Livraisons de repas: l’américain DoorDash vers un rachat de Deliveroo

La plateforme américaine de livraison DoorDash s’est entendue avec son équivalent britannique Deliveroo pour acquérir cette dernière 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros), une opération stratégique sur un secteur en cours de consolidation.Ce rapprochement entre les deux entités, aux “activités géographiques complémentaires”, doit permettre de “renforcer la position” de DoorDash “en tant que plateforme mondiale”, est-il souligné dans un communiqué.DoorDash, présent dans plus de 30 pays, est numéro un aux Etats-Unis. L’entreprise de San Francisco, fondée en 2013, a annoncé l’an dernier un chiffre d’affaires de 10,7 milliards de dollars (9,45 milliards d’euros).Les revenus de Deliveroo, également créé en 2013, sont quatre fois moins importants (2,1 milliards de livres), mais l’entreprise a pour la première fois dégagé un bénéfice (2,9 millions de livres ou 2,5 millions d’euros) l’an passé, après des années de pertes en raison d’investissements élevés.Elle a l’avantage d’opérer dans neuf pays ou DoorDash n’existe pas:Belgique, France, Italie, Irlande, Koweït, Qatar, Singapour, Émirats arabes unis et Royaume-Uni.”En l’absence d’offre concurrente en vue, il s’agit d’une initiative audacieuse et calculée visant à dépasser les rivaux mondiaux”, estime Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui l’opération peut notamment servir de “rampe de lancement au Moyen-Orient”.- “Trop d’entreprises” -Ce rachat devrait selon lui “transformer le marché britannique en une féroce course à deux chevaux avec DoorDash et Uber en tête”. Et “une cible probable” pour les deux entreprises: le groupe anglo-néerlandais Just Eat Takeaway.com, qui enchaîne les difficultés sur plusieurs de ses marchés.Just Eat est en cours de rachat par le groupe d’investissement néerlandais Prosus, qui entend, avec cette opération à 4,1 milliards d’euros, créer le “quatrième groupe mondial de livraison de nourriture”.”Il y avait trop d’entreprises” sur le secteur, “ce qui n’était pas viable à long terme”, relève Russ Mould, analyste chez AJ Bell.”Nous sommes désormais dans une phase où seuls les plus solides survivront, et ce sont eux qui rachètent les plus petits concurrents, lesquels réalisent que leur avenir passe davantage par l’intégration dans un groupe plus grand que par une stratégie en solo”, ajoute-t-il.Deliveroo avait annoncé fin avril le début de discussions avec Doordash sur une offre indicative à hauteur de 1,80 livre par action — celle qu’elle a décidé de recommander à ses actionnaires.”La prime de 40% sur le prix de l’action est une belle récompense pour les investisseurs. Toutefois, ce prix reste bien en deçà du sommet atteint en 2021 par le cours de l’action, à savoir 395 pence” (0,46 euro), souligne Kathleen Brooks, de XTB.Elle constitue donc “un coup dur pour ceux qui détiennent des actions depuis l’introduction en bourse”, ajoute-t-elle.L’action Deliveroo était en hausse d’environ 1,8% à Londres vers 9H15 GMT.- Conditions de travail -DoorDash souligne ne pas avoir “l’intention de procéder à des restructurations” ni de déménager le siège social de Deliveroo.L’entreprise n’entend pas non plus “apporter des changements” ayant “un impact important sur les conditions” de travail des livreurs, “sauf si cela s’avère nécessaire pour faire face à l’évolution de l’environnement réglementaire”.Le statut des dizaines de milliers de livreurs auto-entrepreneurs des plateformes de livraison de repas dans le monde suscite des controverses depuis des années.Fin 2023, la Cour suprême du Royaume-Uni a par exemple statué qu’ils ne pouvaient pas être reconnus comme des employés, ni être représentés par un syndicat.L’Espagne est à l’inverse devenu en 2021 le premier pays de l’Union européenne à leur accorder des droits, exigeant qu’ils soient reconnus comme employés plutôt que considérés comme des travailleurs indépendants — ce qui avait conduit Deliveroo à quitter le pays.DoorDash a de son côté été condamné en février à payer 16,8 millions de dollars (14,8 millions d’euros) de dédommagements à certains de ses livreurs dans l’Etat de New York pour mettre fin à des poursuites. Ils l’accusaient de les avoir “escroqués” de leurs pourboires.

