Les derniers témoins des camps de la mort, jusqu’au bout contre l’oubli

lls avaient 15 ans, 4 ans, 7 mois. Certains sont nés là-bas. Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, Buchenwald, Ravensbrück. Ils ont survécu, vécu, fondé des familles et comptent transmettre, jusqu’au bout, contre l’oubli.Pour la première ou la millième fois, au soir de leur existence, des rescapés ont répondu à ces questions vertigineuses: que fallait-il dire de leur déportation, qu’ont-ils pu transmettre, que deviendra cette mémoire quand ils auront disparu, quelles sont leurs craintes et leurs espoirs pour ceux qui vivront après eux ?Quatre-vingts ans après la libération d’Auschwitz-Birkenau, symbole du Mal absolu, une quarantaine de survivants des camps d’internement, de concentration et d’extermination, dans une quinzaine de pays et sur quatre continents, ont accepté de rencontrer les équipes de l’AFP entre novembre 2024 et janvier 2025.En Israël, aux Etats-Unis et au Canada, en France, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie ou en Allemagne, en Argentine, au Chili ou au Mexique, en Afrique du Sud, ils ont posé devant les photographes et vidéastes. Chez eux ou en studio, seuls face à l’objectif, entourés de leur enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants ou devant des murs tapissés de photos de leurs descendants, leur victoire.Déportée entre l’âge de 4 ans et demi et six ans dans les camps de Vught et Westerbork (Pays-Bas) puis Bergen-Belsen (Allemagne), la Française Evelyn Askolovitch, 86 ans, invoque cet impératif de parler parce que, dit-elle, “je fais partie de la toute toute dernière génération”.Capter tant qu’il est encore temps les visages fanés, les mains tavelées, les regards si vifs de ceux qui ont vu ce que le reste de l’humanité ne peut qu’imaginer avec effroi. Ecouter le récit de ces destins inouïs, les souvenirs épars, les frémissements des voix, les égarements aussi quand la vieillesse, peu à peu, ronge leur mémoire. Sentinelles vacillantes qui interrogent depuis 1945. “Comment le monde a-t-il pu permettre Auschwitz ? “, demande ainsi à Santiago du Chili, Marta Neuwirth, 95 ans, née en Hongrie, déportée à l’âge de 15 ans dans le plus grand camp de la mort situé en Pologne alors occupée par les nazis.Quelque 1,1 million de personnes, dont environ un million de Juifs ainsi que des Tsiganes et des résistants polonais, y furent tuées entre 1940 et sa libération par l’Armée rouge le 27 janvier 1945. Une majorité d’entre elles ont été gazées dès leur arrivée.Au total, six millions de Juifs ont été assassinés par la folie nazie.”Pourquoi ? “, questionne au Canada Gyorgyi Nemes, 97 ans, née à Budapest, déportée à Ravensbrück, Flossenbürg (Allemagne), Mauthausen (Autriche). “Aujourd’hui encore, je ne sais pas pourquoi ils nous haïssaient autant.” – Un sens à leur vie -Pour beaucoup, témoigner a donné un sens à leur vie alors qu’ils ont vu leurs parents envoyés à la chambre à gaz, leur frère ou leur sÅ“ur emportés par la faim, l’épuisement, la maladie. Beaucoup n’ont appris qu’au sortir de la guerre l’anéantissement de toute leur famille.La presque centenaire Julia Wallach éprouve par moment des difficultés à parler, s’emmêle, s’interrompt, pleure. “C’est trop dur à raconter, trop dur”, souffle cette Parisienne qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l’a fait descendre in extremis d’un camion à destination de la chambre à gaz. Pourtant, elle veut continuer de raconter. “Tant que je pourrai le faire, je le ferai”, insiste-t-elle. A ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande: “Quand elle ne sera plus là, quand on en parlera, est-ce qu’on nous croira ?”C’est pour s’en assurer que Naftali Fürst, Israélien de 92 ans né à Bratislava, déporté dans quatre camps dont Auschwitz-Birkenau, se rend depuis des années en Allemagne, en Autriche, en République tchèque et ailleurs. Des visites et des interventions “pour que les jeunes générations n’oublient jamais ce qu’il s’est passé”. Comme Esther Senot, cette Française née en Pologne qui, en décembre, à 97 ans, affrontait encore la rudesse de l’hiver polonais pour accompagner des lycéens à Birkenau. Distant de trois kilomètres du camp principal d’Auschwitz, ce site s’étend à perte de vue et abrite encore la rampe de “sélection” où arrivaient les convois, les fours crématoires et les baraques encadrées de fils barbelés et de poteaux de béton. Elle tient la promesse faite en 1944 à sa soeur Fanny qui, gisant sur sa paillasse, crachant du sang, lui murmura dans un ultime souffle: “Je suis arrivée au bout, c’est pas la peine, j’irai pas plus loin.” “Si tu as une chance de revenir (…), tu me promets que tu raconteras tout ce qui nous est arrivé. Qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire.””Pour que nous ne soyons pas morts pour rien”, lui fait écho à Montréal Eva Shainblum, 97 ans, née dans la Roumanie d’aujourd’hui, déportée à l’âge de 16 ans dans le même camp où quasiment toute sa famille a été assassinée.Durant des années, la parole de ces survivants de la Shoah a été empêchée. Personne ne voulait écouter ce qu’ils avaient à raconter des camps.Il a fallu attendre le 7 décembre 1970 pour que le chancelier allemand Willy Brandt, dans un acte de contrition qui fit le tour du monde, tombe à genou devant le monument érigé à la mémoire des victimes du soulèvement du ghetto juif de Varsovie, implorant le pardon pour son peuple.