Etats-Unis: un migrant expulsé par erreur vers le Salvador dit y avoir été torturé

Un immigré salvadorien expulsé par erreur puis ramené aux Etats-Unis après des mois de guérilla judiciaire assure avoir été battu et soumis à des tortures psychologiques lors de son incarcération dans son pays, selon des documents judiciaires déposés par ses avocats.Kilmar Abrego Garcia, 30 ans, actuellement écroué aux Etats-Unis où il est accusé d’avoir transporté des migrants clandestins, a passé plusieurs mois dans une prison de haute sécurité au Salvador après son expulsion avec plus de 250 hommes, la plupart soupçonnés d’appartenir à un gang vénézuélien.Son cas est devenu emblématique de l’opposition entre la justice fédérale et l’administration de Donald Trump au sujet de sa politique d’expulsions massives.Le président américain a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue et communique abondamment sur les expulsions d’immigrés.M. Abrego Garcia “a été soumis à d’importants mauvais traitements à son arrivée au CECOT (Centre de confinement du terrorisme, ndlr), dont des coups violents, de la privation de sommeil, une alimentation inadaptée et la torture psychologique”, ont indiqué ses avocats dans un document remis à un tribunal du Maryland (est) où ce Salvadorien, marié à une Américaine, résidait habituellement.Ils assurent qu’à leur arrivée “lui et 20 autres Salvadoriens ont été contraints de rester à genoux d’environ 21h00 et à 06h00, avec des surveillants frappant ceux qui tombaient de fatigue”. Pendant ce temps, “il n’a pas été autorisé à aller aux toilettes et s’est souillé”.Les prisonniers étaient gardés dans des cellules surpeuplées sans fenêtre et avec de l’éclairage artificiel 24 heures sur 24, selon les avocats qui disent que leur client a perdu 14 kilos durant les deux premières semaines de son incarcération.Actuellement en détention dans le Tennessee (sud), où il est poursuivi pour trafic de migrants, Kilmar Abrego Garcia avait demandé fin juin à rester en prison par crainte d’être de nouveau expulsé dès sa libération.

L’ONU espère voir les Etats-Unis retrouver leur place dans le financement du développement

La conférence de Séville sur le financement du développement (FfD4) a pris fin jeudi sur un appel à une plus grande “coopération” entre nations, l’ONU disant espérer que les Etats-Unis retrouvent une place centrale dans l’aide aux pays du Sud.”Faisons en sorte qu’on se souvienne de la FfD4 comme d’une conférence où le monde a choisi la coopération plutôt que la fragmentation”, a déclaré la vice-secrétaire générale de l’ONU Amina Mohammed en clôturant cette rencontre de quatre jours organisée dans le sud de l’Espagne.Un message relayé par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a appelé à combattre le “discours de haine” porté par certains pays. “Le développement n’est pas réservé à quelques privilégiés, bénis par la chance d’être nés dans un environnement favorable. Il s’agit d’un droit”, a-t-il ajouté.Au total, une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont participé à cette rencontre, la quatrième du genre depuis 2002. Une participation plus faible qu’espérée, et marquée par l’absence notable des Etats-Unis, qui n’ont envoyé aucune délégation à Séville.L’administration de Donald Trump, qui a supprimé ces derniers mois une grande partie des aides américaines aux pays en voie de développement, avait en effet décidé de quitter la table des négociations pour protester contre le texte soumis aux délégations, accusé d’empiéter sur leur “souveraineté”.Interrogée en conférence de presse, Amina Mohammed a confié qu’elle aurait espéré “voir plus de dirigeants” présents.”Mais cela ne signifie pas que nous ne les aurons pas à nos côtés” pour mettre en place les mesures adoptées à Séville, a-t-elle ajouté, en se disant confiante concernant les Etats-Unis.”L’absence des États-Unis” est toujours un fait “important”, a-t-elle insisté. “Ils sont un acteur majeur, et ont apporté des financements et un soutien au fil des ans pour le développement durable (…) Nous attendons avec impatience le moment où ils reviendront”.Avec 63 milliards de dollars d’aide publique en 2024, les Etats-Unis étaient le principal pays donateur pour de nombreuses agences et ONG. Selon une étude de The Lancet, l’effondrement des financements américains pourrait entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires dans le monde d’ici 2030.La conférence de Séville “a montré que des défis considérables” subsistaient pour permettre aux pays du Sud d’atteindre leurs “objectifs de développement durable”, a estimé dans un communiqué l’ONG Oxfam, en appelant à plus de “multilatéralisme” face à l'”incertitude géopolitique” actuelle.

