A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

En Afrique, ces grands accords de crédits carbones qui se sont évaporés

En 2023, le Liberia espérait avoir trouvé de quoi financer la protection de ses forêts avec l’accord de crédits carbone signé avec une société des Emirats arabes unis proche de la famille régnante. Mais deux ans plus tard, Monrovia n’a rien reçu et l’accord est tombé dans les limbes, comme de multiples autres signés par le même groupe en Afrique.C’était l’un des accords signés en rafale l’année de la COP28 aux Emirats arabes unis par l’entreprise Blue Carbon, dirigée par un membre de la famille royale. Ils couvraient des millions d’hectares de forêts à travers l’Afrique, du Liberia au Zimbabwe, dans certains cas jusqu’à 20% de la superficie du pays concerné.En échange de leur engagement à protéger leurs forêts, les Etats africains devaient recevoir une partie des revenus générés par les crédits carbone. Tout le monde devait en ressortir gagnant. Mais deux ans plus tard, la société a disparu des radars et ces grandes annonces avec le Liberia et d’autres pays d’Afrique et d’Asie ne se sont pas concrétisées, révèle une enquête conjointe de l’AFP et de Code for Africa, une organisation spécialisée dans les enquêtes en sources ouvertes.L’accord “a été arrêté” et “à ma connaissance, rien n’est fait pour essayer de le relancer”, répond Elijah Whapoe, chef du secrétariat sur le changement climatique du Liberia, un organisme public-privé, interrogé par l’AFP sur l’accord avec Blue Carbon.Les péripéties africaines de Blue Carbon mettent en évidence la complexité de la mise en œuvre des projets de crédits carbone, des mécanismes encore insuffisamment contrôlés et accusés de permettre aux grands pollueurs de “verdir” leur image avec peu ou pas d’impact réel sur le changement climatique.Ces crédits permettent aux grands producteurs de gaz à effet de serre de “neutraliser” sur le papier une partie de leurs émissions de CO2 en investissant par exemple dans la protection des forêts, puisque des arbres vivants et en bonne santé absorbent naturellement du dioxyde de carbone.La plupart des accords en Afrique ont été signés avant ou en marge de la COP28 organisée fin 2023 aux Emirats. Le président de Blue Carbon, le cheikh Ahmed Dalmook Al Maktoum, un cousin du Premier ministre de Dubaï, était souvent présent.Blue Carbon les a présentés comme un modèle pour le commerce du carbone en vertu de l’article 6 de l’accord climatique des Nations unies signé à Paris en 2015, qui définit les règles du commerce des crédits carbone entre les pays.Blue Carbon déclarait aussi en 2022 que ses activités aideraient les Emirats à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.Dans le cadre de l’accord avec le Liberia, environ un million d’hectares de ses forêts – soit près de 10% de la superficie du pays – auraient été protégés, les communautés locales impliquées et le gouvernement récompensé avec 30% des revenus, selon une déclaration de Blue Carbon et une copie du protocole d’accord consultée par l’AFP.L’accord avec le Liberia, comme d’autres accords africains, entre dans la catégorie REDD+ qui encadre comment les pays en développement peuvent être payés pour réduire les émissions en stoppant la déforestation.L’accord Blue Carbon/Liberia a rapidement essuyé un flot de critiques des défenseurs de l’environnement, qui l’ont jugé opaque et bafouant les droits des communautés locales.Pour Saskia Ozinga, fondatrice de Fern, une organisation œuvrant pour la protection des forêts et de leurs communautés, les accords de Blue Carbon, bien que d’une ampleur sans précédent, ne disaient pas clairement comment protéger les forêts et n’ont pas été assez discutés avec les communautés locales.”Blue Carbon visait clairement à verdir l’image” de ses promoteurs, dit-elle. “L’idée était bizarre à de nombreux égards et n’aurait jamais fonctionné tant pour le climat, que pour les forêts et les populations”.- Liberia, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Kenya… -L’un des premiers accords de Blue Carbon en Afrique a été conclu en mars 2023 avec la Tanzanie pour l’aider à “préserver et gérer ses 8 millions d’hectares de réserves forestières”, selon Blue Carbon. Tout comme d’autres signés avec la Zambie (portant sur 8 millions d’hectares) ou le Zimbabwe (7,5 millions) qui devaient générer “de gros bénéfices pour les communautés locales”. Blue Carbon en a également signé avec le Kenya et avec l’Etat de Niger dans le nord-ouest du Nigeria.Peu après la signature avec le gouvernement libérien, une agence de l’ONU et des ONG locales ont exhorté ce dernier à revenir dessus en raison de divers risques, de contestations juridiques notamment, jugeant notamment le texte incompatible “avec les droits fonciers communautaires et individuels existants”.Vincent Willie, ancien législateur et président du Comité parlementaire des ressources naturelles et de l’environnement du Liberia, a précisé à l’AFP que le gouvernement s’était dans ce dossier arrêté à la signature d’un protocole d’accord non contraignant.Selon Elijah Whapoe, l’accord avec Blue Carbon a été suspendu car il n’était pas “conforme” à la manière dont les accords sur le carbone doivent être gérés, notamment avec une plus grande implication locale.Une campagne de sensibilisation auprès des communautés avait été lancée, mais selon James Otto, un défenseur de l’environnement de la région libérienne de River Cess, les visites des agences gouvernementales et des organisations de la société civile ont suscité plus de questions que de réponses.Les communautés “insistent sur le fait que tout accord concernant l’utilisation de leurs terres et ressources forestières devrait être