“Erreur 404” : retour sur 48 heures de chaos en Afghanistan
Banques paralysées, avions cloués au sol, hôpitaux dépassés : pendant deux jours, la vie s’est arrêtée en Afghanistan quand les autorités talibanes ont coupé internet et le téléphone, prenant 48 millions d’Afghans de court.Si depuis des semaines, elles s’attelaient à restreindre, sur ordre du chef suprême des talibans, l’émir Hibatullah Akhundzada, les connexions par fibre optique de plusieurs provinces pour empêcher la “diffusion du vice”, personne à Kaboul n’imaginait, lundi, une coupure nationale. Sur les hauteurs de la capitale, une cuvette entourée de montagnes, les bras tendus vers le ciel, des Kaboulis ont d’abord tenté de capter un peu de réseau, ou acheté des cartes SIM de différents opérateurs, avant de se résigner. Ils ont alors réalisé qu’ils ne pouvaient plus donner de nouvelles à la famille éloignée ou en exil ni, surtout, recevoir les précieux transferts de fonds de la diaspora pour payer leurs factures. Les habitants d’Herat, dans l’Ouest, et de Kandahar, bastion taliban du Sud, avaient, eux, un avantage : en se rendant à la frontière, ils pouvaient capter les signaux des pays voisins, l’Iran et le Pakistan. Mais à Kaboul, où des hélicoptères volaient, ajoutant à la psychose d’un pays coupé du monde, la rumeur enflait. Certains imaginaient que les Américains avaient débarqué pour “reprendre l’ancienne base américaine de Bagram”, abandonnée à leur retrait en 2021 et récemment réclamée par leur président Donald Trump. D’autres murmuraient, à tort, que le chef suprême avait limogé le ministre de l’Intérieur Sirajuddin Haqqani, qui passe pour être sur une ligne dissidente au sein du mouvement selon les experts, et que la lutte intestine était lancée. -“Bientôt la bougie?”- Dans le pays, déjà l’un des plus pauvres au monde, le système bancaire a cessé de fonctionner. “Le retrait de liquide, les paiements par carte, les transferts de fonds : tout repose sur internet, on ne peut rien faire sans”, explique à l’AFP le directeur d’une banque privée. Pour les Afghans, pas d’autre choix que vivre avec le cash qu’ils avaient sur eux au moment de la coupure.Dans les rues à moitié désertes, les forces de sécurité talibanes, elles, communiquaient encore via talkie-walkie. “En 14 ans de métier, je n’ai jamais rien vu de tel. Après, ce sera quoi ? Couper l’électricité pour revenir à la bougie?”, pestait, sous couvert d’anonymat, l’un d’eux.Les vols nationaux et internationaux étaient aussi cloués au sol. Mais sans moyen d’être prévenus, les passagers continuaient d’affluer, accueillis par des écrans d’affichage obstinément vides. “Je reste à la maison car que se passerait-il s’il m’arrivait quelque chose? Je ne peux prévenir ni la police, ni ma famille”, s’inquiétait une Afghane. Du jour au lendemain, selon l’association MalalaFund, 2 millions d’Afghanes ont perdu les cours en ligne qui leur permettaient de contourner l’interdiction d’aller à l’école au-delà du primaire.”J’ai eu très peur que ça dure et que je rate ma licence… les cours en ligne, c’est tout ce qui me reste”, racontait mercredi une étudiante de 20 ans à l’AFP. Pour les autorités, comme pour les entreprises privées, sans services numériques ni livraison, les conséquences économiques ont été importantes, soulignent les experts.”Dix ans ne suffiraient pas à compenser les pertes de ces deux derniers jours”, se désole Khanzada Afghan, gérant d’une épicerie de Jalalabad (est) qui a renvoyé ses employés chez eux. “Je supplie nos dirigeants de nous dire la raison de cette coupure, de ne pas nous laisser dans l’ignorance, l’ennemi pourrait profiter de la situation”, s’inquiète cet homme de 45 ans. – “S’envoyer des pigeons voyageurs”-Les urgences des hôpitaux, elles, étaient très peu remplies, a constaté l’AFP. Pour les consultations quotidiennes, Dr Sultan Aamad Atef, seul neurologue d’Afghanistan, a noté une baisse de 30% de