Ukraine: 25 morts dans une frappe russe, tentatives diplomatiques de Zelensky à Ankara

Au moins 25 personnes ont été tuées et plus de 70 ont été blessées mercredi dans l’une des frappes russes les plus meurtrières dans l’ouest de l’Ukraine, au moment où le président Volodymyr Zelensky tente en Turquie de “relancer” des négociations de paix dans l’impasse.Le Kremlin a de son côté refusé de commenter des informations publiées par le média américain Axios selon lesquelles Washington et Moscou préparent discrètement un plan de paix pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine.M. Zelensky doit rencontrer à Ankara son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. En revanche, l’émissaire américain Steve Witkoff ne sera pas présent, a indiqué à l’AFP un responsable américain.Selon des responsables ukrainiens à l’AFP, ces contacts, sans présence russe, visent surtout à “réengager” les Etats-Unis dans le processus de paix et à les convaincre d’accroître la pression sur Moscou.L’Ukraine a vécu dans la nuit l’une des attaques les plus meurtrières de l’année, qui a notamment visé les régions occidentales de l’Ukraine, d’ordinaire plus épargnées en raison de leur éloignement du front: Lviv, Ivano-Frankivsk et Ternopil.A Ternopil, au moins 25 personnes ont été tuées, dont trois enfants, et 73 blessées, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur, alors que les secours s’affairent toujours à la recherche de survivants.Oksana, 46 ans, était en route pour son travail lorsque les frappes russes sont tombées sur Ternopil. Elle n’a aucune nouvelle de son fils de 20 ans, resté dans leur appartement dans un immeuble résidentiel dont plusieurs étages ont eté entièrement détruits. “Je l’ai appelé, je lui ai dit +Bogdan, habille-toi et sors+. Il m’a dit +Maman, ne t’inquiète pas, tout ira bien.+ Mais c’est trop tard”, a-t-elle déclaré à l’AFP.”Nous attendons depuis ce matin et il n’a toujours pas été retrouvé”, a ajouté sa soeur, Natalia Bachinska.- Étages éventrés -Un journaliste de l’AFP sur place a vu deux immeubles d’habitation dont les derniers étages ont été éventrés, de la fumée s’échappant de ce qu’il restait des appartements, tandis que des pompiers s’activaient autour avec une lance à incendie.L’armée ukrainienne a affirmé que la Russie avait frappé la ville avec dix missiles de croisière. Quelque 476 drones et 48 missiles russes ont visé le pays dans la nuit, dont respectivement 442 et 41 ont été abattus, a-t-elle dit.Les bombardements ont “endommagé des immeubles d’habitation ainsi que des installations industrielles et des entrepôts”, provoquant “des incendies de grande ampleur”, a indiqué le ministère de l’Intérieur.L’administration régionale de Ternopil a appelé les habitants à rester chez eux et à fermer les fenêtres en raison d’une teneur en chlore dans l’air “six fois” supérieure à la norme, liée aux incendies et fortes fumées.M. Zelensky a estimé que ces frappes montraient que “la pression sur la Russie était insuffisante”. “Voilà à quoi ressemblent en réalité les +plans de paix+ de la Russie”, a ironisé le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga.- “guerre de terreur” -Le chancelier allemand Friedrich Merz a dénoncé “une intensification massive” des frappes russes. “Cela n’a rien à voir avec des objectifs militaires. Il s’agit purement d’une guerre de terreur contre la population civile ukrainienne”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.Comme lors d’autres attaques, la Roumanie, membre de l’Otan et voisine de l’Ukraine, a annoncé avoir déployé des avions en réponse à une nouvelle incursion de drone sur son territoire.Depuis son retour au pouvoir en début d’année, Donald Trump s’est présenté comme un médiateur pour ce conflit, bien que Washington ait été un soutien militaire et financier majeur de Kiev depuis quatre ans.Ses efforts n’ont toutefois pas abouti à une cessation des hostilités. Se disant tour à tour frustré par Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe.Plusieurs sessions de pourparlers entre Russes et Ukrainiens à Istanbul cette année n’ont pas abouti à des avancées majeures.La Russie, qui occupe environ 20% de l’Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales pour se protéger, idée que la Russie juge inacceptable.La volonté de Kiev de relancer les pourparlers intervient à un moment très difficile pour l’armée ukrainienne.Une ville clé sur le front Est, Pokrovsk, semble sur le point de tomber, les soldats russes ont pénétré cet été dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est) et avancent depuis plusieurs jours dans celle de Zaporijjia (sud), où le front était largement gelé depuis deux ans.

