gabon en 2012 pour assurer une “redistribution équitable” des bénéfices, explique Florence Minko.”Nous avons rédigé une stratégie nationale de conservation et d’utilisation durable du produit” et “des assises qui réuniront toutes les parties : ONG, traditionalistes, scientifiques, seront prochainement organisées”, assure-t-elle.”C’est une énorme ressource pour le Gabon”, dit-elle, enthousiaste, appelant à créer une “indication géographique” pour un “iboga made in Gabon”.
L’iboga, plante sacrée au Gabon et remède ancestral convoité
Remède ancestral des peuples de la forêt équatoriale, plante sacrée et psychotrope utilisé pour guérir les addictions : au Gabon, où l’usage de l’iboga est millénaire, des acteurs tentent de valoriser cette ressource végétale convoitée à l’international.Cet arbuste endémique de la forêt du bassin du Congo, poumon de l’Afrique centrale, est indissociable au Gabon de la spiritualité traditionnelle bwiti, où il est utilisé au cours de cérémonies, réduit en poudre hallucinogène tirée de sa racine.Or plusieurs études universitaires ont démontré l’efficacité de l’ibogaïne, l’un de ses principes actifs, à traiter les dépendances aux drogues, le stress post-traumatique et les maladies neurodégénératives, entraînant un intérêt croissant de la médecine et de l’industrie pharmaceutique. Au Gabon, où les exportations d’iboga sont rares et strictement encadrées, la plante reste majoritairement “sauvage ou cultivée pour une utilisation traditionnelle”, même si “des efforts se multiplient pour domestiquer la plante”, explique Florence Minko, du ministère des Eaux et Forêts.- “Pouvoir de transformation” -La mélodie de moungongo, une harpe traditionnelle gabonaise, accompagne la procession d’initiés dans un rituel préalable à la récolte de la racine d’iboga à Ndossi Village, près de Libreville.Parmi eux, Teddy Van Bonda Ndong, 31 ans et initié au bwiti depuis ses neuf ans, consomme le “bois sacré” au cours des cérémonies, mais aussi en petites quantités, quasi quotidiennement, assurant en retirer des “vertus pour sa santé mentale et physique”.C’est pour expérimenter “le pouvoir de transformation” de la plante que Stephen Windsor-Clive, un retraité de 68 ans, a voyagé du Royaume-uni jusqu’au Gabon. Sa fille de 37 ans souffre de troubles mentaux et après 10 ans d’errance médicale et plusieurs hospitalisations, l’iboga qu’il a découvert en ligne est “sa dernière tentative”, confie-t-il à l’AFP.Après 10 jours d’initiation au Bwiti, au cours duquel l’homme a consommé la substance accompagné par Tatayo, le “nganga” ou guide spirituel de la communauté Ebando à Libreville, le retraité anglais veut “faire vivre cette expérience à (sa) fille”, convaincu qu’une “force mystérieuse réside dans cette plante pour aider de nombreuses sphères de la conscience humaine”. Assis au pied d’un fromager au tronc peint d’un bleu nuit, Tafara Kennedy Chinyere, un artiste venu du Zimbabwe pour s’initier chez Tatayo, se dit apaisé : “Je me sens bien dans mon corps, et mon esprit. (…) J’en suis venu à réaliser que certaines choses n’ont plus aucune place dans mon existence”, dit-il en évoquant son “anxiété”.- Brevets étrangers -Docteur microbiologiste gabonais, initié au Bwiti, Yoan Mboussou fabrique dans son petit laboratoire situé non loin de Libreville des gélules de 500 mg d’iboga, commercialisées au Gabon comme complément alimentaire “anti-fatigue, anti-oxydant et anti-addictif”.Un produit pour lequel il espère obtenir une autorisation d’exportation, convaincu que l’iboga est un “levier potentiel pour développer l’économie et le pays tout entier”.”Aujourd’hui, le potentiel économique issu de l’iboga échappe clairement au Gabon”, regrette Yann Guignon, spécialiste franco-gabonais de l’ONG Blessing of the Forest, qui estime que la plante pourrait entre autres répondre à la “crise des opiacés” ou aux “suicides des vétérans de guerre” aux États-Unis.Une hypothèse confirmée par une étude de l’université américaine de Stanford, qui indique en 2024 que l’ibogaïne, “associée au magnésium pour protéger le cÅ“ur, réduit