Trump’s policies won’t push up inflation, economic advisor says

Donald Trump’s policies are not likely to cause inflation to reignite as many analysts fear, one of the president-elect’s longtime economic advisors told AFP Tuesday, less than a week before Trump returns to the White House.Many economists have warned that Trump’s campaign proposals, which included imposing sweeping import tariffs and overseeing the largest deportation in US history, could cause a spike in inflation, forcing the Federal Reserve to keep interest rates higher for longer. In an interview, Stephen Moore, a longtime economic advisor to Trump, said that the full suite of policies the president-elect wants to push through, including deregulation and the extension of expiring tax cuts, should help keep price increases in check.”You could point to some specific policies like tariffs that could be inflationary,” said Moore, who is a senior visiting fellow at the conservative Heritage Foundation. “But you have to remember that we’re also going to be reducing other taxes.””Things that are made in the United States will have a lower tax, and things that are made in China will have a higher tax,” he added. “So when you balance those out, you have, you may have relative price shifts, but not overall price increases.” – Across-the-board tariffs  -Economists at some of the top US banks have noted that Trump’s tariff and immigration policies are likely to put upward pressure on inflation and downward pressure on growth, although many expect the impact to be relatively muted as long as Trump does not follow through on his more aggressive policy proposals.But if Trump goes ahead with across-the-board tariffs of as much as 20 percent — as he pledged to do on the campaign trail — that could complicate the Federal Reserve’s job as it looks to return inflation to its long-term target of two percent.The US central bank has cut interest rates by a full percentage point since September in a bid to bolster the labor market. But a recent uptick in inflation has raised concerns that its inflation fight has stalled, putting pressure on Fed chair Jerome Powell to convince his colleagues to keep interest rates on hold.”I think that Trump does understand that inflation is the enemy of the people, and inflation is also the enemy of a presidential term,” Moore said, alluding to the impact that inflation and the cost of living played in the most recent presidential race.”I do expect when Trump gets in and starts putting these policies in place, that you’ll start to see a stabilization of prices,” he added. “And if that doesn’t happen then he may fire Mr. Powell.”In November, Powell told reporters he would not resign as Fed boss if asked to by Trump, adding that firing any of the central bank’s seven governors — including himself — was “not permitted under the law.”- Early executive actions -Moore told AFP that Trump was preparing to sign multiple executive orders during his first days in office aimed at undoing many of the Biden administration’s policies. The executive orders will most likely target “green energy mandates,” diversity, equity and inclusion initiatives, return-to-office policies for federal workers, and the withdrawal of the United States from the “counterproductive” Paris climate accords, he said.Another early priority for the next Trump administration will be immigration, he added, with the incoming president’s team likely to follow a “worst first” policy focused on closing the southern border and then deporting undocumented workers who have broken the law. “Get the worst people out of the country first, and then see where we go from there,” he said.

Deux nouvelles sondes mettent le cap sur la Lune à bord d’une fusée unique

Une seule fusée pour deux missions lunaires: les appareils de deux entreprises privées, l’une américaine et l’autre japonaise, se sont envolés mercredi vers la Lune, une nouvelle illustration de l’importance croissante prise par le secteur privé dans l’exploration spatiale.Les deux engins spatiaux, chargés d’instruments scientifiques, sont envoyés dans l’espace par une fusée Falcon 9 de l’entreprise américaine du milliardaire Elon Musk, SpaceX.Celle-ci a décollé avec succès mercredi à 01H11 heure locale (06H11 GMT) depuis le Centre spatial Kennedy, sur la côte est américaine.A son bord, le robot spatial Blue Ghost, développé par l’entreprise Firefly Aerospace pour le compte de l’Agence spatiale américaine, la Nasa, et celui Resilience de la société japonaise ispace.Toutes deux espèrent reproduire l’exploit réalisé par l’entreprise américaine Intuitive Machines, qui a réussi début 2024 à poser un engin spatial sur la surface lunaire, une première mondiale pour une société privée.Jusqu’alors, cette manÅ“uvre périlleuse n’avait été réussie que par une poignée de pays, à commencer par l’Union soviétique en 1966.Il s’agira de la première tentative de Firefly Aerospace et de la deuxième d’ispace, dont un appareil avait échoué à alunir en douceur en 2023.- Connaître la surface lunaire -Le robot spatial américain Blue Ghost passera environ 45 jours en transit vers la Lune et sera chargé de dix instruments scientifiques de la Nasa.Quant à Resilience, il prendra entre quatre et cinq mois à rejoindre l’astre, et transportera entre autres un rover, des instruments scientifiques développés par d’autres entreprises, et une maquette de maison réalisée par un artiste suédois, Mikael Genberg.L’objectif affiché par ispace est d’effectuer sur la Lune des démonstrations technologiques de plusieurs de ces instruments.La société avait échoué lors d’une tentative précédente en 2023 quand son alunisseur s’était écrasé à la surface de l’astre.”Il est important de nous remettre en question, après avoir subi des échecs et en avoir tiré les leçons”, avait confié la semaine dernière le fondateur et PDG d’ispace, Takeshi Hakamada. “Aujourd’hui, nous prouvons notre résilience”, a-t-il complété mercredi avant le décollage.Côté américain, la Nasa prévoit de mener grâce à Blue Ghost des “recherches scientifiques très diverses” allant de “la compréhension de la poussière lunaire à la caractérisation de la structure et des propriétés thermiques de l’intérieur de la Lune”, a expliqué Maria Banks, une responsable scientifique de l’agence.La Nasa compte par exemple forer le sol lunaire et tester des technologies visant à améliorer la navigation, dans l’objectif d’approfondir ses connaissances sur la Lune et d’aider à la préparation des “futures missions humaines”.Les Etats-Unis ambitionnent d’y renvoyer prochainement des astronautes. Après de multiples reports, la Nasa table aujourd’hui sur un retour à l’horizon “mi-2027″.