Macédoine du Nord : début du procès de l’incendie tragique d’une discothèque

Le procès de 35 personnes accusées d’avoir joué un rôle dans l’incendie d’une discothèque en Macédoine du Nord qui a fait 63 morts s’est ouvert mercredi, premier d’une longue série de jours d’audience où seront étudiés les multiples omissions à la sécurité du lieu.Le feu a pris dans la nuit du 15 au 16 mars lors d’un concert de hip hop au Pulse, petite discothèque de Kocani, à une centaine de km de Skopje.L’établissement était bondé – environ 650 personnes – et l’enquête a révélé plusieurs violations des normes de sécurité sur fond de corruption : presque toutes les réglementations relatives à l’exploitation d’une boîte de nuit ont été enfreintes, selon l’accusation qui pointe un nombre insuffisant d’extincteurs et de sorties de secours, ainsi que des licences falsifiées.”Si ce bâtiment avait respecté toutes les normes, si les portes avaient été suffisantes pour permettre le passage […] si la ventilation avait été fonctionnelle, s’il y avait eu un système de lutte contre les incendies, s’il y avait eu un contrôle, une supervision et des sanctions en temps voulu, alors l’incendie aurait été un incident grave, et non une fosse commune”, a déclaré le procureur Borce Janev. “C’est pourquoi aujourd’hui nous exigeons la justice”.Des mots accueillis par des larmes et des applaudissements du côté des familles.Sur le banc des prévenus se trouvent entre autres le propriétaire de la boîte de nuit, trois anciens maires de Kocani, d’anciens ministres, des maires et des hauts fonctionnaires, qui devront répondre de “crimes graves contre la sécurité publique”.La foule était dense pour ce premier jour d’audience qui s’est conclu peu après 14h00 (13h00 GMT). Le procès, qui reprendra le 25 novembre, est organisé dans une salle conçue pour les grands procès située dans la plus grande prison du pays, à une quinzaine de km du centre de Skopje.- Discipline -“Tout sera fait pour que ce procès se déroule sans encombre. Nous ne pouvons garantir combien de temps cela prendra, personne ne peut le savoir. Je demande de la discipline, car nous souhaitons tous parvenir” à rendre justice, a déclaré la juge Dijana Gruevska Ilievska en ouvrant les débats.Lors d’un briefing pour les médias la semaine dernière, la présidente de la Cour criminelle, Daniela Dimovska et le procureur général Ljupco Kocevski, ainsi que le président de l’association des avocats, Ljubomir Mihajlovski, ont tous plaidé pour une procédure rapide et efficace.Cela alors que les limites du système judiciaire de Macédoine du Nord ont été soulignées dans le dernier rapport de l’UE sur le pays, qui note que son efficacité “est affectée par la durée accrue des procédures et un important arriéré de dossiers. La durée des procédures a augmenté pour presque toutes les catégories d’affaires”.Et compte tenu de la complexité de l’affaire, familles et experts craignent que le dossier ne traîne pendant de nombreuses années.”Vu le nombre d’accusés, de parties civiles, de témoins, le nombre de documents contenus dans l’acte d’accusation, le procès du Pulse sera long et complexe, c’est certain”, explique Darko Avramovski, de Blue Print Group, une coalition d’ONG spécialisées dans la justice.”La rapidité des procédures dépendra de la capacité du tribunal à éviter les retards d’audiences, mais aussi de la solidité juridique de l’acte d’accusation, et de l’individualisation claire des responsabilités de chaque personne”, ajoute-t-il.”Le processus doit être mené de manière professionnelle, sans populisme et avec un respect strict des normes juridiques. Ce que le public attend à juste titre, ce n’est pas seulement la rapidité, mais aussi une procédure de qualité qui résistera à l’épreuve des preuves et de l’argumentation juridique”.

