En Inde, la sécheresse menace l’éducation des filles
Chaque matin, Ramati Mangla, 17 ans, parcourt des kilomètres, pieds nus et une cruche sur la tête, pour aller chercher de l’eau dans une source éloignée de chez elle, dans le Maharashtra, un Etat indien frappé par la sécheresse.De retour dans son village, les cours ont déjà commencé et elle n’a pas eu d’autre choix que d’abandonner l’école. “J’ai gardé mes livres”, explique l’adolescente qui s’inquiète de savoir ce qui se passera si elle n’a “jamais l’occasion de retourner à l’école” Les autorités locales estiment que près de deux millions d’habitants du district de Nashik, dans l’Etat du Maharashtra (ouest), connaissent chaque jour des pénuries d’eau. Les puits s’assèchent en raison de précipitations de plus en plus irrégulières. Les habitants n’ont donc pas d’autre choix que de s’adapter à des conditions de vie toujours plus difficiles. Les hommes sont contraints de quitter leur village pour trouver un travail.De leur côté, les filles comme Ramati ont la lourde responsabilité d’aller chercher l’eau. Cette tâche quotidienne peut prendre des heures, ce qui leur laisse peu de temps pour fréquenter les bancs de l’école. Dans un rapport publié en 2021, l’Unesco estime que les bouleversements liés au changement climatique pourraient contraindre des millions de filles à travers la planète à abandonner leurs études. C’est déjà une réalité dans les régions rurales du pays le plus peuplé de la planète, avec 1,4 milliard d’habitants. Ces dernières années, les enseignants ont observé une nette baisse de la fréquentation scolaire des filles, particulièrement durant la saison sèche. Beaucoup de familles, qui luttent pour leur survie, n’ont pas d’autre choix que de garder leurs filles à la maison ou de les marier précocement. Les enfants sont les premières victimes de la sécheresse, selon une rapport de l’Unicef, qui soulignait que quand les puits s’assèchent, ce sont les enfants qui manquent l’école pour aller chercher de l’eau.Ce reportage accompagne les photos prises par Shefali Rafiq lauréate du Marai Photo Grant 2025, un concours destiné aux photographes d’Asie du Sud âgés de 25 ans ou moins. Le thème était “le changement climatique” et les participants devaient illustrer ses conséquences sur leur vie quotidienne et leur communauté. Organisée par l’Agence France Presse, cette bourse rend hommage à Shah Marai, ancien chef photographe de l’AFP à Kaboul, qui a tragiquement perdu la vie dans un attentat-suicide, le 30 avril 2018, à l’âge de 41 ans.
TotalEnergies, un géant face à de multiples litiges
“Greenwashing”, “climaticide”, atteintes aux droits humains… Le géant pétrolier français TotalEnergies fait face ces dernières années à plusieurs procédures judiciaires en France lancées par des ONG sur des sujets climatiques, environnementaux et sociaux. – Une nouvelle plainte sur le Mozambique – Lundi, l’ONG European Center for Constitutional and Human Rights a saisi le parquet national antiterroriste à Paris d’une plainte pour “complicité de crimes de guerre, de torture et de disparitions forcées” pour des faits datant de 2021 sur le site d’un méga-projet gazier, alors à l’arrêt après une attaque jihadiste en mars cette année-là.L’annonce intervient alors que le groupe, qui en est l’opérateur, s’est dit prêt fin octobre à redémarrer le projet en vue d’un début de production en 2029.La multinationale est accusée d'”avoir directement financé et soutenu matériellement” une unité