Thaïlande: une manifestation réclame la démission de la première ministre

Des milliers de manifestants anti-gouvernement se sont rassemblés à Bangkok samedi pour réclamer la démission de la première ministre Paetongtarn Shinawatra après qu’un appel téléphonique avec l’ancien dirigeant cambodgien Hun Sen a suscité la colère de la population et remis en question sa capacité à diriger.La deuxième économie d’Asie du Sud-Est se prépare pour un énième cycle de troubles politiques et de contestations populaires, sur fond de querelles tenaces entre la dynastie Shinawatra et l’establishment conservateur alignée avec le roi et l’armée.Samedi, environ 4.000 manifestants ont rempli les rues qui font le tour du Monument de la Victoire dans la capitale thaïlandaise, brandissant des drapeaux thaïlandais et applaudissant des discours entremêlés de performances musicales.La foule était composée principalement de personnes âgées et menée par d’anciens militants des “chemises jaunes” impliqués dans les grandes manifestations de rue qui ont contribué à faire tomber le gouvernement de son père Thaksin Shinawatra dans les années 2000, mais aussi par l’un de ses anciens alliés devenu l’un de ses plus grands détracteurs.”Je suis ici pour protéger la souveraineté de la Thaïlande et pour dire que la Première ministre est inapte”, a déclaré Seri Sawangmue, un manifestant de 70 ans qui a voyagé toute la nuit en bus depuis le nord du pays pour assister à l’événement.”Après avoir entendu l’appel qui a fuité, j’ai su que je ne pouvais pas lui faire confiance”, a-t-il déclaré à l’AFP. “J’ai vécu de nombreuses crises politiques et je sais où cela nous mène. Elle est prête à renoncer à notre souveraineté”.La Thaïlande connaît depuis des décennies des affrontements entre les “Chemises jaunes”, qui défendent la monarchie et l’armée et considèrent Thaksin comme une menace pour l’ordre social traditionnel du pays, et les “Chemises rouges”, qui soutiennent Thaksin.Jamnong Kalana, 64 ans, a déclaré qu’elle avait été par le passé une “Chemise rouge”, mais qu’elle avait changé de couleur et demandait désormais la démission de Paetongtarn. “Je ressens beaucoup de douleur lorsque je vois une compatriote thaïlandaise qui n’aime pas le pays comme moi”, a-t-elle déclaré.- Le clan Shinawatra sous tension -Les autorités ont indiqué que plus d’un millier de policiers et d’agents municipaux avaient été déployés pour l’événement qui se déroule pour le moment sans violence.”C’est leur droit de protester, du moment que les choses se font sans violence” a déclaré aux journalistes Paetongtarn Shinawatra avant un déplacement dans le nord de la Thaïlande frappé par des inondations.Novice en politique, la première ministre est l’objet de controverses et a été abandonnée par le Bhumjaithai, deuxième plus grand parti de sa coalition, suite à un appel téléphonique avec l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen.Dans la conversation qui a fuité, elle a comparé un général thaïlandais à un “opposant”, puis utilisé un ton jugé trop familier, par ses adversaires traditionalistes en appelant l’ancien dirigeant cambodgien “oncle”.L’appel entre Paetongtarn et Hun Sen, qui a dirigé le Cambodge durant environ 40 ans, visait à apaiser les tensions, après la mort d’un soldat cambodgien, fin mai, lors d’un échange de tirs dans une zone disputée à la frontière.En poste depuis moins d’un an, Paetongtarn est la quatrième personnalité du clan Shinawatra à devenir Premier ministre de la Thaïlande après son père, sa tante et le mari de sa tante.La semaine prochaine la dirigeante et son père Thaksin vont faire face à des batailles judiciaires qui pourraient rebattre les carte du paysage politique thaïlandais.Mardi, la Cour constitutionnelle décidera si elle doit se saisir d’une pétition de sénateurs demandant sa destitution pour manque de professionnalisme. Le même jour, son père sera jugé pour des accusations de lèse-majesté liées à des remarques faites il y a dix ans à des médias sud-coréens.Une douzaine de putschs réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932 a cimenté la place de l’armée dans le cÅ“ur de la vie politique thaïlandaise, laissant planer en permanence l’hypothèse d’une intervention si le gouvernement en place allait contre ses intérêts.

