Netanyahu proclame la victoire à quelques heures du retour prévu des otages de Gaza

Israël a remporté d'”immenses victoires” en deux ans de guerre contre le Hamas, a proclamé dimanche soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu alors que le mouvement islamiste palestinien s’apprête à libérer les otages retenus à Gaza, à quelques heures d’un “sommet pour la paix” en Égypte.Donald Trump, qui a décollé dimanche soir des Etats-Unis, est attendu dans la matinée en Israël pour quelques heures, sa première visite dans le pays depuis son retour à la Maison Blanche. Le président américain a estimé que son déplacement au Moyen-Orient sera “très spécial”.Première étape du plan présenté par Donald Trump pour faire taire les armes, le retour en Israël des 48 otages, vivants ou morts, doit s’accompagner de la libération par Israël de 250 détenus pour des “raisons de sécurité”– dont de nombreux condamnés pour des attentats meurtriers anti-israéliens, et de 1.700 Palestiniens arrêtés à Gaza depuis octobre 2023.Le retour en Israël des otages marquera un “événement historique” mêlant “tristesse” et “joie”, a déclaré M. Netanyahu deux jours après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza où la guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.Leur arrivée est prévue “tôt lundi matin”, selon Shosh Bedrosian, porte-parole de M. Netanyahu, et le gouvernement s’attend à ce que les “20 otages vivants soient libérés ensemble [et remis tous] en même temps à la Croix-Rouge”. Les autorités israéliennes anticipent toutefois que tous les otages morts ne seront pas restitués lundi. Auquel cas, un “organisme international, convenu dans le cadre de ce plan, aidera à localiser les otages (morts) s’ils ne sont pas retrouvés et libérés demain”, selon Mme Bedrosian.Selon des sources proches des négociations, le Hamas a “terminé les préparatifs” pour la libération des otages vivants, mais continue d’exiger que soient relâchés en échange des chefs palestiniens.Israël a de son côté prévenu que les détenus palestiniens, qui ont été transférés dans deux prisons spécifiques, ne seraient libérés qu’après confirmation que les otages ont été rendus.-Gouvernance-Donald Trump est attendu en Israël lundi à 06h20 GMT. Après un échange avec M. Netanyahu, il s’exprimera devant le Parlement et rencontrera des proches d’otages. Direction ensuite Charm el-Cheikh, en Egypte, à 10h00 GMT, pour y co-présider avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi un “sommet pour la paix” à Gaza, en présence de dirigeants de plus de 20 pays et du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. La gouvernance de la bande de Gaza, ravagée par deux ans de guerre, en sera l’un des enjeux.Les pays médiateurs de l’accord de cessez-le-feu à Gaza doivent y signer lundi un document garantissant son application, selon une source diplomatique selon qui “les signataires en seront les garants: les Etats-Unis, l’Egypte, le Qatar et probablement la Turquie”.Aucun responsable israélien ne sera présent au sommet, pas plus que le Hamas. L’Iran, soutien de longue date de ce dernier, a indiqué avoir reçu une invitation sans toutefois préciser s’il y participerait.Parallèlement au retrait progressif déjà amorcé de l’armée israélienne, qui garde le contrôle de 53% du territoire de la bande de Gaza, le plan américain prévoit dans une phase ultérieure que le Hamas soit exclu de la future gouvernance de la bande de Gaza où il a pris le pouvoir en 2007, et que son arsenal soit détruit. Selon le plan américain, le gouvernement serait confié à “un comité palestinien technocratique et apolitique” placé “sous la supervision et le contrôle d’un nouvel organe international de transition” dirigé par M. Trump.