Vie chère en outre-mer, soignants à l’hôpital: deux premiers textes PS approuvés à l’Assemblée

L’Assemblée nationale a adopté jeudi deux propositions de loi socialistes, l’une pour lutter contre la vie chère en outre-mer, l’autre instaurant des ratios de soignants à l’hôpital, deux premières victoires décrochées par les élus PS qui entendent ainsi montrer leur capacité à dégager des majorités.Dans le cadre de leur “niche” parlementaire, qui leur permet de décider de l’ordre du jour, les socialistes ont fait voter dans l’après-midi un texte qui propose d’instaurer progressivement dans les hôpitaux un nombre minimal de soignants par patient et par service.Il s’agit de répondre à la “souffrance” de l’hôpital public, a expliqué le rapporteur Guillaume Garot (PS), soulignant que les ratios ne seraient appliqués que très progressivement – ceci afin d’éviter que, faute de personnel, des services hospitaliers ne soient contraints de fermer, ce qui serait contraire à l’effet recherché.Les élus de la droite et du centre ont salué une “intention louable”, mais déploré une “fausse bonne idée”: “fixer des seuils minimaux ne répondra jamais à la pénurie actuelle de soignants”, a ainsi estimé Jean Moulliere (Horizons). Après avoir tenté, en vain, de l’amender, ils se sont finalement, pour la plupart, abstenus. Le texte, voté dans les mêmes termes qu’au Sénat, peut donc entrer en vigueur.Dans la matinée, l’Assemblée avait voté une première proposition socialiste, présentée par Béatrice Bellay (PS, Martinique) pour lutter contre la vie chère en outre-mer. Le texte permet le plafonnement par l’État du prix d’un panier de biens de première nécessité – pour le ramener au niveau constaté en métropole -, s’attaque aux monopoles et autres oligopoles, ainsi qu’à la toute-puissance de la grande distribution.Là aussi, les députés du “socle commun” ont préféré s’abstenir: aligner les prix sur ceux pratiqués dans l’Hexagone est “irréalisable et inapplicable”, c’est de l”affichage”, a déploré Maud Petit (Modem). “On va empêcher les nouveaux investisseurs d’arriver dans nos territoires et de faire fonctionner la concurrence”, s’est inquiété Nicolas Metzdorf, élu macroniste de Nouvelle-Calédonie.Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a reconnu que les écarts de prix d’au moins 30% entre la métropole et les outre-mer posaient un “défi à la cohésion sociale”. Mais le gouvernement, au nom de la “liberté d’entreprendre”, a tenté de s’opposer à une disposition interdisant aux grands groupes de distribution de détenir plus de 25% de parts de marché. En vain: les députés ont maintenu cet article. – Repas à un euro et pannes d’ascenseurs -Au final, M. Valls a néanmoins “salué” l’adoption du texte, “un premier pas nécessaire”, selon lui. Avant que leur “niche” ne se referme, jeudi soir à minuit, les socialistes espéraient encore pouvoir faire adopter deux ou trois autres propositions “concrètes, du quotidien” et montrer ainsi qu’ils peuvent “arracher des victoires” en “construisant des majorités”.Parmi les propositions à l’agenda, figurent l’instauration d’un “repas à un euro” pour tous les étudiants, un dispositif de lutte contre les pannes d’ascenseurs, ou encore une proposition s’attaquant à la “financiarisation” des crèches, dont les dérives ont récemment été dénoncées dans un livre-enquête du journaliste Victor Castanet. Après avoir renoncé la semaine dernière à censurer le gouvernement Bayrou – dont ils espèrent encore obtenir des concessions sur le budget – les élus PS entendent marquer des points: “nous restons dans l’opposition, évidemment, mais nous montrons notre capacité à gagner des votes, à faire avancer des dossiers”, indique une source au groupe. Le chef des élus PS, Boris Vallaud, n’a pas caché attendre “sur certains textes, un soutien” de la part du gouvernement et des élus du centre et de la droite.Avant l’ouverture des débats, le député macroniste Pierre Cazeneuve avait assuré à l’AFP que son groupe aurait une “position constructive” face à des propositions “assez consensuelles”. Tout en soulignant qu’il ne fallait y voir aucun “effet conjoncturel” – comprendre, lié à la récente décision des socialistes de ne pas censurer l’exécutif.Quant aux élus du Rassemblement national, ils avaient annoncé leur intention de voter “comme d’habitude ce qui va dans le bon sens, celui de l’intérêt de la France et des Français”. En l’occurrence, ils ont approuvé le texte sur les prix en outre-mer, mais se sont abstenus sur les ratios de soignants.