François Ruffin, le franc-tireur de la gauche qui veut viser haut

Journaliste, réalisateur, ancien agitateur assumé, député et bientôt, l’espère-t-il tout du moins, à l’Elysée ? François Ruffin continue de se préparer à la présidentielle de 2027 en donnant une dimension nationale à son mouvement, anciennement “Picardie debout !”, qu’il présente samedi sous sa nouvelle bannière: “Debout!”.Si la Picardie n’est plus présente dans le nom du parti, elle reste dans le moteur politique de cet enfant d’Amiens, qui était scolarisé dans le même lycée privé catholique qu’Emmanuel Macron, La Providence – sa soeur était même amie avec le futur président de la République.Ce fils d’un cadre et d’une mère au foyer, père de deux enfants et âgé de 49 ans, est devenu le chantre du protectionnisme, de la défense des classes populaires et de la lutte contre le libre-échange, lui qui a été marqué par les fermetures d’usines de Goodyear ou de Whirlpool dans sa région.”Nous sommes travaillistes, pas au sens anglais, mais nous considérons que le fondement de la société c’est le travail”, explique le député, qui s’est notamment fait connaître à l’échelon politique national en défendant les femmes de ménage de l’Assemblée.”Quelque part, on doit être une gauche qui pue un peu sous les bras. Moi je veux qu’on cite les métiers où on termine sa journée en ayant sué et qu’on vienne porter des thèmes avec les mots des gens”, ajoute ce grand défenseur des Gilets Jaunes, qui se targue d’avoir été un des premiers élus à être allé sur les ronds-points en 2018. Son slogan: “Ils ont l’argent, on a les gens!”. Ce journaliste de formation raffole des formules, lui qui oppose “les fous et les mous” à gauche, et dit vouloir réunir “la France des tours et La France des bourgs”.  “Faut vraiment qu’il arrête avec les rimes”, sourit d’ailleurs un de ses compagnons de route.- “Agent d’influence de la gauche” -Personnalité plutôt réservée et méfiante avec la presse, qui dit avoir connu la dépression et avoir été “malheureux pendant son adolescence”, il lance à un jeune âge le journal satirique et indépendant Fakir. Il se fait remarquer après sa sortie de l’école de journalisme du CFJ quand il publie “Les Petits Soldats du journalisme”, un ouvrage où il dénonce le fonctionnement de la profession.   Inspiré par le travail de Michael Moore aux Etats-Unis, il écrit par la suite de nombreux livres et rencontre le succès avec son documentaire “Merci Patron!”. Cette critique des délocalisations de Bernard Arnault et LVMH lui vaut un César en 2017. Suivront d’autres documentaires, notamment “Debout les femmes !” en 2021. “Ça fait 25 ans que je suis un agent d’influence de la gauche française. J’ai eu la chance, moi, d’avoir 20 ans pour forger une pensée, sans vouloir me la raconter”, estime François Ruffin.- Une séparation dans le bruit et la fureur -La politique, il s’y lance de manière professionnelle en 2017 en devenant député de la Somme après avoir créé son micro-parti, Picardie debout. En rejet total du Parti socialiste après le quinquennat Hollande, il rejoint la gauche de la gauche et le groupe de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée.Pendant son premier mandat, il acquiert une réputation de trublion, notamment en revêtant un maillot de foot dans l’hémicycle. Mais il s’éloigne de la ligne d e LFI après 2022, s’estimant ostracisé alors que le groupe passe de 17 à 75 députés.Stratégiquement, il plaide pour “l’apaisement” et la fin de la conflictualité si chère aux Insoumis. Sur le fond, il leur reproche de ne pas s’adresser à la France péri-urbaine ou aux anciens électeurs de gauche passés à l’extrême droite.Le divorce intervient avec fracas en 2024, au moment de la dissolution.Au forceps, et en essayant de se démarquer le plus possible de Jean-Luc Mélenchon, il parvient à se faire réélire dans sa circonscription face à un RN qui menaçait de l’emporter. Devenu une figure de l’union de la gauche malgré sa méfiance naturelle envers les aventures collectives – “Dans un couple, j’ai l’impression qu’il y a déjà une personne en trop”, a-t-il une fois dit – il lui restera quand même à convaincre qu’il peut rassembler autour de lui. “Le cadre collectif c’est pas trop son truc. Il a même reculé dessus”, critique un de ses proches. Lui, compte notamment sur sa popularité pour arriver à ses fins.”Pour être une figure politique nationale connue, il faut avoir été ministre d’Etat, chef d’un grand parti ou candidat à la présidentielle. Moi je suis parmi les +personnalités politiques préférées+ des Français en n’ayant coché aucune de ces cases”, observe-t-il.

