Trump temporise face à Zelensky et sa demande de missiles Tomahawk

Donald Trump, qui affiche une proximité retrouvée avec Vladimir Poutine, a temporisé vendredi face à Volodymyr Zelensky, venu à la Maison Blanche lui demander des missiles Tomahawk pour renforcer l’armée ukrainienne face aux forces russes.”J’espère qu’ils n’en auront pas besoin. J’espère que nous pourrons mettre fin à la guerre sans avoir à penser aux Tomahawk”, a déclaré à la presse le président américain, assis face à son homologue ukrainien, autour d’une grande table dressée pour le déjeuner.En février, Volodymyr Zelensky avait quitté la Maison Blanche prématurément, après avoir été rudoyé publiquement par Donald Trump et sans participer au repas prévu.C’est dans une ambiance radoucie que les deux hommes se sont attablés cette fois, avec leurs équipes, autour d’un menu de poulet rôti et de salade, mais le chef de l’Etat ukrainien risque de rester sur sa faim concernant sa demande la plus pressante.”Nous avons besoin de Tomahawk”, a-t-il dit à Donald Trump, à propos de ces missiles d’une portée de 1.600 kilomètres qui permettraient à l’Ukraine de frapper en profondeur et en Russie, en proposant un échange avec des “milliers” de drones ukrainiens.- Poutine “pas prêt” à la paix -Volodymyr Zelensky a estimé que le président russe n’était “pas prêt” à la paix, mais Donald Trump a soutenu le contraire.”Je pense que le président Poutine veut mettre fin à la guerre”, a déclaré le président américain, qui a eu jeudi une longue conversation avec le maître du Kremlin.Ce dernier en a profité pour l’avertir que la livraison de Tomahawk à l’Ukraine “nuirait considérablement” à la relation entre Washington et Moscou.Les dirigeants russe et américain ont convenu de se voir prochainement à Budapest, en Hongrie, pendant cet entretien qualifié de “très productif” côté américain, d'”extrêmement franc et empreint de confiance” côté russe.Donald Trump a jugé “possible” que Vladimir Poutine essaie avec ce sommet de jouer la montre, en réponse à la question d’une journaliste de l’AFP, mais il a également dit: “Pendant toute ma vie, les meilleurs ont essayé de se jouer de moi. Et je m’en suis vraiment bien sorti.”La Russie, à l’entrée de l’hiver, intensifie ses attaques sur les infrastructures énergétiques ennemies. Vendredi, elle a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens dans les régions de Kharkiv et Dnipropetrovsk (Est).- “Très généreux” -Dans ce contexte, la proximité retrouvée du président américain avec Vladimir Poutine a de quoi inquiéter Kiev, d’autant que Donald Trump a fait vendredi, face à Volodymyr Zelensky, un compte-rendu très positif de son entretien de la veille avec son homologue russe.Il a indiqué avoir évoqué avec lui le cessez-le-feu à Gaza, dans lequel il a joué un rôle de médiation.”Vladimir Poutine pense que c’est incroyable. Il a été très généreux”, a dit le président américain, toujours sensible aux compliments concernant ses efforts pacificateurs. Le milliardaire new-yorkais a aussi eu des mots aimables pour Volodymyr Zelensky: “C’est un honneur d’être avec un dirigeant très fort, un homme qui a subi beaucoup de choses et un homme que j’ai appris à bien connaître.””J’aime résoudre des guerres”, a encore lancé Donald Trump, qui assure avoir mis fin à huit conflits depuis son retour au pouvoir, un chiffre que les experts jugent très exagéré.- Alaska -Son dernier sommet avec Vladimir Poutine, le 15 août en Alaska, s’était conclu sans perspective concrète de paix.Cet échec avait temporairement irrité Donald Trump, qui s’était dit par la suite “très déçu” par son homologue russe et qui a même estimé à un moment que la Russie pourrait perdre la guerre.Le président américain n’a pas pour autant mis à exécution ses menaces de lourdes sanctions contre Moscou.Dès son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a rompu l’isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Moscou depuis l’invasion russe de février 2022 et remis en cause l’aide militaire accordée à l’Ukraine par son prédécesseur Joe Biden.