- “Pas un cri, rien” -Par-delà les décennies, les témoins évoquent avec précision l’horreur des sélections décidées d’un coup de menton par un nazi, la bestialité des SS, la mort industrielle. Dans le foisonnement des récits revient d’emblée l’interminable voyage dans des conditions insoutenables, enfermés dans des wagons à bestiaux bondés, sans vivres.”Nous étions environ 80, femmes et enfants, vieillards, avec un sceau pour nos besoins, pas d’eau, pas de morceau de pain (…). Des animaux”, dit en Allemagne, son pays natal, Albrecht Weinberg, 99 ans. “Quand nous sommes arrivés (à Auschwitz), il y avait des détenus en costume avec des bâtons qui criaient +dehors+, les vieux tombaient, il y avait un tas devant le wagon, les jeunes passaient par-dessus.”Nate Leipciger, Canadien de 96 ans né en Pologne, déporté à l’âge de 15 ans, évoque avec épouvante la déshumanisation immédiate, dès la descente des trains. “En quelques minutes, on passait de l’état d’homme libre à celui de détenu, avec un numéro sur le bras sans aucun papier d’identité”, détaille-t-il. “On nous débarrassait de nos habits, de nos cheveux, de tout ce qui était personnel et on devenait juste un objet et on perdait toute capacité à agir comme un être humain.”Des “objets” qu’on “trie” sur la rampe de “sélection”: pour les plus jeunes, les plus âgés, les plus fragiles, la mort immédiate dans les chambres à gaz. Pour les autres, le calvaire du travail forcé. “Ils nous séparaient. Les femmes et les enfants d’un côté, les hommes de l’autre et il y avait cette longue rampe et au bout une table avec des soldats SS. Arrivés là, ils nous regardaient et faisaient le signe, à droite ou à gauche. Nous n’avions aucune idée de ce que cela voulait dire. Mais on a compris plus tard”, se remémore au Canada le centenaire Ted Bolgar, né en Hongrie, et qui pour recevoir l’AFP a mis sa kippa.Marta Neuwirth, qui à Auschwitz-Birkenau triait les vêtements des détenues, se souvient des colonnes de femmes nues “jour et nuit”, sorties de convois qui “arrivaient de partout”. “On leur faisait jeter leurs vêtements au sol. Elles étaient debout, tranquilles. Elles pensaient qu’elles allaient prendre une douche (…) Pas un cri, rien, tranquilles. Elles allaient, bien portantes, grandes, directement au four.”C’est le destin tragique qu’ont connu la soeur et la mère de Ted Bolgar, gazées dès leur arrivée et “dont les corps ont été brûlés la nuit”. Lui a pu y échapper en se présentant comme “électricien”.Les détenus étaient réduits au travail forcé, à la merci des bourreaux nazis et de leurs supplétifs. Albrecht Weinberg installait des câbles sous terre à Auschwitz-Birkenau. “Le travail était tellement dur, l’ingénieur (…) tellement brutal, que parfois trois personnes mouraient d’épuisement en une seule journée.””C’était de la férocité, de la sauvagerie. Je ne sais même pas trouver les mots pour le dire”, renchérit la Française Ginette Kolinka, 99 ans, quand elle évoque la brutalité des kapos, ces prisonniers chargés d’encadrer les déportés. “Et vas-y que je te frappe et que je te cogne. Voilà ça, c’était les kapos.”Et la faim. Le Polonais Marek Dunin-Wasowicz, 98 ans, déporté au camp de Stutthof (dans la Pologne d’aujourd’hui), tente encore de décrire son calvaire. “Au camp, cela signifiait des semaines entières durant lesquelles je ne mangeais rien. C’était la véritable faim. Je me suis évanoui parce que j’avais faim. La faim, j’avais faim.” La maladie aussi. Et les expérimentations médicales. Comme celles qu’a subies l’Américain Sami Steigmann, 85 ans, né en Roumanie, alors qu’il était enfant à Mogilev-Podolsky (en Ukraine à la frontière avec la Moldavie).Aujourd’hui encore “je ressens des douleurs en permanence”, confie cet homme indigent qui vit de l’aide sociale. “J’ai pris des médicaments extrêmement forts et qui créent une dépendance mais il y a environ 45 ans, j’ai décidé d’apprendre à vivre avec cette souffrance, sans médicaments”, ajoute le vieil homme qui porte une cravate sur laquelle est imprimé le drapeau d’Israël.- Hanter  -Quatre-vingts ans plus tard, la douleur déchirante d’avoir survécu, quand un parent tant chéri a été réduit à l’état de cendres, continue de les hanter.Déporté à 11 ans avec son frère à Auschwitz-Birkenau, Hirsz Litmanowicz, a été transféré à Sachsenhausen (Allemagne), où le vaccin contre l’hépatite B a été testé sur son corps étique.Il a vécu et son frère est mort. “Parce que j’ai été choisi pour ces expérimentations et pas lui. Je n’ai même pas pu lui dire au revoir, le serrer contre moi”, lâche dans une immense émotion ce Péruvien né en Pologne.A 93 ans, six fois grand-père et huit fois arrière-grand-père, “j’éprouve plus qu’avant la douleur de ce que j’ai enduré. Aujourd’hui je ne dors plus la nuit, je fais des cauchemars”, confie-t-il enfoncé dans un grand fauteuil à carreaux, entouré des photos de sa famille.”A chaque fois que je pense à l’Holocauste, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est ma soeur” jumelle, confie le Canadien Pinchas Gutter, 92 ans, né en Pologne, déporté d’abord à Majdanek (en Pologne occupée). Dès son arrivée dans cet “enfer apocalyptique”, l’enfant de 11 ans qu’il était fut séparé de Sabrina.Son seul souvenir d’elle est “la tresse blonde” qu’elle portait en courant vers leur mère. “Sa magnifique tresse blonde”, répète-t-il, le regard lumineux qui dissimule si bien son incommensurable chagrin. “J’ai tout oublié d’elle (…) Ne pas avoir le moindre souvenir d’elle, savoir à quoi elle ressemblait, juste cette tresse, cela me fait extrêmement mal.”A Buenos Aires, Pedro Polacek, 88 ans, né à Prague, déporté à l’âge de six ans à Theresienstadt (République tchèque) s’agrippe au souvenir de son père assassiné. “A ce qu’il m’a appris avant que nous soyons déportés : il m’a appris à affronter la vie.”C’est la force de sa mère qu’évoque l’Israélienne Eva Erben, 84 ans, née à Prague, déportée à Theresienstadt et Auschwitz-Birkenau. “Elle me parlait de ce que nous ferions de retour à la maison, ce que nous achèterions, quelles chaussures nous aurions, quels vêtements et nous irions rendre visite à des gens, faire réparer nos dents.””Une héroïne”, poursuit-elle, morte après “la Marche de la mort” quand, à l’approche des soldats soviétiques, les nazis ont forcé les déportés à parcourir des centaines de kilomètres, en haillons, dans la neige et le froid glacial, vers l’Allemagne et l’Autriche.