Meurtres dans la Sarthe en 1994: première victoire pour Dany Leprince qui souhaite être innocenté

Dany Leprince, qui souhaite obtenir l’annulation de sa condamnation pour les meurtres de son frère, sa belle-soeur et deux de ses nièces en 1994, a obtenu une première victoire jeudi: sa requête est transmise à la Cour de révision.La commission d’instruction s’est appuyée sur deux séries de faits nouveaux ou inconnus pour motiver la recevabilité de cette requête en révision, déposée au printemps 2021, a indiqué le président lors d’une audience publique.Le dossier sera donc transmis au président de la Cour de révision. Après l’avoir examiné, dans un délai d’un an à un an et demi, s’il estime la demande fondée, il prononcera l’annulation de la condamnation et ordonnera un nouveau procès. Ou bien rejettera la requête.Dany Leprince, ému, les yeux humides, a enlacé ses proches à l’énoncé de la décision. “Le combat n’est pas terminé”, a-t-il dit devant la presse. “J’y ai toujours cru”, mais “il faut rester prudent”, a ajouté l’homme, âgé désormais de 67 ans, espérant “qu’on retrouve l’assassin de (sa) famille”.Le 4 septembre 1994, son frère Christian Leprince, sa femme et deux de leurs filles, Audrey, 7 ans, et Sandra, 10 ans, ont été retrouvés massacrés à l’arme blanche dans leur pavillon de Thorigné-sur-Dué (Sarthe). Solène, 2 ans, était la seule rescapée.Accusé par sa femme Martine Compain – dont il est depuis divorcé – et sa fille aînée Célia, il avait partiellement avoué, avant de se rétracter. Depuis, il clame son innocence. Celui qui fut surnommé “le boucher de la Sarthe” a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté en 1997 par la cour d’assises.- “Accusation difficilement crédible” -La commission d’instruction s’est appuyée sur les déclarations de Célia, qui, au regard d’une remise en situation réalisée en avril 2023, se sont révélées être incompatibles avec la topographie des lieux. Célia “a toujours affirmé avoir vu son père frapper Christian Leprince”, est-il écrit dans l’arrêt, consulté par l’AFP. Mais pour les enquêteurs, “il n’apparaît pas possible” pour Célia “d’avoir vu les faits décrits (…), rendant l’accusation formulée contre son père difficilement crédible”.”Ce témoignage s’effondre totalement”, a conclu l’avocat de Dany Leprince, Olivier Morice, soulignant que Célia était “un témoin à charge essentiel de l’accusation”.Les juges ont également pointé “la crédibilité totale” accordée à l’époque aux propos de Solène sur la culpabilité de son oncle, compte tenu de son très jeune âge, et souligné “les relations de confiance” entre un gendarme et la nourrice chez laquelle elle a vécu après le drame. “L’interprétation hasardeuse qui avait été faite du comportement de la toute petite Solène avait été en réalité démentie par le travail des experts psychiatres qui la suivaient alors”, a indiqué à l’AFP son avocate, Me Meriem Khelladi-Reinaerts, confiant le “soulagement” et l'”émotion” de cette dernière à l’annonce de la décision.Ces expertises, qui n’avaient pas été soumises à la cour d’assises en 1997, “ont enfin été considérées comme des faits nouveaux de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de Dany Leprince”, a-t-elle ajouté.- “Nombreuses incohérences” -Solène, 32 ans aujourd’hui, a écrit en avril 2024 à la commission d’instruction avoir “de sérieux doutes quant à la culpabilité” de son oncle, “au regard des nombreuses incohérences” du dossier, et souhaiter “ardemment qu’un nouveau procès puisse avoir lieu pour rechercher la vérité”. Ces deux séries de faits étant suffisantes pour déclarer la requête de Dany Leprince recevable, les autres éléments présentés par la défense n’ont pas été examinés, a précisé le président.”Qu’est-ce qui va rester dans ce dossier ?”, a demandé Me Morice. “Les accusations de Martine Compain, celle qui est aujourd’hui visée par une demande” de mise en examen du parquet dans la procédure en cours au Mans.Dans cette information judiciaire ouverte pour meurtre et complicité depuis 2014, son statut de témoin assistée est contesté. L’audience à la cour d’appel d’Angers n’a pas encore été fixée.”C’est une grande victoire qui ouvre la voie à la reconnaissance de l’innocence de Dany Leprince”, a estimé Me Morice, qui le défend avec Me Missiva Chermak-Felonneau. “Depuis 1945, il n’y a que douze affaires criminelles à avoir été révisées dans notre pays, nous espérons que Dany Leprince sera la treizième”.Après le rejet de son pourvoi en cassation en 1999 – la possibilité de faire appel d’une condamnation par une cour d’assises n’est possible en France que depuis 2000 – il avait déposé une première requête en révision, rejetée en 2011.

