Aux Etats-Unis, la star palestinienne d’Instagram Motaz Azaiza a le spleen de Gaza

Un soir de semaine dans une église de Philadelphie, la foule boit les paroles d’un grand barbu venu de Terre Sainte: le photographe palestinien Motaz Azaiza, star des réseaux sociaux grâce à ses témoignages sur Gaza.Sans publicité, et sans que le lieu ne soit annoncé à l’avance pour des raisons de sécurité, des centaines de personnes sont venues voir “Motaz”.Lorsqu’il apparaît, jeans, basket, t-shirt noir et lunettes dorées, l’assemblée se lève d’un bond pour l’acclamer. Lui semble tituber. Sa voix vacille au micro et il hoquette presque. “J’aurais aimé que vous me connaissiez sans qu’il ne soit question de génocide”, lance-t-il. Avant les attaques du Hamas contre Israël et les bombardements israéliens en représailles, Motaz Azaiza était presque inconnu.Le grand gaillard de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, postait des photos sur son quotidien et venait d’être embauché par l’agence des l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) afin de gérer ses contenus en ligne.Sur Instagram, il comptait environ 25.000 abonnés, un succès d’estime à Gaza. Mais sans plus.Mais dès les premières frappes israéliennes, ses images saisissent. Son compte explose. Il devient photographe de guerre par la force des choses. Les abonnés se multiplient pour atteindre aujourd’hui les 16,7 millions, près de huit fois la population de Gaza.- Partir, raconter -Après 108 jours de bombardements, de morts et de poussière, Motaz Azaiza parvient à quitter Gaza via l’Egypte et devient en quelque sorte ambassadeur du territoire, invité par des diplomates et des ONG à raconter le quotidien des Palestiniens toujours sur place.”En tant que photojournaliste, je ne peux pas regarder ce qui se passe comme n’importe qui. Je viens de là-bas (Gaza), c’est chez moi (…) On regrette toujours d’être parti”, dit-il, ajoutant dans un soupir: “Quand on perd un ami, un membre de la famille, on se dit: +ok, je suis sauf mais (si j’étais resté) je serais la même chose qu’eux, seulement un chiffre pour le reste du monde”. Ce mois-ci, le Palestinien fait une tournée sur le sol américain afin de collecter des fonds pour l’Unrwa, agence clé à Gaza mais dont les finances sont atrophiées par la suspension des contributions de certains pays, à commencer par les Etats-Unis.”Qui veut donner 20.000 dollars? J’ai besoin de 20.000. Personne? Qui alors pour 10.000? Allez, 10.000″, lance à l’assemblée un responsable de l’ONG Unrwa USA. A 5.000 dollars, cinq mains se lèvent. Puis d’autres à 2.000 et 1.000 dont celles de Nabeel Sarwar. Pour lui, les photos de Motaz Azaiza permettent “d’humaniser” Gaza.”Quand vous regardez les photos, que vous voyez un enfant, vous entrez en relation avec cet enfant, avec la poussière sur son visage, la famine, la tristesse. Ce sont ces photos qui m’ont permis de saisir la vraie tragédie à Gaza”, glisse ce résident de Philadelphie.- Un “million de mots” -“Des journalistes de Gaza comme Motaz ont vraiment touché une corde sensible chez nous, parce que vous pouvez sentir l’authenticité”, explique Veronica Murgulescu, 25 ans, étudiante en médecine à Philadelphie.”Les principaux médias aux Etats-Unis et en Occident manquent de cette authenticité” alors qu’avec des photojournalistes ou influenceurs de Gaza comme Motaz Azaiza ou Bisan Owda, dit-elle, “je me sens connectée”.Ces deux hommes ont réussi à “façonner le discours public, en particulier parmi les jeunes, non seulement dans le monde arabe, non seulement au Moyen-Orient, mais à l’échelle mondiale, y compris aux États-Unis”, relève Sahar Khamis, professeur de communication à l’université du Maryland et spécialiste des réseaux sociaux au Moyen-Orient. “L’aspect visuel est hyper puissant, très convaincant lorsque vous avez des témoignages directs de gens. On dit qu’une image vaut mille mots, mais lorsqu’il s’agit de la guerre ou d’un conflit c’est un million de mots, c’est plus que ce que vous pourriez dire dans un essai”, explique-t-elle à l’AFP.Ce soir-là à Philadelphie, Motaz Azaiza se place au coeur de la foule pour immortaliser la scène d’un selfie avant de serrer la main aux donateurs. “Je n’arrive pas à gérer toute cette gloire, tous ces gens qui veulent vous entendre, c’est une grande responsabilité, mais ce n’est pas moi”, dit-il à l’AFP. “Tout ce que je veux, c’est que ce génocide se termine pour pouvoir retourner à Gaza et continuer à y prendre des photos”.