En Syrie, la sécheresse menace la récolte de blé

Face à une sécheresse sans précédent qui menace plus de 16 millions de Syriens d’insécurité alimentaire selon l’ONU, les autorités syriennes et l’administration autonome kurde se disputent l’achat d’une mauvaise récolte de blé cette année.”Le pays n’a pas connu de conditions climatiques aussi défavorables depuis 60 ans”, affirme à l’AFP Haya Abou Assaf, assistante du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Syrie.Selon elle, quelque “75% des zones cultivées” en Syrie ont été affectées, dont “environ 2,5 millions d’hectares de blé touchés par les conditions climatiques sévères”.”Le déficit dans la production de blé va atteindre entre 2,5 et 2,7 millions de tonnes, ce qui place 16,3 millions de personnes en danger d’insécurité alimentaire en Syrie cette année”, avertit la responsable onusienne.Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie était autosuffisante en blé, la production atteignant en moyenne 4,1 millions de tonnes par an. Mais avec l’extension des violences, la production a drastiquement diminué.Le pouvoir de Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition islamiste, importait notamment du blé de Russie, son allié. Les nouvelles autorités islamistes, qui l’ont renversé en décembre, tentent de diversifier les sources et ont reçu en janvier 500 tonnes de farine de blé d’Ukraine, en conflit armé avec Moscou.- Compétition -Pour encourager les agriculteurs à livrer leurs récoltes, le ministère de l’Économie a fixé mercredi le prix d’achat de la tonne de blé entre 290 et 320 dollars, selon la qualité, ajoutant une prime incitative de 130 dollars, sur décision du président par intérim Ahmad al-Chareh.Dans le nord-est de la Syrie, l’administration autonome kurde, qui contrôle de vastes étendues de terres fertiles, a fixé le prix de la tonne de blé à 420 dollars, qui comprend une prime incitative de 70 dollars.L’an dernier, le pouvoir de Bachar al-Assad achetait la tonne à 350 dollars, contre 310 dollars dans les zones kurdes.L’administration kurde est en négociation avec le pouvoir central pour mettre en oeuvre un accord signé en mars, visant à intégrer à l’Etat syrien les institutions sous son contrôle.Le ministère syrien de l’Agriculture prévoit qu’entre 300.000 et 350.000 tonnes soient récoltées dans les zones sous son contrôle cette année.”L’autosuffisance n’est pas atteinte, mais (..) nous oeuvrons à assurer la sécurité alimentaire en important du blé de l’extérieur”, a souligné le directeur de l’Organisation générale des céréales, Hasan Othman à la télévision syrienne.- “La pauvreté et la faim” -Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 2024, la production nationale de blé ne couvrait que 65% des besoins du pays.En février dernier, le PNUD estimait que neuf Syriens sur 10 vivaient dans la pauvreté et faisaient face à l’insécurité alimentaire.A Amouda, dans les zones contrôlées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, Jamshid Hassou inspecte son champ de 200 hectares, frottant les épis entre ses mains.”Nous avons fait beaucoup d’efforts pour cultiver du blé irrigué en raison du faible niveau des précipitations” dit cet homme de 65 ans selon lequel la production a diminué de moitié.Selon la responsable de la FAO, en raison d’un court hiver et de pluies moins abondantes, les niveaux d’eau ont connu “une baisse très importante par rapport aux années précédentes, ce qui est très inquiétant”.”Nos indicateurs montrent qu’environ 95% du blé en culture pluviale a été endommagé et affecté, tandis que le blé irrigué devrait produire 30 à 40% de moins que la moyenne”, explique Haya Abou Assaf.Jamshid Hassou, qui travaille comme agriculteur depuis quatre décennies, a été contraint de pomper à une profondeur de plus de 160 mètres pour atteindre les eaux souterraines afin d’irriguer son champ.”Sans soutien, nous abandonnerons l’agriculture et ne pourrons pas continuer”, prévient-t-il. “Les gens souffriront de la pauvreté et de la faim”.