militaire, composée de forces armées mozambicaines, qui aurait commis des exactions sur des civils à l’été 2021, sur fond de conflit entre l’armée et une milice affiliée au groupe EI.TotalEnergies est par ailleurs visé depuis mars 2025 par une enquête de juges d’instruction à Nanterre pour “homicide involontaire” après une plainte de survivants et proches de victimes de l’attaque jihadiste qui l’accusent d’avoir négligé la sécurité de ses sous-traitants. – Le projet pétrolier Eacop-Tilenga attaqué -Autre projet contesté: le forage “Tilenga”, 419 puits en Ouganda, dont un tiers dans le parc naturel des Murchison Falls, associé au EACOP (East African Crude Oil Pipeline), le plus long oléoduc chauffé au monde, destiné à transporter les hydrocarbures jusqu’à l’Océan indien en traversant la Tanzanie.Vingt-six Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises (dont les Amis de la Terre France et Ouganda) ont lancé en juin 2023 une action civile pour demander “réparation” devant le tribunal de Paris de divers préjudices: expropriations abusives, compensations insuffisantes, harcèlement…Les associations Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont également déposé en janvier 2025 à Nanterre une plainte avec constitution civile, au pénal, pour qu’un juge d’instruction enquête sur ce projet jugé “climaticide”. Celle-ci est “à l’étude”, indique le parquet. – Condamné pour “greenwashing” -TotalEnergies a été condamné le 23 octobre au civil à Paris pour “pratiques commerciales trompeuses” en vantant à tort ses engagements vers la neutralité carbone d’ici 2050 sur son site commercial. Le groupe, qui était poursuivi par plusieurs associations, n’a pas fait appel. A Nanterre, il est aussi visé depuis 2021 par une enquête préliminaire du parquet après une plainte au pénal d’associations (Wild Legal, Sea Shepherd France et Darwin Climax Coalitions) qui l’accusent de “pratiques commerciales trompeuses” dans ses communications sur sa politique climatique. – Accusations de pollution pétrolière au Yémen -En janvier 2024, une cinquantaine de ressortissants yéménites ont assigné en référé TotalEnergies devant le tribunal de Nanterre en l’accusant de polluer une région désertique de l’Hadramaout, où le groupe a exploité des puits pétroliers des années 1990 jusqu’en 2015. Dans un référé similaire, le tribunal de Paris a jugé irrecevable le 3 décembre 2024 la demande de 8 plaignants yéménites.- Devoir de vigilance: audience en 2026 -Au nom d’une loi sur la vigilance sociale et environnementale des multinationales, une coalition de six ONG et 16 collectivités, dont Paris et New York, avait accusé en 2020 l’entreprise d'”inaction climatique”. Après une décision d’irrecevabilité en juillet 2023 du tribunal de Paris, la cour d’appel a déclaré en juin 2024 leur assignation recevable. L’affaire est renvoyée à une audience au tribunal prévue le 29 janvier 2026.- Des plaintes rejetées – Le 7 février, la justice a classé une plainte pénale déposée à Paris en mai 2024 par trois ONG (Bloom, Alliance Santé Planétaire, Nuestro Futuro) et huit personnes qui accusaient d’homicides involontaires et d’atteintes à la biodiversité du fait de l’activité du groupe dans les énergies fossiles.Par deux fois en 2022 et en 2023, la justice a écarté une plainte pour “complicité de crimes de guerre russes en Ukraine” déposée par deux associations qui reprochaient à TotalEnergies d’avoir continué à exploiter un gisement en Russie après le début de la guerre en Ukraine.