efficacement et en toute sécurité le syndrome de stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression, et améliore le bien-être des vétérans souffrant d’un traumatisme crânien”. L’iboga reste considérée comme un stupéfiant en France ou aux États-Unis en raison de risques pour la santé. Au Pays-Bas, au Mexique ou au Portugal, des centres de traitement à l’ibogaïne ou à l’iboga se développent depuis plusieurs années. Des dizaines de brevets étrangers ont été déposés sur l’application thérapeutique de l’ibogaïne, excluant de fait le Gabon, bien que “la plupart soient issus de l’étude de l’utilisation de l’iboga par les Gabonais, en particulier les traditionalistes bwitistes”, selon M. Guignon. D’autant plus qu’il est possible de produire de l’ibogaïne de synthèse ou de s’orienter vers d’autres plantes, comme le Voacanga Africana, disponible en plus grande quantité au “Mexique ou au Ghana afin de produire de l’ibogaïne à des tarifs défiant toutes concurrences”, explique-t-il.- Made in Gabon -“Le Gabon perd énormément, car il ne s’est pas positionné à temps sur ce marché en développant des plantations d’iboga conséquentes, un laboratoire national de transformation et une vraie politique industrielle”, affirme M. Guignon, qui déplore l’absence “de propriété intellectuelle” pour “protéger les connaissances traditionnelles”. Une seule structure possède l’autorisation d’exporter l’iboga hors du Gabon. Mais ce nombre devrait croître ces prochaines années car “des opérateurs économiques sont engagés dans une production à visée commerciale selon le protocole de Nagoya”, ratifié par le Gabon en 2012 pour assurer une “redistribution équitable” des bénéfices, explique Florence Minko.”Nous avons rédigé une stratégie nationale de conservation et d’utilisation durable du produit” et “des assises qui réuniront toutes les parties : ONG, traditionalistes, scientifiques, seront prochainement organisées”, assure-t-elle.”C’est une énorme ressource pour le Gabon”, dit-elle, enthousiaste, appelant à créer une “indication géographique” pour un “iboga made in Gabon”.
Missiles contre drones, l’escalade militaire continue entre l’Inde et le Pakistan
Attaques de drones, tirs d’artillerie, frappes de missiles, le Pakistan et l’Inde ont encore intensifié samedi leurs opérations au quatrième jour de leur confrontation militaire, sourds aux appels insistants à la retenue des Etats-Unis ou de la Chine.Depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l’attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien, les deux puissances nucléaires se rendent coup pour coup dans une inquiétante escalade.Samedi matin, le Pakistan a annoncé avoir riposté à des frappes, quelques heures plus tôt, de missiles indiens visant trois de ses bases aériennes, dont l’une aux portes de la capitale Islamabad.Dans la foulée, l’Inde a confirmé avoir subi une série d’attaques pakistanaises, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire.La principale ville du Cachemire indien, Srinagar, a été plusieurs fois secouée samedi par de violentes détonations, ont constaté des journalistes de l’AFP.Touchée au petit matin, la base aérienne d’Awantipora, près de Srinagar, a encore été frappée à la mi-journée, selon une source policière s’exprimant sous couvert de l’anonymat.A la mi-journée, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a estimé que son pays avait “vengé les morts innocents” avec une “réponse adéquate” à l’Inde. Il avait dit dans une adresse à la nation mercredi soir s’engager à “venger chaque goutte de sang des martyrs”.L’aggravation des attaques entre les deux rivaux a suscité les appels au calme de plus en plus inquiets de nombreuses capitales étrangères.Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a exhorté ses homologues indien et pakistanais “à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul”, selon sa porte-parole Tammy Bruce.