En Syrie, la sécheresse menace la récolte de blé

Face à une sécheresse sans précédent qui menace plus de 16 millions de Syriens d’insécurité alimentaire selon l’ONU, les autorités syriennes et l’administration autonome kurde se disputent l’achat d’une mauvaise récolte de blé cette année.”Le pays n’a pas connu de conditions climatiques aussi défavorables depuis 60 ans”, affirme à l’AFP Haya Abou Assaf, assistante du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Syrie.Selon elle, quelque “75% des zones cultivées” en Syrie ont été affectées, dont “environ 2,5 millions d’hectares de blé touchés par les conditions climatiques sévères”.”Le déficit dans la production de blé va atteindre entre 2,5 et 2,7 millions de tonnes, ce qui place 16,3 millions de personnes en danger d’insécurité alimentaire en Syrie cette année”, avertit la responsable onusienne.Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie était autosuffisante en blé, la production atteignant en moyenne 4,1 millions de tonnes par an. Mais avec l’extension des violences, la production a drastiquement diminué.Le pouvoir de Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition islamiste, importait notamment du blé de Russie, son allié. Les nouvelles autorités islamistes, qui l’ont renversé en décembre, tentent de diversifier les sources et ont reçu en janvier 500 tonnes de farine de blé d’Ukraine, en conflit armé avec Moscou.- Compétition -Pour encourager les agriculteurs à livrer leurs récoltes, le ministère de l’Économie a fixé mercredi le prix d’achat de la tonne de blé entre 290 et 320 dollars, selon la qualité, ajoutant une prime incitative de 130 dollars, sur décision du président par intérim Ahmad al-Chareh.Dans le nord-est de la Syrie, l’administration autonome kurde, qui contrôle de vastes étendues de terres fertiles, a fixé le prix de la tonne de blé à 420 dollars, qui comprend une prime incitative de 70 dollars.L’an dernier, le pouvoir de Bachar al-Assad achetait la tonne à 350 dollars, contre 310 dollars dans les zones kurdes.L’administration kurde est en négociation avec le pouvoir central pour mettre en oeuvre un accord signé en mars, visant à intégrer à l’Etat syrien les institutions sous son contrôle.Le ministère syrien de l’Agriculture prévoit qu’entre 300.000 et 350.000 tonnes soient récoltées dans les zones sous son contrôle cette année.”L’autosuffisance n’est pas atteinte, mais (..) nous oeuvrons à assurer la sécurité alimentaire en important du blé de l’extérieur”, a souligné le directeur de l’Organisation générale des céréales, Hasan Othman à la télévision syrienne.- “La pauvreté et la faim” -Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 2024, la production nationale de blé ne couvrait que 65% des besoins du pays.En février dernier, le PNUD estimait que neuf Syriens sur 10 vivaient dans la pauvreté et faisaient face à l’insécurité alimentaire.A Amouda, dans les zones contrôlées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, Jamshid Hassou inspecte son champ de 200 hectares, frottant les épis entre ses mains.”Nous avons fait beaucoup d’efforts pour cultiver du blé irrigué en raison du faible niveau des précipitations” dit cet homme de 65 ans selon lequel la production a diminué de moitié.Selon la responsable de la FAO, en raison d’un court hiver et de pluies moins abondantes, les niveaux d’eau ont connu “une baisse très importante par rapport aux années précédentes, ce qui est très inquiétant”.”Nos indicateurs montrent qu’environ 95% du blé en culture pluviale a été endommagé et affecté, tandis que le blé irrigué devrait produire 30 à 40% de moins que la moyenne”, explique Haya Abou Assaf.Jamshid Hassou, qui travaille comme agriculteur depuis quatre décennies, a été contraint de pomper à une profondeur de plus de 160 mètres pour atteindre les eaux souterraines afin d’irriguer son champ.”Sans soutien, nous abandonnerons l’agriculture et ne pourrons pas continuer”, prévient-t-il. “Les gens souffriront de la pauvreté et de la faim”.