Face au protoxyde d’azote, des villes impuissantes en appellent à l’Etat

Les élus locaux confrontés au fléau multiforme du protoxyde d’azote, dont le risque de drames routiers, multiplient les arrêtés pour interdire sa consommation dans l’espace public. Mais face à une démarche qui a ses limites, ils en appellent à l’Etat.Surnommé “gaz hilarant” et utilisé à des fins industrielles, il est régulièrement détourné à des fins récréatives, non sans risque.Car parmi ses effets secondaires, le protoxyde d’azote peut notamment entraîner la perte de contrôle de ses consommateurs, comme par exemple début novembre à Lille, où Mathis, un jeune homme de 19 ans, a été mortellement percuté par un automobiliste ayant consommé ce gaz et fuyant la police. Depuis plusieurs années, les villes tentent pourtant de prévenir ces drames en encadrant, tant bien que mal, la consommation de ce qu’elles considèrent souvent comme “un fléau”.Orléans, par exemple, comme Cannes, Lyon ou Roubaix avant elle, a signé mercredi un nouvel arrêté pour notamment interdire sa consommation sur l’espace public et restreindre désormais sa vente, à l’exception des professionnels de la restauration ou de l’alimentation. Depuis janvier, 10.000 cartouches et bonbonnes ont été ramassées à Orléans, près de deux fois plus qu’en 2024.”Cet arrêté nous aidera à mieux protéger les jeunes”, a espéré son maire Serge Grouard (DVD), déplorant des “conséquences qui peuvent être dramatiques”. Impuissant à lutter contre la vente sur internet, le maire a appelé l’Etat à légiférer.- “Fléau” -Une mesure similaire a été récemment renouvelée par la maire socialiste de Dijon, Nathalie Koenders, pour tenter de répondre à un “vrai problème de santé publique”.”Il n’y a pas de petites villes, grandes villes, moyennes villes”, a-t-elle estimé auprès de l’AFP. “On est tous confrontés” à cette situation, “qu’il faut traiter par la sanction, mais aussi par la prévention”.Des initiatives locales qui semblent pourtant bien insuffisantes, devant cette consommation détournée. Plusieurs villes appellent de leurs vœux une évolution législative.”Le phénomène relève du fléau, mais pas que dans Lille”, pointe en ce sens le maire socialiste Arnaud Deslandes, pour qui la conduite sous emprise du protoxyde d’azote doit être considérée “comme une circonstance aggravante”.Citant 431 verbalisations en cinq mois et des “consommateurs qui font un shot de protoxyde et prennent la voiture”, M. Deslandes juge que “c’est pour ça qu’il faut d’abord que la loi évolue”.Une position partagée par la maire de Dijon, Mme Koenders. “C’est important qu’il y ait une législation au niveau national” autour de sa mise à disposition, a-t-elle insisté, suggérant même qu’il faille “l’interdire tout court”.Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, lors d’un déplacement dans le Nord après la mort du jeune Mathis, avait lui-même reconnu qu’il faudrait “un moment s’interroger sur une modification des règles législatives sur la vente de ce type de produits”.- “Peur de rien” -En pratique, et malgré les arrêtés, les consommateurs parviennent à s’en procurer “facilement”, majoritairement sur internet ou via des vendeurs contactés sur les réseaux sociaux.Jules, dont le prénom a été modifié, âgé de 23 ans, a reconnu auprès de l’AFP consommer du protoxyde d’azote depuis quatre ans, “au moins une fois par mois” et surtout sans être gêné pour s’en fournir. Malgré “quelques pertes de connaissance”, grâce au protoxyde d’azote, “tu te mets en danger sans avoir peur de rien”.”Est-il normal que nous n’ayons pas une loi qui permette d’endiguer le fléau avec des sanctions plus fortes et plus claires ?”, s’est interrogé le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons).Le Sénat a voté en mars la pénalisation de l’usage détourné du protoxyde d’azote, sans aller toutefois jusqu’à interdire totalement sa vente aux particuliers, comme l’avaient fait auparavant les députés. L’avenir de cette loi dépendra des négociations entre les deux chambres. Un autre combat, après la promulgation en juillet de la loi créant le délit d’homicide routier, au terme d’une bataille de plusieurs années des familles et associations de victimes.imk-ads-cln-led-tmn-laf/mb/cbn