- “Dégâts limités” -Les Etats-Unis ont formellement offert leur médiation aux deux pays.La Chine a haussé le ton samedi en appelant “fermement” les deux voisins à la retenue, et les pays membres du G7 ont de leur côté exigé “une désescalade immédiate”.Rivaux depuis leur indépendance et leur douloureuse partition en 1947, l’Inde et le Pakistan traversent leur plus grave crise en plusieurs décennies depuis l’assassinat de 26 civils le mois dernier dans la ville de Pahalgam, au Cachemire indien.New Delhi accuse Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu’elle soupçonne de l’attaque, ce que son voisin dément fermement. Les combats qui les opposent depuis mercredi font aussi l’objet d’une féroce bataille de communication.Avant l’aube samedi, deux explosions ont retenti à Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l’état-major et les services du renseignement pakistanais.Le porte-parole de l’armée pakistanaise, Ahmed Sharif Chaudhry, est alors apparu à la télévision d’Etat pour annoncer que “l’Inde a(vait) attaqué avec des missiles” et que “les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot (avaient) été visées”.”Vous pouvez vous préparer maintenant à notre réponse”, a-t-il lancé à l’intention de l’Inde.Samedi matin, des porte-paroles de l’armée indienne ont confirmé que le Pakistan avait visé 26 cibles sur son sol. Parmi elles, quatre bases aériennes dont l’infrastructure et le personnel n’ont subi que des “dégâts limités”.Le secrétaire du ministère indien des Affaires extérieures, Vikram Misri, a longuement dénoncé devant la presse “les mensonges, la désinformation et la propagande” d’Islamabad, accusé de viser délibérément” des objectifs civils.- Exode -L’armée indienne a également affirmé sur X avoir “pulvérisé” des “sites de lancement terroristes” de drones proche de la frontière.Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s’est inquiété de “la rhétorique belliqueuse, l’agitation intérieure et la logique jusqu’au-boutiste de la surenchère” dans les deux capitales.Selon les bilans officiels des deux camps, les combats ont causé depuis mercredi la mort d’une soixantaine de civils pakistanais et indiens.Cet état de guerre a suscité d’importants mouvements de population de part et d’autre de la “ligne de contrôle” qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays. Dans la partie indienne, la gare de la ville de Jammu, visée par des attaques de drones pakistanais les deux dernières nuits, était prise d’assaut samedi par des habitants en quête d’un train.”Il y a eu des fortes explosions toute la nuit”, a confié à l’AFP sur un quai l’un des candidats au départ, Karan Varma, un maçon de 41 ans. “Il n’y a pas d’autre choix que de partir”.De l’autre côté de la frontière de facto, Mohammed Hussain a raconté à l’AFP une nuit de violence qui a tué, selon les autorités du Cachemire pakistanais, 11 civils.”Ma maison a été fortement endommagée dans les tirs, j’essaie d’évacuer ma famille vers un endroit plus sûr”, a-t-il dit.Conséquence des opérations militaires en cours, l’espace aérien du Pakistan sera fermé “jusqu’à dimanche à 07H00 GMT”, a annoncé samedi l’Autorité de l’aviation.Côté indien, 32 aéroports du quart nord-ouest du pays ont été fermés au trafic aérien jusqu’à nouvel ordre.burs-pa/pt    Â
Missiles contre drones, l’escalade militaire continue entre l’Inde et le Pakistan
Attaques de drones, tirs d’artillerie, frappes de missiles, le Pakistan et l’Inde ont encore intensifié samedi leurs opérations au quatrième jour de leur confrontation militaire, sourds aux appels insistants à la retenue des Etats-Unis ou de la Chine.Depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l’attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien, les deux puissances nucléaires se rendent coup pour coup dans une inquiétante escalade.Samedi matin, le Pakistan a annoncé avoir riposté à des frappes, quelques heures plus tôt, de missiles indiens visant trois de ses bases aériennes, dont l’une aux portes de la capitale Islamabad.Dans la foulée, l’Inde a confirmé avoir subi une série d’attaques pakistanaises, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire.La principale ville du Cachemire indien, Srinagar, a été plusieurs fois secouée