En Syrie, la sécheresse menace la récolte de blé

Face à une sécheresse sans précédent qui menace plus de 16 millions de Syriens d’insécurité alimentaire selon l’ONU, les autorités syriennes et l’administration autonome kurde se disputent l’achat d’une mauvaise récolte de blé cette année.”Le pays n’a pas connu de conditions climatiques aussi défavorables depuis 60 ans”, affirme à l’AFP Haya Abou Assaf, assistante du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Syrie.Selon elle, quelque “75% des zones cultivées” en Syrie ont été affectées, dont “environ 2,5 millions d’hectares de blé touchés par les conditions climatiques sévères”.”Le déficit dans la production de blé va atteindre entre 2,5 et 2,7 millions de tonnes, ce qui place 16,3 millions de personnes en danger d’insécurité alimentaire en Syrie cette année”, avertit la responsable onusienne.Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie était autosuffisante en blé, la production atteignant en moyenne 4,1 millions de tonnes par an. Mais avec l’extension des violences, la production a drastiquement diminué.Le pouvoir de Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition islamiste, importait notamment du blé de Russie, son allié. Les nouvelles autorités islamistes, qui l’ont renversé en décembre, tentent de diversifier les sources et ont reçu en janvier 500 tonnes de farine de blé d’Ukraine, en conflit armé avec Moscou.- Compétition -Pour encourager les agriculteurs à livrer leurs récoltes, le ministère de l’Économie a fixé mercredi le prix d’achat de la tonne de blé entre 290 et 320 dollars, selon la qualité, ajoutant une prime incitative de 130 dollars, sur décision du président par intérim Ahmad al-Chareh.Dans le nord-est de la Syrie, l’administration autonome kurde, qui contrôle de vastes étendues de terres fertiles, a fixé le prix de la tonne de blé à 420 dollars, qui comprend une prime incitative de 70 dollars.L’an dernier, le pouvoir de Bachar al-Assad achetait la tonne à 350 dollars, contre 310 dollars dans les zones kurdes.L’administration kurde est en négociation avec le pouvoir central pour mettre en oeuvre un accord signé en mars, visant à intégrer à l’Etat syrien les institutions sous son contrôle.Le ministère syrien de l’Agriculture prévoit qu’entre 300.000 et 350.000 tonnes soient récoltées dans les zones sous son contrôle cette année.”L’autosuffisance n’est pas atteinte, mais (..) nous oeuvrons à assurer la sécurité alimentaire en important du blé de l’extérieur”, a souligné le directeur de l’Organisation générale des céréales, Hasan Othman à la télévision syrienne.- “La pauvreté et la faim” -Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 2024, la production nationale de blé ne couvrait que 65% des besoins du pays.En février dernier, le PNUD estimait que neuf Syriens sur 10 vivaient dans la pauvreté et faisaient face à l’insécurité alimentaire.A Amouda, dans les zones contrôlées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, Jamshid Hassou inspecte son champ de 200 hectares, frottant les épis entre ses mains.”Nous avons fait beaucoup d’efforts pour cultiver du blé irrigué en raison du faible niveau des précipitations” dit cet homme de 65 ans selon lequel la production a diminué de moitié.Selon la responsable de la FAO, en raison d’un court hiver et de pluies moins abondantes, les niveaux d’eau ont connu “une baisse très importante par rapport aux années précédentes, ce qui est très inquiétant”.”Nos indicateurs montrent qu’environ 95% du blé en culture pluviale a été endommagé et affecté, tandis que le blé irrigué devrait produire 30 à 40% de moins que la moyenne”, explique Haya Abou Assaf.Jamshid Hassou, qui travaille comme agriculteur depuis quatre décennies, a été contraint de pomper à une profondeur de plus de 160 mètres pour atteindre les eaux souterraines afin d’irriguer son champ.”Sans soutien, nous abandonnerons l’agriculture et ne pourrons pas continuer”, prévient-t-il. “Les gens souffriront de la pauvreté et de la faim”.