Trump tells Davos elites: produce in US or pay tariffs

US President Donald Trump issued a blunt warning to global elites in a video message to the World Economic Forum on Thursday: Make your product in the United States or pay tariffs.Beamed on a giant screen in the Swiss Alpine village of Davos, Trump received a loud round of applause from political and business A-listers who had eagerly awaited his appearance all week.Speaking from the White House, Trump touted his plans to cut taxes, deregulate industries and crack down on illegal immigration.But he also had a tough message.”Come make your product in America and we will give you among the lowest taxes of any nation on earth,” Trump said. “But if you don’t make your product in America, which is your prerogative, then very simply you will have to pay a tariff.”In his wide-ranging speech, Trump made a link between the war in Ukraine and oil prices.Trump said he would ask Saudi Arabia and the Organization of the Petroleum Exporting Countries to bring down crude prices.”If the price came down, the Russia-Ukraine war would end immediately,” he said.The US leader then fielded question from the top executives of Bank of America, Blackstone investment firm, Spanish group Banco Santander and  French oil and gas giant TotalEnergies.Trump is always a top draw in Davos, making waves at two previous in-person appearances during his first term in 2018 and 2020.But showing up this year was tougher as the forum happened to start on the day of his inauguration in Washington on Monday.Scores stood in line to hear him speak. Some in the audience included European Central Bank chief Christine Lagarde, Polish President Andrzej Duda and Croatian Prime Minister Andrej Plenkovic.- Trump fans -One of the Republican president’s biggest cheerleaders on the world stage, Argentina’s libertarian President Javier Milei, took the stage hours before Trump, delivering a fiery speech against “the mental virus of woke ideology”.Milei said Argentina was “re-embracing the idea of freedom” and “that is what I trust President Trump will do in this new America”.He praised like-minded leaders such as Trump, Italian Prime Minister Giorgia Meloni, Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu, Hungarian Prime Minister Viktor Orban and El Salvador’s President Nayib Bukele.”Slowly an international alliance has been formed of all those nations that want to be free and that believe in the ideas of freedom,” he said.He also defended his “dear friend” Elon Musk.The US billionaire and Trump ally caused a stir this week by making hand gestures at an inauguration event for the US president that drew comparisons to the Nazi salute.Milei said Musk, the head of Tesla and SpaceX, has been “unfairly vilified by wokeism in recent hours for an innocent gesture that only means… his gratitude to the people”.- ‘Let’s not hyperventilate’ -Trump already gave Davos a taste of what is to come since his inauguration on Monday, which coincided with the WEF’s first day.He has threatened tariffs on China, the European Union, Mexico and Canada, pulled the United States from the Paris climate pact and renewed his claim the Panama Canal, just to name a few.His plans to cut taxes, reduce the size of the US federal government and deregulate industries likely found a sympathetic ear amongst many businesses, though economists warn the policies could rekindle inflation.US trade partners and rivals already had a chance to react in Davos earlier this week, as they brace for a second round of his America First policies.Without invoking Trump’s name, Chinese Vice Premier Ding Xuexiang warned: “There are no winners in a trade war.”European Commission president Ursula von der Leyen said Brussels was ready to negotiate with Trump. But she also underscored the European Union’s diverging policy with him on climate, saying the bloc would stick by the Paris accord.World Trade Organization chief Ngozi Okonjo-Iweala called on cooler heads to prevail during a WEF panel discussion on tariffs on Thursday, warning that tit-for-tat levies would be “catastrophic” for the world economy.”Please let’s not hyperventilate,” she quipped. “I know we are here to discuss tariffs. I’ve been saying to everybody: could we chill, also?”

