Macron entame à l’île Maurice une tournée africaine

Des partenariats “gagnant-gagnant” face à des “défis communs”: Emmanuel Macron a entamé jeudi à l’île Maurice une tournée de cinq jours en Afrique avec l’ambition réaffirmée de construire de nouveaux liens, sur fond de recul de l’influence française dans son ancien pré carré africain.Le président français a atterri à 13H35 locales (10H35 GMT) près de Port-Louis, capitale de l’île, voisine du territoire ultramarin français de la Réunion et synonyme de “success story” économique dans l’océan Indien, avec son PIB par habitant supérieur à 10.000 dollars, selon la Banque mondiale.Il se rendra ensuite en Afrique du Sud, qui accueille samedi et dimanche le sommet du G20, puis au Gabon où il rencontrera le nouveau président Brice Clotaire Oligui Nguema, deux ans après le coup d’Etat qui a mis fin à la dynastie des Bongo, et en Angola pour un sommet Union africaine-Union européenne. Sa dernière tournée sur le continent remonte à mars 2023. L’île Maurice, qui compte un peu plus de 1,2 million d’habitants, jadis centrée sur la canne à sucre, s’est imposée comme un modèle de diversification économique vers le tourisme et les services financiers même si les fragilités s’accumulent ces dernières années.  “C’est un pays qui est sorti en 30 ans de la pauvreté pour être aujourd’hui aux portes des pays à revenus élevés”, “une success story dans laquelle les entreprises françaises et les Français prennent toute leur part”, relève la présidence française. – Au cœur de l’Océan indien -Cette ancienne colonie française puis britannique, devenue indépendante en 1968, garde une solide tradition francophone, au côté de l’anglais. Plus de 10.000 ressortissants français y résident, selon l’Elysée.Emmanuel Macron, qui rencontrera dans la soirée le Premier ministre Navin Ramgoolaam en tête-à-tête, ambitionne de rehausser, à travers cette visite d’Etat, une relation politique un peu distendue plus de 30 ans après la dernière visite d’un président français, François Mitterrand, en 1993. Un rendez-vous d’autant plus bienvenu que le pays voisin, Madagascar, vient de connaître un coup d’Etat ayant ravivé le ressentiment contre l’ancienne puissance coloniale française. L’exfiltration par Paris de l’ex-président Andry Rajoelina, annoncée par RFI, a indigné de nombreux Malgaches.Le chef de l’Etat entend aussi réaffirmer la présence française dans le sud-ouest de l’océan Indien face aux ambitions croissantes de la Chine, la Russie et l’Inde en s’associant aux Etats de la région, notamment en matière de sécurité maritime.Il se rendra avec Navin Ramgoolam vendredi matin sur un bâtiment de la Marine française, le Champlain, qui participe à des opérations de surveillance avec les gardes-côte mauriciens face à des trafics accrus (drogue, pêche illicite, migrations illégales) dans la zone.L’Agence Française de Développement (AFD) doit de son côté signer des accords pour sécuriser le réseau électrique mauricien face aux aléas climatiques de plus en plus violents que connaît l’île et moderniser le secteur de l’eau, pour lequel elle a déjà accordé un prêt de 200 millions d’euros à l’île en 2023.- Ouagadougou –  A chaque étape de sa tournée, le président va “promouvoir des solutions économiques dans un partenariat gagnant-gagnant au service de nos entreprises, au service des Français, au service des pays africains”, assure l’Elysée.Les entreprises françaises espèrent ainsi participer à la diversification de l’économie gabonaise, jusqu’ici largement centrée sur le pétrole, notamment dans l’exploitation de minerais, selon Paris.En Afrique du sud, Emmanuel Macron assistera au lancement d’un conseil d’affaires franco-sud-africain sur le modèle de celui qui existe déjà au Nigeria.Mais cette nouvelle politique africaine, gravée dans le marbre lors du discours présidentiel de Ouagadougou en 2017 et marquée par la volonté de se distancier de l’héritage de la France coloniale (la “Françafrique”), peine à se concrétiser.La volonté de se tourner vers l’Afrique anglophone est souvent mal perçue par les pays francophones du continent. Tout comme celle de s’adresser directement à la jeunesse et à la société civile, sans convier de chefs d’Etat africains, comme lors du sommet Afrique-France de 2021 à Montpellier.Des postures mal comprises, voire jugées paternalistes au moment où l’armée française, engagée dans une opération antijihadiste, était boutée hors du Sahel face à la montée du sentiment antifrançais.Parallèlement, la part des échanges franco-africains a reculé dans le commerce africain global.