Un “Emmaüs de la mer” à la recherche de trésors recyclables dans les cimetières de bateaux
Aux portes de la Camargue, des dizaines de coques percées, recouvertes de lichen, gisent sur un terrain vague au fond d’un port. Un cimetière de bateaux devenu le terrain de jeu d’une association qui recycle des pièces de navires de plaisance voués à la casse.”On est des pilleurs d’épaves”, lâche en souriant Guillaume Delaunay, l’un des trois bénévoles de La Tribu Maritime, affairé à dévisser un vieux tableau de bord qu’il imagine déjà en jouet pour enfants.Cette petite association, active sur la façade méditerranéenne, explore les bateaux promis à la destruction pour y dénicher des pièces détachées réutilisables ou recyclables qu’elle revend depuis peu à des particuliers, tel un “Emmaüs de la mer”.Elle est l’une des rares ressourceries en France spécialisée dans le matériel maritime et nautique, avec la Recyclerie Maritime au Croisic (Loire-Atlantique).Depuis janvier, elle estime avoir permis d’éviter 3,3 tonnes de déchets en intervenant en amont de la déconstruction des navires. Environ un tiers provient du cimetière de port Napoléon, à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône), avec qui l’association a signé un partenariat. Le reste a été récupéré sur les bateaux de propriétaires volontaires.Ce jour-là, la collecte est fructueuse: trois portes en bois exotique, des caillebotis et deux longs hublots en métal, “réutilisables sur un bateau, mais aussi dans un camping-car ou même une salle de bain…”, s’enthousiasme le co-fondateur de La Tribu, Thomas Bekkers.Conséquence de l’essor de la navigation de plaisance depuis les années 1950, la France compterait actuellement quelque 150.000 bateaux en fin de vie, selon le site du ministère de la Transition écologique, citant des chiffres de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).Au port Napoléon, le directeur Emmanuel Juste voit les épaves s’accumuler depuis son arrivée, il y a huit ans. Un “empêchement à son activité économique” selon lui, puisque sur 1.000 places à sec (et 250 à flot), 50 bateaux ont déjà acquis le statut d’épave et 20 à 50 sont en passe de l’acquérir.Un navire de plaisance “est vendu neuf, donc cher, à quelqu’un qui en a les moyens. Puis il est revendu d’occasion (…) à des propriétaires qui ont de moins en moins les moyens. Et avec le temps, le bateau se dégrade. Au bout de 40 ans, les propriétaires ne peuvent plus assumer le rattrapage des travaux coûteux”, analyse-t-il. Ces navires deviennent d’abord des “bateaux ventouses”: ils ne naviguent plus, se détériorent lentement, puis finissent souvent abandonnés à la suite d’un événement de la vie, comme un décès ou une faillite.- 5 euros le compas de navigation -Or pendant longtemps, ce stock d’épaves n’a pas été anticipé, regrette M. Juste, car ce n’est que depuis 2019 que la déconstruction des bateaux de plaisance est gratuite pour les propriétaires.Gérée par l’APER (Association pour la Plaisance Eco–Responsable), éco-organisme labellisé, la filière de déconstruction, qui applique le principe de “pollueur-payeur”, est financée par une éco-contribution sur la vente de bateaux neufs.Depuis 2019, plus de 13.100 bateaux ont été détruits, dont 2.500 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, selon les chiffres de l’APER, qui a signé une convention avec La Tribu Maritime fin 2024 pour développer la filière du réemploi. Reste, pour le directeur de port Napoléon, le problème des coûts non pris en charge: le transport jusqu’au centre de déconstruction – jusqu’à 10.000 euros pour les plus grands navires – et surtout la destruction des bateaux sous pavillon étranger – environ 1.000 euros la tonne. Alors “chaque kilo recyclé, ce sont des coûts en moins”, assure Emmanuel Juste. D’où l’intérêt pour tous de développer cette filière.Un constat partagé par les plaisanciers venus chiner de bonnes affaires vendredi à la ressourcerie ouverte fin octobre par La Tribu, à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Oscar Damaso, éducateur spécialisé proche de la retraite et co-fondateur de l’association, accueille dans le petit hangar spartiate.À la recherche d’un nouveau compas vertical pour leur bateau, Peggy Barroso et son amie lorgnent sur le prix scotché sur le bac: cinq euros. “Neuf, ça coûte entre 100 et 150 euros”.