Les cardinaux emménagent au Vatican à la veille du conclave

J-1 pour l’Eglise catholique: les cardinaux commencent mardi à emménager dans les logements du Vatican où ils résideront le temps du conclave, à la veille de leur réunion historique à huis clos pour élire le successeur du pape François.Plus de deux semaines après la mort du jésuite argentin, les 133 cardinaux électeurs s’enfermeront à partir de mercredi après-midi sous les majestueuses fresques de la chapelle Sixtine pour un conclave qui s’annonce particulièrement ouvert.Mardi matin, les cardinaux, électeurs (âgés de moins de 80 ans) ou non, se sont retrouvés pour la dernière réunion préparatoire, évitant les micros et caméras d’une centaine de journalistes de nombreux pays, signe de la médiatisation planétaire de l’évènement.Avant la fermeture des portes de la chapelle Sixtine mercredi après-midi, les cardinaux jureront de garder le secret absolu, sous peine d’excommunication s’ils révèlent ce qui se passe au conclave. Il leur sera interdit de communiquer avec le monde extérieur tant qu’ils n’auront pas élu un nouveau pape.Le Vatican a annoncé qu’il couperait le réseau téléphonique à l’intérieur de la petite cité-État mercredi à partir de 15H00 (13H00 GMT) jusqu’à l’élection, mais cela ne concernera pas la place Saint-Pierre, où seront massés les fidèles. Les cardinaux, qui devront se séparer de leurs téléphones portables, informeront le monde de l’avancée de leurs travaux en brûlant leurs bulletins de vote pour produire de la fumée – noire en l’absence de choix, blanche pour un nouveau pape, un cérémonial à la forte symbolique visuelle retransmis en mondovision.- “Cinq ou six” – Les discussions du “pré-conclave” ont jusqu’à présent abordé un large éventail de sujets, des finances du Vatican au scandale des violences sexuelles, en passant par l’unité de l’Église et le profil du prochain pape.Avec 133 cardinaux électeurs – un record – originaires de quelque 70 pays des cinq continents, ce conclave est le plus grand et le plus international jamais organisé, rendant son issue plus incertaine que jamais.”Il y a divers profils, de nombreuses personnalités qui peuvent être élues. Au moins cinq ou six, je dirais”, a affirmé au Corriere della Sera l’archevêque d’Alger, Jean-Paul Vesco.”Il y avait les candidats pour ainsi dire naturels, ceux qui par leur rôle et leur personnalité sont déjà connus. Et il y a aussi ceux qui interviennent et vous font penser: c’est une parole forte. Mais il n’y a personne qui +écrase+ les autres, quelqu’un dont on pourrait penser: ce sera lui”, a-t-il ajouté.François a multiplié les réformes de l’Eglise au cours de ses 12 années de pontificat, mais son action a été la cible d’une vive opposition interne.Il a nommé environ 80% des cardinaux électeurs actuels, mais les experts estiment que ceux-ci ne choisiront pas nécessairement un successeur qui marchera dans ses pas.Les “princes de l’Eglise” séjournent traditionnellement dans la résidence Sainte-Marthe au Vatican, qui dispose de salles de bains privatives et d’un service d’étage de type hôtelier, mais celle-ci ne dispose pas d’assez de chambres pour tous les loger.En conséquence, certains seront logés à Santa Marta Vecchia, un bâtiment voisin habituellement utilisé pour héberger les fonctionnaires du Vatican.Ils pourront accéder à leur chambre – attribuée par tirage au sort – entre mardi et la messe de mercredi matin (08H00 GMT) à la basilique Saint-Pierre, qui précède le conclave. Médecins, chauffeurs, cuisiniers, personnel de sécurité et de nettoyage: les personnes entourant les cardinaux sont également tenues au secret et ont prêté serment lundi.Aux abords de la place Saint-Pierre, la sécurité a déjà été renforcée, des policiers barrant les rues adjacentes ou contrôlant les sacs des touristes.

