La Bourse de Paris évolue proche de son record

La Bourse de Paris évoluait en petite hausse en début de séance mardi, à un rythme qui pourrait mener le CAC 40 tout prêt de son record de clôture, alors qu’une kyrielle de résultats et nouvelles d’entreprises sont attendus.L’indice CAC 40 gagnait 0,24% vers 10H00 locales, à 8.225,48 points alors que son dernier sommet en clôture, qui date du mois de mai, s’était inscrit à 8.239,99 points.Lundi, l’indice vedette de la Bourse de Paris avait pris 31,87 points, soit +0,39%, à 8.206,07 points.Le marché était encouragé par l’espoir d’un apaisement des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis tandis que la Bourse de Tokyo a été soutenue par la nomination de Sanae Takaichi comme Première ministre, une conservatrice en faveur du soutien à l’économie.Sur le marché français L’Oréal (-0,39%) doit présenter mardi, après la clôture de la séance, son chiffre d’affaires du troisième trimestre, moins de 48 heures après l’annonce de la plus grosse acquisition de son histoire. Le numéro un du parfum va acquérir, pour 4 milliards d’euros, la division beauté du groupe de luxe Kering, un investissement stratégique.”Avec cette opération, L’Oréal devient désormais clairement le leader incontesté du parfum au niveau mondial”, estime dans une note la banque Oddo BHF.Le chiffre d’affaires de Vivendi (+1,53%), le groupe de Vincent Bolloré, est aussi au programme après la fermeture de la séance.Sur le marché obligataire, un léger repli du taux d’intérêt des emprunts d’Etat français a dix ans qui s’inscrit à 3,35% eu lieu de 3,36% la veille reflète “un impact très modéré de la dégradation anticipée de la note de la France par l’agence S&P”, ont souligné les analystes de Natixis.Edenred bonditEdenred, société de services prépayés qui commercialise notamment les Ticket Restaurant, a confirmé mardi ses objectifs pour 2025 et reste confiante sur les perspectives de croissance des titres-restaurant malgré un environnement réglementaire changeant, des perspectives saluées à la Bourse de Paris. Le titre prenait 12,10% à 23,35 euros.Le groupe, qui présentera le 4 novembre son nouveau plan stratégique à trois ans, a dégagé un chiffre d’affaires de 726 millions d’euros au troisième trimestre, en hausse de 6,5% sur un an et supérieur aux attentes des analystes (707 millions d’euros).Eurofins pénaliséLe géant français des laboratoires d’analyses Eurofins Scientific a poursuivi l’accélération de son activité au troisième trimestre et confirmé mardi ses objectifs pour l’exercice 2025, mais il anticipe un possible impact négatif du renforcement de l’euro face au dollar.Le chiffre d’affaires trimestriel a progressé de 4,6% à 1,8 milliard d’euros, un peu en dessous du consensus des analystes de Factset qui attendaient 1,81 milliard d’euros.

Slovaquie: 21 ans de prison pour l’homme qui avait tiré sur le Premier ministre Fico

La justice slovaque a condamné mardi pour terrorisme à 21 ans de prison le poète de 72 ans Juraj Cintula, qui avait grièvement blessé par balles le Premier ministre nationaliste Robert Fico en mai 2024 et dont les motivations politiques ont été retenues par la cour.Ancien admirateur du chef du gouvernement de ce pays d’Europe centrale, il a tiré cinq fois à bout portant sur lui, pour “empêcher le bon fonctionnement du gouvernement”, a déclaré le juge Igor Kralik.Le tribunal de Banska Bystrica (centre) a jugé “non crédibles” les déclarations de M. Cintula, qui disait avoir voulu seulement “blesser” Robert Fico, puisque ses deux chargeurs étaient pleins et qu’il n’a “pas cessé de tirer, même après avoir été maîtrisé”.L’accusé est resté calme lors de la lecture de sa condamnation, détournant le regard de la salle bondée.Il a le droit de faire appel.- Longues opérations -Cet attentat, rare dans un pays de l’Union européenne (UE) pour un chef de gouvernement, avait eu lieu après une réunion gouvernementale dans la ville minière de Handlova, au centre de la Slovaquie. Le Premier ministre sortait alors dans la rue pour saluer ses partisans.Robert Fico, 61 ans, avait subi deux longues opérations et n’était retourné à son poste que deux mois plus tard.Arrêté sur les lieux, le tireur avait déclaré avoir progressivement changé d’opinion sur l’homme politique, le voyant “ivre de pouvoir”, “tordant la vérité” et prenant des “décisions irrationnelles qui nuisaient au pays”. Il dénonçait notamment l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine voisine, envahie par la Russie. La Slovaquie, auparavant solidaire du reste de l’UE, s’est rapprochée de Moscou sous l’injonction de M. Fico.Le parquet, qui avait initialement accusé le poète de tentative de meurtre avec préméditation, avait modifié l’acte en “attentat terroriste”, en raison de sa motivation politique.