Nigeria: divergences entre Washington et Abuja sur le déroulement des frappes américaines
Les groupes jihadistes visés par les frappes américaines jeudi au Nigeria n’étaient toujours pas connus samedi, Washington et Abuja livrant des versions légèrement différentes de leur déroulement.Les Etats-Unis ont lancé jeudi, jour de Noël, des frappes visant des groupes jihadistes dans le nord-ouest du Nigeria.La décision du président américain Donald Trump de retarder ces frappes pour qu’elles aient lieu à la date symbolique du 25 décembre, complique davantage la chronologie des faits. Par ailleurs, des allégations selon lesquelles Washington s’est volontairement abstenue de publier une déclaration conjointe avec les Nigérians, ajoutent à la confusion.Les deux pays sont toutefois en accord sur le fait que les frappes visaient des cibles liées au groupe État islamique (EI).Mais ni Washington ni Abuja n’ont fourni de détails précis sur quel groupe armé était visé.”Vingt-quatre heures après le bombardement, ni le Nigeria ni ses soi-disant +partenaires internationaux+ ne sont en mesure de fournir des informations claires et vérifiables sur ce qui a réellement été frappé”, a déclaré samedi l’activiste et ancien candidat à la présidentielle Omoyele Sowore.- Groupes jihadistes -Le Nigeria fait face à des nombreuses organisations jihadistes, dont plusieurs liées à l’EI. Les pays voisins se battent également contre des groupes liés à ce groupe jihadiste, dont certains éléments pourraient passer côté nigerian.Mohammed Idris, le ministre de l’Information du pays, a déclaré tard vendredi que les frappes “visaient des éléments de l’État islamique qui tentaient de pénétrer au Nigeria par le corridor sahélien”.Dans une interview à Sky News, Daniel Bwala, conseiller du président Bola Tinubu, a estimé que la cible pouvait être un groupe lié à l’EI, à un autre groupe opaque appelé Lakurawa ou bien à des “bandits”, tous trois des “terroristes”, selon lui.Mais plusieurs analystes et l’opposition ont fustigé le gouvernement pour avoir permis à des “puissances étrangères” d’annoncer “des opérations de sécurité dans notre pays avant que notre gouvernement ne le fasse”.Le président américain Donald Trump avait annoncé sur sa plateforme Truth Social, dans la nuit de mercredi à jeudi, que les États-Unis avaient mené de “nombreuses” frappes meurtrières contre l’État islamique dans le nord-ouest du Nigeria, promettant de nouvelles attaques si l’organisation continue de tuer des chrétiens dans le pays.M. Trump a également déclaré à Politico que des frappes avaient été prévues plus tôt que jeudi. “J’ai dit non, donnons leur un cadeau de Noël”, a-t-il ajouté.Vendredi matin, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, avait affirmé qu’il s’agissait d’une opération conjointe, M. Tinubu ayant finalement donné son feu vert et le Nigeria ayant fourni des renseignements pour les frappes.Il a ensuite déclaré au média Arise News que, alors qu’il était au téléphone avant les frappes avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, ils s’étaient mis d’accord pour publier une déclaration commune, mais Washington a finalement diffusé ses propres communications.Vendredi soir, le Nigeria a finalement apporté des éclaircissements sur les cibles : “deux grandes enclaves terroristes de l’État islamique (EI)” dans le district de Tangaza, dans l’État de Sokoto, selon M. Idris.D’autres villages ont été touchés par débris, selon le ministre de l’Information.Des images prises par un photographe de l’AFP à Offa, dans l’État voisin de Kwara, montrent des bâtiments effondrés, détruits par les débris et entourés de décombres.La ville de Jabo, dans l’État de Sokoto, a également été touchée. “Nous avons été surpris, car cette zone n’a jamais été” un bastion de groupes armés, a déclaré à l’AFP un habitant, Haruna Kallah. Aucune victime civile n’est à déplorer.- Confusion -Quant à la nature des munitions utilisées, l’armée américaine a publié une vidéo montrant un navire de la marine lançant ce qui semblait être des missiles.M. Idris a déclaré que “les frappes ont été lancées depuis des plateformes maritimes situées dans le Golfe de Guinée” et que “seize munitions de précision guidées par GPS au total ont été déployées à l’aide de drones MQ-9 Reaper”.La décision de frapper le nord-ouest a également semé la confusion parmi les analystes, car les jihadistes au Nigeria sont principalement concentrés dans le nord-est.Certains chercheurs ont récemment établi un lien entre des membres du groupe armé connu sous le nom de Lakurawa — principal groupe djihadiste dans l’État de Sokoto — et l’État islamique au Sahel (ISSP), mais d’autres analystes ont contesté ces liens.Ces frappes interviennent également après une querelle diplomatique entre Washington et Abuja, à la suite de déclarations de M. Trump selon lesquelles la violence dans le pays équivalait à une “persécution” des chrétiens.Les accusations de persécution de l’administration Trump ont été rejetées par le gouvernement nigérian et par des analystes indépendants.
