Licenciements de fonctionnaires: l’ex-patron de l’agence météo américaine tire la sonnette d’alarme

L’ancien chef de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), Rick Spinrad, a tiré la sonnette d’alarme dans un entretien avec l’AFP, à la suite des licenciements voulus par l’administration Trump.Depuis le retour au pouvoir en janvier du républicain, des employés de la NOAA, principale agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l’analyse du climat et de la conservation marine, ont été licenciés et d’autres ont acceptés un plan de départ volontaire. D’autres limogeages sont encore attendus pour aboutir à une réduction de près de 20% des effectifs initiaux.Question: Quel est l’impact de ces départs sur le travail de l’agence?Réponse: “Beaucoup de missions de soutien de la NOAA, dont celles concernant le déploiement de navires et d’avions (météorologiques), ont été supprimées. Cela a empêché l’agence de faire les évaluations nécessaires à l’établissement des quotas de poissons permettant une gestion efficace de l’industrie de la pêche.Les saisons de pêche commerciale doivent être définies bientôt, mais sans données provenant de l’évaluation des quotas, il sera impossible de le faire correctement. Il s’agit d’une industrie de 320 milliards de dollars et de deux millions d’emplois.- Saison des ouragans -Nous entrons dans la saison des tornades dans le centre et le sud-est des Etats-Unis. A mesure que nous perdons des techniciens, entretenir et faire fonctionner des satellites et des radars (permettant de prédire leur apparition) devient plus compliqué. Je suis très inquiet concernant la saison des ouragans. Si on ne peut pas déployer des avions +chasseurs+ d’ouragans ou maintenir les systèmes d’observation qui alimentent les modèles de prévision, les conséquences pourraient être graves.”Q: Avez-vous des informations concernant les plus de 1.000 suppressions supplémentaires de postes réclamées par le gouvernement de Donald Trump ? R: Il n’est pas inhabituel que les gouvernements cherchent à faire des économies et à réduire les coûts. Mais durant mes presque 40 ans d’expérience avec le gouvernement, toutes les autres manoeuvres de cette nature incluaient une déclaration de mission prioritaire, une stratégie ou même une idéologie. Rien de tel, même pas une priorité géographique, n’a été fournie cette fois.Quand je suis parti, la NOAA avait 12.000 employés fédéraux et presque autant de contractuels. Ce qui montre que l’agence a plutôt besoin d’une main-d’oeuvre plus nombreuse, et non pas du contraire, car, honnêtement, les contractuels coûtent cher.”Q: Le programme conservateur “Project 2025”, qui semble être la feuille de route utilisée par le gouvernement Trump, appelle à privatiser l’agence météorologique nationale (NWS). Qu’en pensez-vous?R: “Les coûts (des services) augmenteraient simplement à cause des dépenses d’investissement, des opérations et de la maintenance. Imaginez que le secteur privé doive gérer 122 radars météorologiques, 16 satellites, dix avions (…) sans parler des bateaux.En fin de compte, cela fait que les prévisions météorologiques deviendraient un peu comme la vidéo à la demande. Si vous le voulez et pouvez vous l’offrir, vous le payez. Mais en quoi cela correspond à l’idée que le gouvernement doit être là pour tout le monde, tout le temps?”- “Scientifiques démoralisés”-Q: En quoi réduire le travail de la NOAA sur le climat nuit-il aux intérêts des Etats-Unis?R: “Ce serait une perte terrible. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour collaborer avec nos partenaires au travers de l’Organisation météorologique mondiale de l’ONU (OMM).La grande majorité des Américains comprennent la réalité des effets du changement climatique et le fait qu’ils se font sentir dès maintenant. Notre capacité à contribuer à la compréhension de ses impacts sur notre société sera compromise.Les scientifiques sont démoralisés. Ils sont très inquiets car le modèle sur lequel nous nous sommes basés depuis 60 ans est en train de voler en éclats, et nous ne savons pas à quoi va ressembler le nouveau.”

