Attentat mortel à Mulhouse: quatre personnes en garde à vue, dont l’assaillant

Quatre personnes étaient en garde à vue dimanche dans l’enquête sur l’attentat perpétré samedi près d’un marché à Mulhouse, dont l’assaillant qui a tué un passant et blessé des agents et policiers municipaux. Le suspect principal âgé de 37 ans, né en Algérie et en situation irrégulière en France, avait été interpellé peu après l’attaque au couteau qui coûté la vie à un Portugais de 69 ans, et blessé deux agents du stationnement et des policiers municipaux, aux cris de “Allah Akbar”.Brahim A. était toujours en garde à vue dimanche, tout comme trois autres personnes, a indiqué à l’AFP le Parquet national antiterroriste (Pnat).La garde à vue de l’assaillant “sera prolongée dans l’après-midi”, a précisé le Pnat à la mi-journée. “Deux personnes” de son “entourage familial” ont été placées en garde à vue samedi, et une troisième, son hébergeur, l’a été dimanche matin, a détaillé le parquet antiterroriste dans un communiqué.  Le président Emmanuel Macron a dénoncé samedi, en marge du Salon de l’agriculture, un “acte de terrorisme”, tandis que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a mis en cause l’absence de coopération de l’Algérie. L’attaque s’est produite samedi après-midi dans le quartier animé du marché du canal couvert à Mulhouse. En l’espace d'”une dizaine de minutes”, entre 15H40 et 15H50, l’assaillant armé d’un couteau et d’un tournevis a blessé très grièvement deux agents du stationnement de la mairie, avait détaillé samedi soir Bruno Retailleau, devant l’Hôtel de police de la cité alsacienne.Brahim A. s’en était ensuite pris à un passant, un Portugais âgé de 69 ans, qu’il a blessé mortellement.L’assaillant a été ensuite poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d’arme à feu.Sept personnes ont été blessées.Deux agents du stationnement, dont un grièvement blessé, ont été hospitalisés. Leur pronostic vital n’était pas engagé dimanche, selon le Pnat.Cinq policiers municipaux ont aussi été légèrement blessés.- “Profil schizophrène” – L’enquête, initialement ouverte pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique, en relation avec une entreprise terroriste, a été étendue dimanche à l’infraction d’association de malfaiteurs terroriste criminelle.Fiché au “FSPRT”, le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, l’assaillant est également sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il avait été interpellé fin 2023 peu après le massacre du 7 octobre 2023 en Israël, puis condamné à six mois de prison pour apologie du terrorisme.Dans le cadre de cette procédure, il avait fait l’objet d’une expertise “qui avait détecté un profil schizophrène”, selon le ministre de l’Intérieur, pour lequel “la dimension psychiatrique” est “sans doute une autre cause d’explication” de son passage à l’acte samedi. A ce stade, son état de santé est toutefois jugé compatible avec une garde à vue.A sa sortie de prison, l’homme avait été placé dans un centre de rétention administrative mais l’Algérie a refusé de le reprendre “à dix reprises”, d’après M. Retailleau. Il avait ensuite été assigné à résidence avec une obligation quotidienne de pointer au commissariat. Samedi, il était arrivé à “14H26” au commissariat, mais n’avait pas pointé, comme il avait l’obligation de le faire, selon le ministre de l’Intérieur. “Une fois de plus, c’est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j’ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l’origine de cet acte terroriste”, a lancé M. Retailleau samedi soir sur TF1, pour qui il faut instaurer “un rapport de forces” avec l’Algérie.Un conseil interministériel de contrôle de l’immigration, qui avait été convoqué avant l’attaque de Mulhouse par le Premier ministre François Bayrou, se réunit mercredi. Le précédent attentat signalé en France remontait au mois dernier, lorsqu’un homme de 32 ans avait blessé au couteau une personne en criant “Allah Akbar” dans un supermarché d’Apt (Vaucluse).Le dernier attentat mortel islamiste en France date de décembre 2023, quand un Franco-Iranien a tué au couteau un touriste et blessé deux autres personnes, près de la tour Eiffel.