directement piloté par elles”, a déclaré James Otto à l’AFP. “D’après nos informations, aucun travail formel”, comme par exemple la création d’une zone forestière protégée, “n’a commencé dans le cadre de l’accord avec Blue Carbon”.D’autres programmes Blue Carbon semblent avoir été rapidement arrêtés, selon divers défenseurs de l’environnement et responsables interrogés par l’AFP.Blue Carbon avait salué l’accord signé avec le Zimbabwe, qui devait couvrir près de 20% de sa superficie, comme un “succès historique” dans la lutte contre le changement climatique. Mais cet accord n’a pas été au-delà de la manifestation d’intérêt, alors qu’il faut un projet formel pour pouvoir l’appliquer, souligne Washington Zhakata qui dirige la lutte contre le changement climatique au sein du gouvernement zimbabwéen.”Blue Carbon n’a toujours pas soumis de proposition formelle. Mais l’entreprise a déjà demandé un compte sur le registre carbone du Zimbabwe”, précise M. Zhakata.En Zambie, Douty Chibamba, secrétaire permanent du ministère de l’Economie durable et de l’Environnement, souligne que rien n’est sorti de l’accord signé avec Blue Carbon: “Le protocole d’accord a expiré sans aucune action”.Les responsables kényans et tanzaniens n’ont pas répondu aux demandes de précisions sur les accords signés avec Blue Carbon.Hors d’Afrique, un projet de Blue Carbon semble avoir connu le même destin.En 2023, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a signé avec le groupe un protocole d’accord en marge de la COP28.Il visait à exploiter les “vastes zones de mangroves” du pays, selon les services du Premier ministre James Marape. Mais près de deux ans plus tard, en juillet dernier, l’Autorité pour le changement climatique de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré à l’AFP que l’accord n’avait “pas du tout progressé”.Pour revendre les crédits carbone, Blue Carbon s’est associé à AirCarbon Exchange, une plateforme de vente de crédits carbone basée à Singapour. Mais cet accord-là a lui aussi été suspendu.”Notre protocole d’accord avec l’entreprise de Dubaï +Blue Carbon+, signé en 2023, a depuis expiré”, a déclaré à l’AFP un porte-parole d’AirCarbon Exchange. “Il n’y a eu aucun engagement actif entre les parties”.- Du vent – Aujourd’hui, l’entreprise semble n’être enregistrée dans aucun système de marchés carbone, ni n’avoir aucune présence opérationnelle, selon une enquête numérique menée par Code for Africa, organisme basé en Afrique du Sud et doté de la plus grande équipe d’enquêteurs numériques d’Afrique.Code for Africa n’a trouvé aucune trace de Blue Carbon ou de ses projets dans les trois principales bases de données de certification mondiale des crédits carbone, de l’ONU et des entreprises Verra et Gold Standard.Les campagnes publicitaires de Blue Carbon ont, elles, disparu.”Blue Carbon entend être à l’avant-garde des investissements durables liés au changement climatique”, soulignait la société lors de son lancement en octobre 2022, qui faisait également un lien explicite entre ses activités et la politique climatique des Emirats.”Blue Carbon servira de catalyseur pour les cadres opérationnels de l’économie bleue et verte qui définiront le programme de mise en œuvre des accords internationaux sur le climat et contribueront à l’initiative stratégique des Emirats arabes unis visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″, ajoutait-elle.Au cours de l’année 2023, Blue Carbon a également publié des communiqués et des photos sur les réseaux sociaux montrant des responsables africains signant des protocoles d’accord avec ses dirigeants.Sur son compte Instagram, dont le premier message date d’octobre 2022 lors du lancement de la société, aucun message n’a été publié depuis décembre 2023.De même, le compte officiel sur X, BlueCarbonDxb, sur lequel 27 messages apparaissent entre le 18 octobre 2022 et le 28 mars 2023, est inactif depuis. Le dernier message annonçait la signature de l’accord avec le Liberia.Le site web de Blue Carbon ne fonctionne plus, ayant été mis hors ligne entre mai et juillet 2025, selon les archives examinées par Code for Africa.L’AFP a tenté à de multiples reprises de contacter Blue Carbon, notamment par e-mail et par téléphone pour l’un des dirigeants de l’entreprise, sans obtenir de réponse.Un journaliste de l’AFP s’est également rendu à l’adresse de Blue Carbon à Dubaï, indiquée dans le protocole d’accord avec le Liberia. Sur place, un gardien a d’abord déclaré que Blue Carbon était bien basé là. Mais s’est ensuite dédit, indiquant qu’il n’y avait pas de bureau Blue Carbon et a dit au journaliste qu’il devait prendre rendez-vous pour avoir un entretien. Il n’y avait aucune enseigne Blue Carbon visible dans le hall.Le gouvernement des Emirats arabes unis n’a pas répondu aux demandes de commentaires.”Il y a plusieurs leçons à tirer de la saga Blue Carbon, notamment l’importance de normes rigoureuses pour l’offre et l’utilisation des crédits carbone à l’échelle internationale”, souligne Injy Johnstone, spécialiste des marchés du carbone à l’université d’Oxford.”Nous avons besoin de plus de transparence dans les transactions relevant de l’article 6, de normes concrètes concernant l’intégrité environnementale des projets eux-mêmes, et d’une responsabilité publique tant de la part des fournisseurs que des utilisateurs finaux afin de garantir qu’ils ne s’évaporent pas dans la nature, comme cela a été le cas ici”, poursuit-elle.Cette enquête a été soutenue par les contributions de Anita Igbine, Eliud Akwei, Jacktone Momanyi et Moffin Njoroge de Code for Africa.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Indonésie : des centaines d’évacuations après l’éruption du volcan Semeru