Licenciements de fonctionnaires: l’ex-patron de l’agence météo américaine tire la sonnette d’alarme

L’ancien chef de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), Rick Spinrad, a tiré la sonnette d’alarme dans un entretien avec l’AFP, à la suite des licenciements voulus par l’administration Trump.Depuis le retour au pouvoir en janvier du républicain, des employés de la NOAA, principale agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l’analyse du climat et de la conservation marine, ont été licenciés et d’autres ont acceptés un plan de départ volontaire. D’autres limogeages sont encore attendus pour aboutir à une réduction de près de 20% des effectifs initiaux.Question: Quel est l’impact de ces départs sur le travail de l’agence?Réponse: “Beaucoup de missions de soutien de la NOAA, dont celles concernant le déploiement de navires et d’avions (météorologiques), ont été supprimées. Cela a empêché l’agence de faire les évaluations nécessaires à l’établissement des quotas de poissons permettant une gestion efficace de l’industrie de la pêche.Les saisons de pêche commerciale doivent être définies bientôt, mais sans données provenant de l’évaluation des quotas, il sera impossible de le faire correctement. Il s’agit d’une industrie de 320 milliards de dollars et de deux millions d’emplois.- Saison des ouragans -Nous entrons dans la saison des tornades dans le centre et le sud-est des Etats-Unis. A mesure que nous perdons des techniciens, entretenir et faire fonctionner des satellites et des radars (permettant de prédire leur apparition) devient plus compliqué. Je suis très inquiet concernant la saison des ouragans. Si on ne peut pas déployer des avions +chasseurs+ d’ouragans ou maintenir les systèmes d’observation qui alimentent les modèles de prévision, les conséquences pourraient être graves.”Q: Avez-vous des informations concernant les plus de 1.000 suppressions supplémentaires de postes réclamées par le gouvernement de Donald Trump ? R: Il n’est pas inhabituel que les gouvernements cherchent à faire des économies et à réduire les coûts. Mais durant mes presque 40 ans d’expérience avec le gouvernement, toutes les autres manoeuvres de cette nature incluaient une déclaration de mission prioritaire, une stratégie ou même une idéologie. Rien de tel, même pas une priorité géographique, n’a été fournie cette fois.Quand je suis parti, la NOAA avait 12.000 employés fédéraux et presque autant de contractuels. Ce qui montre que l’agence a plutôt besoin d’une main-d’oeuvre plus nombreuse, et non pas du contraire, car, honnêtement, les contractuels coûtent cher.”Q: Le programme conservateur “Project 2025”, qui semble être la feuille de route utilisée par le gouvernement Trump, appelle à privatiser l’agence météorologique nationale (NWS). Qu’en pensez-vous?R: “Les coûts (des services) augmenteraient simplement à cause des dépenses d’investissement, des opérations et de la maintenance. Imaginez que le secteur privé doive gérer 122 radars météorologiques, 16 satellites, dix avions (…) sans parler des bateaux.En fin de compte, cela fait que les prévisions météorologiques deviendraient un peu comme la vidéo à la demande. Si vous le voulez et pouvez vous l’offrir, vous le payez. Mais en quoi cela correspond à l’idée que le gouvernement doit être là pour tout le monde, tout le temps?”- “Scientifiques démoralisés”-Q: En quoi réduire le travail de la NOAA sur le climat nuit-il aux intérêts des Etats-Unis?R: “Ce serait une perte terrible. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour collaborer avec nos partenaires au travers de l’Organisation météorologique mondiale de l’ONU (OMM).La grande majorité des Américains comprennent la réalité des effets du changement climatique et le fait qu’ils se font sentir dès maintenant. Notre capacité à contribuer à la compréhension de ses impacts sur notre société sera compromise.Les scientifiques sont démoralisés. Ils sont très inquiets car le modèle sur lequel nous nous sommes basés depuis 60 ans est en train de voler en éclats, et nous ne savons pas à quoi va ressembler le nouveau.”

