Les droits des enfants hospitalisés en psychiatrie gravement bafoués, alerte la contrôleure des lieux de privation de liberté

Il est urgent de garantir les droits des enfants hospitalisés en psychiatrie, gravement bafoués par l’usage de contention et d’isolement notamment, en créant un “statut du mineur hospitalisé” accompagné d’un plan national de réhabilitation de la pédopsychiatrie, selon la contrôleure générale des lieux de privation de liberté.La prise en charge actuelle des enfants admis en soins psychiatriques – le plus souvent pour une hospitalisation demandée par les parents ou découlant d’une décision de justice – entraîne “de nombreuses et graves atteintes à leurs droits fondamentaux” (garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant et le Code de la santé publique), estime Dominique Simonnot dans un avis datant du 6 octobre et publié jeudi au Journal officiel.Cinquante-deux mille enfants âgés de 4 à 17 ans étaient hospitalisés en psychiatrie en 2023, selon l’agence technique de l’information sur l’hospitalisatoin (ATIH).  Basé sur de “nombreux signalements” et des visites d’établissements, l’avis appelle à faire “cesser sans délai” les atteintes subies par les enfants ayant besoin de soins de santé mentale, qu’elles résultent d’un “délabrement de certains services hospitaliers” ou de “l’approche inadaptée de certains professionnels”.Pourtant circonscrit par le législateur aux soins sans consentement – très rares pour les enfants, majoritairement hospitalisés pour des “soins libres” -, l’isolement des mineurs fait en effet l’objet d’un “recours massif”.Car un placement de mineur ordonné par un juge ne constitue pas nécessairement une hospitalisation sans consentement. Celle-ci n’est possible que dans deux cas: lorsque les troubles mentaux d’un mineur compromettent la sûreté des personnes ou portent gravement atteinte à l’ordre public, et lorsqu’il a été déclaré irresponsable pénalement, pour cause de trouble mental.Qu’ils soient hospitalisés en soins libres ou sans consentement, les enfants se retrouvent souvent pris en charge selon des modalités “nullement justifiées par leur état clinique”, “par des équipes insuffisamment formées, surchargées ou désemparées”, du fait d’une “grave crise de la pédopsychiatrie”, et souffrent “de nombreuses restrictions à leurs droits”.- “Quasi abandon” de scolarité -Parfois admis, faute de places dédiées, dans des unités pour adultes, ils peuvent être “hébergés à temps complet en chambre d’isolement” – quelquefois dépourvues de bouton d’appel -, “pour de longues durées”, les soignants n’étant “pas en mesure, faute de moyens, de les surveiller et de les protéger des adultes”. Cette privation de liberté est pourtant illégale hors du cadre des soins sans consentement.”Respect rarement assuré” de la volonté des enfants – jamais consultés sur les règles de vie imposées (privation de téléphone portable, rares visites autorisées…)-, absence de protection contre les violences liées à l’hospitalisation avec des adultes, contention, etc.: les atteintes graves aux droits des jeunes patients sont nombreuses. Et l’hospitalisation équivaut à un “quasi abandon” de la scolarité.Si nombre de soignants déplorent ces situations liées à un manque de moyens, matériels et humains, certains arguent du caractère thérapeutique de l’isolement et la contention, ce que ne justifie “aucune donnée probante”, selon la contrôleure. Ils se voilent aussi la face, juge-t-elle, par des “artifices de langage” comme d’appeler “chambre de soins intensifs” une chambre d’isolement, faisant ainsi “passer la contrainte pour un soin”. En visitant des établissements, Dominique Simonnot a notamment trouvé “un enfant de 12 ans isolé une journée entière”, d’autres “subissant des contentions pouvant durer plus d’une journée”, rapporte l’avis.Or “les mesures d’isolement et de contention prononcées à l’égard de mineurs en soins libres ne sont pas soumises au contrôle du juge, dès lors qu’elles ne sont pas censées exister”, et elles ne peuvent pas être contestées par le mineur, dont les droits ne sont de fait “presque jamais garantis”, dit l’avis. Pour remédier à ces graves abus, conclut la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, les pouvoirs publics doivent instaurer un “statut légal du mineur hospitalisé en psychiatrie”, interdire expressément l’isolement et la contention des mineurs et donner aux établissements “les moyens d’offrir” aux enfants “une prise en charge adaptée à leurs besoins médicaux et éducatifs particuliers”.