- “Produit de la haine” -Le procès s’est tenu devant une cour d’assises dans la ville de Banska Bystrica (centre) à partir du mois de juillet. Plusieurs jours d’audience ont eu lieu, étalés sur plusieurs semaines. Robert Fico n’a pas témoigné, mais une déclaration vidéo qu’il a faite aux enquêteurs après l’attentat a été diffusée lors d’une audience. Auparavant, il avait accusé M. Cintula d’être un “produit de la haine, un assassin créé par les médias et l’opposition”. Il demeure persuadé d’un complot contre lui.Il domine le paysage politique slovaque depuis 2006 avec une rhétorique dont le nationalisme est jugée antidémocratique par une partie de la société slovaque. Depuis 2023, il mène le gouvernement pour la quatrième fois, en coalition avec l’extrême droite, faisant passer des réformes contre les médias, les ONG, la communauté LGBT+ et les milieux culturels.Ses relations avec l’UE se sont dégradées depuis qu’il a fait inscrire dans la Constitution que le droit européen ne primerait plus sur le droit national.Sa politique est régulièrement dénoncée par des citoyens inquiets pour l’avenir européen du pays, lors de manifestations auxquelles le tireur a participé.

Slovaquie: 21 ans de prison pour l’homme qui avait tiré sur le Premier ministre Fico

La justice slovaque a condamné mardi pour terrorisme à 21 ans de prison le poète de 72 ans Juraj Cintula, qui avait grièvement blessé par balles le Premier ministre nationaliste Robert Fico en mai 2024 et dont les motivations politiques ont été retenues par la cour.Ancien admirateur du chef du gouvernement de ce pays d’Europe centrale, il a tiré cinq fois à bout portant sur lui, pour “empêcher le bon fonctionnement du gouvernement”, a déclaré le juge Igor Kralik.Le tribunal de Banska Bystrica (centre) a jugé “non crédibles” les déclarations de M. Cintula, qui disait avoir voulu seulement “blesser” Robert Fico, puisque ses deux chargeurs étaient pleins et qu’il n’a “pas cessé de tirer, même après avoir été maîtrisé”.L’accusé est resté calme lors de la lecture de sa condamnation, détournant le regard de la salle bondée.Il a le droit de faire appel.- Longues opérations -Cet attentat, rare dans un pays de l’Union européenne (UE) pour un chef de gouvernement, avait eu lieu après une réunion gouvernementale dans la ville minière de Handlova, au centre de la Slovaquie. Le Premier ministre sortait alors dans la rue pour saluer ses partisans.Robert Fico, 61 ans, avait subi deux longues opérations et n’était retourné à son poste que deux mois plus tard.Arrêté sur les lieux, le tireur avait déclaré avoir progressivement changé d’opinion sur l’homme politique, le voyant “ivre de pouvoir”, “tordant la vérité” et prenant des “décisions irrationnelles qui nuisaient au pays”. Il dénonçait notamment l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine voisine, envahie par la Russie. La Slovaquie, auparavant solidaire du reste de l’UE, s’est rapprochée de Moscou sous l’injonction de M. Fico.Le parquet, qui avait initialement accusé le poète de tentative de meurtre avec préméditation, avait modifié l’acte en “attentat terroriste”, en raison de sa motivation politique.- “Produit de la haine” -Le procès s’est tenu devant une cour d’assises dans la ville de Banska Bystrica (centre) à partir du mois de juillet. Plusieurs jours d’audience ont eu lieu, étalés sur plusieurs semaines. Robert Fico n’a pas témoigné, mais une déclaration vidéo qu’il a faite aux enquêteurs après l’attentat a été diffusée lors d’une audience. Auparavant, il avait accusé M. Cintula d’être un “produit de la haine, un assassin créé par les médias et l’opposition”. Il demeure persuadé d’un complot contre lui.Il domine le paysage politique slovaque depuis 2006 avec une rhétorique dont le nationalisme est jugée antidémocratique par une partie de la société slovaque. Depuis 2023, il mène le gouvernement pour la quatrième fois, en coalition avec l’extrême droite, faisant passer des réformes contre les médias, les ONG, la communauté LGBT+ et les milieux culturels.Ses relations avec l’UE se sont dégradées depuis qu’il a fait inscrire dans la Constitution que le droit européen ne primerait plus sur le droit national.Sa politique est régulièrement dénoncée par des citoyens inquiets pour l’avenir européen du pays, lors de manifestations auxquelles le tireur a participé.