Logement: la reprise continue dans l’immobilier ancien, mais la remontée des prix est surveillée

Les ventes de logements anciens ont continué de progresser au troisième trimestre, comme c’est le cas depuis un an selon l’indice Notaires-Insee publié jeudi, mais la hausse de 0,7% des prix est surveillée de près avec la crainte qu’une remontée freine les acheteurs. Le nombre de transactions enregistrées au cours des douze derniers mois est estimé à 921.000 à fin septembre, après 907.000 à fin juin. Ce “volume annuel de transactions poursuit sa hausse entamée en octobre 2024, après une baisse continue depuis la fin avril 2022”, précise l’Insee.Dans les agences immobilières du réseau Orpi, “les agents ont retrouvé le moral”, “des mandats de vente rentrent à nouveau”, “les acquéreurs sont au rendez-vous et les vendeurs qui s’étaient emballés” ont accepté de baisser un peu leurs prix, relève Guillaume Martinaud, président d’Orpi.Selon le dernier baromètre immobilier de SeLoger-Meilleurs Agents, publié début novembre, les acheteurs immobiliers sont de retour avec une demande qui a progressé de 9% en octobre 2025 par rapport à l’année précédente, pour revenir au niveau observé en octobre 2021, avant la remontée des taux d’intérêt. “En 2025, les acheteurs se sont adaptés à la nouvelle donne des taux, et la demande repart, mais de façon plus sélective”, selon le baromètre. Ce sont surtout les zones rurales et les maisons qui attirent davantage. Les ménages qui achètent leur premier bien immobilier “sont revenus car les prix ont baissé”, estime Guillaume Martinaud, qui ne les voit cependant pas prendre une place prépondérante dans le marché. Pour preuve, le montant cumulé des nouveaux crédits immobiliers accordés entre janvier et septembre est en forte hausse de 38% par rapport aux neuf premiers mois de 2024, selon la Banque de France. Les primo-accédants représentent plus de la moitié (53%) des nouveaux crédits.Ces volumes de prêts immobiliers octroyés avait fortement baissé entre mi-2022 et début 2024, au moment de la remontée des taux d’intérêt, élément déclencheur de la crise du marché immobilier, qui a touché l’ancien comme le neuf.  – “Vraie dynamique” -Les investisseurs locatifs ont cependant quasiment disparu, découragés par l’obligation de rénovation énergétique des logements les plus énergivores et l’encadrement des loyers appliqué à Paris, selon Thomas Chaumeron, gérant de l’agence ISR immobilier dans le centre de Paris.Désormais, “on n’est pas tiré d’affaire, mais il faut se loger”, souligne Guillaume Martinaud, qui “va surveiller que les prix ne s’emballent pas, sinon on va casser la machine”. Au troisième trimestre, les prix de l’immobilier ancien étaient 0,7% au-dessus du niveau constaté à la même période de l’année dernière, selon l’indice de référence Notaires-Insee. Par rapport au trimestre précédent, allant d’avril à juin, ils sont restés stables. Dans le détail, les prix ont augmenté de 1,3% pour les appartements et de 0,2% pour les maisons sur un an. Hors Ile-de-France, ils sont quasi stables (-0,1%) sur un trimestre et en hausse de 0,7% sur un an. Une progression équivalente avait été observée au trimestre précédent.En Ile-de-France, les prix ont progressé légèrement de 0,2% par rapport au deuxième trimestre, avec une hausse plus marquée pour les appartements parisiens (+1,1%). Sur un an, l’immobilier ancien francilien affiche une croissance des prix de 0,4%, une première après dix trimestres consécutifs de baisse.Avec un total de 121.790 transactions d’octobre 2024 à fin septembre 2025, les ventes de logements ont augmenté de 11% en Ile-de-France sur un an, par rapport aux mêmes douze mois précédents, selon les Notaires du Grand Paris.C’est “une amélioration de la situation, qui demeure à des niveaux inhabituellement bas”, a commenté Elodie Frémont, présidente de la commission statistiques immobilières des notaires du Grand Paris, lors d’une conférence. Elle estime que la baisse des prix observée reste “insuffisante, mais elle permet de redéployer un petit peu de volume d’activité”. Au sein de son agence parisienne La Garçonnière immobilier, Bertrand Aubrun constate une “reprise des volumes” de vente et des “prix relativement stables”. “Il y a une vraie dynamique depuis trois semaines à un mois” et la fin d’année 2025 ou les premiers mois de 2026 “pourraient être probablement très prometteurs”, explique ce professionnel basé en bordure du quartier du Marais. 

