En Allemagne, un paysan péruvien devant la justice face à un géant de l’énergie

Dix ans après le début de son combat judiciaire, un paysan péruvien a fait face lundi devant la justice allemande au géant de l’énergie RWE, à qui il demande de réparer les effets du changement climatique dans les Andes.Pour cette affaire emblématique, très suivie par les défenseurs de l’environnement, Saul Luciano Lliuya a fait le déplacement au tribunal de Hamm, dans le nord-ouest de l’Allemagne, loin de sa ferme de Huaraz, dans l’ouest du Pérou.Selon l’ONG Germanwatch, qui soutient l’agriculteur, sa maison est menacée par la fonte des glaciers des Andes, qui ont déjà fait “remonter dangereusement à plusieurs reprises” le niveau du lac Palcacocha situé au-dessus de sa ville.”Les glaciers sont en train de fondre, de disparaître petit à petit”, a dit l’agriculteur de 44 ans, père de deux enfants, lundi avant l’audience.”Certains lacs comme celui de Palcacocha sont devenus un risque pour moi et pour plus de 50.000 personnes qui vivent dans cette zone”, a-t-il déclaré devant un décor en carton représentant des glaciers.M. Lliuya et Germanwatch demandent à RWE, l’un des principaux groupes énergétiques d’Allemagne, de participer symboliquement aux travaux pour réduire le niveau d’eau du lac.- Quote-part des émissions -Motif: bien qu’il n’ait aucune centrale au Pérou, le conglomérat fait partie des trois plus grands émetteurs de gaz à effet de serre en Europe, et est responsable de 0,47% des émissions mondiales, selon un rapport.Les plaignants exigent donc de RWE une quote-part correspondante de 17.000 euros aux 3,5 millions d’euros de travaux.La première journée d’audience a été consacrée à l’analyse des risques climatiques dans la région de Huaraz, et notamment celui d’un débordement du lac glaciaire, a expliqué un avocat du camp des plaignants.Les réponses des deux experts mandatés par le tribunal à des questions essentiellement géologiques sont cruciales pour la suite de l’affaire.Le tribunal doit en effet d’abord évaluer le risque de crue pour la maison de M. Lliuya. Si celui-ci est considéré comme sérieux, il examinera ensuite dans quelle mesure le changement climatique et les émissions de RWE contribuent à une potentielle inondation.Selon Noah Walker-Crawford, chercheur de la Londons School of Economics engagé auprès des plaignants, les experts “reconnaissent qu’il existe un risque” que la maison du paysan subisse une inondation en raison de “la fonte des glaciers”.Une deuxième et dernière journée d’audience est prévue mercredi. Une décision est possible dès ce jour mais “il est plus probable” que les juges se prononcent “d’ici trois ou quatre semaines”, a estimé Noah Walker-Crawford.Fin 2017, l’agriculteur avait obtenu un premier succès lorsque sa requête avait été jugée recevable en appel, après avoir été retoquée en première instance.Cette décision avait suscité l’espoir des militants de l’environnement d’en faire un cas précurseur de “justice climatique mondiale”, concept politique selon lequel le Nord pollueur doit dédommager les pays du Sud victimes de la pollution.Depuis, la procédure a avancé lentement, ralentie notamment par la pandémie de Covid-19.”Je n’aurais jamais pensé que cela prendrait autant de temps”, a dit avant le procès Saul Luciano Lliuya, qui a déposé plainte il y a près de dix ans.- “Juridiquement inadmissible” -De son côté, l’énergéticien allemand juge la requête “juridiquement inadmissible”.Pour le groupe qui exploite en Allemagne plusieurs mines de lignite, un minerai très polluant, il n’est “pas possible d’attribuer juridiquement les effets spécifiques d’un changement climatique à un seul émetteur”.Le groupe soutient notamment qu’il a toujours respecté les réglementations nationales sur les émissions de gaz à effet de serre et s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. RWE s’est notamment engagé à cesser la production d’électricité au charbon d’ici à 2030 dans le bassin rhénan, tout en investissant massivement dans l’éolien et le solaire.Avec cette procédure, Germanwatch dit vouloir faire “pression” pour forcer les responsables politiques “à agir et à dire que, oui, les grands émetteurs sur cette planète doivent finalement contribuer sur le principe de pollueur-payeur”, a déclaré lundi Christoph Bals, directeur politique de l’ONG.Les litiges contre gouvernements et sociétés polluantes se multiplient ces dernières années.