“Ils savaient”: le chirurgien pédocriminel Le Scouarnec protégé par l’omerta médicale

Accusé d’avoir agressé sexuellement 299 jeunes patients, Joël Le Scouarnec, chirurgien, n’a jamais été inquiété durant sa longue carrière. Un “échec collectif”, car beaucoup connaissaient, ou soupçonnaient, sa pédocriminalité, notamment à Quimperlé (Finistère), a appris l’AFP en consultant des documents confidentiels.En 2004, un signalement du FBI sur 2.468 internautes français s’étant connectés à des sites pédopornographiques déclenche une enquête judiciaire. Parmi eux, , en poste à Lorient (Morbihan) depuis 10 ans. A l’automne 2004, le chirurgien obtient son transfert à Quimperlé.”A cette époque, l’hôpital de Quimperlé, comme partout ailleurs en France, peine à recruter et la maternité, auquel le service de chirurgie est étroitement lié, est menacée de fermeture”, se remémore Michaël Quernez, actuel maire de la ville. “L’arrivée du nouveau chirurgien a pu être vécue comme un soulagement.”A Vannes, l’enquête suit son cours et en 2005, Le Scouarnec est condamné à quatre mois de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques. Une peine qui n’est assortie d’aucune obligation de soins ni d’interdiction d’exercer.Il n’en avertit pas sa direction.Mais à Quimperlé, un de ses confrères, le psychiatre Thierry Bonvalot, apprend par un collègue cette condamnation.Ce dernier “banalise les actes de Le Scouarnec, il dit +c’est un alcoolo qui se sentait seul, sa femme ne voulait plus de lui+ et ne me fournit pas la preuve de la condamnation”, raconte Dr Bonvalot auprès de l’AFP.”Sauf que très vite, d’autres éléments m’interpellent.”D’abord, Le Scouarnec défend ardemment un radiologue de son service, Mohamed Fréhat, soupçonné de viols sur ses patientes –qui sera condamné à 18 ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles sur 32 femmes, dont huit mineures.Puis, après avoir opéré pendant cinq heures un petit garçon, Le Scouarnec ignore les parents inquiets. Alors président de la Commission médicale d’établissement, le Dr Bonvalot demande des explications au chirurgien: “Il résume l’opération avec tant de métaphores sexuelles que j’en reste effaré. Il avoue avoir été condamné pour pédopornographie.” “Je réalise qu’il est dangereux et je lui demande de démissionner. Il refuse.”- Dénonciation -Le Dr Bonvalot signale le chirurgien le 14 juin 2006 auprès du directeur de l’hôpital, dans une lettre consultée par l’AFP.Il s’interroge “quant à la capacité du Dr Le Scouarnec à conserver toute sa sérénité lorsqu’il intervient auprès de jeunes enfants”, écrit-il, évoquant “son parcours judiciaire”.Il adresse une copie de son courrier le 19 juillet au Conseil départemental de l’Ordre des Médecins (CDOM) du Finistère, dont le tampon attestant de sa lecture a été vu par l’AFP.Il en parle aussi au maire de l’époque, Daniel Le Bras, également anesthésiste et collègue du Dr Le Scouarnec afin d’alerter “l’organigramme officiel et officieux” de l’hôpital. “Le Bras m’a dit +Je m’en occupe personnellement”, affirme le Dr Bonvalot.Contacté, M. Le Bras a refusé de répondre aux sollicitations de l’AFP.Malgré les signalements du Dr Bonvalot, Le Scouarnec est titularisé le 1er août 2006 comme chef du service chirurgie.Pour le titulariser, la direction de l’hôpital demande, comme toujours, un extrait de son casier judiciaire, qui ressort vierge.Averti par le Dr Bonvalot, le CDOM fait le même constat et contacte le tribunal de Vannes pour obtenir la copie de la condamnation confessée auprès du psychiatre.Selon un échange de mails lu par l’AFP, le CDOM n’obtient une réponse que le 9 novembre, après de multiples relances. Le CDOM informe alors la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) du Finistère, qui reçoit le 23 novembre un courrier du directeur de l’hôpital de Quimperlé prenant la défense de Le Scouarnec.Le chirurgien est “sérieux et compétent (…) il est affable et entretient d’excellentes relations tant avec les patients et leurs familles qu’avec le personnel”, écrit-il, soulignant que son arrivée “a permis de stabiliser notre activité chirurgicale de manière satisfaisante”.Le 14 décembre, le CDOM organise une session plénière. Sur 19 médecins, 18 écartent une sanction du Dr Le Scouarnec, et décident “de laisser la DDASS gérer cette affaire”.- “Moralité” -En parallèle, Yvon Guillerm, directeur de l’Agence régionale de l’Hospitalisation (ARH) de Bretagne, a lancé une enquête sur l’hôpital en raison d’une affaire ayant “fait l’objet d’un signalement au parquet”, selon une lettre du 13 mars 2007 lue par l’AFP.Une patiente opérée par Le Scouarnec a succombé lors d’une opération, révèlera M. Guillerm, d’après un document judiciaire de 2024.Ce décès, et la condamnation du docteur pour détention d’images pédopornographiques, “sont, naturellement, préoccupantes”, insiste-t-il.Le lendemain, M. Guillerm envoie un rapport non signé à Bernard Chenevière, alors responsable au Centre National de Gestion (CNG) des praticiens hospitaliers.”Les faits sont en contradiction avec les conditions de moralité nécessaires” à exercer les fonctions de chirurgien, souligne le rapport, repoussant néanmoins la “procédure disciplinaire” contre Le Scouarnec.”Le ministre (de la Santé) se devant de réagir, l’option de la plainte devant l’Ordre paraît plus adéquate”, conclut le rapport.Douze jours après, le gouvernement est l’objet d’un remaniement. Aucune plainte ne sera jamais déposée devant le Conseil national de l’Ordre des médecins.- Plainte -En juin 2007, l’enquête de l’ARH aboutit à la fermeture des services chirurgicaux et obstétriques de Quimperlé.Le Scouarnec prend un poste à Pontivy (Morbihan) où le directeur de la clinique apprend sa condamnation. Décision est prise de raccourcir son contrat à “une semaine”.Puis, en juin 2008, Le Scouarnec rejoint l’hôpital de Jonzac (Charente-Maritime) où il informe la directrice d’une procédure judiciaire le concernant. Elle en fait fi. Le Scouarnec y travaillera jusqu’en 2017.”Combien de personnes savaient qu’il était pédophile et l’ont laissé exercer au contact de mineurs?”, s’insurge une victime, sous anonymat. “Ils savaient et n’ont rien fait. Je veux qu’ils soient jugés.”L’association “La Voix de l’Enfant” a déposé une plainte en ce sens, pour “mise en danger d’autrui”, a indiqué à l’AFP son avocat Frédéric Benoist, dénonçant “un échec collectif”. L’association “Face à l’inceste” a également déposé plainte, accusant “l’inaction” des autorités.Une “enquête préliminaire” est “en cours, contre X, du chef de non-empêchement de crime ou délit contre l’intégrité des personnes”, a indiqué le parquet de Lorient.Quelque 30 enfants ont été violés ou agressés sexuellement à Quimperlé par le chirurgien, dont quatre en mai 2007, selon l’enquête. 