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“Pas de nourriture”: après les inondations, les habitants de Sumatra face aux pénuries

Nur Apsyah a bravé la chaleur accablante pour faire la queue sous un soleil de plomb à Sumatra, région indonésienne dévastée par les inondations. Mais elle fait partie des rares chanceux qui ont pu obtenir une aide alimentaire.Des centaines de personnes se pressaient mercredi devant un entrepôt, à l’extérieur de Sibolga, ville côtière de Sumatra nord, presque entièrement coupée du monde en raison des dégâts causés aux voies d’accès.”On n’avait jamais vu ça à Sibolga auparavant”, témoigne la jeune femme de 28 ans, attendant avec ses parents tandis que des soldats en treillis militaire maintiennent l’ordre et supervisent la distribution de riz.”Il n’y a plus de nourriture, l’argent est épuisé, il n’y a plus de travail. Comment allons-nous manger ?”, se demande-t-elle, interrogée sur place par une équipe de l’AFP.Au moins 836 personnes ont péri à Sumatra à la suite d’inondations et de glissements de terrain qui ont enseveli des maisons, emporté des ponts et coupé les routes, selon un bilan communiqué jeudi soir par l’Agence de de gestion des catastrophes (BNPB).La ville portuaire de Sibolga, dans le district de Tapanuli central, a échappé aux sinistres les plus importants, mais elle est désormais coupée du monde par les dégâts à sa périphérie.Les habitants viennent s’approvisionner en carburant, en eau et en nourriture dans un entrepôt appartenant à Bulog, une entreprise publique d’approvisionnement alimentaire située en périphérie. Mais les ressources s’amenuisent dangereusement.Nur évoque une situation “d’urgence”, assurant que des supérettes de la ville ont récemment été pillées.”Des gens qui n’auraient pas dû faire ça l’ont fait parce qu’ils ne reçoivent aucune aide des autorités”, ajoute-t-elle.Le ministre indonésien en charge de la Coordination du Développement humain et de la Culture, Pratikno, a déclaré mercredi que la distribution de riz aux habitants s’inscrivait dans le cadre de ses efforts pour “alléger le fardeau de la population”.A Sibolga, ceux qui ont eu la chance de recevoir un peu d’aide doivent tremper leur doigt dans l’encre pour éviter la double distribution.Certains hommes portent des sacs de riz de 50 kilos sur leur dos, tandis que les femmes les portent sur leur tête.Les files d’attente devant l’entrepôt et les pompes à carburant ont commencé à se résorber, mais les prévisions de pluies ont ravivé les craintes de nouveaux dégâts et de pénuries.- Six heures de file d’attente – De nombreux magasins de la ville restent fermés faute d’électricité. Les rares encore ouverts dépendent de générateurs.Sahmila Pasaribu fait partie de ces habitants qui ont passé des heures à la recherche de produits de première nécessité. Mais même si elle avait de l’argent, “il n’y a rien à acheter”.”C’est triste qu’à cause d’une telle catastrophe tout soit devenu rare: le carburant, le riz, l’huile de cuisson”, déplore cette femme de 55 ans.Dans un bureau de la compagnie des eaux appartenant à la municipalité, Sopian Hadi remplit des bidons alors que l’attente s’allonge devant ce rare point d’eau.Il s’y rend régulièrement depuis une semaine car l’eau a été coupée dans sa maison.”Nous avons besoin d’eau pour notre vie quotidienne, c’est notre source de vie”, déclare le propriétaire d’une épicerie, âgé de 30 ans, qui appelle les autorités à agir urgemment.Il n’y a pas que l’eau qui manque, et l’homme d’expliquer qu’il a dû rester dans une file d’attente pendant six heures pour faire le plein de sa moto.Pour autant, Sopian refuse de sombrer: “Je ne suis pas désespéré, car pour survivre, (nous) ne pouvons pas désespérer”.