- Des camions en attente -Sur le terrain à Gaza, des journalistes de l’AFP ont vu dimanche des Gazaouis se rendre sur les marchés où le prix des denrées a baissé, le cessez-le-feu promettant un assouplissement du blocus imposé par Israël.Des camions chargés d’aide sont entrés par le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, tandis que des camions attendaient depuis le petit matin à Rafah, le point de passage voisin, sur la frontière entre Gaza et l’Egypte.Certains chargements auraient déjà été pillés, selon plusieurs témoignages d’habitants.”Nous ne voulons pas vivre dans une jungle, nous exigeons que l’aide soit sécurisée et distribuée avec respect pour les gens,” a déclaré à l’AFP Mohammed Za’rab, un jeune homme devant des cartons au sol, le long d’une route empruntée par les camions.Des policiers municipaux se sont déployés dans le camp de Nousseirat, dans le centre du territoire, a constaté un photographe de l’AFP, entre les monticules de décombres et de déchets, tandis que des centaines de milliers de déplacés ont regagné le nord du territoire, pour retrouver souvent leur maison en ruines.Le plan américain prévoit une augmentation significative de l’aide humanitaire dès l’arrêt des combats, mais des responsables humanitaires ont déclaré à l’AFP ne pas voir de changements.Amjad Shawa, le directeur du réseau des ONG palestiniennes PNGO, estime qu’il manque encore beaucoup de “détails” pour que soit mis en oeuvre cet aspect du plan.L’attaque du Hamas le 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées par le Hamas et ses alliés.Depuis lors, plus de 67.806 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza dans la campagne israélienne de représailles militaires, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas. Des chiffres jugés fiables par l’ONU.

Jean-Pierre Farandou, un cheminot au Travail

Jean-Pierre Farandou, reconnu pour son ouverture au dialogue pendant les six ans qu’il a passés à la tête de la SNCF, notamment sur le sujet de la  retraite des cheminots, devient ministre du Travail et des Solidarités.Nommé dimanche, celui qui est toujours officiellement président de la SNCF prend place dans le second gouvernement de Sébastien Lecornu, finalement reconduit à Matignon après plusieurs jours de tractation avec les oppositions politiques. En jeu notamment, la suspension de la réforme des retraites de 2023 demandée par la gauche.- “Infatigable du dialogue social” -Cette hypothèse a provoqué l’ire d’une partie de la droite, mais pourrait devenir une des concessions du gouvernement Lecornu 2 au Parlement pour éviter la censure.Des compromis sur les retraites, Jean-Pierre Farandou en a déjà fait l’expérience.Pour éviter, avec succès, qu’un mouvement social parmi les cheminots perturbent la bonne tenue des Jeux de Paris, Jean-Pierre Farandou signe en 2024 un accord sur la fin de carrière, provoquant alors une polémique à droite et au sein d’une partie du gouvernement Attal.Certains dénonçaient “un contournement de la réforme des retraites”, ce que contestait fermement Jean-Pierre Farandou.Tout juste un mois après sa nomination en novembre 2019 comme président de la SNCF, il connaissait déjà un premier mouvement social parmi les plus longs de l’histoire du groupe ferroviaire public contre le premier projet de réforme des retraites d’Emmanuel Macron, finalement abandonné pendant la crise du Covid-19.En 2023, les cheminots se mettent de nouveau massivement en grève contre une réforme qui recule l’âge de départ à 64 ans et qui sera, elle, finalement adoptée par le Parlement la même année.”Je suis un infatigable du dialogue social”, a souvent répété cet ingénieur des Mines, fils d’une institutrice et plutôt identifié à gauche. “Farandou c’est un cheminot, donc on a un langage commun”, lui reconnaissait fin 2024 le délégué Sud-Rail Fabien Villedieu, qui s’est pourtant souvent opposé à son patron, qui a rejoint la SNCF au début des années 1980.”On peut lui reconnaître une capacité à écouter”, confirmait Thierry Nier, de la CGT-Cheminots. “Mais ça ne fait pas l’alpha et l’oméga. Il nous a écouté sur le fret et on a quand même eu la liquidation de Fret SNCF” (en raison d’une procédure pour aides illégales intentée par la Commission européenne), relevait-il.