Anna Wintour steps down as US Vogue editor after nearly 40 years

Magazine legend Anna Wintour stepped down as editor of US Vogue on Thursday after 37 years in which she was often hailed as the single most influential figure in the fashion world.Wintour, 75, was famous for making Vogue’s front covers an authoritative monthly statement on contemporary fashion, and for her total control over the glamorous pages inside.She will no longer run day-to-day editing of the fashion bible, but magazine group owner Conde Nast was quick to scotch suggestions that she was retiring.She will continue to hold senior roles at the group and as Vogue’s global editorial director, a company source said.British-born Wintour came to wider public renown as the inspiration for “The Devil Wears Prada,” a hit 2003 novel and 2006 movie, in which Meryl Streep played the role of a tyrannical magazine editor.Wintour, who took the helm at US Vogue in 1988, announced at a staff meeting in New York that the publication would seek a new head of editorial content, several US media reported.- Global magazine -She was made a British dame in 2017 and in February this year was made a companion of honour, joining a select group never numbering more than 65 recognized for major contributions in their field.At the ceremony in London in February, Wintour removed her trademark sunglasses to receive the award and said she had told King Charles III that she had no plans to stop working.Wintour, who was raised in the UK by a British father and an American mother, reigned over Vogue in the heyday of glossy magazines.She took the title global, with huge budgets to spend on models, design, photographs and journalism funded by lavish advertisements and high subscription rates.Wintour was known for axing work without discussion, and was a fixture in the front row at catwalk shows with her unchanging bob haircut.A 2015 documentary about her life pointed to her ice queen image and steely ambition but also revealed her warmer human side.As Conde Nast’s chief content officer, she will continue to oversee publications including Vogue, Wired, Vanity Fair, GQ, Conde Nast Traveler and Glamour.

