Des combattants du Hamas ont libéré samedi trois nouveaux otages israéliens après 16 mois de captivité à Gaza, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu, Israël condamnant un “spectacle cruel” et l’apparence physique inquiétante des captifs relâchés.En échange, Israël doit libérer 183 Palestiniens dont 111 ont été arrêtés à Gaza après l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, selon le Club des prisonniers palestiniens. Un premier bus de prisonniers libérés est arrivé à Ramallah, en Cisjordanie occupée.Cet échange est le cinquième depuis l’entrée en vigueur le 19 janvier d’un cessez-le-feu entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël, après 15 mois d’une guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.Physiquement très éprouvés, très amaigris et regards grimaçants, les trois hommes — Or Levy, 34 ans, Eli Sharabi, 52 ans, et l’Israélo-Allemand Ohad Ben Ami, 56 ans — ont été remis à la Croix-Rouge qui les a à son tour transférés à l’armée israélienne, comme à chaque échange depuis la trêve. Ils sont désormais en Israël.”Voilà ce à quoi ressemble un crime contre l’humanité”, a écrit le président israélien, Isaac Herzog, sur le réseau social X: “Le monde entier doit regarder [ces trois hommes] affamés au visage émacié et souffrant en train d’être exploités pour un spectacle cynique et cruel par de vils assassins”.Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui suit le processus depuis les Etats-Unis où il est en visite, a dénoncé des “images choquantes” lors de l’opération de libération, qui “ne resteront pas sans réponse”.Avant leur remise à la Croix-Rouge à Deir al-Balah (centre), les otages ont été emmenés sur un podium lors d’une mise en scène organisée par des combattants armés et masqués du Hamas. Ils ont été contraints de s’exprimer en hébreu devant une foule de badauds.- “Pas de temps à perdre” -La foule, quelque 200 personnes, a été canalisée derrière un cordon de combattants portant uniformes, cagoules, lunettes noires, et armes professionnelles avec un gilet porte-munitions sur la poitrine.Au-dessus de la place, une ribambelle de drapeaux palestiniens a été tendue à quelques mètres de hauteur. Des drapeaux verts du Hamas sont plantés dans le sol. A proximité les voitures des médias sont garées, des caméras posées sur les toits.A Tel-Aviv, sur la “Place des otages”, des centaines de personnes ont exulté à la vue en direct sur un écran géant de la libération des otages, enlevés lors de l’attaque du 7-Octobre dans le sud d’Israël et emmenés dans la bande de Gaza voisine.Le Forum des familles d’otages a appelé dans un communiqué au retour de tous les otages. “Les images choquantes de la libération d’Ohad, d’Eli et d’Or sont une nouvelle preuve qui ne laisse aucune place au doute: il n’y a pas de temps à perdre pour les otages. Nous devons les faire sortir tous, maintenant”, a-t-il écrit.L’épouse d’Eli Sharabi et leurs deux filles adolescentes ont été tuées dans leur maison du kibboutz Beeri, dans le sud d’Israël, lors de l’attaque du 7-Octobre. Yossi Sharabi, le frère aîné d’Eli Sharabi, enlevé séparément, est présumé mort.L’épouse de Or Levy, Einav, a elle été tuée lors de l’assaut du Hamas contre le festival de musique Nova. Et celle de Ohad Ben Ami, enlevée avec lui au kibboutz Beeri, a été libérée durant la première trêve d’une semaine à Gaza en novembre 2023.Depuis le 19 janvier et avant le nouvel échange, 18 otages et 582 prisonniers palestiniens, plus un égyptien, ont été libérés.La première phase de l’accord, de six semaines, prévoit au total la remise à Israël de 33 otages, dont huit au moins décédés, contre 1.900 Palestiniens.Le sort parmi ces captifs de Shiri Bibas et de ses deux fils, Ariel et Kfir, qui seraient aujourd’hui âgés de cinq et deux ans, soit les plus jeunes des otages, nourrit l’inquiétude en Israël. Israël n’a pas confirmé leur mort annoncée par le Hamas. Vendredi, leur époux et père, Yarden Bibas, libéré de Gaza le 1er février, a exhorté M. Netanyahu à les ramener en Israël.- “Pas pressé” -Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 73 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 sont mortes selon l’armée.La deuxième phase de l’accord, qui doit faire l’objet de négociations, est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza.Mais la suite du processus reste incertaine, après l’annonce choc mardi par le président américain, Donald Trump, d’un projet de prise de contrôle par les Etats-Unis de Gaza et d’un déplacement de sa population, notamment en Egypte ou Jordanie, pour pouvoir la reconstruire.Après avoir insisté sur ce projet, M. Trump a affirmé vendredi qu’il n’était “absolument pas pressé”.Plusieurs pays occidentaux et arabes, notamment l’Egypte et la Jordanie, ont rejeté son idée. L’ONU a mis en garde contre tout “nettoyage ethnique” et le Hamas l’a vertement condamnée.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.L’offensive israélienne de représailles a fait au moins 47.583 morts à Gaza en majorité des civils et provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.