Licenciements de fonctionnaires: l’ex-patron de l’agence météo américaine tire la sonnette d’alarme

L’ancien chef de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), Rick Spinrad, a tiré la sonnette d’alarme dans un entretien avec l’AFP, à la suite des licenciements voulus par l’administration Trump.Depuis le retour au pouvoir en janvier du républicain, des employés de la NOAA, principale agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l’analyse du climat et de la conservation marine, ont été licenciés et d’autres ont acceptés un plan de départ volontaire. D’autres limogeages sont encore attendus pour aboutir à une réduction de près de 20% des effectifs initiaux.Question: Quel est l’impact de ces départs sur le travail de l’agence?Réponse: “Beaucoup de missions de soutien de la NOAA, dont celles concernant le déploiement de navires et d’avions (météorologiques), ont été supprimées. Cela a empêché l’agence de faire les évaluations nécessaires à l’établissement des quotas de poissons permettant une gestion efficace de l’industrie de la pêche.Les saisons de pêche commerciale doivent être définies bientôt, mais sans données provenant de l’évaluation des quotas, il sera impossible de le faire correctement. Il s’agit d’une industrie de 320 milliards de dollars et de deux millions d’emplois.- Saison des ouragans -Nous entrons dans la saison des tornades dans le centre et le sud-est des Etats-Unis. A mesure que nous perdons des techniciens, entretenir et faire fonctionner des satellites et des radars (permettant de prédire leur apparition) devient plus compliqué. Je suis très inquiet concernant la saison des ouragans. Si on ne peut pas déployer des avions +chasseurs+ d’ouragans ou maintenir les systèmes d’observation qui alimentent les modèles de prévision, les conséquences pourraient être graves.”Q: Avez-vous des informations concernant les plus de 1.000 suppressions supplémentaires de postes réclamées par le gouvernement de Donald Trump ? R: Il n’est pas inhabituel que les gouvernements cherchent à faire des économies et à réduire les coûts. Mais durant mes presque 40 ans d’expérience avec le gouvernement, toutes les autres manoeuvres de cette nature incluaient une déclaration de mission prioritaire, une stratégie ou même une idéologie. Rien de tel, même pas une priorité géographique, n’a été fournie cette fois.Quand je suis parti, la NOAA avait 12.000 employés fédéraux et presque autant de contractuels. Ce qui montre que l’agence a plutôt besoin d’une main-d’oeuvre plus nombreuse, et non pas du contraire, car, honnêtement, les contractuels coûtent cher.”Q: Le programme conservateur “Project 2025”, qui semble être la feuille de route utilisée par le gouvernement Trump, appelle à privatiser l’agence météorologique nationale (NWS). Qu’en pensez-vous?R: “Les coûts (des services) augmenteraient simplement à cause des dépenses d’investissement, des opérations et de la maintenance. Imaginez que le secteur privé doive gérer 122 radars météorologiques, 16 satellites, dix avions (…) sans parler des bateaux.En fin de compte, cela fait que les prévisions météorologiques deviendraient un peu comme la vidéo à la demande. Si vous le voulez et pouvez vous l’offrir, vous le payez. Mais en quoi cela correspond à l’idée que le gouvernement doit être là pour tout le monde, tout le temps?”- “Scientifiques démoralisés”-Q: En quoi réduire le travail de la NOAA sur le climat nuit-il aux intérêts des Etats-Unis?R: “Ce serait une perte terrible. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour collaborer avec nos partenaires au travers de l’Organisation météorologique mondiale de l’ONU (OMM).La grande majorité des Américains comprennent la réalité des effets du changement climatique et le fait qu’ils se font sentir dès maintenant. Notre capacité à contribuer à la compréhension de ses impacts sur notre société sera compromise.Les scientifiques sont démoralisés. Ils sont très inquiets car le modèle sur lequel nous nous sommes basés depuis 60 ans est en train de voler en éclats, et nous ne savons pas à quoi va ressembler le nouveau.”