- Retour de l’antisémitisme, peur de l’oubli  -Quatre-vingts ans plus tard, leurs témoignages ont-ils servi ? Ces derniers survivants confient à l’AFP l’angoisse que leur inspire l’inquiétant état du monde.”Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi important d’évoquer l’Holocauste 80 ans après. Mais ça l’est. A cause de la montée terrible de l’antisémitisme partout dans le monde”, estime notamment Nate Leipciger. L’époque lui rappelle les années 30 quand, face à la menace du Troisième Reich, “personne ne voulait nous accueillir comme réfugiés”, ajoute-t-il, “excepté le fait qu’aujourd’hui nous avons Israël”.Rarement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’antisémitisme a connu une telle résurgence, en particulier depuis le 7 octobre 2023 et les attaques du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien qui ont déclenché une guerre toujours en cours.De l’Italie dirigée par Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d’Italia (FDI), à l’inquiétante progression du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), le retour de l’extrême-droite les épouvante.”Le présent est très sombre”, juge le Viennois Erich Richard Finsches, 97 ans, survivant d’Auschwitz-Birkenau, qui a assisté avec stupeur à la victoire historique du Parti de la liberté (FPÖ) en Autriche. Pour lui, les électeurs ont été dupés comme autrefois Adolf Hitler – né en Autriche – a  trompé les Allemands. Et il y a cette peur de l’oubli qui les tourmente. “Que ce soit noyé dans la mémoire de l’Histoire”, redoute Pinchas Gutter ou dans le flot incessant des réseaux sociaux, comme l’observe Eva Shainblum. “Je le vois, même chez mes petits-enfants”, déplore-t-elle. “Je m’inquiète pour la nouvelle génération parce qu’aujourd’hui ils n’ont pas la patience d’écouter, ils ont cette machine (smartphone) et ils sont dessus jour et nuit.” “Pendant des décennies on a dit qu’on en parlait trop (…) mais plus les générations se renouvellent, moins elles sont au courant de ce qu’il s’est passé”, abonde la Hongroise Judit Varga Hoffmann, 97 ans, déportée à Auschwitz-Birkenau.Au point que la Russe Elena Jabina, 82 ans, qui n’était qu’un bébé de sept mois lorsqu’elle fut déportée dans le camp de concentration de Klooga (Estonie), craint qu’après la mort des survivants “il ne restera probablement pas de souvenir”. “Il y a une phrase du Talmud qui dit: + celui qui oublie son passé est condamné à le revivre”, met en garde Catherine Chalfine, en retraçant l’histoire de son père Gabriel Bénichou, 98 ans, né en Algérie française arrêté à Marseille, déporté à Auschwitz-Birkenau et qui aujourd’hui ne peut plus vraiment s’exprimer.Quel désarroi enfin pour l’Autrichienne sinti Rosa Schneeberger, 88 ans,déportée à l’âge de cinq ans dans le “camp tsigane” de Lackenbach (Autriche), de voir s’éteindre la culture et la langue de sa minorité, à l’origine itinérante dans l’ouest de l’Europe.”Les Sintis sont en train de disparaître” car “la plupart sont morts durant la guerre” et il n’y a plus eu assez de survivants pour maintenir une communauté.- Injonction à résister -Et pourtant. Il y a ce message d’espoir, cette incroyable foi en la vie de ceux qui ont failli la perdre.On sursaute en écoutant Gyorgyi Nemes qui, à Montréal, après avoir raconté “l’enfer” de sa déportation, conclut l’entretien par ces mots : “J’ai enterré mon mari il y a dix ans mais j’ai un fils, une belle-fille et ma famille. Je vous le dis, je suis la personne la plus chanceuse au monde.” Et que dire de la Sud-africaine Ella Blumenthal, 103 ans, qui a survécu au ghetto de Varsovie, à Majdanek, à Auschwitz-Birkenau, à Bergen-Belsen qui évoque “l’art de survivre” et le “miracle” de vivre ? “On m’a aidée à survivre, à rester debout pour dire: +quel monde merveilleux ! +” s’exclame cette femme née à Varsovie et dont toute la famille, 23 personnes au total, a été assassinée.Il y a chez ces survivants une injonction à résister. Tous, à leur manière, lancent  un vibrant appel en faveur de la liberté, de la paix, de la tolérance et contre l’antisémitisme, le racisme et le fascisme qui rongent le monde.”Avoir toujours l’espoir de survivre et lutter pour cela”, dit l’Argentine Raquel Lily Soriano Alhadeff, 97 ans, née à Rhodes, île grecque alors sous domination italienne. Alors qu’elle n’avait que 18 ans, la vieille dame aux cheveux tirés et qui porte un élégant collier de perles, est parvenue à s’échapper de Kaufering, un camp satellite de celui de Dachau en Allemagne, peu avant qu’il ne soit libéré.”Passer le flambeau aux jeunes”, insiste de son côté Marek Dunin-Wasowicz, engagé à 15 ans dans la résistance polonaise, échappé de la “Marche de la mort” et témoin, 75 ans plus tard, dans l’un des derniers procès au monde de responsables nazis, celui de l’ancien garde SS Bruno Dey.”Ils sont notre seul espoir”, poursuit-il, “ils doivent se souvenir pas seulement de ceux qui sont morts – tués ou qui ne sont plus là – mais aussi que c’est arrivé et que cela ne doit pas se répéter”.Et c’est à eux que s’adresse le Français Guy Poirot, lui dont l’existence relève du miracle. Né début 1945 dans le camp de concentration de Ravensbrück, il y a vécu ses 46 premiers jours. “A vous, jeunes, de vous prendre en main, d’écouter ceux qui vous ont donné une conscience (…) de travailler ensemble, de réfléchir ensemble”, exhorte-t-il. “La vie est un engagement !”