- Privatisation -A défaut d’être les premières, Firefly Aerospace et ispace cherchent à consolider leur place dans ce marché en plein essor, les vols vers la Lune se multipliant, tant du côté des gouvernements que de celui des entreprises privées.”Chaque étape franchie fournira des données précieuses pour les missions futures et permettra aux États-Unis et à leurs partenaires internationaux de rester à la pointe de l’exploration spatiale”, a assuré Jason Kim, le patron de Firefly Aerospace.La Nasa a choisi voici plusieurs années de charger des sociétés privées, dont cette société texane, de l’envoi de matériel et de technologies sur la Lune – un programme baptisé CLPS destiné à faire baisser les coûts des missions.Il s’agit du troisième lancement mené dans le cadre de ce programme, la première mission ayant échoué et la deuxième menée par Intuitive Machines, ayant réussi à alunir, mais sous un mauvais angle.Sa sonde Odysseus s’était approchée trop vite de la surface lunaire durant sa descente, et avait cassé au moins l’un de ses six pieds.cha-kh-kaf-stu/jug/pz

Deux nouvelles sondes mettent le cap sur la Lune à bord d’une fusée unique

Une seule fusée pour deux missions lunaires: les appareils de deux entreprises privées, l’une américaine et l’autre japonaise, se sont envolés mercredi vers la Lune, une nouvelle illustration de l’importance croissante prise par le secteur privé dans l’exploration spatiale.Les deux engins spatiaux, chargés d’instruments scientifiques, sont envoyés dans l’espace par une fusée Falcon 9 de l’entreprise américaine du milliardaire Elon Musk, SpaceX.Celle-ci a décollé avec succès mercredi à 01H11 heure locale (06H11 GMT) depuis le Centre spatial Kennedy, sur la côte est américaine.A son bord, le robot spatial Blue Ghost, développé par l’entreprise Firefly Aerospace pour le compte de l’Agence spatiale américaine, la Nasa, et celui Resilience de la société japonaise ispace.Toutes deux espèrent reproduire l’exploit réalisé par l’entreprise américaine Intuitive Machines, qui a réussi début 2024 à poser un engin spatial sur la surface lunaire, une première mondiale pour une société privée.Jusqu’alors, cette manÅ“uvre périlleuse n’avait été réussie que par une poignée de pays, à commencer par l’Union soviétique en 1966.Il s’agira de la première tentative de Firefly Aerospace et de la deuxième d’ispace, dont un appareil avait échoué à alunir en douceur en 2023.- Connaître la surface lunaire -Le robot spatial américain Blue Ghost passera environ 45 jours en transit vers la Lune et sera chargé de dix instruments scientifiques de la Nasa.Quant à Resilience, il prendra entre quatre et cinq mois à rejoindre l’astre, et transportera entre autres un rover, des instruments scientifiques développés par d’autres entreprises, et une maquette de maison réalisée par un artiste suédois, Mikael Genberg.L’objectif affiché par ispace est d’effectuer sur la Lune des démonstrations technologiques de plusieurs de ces instruments.La société avait échoué lors d’une tentative précédente en 2023 quand son alunisseur s’était écrasé à la surface de l’astre.”Il est important de nous remettre en question, après avoir subi des échecs et en avoir tiré les leçons”, avait confié la semaine dernière le fondateur et PDG d’ispace, Takeshi Hakamada. “Aujourd’hui, nous prouvons notre résilience”, a-t-il complété mercredi avant le décollage.Côté américain, la Nasa prévoit de mener grâce à Blue Ghost des “recherches scientifiques très diverses” allant de “la compréhension de la poussière lunaire à la caractérisation de la structure et des propriétés thermiques de l’intérieur de la Lune”, a expliqué Maria Banks, une responsable scientifique de l’agence.La Nasa compte par exemple forer le sol lunaire et tester des technologies visant à améliorer la navigation, dans l’objectif d’approfondir ses connaissances sur la Lune et d’aider à la préparation des “futures missions humaines”.Les Etats-Unis ambitionnent d’y renvoyer prochainement des astronautes. Après de multiples reports, la Nasa table aujourd’hui sur un retour à l’horizon “mi-2027″.- Privatisation -A défaut d’être les premières, Firefly Aerospace et ispace cherchent à consolider leur place dans ce marché en plein essor, les vols vers la Lune se multipliant, tant du côté des gouvernements que de celui des entreprises privées.”Chaque étape franchie fournira des données précieuses pour les missions futures et permettra aux États-Unis et à leurs partenaires internationaux de rester à la pointe de l’exploration spatiale”, a assuré Jason Kim, le patron de Firefly Aerospace.La Nasa a choisi voici plusieurs années de charger des sociétés privées, dont cette société texane, de l’envoi de matériel et de technologies sur la Lune – un programme baptisé CLPS destiné à faire baisser les coûts des missions.Il s’agit du troisième lancement mené dans le cadre de ce programme, la première mission ayant échoué et la deuxième menée par Intuitive Machines, ayant réussi à alunir, mais sous un mauvais angle.Sa sonde Odysseus s’était approchée trop vite de la surface lunaire durant sa descente, et avait cassé au moins l’un de ses six pieds.cha-kh-kaf-stu/jug/pz

Les derniers témoins des camps de la mort, jusqu’au bout contre l’oubli