En Allemagne, un paysan péruvien devant la justice face à un géant de l’énergie

Dix ans après le début de son combat judiciaire, un paysan péruvien a fait face lundi devant la justice allemande au géant de l’énergie RWE, à qui il demande de réparer les effets du changement climatique dans les Andes.Pour cette affaire emblématique, très suivie par les défenseurs de l’environnement, Saul Luciano Lliuya a fait le déplacement au tribunal de Hamm, dans le nord-ouest de l’Allemagne, loin de sa ferme de Huaraz, dans l’ouest du Pérou.Selon l’ONG Germanwatch, qui soutient l’agriculteur, sa maison est menacée par la fonte des glaciers des Andes, qui ont déjà fait “remonter dangereusement à plusieurs reprises” le niveau du lac Palcacocha situé au-dessus de sa ville.”Les glaciers sont en train de fondre, de disparaître petit à petit”, a dit l’agriculteur de 44 ans, père de deux enfants, lundi avant l’audience.”Certains lacs comme celui de Palcacocha sont devenus un risque pour moi et pour plus de 50.000 personnes qui vivent dans cette zone”, a-t-il déclaré devant un décor en carton représentant des glaciers.M. Lliuya et Germanwatch demandent à RWE, l’un des principaux groupes énergétiques d’Allemagne, de participer symboliquement aux travaux pour réduire le niveau d’eau du lac.- Quote-part des émissions -Motif: bien qu’il n’ait aucune centrale au Pérou, le conglomérat fait partie des trois plus grands émetteurs de gaz à effet de serre en Europe, et est responsable de 0,47% des émissions mondiales, selon un rapport.Les plaignants exigent donc de RWE une quote-part correspondante de 17.000 euros aux 3,5 millions d’euros de travaux.La première journée d’audience a été consacrée à l’analyse des risques climatiques dans la région de Huaraz, et notamment celui d’un débordement du lac glaciaire, a expliqué un avocat du camp des plaignants.Les réponses des deux experts mandatés par le tribunal à des questions essentiellement géologiques sont cruciales pour la suite de l’affaire.Le tribunal doit en effet d’abord évaluer le risque de crue pour la maison de M. Lliuya. Si celui-ci est considéré comme sérieux, il examinera ensuite dans quelle mesure le changement climatique et les émissions de RWE contribuent à une potentielle inondation.Selon Noah Walker-Crawford, chercheur de la Londons School of Economics engagé auprès des plaignants, les experts “reconnaissent qu’il existe un risque” que la maison du paysan subisse une inondation en raison de “la fonte des glaciers”.Une deuxième et dernière journée d’audience est prévue mercredi. Une décision est possible dès ce jour mais “il est plus probable” que les juges se prononcent “d’ici trois ou quatre semaines”, a estimé Noah Walker-Crawford.Fin 2017, l’agriculteur avait obtenu un premier succès lorsque sa requête avait été jugée recevable en appel, après avoir été retoquée en première instance.Cette décision avait suscité l’espoir des militants de l’environnement d’en faire un cas précurseur de “justice climatique mondiale”, concept politique selon lequel le Nord pollueur doit dédommager les pays du Sud victimes de la pollution.Depuis, la procédure a avancé lentement, ralentie notamment par la pandémie de Covid-19.”Je n’aurais jamais pensé que cela prendrait autant de temps”, a dit avant le procès Saul Luciano Lliuya, qui a déposé plainte il y a près de dix ans.- “Juridiquement inadmissible” -De son côté, l’énergéticien allemand juge la requête “juridiquement inadmissible”.Pour le groupe qui exploite en Allemagne plusieurs mines de lignite, un minerai très polluant, il n’est “pas possible d’attribuer juridiquement les effets spécifiques d’un changement climatique à un seul émetteur”.Le groupe soutient notamment qu’il a toujours respecté les réglementations nationales sur les émissions de gaz à effet de serre et s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. RWE s’est notamment engagé à cesser la production d’électricité au charbon d’ici à 2030 dans le bassin rhénan, tout en investissant massivement dans l’éolien et le solaire.Avec cette procédure, Germanwatch dit vouloir faire “pression” pour forcer les responsables politiques “à agir et à dire que, oui, les grands émetteurs sur cette planète doivent finalement contribuer sur le principe de pollueur-payeur”, a déclaré lundi Christoph Bals, directeur politique de l’ONG.Les litiges contre gouvernements et sociétés polluantes se multiplient ces dernières années.

Deux militaires tués par un train à un passage à niveau dans le Pas-de-Calais

Une violente collision, dont les causes et circonstances restent à éclaircir: deux militaires sont morts lundi matin quand un TER a percuté leur véhicule  à un passage à niveau près d’Arras.”Une voiture a été percutée ce matin par un train au niveau d’un passage à niveau” à Bailleul-Sir-Berthoult, dans le Pas-de-Calais, a déclaré SNCF Réseau, confirmant une information du quotidien régional la Voix du Nord. La délégation à l’information et à la communication de la Défense (Dicod) a pour sa part confirmé “un accident ce matin (lundi, NDLR) occasionnant la mort de deux militaires”.”Deux de nos militaires ont perdu la vie dans un tragique accident près d’Arras. Mes pensées vont à leurs familles, leurs frères d’armes, aux blessés ainsi qu’à tous ceux qui s’engagent pour défendre la Nation” a réagi sur X le président Emmanuel Macron.Une personne qui se trouvait dans le train a été légèrement blessée par des éclats de verre, a précisé SNCF Réseau. Cette personne et le conducteur du train, choqué, ont été pris en charge par les secours.Ce TER était toujours arrêté en début d’après-midi au milieu des champs, à quelque dizaines de mètres du passage à niveau dont les barrières étaient relevées, a constaté une journaliste de l’AFP sur place.Une riveraine agricultrice dit avoir entendu le train klaxonner puis freiner sans pouvoir s’arrêter à temps avant de percuter une voiture. Après avoir entendu les passagers crier, “on y a été” et “le moteur était sorti de la voiture, il y avait plein de trucs à terre tout partout”, a décrit Marion Saudmont, 28 ans, qui a appelé les pompiers.- Circulation des TER perturbée -Selon SNCF Réseau, le train, qui reliait Hazebrouck (Nord) à Arras, transportait une centaine de passagers. La circulation a été interrompue dans les deux sens sur l’axe concerné entre Arras et Lens et les trains détournés par Douai et Ostricourt. Les voyageurs du train de la collision ont été transférés dans deux bus à destination d’Arras. Un homme était mort percuté par un train à ce même passage à niveau en juin dernier, selon la Voix du Nord, mais selon le maire de Bailleul-Sir-Berthoult, il s’agissait alors d’un suicide. Ce lundi, “c’est vraiment un accident. Pourquoi? Comment? On ne sait pas donc attendons le résultat de l’enquête”, a commenté l’élu, Bernard Tournant. En 2023, 39 accidents impliquant un train ont été recensés en France, d’après la base de données des accidents corporels de la circulation. Ces accidents s’avèrent souvent graves, puisque 29 d’entre eux étaient mortels, soit 74%. La France compte 15.000 passages à niveau, dont 60% sont équipés de dispositifs automatiques (feux de signalisation et/ou barrières), selon la même source. SNCF Réseau, qui mène des campagnes de sensibilisation sur les bons comportements à adopter aux passages à niveau, rappelle que la distance de freinage d’un train est “10 fois supérieure à celle d’un véhicule: à 100 km/h, un train a besoin de 1 km pour s’arrêter”.