L’Union européenne trouve un accord sur une nouvelle génération d’OGM

Les députés européens et les Etats membres de l’UE ont scellé un accord dans la nuit de mercredi à jeudi pour autoriser des plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT) dans l’agriculture au sein de l’Union.Qualifiées de “nouveaux OGM” par leurs détracteurs, ces NGT permettent de modifier le génome d’une plante mais sans introduire d’ADN étranger, contrairement aux OGM de première génération.Les semences obtenues par NGT sont donc bien des organismes génétiquement modifiés mais ne sont pas “transgéniques”.Variétés résistantes à la sécheresse ou aux maladies, moins gourmandes en pesticides, blé pauvre en gluten… Les grands syndicats agricoles soutiennent ardemment ces biotechnologies, qui inquiètent les organisations environnementales.Au Parlement, l’eurodéputée suédoise Jessica Polfjärd (PPE, droite), rapporteure de ce texte, s’est réjouie d’une “avancée majeure”.- Changement climatique -“Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique et d’obtenir des rendements plus élevés sur des surfaces plus réduites”, a-t-elle assuré.Le centriste français Pascal Canfin a lui aussi salué une “excellente nouvelle”, avec “davantage de solutions” face aux pénuries d’eau.Le compromis scellé dans la nuit assouplit les règles actuelles pour une partie des NGT, dites de catégorie 1, qui, sous réserve d’un nombre limité de mutations, seront considérées comme équivalentes aux variétés conventionnelles.Les NGT résistantes aux herbicides ou produisant des insecticides ne seront pas autorisées sur le marché, au nom de la durabilité.Et dans l’agriculture biologique, aucune NGT ne sera autorisée.L’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) s’était montrée favorable à l’approche de Bruxelles visant à autoriser une partie des NGT.Plus prudente, l’agence sanitaire française, l’Anses, avait quant à elle préconisé dans un avis de 2024 une évaluation “au cas par cas” des “risques sanitaires et environnementaux” avant toute mise sur le marché.Le débat sur ces biotechnologies est tendu en Europe, où cette technique “d’édition” génomique était jusqu’ici classée dans la catégorie des OGM, tous interdits à la culture, à l’exception du maïs Monsanto 810, cultivé sur de petites surfaces en Espagne et au Portugal.La simplification des règles était réclamée par la puissante organisation agricole Copa-Cogeca, comme par les grands semenciers, au nom de la compétitivité européenne face aux Etats-Unis et à la Chine, qui autorisent les NGT.Le Copa-Cogeca, qui regroupe les syndicats agricoles majoritaires, appelait à “libérer le potentiel” des NGT afin de placer “l’Europe sur un pied d’égalité avec ses principaux concurrents”. – Absence d’étiquetage – Des organisations environnementales et le secteur de l’agriculture biologique dénoncent à l’inverse une pente dangereuse, qui pourrait faire “courir des risques majeurs pour notre agriculture et notre alimentation”, avance l’ONG Pollinis.L’une de ses responsables Charlotte Labauge pointe notamment l’absence d’étiquetage dans les produits finaux, “une atteinte grave aux droits fondamentaux des consommateurs” selon elle.D’après l’accord, la présence de NGT de catégorie 1 devra figurer sur les sacs de semences achetés par les agriculteurs, mais pas dans l’étiquetage du produit final.Les débats se sont éternisés de longs mois au sein de l’Union européenne sur cette question de la traçabilité ainsi que sur les brevets dont pourront bénéficier ces NGT.Les eurodéputés et certains Etats membres redoutaient que ces brevets viennent déstabiliser le secteur agricole.Des ONG mettent aussi en garde contre une concentration de brevets onéreux aux mains de multinationales, au détriment de petits agriculteurs.Au Parlement, le socialiste français Christophe Clergeau a critiqué le compromis scellé dans la nuit. “On joue aux apprentis sorciers, on enlève aux consommateurs leur liberté de choix” et “on jette les agriculteurs dans les bras de grands groupes internationaux”, a-t-il affirmé à l’AFP.Cet accord doit désormais être approuvé une dernière fois par les Etats membres et le Parlement européen, pour entrer en vigueur.Entre la phase de test des nouvelles variétés et leur commercialisation, il faudra plusieurs années avant que des aliments produits avec des NGT arrivent dans les assiettes des Européens.