L’ONU espère voir les Etats-Unis retrouver leur place dans le financement du développement

La conférence de Séville sur le financement du développement (FfD4) a pris fin jeudi sur un appel à une plus grande “coopération” entre nations, l’ONU disant espérer que les Etats-Unis retrouvent une place centrale dans l’aide aux pays du Sud.”Faisons en sorte qu’on se souvienne de la FfD4 comme d’une conférence où le monde a choisi la coopération plutôt que la fragmentation”, a déclaré la vice-secrétaire générale de l’ONU Amina Mohammed en clôturant cette rencontre de quatre jours organisée dans le sud de l’Espagne.Un message relayé par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a appelé à combattre le “discours de haine” porté par certains pays. “Le développement n’est pas réservé à quelques privilégiés, bénis par la chance d’être nés dans un environnement favorable. Il s’agit d’un droit”, a-t-il ajouté.Au total, une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont participé à cette rencontre, la quatrième du genre depuis 2002. Une participation plus faible qu’espérée, et marquée par l’absence notable des Etats-Unis, qui n’ont envoyé aucune délégation à Séville.L’administration de Donald Trump, qui a supprimé ces derniers mois une grande partie des aides américaines aux pays en voie de développement, avait en effet décidé de quitter la table des négociations pour protester contre le texte soumis aux délégations, accusé d’empiéter sur leur “souveraineté”.Interrogée en conférence de presse, Amina Mohammed a confié qu’elle aurait espéré “voir plus de dirigeants” présents.”Mais cela ne signifie pas que nous ne les aurons pas à nos côtés” pour mettre en place les mesures adoptées à Séville, a-t-elle ajouté, en se disant confiante concernant les Etats-Unis.”L’absence des États-Unis” est toujours un fait “important”, a-t-elle insisté. “Ils sont un acteur majeur, et ont apporté des financements et un soutien au fil des ans pour le développement durable (…) Nous attendons avec impatience le moment où ils reviendront”.Avec 63 milliards de dollars d’aide publique en 2024, les Etats-Unis étaient le principal pays donateur pour de nombreuses agences et ONG. Selon une étude de The Lancet, l’effondrement des financements américains pourrait entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires dans le monde d’ici 2030.La conférence de Séville “a montré que des défis considérables” subsistaient pour permettre aux pays du Sud d’atteindre leurs “objectifs de développement durable”, a estimé dans un communiqué l’ONG Oxfam, en appelant à plus de “multilatéralisme” face à l'”incertitude géopolitique” actuelle.