Nouvelles frappes israéliennes sur Gaza, quatre morts selon les autorités locales

Quatre personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s’accusent de violer mutuellement la trêve.Mercredi a été l’une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l’entrée en vigueur du cessez-le-feu après d’intenses pressions américaines sur les deux belligérants.Le bilan de ce nouvel accès de violence s’élève à 31 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux.La reprise des bombardements sur Gaza a été précédée par des frappes israéliennes sur le sud du Liban, où l’armée israélienne dit viser le mouvement islamiste Hezbollah, allié du Hamas, qu’elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.Les autorités libanaises accusent elles Israël de violer le cessez-le-feu en continuant de frapper régulièrement leur territoire.Dans la bande de Gaza, où une trêve fragile tient depuis un peu plus d’un mois, la reprise des bombardements fait peur aux habitants. “Ma petite fille n’a cessé de me demander toute la nuit : la guerre va-t-elle revenir ?” a déclaré à l’AFP Lina Karaz, jointe au téléphone par l’AFP à Gaza-ville. “Nous sommes inquiets […] Cette nuit, le bruit des bombardements et des explosions […] était terrifiant”, a-t-elle ajouté, “quand ce cauchemar prendra-t-il fin ?”Pour Mohammed Hamdouna, déplacé de 36 ans vivant dans un camp de tentes dans la région de Khan Younès, dans le sud de la bande, “rien n’a changé, concrètement”, depuis le 10 octobre.- “Toujours sous la tente” -“Les villes sont en ruines [et] nous vivons toujours sous la tente malgré le froid et la pluie qui a inondé (les tentes) il y a deux jours”, déplore-t-il alors que la situation humanitaire reste catastrophique, selon l’ONU.Selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l’autorité du Hamas, trois personnes ont été tuées avant l’aube dans un bombardement à l’est de Khan Younès (sud), soit dans la partie du territoire restant sous le contrôle israélien à ce stade de la mise en oeuvre de l’accord de trêve.Sollicitée par l’AFP, une porte-parole de l’armée israélienne a confirmé que l’armée avait mené une frappe visant à “démanteler des infrastructures terroristes”. “Il n’y a là rien d’inhabituel”, a-t-elle affirmé.L’hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé le bilan de la Défense civile, précisant que les morts étaient tous de la même famille et que figuraient parmi eux une fillette d’un an.Une autre personne a été tuée à l’est de Khan Younès dans une frappe de drone, selon les services d’urgence du ministère de la Santé de Gaza et l’hôpital Nasser.Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.Mercredi, l’armée israélienne avait annoncé mener des attaques contre “des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza” en riposte à des tirs “en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès”.Ces tirs n’ont fait aucun blessé, a précisé l’armée, mais constituent “une violation” du cessez-le-feu.- “Escalade dangereuse” -Le Hamas a dénoncé une “escalade dangereuse” et appelé les Etats-Unis, pays médiateur, à “exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu”.Le Qatar, autre pays médiateur, a condamné “fermement les attaques brutales” qui menacent selon lui de compromettre l’accord de trêve.A midi (10h00 GMT) jeudi, l’armée israélienne n’avait pas annoncé revenir à l’application du cessez-le-feu comme elle l’a fait lors des précédents accès de violence ayant écorné la trêve depuis le 10 octobre.Les raids israéliens les plus meurtriers avaient fait plus de 100 morts le 29 octobre, selon la Défense civile et des données recueillies par l’AFP auprès de cinq hôpitaux.La guerre à Gaza avait été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles.Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Israel launches fresh strikes on Gaza, Qatar warns of escalation