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L’Union européenne trouve un accord sur une nouvelle génération d’OGM

Les députés européens et les Etats membres de l’UE ont scellé un accord dans la nuit de mercredi à jeudi pour autoriser des plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT) dans l’agriculture au sein de l’Union.Qualifiées de “nouveaux OGM” par leurs détracteurs, ces NGT permettent de modifier le génome d’une plante mais sans introduire d’ADN étranger, contrairement aux OGM de première génération.Les semences obtenues par NGT sont donc bien des organismes génétiquement modifiés mais ne sont pas “transgéniques”.Variétés résistantes à la sécheresse ou aux maladies, moins gourmandes en pesticides, blé pauvre en gluten… Les grands syndicats agricoles soutiennent ardemment ces biotechnologies, qui inquiètent les organisations environnementales.Au Parlement, l’eurodéputée suédoise Jessica Polfjärd (PPE, droite), rapporteure de ce texte, s’est réjouie d’une “avancée majeure”.- Changement climatique -“Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique et d’obtenir des rendements plus élevés sur des surfaces plus réduites”, a-t-elle assuré.Le centriste français Pascal Canfin a lui aussi salué une “excellente nouvelle”, avec “davantage de solutions” face aux pénuries d’eau.Le compromis scellé dans la nuit assouplit les règles actuelles pour une partie des NGT, dites de catégorie 1, qui, sous réserve d’un nombre limité de mutations, seront considérées comme équivalentes aux variétés conventionnelles.Les NGT résistantes aux herbicides ou produisant des insecticides ne seront pas autorisées sur le marché, au nom de la durabilité.Et dans l’agriculture biologique, aucune NGT ne sera autorisée.L’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) s’était montrée favorable à l’approche de Bruxelles visant à autoriser une partie des NGT.Plus prudente, l’agence sanitaire française, l’Anses, avait quant à elle préconisé dans un avis de 2024 une évaluation “au cas par cas” des “risques sanitaires et environnementaux” avant toute mise sur le marché.Le débat sur ces biotechnologies est tendu en Europe, où cette technique “d’édition” génomique était jusqu’ici classée dans la catégorie des OGM, tous interdits à la culture, à l’exception du maïs Monsanto 810, cultivé sur de petites surfaces en Espagne et au Portugal.La simplification des règles était réclamée par la puissante organisation agricole Copa-Cogeca, comme par les grands semenciers, au nom de la compétitivité européenne face aux Etats-Unis et à la Chine, qui autorisent les NGT.Le Copa-Cogeca, qui regroupe les syndicats agricoles majoritaires, appelait à “libérer le potentiel” des NGT afin de placer “l’Europe sur un pied d’égalité avec ses principaux concurrents”. – Absence d’étiquetage – Des organisations environnementales et le secteur de l’agriculture biologique dénoncent à l’inverse une pente dangereuse, qui pourrait faire “courir des risques majeurs pour notre agriculture et notre alimentation”, avance l’ONG Pollinis.L’une de ses responsables Charlotte Labauge pointe notamment l’absence d’étiquetage dans les produits finaux, “une atteinte grave aux droits fondamentaux des consommateurs” selon elle.D’après l’accord, la présence de NGT de catégorie 1 devra figurer sur les sacs de semences achetés par les agriculteurs, mais pas dans l’étiquetage du produit final.Les débats se sont éternisés de longs mois au sein de l’Union européenne sur cette question de la traçabilité ainsi que sur les brevets dont pourront bénéficier ces NGT.Les eurodéputés et certains Etats membres redoutaient que ces brevets viennent déstabiliser le secteur agricole.Des ONG mettent aussi en garde contre une concentration de brevets onéreux aux mains de multinationales, au détriment de petits agriculteurs.Au Parlement, le socialiste français Christophe Clergeau a critiqué le compromis scellé dans la nuit. “On joue aux apprentis sorciers, on enlève aux consommateurs leur liberté de choix” et “on jette les agriculteurs dans les bras de grands groupes internationaux”, a-t-il affirmé à l’AFP.Cet accord doit désormais être approuvé une dernière fois par les Etats membres et le Parlement européen, pour entrer en vigueur.Entre la phase de test des nouvelles variétés et leur commercialisation, il faudra plusieurs années avant que des aliments produits avec des NGT arrivent dans les assiettes des Européens.

