NuclĂ©aire: pourparlers Ă Istanbul entre l’Iran et trois pays europĂ©ens
L’Iran tient vendredi en Turquie des pourparlers sur le nuclĂ©aire avec le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, parallèlement Ă des nĂ©gociations sur ce dossier avec Washington.Le trio europĂ©en – connu sous le nom de E3 – faisait partie des puissances mondiales, avec la Chine, la Russie et les Etats-Unis, qui ont nĂ©gociĂ© l’accord nuclĂ©aire historique de 2015 avec l’Iran, prĂ©voyant un encadrement des activitĂ©s nuclĂ©aires iraniennes en Ă©change d’une levĂ©e des sanctions internationales. Le texte est devenu de facto caduc Ă la suite de la dĂ©cision unilatĂ©rale des Etats-Unis de s’en retirer en 2018, sous la première prĂ©sidence de Donald Trump.Le prĂ©sident amĂ©ricain, qui depuis son retour Ă la Maison Blanche presse la RĂ©publique islamique de nĂ©gocier un nouvel accord, a indiquĂ© jeudi que son pays et l’Iran se rapprochaient de cet objectif. Selon le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, les discussions vendredi Ă Istanbul doivent se dĂ©rouler au niveau des vice-ministres des Affaires Ă©trangères. Une source diplomatique française a confirmĂ© la rĂ©union de vendredi.- “StratĂ©gie de confrontation” -Les Occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis, et IsraĂ«l, considĂ©rĂ© par des experts comme la seule puissance nuclĂ©aire au Moyen-Orient, soupçonnent l’Iran de chercher Ă se doter de l’arme atomique, ce que ce pays dĂ©ment en affirmant que son programme est destinĂ© Ă des fins civiles.Dans une tribune publiĂ©e dimanche sur le site de l’hebdomadaire français Le Point, M. Araghchi a mis en garde les pays europĂ©ens contre leur “stratĂ©gie de confrontation”.Fin avril, son homologue français, Jean-NoĂ«l Barrot, a affirmĂ© que le groupe E3 n’hĂ©siterait “pas une seule seconde” Ă rĂ©tablir des sanctions contre TĂ©hĂ©ran si la sĂ©curitĂ© europĂ©enne Ă©tait menacĂ©e par le programme nuclĂ©aire iranien.Les diplomates europĂ©ens font valoir qu’ils disposent de la possibilitĂ© de rĂ©enclencher le “snapback”, ce mĂ©canisme dans l’accord de 2015 qui permet de rĂ©imposer les sanctions internationales contre TĂ©hĂ©ran.”Cette stratĂ©gie de confrontation risque de provoquer une crise mondiale de prolifĂ©ration nuclĂ©aire qui affecterait au premier chef les EuropĂ©ens eux-mĂŞmes”, a prĂ©venu le chef de la diplomatie iranienne.Il a indiquĂ© toutefois que son pays Ă©tait “prĂŞt Ă tourner la page” dans ses relations avec l’Europe. La rĂ©union de vendredi intervient moins d’une semaine après un quatrième cycle de nĂ©gociations entre l’Iran et les Etats-Unis, sous la mĂ©diation d’Oman.Après son retour Ă la Maison Blanche en janvier, M. Trump a relancĂ© sa politique dite de “pression maximale” sur l’Iran et exhortĂ© l’Iran Ă nĂ©gocier un nouvel accord tout en menaçant de bombarder ce pays en cas d’Ă©chec de la diplomatie.Jeudi, le site d’information amĂ©ricain Axios, citant un responsable amĂ©ricain et d’autres sources, a rapportĂ© que l’administration Trump avait remis Ă l’Iran une “proposition Ă©crite” pour un accord nuclĂ©aire lors du dernier cycle de nĂ©gociations.- “Rameau d’olivier” -Mardi Ă Ryad, M. Trump a indiquĂ© avoir tendu aux dirigeants iraniens un “rameau d’olivier”, ajoutant qu’il s’agissait d’une offre qui ne durerait pas Ă©ternellement. Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprĂŞme iranien Ali Khamenei, a dĂ©clarĂ© mercredi Ă NBC News que TĂ©hĂ©ran s’engagerait Ă ne jamais fabriquer d’armes nuclĂ©aires, Ă se dĂ©barrasser de ses stocks d’uranium hautement enrichi, Ă n’enrichir l’uranium qu’aux niveaux nĂ©cessaires Ă un usage civil et Ă autoriser des inspecteurs internationaux Ă superviser le processus en Ă©change de la levĂ©e immĂ©diate de toutes les sanctions Ă©conomiques Ă l’encontre de la RĂ©publique islamique.Avant les pourparlers, la Chine, qui a rĂ©cemment tenu des discussions avec l’Iran sur son programme nuclĂ©aire, a dĂ©clarĂ© qu’elle restait “engagĂ©e Ă promouvoir un règlement politique et diplomatique de la question iranienne.”Elle a Ă©galement “saluĂ© l’engagement de l’Iran Ă ne pas dĂ©velopper d’armes nuclĂ©aires”, s’opposant “Ă toutes les sanctions unilatĂ©rales illĂ©gales”, selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires Ă©trangères, Lin Jian.L’Iran enrichit actuellement l’uranium Ă 60%, bien au-delĂ de la limite de 3,67% fixĂ©e par l’accord nuclĂ©aire de 2015, alors qu’un taux de 90% est nĂ©cessaire pour un usage militaire. Ses stocks de matière fissile inquiètent les puissances occidentales.Un an après le retrait des Etats-Unis de l’accord, l’Iran avait commencĂ© Ă revenir sur les engagements qu’il avait pris en 2015. TĂ©hĂ©ran insiste sur son droit Ă poursuivre l’enrichissement de l’uranium, affirmant que cela n’est pas nĂ©gociable, mais qu’il serait ouvert Ă des rĂ©ductions temporaires du niveau et du volume de l’enrichissement.