- Plan d’économies -A son arrivée à la présidence de la SNCF Jean-Pierre Farandou se voit confier une mission: mettre en oeuvre la réforme ferroviaire de 2018 et transformer l’établissement public SNCF en société anonyme à capitaux publics, pour la préparer à entrer dans le monde de la concurrence.Le défi est de taille face à un corps cheminot récalcitrant, privé de son statut et des avantages qui vont avec à partir de janvier 2020, pour les nouveaux entrants. Il doit mener un plan d’économies pour améliorer la compétitivité de la SNCF, si possible sans s’endetter.Affable, il se distingue de son prédécesseur Guillaume Pepy, plus ostentatoire, par une forme de frugalité affichée.A peine quelques mois après son arrivée, le groupe ferroviaire est confronté à l’une des pires crises de son histoire.La pandémie de Covid-19 paralyse la quasi totalité des trains et seuls quelques TGV roulent encore, outre des trains sanitaires affrétés pour transporter les malades en dehors des régions submergées par l’épidémie.La SNCF navigue au gré des vagues d’épidémie successives, des confinements et des couvre-feu, mais parvient a sortir la tête de l’eau à partir de 2021. En 2022, elle affiche même un bénéfice record: 2,4 milliards d’euros.Le mandat de Jean-Pierre Farandou devait officiellement s’achever mi-2024. Il a d’abord été reconduit jusqu’aux termes des Jeux de Paris, puis jusqu’à la nomination de son successeur, maintes fois reportée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.Sa nomination comme ministre du Travail dimanche pourrait enfin mettre fin à son intérim et laisser le champ libre à l’ex-Premier ministre et actuel PDG de la RATP Jean Castex, désigné par l’Elysée pour lui succéder.

Jean-Pierre Farandou, un cheminot au Travail

Jean-Pierre Farandou, reconnu pour son ouverture au dialogue pendant les six ans qu’il a passés à la tête de la SNCF, notamment sur le sujet de la  retraite des cheminots, devient ministre du Travail et des Solidarités.Nommé dimanche, celui qui est toujours officiellement président de la SNCF prend place dans le second gouvernement de Sébastien Lecornu, finalement reconduit à Matignon après plusieurs jours de tractation avec les oppositions politiques. En jeu notamment, la suspension de la réforme des retraites de 2023 demandée par la gauche.- “Infatigable du dialogue social” -Cette hypothèse a provoqué l’ire d’une partie de la droite, mais pourrait devenir une des concessions du gouvernement Lecornu 2 au Parlement pour éviter la censure.Des compromis sur les retraites, Jean-Pierre Farandou en a déjà fait l’expérience.Pour éviter, avec succès, qu’un mouvement social parmi les cheminots perturbent la bonne tenue des Jeux de Paris, Jean-Pierre Farandou signe en 2024 un accord sur la fin de carrière, provoquant alors une polémique à droite et au sein d’une partie du gouvernement Attal.Certains dénonçaient “un contournement de la réforme des retraites”, ce que contestait fermement Jean-Pierre Farandou.Tout juste un mois après sa nomination en novembre 2019 comme président de la SNCF, il connaissait déjà un premier mouvement social parmi les plus longs de l’histoire du groupe ferroviaire public contre le premier projet de réforme des retraites d’Emmanuel Macron, finalement abandonné pendant la crise du Covid-19.En 2023, les cheminots se mettent de nouveau massivement en grève contre une réforme qui recule l’âge de départ à 64 ans et qui sera, elle, finalement adoptée par le Parlement la même année.”Je suis un infatigable du dialogue social”, a souvent répété cet ingénieur des Mines, fils d’une institutrice et plutôt identifié à gauche. “Farandou c’est un cheminot, donc on a un langage commun”, lui reconnaissait fin 2024 le délégué Sud-Rail Fabien Villedieu, qui s’est pourtant souvent opposé à son patron, qui a rejoint la SNCF au début des années 1980.”On peut lui reconnaître une capacité à écouter”, confirmait Thierry Nier, de la CGT-Cheminots. “Mais ça ne fait pas l’alpha et l’oméga. Il nous a écouté sur le fret et on a quand même eu la liquidation de Fret SNCF” (en raison d’une procédure pour aides illégales intentée par la Commission européenne), relevait-il.