samedi par de violentes détonations, ont constaté des journalistes de l’AFP.Touchée au petit matin, la base aérienne d’Awantipora, près de Srinagar, a encore été frappée à la mi-journée, selon une source policière s’exprimant sous couvert de l’anonymat.A la mi-journée, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a estimé que son pays avait “vengé les morts innocents” avec une “réponse adéquate” à l’Inde. Il avait dit dans une adresse à la nation mercredi soir s’engager à “venger chaque goutte de sang des martyrs”.L’aggravation des attaques entre les deux rivaux a suscité les appels au calme de plus en plus inquiets de nombreuses capitales étrangères.Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a exhorté ses homologues indien et pakistanais “à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul”, selon sa porte-parole Tammy Bruce.- “Dégâts limités” -Les Etats-Unis ont formellement offert leur médiation aux deux pays.La Chine a haussé le ton samedi en appelant “fermement” les deux voisins à la retenue, et les pays membres du G7 ont de leur côté exigé “une désescalade immédiate”.Rivaux depuis leur indépendance et leur douloureuse partition en 1947, l’Inde et le Pakistan traversent leur plus grave crise en plusieurs décennies depuis l’assassinat de 26 civils le mois dernier dans la ville de Pahalgam, au Cachemire indien.New Delhi accuse Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu’elle soupçonne de l’attaque, ce que son voisin dément fermement. Les combats qui les opposent depuis mercredi font aussi l’objet d’une féroce bataille de communication.Avant l’aube samedi, deux explosions ont retenti à Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l’état-major et les services du renseignement pakistanais.Le porte-parole de l’armée pakistanaise, Ahmed Sharif Chaudhry, est alors apparu à la télévision d’Etat pour annoncer que “l’Inde a(vait) attaqué avec des missiles” et que “les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot (avaient) été visées”.”Vous pouvez vous préparer maintenant à notre réponse”, a-t-il lancé à l’intention de l’Inde.Samedi matin, des porte-paroles de l’armée indienne ont confirmé que le Pakistan avait visé 26 cibles sur son sol. Parmi elles, quatre bases aériennes dont l’infrastructure et le personnel n’ont subi que des “dégâts limités”.Le secrétaire du ministère indien des Affaires extérieures, Vikram Misri, a longuement dénoncé devant la presse “les mensonges, la désinformation et la propagande” d’Islamabad, accusé de viser délibérément” des objectifs civils.- Exode -L’armée indienne a également affirmé sur X avoir “pulvérisé” des “sites de lancement terroristes” de drones proche de la frontière.Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s’est inquiété de “la rhétorique belliqueuse, l’agitation intérieure et la logique jusqu’au-boutiste de la surenchère” dans les deux capitales.Selon les bilans officiels des deux camps, les combats ont causé depuis mercredi la mort d’une soixantaine de civils pakistanais et indiens.Cet état de guerre a suscité d’importants mouvements de population de part et d’autre de la “ligne de contrôle” qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays. Dans la partie indienne, la gare de la ville de Jammu, visée par des attaques de drones pakistanais les deux dernières nuits, était prise d’assaut samedi par des habitants en quête d’un train.”Il y a eu des fortes explosions toute la nuit”, a confié à l’AFP sur un quai l’un des candidats au départ, Karan Varma, un maçon de 41 ans. “Il n’y a pas d’autre choix que de partir”.De l’autre côté de la frontière de facto, Mohammed Hussain a raconté à l’AFP une nuit de violence qui a tué, selon les autorités du Cachemire pakistanais, 11 civils.”Ma maison a été fortement endommagée dans les tirs, j’essaie d’évacuer ma famille vers un endroit plus sûr”, a-t-il dit.Conséquence des opérations militaires en cours, l’espace aérien du Pakistan sera fermé “jusqu’à dimanche à 07H00 GMT”, a annoncé samedi l’Autorité de l’aviation.Côté indien, 32 aéroports du quart nord-ouest du pays ont été fermés au trafic aérien jusqu’à nouvel ordre.burs-pa/pt    Â