Pêcheurs et champions de voile unis contre la pollution à Rio

Sous un soleil écrasant, le pêcheur brésilien José Antonio Crispin pousse une brouette pleine de détritus ramassés sur une plage ultra-polluée de la petite l’île de Pombeba, dans la baie de Guanabara, à Rio de Janeiro.”Avant, on attrapait vingt à trente kilos de poisson dans nos filets. Maintenant, on ne trouve dans nos filets que des déchets, des déchets, et encore des déchets. Pas moyen de survivre de cette façon”, déplore auprès de l’AFP ce sexagénaire au visage buriné. À ses côtés, une cinquantaine de personnes, pêcheurs et bénévoles, bravent la canicule pour ramasser sacs plastiques, pneus ou bouteilles qui jonchent les plages de cette île qui offre une vue panoramique sur la zone portuaire de Rio toute proche.Parmi ces bénévoles, Martine Grael, double championne olympique de voile, venue avec d’autres membres de son équipe Mubadala Brasil, en lice pour le circuit international de régates SailGP, à bord de catamarans F50.”Aujourd’hui, il y a beaucoup de beaux discours, mais ce que l’on veut, ce sont des actes qui font la différence”, dit la jeune femme de 34 ans, qui a décroché sa première médaille d’or olympique dans cette même baie de Guanabara, aux Jeux de Rio, en 2016.La pollution de cette baie aux paysages iconiques qui s’étend sur 400 km2 avait alors suscité de nombreuses polémiques, comme celle des eaux de la Seine avant les JO de Paris-2024.Et au vu des quatre tonnes de déchets ramassés en une journée, remplissant des centaines de sacs acheminés par bateau sur le continent, le problème reste entier à Pombeba.Le plastique est recyclé par une coopérative et les pêcheurs reçoivent une rémunération pour compenser en partie la perte de revenus causée par la pollution.- “Problème mondial” -Julia Poncioni, 37 ans, ingénieure environnementale et ancienne pratiquante de voile à haut niveau, se veut “porteuse d’espoir” en organisant ces journées de nettoyage sur la baie, avec son ONG Nas Marés (Dans les marées). Elle espère surtout marquer les esprits pour que les responsables politiques intensifient leurs efforts pour protéger cette baie où sont déversées des eaux usées sans aucun traitement.L’île de Pombeba est un exemple emblématique. De par sa position dans la baie, elle s’est transformée en aimant à déchets convoyés par les courants et la houle.Vue de loin, avec sa végétation luxuriante, c’est un petit oasis vert au milieu des cargos et des grues du port de Rio.Mais il suffit de s’approcher pour voir les amas de détritus imbriqués sur la plage, environ 80 tonnes selon les estimations des experts. “Ce n’est pas seulement un problème des habitants de Rio ou du Brésil, c’est un problème mondial”, alerte Julia Poncioni.”Il faut mettre fin à ce tsunami de plastique. L’humanité produit 400 millions de tonnes de plastique par an et onze millions de tonnes finissent dans les océans”, poursuit-elle.- Plastique toxique -Sur l’île de Pombeba, le groupe de recherche Biotema mène une étude sur la toxicité des micro-plastiques.”Une fois qu’ils sont consommés par des micro-organismes aquatiques, ils peuvent arriver jusqu’à notre organisme et devenir toxiques”, explique André Salomao, responsable de l’équipe de chercheurs qui recueillent des échantillons de sable et de résidus de plastique dans des récipients en verre.Les résultats de l’étude doivent servir à mieux comprendre l’impact de la pollution dans cet écosystème et ont pour vocation d’inspirer des politiques publiques. L’entreprise Aguas do Rio, qui a remporté en 2021 les enchères de privatisation du système local de traitement des eaux, s’est engagée à investir massivement dans un nouveau programme de dépollution de la baie de Guanabara.Le mois dernier, lors de la présentation de la candidature de Rio de Janeiro et de la ville voisine Niteroi pour organiser les Jeux Panaméricains de 2031, les autorités ont renouvelé leur engagement de traiter de façon adéquate les eaux usées de dix millions d’habitants de 27 villes de la région d’ici 2030.