Les derniers témoins des camps de la mort, jusqu’au bout contre l’oubli

lls avaient 15 ans, 4 ans, 7 mois. Certains sont nés là-bas. Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, Buchenwald, Ravensbrück. Ils ont survécu, vécu, fondé des familles et comptent transmettre, jusqu’au bout, contre l’oubli.Pour la première ou la millième fois, au soir de leur existence, des rescapés ont répondu à ces questions vertigineuses: que fallait-il dire de leur déportation, qu’ont-ils pu transmettre, que deviendra cette mémoire quand ils auront disparu, quelles sont leurs craintes et leurs espoirs pour ceux qui vivront après eux ?Quatre-vingts ans après la libération d’Auschwitz-Birkenau, symbole du Mal absolu, une quarantaine de survivants des camps d’internement, de concentration et d’extermination, dans une quinzaine de pays et sur quatre continents, ont accepté de rencontrer les équipes de l’AFP entre novembre 2024 et janvier 2025.En Israël, aux Etats-Unis et au Canada, en France, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie ou en Allemagne, en Argentine, au Chili ou au Mexique, en Afrique du Sud, ils ont posé devant les photographes et vidéastes. Chez eux ou en studio, seuls face à l’objectif, entourés de leur enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants ou devant des murs tapissés de photos de leurs descendants, leur victoire.Déportée entre l’âge de 4 ans et demi et six ans dans les camps de Vught et Westerbork (Pays-Bas) puis Bergen-Belsen (Allemagne), la Française Evelyn Askolovitch, 86 ans, invoque cet impératif de parler parce que, dit-elle, “je fais partie de la toute toute dernière génération”.Capter tant qu’il est encore temps les visages fanés, les mains tavelées, les regards si vifs de ceux qui ont vu ce que le reste de l’humanité ne peut qu’imaginer avec effroi. Ecouter le récit de ces destins inouïs, les souvenirs épars, les frémissements des voix, les égarements aussi quand la vieillesse, peu à peu, ronge leur mémoire. Sentinelles vacillantes qui interrogent depuis 1945. “Comment le monde a-t-il pu permettre Auschwitz ? “, demande ainsi à Santiago du Chili, Marta Neuwirth, 95 ans, née en Hongrie, déportée à l’âge de 15 ans dans le plus grand camp de la mort situé en Pologne alors occupée par les nazis.Quelque 1,1 million de personnes, dont environ un million de Juifs ainsi que des Tsiganes et des résistants polonais, y furent tuées entre 1940 et sa libération par l’Armée rouge le 27 janvier 1945. Une majorité d’entre elles ont été gazées dès leur arrivée.Au total, six millions de Juifs ont été assassinés par la folie nazie.”Pourquoi ? “, questionne au Canada Gyorgyi Nemes, 97 ans, née à Budapest, déportée à Ravensbrück, Flossenbürg (Allemagne), Mauthausen (Autriche). “Aujourd’hui encore, je ne sais pas pourquoi ils nous haïssaient autant.” – Un sens à leur vie -Pour beaucoup, témoigner a donné un sens à leur vie alors qu’ils ont vu leurs parents envoyés à la chambre à gaz, leur frère ou leur sÅ“ur emportés par la faim, l’épuisement, la maladie. Beaucoup n’ont appris qu’au sortir de la guerre l’anéantissement de toute leur famille.La presque centenaire Julia Wallach éprouve par moment des difficultés à parler, s’emmêle, s’interrompt, pleure. “C’est trop dur à raconter, trop dur”, souffle cette Parisienne qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l’a fait descendre in extremis d’un camion à destination de la chambre à gaz. Pourtant, elle veut continuer de raconter. “Tant que je pourrai le faire, je le ferai”, insiste-t-elle. A ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande: “Quand elle ne sera plus là, quand on en parlera, est-ce qu’on nous croira ?”C’est pour s’en assurer que Naftali Fürst, Israélien de 92 ans né à Bratislava, déporté dans quatre camps dont Auschwitz-Birkenau, se rend depuis des années en Allemagne, en Autriche, en République tchèque et ailleurs. Des visites et des interventions “pour que les jeunes générations n’oublient jamais ce qu’il s’est passé”. Comme Esther Senot, cette Française née en Pologne qui, en décembre, à 97 ans, affrontait encore la rudesse de l’hiver polonais pour accompagner des lycéens à Birkenau. Distant de trois kilomètres du camp principal d’Auschwitz, ce site s’étend à perte de vue et abrite encore la rampe de “sélection” où arrivaient les convois, les fours crématoires et les baraques encadrées de fils barbelés et de poteaux de béton. Elle tient la promesse faite en 1944 à sa soeur Fanny qui, gisant sur sa paillasse, crachant du sang, lui murmura dans un ultime souffle: “Je suis arrivée au bout, c’est pas la peine, j’irai pas plus loin.” “Si tu as une chance de revenir (…), tu me promets que tu raconteras tout ce qui nous est arrivé. Qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire.””Pour que nous ne soyons pas morts pour rien”, lui fait écho à Montréal Eva Shainblum, 97 ans, née dans la Roumanie d’aujourd’hui, déportée à l’âge de 16 ans dans le même camp où quasiment toute sa famille a été assassinée.Durant des années, la parole de ces survivants de la Shoah a été empêchée. Personne ne voulait écouter ce qu’ils avaient à raconter des camps.Il a fallu attendre le 7 décembre 1970 pour que le chancelier allemand Willy Brandt, dans un acte de contrition qui fit le tour du monde, tombe à genou devant le monument érigé à la mémoire des victimes du soulèvement du ghetto juif de Varsovie, implorant le pardon pour son peuple.