Dans l’est de la RDC, le cacao au cÅ“ur des convoitises et des violences

Malgré les risques et la peur, Judith Kahindo marche tous les jours plusieurs kilomètres, seule, vers sa plantation isolée de cacao, ressource convoitée à Beni, région de l’est de la RDC infestée par des groupes armés et endeuillée par les massacres.La province du Nord-Kivu, où se trouve Beni, est principalement riche de ses minerais – cobalt, cuivre, coltan -, accusés d’alimenter les conflits qui ravagent l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis trois décennies.Mais dans le territoire de Beni, le cacao – dont les cours ont flambé sur le marché mondial ces deux dernières années – nourrit aussi des violences.Les massacres commis par les rebelles des ADF (Allied Democratic Forces), qui ont prêté allégeance à l’Etat islamique, ont fait des milliers de morts et empêché pendant plusieurs années les cultivateurs de cacao d’accéder à leurs plantations.Malgré une accalmie ces dernières années, “nous entretenons nos champs avec la peur d’être massacrés car le cacao est tellement convoité, que ce soit par les rebelles ou même nos soldats”, déplore Juliette Kahindo, veuve et mère de huit enfants, qui se fraye un chemin à coups de machette au milieu d’une forêt enchevêtrée.La production cacaoyère en RDC, répartie à travers le pays, reste marginale à l’échelle mondiale: en 2024, le pays devrait produire environ 50.000 tonnes de cacao, à peine plus de 1% de la production mondiale.- Contrebande -Dans cette région particulièrement fertile, les produits agricoles, dont le cacao, attirent les convoitises de divers groupes armés qui nourrissent des réseaux de contrebande vers l’Ouganda voisin, selon les acteurs de la filière.”S’il n’y avait pas de cacao en abondance à Beni, la guerre aurait déjà pris fin”, assure Judith Kahindo.Les ADF ne sont pas la seule menace. “Il y a des gens qui profitent de la terreur suscitée par les ADF pour voler”, assure le colonel Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans le secteur.Avant même l’émergence des ADF dans les années 2000, la région était déjà en proie aux attaques des “sangabalende”, groupes criminels spécialisés dans le vol et la contrebande de cacao, explique Richard Kirumba, président de la société civile du territoire de Beni.Selon lui, certains militaires déployés contre les ADF taxent aussi les commerçants ou pillent les champs. Le cacao volé est généralement écoulé à travers des réseaux de contrebande transfrontalière.”Les criminels vendent le cacao tel quel: ils le coupent, le décabossent (retirent la baie qui protège les fèves, ndlr) puis partent directement le vendre”, explique Frank Ndinyoka Kabeya, acheteur de cacao et représentant de l’Union des négociants des produits agricoles au Congo.Les contrôles sont peu scrupuleux dans un pays où, selon Transparency International, la corruption est endémique, et seuls des imprudents risquent des ennuis.Les rues de Beni sont jalonnées de fèves séchant au soleil sur des bâches. La marchandise de contrebande est surtout écoulée auprès “de petits acheteurs”, contournant les processus de certification, selon Karim Sibenda, ingénieur agronome dans une chocolaterie locale.- Label bio – A l’Office national des produits agricoles du Congo (Onapac), chargé de certifier la qualité et l’origine du cacao destiné à l’exportation, l’activité bourdonne en pleine période de récolte.Des tonnes de fèves à l’odeur vinaigrée s’entassent sous l’entrepôt de Beni, où des employés remplissent et tamponnent des sacs en toile destinés à l’étranger.”Les producteurs sont identifiés par un code qui est lié à la zone” afin d’assurer la traçabilité, explique Agee Mbughavinywa, employé d’une compagnie chargée d’acheter et certifier les produits agricoles.Les sacs sont essentiellement exportés vers l’Ouganda voisin, comme les autres produits agricoles de la région.Depuis fin 2021, la RDC a autorisé la présence dans la région de troupes ougandaises pour épauler son armée contre les ADF, groupe armé d’origine ougandaise.Cette présence militaire a permis de sécuriser des axes commerciaux vitaux et d’augmenter les exportations, selon l’Onapac.Mais ce rapprochement avec Kampala suscite également des craintes. “Les acheteurs ougandais déstabilisent le secteur: ils viennent monnaie en main et imposent leur prix aux producteurs”, déplore la directrice de l’Onacap à Beni. “Ils ne regardent pas la qualité, prennent le tout et exportent sous label ougandais, cela handicape l’économie du pays.”A Beni, les méthodes traditionnelles de culture et un sol particulièrement fertile permettent de produire un cacao bio.Mais les violences menacent aussi sa certification biologique: l’UE a récemment menacé de ne plus reconnaître le label attribué aux produits locaux, l’insécurité empêchant les organismes de certification de déployer leurs inspecteurs sur le terrain.Une mesure qui encouragerait l’exportation frauduleuse de cacao congolais sous label ougandais, estiment les acteurs de la filière.