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Au Nigeria, la bataille du roi Dakolo contre le géant pétrolier Shell

Lorsqu’il était enfant dans le sud du Nigeria dans les années 1970, celui qui allait devenir le roi Bubaraye Dakolo pouvait facilement pêcher 20 kg de poissons en quelques minutes. Aujourd’hui, un pêcheur passe toute la nuit à jeter ses filets pour ne ramener qu’environ trois kg.Ce monarque nigérian, chef du royaume d’Ekpetiama, dans l’Etat de Bayelsa, depuis 2016, également ancien militaire, s’est lancé dans une bataille judiciaire contre un Goliath du pétrole.Lorsque le géant pétrolier Shell a annoncé au début de l’année qu’il se séparait de ses actifs terrestres sans avoir nettoyé la pollution pétrolière sur ses sites, le roi Dakolo a décidé qu’il ne pouvait plus garder le silence.Il a intenté une action en justice contre Shell pour le contraindre à nettoyer et restaurer l’environnement de son royaume. Devant le tribunal, il réclame deux milliards de dollars d’indemnisation pour son royaume. Les communautés agricoles et de pêcheurs du delta du Niger, le cœur de la production de pétrole brut du Nigeria, ont été les plus touchées par la pollution pétrolière qui empoisonne le sud du pays le plus peuplé d’Afrique depuis des décennies. Une enquête de quatre ans menée par la Commission pétrolière et environnementale de l’État de Bayelsa et un groupe d’experts internationaux a conclu en 2023 que le nettoyage de l’État de Bayelsa coûterait douze milliards de dollars. C’est à Bayelsa que le pétrole a été découvert pour la première fois en Afrique dans les années 1950, et que des entreprises, dont Shell, opèrent depuis des décennies. “J’ai moi-même de nombreuses preuves de leur culpabilité”, a assuré M. Dakolo à l’AFP lors d’une interview à Lagos, la capitale commerciale du Nigeria. Il se souvient avoir marché, enfant, pour se rendre à l’école “sur des oléoducs à nu” qui sillonnent son royaume de 1,5 million d’habitants afin d’éviter les routes principales très fréquentées. “Je suis né avec cette calamité sous les yeux” mais à l’époque, “je ne réalisais pas que c’était des atrocités”, a raconté le roi de 60 ans, vêtu de sa tenue cérémonielle multicolore. – “Morts-vivants” -Auteur de cinq livres, dont un récemment publié qui rassemble des preuves des “atrocités” commises dans le delta du Niger par les compagnies pétrolières, Bubaraye Dakolo a grandi en observant son père, travailleur dans une raffinerie. Les compagnies pétrolières attribuent la plupart des déversements de pétrole à des actes de sabotage et de vandalisme de la part de voleurs de pétrole. Le procès intenté par le monarque contre Shell doit faire l’objet d’une audience préliminaire mercredi. Son objectif est la suspension du transfert des actifs de Shell à un consortium nigérian baptisé Renaissance, en attendant qu’un accord sur le financement du nettoyage environnemental, le démantèlement des infrastructures obsolètes et l’indemnisation des communautés soit trouvé. “Ils doivent venir et restaurer l’environnement (…) On ne peut pas simplement venir détruire les lieux, gagner tout l’argent et nous laisser sans rien!”, s’est-il emporté en citant des études scientifiques qui montrent la présence d’hydrocarbures cancérigènes “dans notre sang, en quantités mortelles”. “Nous sommes donc en fait des morts-vivants”, a-t-il soupiré.Shell déclaré à l’AFP que Renaissance s’occupait désormais du litige et le consortium n’a pas répondu aux requêtes de l’AFP. Cependant, pas question pour le roi Dakolo d’exonérer Shell qui doit “rendre des comptes”: “Ils ont occupé mes terres pendant environ six décennies, les ont détruites et ont disparu sans procédure régulière”, insiste-t-il.Selon ses avocats, la société devrait soulever des objections préliminaires lors de l’audience de mercredi, ce qui retardera l’ouverture du procès.Une “stratégie visant simplement à nous épuiser”, selon le monarque dont la pugnacité reste inébranlable. “Si vous êtes un chef traditionnel ou un dirigeant et que vous ne défendez pas l’environnement, alors vous ne faites pas votre travail”, a-t-il conclu. Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, souhaite attirer davantage d’investissements étrangers depuis l’arrivée au pouvoir du président Bola Tinubu en 2023. La semaine dernière, Shell a annoncé un investissement de deux milliards de dollars dans un nouveau projet gazier offshore au Nigeria. 