Le patron de l’IGPN veut renforcer le contrôle des cellules de déontologie

Le directeur de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), Stéphane Hardouin, a dit mercredi vouloir renforcer le contrôle sur les cellules de déontologie locales pour prévenir les “conflits d’intérêts”, tout en contestant les accusations d’impunité portées par une ONG.Réagissant sur BFMTV à un rapport de l’ONG Flagrant Déni publié mardi et critiquant le manque d’indépendance de la “police des polices”, M. Hardouin a rejeté l’image de “lessiveuse” accolée à son institution. Il a toutefois concédé la nécessité de “mettre en cohérence” les cellules de déontologie locales, rattachées aux directions départementales, qui traitent la grande majorité des dossiers disciplinaires.Il a plaidé pour une nouvelle organisation où l’IGPN exercerait “un rôle de coordination, d’évaluation, un droit de regard, un droit de contrôle”, ce qui n’est “pas complètement le cas” actuellement. Le directeur a annoncé une réunion de travail vendredi avec “les directeurs zonaux” pour organiser systématiquement un “dépaysement” des enquêtes “lorsqu’il y a un risque (…) de conflit d’intérêts”, c’est-à-dire quand l’échelon local est jugé “trop proche d’une affaire”.Interrogé sur la hausse de 60% des affaires de violences policières depuis 2016 évoquée par l’ONG, Stéphane Hardouin a appelé à se “méfier” d’une “inflation statistique”.Le patron de l’IGPN a fait valoir que ces données brutes englobent l’ensemble des personnes dépositaires de l’autorité publique, y compris les policiers municipaux dont les effectifs ont “augmenté de 50%”, et pas uniquement la police nationale.M. Hardouin a enfin récusé tout lien mécanique entre la baisse du taux d’élucidation des enquêtes et une forme d’impunité. “Une affaire peut être élucidée, mais pour autant, il n’y a pas de poursuite parce qu’il n’y a pas d’infraction”, a-t-il assuré.Il a rappelé que “c’est le procureur de la République qui décide de la saisie d’un service” d’enquête, l’IGPN traitant systématiquement les cas les plus graves, notamment les décès ou blessures lourdes.Le député (PS) du Nord Roger Vicot a écrit au président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Florent Boudié (EPR), pour lui demander la mise en place d’une commission d’enquête sur la gestion par l’IGPN et l’IGGN des plaintes sur les violences commises par des policiers ou des gendarmes, selon un courrier consulté mercredi par l’AFP.La députée (LFI) Andrée Taurinya a sollicité de son côté la création d’une mission d’information consacrée au champ d’études de l’ONG Flagrant Déni. 

Prolongation du glyphosate: la justice européenne donne raison aux ONG sur une “erreur de droit” de Bruxelles

La justice européenne a estimé mercredi que la Commission européenne avait commis une “erreur de droit” lors d’une prolongation de l’autorisation du glyphosate, un herbicide combattu par les associations environnementales.Selon la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), Bruxelles aurait dû donner suite aux demandes des ONG de réexaminer un “règlement d’exécution” européen de 2022 …

Prolongation du glyphosate: la justice européenne donne raison aux ONG sur une “erreur de droit” de Bruxelles Read More »

Menace russe: l’UE veut accélérer la mobilité des armées sur le continent

L’UE a présenté mercredi un ensemble de mesures censées accélérer la mobilité des armées sur le continent face à la menace russe. Objectif: qu’une colonne de chars basés en Espagne n’arrive pas en Pologne “après la guerre”, résume un responsable européen.”L’infanterie remporte des batailles, mais c’est la logistique qui gagne les guerres”, a martelé devant …

Menace russe: l’UE veut accélérer la mobilité des armées sur le continent Read More »