Dans l’est de la RDC, le cacao au cÅ“ur des convoitises et des violences

Malgré les risques et la peur, Judith Kahindo marche tous les jours plusieurs kilomètres, seule, vers sa plantation isolée de cacao, ressource convoitée à Beni, région de l’est de la RDC infestée par des groupes armés et endeuillée par les massacres.La province du Nord-Kivu, où se trouve Beni, est principalement riche de ses minerais – cobalt, cuivre, coltan -, accusés d’alimenter les conflits qui ravagent l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis trois décennies.Mais dans le territoire de Beni, le cacao – dont les cours ont flambé sur le marché mondial ces deux dernières années – nourrit aussi des violences.Les massacres commis par les rebelles des ADF (Allied Democratic Forces), qui ont prêté allégeance à l’Etat islamique, ont fait des milliers de morts et empêché pendant plusieurs années les cultivateurs de cacao d’accéder à leurs plantations.Malgré une accalmie ces dernières années, “nous entretenons nos champs avec la peur d’être massacrés car le cacao est tellement convoité, que ce soit par les rebelles ou même nos soldats”, déplore Juliette Kahindo, veuve et mère de huit enfants, qui se fraye un chemin à coups de machette au milieu d’une forêt enchevêtrée.La production cacaoyère en RDC, répartie à travers le pays, reste marginale à l’échelle mondiale: en 2024, le pays devrait produire environ 50.000 tonnes de cacao, à peine plus de 1% de la production mondiale.- Contrebande -Dans cette région particulièrement fertile, les produits agricoles, dont le cacao, attirent les convoitises de divers groupes armés qui nourrissent des réseaux de contrebande vers l’Ouganda voisin, selon les acteurs de la filière.”S’il n’y avait pas de cacao en abondance à Beni, la guerre aurait déjà pris fin”, assure Judith Kahindo.Les ADF ne sont pas la seule menace. “Il y a des gens qui profitent de la terreur suscitée par les ADF pour voler”, assure le colonel Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans le secteur.Avant même l’émergence des ADF dans les années 2000, la région était déjà en proie aux attaques des “sangabalende”, groupes criminels spécialisés dans le vol et la contrebande de cacao, explique Richard Kirumba, président de la société civile du territoire de Beni.Selon lui, certains militaires déployés contre les ADF taxent aussi les commerçants ou pillent les champs. Le cacao volé est généralement écoulé à travers des réseaux de contrebande transfrontalière.”Les criminels vendent le cacao tel quel: ils le coupent, le décabossent (retirent la baie qui protège les fèves, ndlr) puis partent directement le vendre”, explique Frank Ndinyoka Kabeya, acheteur de cacao et représentant de l’Union des négociants des produits agricoles au Congo.Les contrôles sont peu scrupuleux dans un pays où, selon Transparency International, la corruption est endémique, et seuls des imprudents risquent des ennuis.Les rues de Beni sont jalonnées de fèves séchant au soleil sur des bâches. La marchandise de contrebande est surtout écoulée auprès “de petits acheteurs”, contournant les processus de certification, selon Karim Sibenda, ingénieur agronome dans une chocolaterie locale.- Label bio – A l’Office national des produits agricoles du Congo (Onapac), chargé de certifier la qualité et l’origine du cacao destiné à l’exportation, l’activité bourdonne en pleine période de récolte.Des tonnes de fèves à l’odeur vinaigrée s’entassent sous l’entrepôt de Beni, où des employés remplissent et tamponnent des sacs en toile destinés à l’étranger.”Les producteurs sont identifiés par un code qui est lié à la zone” afin d’assurer la traçabilité, explique Agee Mbughavinywa, employé d’une compagnie chargée d’acheter et certifier les produits agricoles.Les sacs sont essentiellement exportés vers l’Ouganda voisin, comme les autres produits agricoles de la région.Depuis fin 2021, la RDC a autorisé la présence dans la région de troupes ougandaises pour épauler son armée contre les ADF, groupe armé d’origine ougandaise.Cette présence militaire a permis de sécuriser des axes commerciaux vitaux et d’augmenter les exportations, selon l’Onapac.Mais ce rapprochement avec Kampala suscite également des craintes. “Les acheteurs ougandais déstabilisent le secteur: ils viennent monnaie en main et imposent leur prix aux producteurs”, déplore la directrice de l’Onacap à Beni. “Ils ne regardent pas la qualité, prennent le tout et exportent sous label ougandais, cela handicape l’économie du pays.”A Beni, les méthodes traditionnelles de culture et un sol particulièrement fertile permettent de produire un cacao bio.Mais les violences menacent aussi sa certification biologique: l’UE a récemment menacé de ne plus reconnaître le label attribué aux produits locaux, l’insécurité empêchant les organismes de certification de déployer leurs inspecteurs sur le terrain.Une mesure qui encouragerait l’exportation frauduleuse de cacao congolais sous label ougandais, estiment les acteurs de la filière.