- “Pas un cri, rien” -Par-delà les décennies, les témoins évoquent avec précision l’horreur des sélections décidées d’un coup de menton par un nazi, la bestialité des SS, la mort industrielle. Dans le foisonnement des récits revient d’emblée l’interminable voyage dans des conditions insoutenables, enfermés dans des wagons à bestiaux bondés, sans vivres.”Nous étions environ 80, femmes et enfants, vieillards, avec un sceau pour nos besoins, pas d’eau, pas de morceau de pain (…). Des animaux”, dit en Allemagne, son pays natal, Albrecht Weinberg, 99 ans. “Quand nous sommes arrivés (à Auschwitz), il y avait des détenus en costume avec des bâtons qui criaient +dehors+, les vieux tombaient, il y avait un tas devant le wagon, les jeunes passaient par-dessus.”Nate Leipciger, Canadien de 96 ans né en Pologne, déporté à l’âge de 15 ans, évoque avec épouvante la déshumanisation immédiate, dès la descente des trains. “En quelques minutes, on passait de l’état d’homme libre à celui de détenu, avec un numéro sur le bras sans aucun papier d’identité”, détaille-t-il. “On nous débarrassait de nos habits, de nos cheveux, de tout ce qui était personnel et on devenait juste un objet et on perdait toute capacité à agir comme un être humain.”Des “objets” qu’on “trie” sur la rampe de “sélection”: pour les plus jeunes, les plus âgés, les plus fragiles, la mort immédiate dans les chambres à gaz. Pour les autres, le calvaire du travail forcé. “Ils nous séparaient. Les femmes et les enfants d’un côté, les hommes de l’autre et il y avait cette longue rampe et au bout une table avec des soldats SS. Arrivés là, ils nous regardaient et faisaient le signe, à droite ou à gauche. Nous n’avions aucune idée de ce que cela voulait dire. Mais on a compris plus tard”, se remémore au Canada le centenaire Ted Bolgar, né en Hongrie, et qui pour recevoir l’AFP a mis sa kippa.Marta Neuwirth, qui à Auschwitz-Birkenau triait les vêtements des détenues, se souvient des colonnes de femmes nues “jour et nuit”, sorties de convois qui “arrivaient de partout”. “On leur faisait jeter leurs vêtements au sol. Elles étaient debout, tranquilles. Elles pensaient qu’elles allaient prendre une douche (…) Pas un cri, rien, tranquilles. Elles allaient, bien portantes, grandes, directement au four.”C’est le destin tragique qu’ont connu la soeur et la mère de Ted Bolgar, gazées dès leur arrivée et “dont les corps ont été brûlés la nuit”. Lui a pu y échapper en se présentant comme “électricien”.Les détenus étaient réduits au travail forcé, à la merci des bourreaux nazis et de leurs supplétifs. Albrecht Weinberg installait des câbles sous terre à Auschwitz-Birkenau. “Le travail était tellement dur, l’ingénieur (…) tellement brutal, que parfois trois personnes mouraient d’épuisement en une seule journée.””C’était de la férocité, de la sauvagerie. Je ne sais même pas trouver les mots pour le dire”, renchérit la Française Ginette Kolinka, 99 ans, quand elle évoque la brutalité des kapos, ces prisonniers chargés d’encadrer les déportés. “Et vas-y que je te frappe et que je te cogne. Voilà ça, c’était les kapos.”Et la faim. Le Polonais Marek Dunin-Wasowicz, 98 ans, déporté au camp de Stutthof (dans la Pologne d’aujourd’hui), tente encore de décrire son calvaire. “Au camp, cela signifiait des semaines entières durant lesquelles je ne mangeais rien. C’était la véritable faim. Je me suis évanoui parce que j’avais faim. La faim, j’avais faim.” La maladie aussi. Et les expérimentations médicales. Comme celles qu’a subies l’Américain Sami Steigmann, 85 ans, né en Roumanie, alors qu’il était enfant à Mogilev-Podolsky (en Ukraine à la frontière avec la Moldavie).Aujourd’hui encore “je ressens des douleurs en permanence”, confie cet homme indigent qui vit de l’aide sociale. “J’ai pris des médicaments extrêmement forts et qui créent une dépendance mais il y a environ 45 ans, j’ai décidé d’apprendre à vivre avec cette souffrance, sans médicaments”, ajoute le vieil homme qui porte une cravate sur laquelle est imprimé le drapeau d’Israël.- Hanter  -Quatre-vingts ans plus tard, la douleur déchirante d’avoir survécu, quand un parent tant chéri a été réduit à l’état de cendres, continue de les hanter.Déporté à 11 ans avec son frère à Auschwitz-Birkenau, Hirsz Litmanowicz, a été transféré à Sachsenhausen (Allemagne), où le vaccin contre l’hépatite B a été testé sur son corps étique.Il a vécu et son frère est mort. “Parce que j’ai été choisi pour ces expérimentations et pas lui. Je n’ai même pas pu lui dire au revoir, le serrer contre moi”, lâche dans une immense émotion ce Péruvien né en Pologne.A 93 ans, six fois grand-père et huit fois arrière-grand-père, “j’éprouve plus qu’avant la douleur de ce que j’ai enduré. Aujourd’hui je ne dors plus la nuit, je fais des cauchemars”, confie-t-il enfoncé dans un grand fauteuil à carreaux, entouré des photos de sa famille.”A chaque fois que je pense à l’Holocauste, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est ma soeur” jumelle, confie le Canadien Pinchas Gutter, 92 ans, né en Pologne, déporté d’abord à Majdanek (en Pologne occupée). Dès son arrivée dans cet “enfer apocalyptique”, l’enfant de 11 ans qu’il était fut séparé de Sabrina.Son seul souvenir d’elle est “la tresse blonde” qu’elle portait en courant vers leur mère. “Sa magnifique tresse blonde”, répète-t-il, le regard lumineux qui dissimule si bien son incommensurable chagrin. “J’ai tout oublié d’elle (…) Ne pas avoir le moindre souvenir d’elle, savoir à quoi elle ressemblait, juste cette tresse, cela me fait extrêmement mal.”A Buenos Aires, Pedro Polacek, 88 ans, né à Prague, déporté à l’âge de six ans à Theresienstadt (République tchèque) s’agrippe au souvenir de son père assassiné. “A ce qu’il m’a appris avant que nous soyons déportés : il m’a appris à affronter la vie.”C’est la force de sa mère qu’évoque l’Israélienne Eva Erben, 84 ans, née à Prague, déportée à Theresienstadt et Auschwitz-Birkenau. “Elle me parlait de ce que nous ferions de retour à la maison, ce que nous achèterions, quelles chaussures nous aurions, quels vêtements et nous irions rendre visite à des gens, faire réparer nos dents.””Une héroïne”, poursuit-elle, morte après “la Marche de la mort” quand, à l’approche des soldats soviétiques, les nazis ont forcé les déportés à parcourir des centaines de kilomètres, en haillons, dans la neige et le froid glacial, vers l’Allemagne et l’Autriche.