Deux militaires tués par un train à un passage à niveau dans le Pas-de-Calais

Une violente collision, dont les causes et circonstances restent à éclaircir: deux militaires sont morts lundi matin quand un TER a percuté leur véhicule  à un passage à niveau près d’Arras.”Une voiture a été percutée ce matin par un train au niveau d’un passage à niveau” à Bailleul-Sir-Berthoult, dans le Pas-de-Calais, a déclaré SNCF Réseau, confirmant une information du quotidien régional la Voix du Nord. La délégation à l’information et à la communication de la Défense (Dicod) a pour sa part confirmé “un accident ce matin (lundi, NDLR) occasionnant la mort de deux militaires”.”Deux de nos militaires ont perdu la vie dans un tragique accident près d’Arras. Mes pensées vont à leurs familles, leurs frères d’armes, aux blessés ainsi qu’à tous ceux qui s’engagent pour défendre la Nation” a réagi sur X le président Emmanuel Macron.Une personne qui se trouvait dans le train a été légèrement blessée par des éclats de verre, a précisé SNCF Réseau. Cette personne et le conducteur du train, choqué, ont été pris en charge par les secours.Ce TER était toujours arrêté en début d’après-midi au milieu des champs, à quelque dizaines de mètres du passage à niveau dont les barrières étaient relevées, a constaté une journaliste de l’AFP sur place.Une riveraine agricultrice dit avoir entendu le train klaxonner puis freiner sans pouvoir s’arrêter à temps avant de percuter une voiture. Après avoir entendu les passagers crier, “on y a été” et “le moteur était sorti de la voiture, il y avait plein de trucs à terre tout partout”, a décrit Marion Saudmont, 28 ans, qui a appelé les pompiers.- Circulation des TER perturbée -Selon SNCF Réseau, le train, qui reliait Hazebrouck (Nord) à Arras, transportait une centaine de passagers. La circulation a été interrompue dans les deux sens sur l’axe concerné entre Arras et Lens et les trains détournés par Douai et Ostricourt. Les voyageurs du train de la collision ont été transférés dans deux bus à destination d’Arras. Un homme était mort percuté par un train à ce même passage à niveau en juin dernier, selon la Voix du Nord, mais selon le maire de Bailleul-Sir-Berthoult, il s’agissait alors d’un suicide. Ce lundi, “c’est vraiment un accident. Pourquoi? Comment? On ne sait pas donc attendons le résultat de l’enquête”, a commenté l’élu, Bernard Tournant. En 2023, 39 accidents impliquant un train ont été recensés en France, d’après la base de données des accidents corporels de la circulation. Ces accidents s’avèrent souvent graves, puisque 29 d’entre eux étaient mortels, soit 74%. La France compte 15.000 passages à niveau, dont 60% sont équipés de dispositifs automatiques (feux de signalisation et/ou barrières), selon la même source. SNCF Réseau, qui mène des campagnes de sensibilisation sur les bons comportements à adopter aux passages à niveau, rappelle que la distance de freinage d’un train est “10 fois supérieure à celle d’un véhicule: à 100 km/h, un train a besoin de 1 km pour s’arrêter”.