- Plan d’économies -A son arrivée à la présidence de la SNCF Jean-Pierre Farandou se voit confier une mission: mettre en oeuvre la réforme ferroviaire de 2018 et transformer l’établissement public SNCF en société anonyme à capitaux publics, pour la préparer à entrer dans le monde de la concurrence.Le défi est de taille face à un corps cheminot récalcitrant, privé de son statut et des avantages qui vont avec à partir de janvier 2020, pour les nouveaux entrants. Il doit mener un plan d’économies pour améliorer la compétitivité de la SNCF, si possible sans s’endetter.Affable, il se distingue de son prédécesseur Guillaume Pepy, plus ostentatoire, par une forme de frugalité affichée.A peine quelques mois après son arrivée, le groupe ferroviaire est confronté à l’une des pires crises de son histoire.La pandémie de Covid-19 paralyse la quasi totalité des trains et seuls quelques TGV roulent encore, outre des trains sanitaires affrétés pour transporter les malades en dehors des régions submergées par l’épidémie.La SNCF navigue au gré des vagues d’épidémie successives, des confinements et des couvre-feu, mais parvient a sortir la tête de l’eau à partir de 2021. En 2022, elle affiche même un bénéfice record: 2,4 milliards d’euros.Le mandat de Jean-Pierre Farandou devait officiellement s’achever mi-2024. Il a d’abord été reconduit jusqu’aux termes des Jeux de Paris, puis jusqu’à la nomination de son successeur, maintes fois reportée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.Sa nomination comme ministre du Travail dimanche pourrait enfin mettre fin à son intérim et laisser le champ libre à l’ex-Premier ministre et actuel PDG de la RATP Jean Castex, désigné par l’Elysée pour lui succéder.

Catherine Vautrin aux Armées après l’imbroglio Le Maire

Bruno Le Maire ayant renoncé face à la polémique, le portefeuille des Armées revient à Catherine Vautrin, qui troque son super-ministère de la Santé, du Travail et des Solidarités pour ce poste régalien où elle devra piloter le réarmement français face au regain de tensions géopolitiques.Rompue aux arcanes du pouvoir, cette ex-chiraquienne de 65 ans va ainsi succéder à Sébastien Lecornu, reconduit vendredi à Matignon au terme d’une semaine de crise politique. Cette ex-LR, devenue membre et fidèle soldat de Renaissance, un temps pressentie pour Matignon au début du second quinquennat, a incarné avec d’autres le virage à droite d’Emmanuel Macron, conservée dans les gouvernements successifs (Attal, Barnier, Bayrou) depuis janvier 2024, principalement à la tête de son super-ministère social mais avec aussi un passage aux Territoires. Aux Armées et aux Anciens combattants, sous réserve de l’adoption du projet de budget 2026, elle devra s’atteler à l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) pour accélérer le réarmement du pays face à la détérioration de la sécurité en Europe sous la menace russe.Le président Emmanuel Macron avait annoncé en juillet vouloir renforcer l’effort budgétaire pour la défense, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d’euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027.