sa patientèle. “Sans rendez-vous en ligne, les malades doivent se présenter spontanément et espérer que je puisse les prendre, ou attendre, parfois pour rien”, pointe-t-il. S’il peut quand même accéder à leurs dossiers médicaux, via un système hors-connection, il souligne les difficultés pour ses patients de régler ses honoraires. “Mardi j’ai diagnostiqué un cancer à l’un de mes patients et il devait se faire opérer en urgence. Pour rassembler l’argent liquide auprès de sa famille, un de ses proches a dû faire plus d’un jour de route”.La responsable d’une maternité qui tourne au ralenti, au deuxième jour de coupure, était elle aussi désemparée : “avant, je suivais le cas de mes patientes enceintes par WhatsApp et leur disait de venir au besoin”. “Je travaille du matin au soir et quand je quitte l’hôpital, je n’ai plus aucun moyen d’être d’astreinte et de revenir en cas d’urgence”, a-t-elle raconté à l’AFP. Ses collègues racontent avoir cessé les dons de sang, alors que jusque-là les demandes se faisaient aux proches par WhatsApp.”Les mères qui accouchent ne peuvent parfois pas joindre leur mari, ou leur mahram [le chaperon mâle que les autorités talibanes imposent aux Afghanes] pour les emmener à l’hôpital et il n’y a plus d’ambulances. Leurs proches ignorent même qu’elles ont accouché”, poursuit-elle. “Toute la vie est paralysée, il n’y a aucune solution. Que ferons-nous si c’est définitif ? Il faudra s’envoyer des pigeons voyageurs?”, ironise-t-elle. Mais mercredi soir, le réseau téléphonique et internet ont progressivement été rétablis. Immédiatement, les rues se sont remplies, amis et familles investissant les restaurants après avoir pu se parler. Les automobilistes ont klaxonné et l’agitation avait, selon Shorab Ahmadi, un livreur de 26 ans, “des allures de célébrations de l’Aïd”!”La ville est à nouveau vivante”, s’est réjouit auprès de l’AFP Mohammad Tawab Farooqi, gérant d’un restaurant de Kaboul, tout en consultant son téléphone.Mais pour combien de temps? Les autorités talibanes n’ont fait aucun commentaire sur la coupure des télécommunications pour le moment, prévenant simplement “qu’elles communiqueraient toute nouvelle décision”.
Plainte d’Anticor visant le maire de Toulouse, le dossier dépaysé à Auch
L’examen d’une plainte pour financement illicite de campagne électorale de 2020, déposée par l’association Anticor et visant le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, a été dépaysé au parquet d’Auch, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.”Nous sommes dans le cadre d’une enquête préliminaire à la suite de la plainte déposée par Anticor pour détournement de fonds”, a dit à l’AFP la procureure d’Auch Clémence Meyer.L’enquête confiée au SIPJ de Toulouse devra établir si “des personnes rémunérées par la collectivité, au lieu de travailler exclusivement pour la mairie, ont aussi travaillé pour la campagne du candidat. (…) Il y a des éléments à vérifier, des documents à éplucher, nous en avons pour plusieurs mois d’enquête”, a-t-elle précisé.La plainte a été déposée par Anticor en juin auprès du procureur de Toulouse, avant que le dossier soit transmis au parquet d’Auch, comme c’est généralement le cas quand une enquête vise un élu local.D’après l’association de lutte contre la corruption Anticor, “M. Moudenc aurait mobilisé des agents publics, notamment des membres de son cabinet et des fonctionnaires territoriaux, pour participer, sur leur temps de travail, à sa campagne électorale et œuvrer à sa réélection”.Maire de la 4e ville de France de 2004 à 2008, et depuis 2014, Jean-Luc Moudenc (DVD) briguera un nouveau mandat lors des municipales de 2026.En janvier, Anticor avait déjà déposé une plainte contre X avec constitution de partie civile devant le tribunal judiciaire de Paris visant le maire de Toulouse, jugeant qu’il avait bénéficié d’un emploi fictif au ministère de l’Économie, entre 2015 et 2021.