Plus d’un millier de personnes, essentiellement des villageois ainsi que des randonneurs, ont été évacuées après l’éruption du volcan Seremu, sur l’île de Java, qui s’est atténuée jeudi, ont indiqué des responsables.L’éruption du plus haut volcan de l’île principale de Java, situé à environ 800 kilomètres au sud-est de la capitale Jakarta, a débuté mercredi, projetant des particules de lave à plus de 13 km autour du cratère, a indiqué le chef de l’agence de géologie, Muhammad Wafid. L’éruption a conduit les autorités à relever le niveau d’alerte à son maximum. Jeudi, l’activité s’est sensiblement réduite tout en restant “fluctuante”, a-t-il ajouté.Près de 900 personnes ont été évacuées vers des écoles, des mosquées et des salles communales, a indiqué Sultan Syafaat, responsable de l’agence locale de gestion des catastrophes.”Pendant la journée, (les villageois) vaquent à leurs occupations, notamment l’agriculture. La nuit, ils restent (dans des abris), probablement parce qu’ils sont encore traumatisés”, a-t-il indiqué.Au moment de l’éruption mercredi, “à quatre heures de l’après-midi, c’était comme à minuit. Il faisait très sombre”, a témoigné Faiz Ramadhani, un habitant de 20 ans qui évoque une sensation “horrible”.Certaines maisons proches du volcan ont été partiellement ensevelies sous des cendres volcaniques et des fragments de roche.”Ma maison a été inondée par une coulée de matières volcaniques d’un mètre de haut”, a indiqué à l’AFP Nurul Yakin Pribadi, chef du village de Supiturang, ajoutant que “de nombreuses maisons ont été endommagées”.Au moins une école primaire a été entièrement détruite, a déclaré Agus Triyono, responsable du district de Lumajang, ajoutant que les autorités recueillent encore des données sur les dégâts causés aux infrastructures.Par ailleurs, au moins trois personnes ont été brûlées, selon un responsable des opérations de recherche et de sauvetage dans un communiqué.Les autorités ont également évacué près de 190 personnes, pour la plupart des randonneurs, bloquées dans un camping mais dans une zone non directement affectée par l’éruption, a déclaré Rudijanto Tjahja Nugraha, le directeur du parc national Bromo Tengger Semeru.L’Indonésie se situe sur la “ceinture de feu” du Pacifique, où la rencontre des plaques continentales provoque une activité volcanique et sismique importante. Cet archipel d’Asie du Sud-Est compte près de 130 volcans actifs. En 2021, une éruption du Semeru, plus haut volcan d’Indonésie qui culmine à 3.676 m, avait fait plus de 50 morts et endommagé quelque 5.000 maisons.