Gaza health authorities said fresh Israeli air strikes killed four people Thursday as Qatar, a mediator of the weeks-long ceasefire, warned that renewed attacks threatened to undermine the fragile truce between Israel and Hamas.The new strikes came the morning after one of the deadliest days in the Gaza Strip since the truce came into effect on October 10, and after Israel launched a string of attacks targeting Hezbollah in Lebanon despite the nearly year-long ceasefire there.The Nasser hospital in Khan Yunis in southern Gaza said four people were killed in the strikes early Thursday, after the territory’s civil defence agency, which operates under Hamas authority, gave a lower toll of three dead.The hospital said three from one family, including a one-year-old girl, were killed in a strike on a house east of Khan Yunis and one more person was killed in an air strike on the town of Abasan al-Kabira, also east of Khan Yunis.A source at Gaza’s Hamas-run interior ministry, who did not wish to be identified, said artillery fire was continuing in the Khan Yunis area.Qatar, a key mediator in the Hamas-Israel war, condemned what it called the “brutal” Israeli air strikes, saying they were “a dangerous escalation that threatens to undermine the ceasefire agreement”.Gazans voiced despair at the fresh wave of attacks, saying it felt on the ground like the two-year war was continuing.”We are worried about the war returning. The sound of artillery shelling and explosions from the demolition operations east of Gaza was terrifying last night,” Lina Kuraz, 33, from the Tuffah neighbourhood, east of Gaza City, told AFP.”My daughter kept asking me all night, ‘Will the war come back?’. Every time we try to regain hope, the shelling starts again. When will this nightmare end?”- ‘The war hasn’t ended’ -The so-called yellow line demarcates the boundary inside the Gaza Strip that Israeli troops have withdrawn behind, as part of the US-brokered ceasefire.”We are aware of a strike east of the yellow line that was done to dismantle terror infrastructures,” the Israeli military told AFP.”We’re not aware of the reported casualties. It’s part of the regular IDF (Israeli military) operations east of the yellow line.”Israel has carried out repeated strikes against what it says are Hamas targets during the ceasefire, resulting in the death of more than 312 Palestinians, according to the health ministry in Hamas-run Gaza.Wednesday’s Israeli strikes on the Gaza Strip left 27 dead, according to the civil defence agency.”The war hasn’t ended. Nothing has really changed,” said Mohammed Hamdouna, 36, who was displaced from northern Gaza to a tent in Al-Mawasi, west of Khan Yunis.”The intensity of the death toll has decreased, but martyrs and shelling happen every day. We are still living in tents. The cities are rubble, the crossings are still closed, and all the basic necessities of life are still lacking,” he told AFP.- Hamas appeals to mediators -Hamas urged US President Donald Trump and other international mediators of the weeks-long truce to put pressure on Israel to stop its attacks.”This violation requires serious and effective action from the mediators to pressure (Israel) to stop these violations and uphold the ceasefire agreement,” Hazem Qassem, a spokesman for the Islamist movement, told AFP in Gaza City.”The occupation is acting with blatant disregard to the mediators’ efforts,” he said.The war was sparked by Hamas’s October 7, 2023 attack on Israel, which resulted in the deaths of 1,221 people.Israel’s retaliatory assault on Gaza has killed at least 69,546 people, according to figures from the health ministry that the UN considers reliable.Israel also conducted several strikes in southern Lebanon on Wednesday.The military said it targeted Hezbollah weapons storage facilities in several towns, and accused the Iran-backed group of trying to rebuild its capabilities.Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu on Wednesday also drew a rebuke from Damascus and others in the region after visiting Israeli troops deployed in a buffer zone inside Syria.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

En Afrique, ces grands accords de crédits carbones qui se sont évaporés

En 2023, le Liberia espérait avoir trouvé de quoi financer la protection de ses forêts avec l’accord de crédits carbone signé avec une société des Emirats arabes unis proche de la famille régnante. Mais deux ans plus tard, Monrovia n’a rien reçu et l’accord est tombé dans les limbes, comme de multiples autres signés par le même groupe en Afrique.C’était l’un des accords signés en rafale l’année de la COP28 aux Emirats arabes unis par l’entreprise Blue Carbon, dirigée par un membre de la famille royale. Ils couvraient des millions d’hectares de forêts à travers l’Afrique, du Liberia au Zimbabwe, dans certains cas jusqu’à 20% de la superficie du pays concerné.En échange de leur