Le budget de Bayrou franchit l’étape du Sénat, le gouvernement toujours sous pression

Plus de trois mois après son dépôt au Parlement, le projet de budget de l’Etat pour 2025 a enfin franchi l’étape du Sénat jeudi, un premier pas pour le gouvernement Bayrou, qui cherche encore à négocier sa survie avec les socialistes, toujours très remontés.Initié par Michel Barnier au mois d’octobre, rejeté par l’Assemblée nationale en première lecture, suspendu après la censure de l’ex-Premier ministre et finalement repris par François Bayrou, ce projet de loi de finances (PLF) a été adopté à 217 voix contre 105. L’alliance majoritaire droite-centristes, soutien du gouvernement, a voté pour, contrairement à la totalité de la gauche, y compris le groupe socialiste pour qui “le compte n’y est pas”.”Nous avons passé une étape, il en reste beaucoup d’autres”, a tout de même apprécié la ministre du Budget Amélie de Montchalin. “Ce qui est important dans ce budget, c’est qu’il marque le début de la réduction d’une phase de déficit excessif”, a renchéri le ministre de l’Economie Eric Lombard, saluant un “tournant”.Pour le gouvernement, le plus dur commence, avec la convocation le 30 janvier d’une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés d’aboutir à un texte de compromis. Sans doute l’une des dernières occasions d’intégrer des concessions susceptibles de résister à la censure.Crucial pour l’Etat qui tourne actuellement au ralenti sous le régime exceptionnel d’une loi spéciale votée en fin d’année, le budget représente une équation quasi-insoluble pour l’exécutif, privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale mais sommé par Bruxelles de redresser les finances publiques.Si le gouvernement espère pouvoir promulguer le budget avant fin février, l’opposition de la gauche reste très vive: si le Parti socialiste n’a pas voté la première motion de censure visant le Premier ministre François Bayrou, il accentue la pression sur les textes budgétaires. – “Rien d’acquis” -“Le gouvernement doit se rendre compte qu’il n’y a rien d’acquis. La négociation n’est pas rompue mais nous avons besoin de signaux positifs. Or pour le moment, les signaux nous inquiètent”, a expliqué le chef de file des sénateurs socialistes sur le budget, Thierry Cozic, raillant un “budget d’austérité”.Les concessions déjà accordées par M. Bayrou, comme la renégociation de la réforme des retraites, le renoncement aux suppressions de 4.000 postes d’enseignants ou le recul sur l’extension des jours de carence des fonctionnaires, ne semblent pas suffire au parti à la rose, dont une délégation a été reçue à Bercy mercredi soir.Les tractations sont périlleuses, car l’exécutif vise un effort massif de 32 milliards d’économies et 21 milliards de recettes pour ramener le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre un niveau attendu entre 6 et 6,1% pour 2024.De plus, la droite, majoritaire au Sénat et pivot à l’Assemblée nationale, n’entend pas se laisser voler la vedette, craignant de nouvelles hausses d’impôt cédées aux socialistes.”Ce n’est ni le budget de Gabriel Attal, ni celui de Michel Barnier, ni celui de François Bayrou, c’est le budget du Sénat, un budget responsable”, qui marque “le début d’un long chemin vers le redressement de nos finances publiques”, a affirmé la cheffe de file du groupe LR sur le projet de loi de finances, Christine Lavarde.- Nouvelles concessions ? -Mais cette copie sénatoriale passera-t-elle le filtre de l’Assemblée nationale ? Si la CMP est conclusive, les députés seront saisis du texte commun dans la semaine du 3 février pour un ultime vote… Avec, potentiellement, l’utilisation du 49.3, sans doute suivie d’une nouvelle motion de censure.”La CMP sera le juge de paix. D’ici au 30 janvier, il y a la possibilité de faire bouger les lignes”, assume auprès de l’AFP le président des sénateurs PS Patrick Kanner.Mais le PS est aussi mis sous pression par ses partenaires: les Insoumis estiment que le parti à la rose “romprait définitivement” avec le Nouveau Front populaire s’il ne votait pas la censure sur le budget.Particulièrement ciblées par la gauche: les multiples coupes budgétaires supplémentaires ajoutées ces derniers jours par le gouvernement Bayrou. Des centaines de millions d’euros en moins pour l’écologie, le logement, l’aide au développement ou le sport…”On va voter la censure et on va le faire savoir très fortement”, a menacé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, “en colère” face au “sacrifice de l’écologie”.