Photographie: la “folie humaine” d’Auschwitz-Birkenau vu par Depardon

“Là tu te dis c’est la folie humaine”: c’est ainsi que le photographe français Raymond Depardon, 82 ans, décrit à l’AFP sa découverte en hélicoptère, en 1979, du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, objet d’une exposition inédite au Mémorial de la Shoah à Paris.”Tu vois des choses que tu ne vois pas au sol et là tu te dis c’est la folie humaine (…) on ne peut comparer cela à rien, je n’avais jamais vu ça”, ajoute celui qui a été l’un des tout premiers photographes professionnels occidentaux à photographier le site de plus de 40 km2 situé près de la petite ville d’Oswiecim (Pologne), entré la même année au patrimoine mondial de l’Unesco.Plus d’un million de personnes dont 90% de confession juive y ont été exterminées pendant la Seconde Guerre mondiale.”Pour moi ce camp c’était toute la guerre”, ajoute cet “enfant de l’après-guerre” qui raconte avoir grandi dans la ferme de ses parents près de Villefranche-sur-Saône (Rhône), où travaillaient “deux prisonniers allemands” qui lui ont fabriqué une “luge” et qu’il voyait comme des “hommes normaux”, son seul souvenir de la guerre.Baraquements, quai de gare, potences, miradors, barbelés, chambres à gaz, fours crématoires… Les photographies en noir et blanc qu’il a réalisées à Auschwitz-Birkenau ont été reproduites en très grand format sur les murs de deux salles du Mémorial.Des dizaines de planches contact de ce reportage commandé par Paris-Match sont également exposées aux côtés de magazines et extraits de journaux internationaux où elles ont été publiées à l’époque.Parmi elles: une célèbre vue de la voie ferrée enneigée qui acheminait les convois de déportés jusqu’aux camps de la mort.- “Energie de l’enfermement” -“L’un des premiers convois, c’est le jour de ma naissance le 6 juillet 1942 (…) c’est un peu comme s’il avait été écrit que je devais faire ces photos”, souligne le photographe, qui décrit un travail réalisé avec une “énergie de l’enfermement” qu’il ne s’explique toujours pas aujourd’hui.”Les vues que j’ai faites sont inouïes parce que d’abord j’ai demandé du temps, j’ai survolé un peu autour, c’était très impressionnant car j’ai vu plein de petites fermes, des poules en liberté dans la neige, des petites fermes très modestes”, raconte le photographe qui a survolé le site à bord d’un hélicoptère soviétique venu de Varsovie.Au sol, il y avait, “la neige, le froid, les bouleaux” décharnés, mais ce qui l’a le plus frappé, dit-il, “c’est la parfaite organisation” de ce complexe en parfait état de conservation.Il peine à décrire cet univers concentrationnaire avec des mots et pose sa main sur un mur où ses clichés en gros plan de cristaux de gaz toxique Zyklon B  (que les nazis utilisaient dans les chambres à gaz) ou de la porte d’un four crématoire entrouverte, parlent d’eux-mêmes.Il évoque aussi avec émotion le film réalisé par les soldats de l’Armée rouge entrés à Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 1945, “tous des jeunes qui ont 18, 20 ans et qui filment à la (Sergeï) Eisenstein (pionnier du cinéma soviétique, NDLR)”, sans doute le “film le plus émouvant” qu’il ait jamais vu.”Souvent la mort ça se sent, là en l’occurrence ce n’est pas le cas. La deuxième chose qui vient avec la mort c’est sans doute la lumière, là on voit l’apocalypse, la fin”, ajoute le photographe, connu pour ses innombrables reportages en Afrique mais aussi pour ses documentaires sur le monde paysan, la vie d’un commissariat ou les urgences psychiatriques.”Je sais qu’il y a des résistants polonais qui ont fabriqué un appareil photo (à l’époque, NDLR) pour garder une trace parce que la première chose que j’imagine, et je pense c’est dans l’esprit de tous ces gens qu’on a sacrifiés, c’est que c’est bien de garder une trace”, ajoute-t-il, “content” que ses photos aient trouvé “leur place” au Mémorial de la Shoah.

How Trump finally learned to love NATO — for now

It will go down as the summit where US President Donald Trump learned to stop worrying and love NATO.Trump reveled in gushing praise from leaders in The Hague — including being called “daddy” by alliance chief Mark Rutte — and a pledge to boost defense spending as he had demanded. But it went further than just lapping up flattery. Trump also spoke of what sounded like an almost religious conversion to NATO, after years of bashing other members as freeloaders and threatening to leave.”I came here because it was something I’m supposed to be doing, but I left here a little bit differently,” Trump said at his closing press conference on Wednesday.”I watched the heads of these countries get up, and the love and the passion that they showed for their country was unbelievable. I’ve never seen quite anything like it. “It was really moving to see it.”A day after returning to the White House, Trump still sounded uncharacteristically touchy-feely about his time with his 31 NATO counterparts. “A wonderful day with incredible and caring Leaders,” he posted on his Truth Social platform on Thursday.- Turnaround -It was a remarkable turnaround from the US president’s first term.Trump repeatedly berated allies as not paying up and threatened to pull the United States out of NATO as part of his wider disdain for international institutions and alliances.At his first summit in 2017 in Brussels, Trump memorably shoved aside Montenegro’s prime minister Dusko Markovic as he made his way to the front of the stage.A year later Trump publicly lambasted Germany and privately talked about wanting to quit.But this time NATO leaders had carefully choreographed the trip. They massaged the numbers to give Trump the defense spending deal he craved. And while Trump headed to the summit dropping F-bombs in frustration at a shaky Iran-Israel ceasefire, NATO leaders love-bombed him from the moment he arrived. The Netherlands put him up overnight in the Dutch king’s royal palace and gave him a royal dinner and breakfast — “beautiful,” according to Trump — while NATO organizers kept the summit deliberately short.Frederick Kempe, the chief executive officer of the Atlantic Council, said Trump had “waxed poetic” about NATO in a way he had never done before.”Trump — the vilifier of European deadbeats on defense and crusader against allies for what he sees as unfair trade practices — sounded like an altered man,” he said in a commentary.- ‘Daddy’s Home’ -The question now is what it means for NATO when the alliance’s priorities end up guided by one man.The final summit statement’s language on Russia’s invasion of Ukraine was watered down from previous years. It also made no mention of Ukraine’s push to join NATO.Reporters were not allowed into Trump’s meeting with Ukrainian President Volodymyr Zelensky. The move was partly because of their Oval Office bust-up in February, but it also deprived Zelensky of the set-piece he had craved.”The biggest loser was Ukraine,” said Ed Arnold of the Royal United Services Insitute in London.Trump also hinted at what lies in store for any backsliders on the defense spending pledge, threatening to make Spain “pay” on trade over its resistance to commit to the new target.As with any relationship, the pressure will now be on NATO to keep up the first flush of love over the three summits that are due to take place over the rest of Trump’s second term.”The real worry is that NATO will be unable to keep up the hype,” said Arnold.For now, though, Trump and his administration seem to be content. As he arrived back in Washington, the White House posted a video of summit highlights, with the caption: “Daddy’s Home.”