Foot: La longue route d’Haïti vers le Mondial-2026

Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti vient de décrocher son billet pour le Mondial-2026, un exploit que son équipe nationale doit notamment au travail de fourmi de son sélectionneur français Sébastien Migné, qui a bâti une équipe compétitive malgré une crise politique, sécuritaire et humanitaire majeure.”J’ai vu quelques images sur les réseaux, c’était la folie à Haïti, s’emballe l’entraîneur, joint mercredi par l’AFP. Tous les gens étaient dehors. Mes joueurs vont être de formidables ambassadeurs d’un pays qui en manque cruellement. Haïti n’est pas une destination facile, avec un peuple qui souffre et qui n’a pas beaucoup d’occasions de faire la fête.”Cette qualification intervient en effet dans un pays plongé en plein chaos. Le pays qui partage l’île d’Hispaniola avec la République Dominicaine subit depuis plusieurs années la violence des bandes criminelles, qui commettent meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d’instabilité politique chronique.La situation s’est encore largement détériorée depuis le début de l’année 2024 lorsque les gangs ont poussé le Premier ministre de l’époque, Ariel Henry, à la démission. Le pays, qui n’a pas connu d’élections depuis 2016, est depuis dirigé par un Conseil présidentiel de transition.Quelque 5,7 millions de personnes souffrent de malnutrition, plus de 1,4 million d’habitants ont été déplacés en 2025, dont plus de la moitié de femmes et d’enfants.- Montée de l’insécurité -L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a fermé définitivement son centre d’urgences de Port-au-Prince face à la montée de l’insécurité et même la météo s’en mêle: 43 personnes sont mortes à Haïti à cause du passage de l’ouragan Melissa début novembre.Dans ce contexte, la joie de la sélection haïtienne sur la pelouse du stade Ergilio Haton de Willemstad, à Curaçao, où ses matches sont délocalisés, apporte un peu de bonheur.Au coup de sifflet final de leur victoire contre le Nicaragua (2-0), joueurs et staff se sont réunis au centre du terrain, les yeux sur les téléphones à attendre la fin de Costa Rica-Honduras (0-0). Il fallait un nul pour qualifier Haïti pour sa deuxième Coupe du monde, après celle de 1974 en Allemagne.Puis, raconte Migné, “Alexandre Pierre (le gardien remplaçant) a lancé: +C’est fini!+, et là ça a explosé, c’est parti dans tous les sens”. Les maillots bleus ont couru partout sur la pelouse, vers les supporters haïtiens présents en tribune.Face à toutes les difficultés du pays, le sélectionneur a dû bâtir une équipe qui jouait loin de ses bases. En un an et demi de travail, il a “pris (son) bâton de pèlerin pour convaincre des binationaux de rejoindre l’aventure”.”Avant de signer, je les avais scoutés (supervisés, NDLR), j’avais établi le potentiel de garçons comme Ruben Providence ou Jean-Ricner Bellegarde, explique celui qui fut adjoint de Claude Le Roy. J’ai essayé de les convaincre, j’ai essayé aussi de bousculer les anciens, en les poussant dans leurs retranchements, j’en ai écarté certains. Je sentais qu’il y avait un truc à faire”.- “Un travail de longue haleine” -L’ancien sélectionneur du Congo, du Kenya ou encore de la Guinée Equatoriale a également pêché en Ligue 1 l’ailier auxerrois Josué Casimir, “qui nous a rejoints lors de précédent rassemblement”.Pour embarquer tous ces binationaux, “j’ai parfois voyagé, parfois utilisé les communications modernes avec des visios, j’ai souvent eu les familles, parfois le frère qui fait office d’agent, ça a été un travail de longue haleine”, raconte Migné.D’autres pourraient rejoindre l’aventure, par la Coupe du monde alléchés, comme Wilson Isidor (Sunderland) ou Odsonne Edouard (Lens).Le coach a aussi séduit des anciens qui “n’étaient plus vraiment en sélection, comme Leverton Pierre (Vizela, POR) et Stéphane Lambese (Fleury, Nat.)””Il a fallu aussi convaincre ma fédération qu’il fallait améliorer certaines choses pour attirer certains garçons, notamment la qualité de voyage, la qualité du staff médical”, ajoute-t-il.Signe du caractère singulier de cette expérience dans un pays ravagé par la violence et la misère, le technicien n’a “malheureusement pas encore pu (se) rendre” en personne à Haïti, mais la découvrira en janvier lors de l’ouverture du championnat pour une détection des joueurs locaux. “Le peuple haïtien attend un signe, on va leur montrer qu’on est là”, promet Migné. 