Senegal baskets are hot, but women weavers ask where’s the money?Thu, 04 Dec 2025 11:17:53 GMT

Under the shade of a large mango tree in her sandy courtyard in a village in northwest Senegal, Khady Sene rhythmically threads together reeds, the beginning of a new basket.She and nearly a dozen other women have gathered as they do many afternoons to weave in a style passed down from mother to daughter for …

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Bois plutôt que pétrole: le pari d’un industriel face à la crise de la chimie allemande

Johannes Brodowski, un responsable régional d’une forêt de l’Est de l’Allemagne, examine un tas de bois de hêtre fraîchement coupé, destiné à remplacer les énergies fossiles dans des procédés de l’industrie chimique. Un pari écologique dont la rentabilité reste incertaine.Le groupe papetier finlandais UPM, spécialisée dans les biomatériaux, a inauguré durant l’été 2025 une raffinerie de produits biochimiques en Allemagne, un investissement de 1,3 milliard d’euros réalisé sans aide publique.Celui-ci a tout d’un défi, en pleine crise industrielle allemande. La chimie est particulièrement pénalisée par les coûts de l’énergie élevés et les surcapacités mondiales, si bien que la production du secteur, jadis un fleuron, est à son plus bas depuis 1995.Dans la région de Leuna, ancien bastion industriel très pollué de l’ex-RDA, UPM veut démontrer qu’on peut réussir en se sevrant des hydrocarbures grâce à la biomasse, c’est-à-dire en transformant des matières organiques en bioénergie.A partir de procédés innovants mais coûteux, l’entreprise espère convaincre une variété d’industries, en Europe comme en Asie, de verdir.Aujourd’hui, plus de 80% des produits chimiques allemands reposent sur des matières fossiles importées, selon Paul Münnich d’Agora Energiewende, un groupe d’expert de la transition énergétique. – Vestes polaires -Misant sur certaines propriétés du hêtre, UPM a passé un contrat d’approvisionnement avec le Land de Saxe-Anhalt, riche en forêts.Vêtu d’une veste orange fluo, Johannes Brodowski, responsable adjoint des opérations forestières régionales, explique que le groupe finlandais s’intéresse aux branches, moins commercialisées que les troncs et en général incinérées dans les usines.A l’avenir, elles pourront servir à fabriquer “des vestes polaires”, explique le garde forestier qui, ravi de ce nouveau débouché pour la sylviculture, table sur une hausse de 20 à 30% de la production régionale de hêtre.Le bois est transformé au parc chimique de Leuna, qui héberge plus d’une centaine d’entreprises. Ici flotte une odeur d’oeuf pourri caractéristique de cette industrie. Sur le site d’UPM, une autre senteur, plus sucrée, s’échappe d’un bâtiment. A l’intérieur, les copeaux de bois sont traités pour qu’ils éclatent “comme du pop-corn” jusqu’à former une bouillie, mise à fermenter dans d’immenses cuves métalliques, explique Martin Ledwon, vice-responsable de la communication de l’entreprise.A la fin du processus, deux types de produits: d’une part, des liquides utilisés pour fabriquer des vêtements ou des bouteilles, et d’autre part une poudre brune pouvant remplacer le noir de carbone issu d’énergies fossiles, qu’on retrouve notamment dans les pneus.- Décision “courageuse” -Le site espère tourner à plein régime en 2027 avec une production annuelle de 220.000 tonnes de produits chimiques.Ce serait une rare éclaircie en pleine crise de l’industrie chimique allemande, illustrée par la fermeture prochaine, près de Leuna, de deux usines du groupe américain Dow.Mais la rentabilité du projet est incertaine : les investissements et les délais de construction ont plus que doublé, principalement à cause de la pandémie de Covid-19. Ouvrir l’usine a donc été une “décision très courageuse”, juge Harald Dialer, responsable du site. Mais il veut y croire: “Grâce à des chaînes d’approvisionnement locales, nous pouvons être compétitifs et répondre aux besoins des marchés internationaux.”UPM aimerait pouvoir compter sur un coup de main de l’Etat allemand. Mais l’arrivée au pouvoir d’une coalition dominée par les conservateurs du chancelier Friedrich Merz a rangé au second plan les considérations écologiques. Confronté à une économie en berne, le gouvernement mise d’avantage sur la dérèglementation que la durabilité pour accroître la compétitivité industrielle. Harald Dialer admet volontiers qu’au lancement du projet en 2020, le développement durable était “plus au centre du débat”.Le responsable d’UPM avance donc d’autres arguments. Pour lui, le gouvernement et l’UE devraient appuyer l’industrie du Vieux Continent en imposant des quotas aux produits chimiques chinois à bas prix mais plus polluants. Des incitations financières “sont aussi nécessaires pour passer du pétrole fossile à la biomasse durable”, juge de son côté Paul Münnich d’Agora Energiewende.