Dans la capitale nigériane, les fermes urbaines menacées par la pression immobilière

Bala Haruna inspecte attentivement ses champs de maïs, de manioc et de gombo, nichés entre un carrefour de routes à quatre voies qui traversent Abuja, la capitale nigériane. Au-dessus de sa tête, un pont autoroutier et son vacarme assourdissant.Sa ferme familiale, située en plein centre-ville, était là bien avant que les grands axes routiers, l’imposante mosquée nationale toute proche et les gratte-ciels voisins ne soient imaginés.Sortie de terre pour devenir la capitale politique du Nigeria en 1991, Abuja, en plein centre du pays le plus peuplé d’Afrique, connaît une croissance démographique rapide: aujourd’hui, elle compte plus de 4 millions d’habitants, soit un million de plus qu’il y a cinq ans. Cette poussée urbaine suscite de plus en plus les convoitises des promoteurs immobiliers et menace la survie même de la ferme de Bala Haruna et des dizaines d’autres fermes urbaines qui parsèment comme autant d’oasis le béton de la ville. “Il n’y avait aucun bâtiment ici”, se souvient M. Haruna, 42 ans, en évoquant son enfance dans les champs alors cultivés par ses parents. Le pépiement des oiseaux et le coassement des grenouilles montent d’un ton, comme pour appuyer ses propos. Ces fermes urbaines doivent en grande partie leur existence au fait qu’elles sont situées dans des ravins difficiles à aménager, le long des lits de ruisseaux.”Avoir un espace vert dans une ville très dense et peuplée comme Abuja est très bénéfique”, commente Malik Kuje Guni, un retraité de 63 ans qui s’est lancé dans l’agriculture il y a trois ans pour arrondir ses fins de mois.Alors que des dizaines de milliers d’habitants passent chaque jour devant les fermes sans y prêter attention, M. Guni, lorsqu’il était fonctionnaire, venait souvent les visiter pour profiter de l’ombre et de l’air frais. Aujourd’hui, il cultive son propre champ de pommes de terre.En théorie, ces fermes sont protégées par les réglementations qui les considèrent comme des espaces verts municipaux permettant la régulation naturelle des températures, dans une ville où les températures moyennes avoisinent les 30 degrés et où le réchauffement climatique est une réalité dans cette partie nord du pays, située non loin de la bande sahélienne. Mais en réalité, les promoteurs immobiliers s’emparent de ces terres afin d’y construire bureaux et logements. – Urbanisation et démographie -De l’autre côté du viaduc, l’avenir est déjà là: la végétation s’arrête brusquement et la température augmente soudain au-dessus des champs rasés par des équipes de construction.Selon les agriculteurs locaux, les personnes qui ont pris leurs terres il y a trois ans ne leur ont fourni aucun document et leur ont seulement donné 300.000 nairas à se partager, une somme qui équivalait à l’époque à environ 750 dollars.L’application du plan directeur d’Abuja, vieux de plusieurs décennies, est entachée d’abus, selon Ismail Nuhu, chercheur en gouvernance urbaine.”Les politiciens continuent de s’en servir pour s’accaparer des terres, en disant simplement : +Oh, selon le plan directeur, cela ne doit pas se trouver ici+, peu importe ce que dit réellement le document”, explique-t-il à l’AFP, ajoutant que, techniquement, même la villa présidentielle n’est pas située là où elle devrait l’être.Nyesom Wike, ministre du Territoire de la capitale fédérale (FCT), a récemment déclaré aux journalistes qu’il “appliquerait” le plan directeur en construisant des routes et en expulsant les habitations qui se trouvent sur le chemin.Les responsables du FCT, y compris le porte-parole de M. Wike, n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.Ces fermes urbaines fournissent des emplois stables dans le secteur agricole, une bouée de sauvetage pour certains dans un pays en pleine croissance démographique qui ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois et en pleine crise économique depuis deux ans.Il y a quelques mois, des promoteurs immobiliers ont envahi le champ de Godwin Iwok et détruit ses bananiers.M. Iwok, qui a quitté son emploi d’agent de sécurité il y a 22 ans pour gagner plus d’argent en tant qu’agriculteur, a vu une partie de ses champs détruits à deux reprises au cours des deux dernières années, sans aucune indemnisation.”J’utilise ce que je gagne ici pour que mes enfants puissent aller à l’école”, et ne pas suivre ses pas d’agriculteur, confie M. Iwok. 