Le vaste projet de loi budgétaire de Trump en passe d’être adopté au Congrès

Les républicains au Congrès américain ont finalement réussi à surmonter, tôt jeudi matin, les objections d’élus réfractaires dans leur camp pour se rapprocher d’une adoption définitive du vaste projet de loi budgétaire de Donald Trump, que les démocrates tentent de retarder au maximum.”Quelle nuit magnifique”, s’est félicité le président américain jeudi matin sur son réseau Truth Social, évoquant “l’un des projets de loi les plus importants de tous les temps”.Plusieurs élus conservateurs avaient fait part de leur opposition au texte, dénonçant notamment le creusement de la dette publique attendu avec cette législation.Avec une majorité de seulement huit sièges, le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.Mais ces réticences ont été levées après des négociations en coulisses menées dans la nuit par le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, avec l’aide du locataire de la Maison Blanche.Le vote final de la “grande et belle loi”, comme l’a baptisée le président lui-même, va désormais pouvoir se tenir à la Chambre des représentants, où le chef de file de la minorité démocrate, Hakeem Jeffries, tentent jeudi de le retarder au maximum avec un discours fleuve.M. Jeffries, qui a pris la parole aux alentours de 5H00 du matin (9H00 GMT) dans l’hémicycle de Washington, continuait de parler peu avant midi, près de sept heures plus tard, pour dénoncer le projet de loi, une “monstruosité répugnante”, selon lui, qui “fera souffrir les Américains ordinaires” au profit des plus riches.- Téléphone -Avant cela, Donald Trump avait commencé à élever le ton.”Qu’est-ce que les républicains attendent??? Qu’est-ce que vous essayez de prouver???”, avait-il lancé sur sa plateforme Truth Social peu après minuit.Selon le quotidien The Hill, Donald Trump a parlé au téléphone dans la nuit pour convaincre les républicains ayant voté “non” de changer leur vote.Ce projet de loi représente la clé de voûte de son programme économique. Depuis plusieurs semaines, il presse le Congrès de l’adopter avant vendredi, jour de la fête nationale qu’il a fixé comme échéance symbolique pour la promulgation.En tête d’affiche du projet de loi: la prolongation de colossaux crédits d’impôt adoptés lors du premier mandat du républicain. L’élimination de l’imposition sur les pourboires, promesse phare de sa campagne, est aussi prévue, de même que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration.Selon des analyses indépendantes, les principaux bénéficiaires de la “One Big Beautiful Bill” seront cependant les ménages les plus aisés, tandis que des millions d’Américains aux revenus modestes pourraient perdre leur accès à des programmes publics d’assurance santé ou d’aide alimentaire.- “Freiner notre dette” -Experts comme politiques pointent aussi du doigt l’explosion attendue du déficit public.Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d’évaluer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d’ici 2034.”Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale”, a affirmé Keith Self, un élu républicain à la Chambre, pour justifier avoir voté “non” lors du vote de procédure.L’élu texan a accusé ses collègues du Sénat d’avoir “piétiné” la version adoptée précédemment à la Chambre, avant d’ajouter qu’au bout du compte c’était pour lui “une question de morale”.Comme trois autres collègues, il a finalement changé son vote en “pour” quelques heures plus tard.Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains prévoient de sabrer dans Medicaid, programme public d’assurance santé dont dépendent des millions d’Américains aux faibles revenus.Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.Sans surprise, les démocrates s’opposent en bloc au texte.

Le vaste projet de loi budgétaire de Trump en passe d’être adopté au Congrès

Les républicains au Congrès américain ont finalement réussi à surmonter, tôt jeudi matin, les objections d’élus réfractaires dans leur camp pour se rapprocher d’une adoption définitive du vaste projet de loi budgétaire de Donald Trump, que les démocrates tentent de retarder au maximum.”Quelle nuit magnifique”, s’est félicité le président américain jeudi matin sur son réseau Truth Social, évoquant “l’un des projets de loi les plus importants de tous les temps”.Plusieurs élus conservateurs avaient fait part de leur opposition au texte, dénonçant notamment le creusement de la dette publique attendu avec cette législation.Avec une majorité de seulement huit sièges, le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.Mais ces réticences ont été levées après des négociations en coulisses menées dans la nuit par le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, avec l’aide du locataire de la Maison Blanche.Le vote final de la “grande et belle loi”, comme l’a baptisée le président lui-même, va désormais pouvoir se tenir à la Chambre des représentants, où le chef de file de la minorité démocrate, Hakeem Jeffries, tentent jeudi de le retarder au maximum avec un discours fleuve.M. Jeffries, qui a pris la parole aux alentours de 5H00 du matin (9H00 GMT) dans l’hémicycle de Washington, continuait de parler peu avant midi, près de sept heures plus tard, pour dénoncer le projet de loi, une “monstruosité répugnante”, selon lui, qui “fera souffrir les Américains ordinaires” au profit des plus riches.- Téléphone -Avant cela, Donald Trump avait commencé à élever le ton.”Qu’est-ce que les républicains attendent??? Qu’est-ce que vous essayez de prouver???”, avait-il lancé sur sa plateforme Truth Social peu après minuit.Selon le quotidien The Hill, Donald Trump a parlé au téléphone dans la nuit pour convaincre les républicains ayant voté “non” de changer leur vote.Ce projet de loi représente la clé de voûte de son programme économique. Depuis plusieurs semaines, il presse le Congrès de l’adopter avant vendredi, jour de la fête nationale qu’il a fixé comme échéance symbolique pour la promulgation.En tête d’affiche du projet de loi: la prolongation de colossaux crédits d’impôt adoptés lors du premier mandat du républicain. L’élimination de l’imposition sur les pourboires, promesse phare de sa campagne, est aussi prévue, de même que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration.Selon des analyses indépendantes, les principaux bénéficiaires de la “One Big Beautiful Bill” seront cependant les ménages les plus aisés, tandis que des millions d’Américains aux revenus modestes pourraient perdre leur accès à des programmes publics d’assurance santé ou d’aide alimentaire.- “Freiner notre dette” -Experts comme politiques pointent aussi du doigt l’explosion attendue du déficit public.Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d’évaluer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d’ici 2034.”Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale”, a affirmé Keith Self, un élu républicain à la Chambre, pour justifier avoir voté “non” lors du vote de procédure.L’élu texan a accusé ses collègues du Sénat d’avoir “piétiné” la version adoptée précédemment à la Chambre, avant d’ajouter qu’au bout du compte c’était pour lui “une question de morale”.Comme trois autres collègues, il a finalement changé son vote en “pour” quelques heures plus tard.Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains prévoient de sabrer dans Medicaid, programme public d’assurance santé dont dépendent des millions d’Américains aux faibles revenus.Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.Sans surprise, les démocrates s’opposent en bloc au texte.