Days of violent anti-government protests grip Pakistan’s Kashmir
Days of violent clashes between anti-government protesters and police have gripped Pakistan’s Kashmir on the border with India, with nine confirmed killed among scant news to emerge after an internet blackout.Thousands first took to the streets of Muzaffarabad on Monday, demanding an end to lucrative benefits for the political class, such as free electricity and expensive cars.Internet and mobile phone services have been blocked in the towering mountain valley, and local media were warned earlier by authorities against covering the daily demonstrations.AFP reporters on Wednesday saw streets that were stained with blood and littered with spent bullet casings, shards of glass and scattered stones, apparent evidence of the chaos.”The politicians here behave like gangsters ruling over our heads; we want them gone and their privileges removed,” said Asad Tabbasum, a 51-year-old protester. “They should stand with us.” Security forces and police have flooded the streets of Muzaffarabad in response to the protests, firing tear gas to hold back the crowds that reached up to 6,000 at their peak. According to an official statement by the Azad Kashmir government on Wednesday, six civilians and three policemen have been killed since Monday.More than 170 police personnel have been injured, along with 50 civilians, in the “violent demonstrations”, the government statement said.Protest organisers say more than 100 civilians were wounded.The military has not made a statement on the protests or responded to AFP requests for comment.Criticism of the military is a red line in Pakistan, which was ruled for decades by the generals who analysts say are at the centre of real power in the South Asian nation.- ‘We’re here for our rights’ -Muslim-majority Kashmir is claimed in full by both India and Pakistan but has been divided between them since their independence from British rule.The area is considered highly sensitive by the Pakistani military after years of frequent skirmishes and full-blown wars.Nuclear-armed neighbours India and Pakistan fought for four days in May, their worst clash in decades.Interior Minister Mohsin Naqvi said in a statement to the media that a “few miscreants, on the enemy’s instigation, are attempting to disrupt peace and order in Azad Kashmir”.Naqvi did not identify “the enemy”, although it is a phrase regularly used to refer to neighbouring rival India.”Peaceful protest is everyone’s right, but taking the law into one’s own hands will never be allowed,” he said.The Kashmir protests have been led by civil rights organisation Awami Action Committee (AAC), formed to fight for local rights in the mostly rural region, echoing similar movements in Khyber Pakhtunkhwa and Balochistan. On Wednesday, markets and schools were closed as thousands of chanting protesters walked past buildings scorched by fire or with broken windows.Protest leader Shaukat Nawaz, an AAC member, claimed that police had fired at protesters.”The bullets being fired at us are made in Pakistan to be used against the enemy and are now being used against us,” he said.The government did not respond to his claims. Protesters also accused the authorities of harassing journalists and preventing coverage of their demonstrations.”Our voice has been muted, not just that, they are reporting us as miscreants when we are here for our rights,” said 22-year-old Akash Kazmi.The government said in its statement it was ready for dialogue and had accepted “90 percent of the demands”.The AAC, which has asked for affordable electricity, more hospitals, and for private mobile network providers to enter the market, denied that its demands had been met.Amnesty International on Thursday appealed for “an immediate, impartial and transparent investigation” into the clashes, including “the excessive use of force by law enforcement”.It added that the ongoing communications blackout was causing panic among the population and fuelling misinformation.Protests, as well as funerals, continued on Thursday.”Sometimes they call us betrayers, sometimes Indian agents, we are neither,” Nawaz roared through a microphone.”We will keep fighting till we get our rights.”