- Retour de l’antisémitisme, peur de l’oubli  -Quatre-vingts ans plus tard, leurs témoignages ont-ils servi ? Ces derniers survivants confient à l’AFP l’angoisse que leur inspire l’inquiétant état du monde.”Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi important d’évoquer l’Holocauste 80 ans après. Mais ça l’est. A cause de la montée terrible de l’antisémitisme partout dans le monde”, estime notamment Nate Leipciger. L’époque lui rappelle les années 30 quand, face à la menace du Troisième Reich, “personne ne voulait nous accueillir comme réfugiés”, ajoute-t-il, “excepté le fait qu’aujourd’hui nous avons Israël”.Rarement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’antisémitisme a connu une telle résurgence, en particulier depuis le 7 octobre 2023 et les attaques du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien qui ont déclenché une guerre toujours en cours.De l’Italie dirigée par Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d’Italia (FDI), à l’inquiétante progression du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), le retour de l’extrême-droite les épouvante.”Le présent est très sombre”, juge le Viennois Erich Richard Finsches, 97 ans, survivant d’Auschwitz-Birkenau, qui a assisté avec stupeur à la victoire historique du Parti de la liberté (FPÖ) en Autriche. Pour lui, les électeurs ont été dupés comme autrefois Adolf Hitler – né en Autriche – a  trompé les Allemands. Et il y a cette peur de l’oubli qui les tourmente. “Que ce soit noyé dans la mémoire de l’Histoire”, redoute Pinchas Gutter ou dans le flot incessant des réseaux sociaux, comme l’observe Eva Shainblum. “Je le vois, même chez mes petits-enfants”, déplore-t-elle. “Je m’inquiète pour la nouvelle génération parce qu’aujourd’hui ils n’ont pas la patience d’écouter, ils ont cette machine (smartphone) et ils sont dessus jour et nuit.” “Pendant des décennies on a dit qu’on en parlait trop (…) mais plus les générations se renouvellent, moins elles sont au courant de ce qu’il s’est passé”, abonde la Hongroise Judit Varga Hoffmann, 97 ans, déportée à Auschwitz-Birkenau.Au point que la Russe Elena Jabina, 82 ans, qui n’était qu’un bébé de sept mois lorsqu’elle fut déportée dans le camp de concentration de Klooga (Estonie), craint qu’après la mort des survivants “il ne restera probablement pas de souvenir”. “Il y a une phrase du Talmud qui dit: + celui qui oublie son passé est condamné à le revivre”, met en garde Catherine Chalfine, en retraçant l’histoire de son père Gabriel Bénichou, 98 ans, né en Algérie française arrêté à Marseille, déporté à Auschwitz-Birkenau et qui aujourd’hui ne peut plus vraiment s’exprimer.Quel désarroi enfin pour l’Autrichienne sinti Rosa Schneeberger, 88 ans,déportée à l’âge de cinq ans dans le “camp tsigane” de Lackenbach (Autriche), de voir s’éteindre la culture et la langue de sa minorité, à l’origine itinérante dans l’ouest de l’Europe.”Les Sintis sont en train de disparaître” car “la plupart sont morts durant la guerre” et il n’y a plus eu assez de survivants pour maintenir une communauté.- Injonction à résister -Et pourtant. Il y a ce message d’espoir, cette incroyable foi en la vie de ceux qui ont failli la perdre.On sursaute en écoutant Gyorgyi Nemes qui, à Montréal, après avoir raconté “l’enfer” de sa déportation, conclut l’entretien par ces mots : “J’ai enterré mon mari il y a dix ans mais j’ai un fils, une belle-fille et ma famille. Je vous le dis, je suis la personne la plus chanceuse au monde.” Et que dire de la Sud-africaine Ella Blumenthal, 103 ans, qui a survécu au ghetto de Varsovie, à Majdanek, à Auschwitz-Birkenau, à Bergen-Belsen qui évoque “l’art de survivre” et le “miracle” de vivre ? “On m’a aidée à survivre, à rester debout pour dire: +quel monde merveilleux ! +” s’exclame cette femme née à Varsovie et dont toute la famille, 23 personnes au total, a été assassinée.Il y a chez ces survivants une injonction à résister. Tous, à leur manière, lancent  un vibrant appel en faveur de la liberté, de la paix, de la tolérance et contre l’antisémitisme, le racisme et le fascisme qui rongent le monde.”Avoir toujours l’espoir de survivre et lutter pour cela”, dit l’Argentine Raquel Lily Soriano Alhadeff, 97 ans, née à Rhodes, île grecque alors sous domination italienne. Alors qu’elle n’avait que 18 ans, la vieille dame aux cheveux tirés et qui porte un élégant collier de perles, est parvenue à s’échapper de Kaufering, un camp satellite de celui de Dachau en Allemagne, peu avant qu’il ne soit libéré.”Passer le flambeau aux jeunes”, insiste de son côté Marek Dunin-Wasowicz, engagé à 15 ans dans la résistance polonaise, échappé de la “Marche de la mort” et témoin, 75 ans plus tard, dans l’un des derniers procès au monde de responsables nazis, celui de l’ancien garde SS Bruno Dey.”Ils sont notre seul espoir”, poursuit-il, “ils doivent se souvenir pas seulement de ceux qui sont morts – tués ou qui ne sont plus là – mais aussi que c’est arrivé et que cela ne doit pas se répéter”.Et c’est à eux que s’adresse le Français Guy Poirot, lui dont l’existence relève du miracle. Né début 1945 dans le camp de concentration de Ravensbrück, il y a vécu ses 46 premiers jours. “A vous, jeunes, de vous prendre en main, d’écouter ceux qui vous ont donné une conscience (…) de travailler ensemble, de réfléchir ensemble”, exhorte-t-il. “La vie est un engagement !”