Pêcheurs et champions de voile unis contre la pollution à Rio

Sous un soleil écrasant, le pêcheur brésilien José Antonio Crispin pousse une brouette pleine de détritus ramassés sur une plage ultra-polluée de la petite l’île de Pombeba, dans la baie de Guanabara, à Rio de Janeiro.”Avant, on attrapait vingt à trente kilos de poisson dans nos filets. Maintenant, on ne trouve dans nos filets que des déchets, des déchets, et encore des déchets. Pas moyen de survivre de cette façon”, déplore auprès de l’AFP ce sexagénaire au visage buriné. À ses côtés, une cinquantaine de personnes, pêcheurs et bénévoles, bravent la canicule pour ramasser sacs plastiques, pneus ou bouteilles qui jonchent les plages de cette île qui offre une vue panoramique sur la zone portuaire de Rio toute proche.Parmi ces bénévoles, Martine Grael, double championne olympique de voile, venue avec d’autres membres de son équipe Mubadala Brasil, en lice pour le circuit international de régates SailGP, à bord de catamarans F50.”Aujourd’hui, il y a beaucoup de beaux discours, mais ce que l’on veut, ce sont des actes qui font la différence”, dit la jeune femme de 34 ans, qui a décroché sa première médaille d’or olympique dans cette même baie de Guanabara, aux Jeux de Rio, en 2016.La pollution de cette baie aux paysages iconiques qui s’étend sur 400 km2 avait alors suscité de nombreuses polémiques, comme celle des eaux de la Seine avant les JO de Paris-2024.Et au vu des quatre tonnes de déchets ramassés en une journée, remplissant des centaines de sacs acheminés par bateau sur le continent, le problème reste entier à Pombeba.Le plastique est recyclé par une coopérative et les pêcheurs reçoivent une rémunération pour compenser en partie la perte de revenus causée par la pollution.- “Problème mondial” -Julia Poncioni, 37 ans, ingénieure environnementale et ancienne pratiquante de voile à haut niveau, se veut “porteuse d’espoir” en organisant ces journées de nettoyage sur la baie, avec son ONG Nas Marés (Dans les marées). Elle espère surtout marquer les esprits pour que les responsables politiques intensifient leurs efforts pour protéger cette baie où sont déversées des eaux usées sans aucun traitement.L’île de Pombeba est un exemple emblématique. De par sa position dans la baie, elle s’est transformée en aimant à déchets convoyés par les courants et la houle.Vue de loin, avec sa végétation luxuriante, c’est un petit oasis vert au milieu des cargos et des grues du port de Rio.Mais il suffit de s’approcher pour voir les amas de détritus imbriqués sur la plage, environ 80 tonnes selon les estimations des experts. “Ce n’est pas seulement un problème des habitants de Rio ou du Brésil, c’est un problème mondial”, alerte Julia Poncioni.”Il faut mettre fin à ce tsunami de plastique. L’humanité produit 400 millions de tonnes de plastique par an et onze millions de tonnes finissent dans les océans”, poursuit-elle.- Plastique toxique -Sur l’île de Pombeba, le groupe de recherche Biotema mène une étude sur la toxicité des micro-plastiques.”Une fois qu’ils sont consommés par des micro-organismes aquatiques, ils peuvent arriver jusqu’à notre organisme et devenir toxiques”, explique André Salomao, responsable de l’équipe de chercheurs qui recueillent des échantillons de sable et de résidus de plastique dans des récipients en verre.Les résultats de l’étude doivent servir à mieux comprendre l’impact de la pollution dans cet écosystème et ont pour vocation d’inspirer des politiques publiques. L’entreprise Aguas do Rio, qui a remporté en 2021 les enchères de privatisation du système local de traitement des eaux, s’est engagée à investir massivement dans un nouveau programme de dépollution de la baie de Guanabara.Le mois dernier, lors de la présentation de la candidature de Rio de Janeiro et de la ville voisine Niteroi pour organiser les Jeux Panaméricains de 2031, les autorités ont renouvelé leur engagement de traiter de façon adéquate les eaux usées de dix millions d’habitants de 27 villes de la région d’ici 2030.