engagement à protéger leurs forêts, les Etats africains devaient recevoir une partie des revenus générés par les crédits carbone. Tout le monde devait en ressortir gagnant. Mais deux ans plus tard, la société a disparu des radars et ces grandes annonces avec le Liberia et d’autres pays d’Afrique et d’Asie ne se sont pas concrétisées, révèle une enquête conjointe de l’AFP et de Code for Africa, une organisation spécialisée dans les enquêtes en sources ouvertes.L’accord “a été arrêté” et “à ma connaissance, rien n’est fait pour essayer de le relancer”, répond Elijah Whapoe, chef du secrétariat sur le changement climatique du Liberia, un organisme public-privé, interrogé par l’AFP sur l’accord avec Blue Carbon.Les péripéties africaines de Blue Carbon mettent en évidence la complexité de la mise en œuvre des projets de crédits carbone, des mécanismes encore insuffisamment contrôlés et accusés de permettre aux grands pollueurs de “verdir” leur image avec peu ou pas d’impact réel sur le changement climatique.Ces crédits permettent aux grands producteurs de gaz à effet de serre de “neutraliser” sur le papier une partie de leurs émissions de CO2 en investissant par exemple dans la protection des forêts, puisque des arbres vivants et en bonne santé absorbent naturellement du dioxyde de carbone.La plupart des accords en Afrique ont été signés avant ou en marge de la COP28 organisée fin 2023 aux Emirats. Le président de Blue Carbon, le cheikh Ahmed Dalmook Al Maktoum, un cousin du Premier ministre de Dubaï, était souvent présent.Blue Carbon les a présentés comme un modèle pour le commerce du carbone en vertu de l’article 6 de l’accord climatique des Nations unies signé à Paris en 2015, qui définit les règles du commerce des crédits carbone entre les pays.Blue Carbon déclarait aussi en 2022 que ses activités aideraient les Emirats à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.Dans le cadre de l’accord avec le Liberia, environ un million d’hectares de ses forêts – soit près de 10% de la superficie du pays – auraient été protégés, les communautés locales impliquées et le gouvernement récompensé avec 30% des revenus, selon une déclaration de Blue Carbon et une copie du protocole d’accord consultée par l’AFP.L’accord avec le Liberia, comme d’autres accords africains, entre dans la catégorie REDD+ qui encadre comment les pays en développement peuvent être payés pour réduire les émissions en stoppant la déforestation.L’accord Blue Carbon/Liberia a rapidement essuyé un flot de critiques des défenseurs de l’environnement, qui l’ont jugé opaque et bafouant les droits des communautés locales.Pour Saskia Ozinga, fondatrice de Fern, une organisation œuvrant pour la protection des forêts et de leurs communautés, les accords de Blue Carbon, bien que d’une ampleur sans précédent, ne disaient pas clairement comment protéger les forêts et n’ont pas été assez discutés avec les communautés locales.”Blue Carbon visait clairement à verdir l’image” de ses promoteurs, dit-elle. “L’idée était bizarre à de nombreux égards et n’aurait jamais fonctionné tant pour le climat, que pour les forêts et les populations”.- Liberia, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Kenya… -L’un des premiers accords de Blue Carbon en Afrique a été conclu en mars 2023 avec la Tanzanie pour l’aider à “préserver et gérer ses 8 millions d’hectares de réserves forestières”, selon Blue Carbon. Tout comme d’autres signés avec la Zambie (portant sur 8 millions d’hectares) ou le Zimbabwe (7,5 millions) qui devaient générer “de gros bénéfices pour les communautés locales”. Blue Carbon en a également signé avec le Kenya et avec l’Etat de Niger dans le nord-ouest du Nigeria.Peu après la signature avec le gouvernement libérien, une agence de l’ONU et des ONG locales ont exhorté ce dernier à revenir dessus en raison de divers risques, de contestations juridiques notamment, jugeant notamment le texte incompatible “avec les droits fonciers communautaires et individuels existants”.Vincent Willie, ancien législateur et président du Comité parlementaire des ressources naturelles et de l’environnement du Liberia, a précisé à l’AFP que le gouvernement s’était dans ce dossier arrêté à la signature d’un protocole d’accord non contraignant.Selon Elijah Whapoe, l’accord avec Blue Carbon a été suspendu car il n’était pas “conforme” à la manière dont les accords sur le