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De l’usine à la plage, les tribulations d’un granulé de plastique qui fait pleurer les sirènes

C’est un granulé de plastique, rond et translucide le plus souvent, de 5 mm en moyenne, qui pris isolément semble inoffensif. Mais ce roi de l’évasion voyage en bande et quand ils se déversent par millions dans l’océan, il est quasiment impossible de les ramasser et d’enrayer leurs dégâts. Leur nom officiel? Granulés plastiques industriels ou GPI. Ils sont aussi appelés pellets ou “larmes de sirènes”.Ces GPI sont les premiers maillons de la chaîne de fabrication du plastique, “l’intermédiaire entre le pétrole principalement et les produits plastiques finis”, explique à l’AFP Kevin Tallec, du Cedre (organisme expert en pollution des eaux), docteur en biologie marine.L’usine est le milieu naturel de cette microbille qui, fondue avec des milliers d’autres, deviendra bidon, barquette ou tout autre objet plastique. Elle est produite par les géants de la pétrochimie, puis livrée par bateau ou camion aux plasturgistes qui la transforment. Les plus de 400 millions de tonnes de plastique produites par an mondialement, selon l’OCDE, le sont “majoritairement sous forme de granulés initialement”, rappelle Kevin Tallec.Et “entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdus dans l’environnement au sein de l’UE en 2019”, selon la Commission européenne. Une régulation pour empêcher les pertes doit être votée jeudi par le Parlement européen.Ces granulés sont “révélateurs de l’omniprésence du plastique, plus nous allons consommer de plastique, plus nous en aurons besoin”, souligne le député français Philippe Bolo (MoDem), expert du sujet. – Marées blanches -Depuis longtemps dans l’environnement, ils se sont fait remarquer par d’immenses marées blanches, dont la plus grave s’est produite en 2021 au Sri Lanka où 11.000 tonnes se sont abîmées en mer. Le littoral Atlantique français a aussi connu des échouages fin 2022 et début 2023.Or, endiguer ce déferlement est une mission quasiment impossible. “On peut déjà être sûrs à 100% aujourd’hui que s’il y a une pollution par GPI, on n’arrivera pas à récupérer tous les granulés”, confirme Kevin Tallec. Solide, non soluble, léger… ce pellet flotte et s’éparpille. La récupération se fait “essentiellement manuellement”, détaille Kevin Tallec qui décrit “un travail intense physiquement, chronophage”.”Petite j’en ramassais déjà sur les plages, à l’époque quelques-uns seulement, mais la pollution est devenue chronique” et plus abondante, témoigne Amandine Le Moan, cofondatrice de l’association finistérienne Ystopia, oeuvrant à la préservation de la mer et du littoral.”Au départ on était très décontenancés, pas du tout outillés. Contribuer sans être équipés était juste impossible, car il ne fallait pas générer plus de dégâts en ramassant. On a même contacté une association au Sri Lanka pour avoir des conseils”, raconte-t-elle. Pour ce qui est de leur impact, la Commission européenne a répertorié des “effets néfastes” sur l’environnement, le climat, potentiellement sur la santé humaine et sur l’économie, certains “spécifiquement dus aux granulés” et d’autres “aux microplastiques en général”.Les études en laboratoire ont montré qu’un apport massif de GPI “pourrait modifier structurellement les habitats” des espèces concernées, note Kevin Tallec, en relevant aussi un “risque d’ingestion” et de “transfert des contaminants chimiques” dans la nature. Economiquement, M. Tallec recense notamment des risques de fermeture de la pêche ou de sites touristiques et évoque aussi l’impact esthétique ou sur le bien-être humain.Avec des coûts élevés à la clé, mais retrouver le pollueur relève généralement du casse-tête. – Conteneurs en perdition -Le plus souvent le déversement résulte de la chute d’un conteneur en mer que les armateurs avaient coutume de placer en haut des piles et dont ils ne déclaraient pas la perte.Depuis, l’Organisation maritime internationale (OMI) a émis des recommandations, non contraignantes, mais déjà suivies par des poids lourds du secteur.Armateurs de France, qui représente les entreprises françaises de transport et de services maritimes, les a ainsi adoptées.”Ces conteneurs doivent être identifiés, déclarés et traités d’une façon particulière, comme les produits chimiques et dangereux, placés sous le pont”, déclare à l’AFP Laurent Martens, délégué général d’Armateurs de France, favorable à des mesures contraignantes.Le transport n’est pas seul en cause: “plusieurs milliers de tonnes de GPI” sont perdues “par les voies opérationnelles et non accidentelles”, dit Kevin Tallec. – 1 euro le kilo -Les plasturgistes assurent ne pas être le maillon faible. “Nous avons bien conscience de tous les enjeux et bien évidemment la pollution plastique est quelque chose dont il faut qu’on se débarrasse”, déclare Caroline Chaussard, directrice RSE de Polyvia, organisation professionnelle française des plasturgistes.Mais selon elle, “les plus grosses fuites ne se trouvent pas chez le transformateur, c’est plutôt là qu’elles sont le plus faciles à juguler puisqu’elles sont sur un lieu circonscrit”.  