Pêcheurs et champions de voile unis contre la pollution à Rio

Sous un soleil écrasant, le pêcheur brésilien José Antonio Crispin pousse une brouette pleine de détritus ramassés sur une plage ultra-polluée de la petite l’île de Pombeba, dans la baie de Guanabara, à Rio de Janeiro.”Avant, on attrapait vingt à trente kilos de poisson dans nos filets. Maintenant, on ne trouve dans nos filets que des déchets, des déchets, et encore des déchets. Pas moyen de survivre de cette façon”, déplore auprès de l’AFP ce sexagénaire au visage buriné. À ses côtés, une cinquantaine de personnes, pêcheurs et bénévoles, bravent la canicule pour ramasser sacs plastiques, pneus ou bouteilles qui jonchent les plages de cette île qui offre une vue panoramique sur la zone portuaire de Rio toute proche.Parmi ces bénévoles, Martine Grael, double championne olympique de voile, venue avec d’autres membres de son équipe Mubadala Brasil, en lice pour le circuit international de régates SailGP, à bord de catamarans F50.”Aujourd’hui, il y a beaucoup de beaux discours, mais ce que l’on veut, ce sont des actes qui font la différence”, dit la jeune femme de 34 ans, qui a décroché sa première médaille d’or olympique dans cette même baie de Guanabara, aux Jeux de Rio, en 2016.La pollution de cette baie aux paysages iconiques qui s’étend sur 400 km2 avait alors suscité de nombreuses polémiques, comme celle des eaux de la Seine avant les JO de Paris-2024.Et au vu des quatre tonnes de déchets ramassés en une journée, remplissant des centaines de sacs acheminés par bateau sur le continent, le problème reste entier à Pombeba.Le plastique est recyclé par une coopérative et les pêcheurs reçoivent une rémunération pour compenser en partie la perte de revenus causée par la pollution.- “Problème mondial” -Julia Poncioni, 37 ans, ingénieure environnementale et ancienne pratiquante de voile à haut niveau, se veut “porteuse d’espoir” en organisant ces journées de nettoyage sur la baie, avec son ONG Nas Marés (Dans les marées). Elle espère surtout marquer les esprits pour que les responsables politiques intensifient leurs efforts pour protéger cette baie où sont déversées des eaux usées sans aucun traitement.L’île de Pombeba est un exemple emblématique. De par sa position dans la baie, elle s’est transformée en aimant à déchets convoyés par les courants et la houle.Vue de loin, avec sa végétation luxuriante, c’est un petit oasis vert au milieu des cargos et des grues du port de Rio.Mais il suffit de s’approcher pour voir les amas de détritus imbriqués sur la plage, environ 80 tonnes selon les estimations des experts. “Ce n’est pas seulement un problème des habitants de Rio ou du Brésil, c’est un problème mondial”, alerte Julia Poncioni.”Il faut mettre fin à ce tsunami de plastique. L’humanité produit 400 millions de tonnes de plastique par an et onze millions de tonnes finissent dans les océans”, poursuit-elle.- Plastique toxique -Sur l’île de Pombeba, le groupe de recherche Biotema mène une étude sur la toxicité des micro-plastiques.”Une fois qu’ils sont consommés par des micro-organismes aquatiques, ils peuvent arriver jusqu’à notre organisme et devenir toxiques”, explique André Salomao, responsable de l’équipe de chercheurs qui recueillent des échantillons de sable et de résidus de plastique dans des récipients en verre.Les résultats de l’étude doivent servir à mieux comprendre l’impact de la pollution dans cet écosystème et ont pour vocation d’inspirer des politiques publiques. L’entreprise Aguas do Rio, qui a remporté en 2021 les enchères de privatisation du système local de traitement des eaux, s’est engagée à investir massivement dans un nouveau programme de dépollution de la baie de Guanabara.Le mois dernier, lors de la présentation de la candidature de Rio de Janeiro et de la ville voisine Niteroi pour organiser les Jeux Panaméricains de 2031, les autorités ont renouvelé leur engagement de traiter de façon adéquate les eaux usées de dix millions d’habitants de 27 villes de la région d’ici 2030.