- Habileté -Avec son homologue allemand Boris Pistorius, elle devra aussi d’ici la fin de l’année trouver un chemin pour tenter d’engager la prochaine étape du projet Scaf de futur avion de combat européen, actuellement bloqué par les intérêts divergents des industriels des deux pays.A la tête des ministères sociaux, Catherine Vautrin a déjà montré qu’elle n’avait pas peur de monter au front. Convaincue de la nécessité de couper dans les dépenses publiques, elle a endossé diverses mesures impopulaires, entre économies sur l’hôpital, relèvement du reste à charge des patients sur les consultations médicales, ou proposition de réforme de l’assurance chômage, dénoncée comme violente par les syndicats, qui ont finalement repris la main.En première ligne sur l’épineux projet de loi “fin de vie”, elle a montré son habileté lors du premier passage à l’Assemblée, qui a débouché sur l’adoption de deux textes, l’un sur la création d’une aide à mourir et l’autre sur les soins palliatifs.”Au moment du mariage pour tous, nous avions eu des débats assez rudes, moi l’homme de gauche et elle la femme de droite, mais on s’est retrouvés autour du texte sur la fin de vie et on a bien travaillé ensemble, en confiance et en clarté. (…) Elle est rigoureuse et va au bout de ce qu’elle dit”, juge Olivier Falorni (MoDem), l’un des principaux artisans du texte à l’Assemblée.Dans le champ de la Santé – dont était également chargé Yannick Neuder – elle a gagné le “respect” de ses interlocuteurs. – Ministre de Chirac -Chez les médecins ou pharmaciens, divers représentants syndicaux saluent son “sérieux” et sa “connaissance fine des dossiers”, malgré les “divergences de points de vue”. “Parmi les nombreux ministres qu’on a eus, elle se détache du lot”, souffle l’un d’eux.”C’est une femme fiable, solide”, qui “ne fait pas de vagues” et “sait manager un département ministériel”, commente un député spécialiste des questions sociales.Catherine Vautrin a rallié la macronie en 2022. Après la réélection d’Emmanuel Macron, elle avait salué “une excellente nouvelle pour la France et l’Europe”. Le président lui avait même promis Matignon, avant de lui préférer Elisabeth Borne, sous la pression de macronistes qui dénonçaient sa participation à la mobilisation contre le mariage pour tous. Dans le passé, elle a occupé plusieurs postes gouvernementaux sous la présidence de Jacques Chirac: secrétaire d’État à l’Intégration (2004), aux Personnes âgées (2004-2005), puis ministre déléguée à la Cohésion sociale (2005-2007).Elle fut députée de la Marne à plusieurs reprises entre 2002 et 2017, avant d’être battue par une élue du parti présidentiel. Depuis 2014, elle est présidente du Grand Reims.Elle a aussi eu affaire avec la justice. Elle était trésorière de l’UMP (devenu LR), lorsqu’a éclaté l’affaire Bygmalion sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Elle a toutefois été blanchie en 2015 par un non-lieu.Titulaire d’une maîtrise de droit des affaires, elle a notamment travaillé comme directrice marketing dans le groupe d’assurance santé américain Cigna.burs-eva-ic-dab-alu/alv

Catherine Vautrin aux Armées après l’imbroglio Le Maire

Bruno Le Maire ayant renoncé face à la polémique, le portefeuille des Armées revient à Catherine Vautrin, qui troque son super-ministère de la Santé, du Travail et des Solidarités pour ce poste régalien où elle devra piloter le réarmement français face au regain de tensions géopolitiques.Rompue aux arcanes du pouvoir, cette ex-chiraquienne de 65 ans va ainsi succéder à Sébastien Lecornu, reconduit vendredi à Matignon au terme d’une semaine de crise politique. Cette ex-LR, devenue membre et fidèle soldat de Renaissance, un temps pressentie pour Matignon au début du second quinquennat, a incarné avec d’autres le virage à droite d’Emmanuel Macron, conservée dans les gouvernements successifs (Attal, Barnier, Bayrou) depuis janvier 2024, principalement à la tête de son super-ministère social mais avec aussi un passage aux Territoires. Aux Armées et aux Anciens combattants, sous réserve de l’adoption du projet de budget 2026, elle devra s’atteler à l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) pour accélérer le réarmement du pays face à la détérioration de la sécurité en Europe sous la menace russe.Le président Emmanuel Macron avait annoncé en juillet vouloir renforcer l’effort budgétaire pour la défense, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d’euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027.