Terres rares: face au monopole chinois, une usine de recyclage franco-japonaise en construction en France

Pour échapper au monopole chinois sur les métaux stratégiques, la startup lyonnaise Carester a posé lundi la première pierre d’une usine de recyclage de terres rares à Lacq (sud-ouest), pour alimenter les filières de l’automobile ou des éoliennes, avec des financements japonais et français.Objectif affiché, la souveraineté. L’usine Caremag, permettra “de se doter d’une technologie sur laquelle la Chine est en position monopolistique puisqu’elle fournit 98% du marché européen”, a indiqué la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui a soutenu le projet dès sa conception lorsqu’elle était ministre de l’Industrie.Les terres rares et les aimants permanents, qui résistent à la démagnétisation, jouent un rôle-clé dans la transition énergétique, mais aussi dans l’industrie électronique, pour les moteurs de véhicules électriques, les générateurs d’éoliennes, la robotique ou les pompes.L’usine commencera de produire fin 2026, début 2027. A terme, elle devrait employer 92 personnes pour recycler 2.000 tonnes par an d’aimants permanents afin de produire quelque 800 tonnes de terres rares légères (néodyme et praséodyme). Elle devrait aussi raffiner 5.000 tonnes de concentrés miniers pour produire 600 tonnes de terres rares lourdes séparées (oxydes de dysprosium et terbium), soit environ 15% de la production mondiale actuelle. Au total, le projet a reçu 216 millions d’euros de financements japonais et français.Quelque 110 millions sont apportés par les sociétés japonaises partenaires Jogmec (organisation publique pour la sécurité des métaux et de l’énergie) et le trader en métaux Iwatani. Et 106 millions d’euros viennent de l’Etat français sous forme de subventions et avances remboursables dans le cadre des appels à projets France Relance et France 2030, ainsi qu’un crédit d’impôt industrie verte.Selon l’entreprise, ce sera le premier recycleur européen de terres rares et le plus gros producteur occidental de terres rares lourdes séparées.La construction, autorisée depuis 2023, “représente une avancée majeure vers l’indépendance de l’Europe en terres rares pour les aimants permanents”, a déclaré le président de Carester, Frédéric Carencotte au cours d’un bref entretien téléphonique avec l’AFP.- “partenaires long terme” -“Pour contrecarrer le risque de dumping” sur les prix, venant notamment d’industriels chinois désireux de maintenir leur monopole mondial, l’entreprise a “trouvé des partenaires long terme”, avec une “vision commune”, associant notamment l’Etat japonais et l’Etat français, a ajouté M. Carencotte.Côté européen, le groupe automobile Stellantis a ainsi signé un contrat s’engageant à acheter une partie de la production, a indiqué M. Carencotte.Côté japonais, “50% de la production” sera vendu à la société de trading japonaise partenaire, charge à elle de vendre les oxydes de terres rares lourdes produits par Caremag à “un ou des partenaires industriels japonais”, a-t-il ajouté, sans donner de nom.De son côté, Mme Pannier-Runacher a fait référence à “un partenariat stratégique de long terme comme on a su en construire avec Toyota à Valenciennes”.Sur le plan environnemental, la future usine promet des standards élevés: “Mon usine ne rejettera pas d’effluents liquides”, a assuré M. Carencotte à l’AFP. Ainsi du nitrate d’ammonium, coproduit des opérations, sera reconcentré et vendu comme fertilisant, et 80% des rejets directs de CO2 seront recyclés, a-t-il indiqué.”L’objectif n’est pas que d’extraire des métaux rares, mais également de les transformer et de les recycler”, avait indiqué dimanche le ministre de l’Industrie Marc Ferracci dans un entretien à la Tribune, consacré au développement de l’exploitation du sous-sol minier français.Ainsi en France, trois autres projets industriels visent le recyclage d’aimants permanents.La start-up MagREEsource a inauguré en juin, en Isère, la première usine-test d’Europe produisant des aimants permanents à partir d’aimants recyclés, à hauteur de 50 tonnes par an.Le groupe belge Solvay exploite par ailleurs, à La Rochelle, une usine de fabrication de produits de performance à base de terres rares. Il doit prochainement lancer la production des premières tonnes d’oxydes de terres rares pour des aimants permanents.Le groupe minier Orano a aussi lancé en 2022 le projet Magnolia, ayant pour ambition de structurer un outil industriel de fabrication d’aimants permanents haute- performance.

Terres rares: face au monopole chinois, une usine de recyclage franco-japonaise en construction en France