Au musée du Quai Branly, l’étincelant voyage de l’or dans les arts textiles

Des fastueux caftans aux soieries chinoises en passant par l’art du drapé indien, l’or se dévoile sous toutes ses coutures dans un étincelant voyage historique, géographique et technique au musée du Quai Branly à Paris.Depuis le 11 février, l’exposition “Au fil de l’or, l’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant” revisite les arts textiles, du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine.Pourquoi ces régions ? “C’est là qu’est né cet art de marier l’or aux fibres textiles, et c’est là qu’il s’est développé, et il continue encore à exister sur ce continent asiatique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les costumes africains et d’Amérique ne comportent pas d’or”, précise la commissaire de l’exposition, Hana Al Banna-Chidiac.Un art qui remonte au cinquième millénaire avant notre ère. À l’époque, l’homme agrémente les étoffes de luxe dédiées aux personnalités de pouvoir de ce métal jaune venu non pas de la Terre, mais du ciel, comme l’explique en préambule dans une vidéo l’astrophysicien Jérôme Margueron.Au fil du temps et des avancées techniques, l’usage de l’or dans le textile se démocratise, jusqu’à la découverte dans les années 1940 aux États-Unis du lurex, ce fil de polyester recouvert d’une couche métallique, qui habille aujourd’hui tout le monde.- La Chinoise Guo Pei à l’honneur -Après ces introductions historiques et scientifiques, place aux costumes, tous plus scintillants les uns que les autres, organisés en cinq sections géographiques. La première est consacrée aux caftans, tuniques, gilets ou encore corselets, sorte d’ancêtres du soutien-gorge, du Maghreb. Suivent les costumes d’apparat d’Égypte, du Liban, de Turquie, d’Irak, du Yémen et d’Iran, puis les robes chamarrés d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Bahreïn, du Koweït et du Qatar.”J’ai souhaité séparer la péninsule arabique du Moyen-Orient, parce que plus on avance dans cette région, plus on voit les influences indiennes dans les costumes”, explique Hana Al Banna-Chidiac.La quatrième section met l’accent sur l’art du drapé caractéristique de l’Asie du Sud et du Sud-Est, déjà aperçu dans la précédente section, avec de somptueux saris et songkets, ces longs rectangles de soie tramés d’or qui se portent autour de la taille, en étole asymétrique ou en coiffe lors des cérémonies traditionnelles en Malaisie et en Indonésie.Enfin, la dernière partie explore les tenues d’Asie orientale, avec de nombreuses soieries chinoises et kimonos japonais, juste avant un focus sur l’or dans la broderie française et plus particulièrement sur la Maison Lesage.Un parcours entrecoupé de “bulles” thématiques qui détaillent la découverte de trois matériaux à la couleur d’or également utilisé pour faire illusion: la soie marine, la soie des araignées de Madagascar et la soie dorée du Cambodge.La visite est en outre jalonnée de pièces de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, dont la robe jaune portée par Rihanna en 2015 au Gala du Met avait fait sensation. “Pour donner une dimension contemporaine à l’exposition, je voulais qu’un nom de la haute couture puisse collaborer sur ce projet. Et son nom s’est imposé à moi”, explique la commissaire de l’exposition.”Elle a un rapport avec le fil d’or qui est incroyable”, poursuit la spécialiste, qui précise qu’aucune pièce n’a été créée pour l’occasion. “Elle avait déjà tout ce qu’il fallait. Je n’ai même pas eu besoin de lui dire +faites nous quelque chose+”, assure-t-elle. En tout, quatorze pièces de la créatrice sont mises en avant dans l’exposition, jusqu’au 6 juillet.