lls avaient 15 ans, 4 ans, 7 mois. Certains sont nés là-bas. Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, Buchenwald, Ravensbrück. Ils ont survécu, vécu, fondé des familles et comptent transmettre, jusqu’au bout, contre l’oubli.Pour la première ou la millième fois, au soir de leur existence, des rescapés ont répondu à ces questions vertigineuses: que fallait-il dire de leur déportation, qu’ont-ils pu transmettre, que deviendra cette mémoire quand ils auront disparu, quelles sont leurs craintes et leurs espoirs pour ceux qui vivront après eux ?Quatre-vingts ans après la libération d’Auschwitz-Birkenau, symbole du Mal absolu, une quarantaine de survivants des camps d’internement, de concentration et d’extermination, dans une quinzaine de pays et sur quatre continents, ont accepté de rencontrer les équipes de l’AFP entre novembre 2024 et janvier 2025.En Israël, aux Etats-Unis et au Canada, en France, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie ou en Allemagne, en Argentine, au Chili ou au Mexique, en Afrique du Sud, ils ont posé devant les photographes et vidéastes. Chez eux ou en studio, seuls face à l’objectif, entourés de leur enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants ou devant des murs tapissés de photos de leurs descendants, leur victoire.Déportée entre l’âge de 4 ans et demi et six ans dans les camps de Vught et Westerbork (Pays-Bas) puis Bergen-Belsen (Allemagne), la Française Evelyn Askolovitch, 86 ans, invoque cet impératif de parler parce que, dit-elle, “je fais partie de la toute toute dernière génération”.Capter tant qu’il est encore temps les visages fanés, les mains tavelées, les regards si vifs de ceux qui ont vu ce que le reste de l’humanité ne peut qu’imaginer avec effroi. Ecouter le récit de ces destins inouïs, les souvenirs épars, les frémissements des voix, les égarements aussi quand la vieillesse, peu à peu, ronge leur mémoire. Sentinelles vacillantes qui interrogent depuis 1945. “Comment le monde a-t-il pu permettre Auschwitz ? “, demande ainsi à Santiago du Chili, Marta Neuwirth, 95 ans, née en Hongrie, déportée à l’âge de 15 ans dans le plus grand camp de la mort situé en Pologne alors occupée par les nazis.Quelque 1,1 million de personnes, dont environ un million de Juifs ainsi que des Tsiganes et des résistants polonais, y furent tuées entre 1940 et sa libération par l’Armée rouge le 27 janvier 1945. Une majorité d’entre elles ont été gazées dès leur arrivée.Au total, six millions de Juifs ont été assassinés par la folie nazie.”Pourquoi ? “, questionne au Canada Gyorgyi Nemes, 97 ans, née à Budapest, déportée à Ravensbrück, Flossenbürg (Allemagne), Mauthausen (Autriche). “Aujourd’hui encore, je ne sais pas pourquoi ils nous haïssaient autant.” – Un sens à leur vie -Pour beaucoup, témoigner a donné un sens à leur vie alors qu’ils ont vu leurs parents envoyés à la chambre à gaz, leur frère ou leur sÅ“ur emportés par la faim, l’épuisement, la maladie. Beaucoup n’ont appris qu’au sortir de la guerre l’anéantissement de toute leur famille.La presque centenaire Julia Wallach éprouve par moment des difficultés à parler, s’emmêle, s’interrompt, pleure. “C’est trop dur à raconter, trop dur”, souffle cette Parisienne qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l’a fait descendre in extremis d’un camion à destination de la chambre à gaz. Pourtant, elle veut continuer de raconter. “Tant que je pourrai le faire, je le ferai”, insiste-t-elle. A ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande: “Quand elle ne sera plus là, quand on en parlera, est-ce qu’on nous croira ?”C’est pour s’en assurer que Naftali Fürst, Israélien de 92 ans né à Bratislava, déporté dans quatre camps dont Auschwitz-Birkenau, se rend depuis des années en Allemagne, en Autriche, en République tchèque et ailleurs. Des visites et des interventions “pour que les jeunes générations n’oublient jamais ce qu’il s’est passé”. Comme Esther Senot, cette Française née en Pologne qui, en décembre, à 97 ans, affrontait encore la rudesse de l’hiver polonais pour accompagner des lycéens à Birkenau. Distant de trois kilomètres du camp principal d’Auschwitz, ce site s’étend à perte de vue et abrite encore la rampe de “sélection” où arrivaient les convois, les fours crématoires et les baraques encadrées de fils barbelés et de poteaux de béton. Elle tient la promesse faite en 1944 à sa soeur Fanny qui, gisant sur sa paillasse, crachant du sang, lui murmura dans un ultime souffle: “Je suis arrivée au bout, c’est pas la peine, j’irai pas plus loin.” “Si tu as une chance de revenir (…), tu me promets que tu raconteras tout ce qui nous est arrivé. Qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire.””Pour que nous ne soyons pas morts pour rien”, lui fait écho à Montréal Eva Shainblum, 97 ans, née dans la Roumanie d’aujourd’hui, déportée à l’âge de 16 ans dans le même camp où quasiment toute sa famille a été assassinée.Durant des années, la parole de ces survivants de la Shoah a été empêchée. Personne ne voulait écouter ce qu’ils avaient à raconter des camps.Il a fallu attendre le 7 décembre 1970 pour que le chancelier allemand Willy Brandt, dans un acte de contrition qui fit le tour du monde, tombe à genou devant le monument érigé à la mémoire des victimes du soulèvement du ghetto juif de Varsovie, implorant le pardon pour son peuple.- “Pas un cri, rien” -Par-delà les décennies, les témoins évoquent avec précision l’horreur des sélections décidées d’un coup de menton par un nazi, la bestialité des SS, la mort industrielle. Dans le foisonnement des récits revient d’emblée l’interminable voyage dans des conditions insoutenables, enfermés dans des wagons à bestiaux bondés, sans vivres.”Nous étions environ 80, femmes et enfants, vieillards, avec un sceau pour nos besoins, pas d’eau, pas de morceau de pain (…). Des animaux”, dit en Allemagne, son pays natal, Albrecht Weinberg, 99 ans. “Quand nous sommes arrivés (à Auschwitz), il y avait des détenus en costume avec des bâtons qui criaient +dehors+, les vieux tombaient, il y avait un tas devant le wagon, les jeunes passaient par-dessus.”Nate Leipciger, Canadien de 96 ans né en Pologne, déporté à l’âge de 15 ans, évoque avec épouvante la déshumanisation immédiate, dès la descente des trains. “En quelques minutes, on passait de l’état d’homme libre à celui de détenu, avec un numéro sur le bras sans aucun papier d’identité”, détaille-t-il. “On nous débarrassait de nos habits, de nos cheveux, de tout ce qui était personnel et on devenait juste un objet et on perdait toute capacité à agir comme un être humain.”Des “objets” qu’on “trie” sur la rampe de “sélection”: pour les plus jeunes, les plus âgés, les plus fragiles, la mort immédiate dans les chambres à gaz. Pour les autres, le calvaire du travail forcé. “Ils nous séparaient. Les femmes et les enfants d’un côté, les hommes de l’autre et il y avait cette longue rampe et au bout une table avec des soldats SS. Arrivés là, ils nous regardaient et faisaient le signe, à droite ou à gauche. Nous n’avions aucune idée de ce que cela voulait dire. Mais on a compris plus tard”, se remémore au Canada le centenaire Ted Bolgar, né en Hongrie, et qui pour recevoir l’AFP a mis sa kippa.Marta Neuwirth, qui à Auschwitz-Birkenau triait les vêtements des détenues, se souvient des colonnes de femmes nues “jour et nuit”, sorties de convois qui “arrivaient de partout”. “On leur faisait jeter leurs vêtements au sol. Elles étaient debout, tranquilles. Elles pensaient qu’elles allaient prendre une douche (…) Pas un cri, rien, tranquilles. Elles allaient, bien portantes, grandes, directement au four.”C’est le destin tragique qu’ont connu la soeur et la mère de Ted Bolgar, gazées dès leur arrivée et “dont les corps ont été brûlés la nuit”. Lui a pu y échapper en se présentant comme “électricien”.Les détenus étaient réduits au travail forcé, à la merci des bourreaux nazis et de leurs supplétifs. Albrecht Weinberg installait des câbles sous terre à Auschwitz-Birkenau. “Le travail était tellement dur, l’ingénieur (…) tellement brutal, que parfois trois personnes mouraient d’épuisement en une seule journée.””C’était de la férocité, de la sauvagerie. Je ne sais même pas trouver les mots pour le dire”, renchérit la Française Ginette Kolinka, 99 ans, quand elle évoque la brutalité des kapos, ces prisonniers chargés d’encadrer les déportés. “Et vas-y que je te frappe et que je te cogne. Voilà ça, c’était les kapos.”Et la faim. Le Polonais Marek Dunin-Wasowicz, 98 ans, déporté au camp de Stutthof (dans la Pologne d’aujourd’hui), tente encore de décrire son calvaire. “Au camp, cela signifiait des semaines entières durant lesquelles je ne mangeais rien. C’était la véritable faim. Je me suis évanoui parce que j’avais faim. La faim, j’avais faim.” La maladie aussi. Et les expérimentations médicales. Comme celles qu’a subies l’Américain Sami Steigmann, 85 ans, né en Roumanie, alors qu’il était enfant à Mogilev-Podolsky (en Ukraine à la frontière avec la Moldavie).Aujourd’hui encore “je ressens des douleurs en permanence”, confie cet homme indigent qui vit de l’aide sociale. “J’ai pris des médicaments extrêmement forts et qui créent une dépendance mais il y a environ 45 ans, j’ai décidé d’apprendre à vivre avec cette souffrance, sans médicaments”, ajoute le vieil homme qui porte une cravate sur laquelle est imprimé le drapeau d’Israël.- Hanter  -Quatre-vingts ans plus tard, la douleur déchirante d’avoir survécu, quand un parent tant chéri a été réduit à l’état de cendres, continue de les hanter.Déporté à 11 ans avec son frère à Auschwitz-Birkenau, Hirsz Litmanowicz, a été transféré à Sachsenhausen (Allemagne), où le vaccin contre l’hépatite B a été testé sur son corps étique.Il a vécu et son frère est mort. “Parce que j’ai été choisi pour ces expérimentations et pas lui. Je n’ai même pas pu lui dire au revoir, le serrer contre moi”, lâche dans une immense émotion ce Péruvien né en Pologne.A 93 ans, six fois grand-père et huit fois arrière-grand-père, “j’éprouve plus qu’avant la douleur de ce que j’ai enduré. Aujourd’hui je ne dors plus la nuit, je fais des cauchemars”, confie-t-il enfoncé dans un grand fauteuil à carreaux, entouré des photos de sa famille.”A chaque fois que je pense à l’Holocauste, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est ma soeur” jumelle, confie le Canadien Pinchas Gutter, 92 ans, né en Pologne, déporté d’abord à Majdanek (en Pologne occupée). Dès son arrivée dans cet “enfer apocalyptique”, l’enfant de 11 ans qu’il était fut séparé de Sabrina.Son seul souvenir d’elle est “la tresse blonde” qu’elle portait en courant vers leur mère. “Sa magnifique tresse blonde”, répète-t-il, le regard lumineux qui dissimule si bien son incommensurable chagrin. “J’ai tout oublié d’elle (…) Ne pas avoir le moindre souvenir d’elle, savoir à quoi elle ressemblait, juste cette tresse, cela me fait extrêmement mal.”A Buenos Aires, Pedro Polacek, 88 ans, né à Prague, déporté à l’âge de six ans à Theresienstadt (République tchèque) s’agrippe au souvenir de son père assassiné. “A ce qu’il m’a appris avant que nous soyons déportés : il m’a appris à affronter la vie.”C’est la force de sa mère qu’évoque l’Israélienne Eva Erben, 84 ans, née à Prague, déportée à Theresienstadt et Auschwitz-Birkenau. “Elle me parlait de ce que nous ferions de retour à la maison, ce que nous achèterions, quelles chaussures nous aurions, quels vêtements et nous irions rendre visite à des gens, faire réparer nos dents.””Une héroïne”, poursuit-elle, morte après “la Marche de la mort” quand, à l’approche des soldats soviétiques, les nazis ont forcé les déportés à parcourir des centaines de kilomètres, en haillons, dans la neige et le froid glacial, vers l’Allemagne et l’Autriche.- Retour de l’antisémitisme, peur de l’oubli  -Quatre-vingts ans plus tard, leurs témoignages ont-ils servi ? Ces derniers survivants confient à l’AFP l’angoisse que leur inspire l’inquiétant état du monde.”Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi important d’évoquer l’Holocauste 80 ans après. Mais ça l’est. A cause de la montée terrible de l’antisémitisme partout dans le monde”, estime notamment Nate Leipciger. L’époque lui rappelle les années 30 quand, face à la menace du Troisième Reich, “personne ne voulait nous accueillir comme réfugiés”, ajoute-t-il, “excepté le fait qu’aujourd’hui nous avons Israël”.Rarement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’antisémitisme a connu une telle résurgence, en particulier depuis le 7 octobre 2023 et les attaques du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien qui ont déclenché une guerre toujours en cours.De l’Italie dirigée par Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d’Italia (FDI), à l’inquiétante progression du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), le retour de l’extrême-droite les épouvante.”Le présent est très sombre”, juge le Viennois Erich Richard Finsches, 97 ans, survivant d’Auschwitz-Birkenau, qui a assisté avec stupeur à la victoire historique du Parti de la liberté (FPÖ) en Autriche. Pour lui, les électeurs ont été dupés comme autrefois Adolf Hitler – né en Autriche – a  trompé les Allemands. Et il y a cette peur de l’oubli qui les tourmente. “Que ce soit noyé dans la mémoire de l’Histoire”, redoute Pinchas Gutter ou dans le flot incessant des réseaux sociaux, comme l’observe Eva Shainblum. “Je le vois, même chez mes petits-enfants”, déplore-t-elle. “Je m’inquiète pour la nouvelle génération parce qu’aujourd’hui ils n’ont pas la patience d’écouter, ils ont cette machine (smartphone) et ils sont dessus jour et nuit.” “Pendant des décennies on a dit qu’on en parlait trop (…) mais plus les générations se renouvellent, moins elles sont au courant de ce qu’il s’est passé”, abonde la Hongroise Judit Varga Hoffmann, 97 ans, déportée à Auschwitz-Birkenau.Au point que la Russe Elena Jabina, 82 ans, qui n’était qu’un bébé de sept mois lorsqu’elle fut déportée dans le camp de concentration de Klooga (Estonie), craint qu’après la mort des survivants “il ne restera probablement pas de souvenir”. “Il y a une phrase du Talmud qui dit: + celui qui oublie son passé est condamné à le revivre”, met en garde Catherine Chalfine, en retraçant l’histoire de son père Gabriel Bénichou, 98 ans, né en Algérie française arrêté à Marseille, déporté à Auschwitz-Birkenau et qui aujourd’hui ne peut plus vraiment s’exprimer.Quel désarroi enfin pour l’Autrichienne sinti Rosa Schneeberger, 88 ans,déportée à l’âge de cinq ans dans le “camp tsigane” de Lackenbach (Autriche), de voir s’éteindre la culture et la langue de sa minorité, à l’origine itinérante dans l’ouest de l’Europe.”Les Sintis sont en train de disparaître” car “la plupart sont morts durant la guerre” et il n’y a plus eu assez de survivants pour maintenir une communauté.- Injonction à résister -Et pourtant. Il y a ce message d’espoir, cette incroyable foi en la vie de ceux qui ont failli la perdre.On sursaute en écoutant Gyorgyi Nemes qui, à Montréal, après avoir raconté “l’enfer” de sa déportation, conclut l’entretien par ces mots : “J’ai enterré mon mari il y a dix ans mais j’ai un fils, une belle-fille et ma famille. Je vous le dis, je suis la personne la plus chanceuse au monde.” Et que dire de la Sud-africaine Ella Blumenthal, 103 ans, qui a survécu au ghetto de Varsovie, à Majdanek, à Auschwitz-Birkenau, à Bergen-Belsen qui évoque “l’art de survivre” et le “miracle” de vivre ? “On m’a aidée à survivre, à rester debout pour dire: +quel monde merveilleux ! +” s’exclame cette femme née à Varsovie et dont toute la famille, 23 personnes au total, a été assassinée.Il y a chez ces survivants une injonction à résister. Tous, à leur manière, lancent  un vibrant appel en faveur de la liberté, de la paix, de la tolérance et contre l’antisémitisme, le racisme et le fascisme qui rongent le monde.”Avoir toujours l’espoir de survivre et lutter pour cela”, dit l’Argentine Raquel Lily Soriano Alhadeff, 97 ans, née à Rhodes, île grecque alors sous domination italienne. Alors qu’elle n’avait que 18 ans, la vieille dame aux cheveux tirés et qui porte un élégant collier de perles, est parvenue à s’échapper de Kaufering, un camp satellite de celui de Dachau en Allemagne, peu avant qu’il ne soit libéré.”Passer le flambeau aux jeunes”, insiste de son côté Marek Dunin-Wasowicz, engagé à 15 ans dans la résistance polonaise, échappé de la “Marche de la mort” et témoin, 75 ans plus tard, dans l’un des derniers procès au monde de responsables nazis, celui de l’ancien garde SS Bruno Dey.”Ils sont notre seul espoir”, poursuit-il, “ils doivent se souvenir pas seulement de ceux qui sont morts – tués ou qui ne sont plus là – mais aussi que c’est arrivé et que cela ne doit pas se répéter”.Et c’est à eux que s’adresse le Français Guy Poirot, lui dont l’existence relève du miracle. Né début 1945 dans le camp de concentration de Ravensbrück, il y a vécu ses 46 premiers jours. “A vous, jeunes, de vous prendre en main, d’écouter ceux qui vous ont donné une conscience (…) de travailler ensemble, de réfléchir ensemble”, exhorte-t-il. “La vie est un engagement !”

Les derniers témoins des camps de la mort, jusqu’au bout contre l’oubli

lls avaient 15 ans, 4 ans, 7 mois. Certains sont nés là-bas. Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, Buchenwald, Ravensbrück. Ils ont survécu, vécu, fondé des familles et comptent transmettre, jusqu’au bout, contre l’oubli.Pour la première ou la millième fois, au soir de leur existence, des rescapés ont répondu à ces questions vertigineuses: que fallait-il dire de leur déportation, qu’ont-ils pu transmettre, que deviendra cette mémoire quand ils auront disparu, quelles sont leurs craintes et leurs espoirs pour ceux qui vivront après eux ?Quatre-vingts ans après la libération d’Auschwitz-Birkenau, symbole du Mal absolu, une quarantaine de survivants des camps d’internement, de concentration et d’extermination, dans une quinzaine de pays et sur quatre continents, ont accepté de rencontrer les équipes de l’AFP entre novembre 2024 et janvier 2025.En Israël, aux Etats-Unis et au Canada, en France, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie ou en Allemagne, en Argentine, au Chili ou au Mexique, en Afrique du Sud, ils ont posé devant les photographes et vidéastes. Chez eux ou en studio, seuls face à l’objectif, entourés de leur enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants ou devant des murs tapissés de photos de leurs descendants, leur victoire.Déportée entre l’âge de 4 ans et demi et six ans dans les camps de Vught et Westerbork (Pays-Bas) puis Bergen-Belsen (Allemagne), la Française Evelyn Askolovitch, 86 ans, invoque cet impératif de parler parce que, dit-elle, “je fais partie de la toute toute dernière génération”.Capter tant qu’il est encore temps les visages fanés, les mains tavelées, les regards si vifs de ceux qui ont vu ce que le reste de l’humanité ne peut qu’imaginer avec effroi. Ecouter le récit de ces destins inouïs, les souvenirs épars, les