- Habileté -Avec son homologue allemand Boris Pistorius, elle devra aussi d’ici la fin de l’année trouver un chemin pour tenter d’engager la prochaine étape du projet Scaf de futur avion de combat européen, actuellement bloqué par les intérêts divergents des industriels des deux pays.A la tête des ministères sociaux, Catherine Vautrin a déjà montré qu’elle n’avait pas peur de monter au front. Convaincue de la nécessité de couper dans les dépenses publiques, elle a endossé diverses mesures impopulaires, entre économies sur l’hôpital, relèvement du reste à charge des patients sur les consultations médicales, ou proposition de réforme de l’assurance chômage, dénoncée comme violente par les syndicats, qui ont finalement repris la main.En première ligne sur l’épineux projet de loi “fin de vie”, elle a montré son habileté lors du premier passage à l’Assemblée, qui a débouché sur l’adoption de deux textes, l’un sur la création d’une aide à mourir et l’autre sur les soins palliatifs.”Au moment du mariage pour tous, nous avions eu des débats assez rudes, moi l’homme de gauche et elle la femme de droite, mais on s’est retrouvés autour du texte sur la fin de vie et on a bien travaillé ensemble, en confiance et en clarté. (…) Elle est rigoureuse et va au bout de ce qu’elle dit”, juge Olivier Falorni (MoDem), l’un des principaux artisans du texte à l’Assemblée.Dans le champ de la Santé – dont était également chargé Yannick Neuder – elle a gagné le “respect” de ses interlocuteurs. – Ministre de Chirac -Chez les médecins ou pharmaciens, divers représentants syndicaux saluent son “sérieux” et sa “connaissance fine des dossiers”, malgré les “divergences de points de vue”. “Parmi les nombreux ministres qu’on a eus, elle se détache du lot”, souffle l’un d’eux.”C’est une femme fiable, solide”, qui “ne fait pas de vagues” et “sait manager un département ministériel”, commente un député spécialiste des questions sociales.Catherine Vautrin a rallié la macronie en 2022. Après la réélection d’Emmanuel Macron, elle avait salué “une excellente nouvelle pour la France et l’Europe”. Le président lui avait même promis Matignon, avant de lui préférer Elisabeth Borne, sous la pression de macronistes qui dénonçaient sa participation à la mobilisation contre le mariage pour tous. Dans le passé, elle a occupé plusieurs postes gouvernementaux sous la présidence de Jacques Chirac: secrétaire d’État à l’Intégration (2004), aux Personnes âgées (2004-2005), puis ministre déléguée à la Cohésion sociale (2005-2007).Elle fut députée de la Marne à plusieurs reprises entre 2002 et 2017, avant d’être battue par une élue du parti présidentiel. Depuis 2014, elle est présidente du Grand Reims.Elle a aussi eu affaire avec la justice. Elle était trésorière de l’UMP (devenu LR), lorsqu’a éclaté l’affaire Bygmalion sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Elle a toutefois été blanchie en 2015 par un non-lieu.Titulaire d’une maîtrise de droit des affaires, elle a notamment travaillé comme directrice marketing dans le groupe d’assurance santé américain Cigna.burs-eva-ic-dab-alu/alv

Un candidat soutenu par le RN remporte une législative partielle dans le Tarn-et-Garonne