Pour échapper au monopole chinois sur les métaux stratégiques, la startup lyonnaise Carester a posé lundi la première pierre d’une usine de recyclage de terres rares à Lacq (sud-ouest), pour alimenter les filières de l’automobile ou des éoliennes, avec des financements japonais et français.Objectif affiché, la souveraineté. L’usine Caremag, permettra “de se doter d’une technologie sur laquelle la Chine est en position monopolistique puisqu’elle fournit 98% du marché européen”, a indiqué la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui a soutenu le projet dès sa conception lorsqu’elle était ministre de l’Industrie.Les terres rares et les aimants permanents, qui résistent à la démagnétisation, jouent un rôle-clé dans la transition énergétique, mais aussi dans l’industrie électronique, pour les moteurs de véhicules électriques, les générateurs d’éoliennes, la robotique ou les pompes.L’usine commencera de produire fin 2026, début 2027. A terme, elle devrait employer 92 personnes pour recycler 2.000 tonnes par an d’aimants permanents afin de produire quelque 800 tonnes de terres rares légères (néodyme et praséodyme). Elle devrait aussi raffiner 5.000 tonnes de concentrés miniers pour produire 600 tonnes de terres rares lourdes séparées (oxydes de dysprosium et terbium), soit environ 15% de la production mondiale actuelle. Au total, le projet a reçu 216 millions d’euros de financements japonais et français.Quelque 110 millions sont apportés par les sociétés japonaises partenaires Jogmec (organisation publique pour la sécurité des métaux et de l’énergie) et le trader en métaux Iwatani. Et 106 millions d’euros viennent de l’Etat français sous forme de subventions et avances remboursables dans le cadre des appels à projets France Relance et France 2030, ainsi qu’un crédit d’impôt industrie verte.Selon l’entreprise, ce sera le premier recycleur européen de terres rares et le plus gros producteur occidental de terres rares lourdes séparées.La construction, autorisée depuis 2023, “représente une avancée majeure vers l’indépendance de l’Europe en terres rares pour les aimants permanents”, a déclaré le président de Carester, Frédéric Carencotte au cours d’un bref entretien téléphonique avec l’AFP.- “partenaires long terme” -“Pour contrecarrer le risque de dumping” sur les prix, venant notamment d’industriels chinois désireux de maintenir leur monopole mondial, l’entreprise a “trouvé des partenaires long terme”, avec une “vision commune”, associant notamment l’Etat japonais et l’Etat français, a ajouté M. Carencotte.Côté européen, le groupe automobile Stellantis a ainsi signé un contrat s’engageant à acheter une partie de la production, a indiqué M. Carencotte.Côté japonais, “50% de la production” sera vendu à la société de trading japonaise partenaire, charge à elle de vendre les oxydes de terres rares lourdes produits par Caremag à “un ou des partenaires industriels japonais”, a-t-il ajouté, sans donner de nom.De son côté, Mme Pannier-Runacher a fait référence à “un partenariat stratégique de long terme comme on a su en construire avec Toyota à Valenciennes”.Sur le plan environnemental, la future usine promet des standards élevés: “Mon usine ne rejettera pas d’effluents liquides”, a assuré M. Carencotte à l’AFP. Ainsi du nitrate d’ammonium, coproduit des opérations, sera reconcentré et vendu comme fertilisant, et 80% des rejets directs de CO2 seront recyclés, a-t-il indiqué.”L’objectif n’est pas que d’extraire des métaux rares, mais également de les transformer et de les recycler”, avait indiqué dimanche le ministre de l’Industrie Marc Ferracci dans un entretien à la Tribune, consacré au développement de l’exploitation du sous-sol minier français.Ainsi en France, trois autres projets industriels visent le recyclage d’aimants permanents.La start-up MagREEsource a inauguré en juin, en Isère, la première usine-test d’Europe produisant des aimants permanents à partir d’aimants recyclés, à hauteur de 50 tonnes par an.Le groupe belge Solvay exploite par ailleurs, à La Rochelle, une usine de fabrication de produits de performance à base de terres rares. Il doit prochainement lancer la production des premières tonnes d’oxydes de terres rares pour des aimants permanents.Le groupe minier Orano a aussi lancé en 2022 le projet Magnolia, ayant pour ambition de structurer un outil industriel de fabrication d’aimants permanents haute- performance.

Nourrir les chiens et “volonté de Dieu”: une journée à la lisière du front ukrainien

Il est dix heures. Raïssa sort de chez elle, suivie de sa meute de chiens affamés dont les aboiements ne suffisent pas à couvrir les détonations d’artillerie. “Tous les jours, je me lève, je prépare la nourriture pour les animaux, puis je pars au boulot”, dit-elle, arpentant les rues délabrées, un sac en plastique rempli de morceaux de poulet à la main. Raïssa, 65 ans, “tamponne des feuilles” pour le compte de l’administration de sa petite ville de Bilytske, située à 15 km au nord de Pokrovsk, une des zones les plus actives du front, dans l’est de l’Ukraine. C’est la dernière agglomération avant les combats. A quelques kilomètres plus au sud seulement, les drones russes bourdonnent et les carcasses de voitures au bord des routes illustrent le danger à s’y aventurer. Que pense Raïssa de la trêve de 30 jours esquissée mardi par les États-Unis et l’Ukraine, mais sur laquelle Vladimir Poutine a émis des réserves ? “Je n’y crois pas”, tranche-t-elle. “Rien de bon n’arrivera. Les bombardements sont sans fin”, dit Raïssa, qui “ne dort plus la nuit” mais a néanmoins décidé de rester. Pour elle, rien n’est plus important que ces chiens, ramenés du front par des soldats et pour lesquels elle dépense la plus grande partie de son salaire.  Raïssa ne partira que s’ils périssaient dans les bombardements. – Déterminés à rester -Vers 11H00, elle est au travail et manie son tampon. Son voisin Sergueï se rend devant la mairie détruite pour puiser quelques litres d’eau potable. Nostalgique, il passe par son ancienne école, rasée par les missiles russes en juin. “On voit les oiseaux”, dit-il, les yeux tournés vers un trou béant dans le plafond d’une salle de classe.”Quand on était jeunes avec mon ami, on voulait que l’école soit détruite”, dit-il avant un silence. “C’est un rêve devenu réalité… en quelque sorte”, ironise-t-il, caressant sa longue barbe blanche. Dans les rues clairsemées de Bilytske, où vivaient 8.000 personnes avant la guerre, on croise avant tout des soldats et des retraités qui refusent de partir.Sergueï est revenu ici depuis le Portugal pour s’occuper de sa mère, déterminée à rester. A midi, c’est l’heure de la retrouver à l’église, où elle entame le carême. Là, popes et veuves de mineurs de fond de ce bassin houiller prennent un repas frugal de pommes de terre après avoir dit le bénédicité. Plongés dans l’odeur d’encens, les fidèles y sont persuadés d’être sous protection divine, qu’importent les détonations. “Dieu dit que le monde ici-bas est mauvais”, dit un prêtre, le père Serguiï. “S’il y a la guerre, c’est parce que les gens ne croient plus !”, tempête-t-il.- Mourir ici -A côté, le père Ivan, 56 ans, soupire car la plupart des paroissiens ont fui la ville bombardée. Seuls “les plus solides” sont restés, dit-il, comparant la petite église à “l’arche de Noé”.”Les gens essaient de s’accrocher à ce qu’ils ont mis une vie à construire”, dit le religieux pour expliquer la présence de ces civils dans une zone de guerre. “Nous avons travaillé dur toute notre vie, et en fin de compte, tout cela s’est avéré être sans grande importance”.Khrystyna, une fidèle qui débarrasse la table à manger de l’église, dit être restée ici malgré la “peur” des explosions et le départ à Kiev de sa fille avec son nouveau-né. Cette ancienne trieuse de charbon de 64 ans s’occupe de sa maison et “espère” que sa fille reviendra. “Je ne pense pas qu’elle veuille rentrer”, admet-elle tristement. Quant au risque de se retrouver sous le contrôle de la Russie ? “Nous n’avons pas le droit d’avoir peur, c’est la volonté de Dieu”, esquive Khrystyna. “Si je dois mourir ici, alors je mourrai ici”.Vers 16H, les cérémonies religieuses s’achèvent, les fidèles retournent chez eux. La lumière du jour décline. Raïssa quitte son travail où elle n’accueille plus grand monde. Elle retourne nourrir ses chiens au son des obus.