Faure défend “l’avenir de l’idée socialiste”
Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, défend samedi “l’avenir de l’idée socialiste” pour faire “obstacle à la vague réactionnaire” et lutter contre “l’indolence climatique”, dans une tribune publiée à l’occasion du 44e anniversaire de l’élection de François Mitterrand. “La liberté vaincra si nous faisons obstacle à la vague réactionnaire, identitaire, qui monte et que la droite libérale déjà vaincue, s’ingénie à imiter”, affirme le candidat à sa réélection au mois de juin dans une tribune publiée dans Mediapart.”A nous de nous mobiliser contre les conséquences irréversibles que l’indolence climatique des gouvernements fait courir à la planète et à la cohésion future de nos sociétés”, ajoute-t-il. Rappelant la célèbre formule du président socialiste François Mitterrand, en 1995 devant le Parlement européen, “le nationalisme, c’est la guerre”, Olivier Faure estime que “nous en sommes là ”.”Et c’est ici qu’à nouveau, il faut évoquer l’avenir d’une idée, l’idée socialiste !”, poursuit-il. “C’est tout le pacte humaniste issu de la victoire sur le nazisme qui est aujourd’hui remis en cause”, assure-t-il. “Et la tâche qui nous incombe est de donner à l’exigence de paix, de démocratie et de fraternité humaine, un nouveau socle”.Il prône dès lors l’invention d'”un socialisme écologique” soucieux de “combattre les forces qui détruisent le vivant parce que ce sont les mêmes qui exploitent le travail des hommes et les ressources de la planète, au risque de nous priver de ce qui fait notre humanité”.Il s’agit donc, argumente le député socialiste, de revoir “notre vision de la croissance”, davantage centrée sur le bien-être, d'”approfondir notre conception de la démocratie”, en associant plus les citoyens, et de mieux “lutter contre les inégalités”.Mais aussi à “assumer nos responsabilités dans la défense de la paix” en s’attaquant aux “inégalités de développement” et au “rôle dangereux joué par les sociétés transnationales dans l’accaparement des ressources naturelles”.”C’est cette ambition humaine intégrale, globale, que nous devons porter”, estime Olivier Faure.Â
Chine et États-Unis : début des tractations commerciales de haut niveau pour calmer le jeu
Des tractations entre les États-Unis et la Chine, au plus haut niveau depuis la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, ont débuté samedi à Genève pour tenter d’apaiser des tensions qui commencent à peser sur les deux premières économies mondiales.Signe de l’importance des enjeux, les deux capitales ont envoyé des poids-lourds au bord du lac Léman : le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, le Représentant au Commerce Jamieson Greer et le vice-Premier ministre chinois He Lifeng.”Les négociations économiques et commerciales de haut niveau entre la Chine et les États-Unis ont débuté à Genève, en Suisse”, a rapporté la chaîne de télévision publique chinoise CCTV en milieu de matinée.Les discussions sont prévues samedi et dimanche, mais les délégations restent discrètes et la rencontre se déroule dans un endroit caché des regards sur la rive gauche du lac près du Parc des Eaux-Vives, a constaté l’AFP.Peu après 09H30 (07H30 GMT), Scott Bessent, Jamieson Greer et une délégation d’une dizaine de personnes sont passés à grand pas dans le lobby de l’Intercontinental, un hôtel sur les hauteurs de Genève où les délégations américaines ont leurs habitudes. Interpellé par l’AFP sur ses attentes, le Secrétaire au Trésor a détourné la tête et n’a pas fait de commentaire, avant de s’engouffrer dans un SUV BMW noir.La veille de la rencontre, Donald Trump a fait un geste en suggérant d’abaisser à 80% les droits de douane punitifs qu’il a lui-même imposés sur les produits chinois. – Désescalade -“Le président aimerait régler le problème avec la Chine. Comme il l’a dit, il aimerait apaiser la situation”, a lancé vendredi soir le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, sur Fox News.Le geste reste symbolique, car à ce niveau les droits de douane ne seraient toujours pas supportables pour la plupart des exportations chinoises vers les États-Unis.Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a fait des droits de douane une arme politique. Il a imposé une surtaxe de 145% sur les marchandises venant de Chine, en plus des droits de douane préexistants. Pékin, qui a promis de combattre “jusqu’au bout” les surtaxes de Donald Trump, a riposté avec 125% de droits de douane sur les produits américains. Résultat: les échanges bilatéraux sont pratiquement à l’arrêt et les marchés ont connu de violents soubresauts.Les discussions prévues à Genève sont donc “un pas positif et constructif vers la désescalade”, a estimé la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala à la veille des discussions.La présidente du pays hôte Karin Keller-Sutter en a appelé aux forces surnaturelles. “Hier (jeudi), le Saint-Esprit était à Rome. Il faut espérer qu’il descende maintenant à Genève pour le week-end”, a-t-elle espéré vendredi, en référence à l’élection du pape Léon XIV. Le vice-Premier ministre chinois semble arriver à la table des discussions avec un atout. Pékin a annoncé vendredi un bond de 8,1% de ses exportations en avril, un chiffre quatre fois supérieur aux prévisions des analystes, mais les exportations vers les États-Unis ont chuté de près de 18%. – Possible “geste symbolique et provisoire”-Si l’on en croit les Chinois, ce sont aussi les Américains qui ont demandé à avoir ces discussions. Donald Trump “ne va pas unilatéralement baisser les droits de douane sur la Chine. On doit aussi voir des concessions de leur part”, a averti sa porte-parole, Karoline Leavitt.”Un résultat possible des discussions en Suisse serait un accord pour suspendre la plupart, voire la totalité, des droits de douane imposés cette année, et cela pendant la durée des négociations” bilatérales, déclare à l’AFP Bonnie Glaser, qui dirige le programme Indo-Pacifique du German Marshall Fund, un cercle de réflexion à Washington.Spécialiste de l’économie chinoise à l’Asia Society Policy Institute, organisation basée aux États-Unis, Lizzi Lee s’attend à un éventuel “geste symbolique et provisoire”, qui pourrait “apaiser les tensions, mais pas régler les désaccords fondamentaux”.Sur le plan “pratique”, cela coince aussi, selon Bill Reinsch, expert du Center for Strategic and International Studies.Donald Trump veut rencontrer son homologue Xi Jinping, “trouver un accord avec lui, et qu’ensuite leurs subordonnés règlent les détails”, décrit-il à l’AFP, alors que les Chinois “veulent que tous les sujets soient réglés avant une réunion” des deux présidents.Xu Bin, professeur à l’école de commerce international Chine Europe (CEIBS) de Shanghaï ne s’attend pas à ce que les droits de douane reviennent à un “niveau raisonnable”: “Même si cela descend, ce sera probablement de moitié, et, là encore, ce sera trop haut pour avoir des échanges commerciaux normaux.”burs-vog/nl/LyS
Macron, Merz, Starmer et Tusk à Kiev pour réclamer un cessez-le-feu de 30 jours à la Russie
Emmanuel Macron, Friedrich Merz, Keir Starmer et Donald Tusk ont rencontré samedi matin à Kiev le président Volodymyr Zelensky pour afficher leur soutien à l’Ukraine et réclamer, de concert avec les États-Unis, un “cessez-le-feu complet” de 30 jours à Moscou.Le président français et le chancelier allemand ont, chacun de leur côté, menacé samedi d’un durcissement des sanctions contre la Russie si elle refuse ce cessez-le-feu, Friedrich Merz évoquant en outre la poursuite d’une “aide massive” à l’Ukraine faute de réaction du Kremlin.Cette visite des dirigeants français, allemand, britannique et polonais répond symboliquement aux commémorations en grande pompe des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie tenues vendredi sur la place Rouge autour du président russe Vladimir Poutine et d’une vingtaine de dirigeants étrangers, dont le président chinois Xi Jinping.Le président français, le chancelier allemand et les Premiers ministres britannique et polonais se