L’Afghanistan accuse le Pakistan d’avoir repris les frappes sur son sol

Le Pakistan a mené des frappes sur le sol afghan vendredi soir, tuant au moins dix civils et rompant selon Kaboul le cessez-le-feu qui avait ramené pendant deux jours le calme à la frontière, après des affrontements meurtriers.A l’annonce de la trêve mercredi à 13H00 GMT, Islamabad avait affirmé qu’elle devait durer 48 heures mais l’Afghanistan avait estimé qu’elle serait en vigueur jusqu’à sa violation par la partie adverse.”Il y a quelques minutes, le Pakistan a rompu le cessez-le-feu et bombardé trois endroits (dans la province frontalière de) Paktika”, a affirmé à l’AFP un haut responsable taliban sous le couvert de l’anonymat, promettant que son pays “ripostera”.D’après un responsable de l’hôpital provincial de Paktika, dix civils, dont deux enfants, ont été tués et douze personnes blessées.La fédération de cricket a indiqué que huit joueurs qui s’étaient rendus dans la région pour un tournoi et séjournaient dans une auberge ont été tués “dans une frappe aérienne”.Il n’était pas clair dans l’immédiat si ces huit joueurs faisaient partie des dix civils comptabilisés par l’hôpital de Paktika.A 13H00 GMT, lorsque la trêve avait expiré selon Islamabad, aucune partie n’avait fait état de sa prolongation, ni annoncé officiellement de discussions bilatérales à son sujet.Le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, a déclaré en soirée : “Nous avons dit aux soldats : +N’attaquez pas, sauf si les forces pakistanaises le font. Si elles le font, alors vous avez tous les droits de défendre votre pays+”.Il a estimé, dans un entretien avec la chaîne de télévision afghane Ariana, que des “négociations” pouvaient “régler les problèmes”, sans toutefois faire état de pourparlers avec le voisin pakistanais.”Attendons que les 48 heures soient passées et nous verrons si le cessez-le-feu tient”, a lancé dans l’après-midi Shafqat Ali Khan, le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, assurant “essayer de travailler par la voie diplomatique pour la rendre durable”.- “Des actions concrètes” -Le cessez-le-feu a tenu pendant deux jours, ramenant le calme dans les régions frontalières et à Kaboul, après une flambée de violences d’une rare intensité.Les affrontements ont fait des dizaines de morts, des combattants mais aussi des civils, surtout mercredi.Jeudi, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif avait jugé que la balle était “dans le camp” des autorités de Kaboul pour une trêve durable, dénonçant une nouvelle fois le fait que “des terroristes opèrent du côté afghan de la frontière avec impunité”.”Le Pakistan attend des actions concrètes et vérifiables du régime taliban contre ces éléments terroristes”, a martelé Shafqat Ali Khan, au cours d’une conférence de presse.La confrontation a débuté la semaine dernière après des explosions dans la capitale afghane que les autorités talibanes ont imputées au voisin pakistanais. En représailles, elles a déclenché samedi dernier à la frontière une offensive, à laquelle Islamabad a promis une “réponse musclée”.”Notre réponse défensive ne ciblait pas des civils, nous faisons preuve d’une grande prudence pour éviter la perte de vies civiles, contrairement aux forces talibanes”, a affirmé Shafqat Ali Khan.La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a dit jeudi avoir recensé 37 civils tués et 425 blessés du côté afghan de la frontière en ces quelques jours, appelant les deux parties à mettre un terme aux hostilités “de façon durable”.Le calme est également revenu dans la capitale afghane où, peu de temps avant l’annonce de cessez-le-feu mercredi, de nouvelles explosions avaient retenti.Elles n’ont pas été revendiquées mais des sources de sécurité pakistanaises ont fait état de “frappes de précision” contre un groupe armé. Certaines sources afghanes ont expliqué que le Pakistan était responsable d’au moins l’une des explosions et qu’il s’agissait de bombardements aériens mais le gouvernement n’a pas accusé officiellement son voisin, cette fois-ci.La semaine dernière, les premières déflagrations avaient eu lieu au moment où débutait une visite inédite du chef de la diplomatie talibane en Inde, l’ennemi historique du Pakistan.