Le budget de Bayrou franchit l’étape du Sénat, le gouvernement toujours sous pression

Plus de trois mois après son dépôt au Parlement, le projet de budget de l’Etat pour 2025 a enfin franchi l’étape du Sénat jeudi, un premier pas pour le gouvernement Bayrou, qui cherche encore à négocier sa survie avec les socialistes, toujours très remontés.Initié par Michel Barnier au mois d’octobre, rejeté par l’Assemblée nationale en première lecture, suspendu après la censure de l’ex-Premier ministre et finalement repris par François Bayrou, ce projet de loi de finances (PLF) a été adopté à 217 voix contre 105. L’alliance majoritaire droite-centristes, soutien du gouvernement, a voté pour, contrairement à la totalité de la gauche, y compris le groupe socialiste pour qui “le compte n’y est pas”.”Nous avons passé une étape, il en reste beaucoup d’autres”, a tout de même apprécié la ministre du Budget Amélie de Montchalin. “Ce qui est important dans ce budget, c’est qu’il marque le début de la réduction d’une phase de déficit excessif”, a renchéri le ministre de l’Economie Eric Lombard, saluant un “tournant”.Pour le gouvernement, le plus dur commence, avec la convocation le 30 janvier d’une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés d’aboutir à un texte de compromis. Sans doute l’une des dernières occasions d’intégrer des concessions susceptibles de résister à la censure.Crucial pour l’Etat qui tourne actuellement au ralenti sous le régime exceptionnel d’une loi spéciale votée en fin d’année, le budget représente une équation quasi-insoluble pour l’exécutif, privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale mais sommé par Bruxelles de redresser les finances publiques.Si le gouvernement espère pouvoir promulguer le budget avant fin février, l’opposition de la gauche reste très vive: si le Parti socialiste n’a pas voté la première motion de censure visant le Premier ministre François Bayrou, il accentue la pression sur les textes budgétaires. – “Rien d’acquis” -“Le gouvernement doit se rendre compte qu’il n’y a rien d’acquis. La négociation n’est pas rompue mais nous avons besoin de signaux positifs. Or pour le moment, les signaux nous inquiètent”, a expliqué le chef de file des sénateurs socialistes sur le budget, Thierry Cozic, raillant un “budget d’austérité”.Les concessions déjà accordées par M. Bayrou, comme la renégociation de la réforme des retraites, le renoncement aux suppressions de 4.000 postes d’enseignants ou le recul sur l’extension des jours de carence des fonctionnaires, ne semblent pas suffire au parti à la rose, dont une délégation a été reçue à Bercy mercredi soir.Les tractations sont périlleuses, car l’exécutif vise un effort massif de 32 milliards d’économies et 21 milliards de recettes pour ramener le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre un niveau attendu entre 6 et 6,1% pour 2024.De plus, la droite, majoritaire au Sénat et pivot à l’Assemblée nationale, n’entend pas se laisser voler la vedette, craignant de nouvelles hausses d’impôt cédées aux socialistes.”Ce n’est ni le budget de Gabriel Attal, ni celui de Michel Barnier, ni celui de François Bayrou, c’est le budget du Sénat, un budget responsable”, qui marque “le début d’un long chemin vers le redressement de nos finances publiques”, a affirmé la cheffe de file du groupe LR sur le projet de loi de finances, Christine Lavarde.- Nouvelles concessions ? -Mais cette copie sénatoriale passera-t-elle le filtre de l’Assemblée nationale ? Si la CMP est conclusive, les députés seront saisis du texte commun dans la semaine du 3 février pour un ultime vote… Avec, potentiellement, l’utilisation du 49.3, sans doute suivie d’une nouvelle motion de censure.”La CMP sera le juge de paix. D’ici au 30 janvier, il y a la possibilité de faire bouger les lignes”, assume auprès de l’AFP le président des sénateurs PS Patrick Kanner.Mais le PS est aussi mis sous pression par ses partenaires: les Insoumis estiment que le parti à la rose “romprait définitivement” avec le Nouveau Front populaire s’il ne votait pas la censure sur le budget.Particulièrement ciblées par la gauche: les multiples coupes budgétaires supplémentaires ajoutées ces derniers jours par le gouvernement Bayrou. Des centaines de millions d’euros en moins pour l’écologie, le logement, l’aide au développement ou le sport…”On va voter la censure et on va le faire savoir très fortement”, a menacé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, “en colère” face au “sacrifice de l’écologie”.