Nourrir les chiens et “volonté de Dieu”: une journée à la lisière du front ukrainien

Il est dix heures. Raïssa sort de chez elle, suivie de sa meute de chiens affamés dont les aboiements ne suffisent pas à couvrir les détonations d’artillerie. “Tous les jours, je me lève, je prépare la nourriture pour les animaux, puis je pars au boulot”, dit-elle, arpentant les rues délabrées, un sac en plastique rempli de morceaux de poulet à la main. Raïssa, 65 ans, “tamponne des feuilles” pour le compte de l’administration de sa petite ville de Bilytske, située à 15 km au nord de Pokrovsk, une des zones les plus actives du front, dans l’est de l’Ukraine. C’est la dernière agglomération avant les combats. A quelques kilomètres plus au sud seulement, les drones russes bourdonnent et les carcasses de voitures au bord des routes illustrent le danger à s’y aventurer. Que pense Raïssa de la trêve de 30 jours esquissée mardi par les États-Unis et l’Ukraine, mais sur laquelle Vladimir Poutine a émis des réserves ? “Je n’y crois pas”, tranche-t-elle. “Rien de bon n’arrivera. Les bombardements sont sans fin”, dit Raïssa, qui “ne dort plus la nuit” mais a néanmoins décidé de rester. Pour elle, rien n’est plus important que ces chiens, ramenés du front par des soldats et pour lesquels elle dépense la plus grande partie de son salaire.  Raïssa ne partira que s’ils périssaient dans les bombardements. – Déterminés à rester -Vers 11H00, elle est au travail et manie son tampon. Son voisin Sergueï se rend devant la mairie détruite pour puiser quelques litres d’eau potable. Nostalgique, il passe par son ancienne école, rasée par les missiles russes en juin. “On voit les oiseaux”, dit-il, les yeux tournés vers un trou béant dans le plafond d’une salle de classe.”Quand on était jeunes avec mon ami, on voulait que l’école soit détruite”, dit-il avant un silence. “C’est un rêve devenu réalité… en quelque sorte”, ironise-t-il, caressant sa longue barbe blanche. Dans les rues clairsemées de Bilytske, où vivaient 8.000 personnes avant la guerre, on croise avant tout des soldats et des retraités qui refusent de partir.Sergueï est revenu ici depuis le Portugal pour s’occuper de sa mère, déterminée à rester. A midi, c’est l’heure de la retrouver à l’église, où elle entame le carême. Là, popes et veuves de mineurs de fond de ce bassin houiller prennent un repas frugal de pommes de terre après avoir dit le bénédicité. Plongés dans l’odeur d’encens, les fidèles y sont persuadés d’être sous protection divine, qu’importent les détonations. “Dieu dit que le monde ici-bas est mauvais”, dit un prêtre, le père Serguiï. “S’il y a la guerre, c’est parce que les gens ne croient plus !”, tempête-t-il.- Mourir ici -A côté, le père Ivan, 56 ans, soupire car la plupart des paroissiens ont fui la ville bombardée. Seuls “les plus solides” sont restés, dit-il, comparant la petite église à “l’arche de Noé”.”Les gens essaient de s’accrocher à ce qu’ils ont mis une vie à construire”, dit le religieux pour expliquer la présence de ces civils dans une zone de guerre. “Nous avons travaillé dur toute notre vie, et en fin de compte, tout cela s’est avéré être sans grande importance”.Khrystyna, une fidèle qui débarrasse la table à manger de l’église, dit être restée ici malgré la “peur” des explosions et le départ à Kiev de sa fille avec son nouveau-né. Cette ancienne trieuse de charbon de 64 ans s’occupe de sa maison et “espère” que sa fille reviendra. “Je ne pense pas qu’elle veuille rentrer”, admet-elle tristement. Quant au risque de se retrouver sous le contrôle de la Russie ? “Nous n’avons pas le droit d’avoir peur, c’est la volonté de Dieu”, esquive Khrystyna. “Si je dois mourir ici, alors je mourrai ici”.Vers 16H, les cérémonies religieuses s’achèvent, les fidèles retournent chez eux. La lumière du jour décline. Raïssa quitte son travail où elle n’accueille plus grand monde. Elle retourne nourrir ses chiens au son des obus.