En plus des problèmes environnementaux, “c’est de la matière première qui coûte cher et que personne n’a envie de perdre – un kilo coûte entre 1 et 1,3 euro”, souligne Joseph Tayefeh, secrétaire général de Plastalliance The European Plastics Alliance, représentant des plasturgistes français et européens.Pour Lucie Padovani, de l’ONG Surfrider, “ce n’est pas qu’une histoire de transport, c’est aussi une histoire plus large de la chaîne de valeur qui manipule ces granulés d’une manière qui ne permet pas d’empêcher la perte dans l’environnement”. Elle donne l’exemple de sites de production à Tarragone en Espagne où elle a constaté “une pollution impressionnante” ou à Ecaussinnes en Belgique. Philippe Bolo, qui s’est rendu dans la ville belge, témoigne aussi avoir “vu des sols agricoles, des rond-points, des forêts… avec des granulés partout”. – Silence radio -Du côté des producteurs, le silence règne, même parmi les signataires du programme Operation Clean Sweep (OCS), lancé dans les années 1990 pour prévenir leurs rejets de GPI.Les géants de la pétrochimie français Arkema ou américains Dow et ExxonMobil ont indiqué à l’AFP ne pas souhaiter s’exprimer. Leurs syndicats professionnels comme Plastics Europe ou France Chimie n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.M. Bolo, qui évoque un dialogue régulier avec les industriels, note aussi que “la seule chose qui (lui) manque aujourd’hui est de visiter un site de production de GPI”, malgré des demandes répétées. Le député a activement contribué à pousser la règlementation française, pionnière, qui s’est concrétisée par un décret en avril 2021. Celui-ci demande entre autres d’identifier les zones de pertes potentielles, de vérifier emballages et stockage, confiner, ramasser, former le personnel et contrôler.Le texte que le Parlement européen s’apprête à voter s’en est inspiré. Il ajoute des aménagements pour les petites entreprises et étend l’obligation de prévention des pertes aux transporteurs européens et étrangers opérant en Europe.Plastics Europe et EuPC (European plastics converters, plasturgie) “ont été fortement impliqués” dans la réflexion et “le compromis est bien reçu par l’industrie”, affirme à l’AFP Pedro Guincho, chargé de compte chez EuPC. Les sirènes vont-elle cesser de pleurer après ce vote ? Du côté des transformateurs, “on peut arriver au zéro fuite” avec ces nouvelles règles, estime Caroline Chaussard.Pour le monde maritime, dominé par les Européens, Laurent Martens est aussi optimiste: “Si les leaders du secteur suivent les recommandations, 80% du transport de GPI va être conforme”.

De l’usine à la plage, les tribulations d’un granulé de plastique qui fait pleurer les sirènes

C’est un granulé de plastique, rond et translucide le plus souvent, de 5 mm en moyenne, qui pris isolément semble inoffensif. Mais ce roi de l’évasion voyage en bande et quand ils se déversent par millions dans l’océan, il est quasiment impossible de les ramasser et d’enrayer leurs dégâts. Leur nom officiel? Granulés plastiques industriels ou GPI. Ils sont aussi appelés pellets ou “larmes de sirènes”.Ces GPI sont les premiers maillons de la chaîne de fabrication du plastique, “l’intermédiaire entre le pétrole principalement et les produits plastiques finis”, explique à l’AFP Kevin Tallec, du Cedre (organisme expert en pollution des eaux), docteur en biologie marine.L’usine est le milieu naturel de cette microbille qui, fondue avec des milliers d’autres, deviendra bidon, barquette ou tout autre objet plastique. Elle est produite par les géants de la pétrochimie, puis livrée par bateau ou camion aux plasturgistes qui la transforment. Les plus de 400 millions de tonnes de plastique produites par an mondialement, selon l’OCDE, le sont “majoritairement sous forme de granulés initialement”, rappelle Kevin Tallec.Et “entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdus dans l’environnement au sein de l’UE en 2019”, selon la Commission européenne. Une régulation pour empêcher les pertes doit être votée jeudi par le Parlement européen.Ces granulés sont “révélateurs de l’omniprésence du