Les cardinaux emménagent au Vatican à la veille du conclave

J-1 pour l’Eglise catholique: les cardinaux commencent mardi à emménager dans les logements du Vatican où ils résideront le temps du conclave, à la veille de leur réunion historique à huis clos pour élire le successeur du pape François.Plus de deux semaines après la mort du jésuite argentin, les 133 cardinaux électeurs s’enfermeront à partir de mercredi après-midi sous les majestueuses fresques de la chapelle Sixtine pour un conclave qui s’annonce particulièrement ouvert.Mardi matin, les cardinaux, électeurs (âgés de moins de 80 ans) ou non, se sont retrouvés pour la dernière réunion préparatoire, évitant les micros et caméras d’une centaine de journalistes de nombreux pays, signe de la médiatisation planétaire de l’évènement.Avant la fermeture des portes de la chapelle Sixtine mercredi après-midi, les cardinaux jureront de garder le secret absolu, sous peine d’excommunication s’ils révèlent ce qui se passe au conclave. Il leur sera interdit de communiquer avec le monde extérieur tant qu’ils n’auront pas élu un nouveau pape.Le Vatican a annoncé qu’il couperait le réseau téléphonique à l’intérieur de la petite cité-État mercredi à partir de 15H00 (13H00 GMT) jusqu’à l’élection, mais cela ne concernera pas la place Saint-Pierre, où seront massés les fidèles. Les cardinaux, qui devront se séparer de leurs téléphones portables, informeront le monde de l’avancée de leurs travaux en brûlant leurs bulletins de vote pour produire de la fumée – noire en l’absence de choix, blanche pour un nouveau pape, un cérémonial à la forte symbolique visuelle retransmis en mondovision.- “Cinq ou six” – Les discussions du “pré-conclave” ont jusqu’à présent abordé un large éventail de sujets, des finances du Vatican au scandale des violences sexuelles, en passant par l’unité de l’Église et le profil du prochain pape.Avec 133 cardinaux électeurs – un record – originaires de quelque 70 pays des cinq continents, ce conclave est le plus grand et le plus international jamais organisé, rendant son issue plus incertaine que jamais.”Il y a divers profils, de nombreuses personnalités qui peuvent être élues. Au moins cinq ou six, je dirais”, a affirmé au Corriere della Sera l’archevêque d’Alger, Jean-Paul Vesco.”Il y avait les candidats pour ainsi dire naturels, ceux qui par leur rôle et leur personnalité sont déjà connus. Et il y a aussi ceux qui interviennent et vous font penser: c’est une parole forte. Mais il n’y a personne qui +écrase+ les autres, quelqu’un dont on pourrait penser: ce sera lui”, a-t-il ajouté.François a multiplié les réformes de l’Eglise au cours de ses 12 années de pontificat, mais son action a été la cible d’une vive opposition interne.Il a nommé environ 80% des cardinaux électeurs actuels, mais les experts estiment que ceux-ci ne choisiront pas nécessairement un successeur qui marchera dans ses pas.Les “princes de l’Eglise” séjournent traditionnellement dans la résidence Sainte-Marthe au Vatican, qui dispose de salles de bains privatives et d’un service d’étage de type hôtelier, mais celle-ci ne dispose pas d’assez de chambres pour tous les loger.En conséquence, certains seront logés à Santa Marta Vecchia, un bâtiment voisin habituellement utilisé pour héberger les fonctionnaires du Vatican.Ils pourront accéder à leur chambre – attribuée par tirage au sort – entre mardi et la messe de mercredi matin (08H00 GMT) à la basilique Saint-Pierre, qui précède le conclave. Médecins, chauffeurs, cuisiniers, personnel de sécurité et de nettoyage: les personnes entourant les cardinaux sont également tenues au secret et ont prêté serment lundi.Aux abords de la place Saint-Pierre, la sécurité a déjà été renforcée, des policiers barrant les rues adjacentes ou contrôlant les sacs des touristes.