US trade deficit widens in May as Trump tariffs fuel uncertainty

The US trade deficit widened more than expected in May, with both imports and exports declining as US President Donald Trump’s tariffs sent shock waves through the economy and snagged supply chains.Trade data published Thursday showed the world’s biggest economy logged an overall trade gap of $71.5 billion, in the month after Trump imposed a 10 percent duty on most trading partners before pausing steeper rates for dozens of these economies.This was an expansion from the $60.3 billion deficit in April, according to the Commerce Department.The figures, however, came as both imports and exports shrank in May.US imports were down 0.1 percent to $350.5 billion, as incoming shipments of goods ticked down.Imports of consumer goods dropped by $4.0 billion, with those of certain apparel and toys both sliding, although imports of autos and parts climbed.US exports, meanwhile, dropped by 4.0 percent to $279.0 billion, with declines largely seen in industrial supplies and materials, the report showed.US trade has been rocked by Trump’s sweeping tariff announcements since the start of this year, as companies stocked up to get ahead of expected levies and halted shipments to wait for high duties to come down.This was the case when Trump doubled down on tariffs impacting goods from China in April. Tit-for-tat tariffs on both sides surged to prohibitive levels before Washington and Beijing de-escalated tensions in mid-May.Trade is “at risk of introducing more volatility in the data,” said Bernard Yaros, lead US economist at Oxford Economics.This is especially as the world heads towards a July 9 deadline when Trump’s pause on higher duties for dozens of economies including the European Union, Japan and South Korea is due to expire.”A worst-case tariff outcome this month would apply further downward pressure on imports,” Yaros warned.The path forward is unclear and he expects levels to land somewhere between their current position and the steep levels initially unveiled in April.He cited a US deal with Vietnam announced Wednesday where the country averted the harsh tariff rate Trump first announced.But Yaros maintains that “the true health of the economy will be better distilled by the consumer and business spending figures, which are showing signs of weakness.”Carl Weinberg, chief economist at High Frequency Economics, expects Federal Reserve policymakers to look past the fluctuations in inventories as they decide on further interest rate adjustments.”There is not much in this report to alter the Fed’s view that the economy remains strong,” he said.