Dans la capitale nigériane, les fermes urbaines menacées par la pression immobilière

Bala Haruna inspecte attentivement ses champs de maïs, de manioc et de gombo, nichés entre un carrefour de routes à quatre voies qui traversent Abuja, la capitale nigériane. Au-dessus de sa tête, un pont autoroutier et son vacarme assourdissant.Sa ferme familiale, située en plein centre-ville, était là bien avant que les grands axes routiers, l’imposante mosquée nationale toute proche et les gratte-ciels voisins ne soient imaginés.Sortie de terre pour devenir la capitale politique du Nigeria en 1991, Abuja, en plein centre du pays le plus peuplé d’Afrique, connaît une croissance démographique rapide: aujourd’hui, elle compte plus de 4 millions d’habitants, soit un million de plus qu’il y a cinq ans. Cette poussée urbaine suscite de plus en plus les convoitises des promoteurs immobiliers et menace la survie même de la ferme de Bala Haruna et des dizaines d’autres fermes urbaines qui parsèment comme autant d’oasis le béton de la ville. “Il n’y avait aucun bâtiment ici”, se souvient M. Haruna, 42 ans, en évoquant son enfance dans les champs alors cultivés par ses parents. Le pépiement des oiseaux et le coassement des grenouilles montent d’un ton, comme pour appuyer ses propos. Ces fermes urbaines doivent en grande partie leur existence au fait qu’elles sont situées dans des ravins difficiles à aménager, le long des lits de ruisseaux.”Avoir un espace vert dans une ville très dense et peuplée comme Abuja est très bénéfique”, commente Malik Kuje Guni, un retraité de 63 ans qui s’est lancé dans l’agriculture il y a trois ans pour arrondir ses fins de mois.Alors que des dizaines de milliers d’habitants passent chaque jour devant les fermes sans y prêter attention, M. Guni, lorsqu’il était fonctionnaire, venait souvent les visiter pour profiter de l’ombre et de l’air frais. Aujourd’hui, il cultive son propre champ de pommes de terre.En théorie, ces fermes sont protégées par les réglementations qui les considèrent comme des espaces verts municipaux permettant la régulation naturelle des températures, dans une ville où les températures moyennes avoisinent les 30 degrés et où le réchauffement climatique est une réalité dans cette partie nord du pays, située non loin de la bande sahélienne. Mais en réalité, les promoteurs immobiliers s’emparent de ces terres afin d’y construire bureaux et logements. – Urbanisation et démographie -De l’autre côté du viaduc, l’avenir est déjà là: la végétation s’arrête brusquement et la température augmente soudain au-dessus des champs rasés par des équipes de construction.Selon les agriculteurs locaux, les personnes qui ont pris leurs terres il y a trois ans ne leur ont fourni aucun document et leur ont seulement donné 300.000 nairas à se partager, une somme qui équivalait à l’époque à environ 750 dollars.L’application du plan directeur d’Abuja, vieux de plusieurs décennies, est entachée d’abus, selon Ismail Nuhu, chercheur en gouvernance urbaine.”Les politiciens continuent de s’en servir pour s’accaparer des terres, en disant simplement : +Oh, selon le plan directeur, cela ne doit pas se trouver ici+, peu importe ce que dit réellement le document”, explique-t-il à l’AFP, ajoutant que, techniquement, même la villa présidentielle n’est pas située là où elle devrait l’être.Nyesom Wike, ministre du Territoire de la capitale fédérale (FCT), a récemment déclaré aux journalistes qu’il “appliquerait” le plan directeur en construisant des routes et en expulsant les habitations qui se trouvent sur le chemin.Les responsables du FCT, y compris le porte-parole de M. Wike, n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.Ces fermes urbaines fournissent des emplois stables dans le secteur agricole, une bouée de sauvetage pour certains dans un pays en pleine croissance démographique qui ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois et en pleine crise économique depuis deux ans.Il y a quelques mois, des promoteurs immobiliers ont envahi le champ de Godwin Iwok et détruit ses bananiers.M. Iwok, qui a quitté son emploi d’agent de sécurité il y a 22 ans pour gagner plus d’argent en tant qu’agriculteur, a vu une partie de ses champs détruits à deux reprises au cours des deux dernières années, sans aucune indemnisation.”J’utilise ce que je gagne ici pour que mes enfants puissent aller à l’école”, et ne pas suivre ses pas d’agriculteur, confie M. Iwok. 