Socks and satire: Syrians mock ousted Assad dynasty

At Basel al-Sati’s souvenir shop in a central Damascus market, socks bearing caricatures that ridicule ousted Syrian leader Bashar al-Assad and his once feared family now sell like hot cakes.”I want to bring joy to people who’ve been deprived of happiness for so many days and years,” said Sati, 31, displaying pairs of white ankle-length socks.”Everyone who comes from abroad wants to buy the socks — some to keep as a souvenir, others to wear mockingly and take pictures,” he told AFP.”There are even some who buy them just to stomp on them,” he said.Stamping on someone’s image is considered deeply insulting in the Arab world, so the socks allow wearers to trample the Assads underfoot as they walk.Pictures of the Assad clan have gone from being ubiquitous symbols of repression to objects of derision and mockery since his December 8 ouster by Islamist-led forces after nearly 14 years of devastating civil war.Some socks showing Assad in sunglasses read “We will trample them”, while others depict him with heavily exaggerated features.Others bear a caricature of Hafez al-Assad who ruled Syria before his son, depicted in his underwear and chest puffed out.They bear the phrase “This is what the Assads look like” — a play on the family’s last name, which means lion.Assad’s once feared younger brother Maher labelled “the captagon king” also features. Western governments accused Maher and his entourage of turning Syria into a narco state, flooding the Middle East with the illegal stimulant.- ‘No better’ gift -Sati’s shop, brimming with other gift items, is decorated with images from Syria’s revolution.An image of Assad is on the ground at the entrance so people can walk on it.”It’s another kind of celebration, for all the Syrians who couldn’t celebrate in Ummayad Square after the fall of the regime,” Sati said.The Damascus landmark filled with huge crowds from across the country and hosted days of celebrations after Assad’s ouster, with people raising the now official three-starred flag symbolising the revolution.Afaf Sbano, 40, who returned after fleeing to Germany a decade ago, said she had come to buy “Assad socks”, which sell for around a dollar a pair, for friends.There is “no better” gift for those “who can’t come to Syria to celebrate the fall of the regime”, she told AFP.”I bought more than 10 extra pairs for my friends after I shared a photo on Instagram,” she said.”We had never dared to even imagine making fun of him” before, she added.- ‘People hate him’ -Manufacturer Zeyad Zaawit, 29, said the idea of socks to mock the Assads came to him after the former ruler was deposed and fled to Russia.Zaawit started with a small number and then ramped up production when he saw they were selling fast.”People hate him,” Zaawit said of Assad.”I took revenge on him this way after he fled,” he said, adding that the socks were so popular that some customers even paid in advance.Zaawit said he produced around 1,000 pairs in the first week and has since tripled production, making more than 200,000 pairs in three months.Images of the socks have been shared widely on social media and they have even been used in satirical television programmes.Assad’s own words have also been turned against him — including a refusal to meet Turkish President Recep Tayyip Erdogan, a foe who is close to Syria’s new authorities.Erdogan made repeated overtures to Assad in the period before his overthrow.In August 2023, Assad famously said: “Why should I meet Erdogan? To drink refreshments?”The pronouncement, now the subject of jokes on social media, appears on posters in food and juice stalls, sometimes accompanied by mocking images of Assad.