Trump éreinte les médias après les frappes américaines en Iran

Donald Trump malmène de longue date les médias traditionnels, mais il a redoublé d’agressivité en s’en prenant personnellement à des journalistes et en menaçant de poursuivre leurs employeurs pour leur couverture des suites des bombardements américains en Iran.Après ces frappes, Donald Trump a déclaré et répété: les trois sites nucléaires iraniens visés ont été “complètement détruits”.Mais CNN et le New York Times ont fait état d’un rapport préliminaire top secret du renseignement américain avançant que l’action militaire avait retardé le programme nucléaire de Téhéran, mais sans le détruire complètement.Le républicain les a ensuite attaqués avec virulence.”Les journalistes +fake news+ de CNN et du New York Times devraient être renvoyés. Immédiatement!!! Ce sont de mauvaises personnes avec des intentions malveillantes!!!”, a-t-il accusé en lettres capitales jeudi, sur sa plateforme Truth Social.”Natasha Bertrand devrait être RENVOYEE de CNN! Je la regarde depuis trois jours raconter des +fake news+. Elle devrait être IMMEDIATEMENT sanctionnée, et ensuite jetée dehors comme un chien. (…) VIREZ NATASHA!”, a-t-il même frontalement ciblé. C’est cette journaliste qui a fait état du document du renseignement américain.Nombre d’observateurs estiment que ces attaques particulièrement violentes contre les journalistes traduisent la volonté du président américain de mettre les médias – qui connaissent déjà une désaffection de plus en plus profonde du public – sur la défensive et d’étouffer l’examen critique des frappes contre l’Iran, dont le résultat est un enjeu considérable pour Donald Trump.- “De plus en plus laid” -“Pouvoir affirmer que l’intervention a été brève et réussie a un bénéfice politique évident pour Donald Trump afin de resserrer les rangs” autour de lui, avec une base de partisans farouchement opposés à toute intervention militaire, analyse auprès de l’AFP Joshua Tucker, co-directeur d’un centre de recherche à la New York University.Que les médias aient fait état “du rapport préliminaire du renseignement a compliqué le récit privilégié par le président de l’attaque américaine”, complète-t-il.Au cours d’une conférence de presse convoquée jeudi, son ministre de la Défense Pete Hegseth a également mis en cause directement le parterre de journalistes devant lui et critiqué vertement la reprise d’éléments du rapport préliminaire.Donald Trump a même menacé de poursuivre le New York Times et CNN pour leur couverture.Dans une lettre adressée au quotidien new-yorkais, son avocat personnel écrit que le journal a porté atteinte à la réputation du président américain, qualifie ses informations de “fausses, diffamatoires et non patriotiques” et exige qu’il “se rétracte et s’excuse”. Le New York Times a rejeté ces demandes et, comme CNN, pris la défense de ses journalistes et de leur travail.- Défiance de longue date -“Le président Trump et son gouvernement s’en prennent aux messagers d’une manière de plus en plus laide,” a estimé le journaliste politique de CNN Jake Tapper.”Trump tue le messager”, résume auprès de l’AFP Todd Belt, directeur du programme de management politique de l’université George Washington. “Il s’en prend à la presse parce qu’il sait qu’elle est impopulaire.””Si l’opinion publique pense que la salve de frappes n’a pas fonctionné, alors il devra soit attaquer à nouveau, soit négocier en reconnaissant que l’Iran a toujours des composants nucléaires, ce qui pourrait ne pas fonctionner”, poursuit l’universitaire. Or “si le conflit s’éternise, ça compromet le statut de faiseur de paix qu’il revendique.”La rhétorique anti-médias de Donald Trump s’inscrit dans une défiance qu’il nourrit de longue date envers les médias traditionnels d’information. Le milliardaire républicain traite régulièrement les journalistes de “menteurs” et même d'”ennemis du peuple”.Depuis son retour au pouvoir, il a attaqué sur plusieurs fronts les médias qu’il qualifie de “traditionnels”, entre financement fédéral brutalement asséché, procédures judiciaires coûteuses et restrictions d’accès, comme quand l’agence de presse AP n’a pas adopté la dénomination “Golfe d’Amérique” qu’il a substituée à “Golfe du Mexique”.