Dans la capitale nigériane, les fermes urbaines menacées par la pression immobilière

Bala Haruna inspecte attentivement ses champs de maïs, de manioc et de gombo, nichés entre un carrefour de routes à quatre voies qui traversent Abuja, la capitale nigériane. Au-dessus de sa tête, un pont autoroutier et son vacarme assourdissant.Sa ferme familiale, située en plein centre-ville, était là bien avant que les grands axes routiers, l’imposante mosquée nationale toute proche et les gratte-ciels voisins ne soient imaginés.Sortie de terre pour devenir la capitale politique du Nigeria en 1991, Abuja, en plein centre du pays le plus peuplé d’Afrique, connaît une croissance démographique rapide: aujourd’hui, elle compte plus de 4 millions d’habitants, soit un million de plus qu’il y a cinq ans. Cette poussée urbaine suscite de plus en plus les convoitises des promoteurs immobiliers et menace la survie même de la ferme de Bala Haruna et des dizaines d’autres fermes urbaines qui parsèment comme autant d’oasis le béton de la ville. “Il n’y avait aucun bâtiment ici”, se souvient M. Haruna, 42 ans, en évoquant son enfance dans les champs alors cultivés par ses parents. Le pépiement des oiseaux et le coassement des grenouilles montent d’un ton, comme pour appuyer ses propos. Ces fermes urbaines doivent en grande partie leur existence au fait qu’elles sont situées dans des ravins difficiles à aménager, le long des lits de ruisseaux.”Avoir un espace vert dans une ville très dense et peuplée comme Abuja est très bénéfique”, commente Malik Kuje Guni, un retraité de 63 ans qui s’est lancé dans l’agriculture il y a trois ans pour arrondir ses fins de mois.Alors que des dizaines de milliers d’habitants passent chaque jour devant les fermes sans y prêter attention, M. Guni, lorsqu’il était fonctionnaire, venait souvent les visiter pour profiter de l’ombre et de l’air frais. Aujourd’hui, il cultive son propre champ de pommes de terre.En théorie, ces fermes sont protégées par les réglementations qui les considèrent comme des espaces verts municipaux permettant la régulation naturelle des températures, dans une ville où les températures moyennes avoisinent les 30 degrés et où le réchauffement climatique est une réalité dans cette partie nord du pays, située non loin de la bande sahélienne. Mais en réalité, les promoteurs immobiliers s’emparent de ces terres afin d’y construire bureaux et logements. – Urbanisation et démographie -De l’autre côté du viaduc, l’avenir est déjà là: la végétation s’arrête brusquement et la température augmente soudain au-dessus des champs rasés par des équipes de construction.Selon les agriculteurs locaux, les personnes qui ont pris leurs terres il y a trois ans ne leur ont fourni aucun document et leur ont seulement donné 300.000 nairas à se partager, une somme qui équivalait à l’époque à environ 750 dollars.L’application du plan directeur d’Abuja, vieux de plusieurs décennies, est entachée d’abus, selon Ismail Nuhu, chercheur en gouvernance urbaine.”Les politiciens continuent de s’en servir pour s’accaparer des terres, en disant simplement : +Oh, selon le plan directeur, cela ne doit pas se trouver ici+, peu importe ce que dit réellement le document”, explique-t-il à l’AFP, ajoutant que, techniquement, même la villa présidentielle n’est pas située là où elle devrait l’être.Nyesom Wike, ministre du Territoire de la capitale fédérale (FCT), a récemment déclaré aux journalistes qu’il “appliquerait” le plan directeur en construisant des routes et en expulsant les habitations qui se trouvent sur le chemin.Les responsables du FCT, y compris le porte-parole de M. Wike, n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.Ces fermes urbaines fournissent des emplois stables dans le secteur agricole, une bouée de sauvetage pour certains dans un pays en pleine croissance démographique qui ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois et en pleine crise économique depuis deux ans.Il y a quelques mois, des promoteurs immobiliers ont envahi le champ de Godwin Iwok et détruit ses bananiers.M. Iwok, qui a quitté son emploi d’agent de sécurité il y a 22 ans pour gagner plus d’argent en tant qu’agriculteur, a vu une partie de ses champs détruits à deux reprises au cours des deux dernières années, sans aucune indemnisation.”J’utilise ce que je gagne ici pour que mes enfants puissent aller à l’école”, et ne pas suivre ses pas d’agriculteur, confie M. Iwok. 