Au Cap, les ambulanciers “prient” avant d’intervenir dans les quartiers chauds

Les ambulanciers du Cap, à la pointe sud de l’Afrique, viennent d’embaucher quand l’appel tombe peu après 19 heures: un homme a été blessé à la tête avec un tesson de bouteille et saigne abondamment. Les secouristes sont seulement à quelques minutes mais il faut attendre l’escorte policière. C’est que les Cape Flats, ces quartiers déshérités en partie bâtis sur des marécages en banlieue de la ville touristique et portuaire, ne sont pas franchement fréquentables.Et la zone de Philippi, où l’homme blessé les attend dans une cabane en tôle ondulée, figure parmi les plus dangereuses dans cette vaste étendue où le taux d’homicides et l’activité des gangs battent tous les records, dans ce pays accablé d’une des plus fortes criminalités au monde.C’est l’une des neuf zones rouges du Cap où les services d’urgence refusent que leurs équipes médicales se déplacent sans renfort de sécurité. “Si cela ne tenait qu’à moi, j’irais directement là-bas”, souffle l’ambulancier Mawethu Ntintini, 52 ans, qui arpente le trottoir devant le commissariat de Philippi dans son uniforme vert. “Mais on doit attendre les policiers”.Déjà positionnée dans l’ambulance, sa collègue Ntombikayisi Joko dit sa peur. Cette maman de 42 ans a été dévalisée il y a quelques années par des hommes armés alors qu’elle attendait des instructions pour une intervention. “Chaque fois que je sors, je prie”, explique-t-elle à l’AFP.Ils attendent encore 30 minutes et partent pour dix minutes de route, devancés par la patrouille de police. – Trop tard -La famille affolée du blessé manifeste son soulagement à l’arrivée de l’ambulance. “Parfois on doit attendre jusqu’au petit matin, parce qu’on n’habite pas au bon endroit”, soupire une proche. Les secouristes s’affairent dans la lumière bleue des gyrophares. Ses blessures, une entaille profonde sur le bras et une bosse sur la tête, sont moins graves qu’anticipé. Transporté vers l’hôpital, le blessé est pris en charge moins de deux heures après son appel. Pas si mal. L’ambulancière pense souvent à cette femme enceinte qui venait de perdre les eaux. Ce jour là, la police était débordée. Il avait fallu les attendre plus d’une heure. A l’arrivée, il était trop tard. “C’était un petit garçon, mignon comme tout. Le cordon ombilical était enroulé autour de son cou”, raconte Ntombikayisi Joko. “J’en ai pleuré. Je savais que si j’avais pu arriver plus tôt, j’aurais aidé ce bébé”. Quatre des cinq zones au plus fort taux de meurtres se situent dans les Cape Flats, dans un pays où 75 personnes sont tuées chaque jour.Les ambulanciers ont exigé des escortes de police en 2015, alors qu’ils étaient agressés au moins une fois par semaine. Les attaques ont culminé en 2017, avec près de 90 agressions recensées, contre 44 en 2023, dernier chiffre disponible.– Cibles faciles –Les ambulanciers sont des cibles évidentes pour des agresseurs qui leur dérobent téléphones, argent liquide ou matériel médical, note le pasteur Craven Engel, à la tête d’une organisation de prévention contre les gangs. Pour lui cette violence est héritée de l’apartheid, qui a “déraciné” et forcé des populations non-blanches à s’installer dans ces zones inhospitalières, sans accès à des services ou à des emplois. Entre chômage élevé et pauvreté endémique, “les ressources sont tellement épuisées que les gens s’en prennent désormais aux +gentils+”, explique-t-il dans ses bureaux de Hanover Park, une autre zone rouge. Les soignants qui s’emploient à sauver des vies connaissent parfois les criminels qui les menacent, souligne l’ambulancière Inathi Jacob, 32 ans. “Ça nous met en rage”, dit-elle, d’autant que ces agresseurs pourraient aussi, un jour, avoir besoin de leur aide. “Mais on ne les laisse pas nous atteindre au plus profond. Il y a trop de gens qui ont vraiment besoin de nos interventions”.Deuxième appel urgent de la soirée, un homme âgé, récemment remis d’un AVC, est inconscient. Il n’habite qu’à cinq minutes. Mais il en faut encore 40 pour que l’escorte policière puisse démarrer en trombe, sirènes hurlantes, pour devancer l’ambulance dans un dédale de ruelles sombres.