Depardieu demande la condamnation du “Complément d’Enquête” qui a accéléré sa chute
Gérard Depardieu demande jeudi au tribunal correctionnel de Paris de condamner l’émission “Complément d’enquête”, qu’il accuse d’avoir réalisé un montage illicite et trompeur d’un reportage qui a accéléré sa chute, dans lequel il tenait des propos graveleux et sexistes.Au cœur des débats, une séquence de moins d’une minute sur les 54 que dure l’enquête “Gérard Depardieu: la chute de l’ogre”, filmée dans un haras en 2018 en Corée du Nord lors d’un voyage à l’occasion des 70 ans du régime. Sur ces images de la société Hikari diffusées le 7 décembre 2023 sur France 2, Gérard Depardieu tient des propos à connotation sexuelle au moment où une fillette à cheval passe à l’écran. Or, ont affirmé la défense de l’acteur ainsi que l’écrivain Yann Moix qui participait à ce voyage, ces propos auraient concerné une femme adulte, que l’on ne voit pas à l’écran. La méprise serait imputable, selon leur version, à une manipulation, un montage frauduleux destiné à faire faussement croire que le comédien sexualisait une enfant, dans un “Complément d’Enquête” qui “a fait le double de l’audience habituelle”, a relevé leur avocat Jérémie Assous.- Malkovich et Houellebecq invoqués -Ces propos auraient par ailleurs, selon Me Assous, été prononcés dans le cadre d’un projet de fiction dont Yann Moix était “le réalisateur” quand Gérard Depardieu en était “l’acteur principal”, jouant son propre personnage. Une thèse “pas du tout invraisemblable”, a renchéri son confrère Etienne Bodéré, citant John Malkovich et Michel Houellebecq qui ont joué leur propre rôle au cinéma, respectivement “Dans la peau de John Malkovich” et “L’Enlèvement de Michel Houellebecq”. Gérard Depardieu et Yann Moix sont absents à l’audience qui doit durer la journée, leur avocat invoquant des raisons de santé.De son côté, France Télévisions, dont les défenseurs doivent plaider jeudi après-midi, “conteste tout trucage et tout montage illicite par Complément d’Enquête”, a déclaré mercredi à l’AFP l’avocate du groupe, Juliette Félix.Ce “Complément d’enquête” avait suscité un vif émoi. Outre la séquence contestée, on y entend l’acteur tenir de nombreux propos misogynes et dégradants pour les femmes lors de ce voyage nord-coréen. La comédienne Charlotte Arnould l’y accuse aussi de l’avoir violée en 2018, et d’autres femmes racontent des agressions sexuelles.- Macron au soutien -Alors que la ministre de la Culture de l’époque, Rima Abdul Malak, avait estimé que Gérard Depardieu faisait “honte à la France”, Emmanuel Macron avait volé au secours de l’acteur, se décrivant en “grand admirateur” et laissé entendre que les images avaient pu être truquées. Depuis, le comédien, alors considéré comme un monstre sacré du cinéma français, a été condamné au printemps à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour des agressions sexuelles lors d’un tournage – il a fait appel – et a été renvoyé devant la cour criminelle de Paris pour les viols dénoncés par Charlotte Arnould. L’acteur conteste ces accusations depuis sa mise en examen en 2020 et a fait appel de l’ordonnance de renvoi.France Télévisions a eu recours à une procédure rare, en faisant authentifier par huissier le passage contesté. “Il n’y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c’est bien la jeune fille à l’image qui est ciblée par les propos de Gérard Depardieu”, assure le groupe.Mi-mai, une expertise versée à l’enquête pour viols, révélée par Libération et dont l’AFP a eu connaissance, “permet d’établir que des propos à connotation sexuelle ont été adressés à l’égard d’une fillette évoluant sur un poney”.Dans le cadre de la contestation des images de “Complément d’Enquête”, la justice a toutefois ordonné une autre expertise afin de déterminer “avec précision toutes les opérations de montage intervenues” et “dans la mesure du possible” à qui s’adressait Gérard Depardieu, selon un arrêt de la cour d’appel. Ses résultats ne sont pas connus, mais Jérémie Assous affirme qu’une note de l’expert “établit de manière ferme et définitive qu’il y a eu montage illicite”. Le tribunal s’est aussi penché sur les allégations d’abus de confiance et de travail dissimulé, liées au fait que les journalistes auraient indûment et gratuitement utilisé le labeur des deux hommes puis “détourné la nature de (leur) œuvre pour faire croire que cela relevait de l’information”, selon Me Assous. Hikari a de son côté répliqué en attaquant la partie adverse pour dénonciation calomnieuse, fausse attestation et tentative d’escroquerie au jugement.