sont rendus, avec le président ukrainien, sur la place centrale de Kiev, le Maïdan, pour déposer des bougies et observer une minute de silence au pied d’un mémorial aux soldats tombés depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.Les Européens se rendent à Kiev forts de l’appel du président américain Donald Trump, qui a pressé jeudi la Russie d’accepter un “cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours”, voulu par l’Ukraine, mais repoussé par Moscou.La Russie, qui occupe 20% du territoire ukrainien, “tergiverse, pose des conditions, gagne du temps, et poursuit sa guerre d’invasion”, a accusé M. Macron samedi dans un message sur X, juste après son arrivée dans la capitale ukrainienne.Emmanuel Macron a aussi aussi appelé à des “discussions directes” entre l’Ukraine et la Russie. Dans le cas d’une trêve de 30 jours, “on engage des discussions directes Ukraine-Russie. Nous, on est prêt à aider”, a-t-il assuré.- Condition de Moscou -A la veille de leur arrivée en Ukraine, les quatre dirigeants ont publié une déclaration conjointe réclamant à Moscou d'”accepter un cessez-le-feu complet et inconditionnel de 30 jours afin de permettre la tenue de pourparlers en vue d’une paix juste et durable”.A Kiev, ils vont aussi participer à une réunion virtuelle avec la “coalition des volontaires”, composée de pays soutiens de Kiev et pilotée par Londres et Paris, pour discuter des “garanties de sécurité” pour l’Ukraine en cas de cessation des hostilités.Ils informeront les autres participants à ce groupe aux contours encore flous des “progrès réalisés en vue d’une future coalition rassemblant des forces aériennes, terrestres et maritimes” pour aider l’armée ukrainienne “après un éventuel accord de paix” avec la Russie.Vendredi à Moscou, Vladimir Poutine a lui célébré le “courage” des soldats russes engagés en Ukraine, dans le pire conflit armé en Europe depuis le Deuxième Guerre mondiale, qui a fait des dizaines de milliers de morts dans chaque pays.Sur la chaîne américaine ABC, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé qu’un cessez-le-feu devrait être précédé d’un arrêt des livraisons d’armes occidentales, faute de quoi cela donnerait “un avantage à l’Ukraine” à un moment où “les troupes russes avancent de manière assurée” sur le front.Moscou a donc rejeté pour l’instant les appels au cessez-le-feu, se contenant de décréter unilatéralement une trêve de trois jours qui doit s’achever samedi à minuit, à l’occasion des célébrations de la victoire sur l’Allemagne nazie.- Avertissement américain -L’Ukraine n’a pas fait état de frappes de missiles russes de longue portée sur ses villes depuis le début de cette trêve mais elle a accusé la Russie de centaines de violations sur la ligne de front. L’ambassade américaine en Ukraine a mis en garde vendredi contre le risque d’une importante “attaque aérienne” russe ces prochains jours. Des médias ukrainiens ont de leur côté affirmé samedi que la Russie avait notifié la fermeture de l’espace aérien au-dessus de son site militaire utilisé pour le lancement en 2024 de son missile de dernière génération Orechnik, signe potentiel de préparatif d’une nouvelle frappe balistique.Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, et son début de rapprochement avec le maître du Kremlin, les Ukrainiens et les Européens redoutent un accord qui se nouerait sans leur consentement.Mais ils espèrent avoir réussi à accorder leurs violons avec le président américain, notamment depuis un tête-à -tête Trump-Zelensky à Rome à l’occasion des funérailles du pape François le 26 avril.Pour Emmanuel Macron, il s’agit de la deuxième visite en Ukraine depuis le début de la guerre après celle de juin 2022 — à l’époque avec les dirigeants allemand et italien.”Que les dirigeants de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la Pologne viennent en bloc quatre jours après l’élection du chancelier allemand, ça montre l’unité, la force, la réactivité de l’Europe”, estime un proche du président français. “Et puis c’est en miroir avec les célébrations de Poutine”.