“Fini la pétrochimie”: à Bruxelles, des emballages à base de champignons
D’un blanc laiteux, légers et prêts à accueillir des savons, des emballages produits à partir de champignons attendent les visiteurs de la “première usine de mycomatériaux d’Europe”, revendique son PDG. Ceux-là sont “destinés à des hôtels”, explique Julien Jacquet, à la tête de la société belge Permafungi qui fabrique ces packagings entièrement biodégradables. Le fondateur ne s’en cache pas, il est du genre “idéaliste”, un David contre Goliath qui voudrait défier la montagne des polystyrènes polluants avec ses nouveaux produits durables.Mais la quête de rentabilité s’annonce rude. A ce stade, Permafungi reste dans une niche avec ses emballages sur mesure pour des savonneries plutôt haut-de-gamme.A Bruxelles, dans le petit milieu de l’économie circulaire, cette entreprise de 12 salariés s’est bâtie une notoriété depuis une dizaine d’années en recyclant le marc de café des bistrots pour produire des champignons comestibles.Afin de passer à la vitesse supérieure, elle vient d’ouvrir, après deux ans de travaux, une usine qui s’attaque au secteur ultra concurrentiel de l’emballage.Julien Jacquet critique les emballages industriels “produits à l’autre bout du monde” et dérivés du pétrole. Lui voudrait “rapprocher l’utilisateur du packaging”, grâce aux… champignons de la forêt de Soignes, qui jouxte la capitale belge.En pratique, l’entreprise récupère d’abord des déchets que des industries traditionnelles délaissent, comme la sciure de bois, et les place dans des moules.Puis le mycélium – considéré comme la racine du champignon – fait son travail. En se nourrissant des déchets, il se développe et prend la forme voulue par le client. La masse à la “texture de tofu” termine son parcours en salle de séchage avant d’être démoulée puis livrée.- “Beaucoup de promesses” -“Fini la pétrochimie. Ici les champignons poussent et on les aide grâce au recyclage de l’eau de pluie et à la coopération des machines” qui accélèrent la production, revendique l’entrepreneur.Panneaux solaires sur le toit, local à vélo en bois, le projet est dans l’air du temps. Il résonne avec une loi européenne qui prévoit que tous les emballages soient recyclables à partir de 2030.Permafungi a ainsi bénéficié d’une subvention de deux millions d’euros de l’Union européenne ainsi que d’aides régionales.La petite entreprise a en outre réussi à convaincre un investisseur privé, le fonds suisse Après-Demain – groupe pharmaceutique du milliardaire Thierry Mauvernay – qui a mis un million d’euros dans le projet.Ce fonds “veut soutenir une entreprise à impact” , qui utilise des ressources de proximité plus “respectueuses de l’environnement”, explique l’un de ses responsables Sébastien Beth. Mais “pour durer”, l’entreprise bruxelloise aura besoin “d’être rentable dans les deux à cinq ans”, reconnaît cet investisseur aguerri. Des développements sont annoncés avec deux vignobles, une marque de montres et une enseigne de bougies. Julien Jacquet table sur un chiffre d’affaires de trois millions d’euros dans trois ans.De l’Europe aux Etats-Unis, des projets à base de champignons sont régulièrement lancés depuis le milieu des années 2000.”Il y a eu beaucoup de promesses depuis très longtemps, y compris pour fabriquer des biocarburants”, mais le problème “c’est la mise à l’échelle et le coût”, explique Luc Vernet, du centre de réflexion Farm Europe, spécialiste de l’agriculture et de l’alimentation.”Le point du blocage” demeure “la concurrence des produits fossiles, portés par un prix du pétrole bas”, souligne-t-il.L’UE promet fin novembre une stratégie sur la bio-économie, dont un soutien aux biomatériaux.L’enjeu est crucial en matière d’emballages, source de pollution toujours plus grande. Selon les données de l’UE, chaque Européen produisait près de 190 kg de déchets d’emballages en 2021 et ce chiffre passera à 209 kg en 2030, sans mesures supplémentaires.Julien Jacquet souligne aussi que son projet permet d’ouvrir une usine en ville, dans une Europe qui a tant souffert de la désindustrialisation.Le nouveau site de Permafungi est installé à quelques centaines de mètres de l’usine automobile Audi, définitivement fermée depuis fin février et qui employait quelque 3.000 salariés à Bruxelles.