Au musée du Quai Branly, l’étincelant voyage de l’or dans les arts textiles

Des fastueux caftans aux soieries chinoises en passant par l’art du drapé indien, l’or se dévoile sous toutes ses coutures dans un étincelant voyage historique, géographique et technique au musée du Quai Branly à Paris.Depuis le 11 février, l’exposition “Au fil de l’or, l’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant” revisite les arts textiles, du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine.Pourquoi ces régions ? “C’est là qu’est né cet art de marier l’or aux fibres textiles, et c’est là qu’il s’est développé, et il continue encore à exister sur ce continent asiatique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les costumes africains et d’Amérique ne comportent pas d’or”, précise la commissaire de l’exposition, Hana Al Banna-Chidiac.Un art qui remonte au cinquième millénaire avant notre ère. À l’époque, l’homme agrémente les étoffes de luxe dédiées aux personnalités de pouvoir de ce métal jaune venu non pas de la Terre, mais du ciel, comme l’explique en préambule dans une vidéo l’astrophysicien Jérôme Margueron.Au fil du temps et des avancées techniques, l’usage de l’or dans le textile se démocratise, jusqu’à la découverte dans les années 1940 aux États-Unis du lurex, ce fil de polyester recouvert d’une couche métallique, qui habille aujourd’hui tout le monde.- La Chinoise Guo Pei à l’honneur -Après ces introductions historiques et scientifiques, place aux costumes, tous plus scintillants les uns que les autres, organisés en cinq sections géographiques. La première est consacrée aux caftans, tuniques, gilets ou encore corselets, sorte d’ancêtres du soutien-gorge, du Maghreb. Suivent les costumes d’apparat d’Égypte, du Liban, de Turquie, d’Irak, du Yémen et d’Iran, puis les robes chamarrés d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Bahreïn, du Koweït et du Qatar.”J’ai souhaité séparer la péninsule arabique du Moyen-Orient, parce que plus on avance dans cette région, plus on voit les influences indiennes dans les costumes”, explique Hana Al Banna-Chidiac.La quatrième section met l’accent sur l’art du drapé caractéristique de l’Asie du Sud et du Sud-Est, déjà aperçu dans la précédente section, avec de somptueux saris et songkets, ces longs rectangles de soie tramés d’or qui se portent autour de la taille, en étole asymétrique ou en coiffe lors des cérémonies traditionnelles en Malaisie et en Indonésie.Enfin, la dernière partie explore les tenues d’Asie orientale, avec de nombreuses soieries chinoises et kimonos japonais, juste avant un focus sur l’or dans la broderie française et plus particulièrement sur la Maison Lesage.Un parcours entrecoupé de “bulles” thématiques qui détaillent la découverte de trois matériaux à la couleur d’or également utilisé pour faire illusion: la soie marine, la soie des araignées de Madagascar et la soie dorée du Cambodge.La visite est en outre jalonnée de pièces de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, dont la robe jaune portée par Rihanna en 2015 au Gala du Met avait fait sensation. “Pour donner une dimension contemporaine à l’exposition, je voulais qu’un nom de la haute couture puisse collaborer sur ce projet. Et son nom s’est imposé à moi”, explique la commissaire de l’exposition.”Elle a un rapport avec le fil d’or qui est incroyable”, poursuit la spécialiste, qui précise qu’aucune pièce n’a été créée pour l’occasion. “Elle avait déjà tout ce qu’il fallait. Je n’ai même pas eu besoin de lui dire +faites nous quelque chose+”, assure-t-elle. En tout, quatorze pièces de la créatrice sont mises en avant dans l’exposition, jusqu’au 6 juillet.

L’Allemagne aux urnes, sous pression de l’extrême droite et de Trump

Une Allemagne déstabilisée par les crises vote dimanche pour des législatives où l’opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l’essor de l’extrême droite.Surveillé dans le monde entier, le scrutin va doter la première puissance européenne d’un nouveau parlement pour affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.”Nous traversons une période très incertaine”, constatait à Berlin Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d’un bureau de vote.Le pays a besoin d'”un changement, une transformation”, selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la “sécurité européenne”, sur fond de guerre en Ukraine.Récession économique et menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du “parapluie” américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité: c’est le “destin” de l’Allemagne qui est en jeu, a dit samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l’ère du social-démocrate Olaf Scholz. Les derniers sondages le créditent d’environ 30% des intentions de vote.Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, commune de son fief du Haut-Sauerland à l’ouest. Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi mis son bulletin dans l’urne, à Potsdam (est), au sud de Berlin. Plus de 59 millions d’électeurs ont jusqu’à 18H00 (17H00 GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.- Attentats -“Ce que je crains surtout, c’est que l’AfD devienne trop forte”, confie Janine Wirmer, 32 ans, venue voter à Francfort, un tout jeune enfant dans ses bras.Selon les sondages, l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) peut espérer au moins 20%, deux fois plus qu’en 2021 et un résultat record.Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers commis par des étrangers dans le pays.Le dernier a eu lieu vendredi soir. Un jeune réfugié syrien est soupçonné d’avoir grièvement blessé un touriste à coups de couteau dans le Mémorial de l’Holocauste à Berlin. Il voulait “tuer des Juifs”, selon la justice.L’AfD a bénéficié aussi du soutien appuyé pendant des semaines de l’entourage de Donald Trump.Son conseiller Elon Musk, homme le plus riche du monde, n’a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.”AfD!” a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, dans un message assorti de drapeaux allemands.Christian, un ingénieur de 49 ans qui ne donne pas son nom et participait samedi à un meeting de l’AfD, a dit d’Alice Weidel qu’elle était “une femme avec du cran” qui “parle des sujets ignorés par les autres partis”. Les législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, vécue comme un choc en Allemagne. Le conflit a mis fin à son approvisionnement en gaz russe et le pays a accueilli plus d’un million d’Ukrainiens. La perspective d’une paix réglée “dans le dos” de Kiev et des Européens inquiète tout autant.Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture souhaiter “bonne chance” à l’allié historique des Etats-Unis, qui ont leurs “propres problèmes”.Le discours à Munich de son vice-président JD Vance, exhortant les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l’extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.Friedrich Merz veut que l’Allemagne puisse “assumer un rôle de leader” en Europe.- Incertitude -Dans le système parlementaire allemand, il pourrait se passer des semaines, voire des mois, avant qu’un nouveau gouvernement ne voie le jour.Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU, qui exclut une alliance avec l’AfD malgré un “flirt” parlementaire durant la campagne autour de l’immigration, devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD). Les sondages donnent à ce dernier 15% des voix. Ce score serait son pire résultat de l’après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d’Olaf Scholz. Mais avant, le chancelier devra assurer la transition.”J’espère que la formation du gouvernement sera achevée d’ici Pâques”, soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5% des suffrages pour entrer au Bundestag.bur-pyv-smk-ilp/pz