frémissements des voix, les égarements aussi quand la vieillesse, peu à peu, ronge leur mémoire. Sentinelles vacillantes qui interrogent depuis 1945. “Comment le monde a-t-il pu permettre Auschwitz ? “, demande ainsi à Santiago du Chili, Marta Neuwirth, 95 ans, née en Hongrie, déportée à l’âge de 15 ans dans le plus grand camp de la mort situé en Pologne alors occupée par les nazis.Quelque 1,1 million de personnes, dont environ un million de Juifs ainsi que des Tsiganes et des résistants polonais, y furent tuées entre 1940 et sa libération par l’Armée rouge le 27 janvier 1945. Une majorité d’entre elles ont été gazées dès leur arrivée.Au total, six millions de Juifs ont été assassinés par la folie nazie.”Pourquoi ? “, questionne au Canada Gyorgyi Nemes, 97 ans, née à Budapest, déportée à Ravensbrück, Flossenbürg (Allemagne), Mauthausen (Autriche). “Aujourd’hui encore, je ne sais pas pourquoi ils nous haïssaient autant.” – Un sens à leur vie -Pour beaucoup, témoigner a donné un sens à leur vie alors qu’ils ont vu leurs parents envoyés à la chambre à gaz, leur frère ou leur sÅ“ur emportés par la faim, l’épuisement, la maladie. Beaucoup n’ont appris qu’au sortir de la guerre l’anéantissement de toute leur famille.La presque centenaire Julia Wallach éprouve par moment des difficultés à parler, s’emmêle, s’interrompt, pleure. “C’est trop dur à raconter, trop dur”, souffle cette Parisienne qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l’a fait descendre in extremis d’un camion à destination de la chambre à gaz. Pourtant, elle veut continuer de raconter. “Tant que je pourrai le faire, je le ferai”, insiste-t-elle. A ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande: “Quand elle ne sera plus là, quand on en parlera, est-ce qu’on nous croira ?”C’est pour s’en assurer que Naftali Fürst, Israélien de 92 ans né à Bratislava, déporté dans quatre camps dont Auschwitz-Birkenau, se rend depuis des années en Allemagne, en Autriche, en République tchèque et ailleurs. Des visites et des interventions “pour que les jeunes générations n’oublient jamais ce qu’il s’est passé”. Comme Esther Senot, cette Française née en Pologne qui, en décembre, à 97 ans, affrontait encore la rudesse de l’hiver polonais pour accompagner des lycéens à Birkenau. Distant de trois kilomètres du camp principal d’Auschwitz, ce site s’étend à perte de vue et abrite encore la rampe de “sélection” où arrivaient les convois, les fours crématoires et les baraques encadrées de fils barbelés et de poteaux de béton. Elle tient la promesse faite en 1944 à sa soeur Fanny qui, gisant sur sa paillasse, crachant du sang, lui murmura dans un ultime souffle: “Je suis arrivée au bout, c’est pas la peine, j’irai pas plus loin.” “Si tu as une chance de revenir (…), tu me promets que tu raconteras tout ce qui nous est arrivé. Qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire.””Pour que nous ne soyons pas morts pour rien”, lui fait écho à Montréal Eva Shainblum, 97 ans, née dans la Roumanie d’aujourd’hui, déportée à l’âge de 16 ans dans le même camp où quasiment toute sa famille a été assassinée.Durant des années, la parole de ces survivants de la Shoah a été empêchée. Personne ne voulait écouter ce qu’ils avaient à raconter des camps.Il a fallu attendre le 7 décembre 1970 pour que le chancelier allemand Willy Brandt, dans un acte de contrition qui fit le tour du monde, tombe à genou devant le monument érigé à la mémoire des victimes du soulèvement du ghetto juif de Varsovie, implorant le pardon pour son peuple.- “Pas un cri, rien” -Par-delà les décennies, les témoins évoquent avec précision l’horreur des sélections décidées d’un coup de menton par un nazi, la bestialité des SS, la mort industrielle. Dans le foisonnement des récits revient d’emblée l’interminable voyage dans des conditions insoutenables, enfermés dans des wagons à bestiaux bondés, sans vivres.”Nous étions environ 80, femmes et enfants, vieillards, avec un sceau pour nos besoins, pas d’eau, pas de morceau de pain (…). Des animaux”, dit en Allemagne, son pays natal, Albrecht Weinberg, 99 ans. “Quand nous sommes arrivés (à Auschwitz), il y avait des détenus en costume avec des bâtons qui criaient +dehors+, les vieux tombaient, il y avait un tas devant le wagon, les jeunes passaient par-dessus.”Nate Leipciger, Canadien de 96 ans né en Pologne, déporté à l’âge de 15 ans, évoque avec épouvante la déshumanisation immédiate, dès la descente des trains. “En quelques minutes, on passait de l’état d’homme libre à celui de détenu, avec un numéro sur le bras sans aucun papier d’identité”, détaille-t-il. “On nous débarrassait de nos habits, de nos cheveux, de tout ce qui était personnel et on devenait juste un objet et on perdait toute capacité à agir comme un être humain.”Des “objets” qu’on “trie” sur la rampe de “sélection”: pour les plus jeunes, les plus âgés, les plus fragiles, la mort immédiate dans les chambres à gaz. Pour les autres, le calvaire du travail forcé. “Ils nous séparaient. Les femmes et les enfants d’un côté, les hommes de l’autre et il y avait cette longue rampe et au bout une table avec des soldats SS. Arrivés là, ils nous regardaient et faisaient le signe, à droite ou à gauche. Nous n’avions aucune idée de ce que cela voulait dire. Mais on a compris plus tard”, se remémore au Canada le centenaire Ted Bolgar, né en Hongrie, et qui pour recevoir l’AFP a mis sa kippa.Marta Neuwirth, qui à Auschwitz-Birkenau triait les vêtements des détenues, se souvient des colonnes de femmes nues “jour et nuit”, sorties de convois qui “arrivaient de partout”. “On leur faisait jeter leurs vêtements au sol. Elles étaient debout, tranquilles. Elles pensaient qu’elles allaient prendre une douche (…) Pas un cri, rien, tranquilles. Elles allaient, bien portantes, grandes, directement au four.”C’est le destin tragique qu’ont connu la soeur et la mère de Ted Bolgar, gazées dès leur arrivée et “dont les corps ont été brûlés la nuit”. Lui a pu y échapper en se présentant comme “électricien”.Les détenus étaient réduits au travail forcé, à la merci des bourreaux nazis et de leurs supplétifs. Albrecht Weinberg installait des câbles sous terre à Auschwitz-Birkenau. “Le travail