plastique, plus nous allons consommer de plastique, plus nous en aurons besoin”, souligne le député français Philippe Bolo (MoDem), expert du sujet. – Marées blanches -Depuis longtemps dans l’environnement, ils se sont fait remarquer par d’immenses marées blanches, dont la plus grave s’est produite en 2021 au Sri Lanka où 11.000 tonnes se sont abîmées en mer. Le littoral Atlantique français a aussi connu des échouages fin 2022 et début 2023.Or, endiguer ce déferlement est une mission quasiment impossible. “On peut déjà être sûrs à 100% aujourd’hui que s’il y a une pollution par GPI, on n’arrivera pas à récupérer tous les granulés”, confirme Kevin Tallec. Solide, non soluble, léger… ce pellet flotte et s’éparpille. La récupération se fait “essentiellement manuellement”, détaille Kevin Tallec qui décrit “un travail intense physiquement, chronophage”.”Petite j’en ramassais déjà sur les plages, à l’époque quelques-uns seulement, mais la pollution est devenue chronique” et plus abondante, témoigne Amandine Le Moan, cofondatrice de l’association finistérienne Ystopia, oeuvrant à la préservation de la mer et du littoral.”Au départ on était très décontenancés, pas du tout outillés. Contribuer sans être équipés était juste impossible, car il ne fallait pas générer plus de dégâts en ramassant. On a même contacté une association au Sri Lanka pour avoir des conseils”, raconte-t-elle. Pour ce qui est de leur impact, la Commission européenne a répertorié des “effets néfastes” sur l’environnement, le climat, potentiellement sur la santé humaine et sur l’économie, certains “spécifiquement dus aux granulés” et d’autres “aux microplastiques en général”.Les études en laboratoire ont montré qu’un apport massif de GPI “pourrait modifier structurellement les habitats” des espèces concernées, note Kevin Tallec, en relevant aussi un “risque d’ingestion” et de “transfert des contaminants chimiques” dans la nature. Economiquement, M. Tallec recense notamment des risques de fermeture de la pêche ou de sites touristiques et évoque aussi l’impact esthétique ou sur le bien-être humain.Avec des coûts élevés à la clé, mais retrouver le pollueur relève généralement du casse-tête. – Conteneurs en perdition -Le plus souvent le déversement résulte de la chute d’un conteneur en mer que les armateurs avaient coutume de placer en haut des piles et dont ils ne déclaraient pas la perte.Depuis, l’Organisation maritime internationale (OMI) a émis des recommandations, non contraignantes, mais déjà suivies par des poids lourds du secteur.Armateurs de France, qui représente les entreprises françaises de transport et de services maritimes, les a ainsi adoptées.”Ces conteneurs doivent être identifiés, déclarés et traités d’une façon particulière, comme les produits chimiques et dangereux, placés sous le pont”, déclare à l’AFP Laurent Martens, délégué général d’Armateurs de France, favorable à des mesures contraignantes.Le transport n’est pas seul en cause: “plusieurs milliers de tonnes de GPI” sont perdues “par les voies opérationnelles et non accidentelles”, dit Kevin Tallec. – 1 euro le kilo -Les plasturgistes assurent ne pas être le maillon faible. “Nous avons bien conscience de tous les enjeux et bien évidemment la pollution plastique est quelque chose dont il faut qu’on se débarrasse”, déclare Caroline Chaussard, directrice RSE de Polyvia, organisation professionnelle française des plasturgistes.Mais selon elle, “les plus grosses fuites ne se trouvent pas chez le transformateur, c’est plutôt là qu’elles sont le plus faciles à juguler puisqu’elles sont sur un lieu circonscrit”.  En plus des problèmes environnementaux, “c’est de la matière première qui coûte cher et que personne n’a envie de perdre – un kilo coûte entre 1 et 1,3 euro”, souligne Joseph Tayefeh, secrétaire général de Plastalliance The European Plastics Alliance, représentant des plasturgistes français et européens.Pour Lucie Padovani, de l’ONG Surfrider, “ce n’est pas qu’une histoire de transport, c’est aussi une histoire plus large de la chaîne de valeur qui manipule ces granulés d’une manière qui ne permet pas d’empêcher la perte dans l’environnement”. Elle donne l’exemple de sites de production à Tarragone en Espagne où elle a constaté “une pollution impressionnante” ou à Ecaussinnes en Belgique. Philippe Bolo, qui s’est rendu dans la ville belge, témoigne aussi avoir “vu des sols agricoles, des rond-points, des forêts… avec des granulés partout”. – Silence radio -Du côté des producteurs, le silence règne, même parmi les signataires du programme Operation Clean Sweep (OCS), lancé dans les années 1990 pour prévenir leurs rejets de