L’Allemagne aux urnes, sous pression de l’extrême droite et de Trump

Une Allemagne déstabilisée par les crises vote dimanche pour des législatives où l’opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l’essor de l’extrême droite.Surveillé dans le monde entier, le scrutin va doter la première puissance européenne d’un nouveau parlement pour affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.”Nous traversons une période très incertaine”, constatait à Berlin Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d’un bureau de vote.Le pays a besoin d'”un changement, une transformation”, selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la “sécurité européenne”, sur fond de guerre en Ukraine.Récession économique et menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du “parapluie” américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité: c’est le “destin” de l’Allemagne qui est en jeu, a dit samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l’ère du social-démocrate Olaf Scholz. Les derniers sondages le créditent d’environ 30% des intentions de vote.Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, commune de son fief du Haut-Sauerland à l’ouest. Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi mis son bulletin dans l’urne, à Potsdam (est), au sud de Berlin. Plus de 59 millions d’électeurs ont jusqu’à 18H00 (17H00 GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.- Attentats -“Ce que je crains surtout, c’est que l’AfD devienne trop forte”, confie Janine Wirmer, 32 ans, venue voter à Francfort, un tout jeune enfant dans ses bras.Selon les sondages, l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) peut espérer au moins 20%, deux fois plus qu’en 2021 et un résultat record.Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers commis par des étrangers dans le pays.Le dernier a eu lieu vendredi soir. Un jeune réfugié syrien est soupçonné d’avoir grièvement blessé un touriste à coups de couteau dans le Mémorial de l’Holocauste à Berlin. Il voulait “tuer des Juifs”, selon la justice.L’AfD a bénéficié aussi du soutien appuyé pendant des semaines de l’entourage de Donald Trump.Son conseiller Elon Musk, homme le plus riche du monde, n’a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.”AfD!” a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, dans un message assorti de drapeaux allemands.Christian, un ingénieur de 49 ans qui ne donne pas son nom et participait samedi à un meeting de l’AfD, a dit d’Alice Weidel qu’elle était “une femme avec du cran” qui “parle des sujets ignorés par les autres partis”. Les législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, vécue comme un choc en Allemagne. Le conflit a mis fin à son approvisionnement en gaz russe et le pays a accueilli plus d’un million d’Ukrainiens. La perspective d’une paix réglée “dans le dos” de Kiev et des Européens inquiète tout autant.Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture souhaiter “bonne chance” à l’allié historique des Etats-Unis, qui ont leurs “propres problèmes”.Le discours à Munich de son vice-président JD Vance, exhortant les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l’extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.Friedrich Merz veut que l’Allemagne puisse “assumer un rôle de leader” en Europe.- Incertitude -Dans le système parlementaire allemand, il pourrait se passer des semaines, voire des mois, avant qu’un nouveau gouvernement ne voie le jour.Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU, qui exclut une alliance avec l’AfD malgré un “flirt” parlementaire durant la campagne autour de l’immigration, devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD). Les sondages donnent à ce dernier 15% des voix. Ce score serait son pire résultat de l’après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d’Olaf Scholz. Mais avant, le chancelier devra assurer la transition.”J’espère que la formation du gouvernement sera achevée d’ici Pâques”, soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5% des suffrages pour entrer au Bundestag.bur-pyv-smk-ilp/pz