Au Cap, les ambulanciers “prient” avant d’intervenir dans les quartiers chauds

Les ambulanciers du Cap, à la pointe sud de l’Afrique, viennent d’embaucher quand l’appel tombe peu après 19 heures: un homme a été blessé à la tête avec un tesson de bouteille et saigne abondamment. Les secouristes sont seulement à quelques minutes mais il faut attendre l’escorte policière. C’est que les Cape Flats, ces quartiers déshérités en partie bâtis sur des marécages en banlieue de la ville touristique et portuaire, ne sont pas franchement fréquentables.Et la zone de Philippi, où l’homme blessé les attend dans une cabane en tôle ondulée, figure parmi les plus dangereuses dans cette vaste étendue où le taux d’homicides et l’activité des gangs battent tous les records, dans ce pays accablé d’une des plus fortes criminalités au monde.C’est l’une des neuf zones rouges du Cap où les services d’urgence refusent que leurs équipes médicales se déplacent sans renfort de sécurité. “Si cela ne tenait qu’à moi, j’irais directement là-bas”, souffle l’ambulancier Mawethu Ntintini, 52 ans, qui arpente le trottoir devant le commissariat de Philippi dans son uniforme vert. “Mais on doit attendre les policiers”.Déjà positionnée dans l’ambulance, sa collègue Ntombikayisi Joko dit sa peur. Cette maman de 42 ans a été dévalisée il y a quelques années par des hommes armés alors qu’elle attendait des instructions pour une intervention. “Chaque fois que je sors, je prie”, explique-t-elle à l’AFP.Ils attendent encore 30 minutes et partent pour dix minutes de route, devancés par la patrouille de police. – Trop tard -La famille affolée du blessé manifeste son soulagement à l’arrivée de l’ambulance. “Parfois on doit attendre jusqu’au petit matin, parce qu’on n’habite pas au bon endroit”, soupire une proche. Les secouristes s’affairent dans la lumière bleue des gyrophares. Ses blessures, une entaille profonde sur le bras et une bosse sur la tête, sont moins graves qu’anticipé. Transporté vers l’hôpital, le blessé est pris en charge moins de deux heures après son appel. Pas si mal. L’ambulancière pense souvent à cette femme enceinte qui venait de perdre les eaux. Ce jour là, la police était débordée. Il avait fallu les attendre plus d’une heure. A l’arrivée, il était trop tard. “C’était un petit garçon, mignon comme tout. Le cordon ombilical était enroulé autour de son cou”, raconte Ntombikayisi Joko. “J’en ai pleuré. Je savais que si j’avais pu arriver plus tôt, j’aurais aidé ce bébé”. Quatre des cinq zones au plus fort taux de meurtres se situent dans les Cape Flats, dans un pays où 75 personnes sont tuées chaque jour.Les ambulanciers ont exigé des escortes de police en 2015, alors qu’ils étaient agressés au moins une fois par semaine. Les attaques ont culminé en 2017, avec près de 90 agressions recensées, contre 44 en 2023, dernier chiffre disponible.– Cibles faciles –Les ambulanciers sont des cibles évidentes pour des agresseurs qui leur dérobent téléphones, argent liquide ou matériel médical, note le pasteur Craven Engel, à la tête d’une organisation de prévention contre les gangs. Pour lui cette violence est héritée de l’apartheid, qui a “déraciné” et forcé des populations non-blanches à s’installer dans ces zones inhospitalières, sans accès à des services ou à des emplois. Entre chômage élevé et pauvreté endémique, “les ressources sont tellement épuisées que les gens s’en prennent désormais aux +gentils+”, explique-t-il dans ses bureaux de Hanover Park, une autre zone rouge. Les soignants qui s’emploient à sauver des vies connaissent parfois les criminels qui les menacent, souligne l’ambulancière Inathi Jacob, 32 ans. “Ça nous met en rage”, dit-elle, d’autant que ces agresseurs pourraient aussi, un jour, avoir besoin de leur aide. “Mais on ne les laisse pas nous atteindre au plus profond. Il y a trop de gens qui ont vraiment besoin de nos interventions”.Deuxième appel urgent de la soirée, un homme âgé, récemment remis d’un AVC, est inconscient. Il n’habite qu’à cinq minutes. Mais il en faut encore 40 pour que l’escorte policière puisse démarrer en trombe, sirènes hurlantes, pour devancer l’ambulance dans un dédale de ruelles sombres.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Sexisme au travail: 8 femmes sur 10 considèrent que les inégalités sont encore très marquées