Taiwan president lunches on sushi in support of Japan over China row

Images of Taiwanese President Lai Ching-te holding a plate of sushi were posted on social media on Thursday in a show of support for Tokyo after reports that China will halt Japanese seafood imports.The row between Japan and China was triggered by new Japanese Prime Minister Sanae Takaichi suggesting this month that Tokyo could intervene militarily in any attack on Taiwan.China claims democratic Taiwan as part of its territory and has threatened to use force to bring the self-ruled island under its control.Lai, an outspoken defender of Taiwan’s sovereignty and detested by China, has accused Beijing of “severely” affecting regional peace in the escalating spat.A photo of a smiling Lai holding a plate of sushi was posted on his Facebook page.”Today’s lunch is sushi and miso soup,” a message posted with the photo said, along with the hashtag #Yellowtail from Kagoshima and scallops from Hokkaido.Similar photos were posted on Lai’s X account, with the message and hashtag written in Japanese.A video of Lai suggesting to followers that now “might be a good time to eat Japanese cuisine” was also shared on his Instagram page.”It fully shows the strong friendship between Taiwan and Japan,” Lai said as he held the plate of sushi.China’s foreign ministry branded Lai’s posts a “stunt”.The posts followed media reports in Tokyo on Wednesday that China will suspend Japanese seafood imports. Neither government has confirmed the move.China has already summoned Tokyo’s ambassador and advised its citizens against travel to Japan after the clash over Takaichi’s comments.The release of at least two Japanese movies will also be postponed in China, according to state media.Chinese foreign ministry spokeswoman Mao Ning said on Thursday that Japan should “behave with dignity” and take “concrete actions”, including retracting Takaichi’s statement, to repair ties.”Simply asserting that its position (on Taiwan) remains unchanged does nothing to address China’s concerns”, she said at a regular news conference.Japan’s Chief Cabinet Secretary Minoru Kihara said last week his country’s position on Taiwan was “unchanged” despite Takaichi’s remarks. Taiwanese Foreign Minister Lin Chia-lung said the Chinese Communist Party (CCP) “has used tactics such as economic coercion and military intimidation to bully other countries” but urged Taiwanese to travel to Japan and buy Japanese products.”At this critical moment we must support Japan to be able to stabilise the situation, to stop the CCP’s bullying behaviour,” he said on Thursday.US ambassador to Japan George Glass vowed that Washington would stand by Tokyo during the dispute. “Coercion is a hard habit to break for Beijing,” Glass wrote on X on Thursday. “But just as the United States stood by Japan during China’s last unwarranted ban on Japanese seafood, we will be there for our ally again this time.”burs-sam/pbt

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Un projet de voie ferrée en Amazonie sème le trouble pendant la COP30