GPI.Les géants de la pétrochimie français Arkema ou américains Dow et ExxonMobil ont indiqué à l’AFP ne pas souhaiter s’exprimer. Leurs syndicats professionnels comme Plastics Europe ou France Chimie n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.M. Bolo, qui évoque un dialogue régulier avec les industriels, note aussi que “la seule chose qui (lui) manque aujourd’hui est de visiter un site de production de GPI”, malgré des demandes répétées. Le député a activement contribué à pousser la règlementation française, pionnière, qui s’est concrétisée par un décret en avril 2021. Celui-ci demande entre autres d’identifier les zones de pertes potentielles, de vérifier emballages et stockage, confiner, ramasser, former le personnel et contrôler.Le texte que le Parlement européen s’apprête à voter s’en est inspiré. Il ajoute des aménagements pour les petites entreprises et étend l’obligation de prévention des pertes aux transporteurs européens et étrangers opérant en Europe.Plastics Europe et EuPC (European plastics converters, plasturgie) “ont été fortement impliqués” dans la réflexion et “le compromis est bien reçu par l’industrie”, affirme à l’AFP Pedro Guincho, chargé de compte chez EuPC. Les sirènes vont-elle cesser de pleurer après ce vote ? Du côté des transformateurs, “on peut arriver au zéro fuite” avec ces nouvelles règles, estime Caroline Chaussard.Pour le monde maritime, dominé par les Européens, Laurent Martens est aussi optimiste: “Si les leaders du secteur suivent les recommandations, 80% du transport de GPI va être conforme”.

De l’usine à la plage, les tribulations d’un granulé de plastique qui fait pleurer les sirènes

C’est un granulé de plastique, rond et translucide le plus souvent, de 5 mm en moyenne, qui pris isolément semble inoffensif. Mais ce roi de l’évasion voyage en bande et quand ils se déversent par millions dans l’océan, il est quasiment impossible de les ramasser et d’enrayer leurs dégâts. Leur nom officiel? Granulés plastiques industriels ou GPI. Ils sont aussi appelés pellets ou “larmes de sirènes”.Ces GPI sont les premiers maillons de la chaîne de fabrication du plastique, “l’intermédiaire entre le pétrole principalement et les produits plastiques finis”, explique à l’AFP Kevin Tallec, du Cedre (organisme expert en pollution des eaux), docteur en biologie marine.L’usine est le milieu naturel de cette microbille qui, fondue avec des milliers d’autres, deviendra bidon, barquette ou tout autre objet plastique. Elle est produite par les géants de la pétrochimie, puis livrée par bateau ou camion aux plasturgistes qui la transforment. Les plus de 400 millions de tonnes de plastique produites par an mondialement, selon l’OCDE, le sont “majoritairement sous forme de granulés initialement”, rappelle Kevin Tallec.Et “entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdus dans l’environnement au sein de l’UE en 2019”, selon la Commission européenne. Une régulation pour empêcher les pertes doit être votée jeudi par le Parlement européen.Ces granulés sont “révélateurs de l’omniprésence du plastique, plus nous allons consommer de plastique, plus nous en aurons besoin”, souligne le député français Philippe Bolo (MoDem), expert du sujet. – Marées blanches -Depuis longtemps dans l’environnement, ils se sont fait remarquer par d’immenses marées blanches, dont la plus grave s’est produite en 2021 au Sri Lanka où 11.000 tonnes se sont abîmées en mer. Le littoral Atlantique français a aussi connu des échouages fin 2022 et début 2023.Or, endiguer ce déferlement est une mission quasiment impossible. “On peut déjà être sûrs à 100% aujourd’hui que s’il y a une pollution par GPI, on n’arrivera pas à récupérer tous les granulés”, confirme Kevin Tallec. Solide, non soluble, léger… ce pellet flotte et s’éparpille. La récupération se fait “essentiellement manuellement”, détaille Kevin Tallec qui décrit “un travail intense physiquement, chronophage”.”Petite j’en ramassais déjà sur les plages, à l’époque quelques-uns seulement, mais la pollution est devenue chronique” et plus abondante, témoigne Amandine Le Moan, cofondatrice de l’association finistérienne Ystopia, oeuvrant à la préservation de la mer et du littoral.”Au départ on était très décontenancés, pas du tout outillés. Contribuer sans être équipés était juste impossible, car il ne fallait pas générer plus de dégâts en ramassant. On a même contacté une association au Sri Lanka pour avoir des conseils”, raconte-t-elle. Pour ce qui est de leur impact, la Commission européenne a répertorié des “effets néfastes” sur l’environnement, le climat, potentiellement sur la santé humaine et sur