“Wetware”, ces mini-cerveaux humains utilisés dans des ordinateurs

Dans un laboratoire de Vevey, en Suisse, un scientifique injecte un liquide riche en nutriments dans des cellules de cerveau humain pour les maintenir en vie: il nourrit ainsi… une nouvelle forme de processeurs pour ordinateurs.Pas de docteur Frankeinstein ou Folamour pour autant: ce nouveau domaine de recherche – dénommé “biocomputing” ou “Wetware” (logiciel biologique) – a pignon sur rue et vise à exploiter les capacités de calcul mystérieuses du cerveau humain.Les puces actuelles, à base de silicone, recopient le cerveau et le réseau neuronal humain. “Au lieu de copier, essayons sur les vraies choses”, résume simplement auprès de l’AFP Fred Jordan, le cofondateur de la start-up suisse FinalSpark.L’ingénieur et entrepreneur est persuadé que ce nouveau type de processeur, avec des cellules cérébrales humaines, remplacera un jour les puces artificielles qui soutiennent le boom de l’intelligence artificielle.Notamment parce que utiliser ces mini-cerveaux pourrait permettre de régler le problème des besoins démesurés en énergie qui accompagnent le développement de l’IA. “Les neurones biologiques sont un million de fois plus efficaces énergétiquement que les neurones artificiels”, estime M. Jordan. Ils peuvent par ailleurs être produits sans limite de quantité en laboratoire, pas comme les puces produites massivement par des compagnies comme Nvidia. La puissance des mini-cerveaux produits par FinalSpark reste toutefois encore loin de celles des standards informatiques actuels.- Cellules souches -Pour fabriquer ces bioprocesseurs, FinalSpark commence par acheter des cellules souches, des cellules de base qui peuvent devenir n’importe quel type de cellule du corps humains en se développant. Puis les chercheurs transforment ces cellules souches en neurones, qu’ils relient entre eux pour former des amas d’un millimètre de largeur appelés organoïdes cérébraux.A ce stade, ils correspondent à peu près au cerveau d’une larve de mouche à fruits, selon M. Jordan.Des électrodes sont ensuite attachées aux neurones, ce qui permet aux scientifiques “d’espionner leurs discussions”.Les chercheurs peuvent alors stimuler les organoïdes cérébraux avec un petit courant électrique. Selon qu’ils répondent ou non à ce stimuli, voici recréés le 1 et le 0 des bits de l’informatique traditionnelle.Via internet, dix universités sont en train de mener des expérimentations avec les organoïdes de FinalSpark. La petite société diffuse en direct sur son site des images de ses neurones en action. Benjamin Ward-Cherrier, chercheur à l’Université de Bristol en Angleterre, utilise ainsi des organoïdes dans un robot, dont le but est de distinguer les différentes lettres écrites en braille.Il y a de nombreux défis, en particulier celui d’encoder les données de manière à ce que l’organoïde puisse les comprendre, puis essayer d’interpréter ce que les cellules “en recrachent”, explique-t-il à l’AFP. “Travailler avec des robots est très facile en comparaison.””Il faut aussi avoir en tête que ce sont des cellules vivantes, ce qui veut dire qu’elles peuvent mourir”, ajoute-t-il.M. Ward-Cherrier en a déjà fait l’amère expérience, contraint avec son équipe de tout reprendre depuis le début lorsqu’un organoïde est mort en plein milieu d’une expérience.Selon FinalSpark, leurs organoïdes peuvent vivre jusqu’à six mois.- Question éthique -Aux Etats-Unis, au sein de l’université Johns Hopkins, la chercheuse Lena Smirnova les utilise pour travailler sur les troubles cérébraux tels que l’autisme et la maladie d’Alzheimer, en espérant découvrir de nouveaux traitements.Bien que très prometteur, le biocomputing n’est encore qu'”un doux rêve” mais cela pourrait changer drastiquement dans les vingt prochaines années, estime-t-elle auprès de l’AFP.Une question éthique se pose par ailleurs: jusqu’à quel point le bien-être de ces organoïdes doit-il être pris en compte? Tous les chercheurs interrogés par l’AFP ont rejeté l’idée que ces cellules – qui ne disposent pas de récepteurs de douleur – puissent s’approcher d’une quelconque forme de conscience. La façon dont le cerveau en arrive à créer la conscience est par ailleurs inconnue.FinalSpark collabore néanmoins avec des éthiciens, et rappelle en outre que leurs organoïdes comptabilisent 10.000 neurones, contre 100 milliards pour une personne.De retour dans le laboratoire, M. Jordan ouvre la porte d’un grand frigo renfermant seize mini-cerveaux connectés par des tubes. Et des lignes apparaissent soudain sur un écran dans la pièce, indiquant une activité neuronale importante.Les chercheurs ont passé des années à percer ce mystère, mais celui-ci reste entier: “Nous ne comprenons toujours pas comment ils détectent l’ouverture de la porte”, avoue M. Jordan.