L’emblématique cacique Raoni est contre, et il n’est pas le seul. A la COP30 de Belem, des manifestants autochtones se sont élevés contre un vaste projet brésilien de chemin de fer. Leur grief: il traverserait la forêt amazonienne.Pour les agriculteurs, notamment les producteurs de soja, le Ferrograo (littéralement: chemin de fer des grains), censé s’étirer sur une distance plus longue qu’un Lille-Marseille, serait une révolution logistique pour acheminer leurs produits vers des ports et les exporter.Mais les détracteurs fustigent un nouveau méga-projet d’infrastructure menaçant l’Amazonie. Ils voient une contradiction avec les engagements environnementaux du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui accueille la conférence climat de l’ONU dans la ville amazonienne de Belem jusqu’à vendredi.A quoi doit servir le Ferrograo?Le Brésil est le plus grand exportateur mondial de soja et de maïs, dont une grande partie est produite dans l’Etat du Mato Grosso (centre-ouest).Actuellement, ces marchandises parcourent de longues distances en camion jusqu’aux ports maritimes du sud ou aux ports fluviaux du nord. Depuis plus d’une décennie, les gouvernements brésiliens tentent de faire avancer ce projet de chemin de fer de 933 kilomètres qui relierait Sinop, dans le Mato Grosso, au port fluvial de Miritituba (nord). De là, le soja et les céréales pourront être acheminés le long de l’Amazone ou de ses affluents jusqu’à l’Atlantique.Que disent les partisans du projet?Elisangela Pereira Lopes, conseillère technique auprès de la CNA, principale organisation représentant le secteur agricole du Brésil, dit à l’AFP que le chemin de fer est “essentiel pour garantir la compétitivité de l’agronégoce brésilien”.Selon elle, le Mato Grosso, responsable d’environ 32% de la production nationale de céréales, “a besoin d’un réseau logistique plus efficace pour suivre le rythme de croissance du secteur”.Mme Lopes estime que le Ferrograo devrait permettre de réduire les coûts logistiques des exportations de céréales jusqu’à 40%, tout en diminuant le trafic routier et les émissions de CO2 associées.Qu’en pensent les détracteurs?Mariel Nakane, de l’ONG Institut socio-environnemental, déclare à l’AFP que la voie ferrée aura un fort impact sur les territoires autochtones, aggravant notamment la déforestation. Selon elle, le fait que l’agronégoce utilise de plus en plus les ports fluviaux du nord du Brésil pour acheminer ses produits à moindre coût a déjà transformé le fleuve Tapajos, où se trouve le port de Miritituba.”Les communautés traditionnelles sont progressivement chassées de leurs territoires pour laisser place aux ports. Dans certaines zones, elles ne peuvent plus pêcher à cause du trafic des barges, qui renversent leurs embarcations”, affirme cette spécialiste. Et ce trafic fluvial, calcule-t-elle, pourrait être “multiplié par cinq” avec l’arrivée du chemin de fer à Miritituba.Mariel Nakane estime que le système de délivrance de licences environnementales au Brésil ne dispose pas des garde-fous suffisants pour protéger la forêt tropicale et ses habitants.Elle cite notamment l’exemple de la licence octroyée récemment à la compagnie pétrolière Petrobras pour des forages au large de l’Amazonie, et un projet de goudronnage d’une autoroute qui traverse la forêt.Comment ce sujet s’est-il invité à la COP30?Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers Belem, les peuples indigènes cherchent à faire entendre leurs revendications, telles que le rejet du Ferrograo.Les manifestants ont également pointé du doigt un décret signé par Lula en août, qui établit que les grands fleuves amazoniens, dont le Tapajos, sont des priorités pour la navigation de marchandises.”Nous ne le permettrons pas car c’est notre maison, notre rivière, notre forêt”, dit Alessandra Korap, une leader du peuple munduruku.Où en est le projet?L’agence environnementale Ibama a expliqué à l’AFP dans un communiqué que “le processus de licence pour le chemin de fer Ferrograo est à son stade initial, avec une évaluation de sa viabilité environnementale”.Ce processus a toutefois été suspendu en 2021 par le puissant juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes – le temps que le tribunal se penche sur un recours remettant en cause la constitutionnalité de plans visant à modifier les limites d’un parc national pour y faire passer la voie ferrée.L’analyse de ce recours a repris le mois dernier et le juge Moraes a voté pour autoriser la réalisation du projet. Mais l’examen a été à nouveau reporté car un autre magistrat a réclamé davantage de temps pour se prononcer.