Procédure contre symbole: tensions autour d’une statue de Jeanne d’Arc à Nice

La justice se prononcera mi-juillet sur le sort d’une monumentale statue de Jeanne d’Arc, érigée à l’automne à Nice et devenue un point de crispation, entre symbole national et respect du code de la commande publique.Au départ, c’est d’abord l’histoire d’un parking souterrain construit devant l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, dans un quartier résidentiel près du centre-ville par la régie Parcs d’Azur, organisme public dépendant de la métropole.Compte tenu de l’emplacement, la métropole a choisi d’agrémenter le parc aménagé en surface d’une statue de la Pucelle.Une commande de 170.000 euros, pour la statue d’une figure religieuse récemment adoptée par l’extrême droite, confiée à l’Atelier Missor, dont les rêves de statues en titane ont récemment attiré un compliment d’Elon Musk sur X…L’initiative a provoqué des réticences à gauche, d’autant qu’elle est portée par Gaël Nofri, président de Parcs d’Azur, adjoint au maire Christian Estrosi (Horizons) mais passé par le Front national.Installée à l’automne 2024, lors de l’inauguration du stationnement, la statue en bronze doré à l’or fin montre une Jeanne jeune et ardente, en armure et à cheval, brandissant une épée qu’elle tient par la lame. Un geste d’apaisement selon Missor, une manière détournée de brandir une croix selon ses détracteurs.Au-delà des symboles, c’est un doute beaucoup plus prosaïque sur la légalité du marché public qui a poussé l’ancien préfet Hugues Moutouh, admirateur revendiqué de Jeanne d’Arc, à saisir le tribunal administratif.La décision est tombée en janvier: faute de mise en concurrence, le marché a été annulé et ordre a été donné de démonter la statue.”Je ne céderai rien. Les déboulonneurs de notre grand destin national peuvent passer leur chemin”, a promis M. Estrosi.”Si on déboulonne la statue de Jeanne d’Arc, c’est comme si on la brûlait une deuxième fois!”, a lancé Missor sur les réseaux sociaux, accusant “la bureaucratie, avec la complicité d’intellectuels de gauche et de profs des Beaux-Arts” de créer “un monde gris et triste”.- “Mieux que toutes les récupérations” -Saisie par la régie Parcs d’Azur et par Missor, la cour administrative d’appel de Marseille s’est penchée jeudi sur le dossier.En première instance, la régie avait argué avoir suivi une disposition du code de la commande publique, pouvant s’appliquer notamment aux oeuvres d’art, permettant de se passer de mise en concurrence lorsqu’un seul opérateur est en mesure de réaliser la commande. Mais le besoin identifié en l’espèce “est celui d’une statue de Jeanne d’Arc et non d’une statue de Jeanne d’Arc d’un artiste particulier”, a argué le rapporteur public jeudi, rappelant qu’au moment où la maîtrise d’ouvrage a été confiée à la régie Parcs d’Azur en avril 2022, “aucun nom d’artiste spécifique” n’a été donné et que l’Atelier Missor – créé en janvier 2021 – ne jouissait alors “d’aucune notoriété”.Rien ne prouvait qu’aucun autre atelier n’était capable de réaliser une grande statue en bronze de Jeanne d’Arc, a estimé le tribunal administratif de Nice en première instance.Selon Me Carine Chaix, avocate de l’atelier Missor, pour justifier l’absence de mise en concurrence dans le cadre d’une commande d’oeuvre d’art, “il n’y a plus d’autre critère que le fait que ce soit une oeuvre d’art ou une performance artistique unique”.”Au moment de la commande, l’Atelier Missor était connu et identifié par le président de la régie qui était tombé en admiration devant (leurs) bustes de Jeanne d’Arc. Ce style de l’Atelier Missor (lui) a immédiatement plu, c’est ce style qu’il est venu chercher”, a-t-elle ajouté lors de l’audience jeudi.Si l’annulation du marché est confirmée dans quinze jours, quand la cour administrative d’appel doit rendre son arrêt, la solution pourrait venir d’une cagnotte ouverte en janvier pour racheter la statue. Rapidement montée à plus de 52.000 euros, elle plafonne depuis plusieurs mois, mais pourrait être relancée en cas de décision contraire. La toute jeune statue a en effet déjà ses admirateurs. Elle est devenue un point de ralliement du RN et de Reconquête! et le 1er mai, plusieurs dizaines de jeunes identitaires du groupuscule niçois Aquila Popularis s’y sont donné rendez-vous.”Jeanne n’est pas un souvenir, elle est un ordre. Français, niçois, défends ton héritage !”, ont-ils lancé sur les réseaux sociaux.Mais M. Estrosi a lui aussi organisé une cérémonie quelques semaines plus tard devant la statue, avec porte-drapeaux et marseillaise: “Notre Jeanne d’Arc est apaisée et forte à la fois. Elle rassemble et vaut infiniment mieux que toutes les récupérations”. 