Droits de douane et taxe carbone, des barrières aux négociations de la COP30
À Belém, ville qui accueille les négociations climat de la COP30, difficile de manquer la BYD Dolphin Mini, une citadine électrique chinoise qui domine le marché automobile au Brésil. Alors qu’elle est rare en Europe et introuvable en Amérique du Nord.Les barrières aux échanges commerciaux sont un sujet qui pèse sur ce sommet de l’ONU, alors que la Chine pousse pour exporter plus librement ses technologies vertes. De grandes économies remettent aussi en cause l’Europe pour sa “taxe carbone” sur des produits comme l’acier ou les engrais.Des pays en développement, non concernés par ce Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), craignent que le dispositif n’en inspire d’autres.”Le commerce international, dans cette COP, contrairement aux précédentes, est déjà promu au rang des préoccupations”, explique à l’AFP Li Shuo, expert du climat et de la Chine à l’Asia Society. “On peut déjà s’attendre à ce qu’il soit la partie la plus prépondérante du résultat”.Traditionnellement, l’ambition politique et la finance dominent les discussions des COP: de combien réduire les émissions de gaz à effet de serre, quels montants apporter aux pays en développement pour se détourner des énergies fossiles…Outre la Chine, des pays comme l’Inde ou le Brésil ont tenté les années précédents d’imposer le commerce international comme sujet, en vain jusqu’à cette année. Mardi, une ébauche d’accord final publié par la présidence brésilienne de la COP30 consacre un paragraphe au commerce, dans lequel plusieurs options concurrentes, plus ou moins fortes, sont présentées.Le ton avait été donné lors de la venue des chefs d’État et de gouvernement à Belem, où le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang avait exhorté à “lever les barrières au commerce et assurer la libre circulation des produits verts de qualité”.- “Décarbonation radicale” -L’UE impose de lourds droits de douane aux véhicules chinois, pouvant monter au-delà de 45%, en fonction du constructeur. Le Canada et les États-Unis plus encore, dépassant 100%.Un négociateur d’un pays du Sud-Est asiatique explique à l’AFP que dans cette région on s’appuie sur des technologies chinoises à coût réduit, dont on trouvait “illogique” et “incohérent” que les Occidentaux se privent.”Il nous faut mener une décarbonation radicale de l’économie mondiale dans les deux prochaines décennies si nous voulons atteindre les objectifs de températures de l’accord de Paris. Dans la mesure où les politiques commerciales posent des barrières à notre réussite, c’est un sujet légitime”, estime Alden Meyer, analyste du groupe de réflexion E3G, interrogé par l’AFP à Belém.Le MACF, censé éviter la concurrence déloyale d’entreprises soumises à des normes environnementales moins strictes que dans l’Union européenne, est sévèrement critiqué par des pays émergents.”Les pays du Nord, après avoir utilisé des industries fortement carbonées pour se développer, baissent leur rideau face aux pays du Sud”, résume Mohamed Adow, du centre de réflexion Power Shift Africa.- Objectifs strictement climatiques -L’inquiétude va au-delà des industries concernées. Un négociateur d’un pays africain exportateur de cacao se montre préoccupé par le futur règlement anti-déforestation de l’UE, qui exigera une preuve qu’un produit ne vient pas d’une terre récemment gagnée sur la forêt.Les 27 insistent pour dire que le MACF vise bien des objectifs strictement climatiques, et non économiques.”Mettre un prix sur le carbone est une voie que nous devons explorer avec autant de monde que possible, dès que possible”, a martelé lundi le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Certains pays disent une chose ici dans les négociations, et une autre quand on leur parle en bilatérale”, précisait à l’AFP l’ambassadeur suédois au Climat, Mattias Frumerie. Pour lui, ces pays reconnaissent en privé que la taxe carbone est une incitation efficace.La Russie a attaqué le Mécanisme devant l’Organisation du mondiale du commerce, mais ses instances de contentieux sont paralysées depuis 2019. Et le Royaume-Uni et le Canada réfléchissent à leur propre taxe carbone.Personne n’attend que la COP de Belém ne résolve ” par magie” ces différends, souligne David Waskow, du centre de recherche World Resources Institute. “On veut les faire remonter à la surface, on veut se titiller. Parfois ça peut amener à repenser des politiques”.