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Egypte: Sainte-Catherine, haut-lieu de pèlerinage sur le Sinaï, s’inquiète d’un mégaprojet immobilier

Au sommet du Mont Sinaï en Egypte, près de l’endroit où, selon les trois religions du Livre, Dieu a parlé à Moïse, un bruit incessant trouble le silence: l’écho des engins de chantier qui s’affairent en contrebas.L’Egypte boucle sur ces terres isolées du sud du Sinaï un mégaprojet immobilier conçu pour attirer un tourisme de masse dans la bourgade de Sainte-Catherine, haut lieu de pèlerinage, avec son antique monastère orthodoxe, et de randonnées en montagne.Des experts en patrimoine et des habitants accusent les travaux d’avoir déjà abîmé le site, classé réserve naturelle et patrimoine mondial de l’Unesco. Il abrite le plus ancien monastère chrétien continuellement habité au monde et des tribus de Bédouins, désormais inquiets pour leurs terres ancestrales. “La Sainte-Catherine que nous connaissions n’existe plus. La prochaine génération ne connaîtra que ces bâtiments”, se désole un guide expérimenté de la tribu Jabaliya, en pointant un hôtel cinq étoiles, près d’une oliveraie où les bips d’un bulldozer en marche arrière couvrent le chant des oiseaux. Comme plusieurs témoins interrogés par l’AFP sur ce projet d’un budget de près de 300 millions de dollars, baptisé “Grande Transfiguration” ou “Révélation de Sainte-Catherine”, ce guide a demandé l’anonymat par crainte de représailles. “Il faut appeler les choses par leur nom: défiguration et destruction”, gronde John Grainger, ancien gestionnaire d’un projet de développement local piloté par l’Union européenne. La bourgade de maisons en briques rouges parsemée de vergers est désormais envahie d’hôtels – pas encore ouverts -, dont un complexe tentaculaire du groupe Steinberger, avec un centre de conférence et des centaines d’unités d’habitation. En juillet, l’association militante World Heritage Watch a appelé l’Unesco à inscrire le site sur la liste des patrimoines en danger. Mais le mois dernier, l’organisation a élu à sa tête Khaled El-Enany, ancien ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités. C’est pendant son mandat que l’Egypte a lancé le projet et démoli au Caire des pans entiers du cimetière historique de la Cité des Morts – également classé Unesco.- Mutinerie au monastère -A la lisière du mégaprojet, au pied du mont biblique du Sinaï, deux douzaines de moines en habits noirs entretiennent l’antique sanctuaire. En mai, un tribunal égyptien a statué que le monastère se trouvait sur des terres appartenant à l’Etat et que les moines orthodoxes grecs étaient simplement “autorisés à l’utiliser”, déclenchant une querelle diplomatique avec la Grèce et une kyrielle de réactions indignées des patriarcats orthodoxes. L’Egypte a défendu la décision judiciaire qui, selon ses détracteurs, laisse le lieu de culte et ses occupants à la merci du bon vouloir des autorités. En septembre, l’archevêque de Sainte-Catherine a été contraint de démissionner après une mutinerie sans précédent liée à son positionnement pendant la crise. Malgré les tensions, les moines ouvrent chaque matin leurs portes aux visiteurs, principalement des randonneurs levés à l’aube, accompagnés de guides de la tribu Jabaliya. Chaque année, ces Bédouins en tunique traditionnelle accompagnent des centaines de milliers de fidèles et de voyageurs. Ils réclament depuis des décennies de meilleurs services publics et des infrastructures pour sortir leur communauté de la pauvreté. Longtemps marginalisés, ils craignent maintenant que les projets de développement ne se fassent à leurs dépens. – “Pas de place pour nous” -En 2022, des bulldozers ont rasé le cimetière séculaire de la bourgade et des centaines de défunts ont été exhumés.”Ils sont arrivés un jour sans rien dire et ils ont détruit notre cimetière”, confie le guide. Aujourd’hui, le site funéraire sert de parking. Le bureau du gouverneur du Sinaï Sud n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP sur l’impact local du projet.L’Unesco avait demandé en 2023 à l’Egypte “d’arrêter la mise en oeuvre de tout développement”, de réaliser une étude d’impact et d’élaborer un plan de conservation. Cela n’a pas stoppé le chantier, que le gouvernement a déclaré en janvier avoir achevé à 90%. Les responsables gouvernementaux vantent ses avantages économiques et affirment que les décisions ont été prises en consultation avec la communauté. Mais les locaux rencontrés par l’AFP disent avoir été ignorés.”Personne ne sait ce qu’il se passera demain. Peut-être qu’ils nous diront de partir, qu’il n’y a plus de place pour nous”, regrette le guide. “Tu sais qu’ils ont détruit la moitié de ma maison?”, lance, apparemment désinvolte, un septuagénaire à un ami, tant l’information semble devenue banale dans ce grand chantier. Dans tout le pays, nombre de ceux qui ont vu leurs maisons démolies pour de récents projets touristiques, viaducs ou développements immobiliers se plaignent d’insuffisants dédommagements de l’Etat. A Sainte-Catherine, malgré les perturbations des travaux et la flambée des prix, beaucoup espèrent que le tourisme apportera la prospérité.Mais un responsable local exprime des doutes, en désignant un hôtel cinq-étoiles quasiment achevé, par delà les vignes et les cyprès: “ces hôtels sont énormes, les coûts astronomiques. Est-ce qu’ils seront remplis? C’est le vrai problème”. 