Le budget de Bayrou franchit l’étape du Sénat, le gouvernement toujours sous pression

Plus de trois mois après son dépôt au Parlement, le projet de budget de l’Etat pour 2025 a enfin franchi l’étape du Sénat jeudi, un premier pas pour le gouvernement Bayrou, qui cherche encore à négocier sa survie avec les socialistes, toujours très remontés.Initié par Michel Barnier au mois d’octobre, rejeté par l’Assemblée nationale en première lecture, suspendu après la censure de l’ex-Premier ministre et finalement repris par François Bayrou, ce projet de loi de finances (PLF) a été adopté à 217 voix contre 105. L’alliance majoritaire droite-centristes, soutien du gouvernement, a voté pour, contrairement à la totalité de la gauche, y compris le groupe socialiste pour qui “le compte n’y est pas”.”Nous avons passé une étape, il en reste beaucoup d’autres”, a tout de même apprécié la ministre du Budget Amélie de Montchalin. “Ce qui est important dans ce budget, c’est qu’il marque le début de la réduction d’une phase de déficit excessif”, a renchéri le ministre de l’Economie Eric Lombard, saluant un “tournant”.Pour le gouvernement, le plus dur commence, avec la convocation le 30 janvier d’une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés d’aboutir à un texte de compromis. Sans doute l’une des dernières occasions d’intégrer des concessions susceptibles de résister à la censure.Crucial pour l’Etat qui tourne actuellement au ralenti sous le régime exceptionnel d’une loi spéciale votée en fin d’année, le budget représente une équation quasi-insoluble pour l’exécutif, privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale mais sommé par Bruxelles de redresser les finances publiques.Si le gouvernement espère pouvoir promulguer le budget avant fin février, l’opposition de la gauche reste très vive: si le Parti socialiste n’a pas voté la première motion de censure visant le Premier ministre François Bayrou, il accentue la pression sur les textes budgétaires. – “Rien d’acquis” -“Le gouvernement doit se rendre compte qu’il n’y a rien d’acquis. La négociation n’est pas rompue mais nous avons besoin de signaux positifs. Or pour le moment, les signaux nous inquiètent”, a expliqué le chef de file des sénateurs socialistes sur le budget, Thierry Cozic, raillant un “budget d’austérité”.Les concessions déjà accordées par M. Bayrou, comme la renégociation de la réforme des retraites, le renoncement aux suppressions de 4.000 postes d’enseignants ou le recul sur l’extension des jours de carence des fonctionnaires, ne semblent pas suffire au parti à la rose, dont une délégation a été reçue à Bercy mercredi soir.Les tractations sont périlleuses, car l’exécutif vise un effort massif de 32 milliards d’économies et 21 milliards de recettes pour ramener le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre un niveau attendu entre 6 et 6,1% pour 2024.De plus, la droite, majoritaire au Sénat et pivot à l’Assemblée nationale, n’entend pas se laisser voler la vedette, craignant de nouvelles hausses d’impôt cédées aux socialistes.”Ce n’est ni le budget de Gabriel Attal, ni celui de Michel Barnier, ni celui de François Bayrou, c’est le budget du Sénat, un budget responsable”, qui marque “le début d’un long chemin vers le redressement de nos finances publiques”, a affirmé la cheffe de file du groupe LR sur le projet de loi de finances, Christine Lavarde.- Nouvelles concessions ? -Mais cette copie sénatoriale passera-t-elle le filtre de l’Assemblée nationale ? Si la CMP est conclusive, les députés seront saisis du texte commun dans la semaine du 3 février pour un ultime vote… Avec, potentiellement, l’utilisation du 49.3, sans doute suivie d’une nouvelle motion de censure.”La CMP sera le juge de paix. D’ici au 30 janvier, il y a la possibilité de faire bouger les lignes”, assume auprès de l’AFP le président des sénateurs PS Patrick Kanner.Mais le PS est aussi mis sous pression par ses partenaires: les Insoumis estiment que le parti à la rose “romprait définitivement” avec le Nouveau Front populaire s’il ne votait pas la censure sur le budget.Particulièrement ciblées par la gauche: les multiples coupes budgétaires supplémentaires ajoutées ces derniers jours par le gouvernement Bayrou. Des centaines de millions d’euros en moins pour l’écologie, le logement, l’aide au développement ou le sport…”On va voter la censure et on va le faire savoir très fortement”, a menacé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, “en colère” face au “sacrifice de l’écologie”.