Gaza: le Hamas s’engage à rendre à Israël tous les corps d’otages

Le Hamas s’est engagé vendredi à rendre à Israël toutes les dépouilles d’otages encore dans la bande de Gaza, mais une équipe de secouristes envoyés par la Turquie pour aider à exhumer des corps enfouis sous les décombres attend le feu vert d’Israël.La Turquie, proche des dirigeants politiques du Hamas, entend jouer un rôle dans l’application du cessez-le-feu parrainé par les Etats-Unis, en vigueur depuis le 10 octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.Une équipe de 81 membres de l’Afad, l’agence turque de gestion des catastrophes, “attend actuellement à la frontière côté égyptien. Ils sont prêts à mener des opérations de recherches et de secours dans les ruines”, a déclaré vendredi un responsable turc, précisant que cette mission portait sur la recherche de corps de victimes “israéliennes comme palestiniennes”.Selon une source du Hamas, citant des “médiateurs”, la délégation turque est “attendue dimanche” dans le territoire palestinien dévasté par la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.- Matériel spécialisé -Les spécialistes turcs sont équipés de matériel spécialisé, “notamment des chiens de recherche et des dispositifs de détection de signes de vie”, a précisé le responsable.Le Hamas doit indiquer des emplacements précis où rechercher les otages, dont les corps sont difficiles à retrouver, selon le mouvement.Vendredi, il a réaffirmé qu’il “respecterait l’accord” et rendrait les dépouilles, soulignant que “la question des corps est complexe et nécessite du temps”.Le mouvement avait assuré plus tôt que certains “corps ont été enterrés dans des tunnels” détruits par l’armée israélienne, “tandis que d’autres restent sous les décombres de bâtiments qu’elle a bombardés”.Israël accuse le Hamas de violer l’accord de cessez-le-feu, qui prévoyait un retour de tous les otages, vivants et morts, au plus tard le 13 octobre.Le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants retenus à Gaza depuis son attaque contre Israël le 7 octobre 2023. Il n’a en revanche restitué depuis lundi que neuf dépouilles sur les 28 qu’il retenait encore.Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est à nouveau dit jeudi “déterminé” à ramener “tous les otages”, alors que les familles l’ont appelé “à cesser immédiatement la mise en oeuvre de toute autre étape de l’accord”, tant que tous les corps ne seraient pas rendus.En échange du retour des dépouilles, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Vendredi, des personnes en deuil, portant des drapeaux israéliens, ont pris part à Rishon Lezion, dans le centre-sud d’Israël, au cortège funéraire de l’ex-otage Inbar Hayman, dont le corps a été rapatrié mercredi.Le même jour dans le sud de la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens se retrouvaient dans une mosquée largement détruite de Khan Younès pour les premières prières du vendredi depuis le début du cessez-le-feu, a constaté un photographe de l’AFP.Des familles se rassemblaient par ailleurs à l’hôpital Nasser pour examiner des photos sur un écran, tentant d’identifier les corps de leurs proches qu’Israël a restitués. Akram Khalid al-Manasra explique à l’AFP avoir identifié son fils “grâce à son grain de beauté sur le nez et à ses dents”. – Accès restreints -Les accès à Gaza, tous contrôlés par Israël, restent très restreints. Après le cessez-le-feu et la libération des otages, Israël doit en principe ouvrir à l’aide humanitaire le point de passage crucial de Rafah, entre l’Egypte et le territoire palestinien.Le responsable de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, est entré vendredi dans la bande de Gaza où il a visité une boulangerie qui a “désormais accès au carburant et à la farine, ce qui lui permet de produire jusqu’à 300.000 pains pita par jour”, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).Mais alors que l’ONU a déclaré fin août une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël, remédier à la situation “prendra du temps”, a estimé vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM), appelant à l’ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien pour “l’inonder de nourriture”.Une étape ultérieure du plan de Donald Trump prévoit notamment le désarmement du Hamas et l’amnistie ou l’exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.L’attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.L’offensive israélienne menée en représailles a fait 67.967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