Vers une nouvelle baisse du taux du Livret A début 2026 ?

Le taux du Livret A pourrait encore baisser début 2026, en raison notamment du ralentissement de l’inflation, mais il reste à voir ce que décidera le gouvernement à l’approche des municipales.Les livrets réglementés, dont le Livret A est le plus connu, voient leurs taux révisés deux fois l’an, mi-janvier et mi-juillet.La formule de calcul fixe le taux en fonction de la hausse des prix des six derniers mois et d’un taux d’intérêt interbancaire dépendant de la politique monétaire européenne.Mi-janvier, dès que les chiffres définitifs de l’inflation pour décembre seront connus, le gouverneur de la Banque de France proposera au ministère de l’Economie un nouveau taux en se calant sur le résultat de la formule de calcul ou en y dérogeant.Le nouveau taux prendrait effet au 1er février.Le taux de rémunération du Livret A comme celui du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) se situait encore à 3% début 2025, mais il a été ramené à 2,4% le 1er février, puis à 1,7% au 1er août.A la suite de ces reculs, les Français, malgré leur forte propension à épargner, ont eu tendance à retirer plus d’argent sur leurs Livrets A qu’ils n’en déposaient. Ce phénomène a connu un point d’orgue en octobre où cette décollecte a atteint 3,81 milliards d’euros.”La formule légale impliquerait que le taux du livret A soit de 1,4% à partir de février”, a indiqué dans une note le directeur des études économiques de l’IESEG School of Management, Eric Dor, qui évoque une fourchette comprise entre 1,3% et 1,5%.”Compte tenu des hypothèses d’inflation et de taux d’intérêt”, le taux du Livret A “pourrait être ramené à 1,4/1,5%”, a indiqué Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, à une journaliste de l’AFP.Ces prévisions reflètent le recul de l’inflation au cours des derniers mois, mesurée à 0,9% sur un an en novembre, selon le dernier pointage de l’Insee.- Dérogations -La formule de calcul est loin d’être systématiquement appliquée et a fait l’objet de fréquentes dérogations ces dernières années.Le gel du taux du Livret A à 3% sur 18 mois, du 1er août 2023 au 31 janvier 2025, devait par exemple bénéficier à l’épargnant, selon son instigateur, le ministre de l’Économie d’alors Bruno Le Maire.Or si la formule avait été strictement appliquée, le taux aurait été systématiquement supérieur, et même au-dessus de 4% au deuxième semestre 2023.Cependant, aujourd’hui, “le gouvernement souhaite relancer la consommation”, a continué M. Crevel. “Tout porte à une nouvelle baisse, même si elle sera impopulaire, du taux du livret A”, indique-t-il.”Après, il y a des dérogations possibles. La proximité des élections municipales pourrait inciter le gouvernement à différer l’application”, ajoute M. Crevel.- Modification des plafonds -Dans un rapport présenté lundi, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a suggéré de nombreuses pistes pour réformer la fiscalité du patrimoine, et notamment de modifier les plafonds des livrets d’épargne réglementée (Livret A, livret d’Epargne Populaire-LEP…), en soumettant à l’impôt ce qui dépasserait du plafond.Cela permettrait, selon le CPO, d’inciter à réorienter l’épargne populaire vers des investissements qu’il juge plus efficaces pour l’économie.Le ministre de l’Economie et des Finances Roland Lescure a réagi en assurant que le gouvernement “n’envisageait absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A: ni à travers une réduction de son plafond, ni par une fiscalisation, y compris partielle”, dans un message posté sur le réseau social Bluesky.Ces recommandations “n’engagent que la Cour des comptes et ne constituent en aucun cas la position du gouvernement”, a assuré M. Lescure.Pour lui, le Livret A est “un produit d’épargne populaire essentiel, qui joue un rôle déterminant dans le financement du logement social et du renouvellement urbain”, et “il constitue un outil central pour soutenir les ménages qui en ont le plus besoin”.