Foot: La longue route d’Haïti vers le Mondial-2026

Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti vient de décrocher son billet pour le Mondial-2026, un exploit que son équipe nationale doit notamment au travail de fourmi de son sélectionneur français Sébastien Migné, qui a bâti une équipe compétitive malgré une crise politique, sécuritaire et humanitaire majeure.”J’ai vu quelques images sur les réseaux, c’était la folie à Haïti, s’emballe l’entraîneur, joint mercredi par l’AFP. Tous les gens étaient dehors. Mes joueurs vont être de formidables ambassadeurs d’un pays qui en manque cruellement. Haïti n’est pas une destination facile, avec un peuple qui souffre et qui n’a pas beaucoup d’occasions de faire la fête.”Cette qualification intervient en effet dans un pays plongé en plein chaos. Le pays qui partage l’île d’Hispaniola avec la République Dominicaine subit depuis plusieurs années la violence des bandes criminelles, qui commettent meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d’instabilité politique chronique.La situation s’est encore largement détériorée depuis le début de l’année 2024 lorsque les gangs ont poussé le Premier ministre de l’époque, Ariel Henry, à la démission. Le pays, qui n’a pas connu d’élections depuis 2016, est depuis dirigé par un Conseil présidentiel de transition.Quelque 5,7 millions de personnes souffrent de malnutrition, plus de 1,4 million d’habitants ont été déplacés en 2025, dont plus de la moitié de femmes et d’enfants.- Montée de l’insécurité -L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a fermé définitivement son centre d’urgences de Port-au-Prince face à la montée de l’insécurité et même la météo s’en mêle: 43 personnes sont mortes à Haïti à cause du passage de l’ouragan Melissa début novembre.Dans ce contexte, la joie de la sélection haïtienne sur la pelouse du stade Ergilio Haton de Willemstad, à Curaçao, où ses matches sont délocalisés, apporte un peu de bonheur.Au coup de sifflet final de leur victoire contre le Nicaragua (2-0), joueurs et staff se sont réunis au centre du terrain, les yeux sur les téléphones à attendre la fin de Costa Rica-Honduras (0-0). Il fallait un nul pour qualifier Haïti pour sa deuxième Coupe du monde, après celle de 1974 en Allemagne.Puis, raconte Migné, “Alexandre Pierre (le gardien remplaçant) a lancé: +C’est fini!+, et là ça a explosé, c’est parti dans tous les sens”. Les maillots bleus ont couru partout sur la pelouse, vers les supporters haïtiens présents en tribune.Face à toutes les difficultés du pays, le sélectionneur a dû bâtir une équipe qui jouait loin de ses bases. En un an et demi de travail, il a “pris (son) bâton de pèlerin pour convaincre des binationaux de rejoindre l’aventure”.”Avant de signer, je les avais scoutés (supervisés, NDLR), j’avais établi le potentiel de garçons comme Ruben Providence ou Jean-Ricner Bellegarde, explique celui qui fut adjoint de Claude Le Roy. J’ai essayé de les convaincre, j’ai essayé aussi de bousculer les anciens, en les poussant dans leurs retranchements, j’en ai écarté certains. Je sentais qu’il y avait un truc à faire”.- “Un travail de longue haleine” -L’ancien sélectionneur du Congo, du Kenya ou encore de la Guinée Equatoriale a également pêché en Ligue 1 l’ailier auxerrois Josué Casimir, “qui nous a rejoints lors de précédent rassemblement”.Pour embarquer tous ces binationaux, “j’ai parfois voyagé, parfois utilisé les communications modernes avec des visios, j’ai souvent eu les familles, parfois le frère qui fait office d’agent, ça a été un travail de longue haleine”, raconte Migné.D’autres pourraient rejoindre l’aventure, par la Coupe du monde alléchés, comme Wilson Isidor (Sunderland) ou Odsonne Edouard (Lens).Le coach a aussi séduit des anciens qui “n’étaient plus vraiment en sélection, comme Leverton Pierre (Vizela, POR) et Stéphane Lambese (Fleury, Nat.)””Il a fallu aussi convaincre ma fédération qu’il fallait améliorer certaines choses pour attirer certains garçons, notamment la qualité de voyage, la qualité du staff médical”, ajoute-t-il.Signe du caractère singulier de cette expérience dans un pays ravagé par la violence et la misère, le technicien n’a “malheureusement pas encore pu (se) rendre” en personne à Haïti, mais la découvrira en janvier lors de l’ouverture du championnat pour une détection des joueurs locaux. “Le peuple haïtien attend un signe, on va leur montrer qu’on est là”, promet Migné.