Assemblée: les débats s’enlisent sur le mariage des personnes en situation irrégulière

“Je viens d’appeler le Premier ministre”. Face à l’obstruction de la gauche sur son texte visant à interdire le mariage aux étrangers en situation irrégulière, le groupe UDR, qui défendait jeudi les textes de sa “niche” parlementaire à l’Assemblée nationale, a demandé au gouvernement de forcer l’accélération des débats, sans succès.Le groupe d’Eric Ciotti, allié du Rassemblement national, avait décidé pour sa première “niche” de reprendre une proposition de loi centriste, adoptée au Sénat en février, dont l’article principal prévoit qu’un “mariage ne peut être contracté par une personne séjournant de manière irrégulière sur le territoire national”.Un cadre UDR reconnaissait en amont des débats une occasion de “piéger” le bloc central, divisé sur la question, alors qu’Emmanuel Macron avait lui-même appelé à ce que soit débattue au Parlement une telle loi.La discussion générale sur la proposition de loi a donné un aperçu de ces divisions.Si LR et Horizons ont manifesté leur soutien au texte, le MoDem et Renaissance ont exprimé des réserves, pointant le caractère inconstitutionnel de l’article clé du texte.Cet article est “frontalement contraire à la jurisprudence du Conseil constitutionnel”, a affirmé le président de la commission des Lois, Florent Boudié (Renaissance), en référence à une décision des Sages de 2003.M. Boudié a en revanche apporté son soutien à deux autres articles, l’un (le 1er A) prévoyant que les époux de nationalité étrangère fournissent aux officiers d’état-civil des documents permettant d’apprécier leur situation au regard du séjour, et l’autre étendant les prérogatives du procureur chargé de contrôler la légalité du mariage.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a apporté son soutien à la proposition de loi, et notamment à ces deux articles, en faisant part lui aussi de ses “réserves” sur l’article principal.- “Mascarade” -Mais la gauche a mené la bataille dès l’entame des débats: arguant que nombre d’étrangers en situation régulière se retrouvent sans titre de séjour, et même sans récépissé de demande, en raison de “l’encombrement des services administratifs”, elle s’est vivement opposée à l’article exigeant que les futurs époux justifient de leur situation administrative.Entre citations de la Déclaration des droits de l’homme, de témoignages, de chanson ou de film, les députés des groupes de gauche ont ralenti les débats, au point de conduire Eric Ciotti à demander au gouvernement de faire usage de ses prérogatives pour restreindre le nombre d’amendements examinés, puis à en référer au Premier ministre.”Madame la Ministre, est ce que vous allez, oui ou non, continuer à laisser dérouler cette mascarade (…) ? Je viens d’appeler le Premier ministre et j’attends votre réponse”, a-t-il lancé à la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, impassible.La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, dont le groupe a pu faire face à une semblable obstruction lors de ses propres “niches”, a fustigé une “logorrhée insupportable” et promis de rendre la pareille lors des futures niches de la gauche.Dans un communiqué, l’UDR a fustigé un “sabotage parlementaire” de la part de la gauche, avec la complicité du gouvernement et de LR, quasiment absent de l’hémicycle.Peu avant 20H00, l’article 1er A a été largement voté, avec 120 voix contre 53.En début de journée, le groupe UDR avait décidé de retirer un autre texte à risque pour la coalition gouvernementale, appelant notamment à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de séjour et d’emploi.”Ce débat parlementaire intervient à quelques jours, le 1er juillet, du verdict qui concerne notre compatriote Boualem Sansal”, a argué Eric Ciotti, ne souhaitant pas prendre le risque d’envenimer encore les relations entre Paris et Alger, alors que le parquet algérien a requis mardi 10 ans de réclusion à l’encontre de l’écrivain franco-algérien.Le groupe a aussi décidé de retirer sa proposition de loi interdisant l’exécution immédiate de peines d’inéligibilité, face à l’opposition de la majorité de l’hémicycle.La gauche et le bloc central ont dénoncé une loi taillée pour Marine Le Pen, qui a fait appel de sa condamnation dans l’affaire des assistants d’eurodéputés FN, qui la prive à ce stade de l’élection présidentielle (la décision en appel est attendue à l’été 2026).