SpaceX set for seventh test of Starship megarocket

Elon Musk’s SpaceX is gearing up for the seventh orbital flight test of Starship, the colossal prototype rocket the company hopes will help humans colonize Mars.A launch window from the company’s Starbase in Boca Chica, Texas, opens at 4:00 pm (2200 GMT) Wednesday and will be carried in a live webcast on Musk’s X platform.Space enthusiasts will be eager to see if SpaceX can replicate the stunning feat of catching the first-stage Super Heavy booster in the launch tower’s “chopstick” arms during descent, approximately seven minutes after liftoff.The maneuver was successfully achieved in October but not during the following flight in November, when President-elect Donald Trump joined Musk to witness the test from mission control.Instead, Super Heavy made a more subdued splashdown in the Gulf of Mexico. This time around, SpaceX announced it had implemented “hardware upgrades to the launch and catch tower to increase reliability for booster catch,” including enhancements to sensor protections on the chopsticks that were damaged during the launch, causing the booster’s offshore diversion.Starship has also undergone several design refinements. Its latest iteration now stands at 403 feet (123 meters) tall, slightly taller than previous versions and roughly 100 feet higher than the Statue of Liberty.Upgrades include a redesigned upper-stage propulsion system capable of carrying 25 percent more propellant, along with modifications to the forward flaps. The flaps have been reduced in size and repositioned to reduce their exposure to intense heat during atmospheric reentry.For the first time, Starship will deploy a payload: 10 Starlink simulators, comparable in size and weight to the company’s internet satellites. Both the simulators and Starship’s upper stage are set to splash down in the Indian Ocean about an hour after launch.- Betting on Starship -SpaceX already dominates the orbital launch market with its Falcon 9 and Falcon Heavy rockets, which serve commercial clients, NASA and the Pentagon.But the company has made it clear it sees Starship as its future, with Chief Operating Officer Gwynne Shotwell recently indicating it would succeed the Falcon rockets around the turn of the next decade. Designed to be fully reusable, Starship’s test flights currently cost around $90 million, according to analytical group Payload Research, though Musk has expressed confidence in eventually reducing that figure to as low as $10 million per launch.The first three test flights ended in dramatic explosions, resulting in the loss of vehicles. However, SpaceX has rapidly iterated on its design, reflecting its “fail fast, learn fast” philosophy.Musk is aiming to drastically ramp up the frequency of tests, requesting permission from the Federal Aviation Administration to carry out 25 in 2025.The FAA is currently holding public meetings over the issue. Critics have accused the company of causing environmental harms, including disruption to nearby ecologically sensitive areas and alleged violations of wastewater regulations at the launch site.But with Musk now part of Trump’s inner circle, the billionaire could find a more favorable regulatory landscape under the incoming administration.

Mozambique inaugurates new president amid deadly unrestWed, 15 Jan 2025 06:18:07 GMT

Mozambique President-elect Daniel Chapo will be sworn into office Wednesday after weeks of deadly political unrest but the main opposition leader has vowed to “paralyse” the country with fresh protests against the fiercely disputed election result.Venancio Mondlane had already called for a national strike in the days leading up to the inauguration and threatened on Tuesday …

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Pakistan’s Imran Khan defiant even as longer sentence looms

Imran Khan, Pakistan’s most popular politician, is facing a 14-year prison term this month in a case his party says is being used to pressure him into silence.The former prime minister, long a source of frustration for the powerful military, has been in custody since August 2023 and faces a slew of legal cases he says are politically motivated.A looming verdict for graft linked to a welfare foundation he set up with his wife, the Al-Qadir Trust, is the longest-running of those cases, with a verdict postponed on Monday for a third time.”The Al-Qadir Trust case, like previous cases, is being dragged on only to pressure me,” Khan said this month in one of his frequent statements railing against authorities and posted on social media by his team.”But I demand its immediate resolution.”Analysts say the military establishment is using the sentence as a bargaining chip with Khan, whose popularity undermines a shaky coalition government that kept his party from power in elections last year.”The establishment’s deal is he comes out and stays quiet, stays decent, until the next election,” said Ayesha Siddiqa, a London-based author and analyst on Pakistan’s military.- ‘Politically motivated’ -Analysts say the military are Pakistan’s kingmakers, although the generals deny interfering in politics.Khan said he had once been offered a three-year exile abroad and was also “indirectly approached” recently about the possibility of house arrest at his sprawling home on the outskirts of the capital. “We can assume from the delays that this is a politically motivated judgement. It is a Damocles sword over him,” Khan’s legal adviser Faisal Fareed Chaudhry told AFP.”The case has lost its credibility,” he said, adding that Khan will not accept any deal to stay silent.Khan has been convicted and sentenced four times in other cases Two cases have been overturned by the Supreme Court, while judges have suspended the sentences from the other two.The specialist anti-graft “accountability court” is set to announce the verdict and sentence in the welfare foundation case on Friday, two days after government envoys are scheduled to meet leaders from Khan’s Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) party to ease tensions.The PTI has previously sworn to refuse talks with a government its leaders claim is illegitimate, alleging the coalition seized power by rigging February 2024 polls.They say they will only take part if political prisoners are released and an independent inquiry is launched into allegations of a heavy-handed response by authorities to PTI protests.Otherwise, Khan has threatened to pull his party from the negotiations and continue with a campaign of civil disobedience that has frequently brought Islamabad to a standstill.The most recent protests flared around November 26, when the PTI allege at least 10 of their activists were shot dead. The government says five security force members were killed in the chaos.”The government would like to appear legitimate, and for that they need PTI to sit down in talks with them,” said Asma Faiz, associate professor of political science at Lahore University of Management Sciences.”Ideally, they would be looking to offer some relief to Imran Khan and his party to appease the domestic and international criticism,” she told AFP.- ‘PTI won’t budge’ -For now, it appears to be a stalemate, said Michael Kugelman, South Asia Institute director at The Wilson Center in Washington.”The army might be willing to give Khan a deal that gets him out of jail, but Khan wouldn’t accept the likely conditions of his freedom,” he told AFP.”Another problem is I can’t imagine the government agreeing to an investigation of November 26. But PTI won’t budge on that demand.”A stint in exile is common in the trajectory of political leaders in Pakistan who fall out of favour with the military and find themselves before the courts, only to return to power later.Three-time prime minister Nawaz Sharif served only a fraction of a sentence for corruption, spending several years in London before returning to Pakistan in late 2023.Former and current president Asif Ali Zardari moved to Dubai after his party was rebuked by the generals.Both men are now considered the chief architects of the ruling coalition.But exile might not fit with the carefully worked image of Khan, whose political rise was based on the promise of replacing decades of entrenched dynastic politics.”I will live and die in Pakistan,” Khan said in a statement shared by his lawyers. “I will fight for my country’s freedom until my last breath, and I expect my nation to do the same.”