Les électeurs de la première circonscription du Tarn-et-Garonne ont choisi dimanche, lors d’une élection législative partielle, un candidat soutenu par le RN, Pierre-Henri Carbonnel, plutôt qu’une socialiste, après l’appel du patron de LR, Bruno Retailleau, à ne donner “pas une voix” à la gauche.Avec cette victoire, obtenue avec 52,06% des voix selon des résultats quasi-définitifs de la préfecture, l’Union des droites pour la République (UDR), parti fondé par Eric Ciotti après son départ de LR lors des législatives anticipées de 2024, conserve ce siège auparavant occupé par Brigitte Barèges, dont Pierre-Henri Carbonnel était le suppléant.Brigitte Barèges, ex-LR et ex-maire de Montauban, a dû démissionner en juillet après avoir été déclarée inéligible par le Conseil constitutionnel pour irrégularités de financement de campagne.Les électeurs ont néanmoins été peu nombreux à se déplacer: la participation s’est effondrée dans la circonscription, passant de 71,47% lors des législatives anticipées de 2024 à 37,4% ce dimanche.- Assemblée inchangée -“Magnifique victoire”, a salué sur X Eric Ciotti, qui voit dans ce résultat “l’avènement de l’union du peuple de droite dans le pays”.”On voit que l’Union de droite est en marche. J’espère qu’à Paris, ils vont savoir en tirer les conséquences”, a déclaré son poulain depuis Montauban.Ce scrutin partiel, qui laisse inchangé le paysage politique à l’Assemblée nationale, illustre la menace qui pèse sur le front républicain, incarnée par la posture de M. Retailleau et le report vers M. Carbonnel d’une partie des électeurs du candidat LR, Bernard Pécou, qui avait obtenu 17,55% des voix au premier tour, le 5 octobre.Même s’il n’avait pas donné de consigne de vote à ses sympathisants, M. Pécou avait critiqué la “dérive d’idées” de Brigitte Barèges, qui avait emporté la circonscription face à la gauche en 2024 en suivant M. Ciotti dans son alliance avec le RN. La candidate socialiste défaite dimanche, Cathie Bourdoncle, vice-présidente du conseil départemental, n’a remporté que 47,94% des voix, soit moins que la précédente députée socialiste (2012-2024) de la circonscription, Valérie Rabault, qui avait perdu face à Brigitte Barèges avec 48,75% des suffrages.”Il faut croire encore à notre démocratie”, a lancé aux abstentionnistes Mme Bourdoncle après sa défaite, notant que le “chaos” du “contexte national” n’avait “certainement pas donné envie à nos électeurs de se rassembler”. – Félicitations de Bardella -Signe de l’importance donnée au scrutin par les partis, M. Ciotti, M. Retailleau, ainsi que le secrétaire général de Renaissance Gabriel Attal et la présidente PS de la région Occitanie Carole Delga étaient venus encourager leurs candidats à un moment ou à un autre de la campagne.Tout en adressant ses félicitations à Pierre-Henri Carbonnel, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a estimé dimanche que l’alliance UDR-RN était la “seule alternative crédible pour gouverner et redresser la France”.Le président de LR, Bruno Retailleau, avait dans l’entre-deux-tours appelé les électeurs de droite à ne donner “pas une voix” à la gauche, lors d’une interview sur Europe1 et CNews.”Ca veut dire toutes les voix à Pierre-Henri Carbonnel”, avait interprété Eric Ciotti, lors d’un déplacement à Montauban.Le nouveau député, agriculteur de 35 ans, arrivé en tête du premier tour avec 29,25% des voix, partait favori pour le second, d’autant qu’une dissidente du RN avait en outre recueilli 7,34% des suffrages.A gauche, Cathie Bourdoncle, 59 ans et 24,30% au premier tour, était soutenue par Carole Delga et l’ex-députée locale Valérie Rabault, ainsi que par le Parti radical de gauche (PRG), mais le soutien indirect de son adversaire LFI Samir Chikhi (10,49%) et de Catherine Simonin-Bénazet (Renaissance, 5,28%), n’a pas suffi.Faisant référence aux positions très anti-LFI de Carole Delga, Stéphane Peu, le président du groupe PCF à l’Assemblée nationale, avait noté ironiquement que Cathie Bourdoncle n’était “pas Che Guevara”.Face à la position de Bruno Retailleau, M. Peu avait fustigé “l’accélération d’une recomposition politique où la droite dite républicaine, Les Républicains, est en train d’envisager, sérieusement et concrètement, son union future avec l’extrême droite”.