Kiev et Moscou annoncent avoir procédé à un nouvel échange de prisonniers

L’Ukraine et la Russie ont annoncé jeudi avoir procédé à un nouvel échange de prisonniers de guerre dans le cadre d’un accord convenu début juin au cours de négociations à Istanbul qui n’avaient toutefois pas abouti à des avancées dans le règlement du conflit.Les deux belligérants avaient convenu de libérer tous les prisonniers de guerre jeunes ou blessés et de rendre les dépouilles des combattants tués, seul résultat tangible de ces négociations en Turquie.”Nous poursuivons les échanges (de prisonniers), une nouvelle étape a eu lieu”, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, précisant que des soldats de l’armée, de la garde nationale et des gardes-frontières avaient été relâchés.”La plupart d’entre eux étaient en captivité depuis 2022″, a ajouté sur les réseaux sociaux M. Zelensky, diffusant des photos sur lesquelles on voit des militaires libérés portant des drapeaux ukrainiens, certains très émus, d’autres en train de sourire. Pour sa part, le ministère russe de la Défense a affirmé dans un communiqué qu’un “groupe de militaires russes” avait été échangé et se trouvait actuellement au Bélarus avant son retour en Russie.- Combien ? -Ni Moscou, ni Kiev n’ont toutefois précisé combien de prisonniers avaient été libérés jeudi, comme lorsque de précédents échanges étaient intervenus ces trois dernières semaines.Côté ukrainien, des personnes, notamment des proches, se sont rendues dans la région de Tcherniguiv (nord), en un lieu non-divulgué, afin d’accueillir les ex-détenus.Certaines tenaient les portraits de soldats disparus, espérant obtenir des nouvelles d’eux de la part de codétenus, car de nombreux militaires ukrainiens sont mis au secret dans les prisons russes.Svitlana Nossal vient d’apprendre que son mari, Viktor, a été libéré : “C’est une telle joie, je ne sais même pas comment la décrire”, dit-elle à l’AFP.Maxime, 29 ans, sorti de captivité en décembre 2024, est lui aussi présent pour accueillir ses frères d’armes et “leur montrer qu’on les attend tous et qu’ils sachent qu’on ne les oublie jamais”. Il précise que sa propre détention a été “très difficile”.- Tortures -De très nombreux prisonniers de guerre ukrainiens ont raconté avoir subi des tortures prolongées dans les geôles russes. Nombre d’entre eux apparaissent amaigris et exténués à leur libération.L’échange de prisonniers et de corps de soldats tués est l’un des derniers domaines de coopération entre Kiev et Moscou.Le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en début d’année avait permis la relance des discussions de paix entre Ukrainiens et Russes, qui étaient à l’arrêt depuis le printemps 2022.Mais les deux cycles de pourparlers qui ont eu lieu jusque-là à Istanbul, sous médiation turque, n’ont pas permis de percée majeure.La Russie, qui a déclenché il y a plus de trois ans une offensive massive en Ukraine, a rejeté toute trêve sans conditions et exige, pour mettre fin au conflit, que l’Ukraine lui cède notamment quatre régions, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014, et renonce à jamais à rejoindre l’Otan.Ces exigences sont inacceptables pour l’Ukraine qui réclame, avec ses alliés européens, une trêve sans conditions de 30 jours avant des négociations de paix.