Macron demande “d’amplifier” la lutte contre le trafic de drogues, après l’assassinat de Mehdi Kessaci
Emmanuel Macron a demandé mardi “d’amplifier” la lutte contre le trafic de drogues lors d’une réunion d’urgence à l’Elysée, organisée après plusieurs faits criminels ces derniers jours, dont l’assassinat du frère d’un militant écologiste à Marseille, un “crime d’intimidation” marquant “un point de bascule” selon le gouvernement.Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a ajouté à l’issue de cette réunion qu’il se rendrait, avec son homologue de la Justice Gérald Darmanin, dès ce jeudi à Marseille à la demande du chef de l’Etat. Le président réunira de nouveau les acteurs de la lutte contre les trafics de drogue “mi-décembre” à l’Elysée puis se “rendra lui-même sur place à Marseille”, a complété M. Nuñez.”On a constaté que les trafiquants et notamment ceux qui dirigent les mafias marseillaises sont de plus en plus à cran parce que nous menons des actions qui sont extrêmement efficaces”, a poursuivi le ministre.Plusieurs responsables politiques ont appelé mardi matin l’exécutif à passer de la parole aux actes concernant un fléau qui devient un thème majeur des élections municipales de mars prochain.Etaient aussi présents à l’Elysée les ministres des Comptes publics, Amélie de Montchalin, et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ainsi que des magistrats spécialisés dont le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessonne.Le directeur national de la police judiciaire Christian Sainte participait également à cette réunion. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin y était en visioconférence depuis les Emirats arabes unis. Jeudi, le frère du militant écologiste Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, a été abattu par balle à Marseille. Le procureur Bessone n’a pas exclu un assassinat d’avertissement.Selon une source proche du dossier, le chef de l’Etat a lui-même téléphoné au militant écologiste, dont un autre frère, Brahim, avait aussi été tué en 2020.Par ailleurs à Grenoble, un jeune adolescent a été touché dans la nuit de samedi à dimanche par trois balles près d’un point de vente de drogue. Ses agresseurs sont en fuite.- Parquet spécialisé -Cette réunion au sommet mardi matin a notamment été organisée, selon l’Elysée, afin d’intensifier la mise en œuvre de la loi promulguée en juin pour lutter contre le narcotrafic, qui monte “en puissance”. Celle-ci prévoit “l’installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) qui sera officiellement créé le 1er janvier prochain”, précise l’Elysée.Ce nouveau parquet sera compétent sur les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat) et du parquet national financier (PNF). Gérald Darmanin a proposé de nommer la magistrate Vanessa Perrée à sa tête.Le ministre de la Justice avait défendu au Parlement la loi sur le narcotrafic, qui comprenait aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l’isolement les narcotrafiquants les plus dangereux. – Un thème des municipales -A quatre mois des municipales, le thème s’invite dans la campagne électorale.Le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a ainsi réclamé “l’état d’urgence à Marseille”, une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.Le thème devrait aussi être abordé au congrès de l’Association des maires de France (AMF) cette semaine à Paris.La loi narcotrafic est “une bonne loi” mais “au delà des affichages ou des réunions d’urgence, ce qu’il faut maintenant, c’est l’exécution des choses”, a réclamé son président David Lisnard sur BFMTV/RMC. L’AMF avait déjà organisé une table ronde sur le narcotrafic l’année dernière car “cette réalité nous la vivons dans les grandes villes, les villes moyennes mais aussi les villages”, a souligné le maire LR de Cannes.sm-mby-lum-far/mat/sla
Tensions avec Pékin: Tokyo appelle ses ressortissants en Chine à la prudence