Emilie Dequenne, “Rosetta” pour toujours au cinéma, emportée par le cancer

Révélée à 18 ans dans “Rosetta”, fauchée à 43 ans par un cancer rare, au terme d’une lutte acharnée qu’elle avait rendue publique: le cinéma est en deuil lundi, au lendemain de la mort de l’actrice multirécompensée Emilie Dequenne.Des frères Dardenne qui l’ont révélée, à Tahar Rahim et Vincent Macaigne, qui ont partagé l’affiche avec elle, les hommages pleuvent après le décès de l’actrice belge, unanimement saluée pour son talent et son énergie.Emilie Dequenne est décédée après avoir passé plusieurs jours en soins palliatifs au centre Gustave Roussy, en région parisienne. Ses obsèques auront lieu le 26 mars à 15H30, au crématorium du Père-Lachaise à Paris, sans fleurs ni couronnes.La famille appellera aux dons pour la recherche médicale contre le cancer, a précisé à l’AFP son agent, Danielle Gain.En octobre 2023, Emilie Dequenne avait annoncé être atteinte d’un corticosurrénalome (cancer du système endocrinien), diagnostiqué deux mois auparavant et qui la tenait éloignée des plateaux. Elle rendait public son combat contre le cancer, martelant qu’il ne s’agissait “pas d’une maladie honteuse”. Elle est décédée après une rémission, puis une rechute.Plusieurs longs-métrages avec Emilie Dequenne vont être diffusés à la télévision pour lui rendre hommage: France 3 propose lundi soir “Une femme de ménage” de Claude Berri, Canal+ Cinéma(s) programme mardi soir “Survivre”, sa dernière apparition, et “Rosetta” est annoncé vendredi soir sur France 5. – “L’archange foudroyé” -Elle a été fauchée “en plein vol, c’est l’archange foudroyé”, a déclaré le réalisateur Luc Dardenne. “Elle était toujours partante, toujours prête à partir au combat, toujours. Elle adorait tourner, c’était sa vie”, a-t-il ajouté sur franceinfo.A 17 ans, Emilie Dequenne remporte avec ce film le prix d’interprétation à Cannes et offre leur première Palme d’or aux réalisateurs. “Rarement une comédienne aura autant marqué l’histoire du Festival de Cannes comme l’a fait Emilie Dequenne lors de son surgissement en +Rosetta+”, a salué le délégué général du festival, Thierry Frémaux, auprès de l’AFP. “Révoltée à l’écran, elle était la douceur même dans la vie, une vie qui s’achève scandaleusement tôt, tant elle avait encore d’amour à donner. Nous la pleurons.”Emilie Dequenne redoutait d’être réduite au rôle de Rosetta, femme précaire luttant sur tous les fronts. “Elle disait toujours, mais je ne suis pas Rosetta !”, se souvient Luc Dardenne.Sa carrière sera bien plus vaste, avec une cinquantaine de films (“La fille du RER” d’André Téchiné (2009), “À perdre la raison” (2012) de Joachim Lafosse, “Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait”, d’Emmanuel Mouret…), dans lesquels elle saura varier les registres.Comme chez Lucas Belvaux, qui la dirige en coiffeuse fan de karaoké dans “Pas son genre”. “C’était un rôle extrêmement difficile, et ça a été une révélation. Emilie, qui jouait toujours des rôles sombres, s’est emparée du film et lui a amené quelque chose d’inattendu dans l’énergie. C’était plus que du talent, il y avait énormément de générosité”, a confié le réalisateur à l’AFP.Ou en mère de famille, chez Lukas Dhont (“Close”) qui se souvient d’une actrice “jamais effrayée d’avancer vers l’inconnu, vers l’obscurité” puis de “repartir, dans une autre direction, vers la lumière”.- Tapis rouge -Acteurs et actrices ont multiplié les messages sur les réseaux sociaux : “Pas de mots. Je pense à toi, à ta famille”, a écrit l’acteur Jean Dujardin. Juliette Binoche l’a remerciée d’avoir partagé ce qu’elle traversait “avec tant d’ardeur et de générosité”.”Tout ce que tu étais, comme actrice et comme femme, inspirait l’admiration et l’amour”, a salué sa compatriote Virginie Efira. Leïla Bekhti salue une “grande dame, grande âme, grande actrice, une reine”.”Le cinéma francophone perd, trop tôt, une actrice de talent qui avait encore tant à lui offrir”, a regretté sur X la ministre de la Culture française, Rachida Dati.En mai 2024, la comédienne était apparue sur le tapis rouge à Cannes au bras de son mari l’acteur Michel Ferracci, souriante, les cheveux courts à cause de son traitement, pour les 25 ans de “Rosetta” et pour présenter son dernier film, “Survivre”. Quelques semaines plus tard, sur France Inter, elle avait assuré qu'”on peut vivre des moments beaux, forts, magiques, en dépit de la maladie, c’est possible”. jfg-reb-kf-fbe-mng/mch/mpm