La restauration mise sur le fait-maison pour sortir la tête de l’eau

Baisse de fréquentation, hausse des défaillances, changements d’habitudes des clients… La restauration française traverse une passe difficile même si certains concepts s’en sortent mieux; et parmi les pistes évoquées, les professionnels prônent la valorisation du “fait maison”.”Nous défendons le +fait maison+. Face à la +dégastronomisation+ de la France, nous devons tout faire pour reconnaître ceux qui cuisinent vraiment, chaque jour, à partir de produits bruts”, a martelé mercredi le chef Thierry Marx, président de l’Umih, première organisation patronale qui tenait son congrès annuel à Perpignan.Il défend notamment la création d’un titre d’artisan-restaurateur, plus souple dans ces critères que celui de maître-restaurateur et pourrait englober davantage de métiers (boucherie, traiteurs…).Cela passerait par une loi-cadre qui sera son “combat de fin de mandat”, prévue fin 2026. L’idée serait de demander à ce que les restaurateurs se prêtant au jeu bénéficient d’une TVA plus avantageuse, indique-t-il à l’AFP.Une première loi envisageant de rendre la mention “non fait-maison” obligatoire avait été abandonnée l’an dernier face à la levée de boucliers du secteur.”Le +fait maison+ permet de dégager à peine 2% de marge alors que le +non fait maison+ permet 8% de marge”, déplore le chef, qui alerte depuis plusieurs semaines sur le fait que vingt-cinq restaurants mettent la clé sous la porte chaque jour.Un constat partagé par l’autre organisation patronale du secteur, le GHR qui organise son congrès la semaine prochaine : “alors que 2024 avait déjà été une année très difficile pour le secteur, la restauration et les débits de boissons risquent de battre un nouveau record de défaillances”, pointait fin octobre sa présidente Catherine Quérard, en s’appuyant sur les chiffres du cabinet Altares.Le secteur cumule 5.419 défaillances sur les neuf premiers mois de l’année 2025, contre 4.957 sur la même période en 2024, soit une hausse de 9,3%.La mauvaise santé financière du secteur lui aura permis d’échapper à plusieurs mesures budgétaires dans le projet de budget en cours, comme la fiscalisation des pourboires ou une hausse de TVA.Dans un message vidéo diffusé au congrès, le ministre du Commerce Serge Papin a assuré le secteur de son soutien au “fait maison”. Il devrait détailler des mesures lors de la présentation des conclusions des assises de la restauration mi-décembre.- “Rapport expérience-prix” -Dans son ensemble, la restauration commerciale devrait toutefois afficher un chiffre d’affaires en légère hausse en 2025, grâce à l’augmentation du nombre d’établissements, souligne François Blouin du cabinet Food Service Vision.”Pour chaque restaurant, c’est plus dur, c’est vrai. Mais parallèlement il y a plus de créations de restaurants qu’avant”, explique-t-il.Selon lui, si la restauration indépendante à table est particulièrement touchée, la restauration rapide s’en tire mieux et concentre l’essentiel des ouvertures.Pour 2026, l’expert table également sur une légère hausse d’activité grâce à “une bonne dynamique touristique”, “l’augmentation” du nombre de restaurants existants et le fait que “les Français sont attachés au restaurant même si plus sélectifs”.”Quand un restaurateur propose le bon rapport générosité-expérience-prix, il trouve sa clientèle”, souligne-t-il, citant en exemple le succès des buffets à volonté.Dans une étude sur les tendances du secteur pour 2026, le site TheFork estime que “les restaurateurs doivent repenser leurs modèles” car “les consommateurs n’attendent plus seulement de leur repas qu’il soit bon, mais souhaitent vivre une expérience à part entière”.Le chef Marx le reconnait : le bouillon qu’il a ouvert à Saint-Ouen au nord de Paris avec un menu unique à 25 euros ne désemplit pas, malgré la concurrence de nombreux fast-food à proximité; avec 600 couverts par jour, le modèle fonctionne.Difficile toutefois de tirer les prix davantage vers le bas : “sur un plat à 22 euros, il vous reste 40 centimes de marge quand vous le faites maison”, assure-t-il, pointant la concurrence de la livraison à domicile via des plateformes type Deliveroo et Uber Eats, ou la multiplication des distributeurs de pizzas.L’Umih souhaite aussi généraliser son “permis d’entreprendre”, un dispositif de formation en gestion et comptabilité pour les restaurateurs, lancé l’an dernier pour tenter d’enrayer les faillites.

Entre désir de liberté et dépendance à la pub: ces journalistes qui font le pari de YouTube

Quitter un grand média pour se lancer sur YouTube: c’est le pari de plusieurs jeunes journalistes, séduits par la liberté qu’offre la plateforme, malgré un modèle économique fragile et des enjeux déontologiques.À 31 ans, Justine Reix aurait pu retravailler au sein d’un média traditionnel avec des revenus fixes et une équipe, mais elle a choisi …

Entre désir de liberté et dépendance à la pub: ces journalistes qui font le pari de YouTube Read More »

Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s’accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s’accusant mutuellement d’avoir violé le fragile cessez-le-feu.Il s’agit de l’une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l’entrée en vigueur de la trêve à laquelle …

Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s’accusent de violer la trêve Read More »