Pour huit femmes sur dix (80%), les inégalités professionnelles sont encore très importantes aujourd’hui, selon un baromètre sur le sexisme au travail réalisé par l’Association française des managers de la diversité dévoilé mardi.L’édition 2025 de ce baromètre confirme la persistance des inégalités de genre et des comportements sexistes dans le monde du travail en France. Selon les résultats, 67% des femmes assurent avoir déjà été confrontées personnellement à une situation discriminatoire ou sexiste au sein de leur entreprise. Trois femmes interrogées sur quatre estiment que les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou décisions sexistes dans le monde du travail. Un chiffre qui grimpe à 86% chez les moins de 35 ans.Le sentiment d’inégalité concerne également le salaire: plus d’une femme sur deux déclare être moins payée que ses collègues masculins pour un travail de valeur égale. Selon le baromètre, plus de six femmes sur dix (66%) ont également le sentiment de devoir en faire plus pour être reconnues dans leur travail. Une réalité qui échappe aux hommes, puisque moins d’un sur deux partage ce sentiment.  Le sexisme en entreprise semble s’exprimer aussi à travers l’humour: plus de sept femmes sur dix assurent avoir déjà entendu des femmes faire l’objet de “blagues sur les femmes” au travail. La maternité est également un vecteur d’inégalité, puisque pour 73% des sondées, être mère est un frein à la carrière. Face à un climat professionnel sexiste, les femmes interrogées assurent avoir recours à des stratégies d’évitement, comme ne pas porter certaines tenues vestimentaires (31%), éviter de se retrouver seule avec certaines personnes (25%), ou encore ne pas prendre la parole en public (18%).Pour lutter contre ces inégalités, 43% des salariées interrogées voient la sanction systématique comme moyen d’action prioritaire à mettre en place. Elles sont seulement 46% à considérer que les entreprises s’impliquent suffisamment pour faire reculer ces inégalités. Le baromètre met également en lumière des résistances présentes chez les hommes: 40% d’entre eux pensent qu’ils sont discriminés en raison de la promotion de l’égalité homme femme. Autre chiffre marquant: près d’un homme sur deux considère que le partage des tâches domestiques et parentales n’a pas d’impact sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Le baromètre a été réalisé en collaboration avec IPSOS, auprès d’un échantillon de 1.000 salariés représentatif des entreprises de plus de 250 salariés en France, interrogés sur internet en janvier 2025.  

Sexisme au travail: 8 femmes sur 10 considèrent que les inégalités sont encore très marquées

Pour huit femmes sur dix (80%), les inégalités professionnelles sont encore très importantes aujourd’hui, selon un baromètre sur le sexisme au travail réalisé par l’Association française des managers de la diversité dévoilé mardi.L’édition 2025 de ce baromètre confirme la persistance des inégalités de genre et des comportements sexistes dans le monde du travail en France. Selon les résultats, 67% des femmes assurent avoir déjà été confrontées personnellement à une situation discriminatoire ou sexiste au sein de leur entreprise. Trois femmes interrogées sur quatre estiment que les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou décisions sexistes dans le monde du travail. Un chiffre qui grimpe à 86% chez les moins de 35 ans.Le sentiment d’inégalité concerne également le salaire: plus d’une femme sur deux déclare être moins payée que ses collègues masculins pour un travail de valeur égale. Selon le baromètre, plus de six femmes sur dix (66%) ont également le sentiment de devoir en faire plus pour être reconnues dans leur travail. Une réalité qui échappe aux hommes, puisque moins d’un sur deux partage ce sentiment.  Le sexisme en entreprise semble s’exprimer aussi à travers l’humour: plus de sept femmes sur dix assurent avoir déjà entendu des femmes faire l’objet de “blagues sur les femmes” au travail. La maternité est également un vecteur d’inégalité, puisque pour 73% des sondées, être mère est un frein à la carrière. Face à un climat professionnel sexiste, les femmes interrogées assurent avoir recours à des stratégies d’évitement, comme ne pas porter certaines tenues vestimentaires (31%), éviter de se retrouver seule avec certaines personnes (25%), ou encore ne pas prendre la parole en public (18%).Pour lutter contre ces inégalités, 43% des salariées interrogées voient la sanction systématique comme moyen d’action prioritaire à mettre en place. Elles sont seulement 46% à considérer que les entreprises s’impliquent suffisamment pour faire reculer ces inégalités. Le baromètre met également en lumière des résistances présentes chez les hommes: 40% d’entre eux pensent qu’ils sont discriminés en raison de la promotion de l’égalité homme femme. Autre chiffre marquant: près d’un homme sur deux considère que le partage des tâches domestiques et parentales n’a pas d’impact sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Le baromètre a été réalisé en collaboration avec IPSOS, auprès d’un échantillon de 1.000 salariés représentatif des entreprises de plus de 250 salariés en France, interrogés sur internet en janvier 2025.  