carbone doivent être gérés, notamment avec une plus grande implication locale.Une campagne de sensibilisation auprès des communautés avait été lancée, mais selon James Otto, un défenseur de l’environnement de la région libérienne de River Cess, les visites des agences gouvernementales et des organisations de la société civile ont suscité plus de questions que de réponses.Les communautés “insistent sur le fait que tout accord concernant l’utilisation de leurs terres et ressources forestières devrait être directement piloté par elles”, a déclaré James Otto à l’AFP. “D’après nos informations, aucun travail formel”, comme par exemple la création d’une zone forestière protégée, “n’a commencé dans le cadre de l’accord avec Blue Carbon”.D’autres programmes Blue Carbon semblent avoir été rapidement arrêtés, selon divers défenseurs de l’environnement et responsables interrogés par l’AFP.Blue Carbon avait salué l’accord signé avec le Zimbabwe, qui devait couvrir près de 20% de sa superficie, comme un “succès historique” dans la lutte contre le changement climatique. Mais cet accord n’a pas été au-delà de la manifestation d’intérêt, alors qu’il faut un projet formel pour pouvoir l’appliquer, souligne Washington Zhakata qui dirige la lutte contre le changement climatique au sein du gouvernement zimbabwéen.”Blue Carbon n’a toujours pas soumis de proposition formelle. Mais l’entreprise a déjà demandé un compte sur le registre carbone du Zimbabwe”, précise M. Zhakata.En Zambie, Douty Chibamba, secrétaire permanent du ministère de l’Economie durable et de l’Environnement, souligne que rien n’est sorti de l’accord signé avec Blue Carbon: “Le protocole d’accord a expiré sans aucune action”.Les responsables kényans et tanzaniens n’ont pas répondu aux demandes de précisions sur les accords signés avec Blue Carbon.Hors d’Afrique, un projet de Blue Carbon semble avoir connu le même destin.En 2023, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a signé avec le groupe un protocole d’accord en marge de la COP28.Il visait à exploiter les “vastes zones de mangroves” du pays, selon les services du Premier ministre James Marape. Mais près de deux ans plus tard, en juillet dernier, l’Autorité pour le changement climatique de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré à l’AFP que l’accord n’avait “pas du tout progressé”.Pour revendre les crédits carbone, Blue Carbon s’est associé à AirCarbon Exchange, une plateforme de vente de crédits carbone basée à Singapour. Mais cet accord-là a lui aussi été suspendu.”Notre protocole d’accord avec l’entreprise de Dubaï +Blue Carbon+, signé en 2023, a depuis expiré”, a déclaré à l’AFP un porte-parole d’AirCarbon Exchange. “Il n’y a eu aucun engagement actif entre les parties”.- Du vent – Aujourd’hui, l’entreprise semble n’être enregistrée dans aucun système de marchés carbone, ni n’avoir aucune présence opérationnelle, selon une enquête numérique menée par Code for Africa, organisme basé en Afrique du Sud et doté de la plus grande équipe d’enquêteurs numériques d’Afrique.Code for Africa n’a trouvé aucune trace de Blue Carbon ou de ses projets dans les trois principales bases de données de certification mondiale des crédits carbone, de l’ONU et des entreprises Verra et Gold Standard.Les campagnes publicitaires de Blue Carbon ont, elles, disparu.”Blue Carbon entend être à l’avant-garde des investissements durables liés au changement climatique”, soulignait la société lors de son lancement en octobre 2022, qui faisait également un lien explicite entre ses activités et la politique climatique des Emirats.”Blue Carbon servira de catalyseur pour les cadres opérationnels de l’économie bleue et verte qui définiront le programme de mise en œuvre des accords internationaux sur le climat et contribueront à l’initiative stratégique des Emirats arabes unis visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″, ajoutait-elle.Au cours de l’année 2023, Blue Carbon a également publié des communiqués et des photos sur les réseaux sociaux montrant des responsables africains signant des protocoles d’accord avec ses dirigeants.Sur son compte Instagram, dont le premier message date d’octobre 2022 lors du lancement de la société, aucun message n’a été publié depuis décembre 2023.De même, le compte officiel sur X, BlueCarbonDxb, sur lequel 27 messages apparaissent entre le 18 octobre 2022 et le 28 mars 