Russia’s Putin heads to India for defence, trade talks

Russian President Vladimir Putin was due in India on Thursday for a two-day visit aimed at deepening defence ties, as New Delhi faces heavy US pressure to stop buying oil from Moscow.Putin, on his first visit to India since the Ukraine war, is accompanied by his Defence Minister Andrei Belousov, with possible deals on fighter jets and air defence systems expected to be discussed.In an interview with India Today ahead of his trip, Putin said he was “very happy” to be meeting “my friend” Prime Minister Narendra Modi.”The range of our cooperation with India is huge,” he said in remarks translated by the broadcaster, citing ship and aircraft manufacturing, nuclear energy and space exploration.Modi is due to host Putin for a private dinner on Thursday evening, followed by a summit meeting on Friday.Beyond defence, trade relations are expected to feature prominently as India walks a diplomatic tightrope — relying on strategic Russian oil imports while trying not to provoke US President Donald Trump during ongoing tariff negotiations.Kremlin spokesman Dmitry Peskov said talks to expand the supply of Russia’s advanced S-400 air defence systems had an “important place on the agenda”.Indian media reports suggested Moscow may also offer co-production of Russia’s Su-57 fighter jets.India is one of the world’s top arms importers, and Russia has long been a principal supplier.But New Delhi has also sought alternative suppliers, as well as boosting domestic production — with the Russian share of India’s arms imports falling from 76 percent in 2009-13 to 36 percent in 2019-23, according to the Stockholm International Peace Research Institute.- Energy imports -Putin’s visit comes after Trump imposed 50-percent tariffs on most Indian products in August, citing Delhi’s continued purchases of Russian oil — revenue Washington argues helps fund the war in Ukraine.India, the world’s most populous nation, has become a major buyer of Russian oil, saving itself billions of dollars and providing Moscow with a much-needed export market after it was cut off from traditional buyers in Europe because of the war.But Delhi has recently cut down on crude imports under pressure from sanctions on Russia’s top oil producers Rosneft and Lukoil.The Indian government fears any fresh energy or defence deals with Russia could irk Trump, with possible ramifications on trade negotiations with Washington.Peskov said Russia was not concerned about US tariffs.”What concerns us is how we are going to maintain and increase the volume of our bilateral business with India, without allowing anyone to interfere,” he said Tuesday at a briefing for Indian media organised by Sputnik India.Nandan Unnikrishnan, of the New Delhi-based think-tank Observer Research Foundation, told AFP: “There may be some reduction in energy purchases — under US pressure — but the overall direction of the ties will be maintained because both countries need each other at the strategic level.”- ‘Critical moment’ -A senior Indian foreign ministry official, speaking on condition of anonymity, said there was a need to address the trade imbalance “one way or the other”.Bilateral trade reached $68.7 billion in 2024-25 — almost six times higher than the pre-pandemic levels — but Indian exports accounted for only $4.88 billion.Delhi has been pressing Moscow for expanded market access for its key industries including pharmaceuticals, automobiles and the service sector.Harsh V Pant, a professor of international relations at King’s College London, said the visit was an attempt by “to reset their relationship at a critical geopolitical moment for both”.”For India, the optics is a statement of intent for strategic autonomy, and Putin, who rarely travels, is sending a message about the importance of the relationship by travelling here,” Pant told AFP.The Indian foreign ministry official described the ties between Moscow and Delhi as the “most stable relationship in modern times”.The official acknowledged the global geopolitical significance, but insisted that the meeting should seen in the context as “just another annual summit”.