l’économie, certains “spécifiquement dus aux granulés” et d’autres “aux microplastiques en général”.Les études en laboratoire ont montré qu’un apport massif de GPI “pourrait modifier structurellement les habitats” des espèces concernées, note Kevin Tallec, en relevant aussi un “risque d’ingestion” et de “transfert des contaminants chimiques” dans la nature. Economiquement, M. Tallec recense notamment des risques de fermeture de la pêche ou de sites touristiques et évoque aussi l’impact esthétique ou sur le bien-être humain.Avec des coûts élevés à la clé, mais retrouver le pollueur relève généralement du casse-tête. – Conteneurs en perdition -Le plus souvent le déversement résulte de la chute d’un conteneur en mer que les armateurs avaient coutume de placer en haut des piles et dont ils ne déclaraient pas la perte.Depuis, l’Organisation maritime internationale (OMI) a émis des recommandations, non contraignantes, mais déjà suivies par des poids lourds du secteur.Armateurs de France, qui représente les entreprises françaises de transport et de services maritimes, les a ainsi adoptées.”Ces conteneurs doivent être identifiés, déclarés et traités d’une façon particulière, comme les produits chimiques et dangereux, placés sous le pont”, déclare à l’AFP Laurent Martens, délégué général d’Armateurs de France, favorable à des mesures contraignantes.Le transport n’est pas seul en cause: “plusieurs milliers de tonnes de GPI” sont perdues “par les voies opérationnelles et non accidentelles”, dit Kevin Tallec. – 1 euro le kilo -Les plasturgistes assurent ne pas être le maillon faible. “Nous avons bien conscience de tous les enjeux et bien évidemment la pollution plastique est quelque chose dont il faut qu’on se débarrasse”, déclare Caroline Chaussard, directrice RSE de Polyvia, organisation professionnelle française des plasturgistes.Mais selon elle, “les plus grosses fuites ne se trouvent pas chez le transformateur, c’est plutôt là qu’elles sont le plus faciles à juguler puisqu’elles sont sur un lieu circonscrit”.  En plus des problèmes environnementaux, “c’est de la matière première qui coûte cher et que personne n’a envie de perdre – un kilo coûte entre 1 et 1,3 euro”, souligne Joseph Tayefeh, secrétaire général de Plastalliance The European Plastics Alliance, représentant des plasturgistes français et européens.Pour Lucie Padovani, de l’ONG Surfrider, “ce n’est pas qu’une histoire de transport, c’est aussi une histoire plus large de la chaîne de valeur qui manipule ces granulés d’une manière qui ne permet pas d’empêcher la perte dans l’environnement”. Elle donne l’exemple de sites de production à Tarragone en Espagne où elle a constaté “une pollution impressionnante” ou à Ecaussinnes en Belgique. Philippe Bolo, qui s’est rendu dans la ville belge, témoigne aussi avoir “vu des sols agricoles, des rond-points, des forêts… avec des granulés partout”. – Silence radio -Du côté des producteurs, le silence règne, même parmi les signataires du programme Operation Clean Sweep (OCS), lancé dans les années 1990 pour prévenir leurs rejets de GPI.Les géants de la pétrochimie français Arkema ou américains Dow et ExxonMobil ont indiqué à l’AFP ne pas souhaiter s’exprimer. Leurs syndicats professionnels comme Plastics Europe ou France Chimie n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.M. Bolo, qui évoque un dialogue régulier avec les industriels, note aussi que “la seule chose qui (lui) manque aujourd’hui est de visiter un site de production de GPI”, malgré des demandes répétées. Le député a activement contribué à pousser la règlementation française, pionnière, qui s’est concrétisée par un décret en avril 2021. Celui-ci demande entre autres d’identifier les zones de pertes potentielles, de vérifier emballages et stockage, confiner, ramasser, former le personnel et contrôler.Le texte que le Parlement européen s’apprête à voter s’en est inspiré. Il ajoute des aménagements pour les petites entreprises et étend l’obligation de prévention des pertes aux transporteurs européens et étrangers opérant en Europe.Plastics Europe et EuPC (European plastics converters, plasturgie) “ont été fortement impliqués” dans la réflexion et “le compromis est bien reçu par l’industrie”, affirme à l’AFP Pedro Guincho, chargé de compte chez EuPC. Les sirènes vont-elle cesser de pleurer après ce vote ? Du côté des transformateurs, “on peut arriver au zéro fuite” avec ces nouvelles règles, estime Caroline Chaussard.Pour le monde maritime, dominé par les Européens, Laurent Martens est aussi optimiste: “Si les leaders du secteur suivent les recommandations, 80% du transport de GPI va être conforme”.