2023, est inactif depuis. Le dernier message annonçait la signature de l’accord avec le Liberia.Le site web de Blue Carbon ne fonctionne plus, ayant été mis hors ligne entre mai et juillet 2025, selon les archives examinées par Code for Africa.L’AFP a tenté à de multiples reprises de contacter Blue Carbon, notamment par e-mail et par téléphone pour l’un des dirigeants de l’entreprise, sans obtenir de réponse.Un journaliste de l’AFP s’est également rendu à l’adresse de Blue Carbon à Dubaï, indiquée dans le protocole d’accord avec le Liberia. Sur place, un gardien a d’abord déclaré que Blue Carbon était bien basé là. Mais s’est ensuite dédit, indiquant qu’il n’y avait pas de bureau Blue Carbon et a dit au journaliste qu’il devait prendre rendez-vous pour avoir un entretien. Il n’y avait aucune enseigne Blue Carbon visible dans le hall.Le gouvernement des Emirats arabes unis n’a pas répondu aux demandes de commentaires.”Il y a plusieurs leçons à tirer de la saga Blue Carbon, notamment l’importance de normes rigoureuses pour l’offre et l’utilisation des crédits carbone à l’échelle internationale”, souligne Injy Johnstone, spécialiste des marchés du carbone à l’université d’Oxford.”Nous avons besoin de plus de transparence dans les transactions relevant de l’article 6, de normes concrètes concernant l’intégrité environnementale des projets eux-mêmes, et d’une responsabilité publique tant de la part des fournisseurs que des utilisateurs finaux afin de garantir qu’ils ne s’évaporent pas dans la nature, comme cela a été le cas ici”, poursuit-elle.Cette enquête a été soutenue par les contributions de Anita Igbine, Eliud Akwei, Jacktone Momanyi et Moffin Njoroge de Code for Africa.

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Indonésie : des centaines d’évacuations après l’éruption du volcan Semeru

Plus d’un millier de personnes, essentiellement des villageois ainsi que des randonneurs, ont été évacuées après l’éruption du volcan Seremu, sur l’île de Java, qui s’est atténuée jeudi, ont indiqué des responsables.L’éruption du plus haut volcan de l’île principale de Java, situé à environ 800 kilomètres au sud-est de la capitale Jakarta, a débuté mercredi, projetant des particules de lave à plus de 13 km autour du cratère, a indiqué le chef de l’agence de géologie, Muhammad Wafid. L’éruption a conduit les autorités à relever le niveau d’alerte à son maximum. Jeudi, l’activité s’est sensiblement réduite tout en restant “fluctuante”, a-t-il ajouté.Près de 900 personnes ont été évacuées vers des écoles, des mosquées et des salles communales, a indiqué Sultan Syafaat, responsable de l’agence locale de gestion des catastrophes.”Pendant la journée, (les villageois) vaquent à leurs occupations, notamment l’agriculture. La nuit, ils restent (dans des abris), probablement parce qu’ils sont encore traumatisés”, a-t-il indiqué.Au moment de l’éruption mercredi, “à quatre heures de l’après-midi, c’était comme à minuit. Il faisait très sombre”, a témoigné Faiz Ramadhani, un habitant de 20 ans qui évoque une sensation “horrible”.Certaines maisons proches du volcan ont été partiellement ensevelies sous des cendres volcaniques et des fragments de roche.”Ma maison a été inondée par une coulée de matières volcaniques d’un mètre de haut”, a indiqué à l’AFP Nurul Yakin Pribadi, chef du village de Supiturang, ajoutant que “de nombreuses maisons ont été endommagées”.Au moins une école primaire a été entièrement détruite, a déclaré Agus Triyono, responsable du district de Lumajang, ajoutant que les autorités recueillent encore des données sur les dégâts causés aux infrastructures.Par ailleurs, au moins trois personnes ont été brûlées, selon un responsable des opérations de recherche et de sauvetage dans un communiqué.Les autorités ont également évacué près de 190 personnes, pour la plupart des randonneurs, bloquées dans un camping mais dans une zone non directement affectée par l’éruption, a déclaré Rudijanto Tjahja Nugraha, le directeur du parc national Bromo Tengger Semeru.L’Indonésie se situe sur la “ceinture de feu” du Pacifique, où la rencontre des plaques continentales provoque une activité volcanique et sismique importante. Cet archipel d’Asie du Sud-Est compte près de 130 volcans actifs. En 2021, une éruption du Semeru, plus haut volcan d’Indonésie qui culmine à 3.676 m, avait fait plus de 50 morts et endommagé quelque 5.000 maisons.