Argentine: fébrilité et peso sous pression dans la ligne droite de législatives

Peso sous pression, achats dans l’urgence, fuite vers le dollar-refuge : l’économie argentine vit une fébrilité tenace, malgré le soutien multimilliardaire des Etats-Unis, à quelques jours d’élections clef de mi-mandat pour l’ultralibéral Javier Milei.L’instabilité du taux de change, à laquelle les Argentins sont habitués à l’approche d’échéances électorales, se répercute dans les comportements, dans la crainte d’une dévaluation –ou d’une dépréciation– du peso après les élections. Et donc d’un rebond des prix.”A cause des élections, j’ai fait un achat de dollars. Je me suis dit: allez, maintenant je le fais !”, a déclaré à l’AFP Nadia Ferreiro, enseignante de 31 ans, reproduisant un réflexe atavique d’Argentins méfiants envers leur monnaie: acheter du billet vert comme refuge, sur le marché parallèle. Federico Bornaz, un informaticien de 28 ans, disait pour sa part acheter sur Shein et comptait acquérir un chauffage, juste avant les élections du 26 octobre, “juste au cas où il y ait dévaluation. C’est je crois, le scénario le plus probable après” le scrutin.L’économie argentine et son peso, que les marchés estiment surévalué, est depuis un peu plus d’un mois la proie de soubresauts, à l’approche de législatives, qui renouvelleront la moitié des députés et un tiers de sénateurs.Le président depuis 2023 y joue non sa survie politique, mais sa future marge de manoeuvre, pour pouvoir mener à bien ses réformes de dérégulation dans ses deux années restantes de mandat, face à un Parlement jusque là rétif.Dans son viseur : une réforme fiscale, avec des baisses d’impôts, notamment pour les entreprises, et une réforme du marché du travail, en vue d’une flexibilité accrue, pour en finir avec ce qu’il a qualifié d'”industrie des procès”, les litiges du travail.Javier Milei, qui depuis deux ans gouverne très en minorité (37 députés sur 257), estime qu’un bon résultat serait d’obtenir “un tiers (des députés) qui permettrait de défendre les mesures du gouvernement”. Ni garanti, ni exclu, selon les sondages.- Soutien américain, jusqu’où ? -Mais les marchés financiers doutent. Du résultat, du maintien du cap d’austérité. Qui a permis de juguler l’inflation, ramenée en 22 mois de 200% en interannuel à 31%, mais au prix de plus de 200.000 emplois perdus, et d’une économie en récession en 2024 (-1,8%), et qui peine à redémarrer à mi-2025.Et vendredi, le peso s’est retrouvé sous pression, après l’éphémère stabilité qui avait suivi les annonces d’aide financière américaine. Il s’échangeait à 1.465 pesos pour un dollar à l’ouverture à Buenos Aires, puis 1.485 à la mi-journée, contre 1.430 la veille, soit une perte de près de 3,7%.Comme la semaine dernière, comme mercredi, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a annoncé vendredi sur X être de nouveau intervenu directement, la veille, sur le marché des changes, pour acheter et donc défendre le peso.”Le Trésor reste vigilant sur tous les marchés et nous avons la capacité d’agir avec flexibilité et force pour stabiliser l’Argentine”, a-t-il assuré.”L’intervention des États-Unis a donné un coup de pouce temporaire au peso. Mais foncièrement, cela ne change pas le fait que le peso est en décalage, on l’estime surévalué d’environ 30%”, a déclaré à l’AFP Kimberley Sperrfechter, du cabinet d’analyse britannique Capital Economics. “C’est un des facteurs qui explique pourquoi les investisseurs sont nerveux”.En moins de quatre semaines, l’administration Trump a annoncé plusieurs étages d’une aide massive à l’Argentine : d’abord sous forme d’un échange bilatéral de devises (“swap”), pour 20 milliards de dollars. Puis d’un dispositif -encore en “travail”- de 20 milliards de dollars de plus, avec des banques privées et fonds souverains, pour aider la dette argentine.Donald Trump qui recevait mardi Javier Milei à la Maison Blanche a redit son ferme soutien à son allié idéologique en Amérique latine, mais lesté d’un conditionnel : il a affirmé que les Etats-Unis ne seront “pas généreux” si Javier Milei “ne gagne pas” les législatives.M. Bessent avait précisé le sens de cette “victoire”, expliquant que le soutien était lié à la capacité de M. Milei face au Parlement d'”opposer son veto à toute mauvaise politique”.Javier Milei, lui, assuré depuis à qui veut l’entendre que le soutien financier américain lui est acquis jusqu’à la fin de son mandat, “jusqu’à 2027”.