Le Japon a appelé ses ressortissants en Chine à la prudence, dans un contexte de tensions entre les deux pays depuis des déclarations de la Première ministre nippone Sanae Takaichi concernant Taïwan, île que Pékin revendique.”Lors de vos déplacements, soyez particulièrement attentifs à votre environnement, notamment à la présence éventuelle d’individus suspects. Essayez autant que possible de vous déplacer en groupe”, met en garde un communiqué publié lundi sur le site de l’ambassade du Japon à Pékin.”Evitez autant que possible les lieux très fréquentés ou ceux susceptibles d’être identifiés comme fréquentés par des Japonais”, ajoute le document.Le porte-parole du gouvernement japonais Minoru Kihara a déclaré mardi que ces recommandations avaient été émises “sur la base d’une évaluation globale de la situation politique, y compris de la situation sécuritaire dans le pays ou la région concernée, ainsi que des conditions sociales”.A l’origine de la crise, des propos de la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi, qui a déclaré le 7 novembre que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île, au titre de la “légitime défense collective” prévue par une loi japonaise adoptée en 2015.Ces déclarations ont été interprétées comme l’indication qu’une attaque contre Taïwan – île dont Pékin revendique la souveraineté – pourrait justifier un soutien militaire de Tokyo à Taipei. Taïwan ne se situe qu’à une centaine de kilomètres de l’île japonaise la plus proche.L’ambassade de Chine à Tokyo a jugé ces propos “ouvertement provocateurs”, estimant qu’ils “nuisaient gravement au climat des échanges entre les peuples”.Et dans un message sur X, supprimé depuis, le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, avait menacé de “couper cette sale tête sans la moindre hésitation” en évoquant le discours de Mme Takaichi. Dans la foulée, Tokyo et Pékin avaient convoqué la semaine dernière leurs ambassadeurs respectifs.- Interdépendance -Pour tenter d’apaiser les tensions, Masaaki Kanai, haut responsable du ministère japonais des Affaires étrangères pour la région Asie-Pacifique, s’est rendu mardi au ministère chinois des Affaires étrangères à Pékin. Il a rencontré son homologue Liu Jinsong, qui a réitéré les “vigoureuses protestations” de Pékin sur “les propos erronés sur la Chine tenus par la Première ministre japonaise”, a indiqué une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.Le haut responsable japonais a pour sa part “fortement exhorté (la Chine) à prendre des mesures appropriées”, affirmant que “l’ordre public au Japon ne s’était en aucun cas détérioré”, selon la déclaration du ministère japonais des Affaires étrangères.Ce regain de tension fait craindre de graves conséquences économiques pour les deux puissances.Pékin a ainsi appelé les citoyens chinois à éviter de se rendre au Japon, provoquant lundi la chute des actions nippones en Bourse liées au tourisme et à la distribution.Li Hanming, un analyste du secteur aérien, a déclaré mardi à l’AFP qu’environ 500.000 billets d’avion entre la Chine et le Japon avaient été annulés selon lui depuis le 15 novembre.Pékin a aussi fait suspendre la sortie d’au moins deux films japonais dans ses cinémas: “Crayon Shin-chan the Movie: Super Hot! The Spicy Kasukabe Dancers” et “Les Brigades immunitaires”, a rapporté le journal China Film News, supervisé par un organisme officiel chinois.La Chine est la première source de visiteurs étrangers du Japon, qui a accueilli sur les neuf premiers mois de 2025 quelque 7,5 millions de visiteurs chinois, selon des chiffres officiels nippons, soit une envolée de 42% sur un an, et un quart du total des touristes étrangers. Attirés par un yen faible, ils ont dépensé l’équivalent de 3,28 milliards d’euros au troisième trimestre.Avant de prendre ses fonctions le 21 octobre, Mme Takaichi était considérée comme une ultraconservatrice, un “faucon” à l’égard de Pékin et elle se rendait régulièrement au sanctuaire Yasukuni, qui honore notamment plusieurs criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale.La Chine qualifie de telles visites de “provocations graves”.