Bangladesh’s Yunus demands return of stolen billions

Bangladesh’s interim leader Muhammad Yunus on Wednesday demanded the return of stolen assets, decrying the scale of corruption under the ousted government of Sheikh Hasina, toppled by a revolution last year.Hasina, 77, fled a revolution in August 2024 to neighbouring India, where she has defied extradition requests from Bangladesh to face charges including mass murder.”The theft of billions of dollars in public funds has left Bangladesh with a significant financial deficit,” Yunus said in a statement.”The funds stolen from Bangladesh belong to its people. We will continue to work with our international partners to ensure that justice is done.”Yunus said he expected “assets to be returned”, adding that the stolen funds have “not only robbed the people of Bangladesh, but also disrupted the country’s progress toward economic stability”.Bangladesh’s Anti-Corruption Commission (ACC) is investigating Hasina and her wider family, including her niece, British lawmaker and anti-corruption minister Tulip Siddiq.Siddiq on Tuesday resigned from her position, but repeated her denial that she had done anything wrong.The ACC’s probe of Hasina’s family is linked to the embezzlement of $5 billion connected to a Russian-funded nuclear power plant, as well as an alleged land grab of lucrative plots in a suburb of the capital Dhaka.A British Sunday Times investigation revealed details about the claims Siddiq spent years living in a London flat bought by an offshore company connected to two Bangladeshi businessmen.The flat was eventually transferred as a gift to a Bangladeshi lawyer with links to Hasina, her family and her ousted government, according to the newspaper.It also reported Siddiq and her family were given or used several other London properties bought by members or associates of Hasina’s Awami League party.”Tulip Siddiq may not have fully understood the origins of the money and properties she enjoyed in London,” Yunus said.”However, now that she knows, she should seek forgiveness from the people of Bangladesh.”

Comment le monde a découvert l’existence des camps de la mort nazis

A la fin de la Seconde guerre mondiale, la libération des premiers camps de la mort nazis a peu de retentissement. Mais les images de ce que les Alliés y découvrent, d’abord censurées, vont faire prendre conscience au monde de l’horreur de la Shoah.La libération des camps de concentration et d’extermination nazis intervient dans le sillage de l’avancée vers Berlin des armées alliées.Le premier camp majeur découvert est, le 24 juillet 1944, celui de Majdanek (dans la banlieue de Lublin, Pologne), libéré par l’Armée rouge. Les derniers le sont le 9 mai 1945, au lendemain de la capitulation allemande, avec la libération de Theresienstadt (ou Terezin en tchèque) au nord de Prague et de Stutthof, près de l’actuelle ville de Gdansk (Pologne).Dès le mois de juin 1944, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler avait ordonné l’évacuation des camps avant l’arrivée des Alliés et le transfert des détenus vers d’autres camps.L’ordre concernait en premier lieu les camps situés dans les pays baltes, menacés par l’avancée de l’Armée rouge. Avant de prendre la fuite, les officiers SS avaient pour consigne d’effacer les traces de leurs crimes.Ainsi la libération par l’Armée rouge d’Auschwitz-Birkenau (en Pologne occupée), le 27 janvier 1945, a-t-elle été précédée par la dissolution progressive du complexe à partir de l’été 1944 et par l’évacuation de plus de 60.000 détenus.Lorsque les Soviétiques arrivent, ils ne découvrent que quelque 7.000 prisonniers qui avaient été incapables de marcher et de suivre leurs camarades dans les “Marches de la mort”.- La censure, puis le choc -La découverte des premiers camps n’a guère de retentissement auprès du grand public. Des commissions d’enquête russes et polonaises prennent bien des photos à Majdanek et à Auschwitz et les services photographiques de l’armée américaine réalisent un reportage sur le Struthof, seul camp de concentration nazi situé sur le territoire français actuel.Mais les images ne sont pas diffusées auprès du grand public.En France en particulier, les autorités ne veulent pas alarmer les familles sur le sort des “absents” (déportés, prisonniers de guerre, requis du travail obligatoire).Un véritable tournant dans le traitement médiatique intervient le 6 avril 1945 avec la découverte du camp d’Ohrdruf, une annexe de Buchenwald (Allemagne). Quand les Américains, accompagnés du correspondant de guerre Meyer Levin et du photographe français de l’AFP Eric Schwab, y pénètrent, ils voient les brasiers encore fumants, les prisonniers décharnés exécutés d’une balle dans la tête.Le 12 avril, une visite officielle d’Ohrdruf est organisée pour les généraux Patton, Bradley et Eisenhower. “Je n’ai jamais de ma vie éprouvé un choc aussi profond”, dit ce dernier. Leur décision est immédiate: “Toute censure doit sauter”.Le soir même, le quotidien français Ce Soir publiera à sa Une la réaction du général Patton – “Plus de pitié pour les bourreaux” – et l’image d’un charnier.