A Marseille, la Bonne Mère retrouve l’éclat de sa couronne marquant la fin du chantier

Après une spectaculaire opération d’hélitreuillage, la couronne redorée de la statue de la Bonne Mère, figure tutélaire de la ville de Marseille, a retrouvé vendredi matin sa place, sous le regard de curieux marquant ainsi la fin du chantier de restauration.”Il s’agit du couronnement de la Vierge Marie, mais aussi du couronnement du chantier”, s’enthousiasme auprès de l’AFP le père Olivier Spinosa, recteur de Notre-Dame de la Garde.La couronne de 150 kilos et de 1,50 m de diamètre entièrement redorée à l’or fin a été placée dans une caisse en bois, puis sanglée et transportée en hélicoptère.Avant d’être vissée sur le sommet de la statue, un joint en plomb a été posé pour assurer l’étanchéité de la couronne. Puis la coiffe a été délicatement installée sur la tête de la vierge à l’enfant monumentale de Notre-Dame de la Garde, point culminant de la 2e ville de France, ont constaté des journalistes l’AFP.Le 13 août, pour la première fois depuis 1870, la couronne de la Bonne Mère a quitté le point le plus haut de la basilique. Après une restauration minutieuse confiée à un compagnon chaudronnier aixois, elle est revenue au sanctuaire pour être redorée par des artisans des Ateliers Gohard.”Aujourd’hui, ce sont les derniers gestes des compagnons qui sont au sommet du clocher pour mettre leur dernière touche à la couronne de la Vierge et le chantier sera terminé”, explique Xavier David, le maître d’oeuvre des travaux.Cette étape majeure du chantier de restauration intervient alors que la dorure touche à sa fin, après la pose en septembre de près de 40.000 feuilles d’or sur la statue de la vierge à l’enfant protectrice de la cité phocéenne. L’idée était de lui redonner l’éclat qu’elle avait perdu à cause du mistral, de l’air marin et de la pollution industrielle.Les échafaudages seront bientôt démontés et les Marseillais retrouveront une vue dégagée sur la basilique.Avant de lancer ces travaux, le diocèse de Marseille, propriétaire de l’édifice, avait lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des feuilles d’or qui ont été nécessaires à l’ouvrage. Les travaux, qui concernent également le piédestal, les anges et les façades, auront coûté environ 2,8 millions d’euros, dont 2,2 millions rien que pour la redorure.La fin des opérations est prévue le 7 décembre.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Washington saborde l’accord mondial sur la décarbonation des bateaux

Les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont repoussé vendredi d’un an leur décision sur l’adoption d’un plan mondial destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires, une victoire diplomatique pour les Etats-Unis, catégoriquement opposés au projet.Ce report fait suite à une semaine chaotique de tractations à Londres, pendant laquelle Washington, avec le soutien de l’Arabie saoudite, la Russie et d’autres pays producteurs de pétrole, a cherché à tout prix à faire capoter le texte, allant jusqu’à menacer de sanctions les pays qui y sont favorables.Ce plan ambitieux, dont le principe avait pourtant été approuvé en avril, doit permettre au secteur, extrêmement polluant, de prendre un virage climatique historique en contraignant les navires à réduire progressivement leurs émissions dès 2028, jusqu’à décarbonation totale vers 2050.Le report a été entériné par une majorité de 57 voix contre 49. Concrètement, les pays membres ont décidé de se réunir dans un an sur cette question -ce qui ne garantit cependant pas qu’un vote sur l’adoption du texte, comme celui qui aurait dû avoir lieu vendredi, sera organisé.”Je n’ai pas grand-chose à vous dire pour l’instant. Ça n’arrive pas souvent”, a réagi, visiblement abattu, Arsenio Dominguez, le secrétaire général de l’OMI, une organisation dont les 176 membres prennent traditionnellement leurs décisions par consensus.