Stocks, bitcoin retreat with eyes on Nvidia
Stock markets slid and bitcoin dropped under $90,000 Tuesday as investors worried about lofty tech valuations on the eve of earnings from AI chip titan Nvidia.The top cryptocurrency briefly fell below the key level for the first time in seven months, also as traders increasingly saw the US Federal Reserve deciding against an interest-rate cut next month.Having struggled in the first half of this year, bitcoin soared to a record high of $126,251 last month.London, Paris and Frankfurt stock markets each dropped more than one percent around the half-way stage Tuesday, and after a sharp sell-off in Asia.”The tech-focused selloff seen in the US has evidently resulted in global contagion,” said Joshua Mahony, chief market analyst at Scope Markets.After this year’s record rally for global equities, traders have begun to question whether the billions poured into artificial intelligence will lead to big returns.All eyes will be on Nvidia’s quarterly earnings due Wednesday for clues about the AI sector’s outlook.Reports from retailers Home Depot, Target and Walmart will also give an insight into consumer sentiment.”The risk-off tone was reinforced by the latest signals from the Fed, as investors continued to price out the likelihood of a December rate cut,” said Jim Reid, managing director at Deutsche Bank.Investors will look to the US September jobs report Thursday — delayed due to the government shutdown — for fresh signs on rates and the health of the world’s largest economy.After a day deep in the red on Wall Street, Tokyo and Seoul led losses in Asia.Tokyo tumbled more than three percent, with investors nervously eyed Japanese bond markets as Prime Minister Sanae Takaichi prepared to unveil an economic stimulus package.Yields on the 20-year government bond hit their highest since 1999 amid speculation the spending bill will ramp up borrowing.Takaichi is due to meet BoJ head Kazuo Ueda to discuss bank policy, with its plans to raise rates likely to be on the agenda.The yen slipped to around 155.38 per dollar, its weakest since January, amid fading expectations for more interest rate hikes.Selling was compounded by tensions between Japan and China over Takaichi comments on Taiwan, prompting both governments to warn citizens about travel.Seoul tanked more than three percent, having enjoyed a spectacular rally of more than 60 percent so far this year led by chip titans Samsung and SK hynix, which were both hammered on Tuesday.Taipei shed more than two percent as market heavyweight chip firm TSMC suffered selling pressure.Hong Kong lost nearly two percent, while Shanghai also closed lower.- Key figures at around 1120 GMT -London – FTSE 100: DOWN 1.1 percent at 9,568.18 pointsParis – CAC 40: DOWN 1.1 percent at 8,030.79Frankfurt – DAX: DOWN 1.0 percent at 23,346.02Tokyo – Nikkei 225: DOWN 3.2 percent at 48,702.98 (close)Hong Kong – Hang Seng Index: DOWN 1.7 percent at 25,930.03 (close)Shanghai – Composite: DOWN 0.8 percent at 3,939.81 (close)New York – Dow: DOWN 1.2 percent at 46,590.24 (close)Dollar/yen: UP at 155.39 yen from 155.23 yen on MondayEuro/dollar: DOWN at $1.1582 from $1.1589Pound/dollar: DOWN at $1.3141 from $1.3156Euro/pound: UP at 88.12 pence from 88.09 penceBrent North Sea Crude: UP 0.1 percent at $64.26 per barrelWest Texas Intermediate: UP 0.2 percent at $60.03 per barrel