était tellement dur, l’ingénieur (…) tellement brutal, que parfois trois personnes mouraient d’épuisement en une seule journée.””C’était de la férocité, de la sauvagerie. Je ne sais même pas trouver les mots pour le dire”, renchérit la Française Ginette Kolinka, 99 ans, quand elle évoque la brutalité des kapos, ces prisonniers chargés d’encadrer les déportés. “Et vas-y que je te frappe et que je te cogne. Voilà ça, c’était les kapos.”Et la faim. Le Polonais Marek Dunin-Wasowicz, 98 ans, déporté au camp de Stutthof (dans la Pologne d’aujourd’hui), tente encore de décrire son calvaire. “Au camp, cela signifiait des semaines entières durant lesquelles je ne mangeais rien. C’était la véritable faim. Je me suis évanoui parce que j’avais faim. La faim, j’avais faim.” La maladie aussi. Et les expérimentations médicales. Comme celles qu’a subies l’Américain Sami Steigmann, 85 ans, né en Roumanie, alors qu’il était enfant à Mogilev-Podolsky (en Ukraine à la frontière avec la Moldavie).Aujourd’hui encore “je ressens des douleurs en permanence”, confie cet homme indigent qui vit de l’aide sociale. “J’ai pris des médicaments extrêmement forts et qui créent une dépendance mais il y a environ 45 ans, j’ai décidé d’apprendre à vivre avec cette souffrance, sans médicaments”, ajoute le vieil homme qui porte une cravate sur laquelle est imprimé le drapeau d’Israël.- Hanter  -Quatre-vingts ans plus tard, la douleur déchirante d’avoir survécu, quand un parent tant chéri a été réduit à l’état de cendres, continue de les hanter.Déporté à 11 ans avec son frère à Auschwitz-Birkenau, Hirsz Litmanowicz, a été transféré à Sachsenhausen (Allemagne), où le vaccin contre l’hépatite B a été testé sur son corps étique.Il a vécu et son frère est mort. “Parce que j’ai été choisi pour ces expérimentations et pas lui. Je n’ai même pas pu lui dire au revoir, le serrer contre moi”, lâche dans une immense émotion ce Péruvien né en Pologne.A 93 ans, six fois grand-père et huit fois arrière-grand-père, “j’éprouve plus qu’avant la douleur de ce que j’ai enduré. Aujourd’hui je ne dors plus la nuit, je fais des cauchemars”, confie-t-il enfoncé dans un grand fauteuil à carreaux, entouré des photos de sa famille.”A chaque fois que je pense à l’Holocauste, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est ma soeur” jumelle, confie le Canadien Pinchas Gutter, 92 ans, né en Pologne, déporté d’abord à Majdanek (en Pologne occupée). Dès son arrivée dans cet “enfer apocalyptique”, l’enfant de 11 ans qu’il était fut séparé de Sabrina.Son seul souvenir d’elle est “la tresse blonde” qu’elle portait en courant vers leur mère. “Sa magnifique tresse blonde”, répète-t-il, le regard lumineux qui dissimule si bien son incommensurable chagrin. “J’ai tout oublié d’elle (…) Ne pas avoir le moindre souvenir d’elle, savoir à quoi elle ressemblait, juste cette tresse, cela me fait extrêmement mal.”A Buenos Aires, Pedro Polacek, 88 ans, né à Prague, déporté à l’âge de six ans à Theresienstadt (République tchèque) s’agrippe au souvenir de son père assassiné. “A ce qu’il m’a appris avant que nous soyons déportés : il m’a appris à affronter la vie.”C’est la force de sa mère qu’évoque l’Israélienne Eva Erben, 84 ans, née à Prague, déportée à Theresienstadt et Auschwitz-Birkenau. “Elle me parlait de ce que nous ferions de retour à la maison, ce que nous achèterions, quelles chaussures nous aurions, quels vêtements et nous irions rendre visite à des gens, faire réparer nos dents.””Une héroïne”, poursuit-elle, morte après “la Marche de la mort” quand, à l’approche des soldats soviétiques, les nazis ont forcé les déportés à parcourir des centaines de kilomètres, en haillons, dans la neige et le froid glacial, vers l’Allemagne et l’Autriche.- Retour de l’antisémitisme, peur de l’oubli  -Quatre-vingts ans plus tard, leurs témoignages ont-ils servi ? Ces derniers survivants confient à l’AFP l’angoisse que leur inspire l’inquiétant état du monde.”Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi important d’évoquer l’Holocauste 80 ans après. Mais ça l’est. A cause de la montée terrible de l’antisémitisme partout dans le monde”, estime notamment Nate Leipciger. L’époque lui rappelle les années 30 quand, face à la menace du Troisième Reich, “personne ne voulait nous accueillir comme réfugiés”, ajoute-t-il, “excepté le fait qu’aujourd’hui nous avons Israël”.Rarement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’antisémitisme a connu une telle résurgence, en particulier depuis le 7 octobre 2023 et les attaques du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien qui ont déclenché une guerre toujours en cours.De l’Italie dirigée par Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d’Italia (FDI), à l’inquiétante progression du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), le retour de l’extrême-droite les épouvante.”Le présent est très sombre”, juge le Viennois Erich Richard Finsches, 97 ans, survivant d’Auschwitz-Birkenau, qui a assisté avec stupeur à la victoire historique du Parti de la liberté (FPÖ) en Autriche. Pour lui, les électeurs ont été dupés comme autrefois Adolf Hitler – né en Autriche – a  trompé les Allemands. Et il y a cette peur de l’oubli qui les tourmente. “Que ce soit noyé dans la mémoire de l’Histoire”, redoute Pinchas Gutter ou dans le flot incessant des réseaux sociaux, comme l’observe Eva Shainblum. “Je le vois, même chez mes petits-enfants”, déplore-t-elle. “Je m’inquiète pour la nouvelle génération parce qu’aujourd’hui ils n’ont pas la patience d’écouter, ils ont cette machine (smartphone) et ils sont dessus jour et nuit.” “Pendant des décennies on a dit qu’on en parlait trop (…) mais plus les générations se renouvellent, moins elles sont au courant de ce qu’il s’est passé”, abonde la Hongroise Judit Varga Hoffmann, 97 ans, déportée à Auschwitz-Birkenau.Au point que la Russe Elena Jabina, 82 ans, qui n’était qu’un bébé de sept mois lorsqu’elle fut déportée dans le camp de concentration de Klooga (Estonie), craint qu’après la mort des survivants “il ne restera probablement pas de souvenir”. “Il y a une phrase du Talmud qui dit: + celui qui oublie son passé est condamné à le revivre”, met en garde Catherine Chalfine, en retraçant l’histoire de son père Gabriel Bénichou, 98 ans, né en Algérie française arrêté à Marseille, déporté à Auschwitz-Birkenau et qui aujourd’hui ne peut plus vraiment s’exprimer.Quel désarroi enfin pour l’Autrichienne sinti Rosa Schneeberger, 88 ans,déportée à l’âge de cinq ans dans le “camp tsigane” de Lackenbach (Autriche), de voir s’éteindre la culture et la langue de sa minorité, à l’origine itinérante dans l’ouest de l’Europe.”Les Sintis sont en train de disparaître” car “la plupart sont morts durant la guerre” et il n’y a plus eu assez de survivants pour maintenir une communauté.