- “Arnaque verte” -Donald Trump, attaché aux énergies fossiles et qui a enclenché une marche arrière sur le climat depuis son retour au pouvoir, notamment en retirant son pays de l’accord de Paris, s’était vertement opposé au plan jeudi sur son réseau Truth Social.”Les États-Unis ne toléreront PAS cette arnaque verte mondiale sous forme de taxe sur le transport maritime et ne s’y conformeront d’aucune manière”, avait affirmé le président américain, qui a dans le passé qualifié le changement climatique de “plus grande arnaque” de l’Histoire.Washington a “empêché une augmentation massive des taxes imposées par l’ONU aux consommateurs américains, qui aurait servi à financer des projets climatiques progressistes”, a quant à lui commenté vendredi, après le report, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, parlant d'”énorme victoire” pour Donald Trump.Les Etats-Unis ont menacé les délégations favorables au projet de restrictions de visas pour les membres de leurs équipages, de pénalités commerciales ou de frais portuaires supplémentaires.Interrogé par l’AFP, le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, a dénoncé les “manœuvres de certains États” pour faire capoter l’accord, sans citer nommément les Etats-Unis. “C’est un très mauvais signal”, a-t-il insisté.Le système envisagé “n’est pas parfait”, avait reconnu Arsenio Dominguez à l’ouverture du sommet mardi. Mais “il fournit une base équilibrée”.Le plan litigieux vise à faire payer aux bateaux une sorte de taxe sur leurs émissions au-delà d’un certain seuil, en vue d’alimenter un fonds récompensant les navires à faibles rejets et soutenant les pays vulnérables au changement climatique.Cette tarification du CO2 doit les inciter à utiliser des carburants moins émetteurs de gaz à effet de serre.- “Ils ont menacé tout le monde” -Les pays de l’Union européenne, le Brésil et la Chine avaient réitéré cette semaine leur soutien à l’adoption de ce “cadre net-zéro” (appelé aussi NZF), tout comme les Etats insulaires du Pacifique, qui s’étaient abstenus en avril dernier.Mais la Chine, tout comme l’Inde, a voté pour le report. D’autres pays comme Chypre et la Grèce, dont beaucoup de bateaux portent le pavillon, ainsi que les Philippines, qui fournissent le premier contingent mondial de travailleurs du secteur, se sont abstenus.Cet ajournement d’un an est “regrettable” et l’UE est prête “à reprendre les discussions sur l’accord sous l’égide de l’Organisation maritime internationale lorsque cela sera opportun”, a réagi vendredi une porte-parole de la Commission européenne.”Nous regrettons (…) qu’une occasion historique ait ainsi été manquée. Mais une chose est claire : nous ne devons pas relâcher nos efforts”, a encore indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère allemand des Transports.”C’est important d’avoir cette année en plus pour décider, nous ne pouvions pas nous mettre d’accord en deux heures”, a pour sa part déclaré à l’AFP le délégué argentin, dont le pays, en difficulté économique, bénéficie d’un important soutien financier de Washington.”Il est de notoriété publique que les États-Unis ont menacé tout le monde”, a regretté le représentant d’un petit pays, sous couvert d’anonymat. Des méthodes dénoncées vendredi par le délégué brésilien en séance plénière.