LVMH: Bernard Arnault pourrait rester à la tête du groupe jusque 85 ans

LVMH va proposer lors de son assemblée générale de repousser l’âge limite du PDG de 80 ans à 85 ans, permettant à Bernard Arnault, âgé de 76 ans, de rester plus longtemps à la tête du numéro un mondial du luxe.Lors de l’assemblée générale du 17 avril, les actionnaires devront se prononcer sur cette modification des statuts “afin d’harmoniser les limites d’âge du président du conseil d’administration et du directeur général pour les porter à quatre-vingt-cinq ans”, selon le bulletin des annonces légales obligatoires.Le seuil de directeur général avait déjà été relevé à 80 ans en 2022.Bernard Arnault n’a pas nommé de successeur. Ses cinq enfants travaillent tous pour le groupe et quatre d’entre eux sont au conseil d’administration.Delphine Arnault, 49 ans, aînée de la fratrie, est PDG de Dior et membre du comité exécutif de LVMH. Antoine Arnault, 47 ans, est président de Berluti et de Loro Piana et chargé de l’image et de la politique environnementale de LVMH.  Il est également directeur général et vice-président du conseil d’administration de la holding Christian Dior SE qui contrôle LVMH.Alexandre Arnault, 33 ans, est directeur général délégué de Moët Hennessy, qui rassemble les marques de champagne, de vins et de spiritueux du groupe.Frédéric Arnault, 30 ans, a été nommé mercredi directeur général de Loro Piana. Il prendra ses fonctions le 10 juin. Il est actuellement PDG de la division montres de LVMH.Jean Arnault, 27 ans, est directeur du marketing et du développement des montres pour Louis Vuitton. Il est le seul à ne pas être au conseil d’administration. “Il a le temps, il est jeune”, avait déclaré son père en janvier 2024.En juillet 2022, Bernard Arnault avait pérennisé le contrôle familial de luxe LVMH avec la réorganisation de la holding Agache en société en commandite.La famille Arnault possède 49% du capital de LVMH et 64,81% des droits de votes.En 2024, LVMH a réalisé un bénéfice net de 12,55 milliards d’euros et un chffre d’affaires de 84,7 milliards d’euros.