Crise du vin: les caves coopératives en première ligne

Les caves coopératives produisent toujours la moitié du vin français, mais confrontées à la crise générale du secteur, certaines peinent à tenir leur rôle d’amortisseur social, et déjà des rapprochements s’annoncent.”C’est une lente descente aux enfers”, décrit Joël Boueilh, président des Vignerons Coopérateurs de France, qui tiennent jeudi à Paris leur 52e congrès avec pour mot d’ordre “Cap sur la transformation”.Climat, recul de la consommation, droits de douane menaçants, les nuages s’amoncellent pour la viticulture.Les quelque 550 coopératives du pays, réunissant près de 60% des vignerons français, sont traditionnellement “un tampon, un amortisseur” pour leurs adhérents, dont elles achètent, vinifient, écoulent le raisin, souligne Joël Boueilh.Pendant quatre années d’aléas météorologiques, “on a peu produit mais on a essayé de garder les revenus des vignerons. En 2025, on va avoir une récolte normale mais désormais on se demande: qui va boire ce vin?”Au cours de ces années “on a consommé de la trésorerie, si bien qu’aujourd’hui des caves n’ont plus de ressources pour leur gestion quotidienne”, poursuit le vigneron gersois.Déjà 2024 a vu des défaillances, avec “quelques plans sociaux”, alors que les coopératives, qui réunissent 35.000 vignerons, emploient aussi en propre 17.000 salariés.A cela s’ajoute la campagne d’arrachage de 27.000 hectares de plants: “des cuves resteront vides, tandis que les charges seront identiques”, souligne Joël Boueilh.Selon le syndicat, une centaine de coopératives sont en difficulté et “vont devoir envisager sérieusement regroupements, fusions…”, en tout cas une “mutualisation de charges”, et pas seulement dans le Sud et les régions productrices de vin rouge.”Il y a toujours eu des mouvements de fusions, mais on est à la veille d’une accélération notable”, prévient Joël Boueilh: on s’éloigne toujours plus du “une cave par village” du début du XXe siècle.- “Vision moderne” -En Alsace, terroir de blancs et de bulles, les coopératives ont un autre avantage, note Pierre-Olivier Baffey, président de la cave Bestheim: depuis les années 1950 elles mettent en bouteille et vendent elles-mêmes aux clients.Pour autant, il note un “petit tassement de la performance”, et depuis deux ans il a fallu fournir un “complément de revenu” aux 310 adhérents. Alors Bestheim, déjà issue de la fusion de quatre entités dans les années 2000, discute aujourd’hui d’un rapprochement avec une cave voisine.Objectif: développer des équipements pour le crémant, et soutenir le développement commercial, y compris en France, explique-t-il.Dans le Luberon, Michel Isouard, de la cave Louerion, abonde: “On a peut-être un peu trop laissé le négoce aux négociants”, dit l’administrateur, dont la cave vend beaucoup en direct et a diversifié son offre, entre blanc, rosé et bio. Pour Vincent Creton, directeur de la cave de Sancerre (76 vignerons), la forme “coopérative a un grand avenir, c’est une vision extrêmement moderne du vin et de l’entreprise, contrairement à ce qui a été véhiculé dans les années 70-80”.La cave née en 1963 s’est lancée dans une “modernisation des outils et de son image”: conquête de marchés aux États-Unis, mais aussi au Japon, repositionnement dans “le luxe abordable” en France, recrutement d’un maître de chais, nouveautés comme le rosé non millésimé.”L’objectif est la juste rémunération des coopérateurs”, dit M. Creton. En deux ans, son chiffre d’affaires est passé de 11,4 millions d’euros à plus de 15 millions.Jeudi au congrès, les Vignerons coopérateurs ont reçu la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, qui leur avait promis 10 millions d’euros d’aide à la restructuration (dépollution des sites, transport des matériels etc) dont ils attendent toujours le déblocage.”Les choses ne patinent pas”, s’est défendue Mme Genevard, invoquant le besoin d'”une expertise plus fine” par ses services sur la situation du secteur.Elle a invité “toute la profession viticole à une réunion de travail” le 8 juillet autour des “réponses structurelles” à apporter à la crise, dans un contexte budgétaire général difficile.”Nous devons aussi être en capacité de tirer les leçons des mesures qui ont été mobilisées ces dernières années à des hauteurs très importantes — plus d’un milliard d’euros — en réponse à une crise qui est toujours là”, a-t-elle ajouté.