A Maracaibo, la capitale pétrolière du Venezuela, on fore pour l’eau

“A Maracaibo, on est prêt pour l’apocalypse”, dit une blague souvent répétée par ses habitants. Jadis florissante, la capitale pétrolière vénézuélienne, ébranlée par la crise, s’est habituée à vivre avec les coupures d’eau et de courant, comme avec les pénuries d’essence.Résidences, écoles, commerces, églises ou centres de santé creusent désormais pour construire des puits et pallier le manque d’eau. Prix: entre 1.000 et 6.000 dollars. Une somme énorme dans ce pays où le revenu minimum avoisine les 200 dollars par mois. Manuel Palmar sourit chaque fois qu’il ouvre le robinet et voit un puissant jet d’eau en sortir. “C’est une bénédiction!”, affirme à l’AFP ce comptable de 34 ans qui s’est réuni avec ses voisins pour construire un puits il y a quatre ans.La pénurie d’eau existe depuis des décennies dans tout le pays et Maracaibo, berceau de l’exploitation pétrolière, ne fait pas exception malgré sa richesse passée. Les raisons sont multiples: machines de pompage en panne, fuites dans les tuyauteries, sécheresse dans les réservoirs.  Les experts dénoncent des années de désinvestissement et de corruption. Au début de l’année, l’eau n’a pas coulé dans les robinets pendant plus d’un mois dans certaines localités. – Essor des puits -Les habitants trouvent des solutions selon leurs moyens. Certains remplissent des “pipas” (des seaux d’environ 200 litres) pour 2 ou 3 dollars. Faire appel à un camion-citerne pour remplir le réservoir d’un immeuble coûte entre 40 et 60 dollars. D’autres recyclent l’eau rejetée par la climatisation – un appareil de première nécessité à Maracaibo – ou recueillent l’eau de pluie. Solution à long terme et permettant d’être autonome, le puits connaît un essor depuis six ans et se répand également dans des villes comme Caracas, où le manque d’eau se fait sentir dans certains secteurs. Manuel Palmar vit à Ziruma, quartier de classe moyenne inférieure de Maracaibo. Lui et ses voisins ont payé 2.500 dollars pour l’installation d’un puits de 12 mètres de profondeur. Maintenant, le groupe de voisins peut stocker jusqu’à 80.000 litres d’eau de source environ chaque semaine. L’eau n’est potable, en raison de sa trop forte salinité, mais “elle est parfaite pour laver les vêtements, pour les toilettes, elle n’a pas de résidus”, explique-t-il, satisfait de l’investissement qui lui permet désormais d’économiser le paiement récurrent du camion-citerne.- Eau contaminée -Le prix d’un puits varie en fonction de la profondeur, des analyses de l’eau et des équipements électriques de pompage.Gabriel Delgado en a construit environ 20 dans cette ville de 2 millions d’habitants. Parmi ses clients figurent une clinique pour malades cardiaques ou quatre écoles privées. Il en a également installé un chez sa belle-mère: un cylindre en ciment gris, d’un mètre et demi de diamètre, enterré sous un tas de bidons et de pierres qui dissimulent son sommet. Des toiles d’araignées pendent juste au-dessus du niveau de l’eau, mais, dès que l’homme connecte sa pompe d’aspiration, le liquide jaillit avec force. L’eau semble cristalline et il la qualifie de douce. Il en boit même une gorgée dans une bouteille translucide qu’il vient de remplir. “C’est rafraîchissant”, dit-il. Bien meilleur que l’eau jaunâtre et boueuse qui sort parfois des robinets en période de pluie.  Les autorités sanitaires et environnementales doivent délivrer des autorisations préalables avant les forages. Elles exigent notamment des analyses d’eau.Mais tous ne réalisent pas ces démarches. Javier Otero, directeur du département des eaux de la mairie de Maracaibo, explique avoir détecté des puits artisanaux peu profonds, certains proches de canalisations ou de cours d’eau contaminés. Ces gens “consomment une eau qui n’est pas potable, saumâtre”, déclare-t-il à l’AFP. La mairie a construit sept puits pour approvisionner les quartiers pauvres de Maracaibo.Ce type d’infrastructure a désormais sa place dans les annonces immobilières: les prix des logements montent lorsque le bien dispose d’un puits et d’un groupe électrogène.