Les terres rares ne sont pas rares, il suffit de savoir les extraire, selon une scientifique

Les terres rares “ne sont pas rares, le seul défi, c’est de les séparer”: un moyen nouveau d’extraction, breveté par la chimiste franco-américaine Marie Perrin, lui vaut de faire partie des 10 “jeunes inventeurs de l’année” primés mardi par l’Office européen des brevets.Née à Houston au Texas de parents français, la jeune docteure en chimie de 28 ans, qui a étudié à Toulouse, Paris, Boston et Zurich, est en train de lancer une startup baptisée “Reecover”, pour tenter d’industrialiser le fruit de ses recherches.Sur fonds d’accélération de la course mondiale aux terres rares et aux métaux stratégiques contrôlés à plus de 70% par la Chine, la jeune scientifique a mis au point une technologie jugée “plus rapide, plus propre et plus durable” que les méthodes existantes, notamment pour récupérer l’europium, l’une des 17 terres rares répertoriées officiellement, indique l’OEB, basé à Munich.Cet élément, connu pour ses propriétés luminescentes, est utilisé dans tous les types d’écrans LED, mais également dans la fabrication des billets de banque d’euro. “Mais pour obtenir une tonne d’europium dans la nature, il faudrait +miner+ des tonnes et des tonnes de minerais” souligne la jeune scientifique au cours d’un entretien avec l’AFP.Selon la Harvard International Review, l’extraction et le traitement des terres rares peuvent engendrer jusqu’à 2.000 tonnes de déchets toxiques pour chaque tonne de terres rares extraite.Aussi a-t-elle choisi d’aller chercher l’europium là où il existe en concentration “jusqu’à vingt fois supérieures à celles contenues dans des minerais naturels”: dans des déchets comme les lampes fluorescentes à basse consommation ou les tubes néons. “Au début de ma thèse en 2019, il m’est arrivé de casser moi-même des lampes pour tenter de récupérer de l’europium” raconte-t-elle à l’AFP.Son innovation pour récupérer l’europium de manière sélective repose sur l’interaction entre les poudres issues des lampes cassées, contenant des terres rares, et des petites molécules bio-inspirées contenant du soufre en solution. “Au bout de quelques heures, on observe la formation d’un solide, qu’il faut juste quantifier”, c’est l’europium. “Ce procédé fonctionne très bien” dit-elle. – “Une centaine d’années” -Jusqu’à présent, “on cherchait plutôt à extraire les terres rares grâce à leurs interactions avec l’oxygène”, explique la jeune femme dont le procédé permet de séparer “en une seule étape” les molécules, ce qui permet de réduire les déchets chimiques et donc la pollution générée par le recyclage, ainsi que la consommation d’énergie.Pour monter sa startup, la jeune entrepreneuse qui a soutenu sa thèse en novembre 2024, s’est associée à sa meilleure amie de classe préparatoire-chimie, devenue spécialiste en finance, et de son ancien superviseur de thèse à l’école polytechnique fédérale de Zurich (ETH) Victor Mougel.La montée des tensions sur l’attrait des terres rares et des métaux stratégiques et la médiatisation du sujet est “une bonne nouvelle” selon elle. “Je trouve très bien que les gens se rendent compte de l’impact du numérique sur la planète” dit-elle. Les terres rares ne sont pas rares, “elles sont présentes un peu partout dans la croute terrestre, en revanche elles sont difficiles à isoler: il a fallu aux chimistes une centaine d’années rien que pour les séparer, les isoler et les caractériser de façon correcte”, explique-t-elle. “C’est pour cela qu’elles ont été nommées rares”.Le nom de Marie Perrin fait partie de la liste des 10 jeunes chercheurs lauréats du prix de l’OEB rendue publique mardi, sélectionnés sur 450 dossiers à travers le monde. Le palmarès des trois premiers sera annoncé le 18 juin prochain à Reykjavik en Islande.