Ethiopie: au Tigré, “les gens sont terrifiés” par un possible retour de la guerre

“Les gens sont terrifiés à l’idée que si un nouveau conflit éclate, il soit encore plus dévastateur que le précédent”: depuis Mekele, la capitale de la région du Tigré, dans le nord de l’Ethiopie, Solomon Hagos suit avec appréhension les informations.Retraits d’argent en catastrophe, stocks de nourriture: un vent de panique souffle ces derniers jours sur le Tigré au fil du regain de tensions et des incidents entre deux factions du parti au pouvoir.Ils font planer le risque d’un nouveau conflit dans la région, deux ans et demi à peine après la fin d’une des guerres les plus meurtrières de ces dernières décennies, qui a opposé les forces fédérales éthiopiennes, appuyées par des milices locales et l’armée érythréenne, et les rebelles tigréens, et fait au moins 600.000 morts en deux ans.A l’époque, les services bancaires avaient été suspendus, les télécommunications coupées, les liaisons aériennes suspendues. Puis les armes s’étaient tues et les services avaient été progressivement rétablis à la faveur de la signature d’un accord de paix à Pretoria. Mais depuis quelques mois, des tensions sont apparues au grand jour au sein du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le parti qui gouverne la région après avoir été autrefois hégémonique en Ethiopie. Un haut cadre du parti, Getachew Reda, placé à la tête d’une administration intérimaire par les autorités fédérales, s’oppose au numéro 1 du TPLF, Debretsion Gebremichael, en raison des retards pris dans la mise en place de l’accord de paix. Et le spectre de la guerre a ressurgi dans la région meurtrie, où des scènes d’angoisse se répètent devant les établissements bancaires.”Les gens se ruent dans les banques pour effectuer des retraits de peur qu’ils ne soient bientôt suspendus”, souligne Solomon Hagos, universitaire, joint par téléphone.Son prénom, comme pour les autres personnes interrogées par l’AFP, a été changé pour des raisons de sécurité. “J’ai pu retirer une grande partie de mes économies en janvier, et je reçois aussi de l’argent de ma famille à l’étranger, ce qui me permet de faire des stocks de nourriture”, poursuit-il, inquiet par l’inflation galopante. La population de cette région d’environ six millions d’habitants se sent prisonnière des luttes de pouvoir entre les deux factions rivales, et observe également avec inquiétude le regain de tensions qui fait planer le risque d’une guerre entre l’Ethiopie et son voisin érythréen. – “Notre population est épuisée” -“Nous avons peur de l’inconnu”, relate Zenawi Asegdom, 40 ans et père de deux enfants, qui a pu retirer cette semaine 7.000 birrs (environ 50 euros) dans un distributeur de billets à Aksoum pour faire notamment des provisions d’huile et de sel. A Adigrat, deuxième ville du Tigré, non loin de la frontière avec l’Erythrée, des hommes en armes proches de Debretsion Gebremichael ont pris le contrôle de la municipalité, délogeant l’édile nommé par l’administration intérimaire.”Nous avons peur d’un nouveau siège, d’une guerre civile entre les Tigréens”, souligne Mehari Gebremariam, fonctionnaire qui réside dans la ville et dit avoir “peur que le Tigré soit entraîné dans une guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée”. Selon une source sécuritaire qui a requis l’anonymat, des convois chargés d’armes ont pris la direction du nord de l’Afar, région éthiopienne frontalière de l’Erythrée. Ethiopie et Erythrée ont connu des relations en dents de scie depuis l’indépendance de cette dernière en 1993. De 1998 à 2000, ils se sont livré une guerre pour des différends territoriaux qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Les relations se sont apaisées un temps après l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed, qui a conclu un accord de paix avec le président érythréen Issaias Afeworki, au pouvoir sans partage depuis 1993.Les relations se sont à nouveau tendues après la guerre du Tigré. Fin février, Asmara a accusé son voisin de mener une “campagne intense de dénigrement”.Solomon Hagos est pessimiste: “Notre population est épuisée, notre économie est dévastée. Une guerre dans ces conditions est intenable”.