La Russie frappe la ville de Kiev à la veille d’une rencontre Zelensky-Trump
La Russie a frappé samedi la capitale ukrainienne, Kiev, avec des centaines de drones et dizaines de missiles, faisant deux morts et provoquant des coupures de courant dans des centaines de milliers de foyers, à la veille d’une rencontre prévue en Floride entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump.Cette réunion entre les présidents ukrainien et américain portera sur l’épineuse question des territoires et celles des garanties de sécurité occidentales, dans le cadre des efforts de Washington pour mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.Dans la nuit de vendredi à samedi, une journaliste de l’AFP a entendu une série de fortes explosions à Kiev. La capitale a été visée par plus de 519 drones et 40 missiles, dont respectivement 474 et 29 ont été abattus, selon l’armée de l’air ukrainienne.Ces attaques ont provoqué un incendie dans un immeuble résidentiel et fait un mort et 28 blessés, selon le maire Vitali Klitschko. Il a ajouté que “2.600 immeubles d’habitation, 187 crèches, 138 écoles et 22 établissements sociaux” étaient privés de chauffage. Elles ont également coûté la vie à une personne et fait huit blessés dans la région de Kiev, a indiqué le gouverneur Mykola Kalachnyk.Selon la Première ministre Ioulia Svyrydenko, près de 600.000 foyers sont privés d’électricité.Ces nouvelles frappes montrent que la Russie “ne veut pas mettre fin à la guerre”, a déclaré Volodymyr Zelensky, qui s’exprimait avant son départ pour les Etats-Unis.Il a ensuite annoncé être en route vers la Floride, avec une escale au Canada, où il s’entretiendra avec le Premier ministre Mark Carney et par visioconférence avec les alliés européens de Kiev.- “Torpiller” les négociations -Volodymyr Zelensky et Donald Trump évoqueront en Floride le plan américain visant à mettre fin à la guerre, présenté par Washington il y a près d’un mois. Le président ukrainien a présenté cette semaine la nouvelle mouture de ce document, retravaillé après d’âpres négociations avec Kiev.Cette nouvelle version propose un gel du front aux positions actuelles sans offrir de solution immédiates aux revendications territoriales de la Russie, qui contrôle environ 19% de l’Ukraine.Contrairement à la version originale du plan américain, qui était considéré par Kiev comme trop favorable à Moscou, le nouveau document abandonne deux exigences clés du Kremlin: un retrait des troupes ukrainiennes de la région orientale de Donetsk et un engagement de l’Ukraine juridiquement contraignant de non-adhésion à l’Otan.Dans ces conditions, la validation de cet accord par Moscou paraît improbable. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a ainsi accusé vendredi Kiev et ses alliés européens de “redoubler d’efforts” pour “torpiller” les négociations, en poussant à des modifications inacceptables pour la Russie.Le nouveau texte “diffère radicalement” de ce qui avait été négocié entre Washington et Moscou, a constaté M. Riabkov, appelant à revenir aux ententes antérieures, faute de quoi “aucun accord ne pourra être conclu”.Selon M. Zelensky, les discussions avec M. Trump porteront sur les “questions sensibles” du sort du Donbass, région industrielle et minière de l’est l’Ukraine que Moscou revendique, et de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud) occupée par la Russie.Les deux hommes évoqueront aussi les garanties de sécurité que les Occidentaux pourraient fournir à l’Ukraine dans le cadre d’un éventuel accord de paix avec la Russie.”Il y a certaines questions dont nous ne pouvons discuter qu’au niveau des dirigeants”, a expliqué le président ukrainien vendredi.- Nouveau scandale de corruption -Volodymyr Zelensky “n’a rien tant que je ne donne pas mon accord”, a averti vendredi Donald Trump, dans un entretien au site internet Politico. “Je pense que ça se passera bien avec lui. Je pense que ça se passera bien avec (le président russe Vladimir) Poutine”, avec lequel il prévoit de s’entretenir “bientôt”, a-t-il relevé.Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait savoir vendredi qu’un “contact téléphonique” avait “eu lieu” entre Russes et Américains mais a refusé d’en révéler les détails.Avant sa rencontre avec Donald Trump, M. Zelensky s’est entretenu vendredi avec plusieurs dirigeants dont le chancelier allemand Friedrich Merz, ainsi qu’avec le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.Downing Street a fait savoir que le Premier ministre britannique Keir Starmer avait échangé vendredi après-midi avec le président français Emmanuel Macron et M. Merz, réaffirmant leur objectif d’une “paix durable”.Juste après le départ de M. Zelensky pour les Etats-Unis, un nouveau scandale de corruption a éclaté en Ukraine. L’agence nationale anticorruption (NABU) a accusé plusieurs députés d’avoir accepté des pots-de-vin en échange de leur vote au Parlement, et annoncé avoir tenté de perquisitionner des locaux gouvernementaux mais d’en avoir été empêchée par les forces de sécurité.La présidence ukrainienne avait déjà été ébranlée en novembre par un vaste scandale de corruption dans le secteur énergétique impliquant des proches du président Zelensky. Son chef de cabinet, Andriï Iermak, le principal négociateur avec Washington, avait dû démissionner.
Dermatose: des agriculteurs bloquent encore quelques routes en Occitanie
Des agriculteurs bloquent encore samedi quelques routes et autoroutes en Occitanie pour protester contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine, après la levée vendredi de presque tous les barrages en Nouvelle-Aquitaine.La gendarmerie recensait samedi matin des blocages sur l’A75, au Buisson (Lozère) et à Sévérac d’Aveyron, l’A64 à Carbonne (Haute-Garonne), la RN88 à Baraqueville, près de Rodez, et la RD1124 à Ordan-Larroque, à l’entrée d’Auch. Il recensait aussi un dernier barrage en Nouvelle-Aquitaine, sur la RD824 à Tartas (Landes).Dans la nuit de vendredi à samedi, des agriculteurs ont encore déversé de la paille et des déchets devant la préfecture du Gers pour protester notamment contre l’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), a constaté une journaliste de l’AFP.”Les fêtes de Noël sont passées, on est prêt à faire le premier de l’an”, a assuré à l’AFP Vincent Arbusti, porte-parole de la Coordination rurale (CR) du Gers, sur un barrage à l’entrée d’Auch.A quelque 250 kilomètres au nord-est d’Auch, sur l’A75 qui relie Clermont-Ferrand à Béziers, des agriculteurs ont réussi vendredi à unifier les blocages de Sévérac d’Aveyron et du Buisson, a indiqué vendredi soir à l’AFP Eloi Nespoulous, coprésident de la CR de l’Aveyron, affirmant que l’autoroute était désormais fermée à la circulation sur près de 100 km au nord du viaduc de Millau.”On s’est rejoint avec la CR48 au niveau de La Canourgue pour bloquer une portion de 20 km qui était encore ouverte” entre les deux zones déjà fermées à la circulation en Lozère et dans l’Aveyron. “On a déversé pour que ce soit fermé”, a-t-il précisé.En Nouvelle-Aquitaine, la CR a levé plusieurs barrages autoroutiers vendredi, mais elle appelle à “repartir encore plus fort” en janvier.”Après 12 jours de lutte, nous levons le camp de Cestas,” au sud de Bordeaux, a déclaré dans un communiqué la CR girondine, qui déplore le “silence” et le “mépris” opposés par l’exécutif. Celle des Pyrénées-Atlantiques a confirmé à l’AFP le démontage des barrages sur l’A64 à Briscous, près de Bayonne, et à un péage de Pau.Depuis le début de l’épidémie de DNC en Savoie cet été, l’État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur “trois piliers”: l’abattage systématique d’un troupeau dès la détection d’un cas, la vaccination et la restriction de mouvements.Une gestion fortement contestée