Emilie Dequenne, “Rosetta” pour toujours au cinéma, emportée par le cancer

Révélée à 18 ans dans “Rosetta”, fauchée à 43 ans par un cancer rare, au terme d’une lutte acharnée qu’elle avait rendue publique: le cinéma est en deuil lundi, au lendemain de la mort de l’actrice multirécompensée Emilie Dequenne.Des frères Dardenne qui l’ont révélée, à Tahar Rahim et Vincent Macaigne, qui ont partagé l’affiche avec elle, les hommages pleuvent après le décès de l’actrice belge, unanimement saluée pour son talent et son énergie.Emilie Dequenne est décédée après avoir passé plusieurs jours en soins palliatifs au centre Gustave Roussy, en région parisienne. Ses obsèques auront lieu le 26 mars à 15H30, au crématorium du Père-Lachaise à Paris, sans fleurs ni couronnes.La famille appellera aux dons pour la recherche médicale contre le cancer, a précisé à l’AFP son agent, Danielle Gain.En octobre 2023, Emilie Dequenne avait annoncé être atteinte d’un corticosurrénalome (cancer du système endocrinien), diagnostiqué deux mois auparavant et qui la tenait éloignée des plateaux. Elle rendait public son combat contre le cancer, martelant qu’il ne s’agissait “pas d’une maladie honteuse”. Elle est décédée après une rémission, puis une rechute.Plusieurs longs-métrages avec Emilie Dequenne vont être diffusés à la télévision pour lui rendre hommage: France 3 propose lundi soir “Une femme de ménage” de Claude Berri, Canal+ Cinéma(s) programme mardi soir “Survivre”, sa dernière apparition, et “Rosetta” est annoncé vendredi soir sur France 5. – “L’archange foudroyé” -Elle a été fauchée “en plein vol, c’est l’archange foudroyé”, a déclaré le réalisateur Luc Dardenne. “Elle était toujours partante, toujours prête à partir au combat, toujours. Elle adorait tourner, c’était sa vie”, a-t-il ajouté sur franceinfo.A 17 ans, Emilie Dequenne remporte avec ce film le prix d’interprétation à Cannes et offre leur première Palme d’or aux réalisateurs. “Rarement une comédienne aura autant marqué l’histoire du Festival de Cannes comme l’a fait Emilie Dequenne lors de son surgissement en +Rosetta+”, a salué le délégué général du festival, Thierry Frémaux, auprès de l’AFP. “Révoltée à l’écran, elle était la douceur même dans la vie, une vie qui s’achève scandaleusement tôt, tant elle avait encore d’amour à donner. Nous la pleurons.”Emilie Dequenne redoutait d’être réduite au rôle de Rosetta, femme précaire luttant sur tous les fronts. “Elle disait toujours, mais je ne suis pas Rosetta !”, se souvient Luc Dardenne.Sa carrière sera bien plus vaste, avec une cinquantaine de films (“La fille du RER” d’André Téchiné (2009), “À perdre la raison” (2012) de Joachim Lafosse, “Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait”, d’Emmanuel Mouret…), dans lesquels elle saura varier les registres.Comme chez Lucas Belvaux, qui la dirige en coiffeuse fan de karaoké dans “Pas son genre”. “C’était un rôle extrêmement difficile, et ça a été une révélation. Emilie, qui jouait toujours des rôles sombres, s’est emparée du film et lui a amené quelque chose d’inattendu dans l’énergie. C’était plus que du talent, il y avait énormément de générosité”, a confié le réalisateur à l’AFP.Ou en mère de famille, chez Lukas Dhont (“Close”) qui se souvient d’une actrice “jamais effrayée d’avancer vers l’inconnu, vers l’obscurité” puis de “repartir, dans une autre direction, vers la lumière”.- Tapis rouge -Acteurs et actrices ont multiplié les messages sur les réseaux sociaux : “Pas de mots. Je pense à toi, à ta famille”, a écrit l’acteur Jean Dujardin. Juliette Binoche l’a remerciée d’avoir partagé ce qu’elle traversait “avec tant d’ardeur et de générosité”.”Tout ce que tu étais, comme actrice et comme femme, inspirait l’admiration et l’amour”, a salué sa compatriote Virginie Efira. Leïla Bekhti salue une “grande dame, grande âme, grande actrice, une reine”.”Le cinéma francophone perd, trop tôt, une actrice de talent qui avait encore tant à lui offrir”, a regretté sur X la ministre de la Culture française, Rachida Dati.En mai 2024, la comédienne était apparue sur le tapis rouge à Cannes au bras de son mari l’acteur Michel Ferracci, souriante, les cheveux courts à cause de son traitement, pour les 25 ans de “Rosetta” et pour présenter son dernier film, “Survivre”. Quelques semaines plus tard, sur France Inter, elle avait assuré qu'”on peut vivre des moments beaux, forts, magiques, en dépit de la maladie, c’est possible”. jfg-reb-kf-fbe-mng/mch/mpm