Gouvernement: un mélange de politiques et techniciens pressentis

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a proposé, selon Matignon, un “mélange de société civile avec des profils expérimentés et de jeunes parlementaires” pour son deuxième gouvernement, qui doit être dévoilé dimanche soir et a été composé dans l’urgence pour déposer un projet de budget à temps. Selon des sources proches de l’exécutif, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, succèdera à Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, l’ancien PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou serait nommé au Travail, Catherine Vautrin aux Armées et Monique Barbut, l’ex-présidente de WWF France, à la Transition écologique. Enfin, l’ex-directeur général de l’Enseignement scolaire, Edouard Geffray, encore un profil technique, prendra la tête du ministère de l’Éducation, ce qui devrait se traduire par la sortie du gouvernement d’Elisabeth Borne.Autre nomination, le chef des députés Liot Laurent Panifous doit se voir confier les Relations avec le Parlement.   Sébastien Lecornu a l’intention de “faire émerger de nouveaux visages”, a dit Matignon.A l’Elysée depuis 19H00 environ, Le Premier ministre, tout juste renommé il y a 48 heures, s’entretenait toujours avec Emmanuel Macron à 21H00. – Nervosité -Le temps presse pour composer une équipe gouvernementale et tenir un conseil des ministres, alors que le chef de l’Etat s’envole dans la nuit pour l’Egypte et que la Constitution prévoit que le Parlement dispose de 70 jours pour examiner le budget avant le 31 décembre.Il faudrait donc que le projet de budget lui soit transmis mardi. Ce nouvel exécutif, apparemment resserré, a toutefois une durée de vie qui pourrait être limitée, dans la mesure où l’ensemble des oppositions – hors PS qui attend la garantie d’une suspension de la réforme des retraites – menacent Sébastien Lecornu de censure. Ce dernier a dû oeuvrer tout le week-end pour composer son équipe sans l’aide de ses alliés centristes ni des Républicains (LR) qui ont décidé samedi de ne plus participer au gouvernement tout en le soutenant “texte par texte” au Parlement. Mais le parti s’attend à ce que des LR participent au gouvernement.Les signes de nervosité se sont multipliés dimanche au sein du parti issu du gaullisme. Au moins une ministre sortante, Annie Genevard (Agriculture), serait tentée de rempiler. “Annie, vous ne pouvez pas faire ça”, lui a intimé sur X le président des jeunes LR Théo Am’Saadi. “La décision du BP (Bureau politique) doit être respectée.”Le ministre LR sortant de la Santé Yannick Neuder a fait savoir de son côté qu’il avait décliné une proposition du Premier ministre de rester au gouvernement.Le bureau politique d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe, a également souhaité garder ses distances avec le gouvernement, en attendant d’en savoir plus sur ses intentions. Quant au Modem de François Bayrou, fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, il s’est montré très réticent à toute participation. – Gage de bonne foi -Sébastien Lecornu, qui a démissionné lundi dernier parce que “les conditions n’étaient plus remplies”, a fait monter la pression dimanche en promettant dans la presse dominicale qu’il ferait de même si ces conditions “n’étaient plus remplies à nouveau”. “Je ne ferai pas n’importe quoi”, a-t-il assuré à La Tribune dimanche. De fait, s’il devait démissionner à nouveau, la perspective d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, réclamée notamment par l’extrême droite, se rapprocherait davantage. Le président Emmanuel Macron, qui sera absent toute la journée de lundi, pour un voyage en Egypte de soutien au plan Trump sur Gaza, a d’ailleurs brandi cette menace aux différents partis qu’il a reçus vendredi, s’ils ne parvenaient pas à s’entendre. Et si la question du casting et des délais était résolue, il faudrait alors pour le gouvernement Lecornu 2 se maintenir au pouvoir. A l’exception du PS, l’ensemble de la gauche a appelé à la censure immédiate, de même que le Rassemblement national et l’UDR d’Eric Ciotti. Ce qui place le parti à la rose comme un “partenaire obligé” de la macronie finissante, a persiflé dimanche le patron des sénateurs centristes Hervé Marseille (Union des démocrates et indépendants, UDI), en prévenant qu’une censure est possible dès “cette semaine”.Car le groupe socialiste (69 députés) est le seul capable de sauver le futur gouvernement et a du coup placé la barre assez haut. Sans confirmation “de l’abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d’achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons”, a-t-il prévenu dès vendredi.Une telle suspension “n’épuiserait pas le débat sur le budget et l’avenir de la France, mais ce serait un gage de sa bonne foi et de sa volonté d’ouvrir une nouvelle période”, a précisé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, dans La Tribune Dimanche.