par une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat de la profession, classé à droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche), qui rejettent cette stratégie d’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté.Cependant, malgré une mobilisation commune dans certains cas, des désaccords persistent entre ces deux syndicats.Ainsi, Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne dans le Gers, a notamment fait part samedi à l’AFP de son opposition aux “dégradations”. “C’est la cinquième fois que la préfecture est dégradée”, déclare-t-elle, dénonçant “un manque de responsabilité” de la CR et le “coût de ces dégradations pour les collectivités locales”.mk-mkj-bdu-dmc/mpm
Dermatose: des agriculteurs bloquent encore quelques routes en Occitanie
Des agriculteurs bloquent encore samedi quelques routes et autoroutes en Occitanie pour protester contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine, après la levée vendredi de presque tous les barrages en Nouvelle-Aquitaine.La gendarmerie recensait samedi matin des blocages sur l’A75, au Buisson (Lozère) et à Sévérac d’Aveyron, l’A64 à Carbonne (Haute-Garonne), la RN88 à Baraqueville, près de Rodez, et la RD1124 à Ordan-Larroque, à l’entrée d’Auch. Il recensait aussi un dernier barrage en Nouvelle-Aquitaine, sur la RD824 à Tartas (Landes).Dans la nuit de vendredi à samedi, des agriculteurs ont encore déversé de la paille et des déchets devant la préfecture du Gers pour protester notamment contre l’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), a constaté une journaliste de l’AFP.”Les fêtes de Noël sont passées, on est prêt à faire le premier de l’an”, a assuré à l’AFP Vincent Arbusti, porte-parole de la Coordination rurale (CR) du Gers, sur un barrage à l’entrée d’Auch.A quelque 250 kilomètres au nord-est d’Auch, sur l’A75 qui relie Clermont-Ferrand à Béziers, des agriculteurs ont réussi vendredi à unifier les blocages de Sévérac d’Aveyron et du Buisson, a indiqué vendredi soir à l’AFP Eloi Nespoulous, coprésident de la CR de l’Aveyron, affirmant que l’autoroute était désormais fermée à la circulation sur près de 100 km au nord du viaduc de Millau.”On s’est rejoint avec la CR48 au niveau de La Canourgue pour bloquer une portion de 20 km qui était encore ouverte” entre les deux zones déjà fermées à la circulation en Lozère et dans l’Aveyron. “On a déversé pour que ce soit fermé”, a-t-il précisé.En Nouvelle-Aquitaine, la CR a levé plusieurs barrages autoroutiers vendredi, mais elle appelle à “repartir encore plus fort” en janvier.”Après 12 jours de lutte, nous levons le camp de Cestas,” au sud de Bordeaux, a déclaré dans un communiqué la CR girondine, qui déplore le “silence” et le “mépris” opposés par l’exécutif. Celle des Pyrénées-Atlantiques a confirmé à l’AFP le démontage des barrages sur l’A64 à Briscous, près de Bayonne, et à un péage de Pau.Depuis le début de l’épidémie de DNC en Savoie cet été, l’État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur “trois piliers”: l’abattage systématique d’un troupeau dès la détection d’un cas, la vaccination et la restriction de mouvements.Une gestion fortement contestée par une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat de la profession, classé à droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche), qui rejettent cette stratégie d’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté.Cependant, malgré une mobilisation commune dans certains cas, des désaccords persistent entre ces deux syndicats.Ainsi, Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne dans le Gers, a notamment fait part samedi à l’AFP de son opposition aux “dégradations”. “C’est la cinquième fois que la préfecture est dégradée”, déclare-t-elle, dénonçant “un manque de responsabilité” de la CR et le “coût de ces dégradations pour les collectivités locales”.mk-mkj-bdu-dmc/mpm