- Injonction à résister -Et pourtant. Il y a ce message d’espoir, cette incroyable foi en la vie de ceux qui ont failli la perdre.On sursaute en écoutant Gyorgyi Nemes qui, à Montréal, après avoir raconté “l’enfer” de sa déportation, conclut l’entretien par ces mots : “J’ai enterré mon mari il y a dix ans mais j’ai un fils, une belle-fille et ma famille. Je vous le dis, je suis la personne la plus chanceuse au monde.” Et que dire de la Sud-africaine Ella Blumenthal, 103 ans, qui a survécu au ghetto de Varsovie, à Majdanek, à Auschwitz-Birkenau, à Bergen-Belsen qui évoque “l’art de survivre” et le “miracle” de vivre ? “On m’a aidée à survivre, à rester debout pour dire: +quel monde merveilleux ! +” s’exclame cette femme née à Varsovie et dont toute la famille, 23 personnes au total, a été assassinée.Il y a chez ces survivants une injonction à résister. Tous, à leur manière, lancent  un vibrant appel en faveur de la liberté, de la paix, de la tolérance et contre l’antisémitisme, le racisme et le fascisme qui rongent le monde.”Avoir toujours l’espoir de survivre et lutter pour cela”, dit l’Argentine Raquel Lily Soriano Alhadeff, 97 ans, née à Rhodes, île grecque alors sous domination italienne. Alors qu’elle n’avait que 18 ans, la vieille dame aux cheveux tirés et qui porte un élégant collier de perles, est parvenue à s’échapper de Kaufering, un camp satellite de celui de Dachau en Allemagne, peu avant qu’il ne soit libéré.”Passer le flambeau aux jeunes”, insiste de son côté Marek Dunin-Wasowicz, engagé à 15 ans dans la résistance polonaise, échappé de la “Marche de la mort” et témoin, 75 ans plus tard, dans l’un des derniers procès au monde de responsables nazis, celui de l’ancien garde SS Bruno Dey.”Ils sont notre seul espoir”, poursuit-il, “ils doivent se souvenir pas seulement de ceux qui sont morts – tués ou qui ne sont plus là – mais aussi que c’est arrivé et que cela ne doit pas se répéter”.Et c’est à eux que s’adresse le Français Guy Poirot, lui dont l’existence relève du miracle. Né début 1945 dans le camp de concentration de Ravensbrück, il y a vécu ses 46 premiers jours. “A vous, jeunes, de vous prendre en main, d’écouter ceux qui vous ont donné une conscience (…) de travailler ensemble, de réfléchir ensemble”, exhorte-t-il. “La vie est un engagement !”

SpaceX set for seventh test of Starship megarocket

Elon Musk’s SpaceX is gearing up for the seventh orbital flight test of Starship, the colossal prototype rocket the company hopes will help humans colonize Mars.A launch window from the company’s Starbase in Boca Chica, Texas, opens at 4:00 pm (2200 GMT) Wednesday and will be carried in a live webcast on Musk’s X platform.Space enthusiasts will be eager to see if SpaceX can replicate the stunning feat of catching the first-stage Super Heavy booster in the launch tower’s “chopstick” arms during descent, approximately seven minutes after liftoff.The maneuver was successfully achieved in October but not during the following flight in November, when President-elect Donald Trump joined Musk to witness the test from mission control.Instead, Super Heavy made a more subdued splashdown in the Gulf of Mexico. This time around, SpaceX announced it had implemented “hardware upgrades to the launch and catch tower to increase reliability for booster catch,” including enhancements to sensor protections on the chopsticks that were damaged during the launch, causing the booster’s offshore diversion.Starship has also undergone several design refinements. Its latest iteration now stands at 403 feet (123 meters) tall, slightly taller than previous versions and roughly 100 feet higher than the Statue of Liberty.Upgrades include a redesigned upper-stage propulsion system capable of carrying 25 percent more propellant, along with modifications to the forward flaps. The flaps have been reduced in size and repositioned to reduce their exposure to intense heat during atmospheric reentry.For the first time, Starship will deploy a payload: 10 Starlink simulators, comparable in size and weight to the company’s internet satellites. Both the simulators and Starship’s upper stage are set to splash down in the Indian Ocean about an hour after launch.- Betting on Starship -SpaceX already dominates the orbital launch market with its Falcon 9 and Falcon Heavy rockets, which serve commercial clients, NASA and the Pentagon.But the company has made it clear it sees Starship as its future, with Chief Operating Officer Gwynne Shotwell recently indicating it would succeed the Falcon rockets around the turn of the next decade. Designed to be fully reusable, Starship’s test flights currently cost around $90 million, according to analytical group Payload Research, though Musk has expressed confidence in eventually reducing that figure to as low as $10 million per launch.The first three test flights ended in dramatic explosions, resulting in the loss of vehicles. However, SpaceX has rapidly iterated on its design, reflecting its “fail fast, learn fast” philosophy.Musk is aiming to drastically ramp up the frequency of tests, requesting permission from the Federal Aviation Administration to carry out 25 in 2025.The FAA is currently holding public meetings over the issue. Critics have accused the company of causing environmental harms, including disruption to nearby ecologically sensitive areas and alleged violations of wastewater regulations at the launch site.But with Musk now part of Trump’s inner circle, the billionaire could find a more favorable regulatory landscape under the incoming administration.