La Silicon Valley ébranlée par l’IA chinoise à bas prix

L’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, avec des ressources limitées par rapport aux géants américains de l’intelligence artificielle (IA) générative, a ébranlé la Silicon Valley, suscitant à la fois de l’admiration, des accusations de tricherie, des dégringolades à Wall Street et des mises en garde allant de Davos à la Maison Blanche.Ce week-end, DeepSeek R1 est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.R1 est “impressionnant”, a déclaré lundi soir Sam Altman, le patron d’OpenAI. “Surtout étant donné ce qu’ils sont capables de fournir pour le prix”, a-t-il ajouté sur X.Un ministre australien a, lui, appelé à “être très prudent” face à l’IA chinoise. “Il y a beaucoup de questions auxquelles il faudra répondre à temps sur la qualité, les préférences des consommateurs, la gestion des données et de la vie privée”, a déclaré Ed Husic, ministre australien de l’Industrie et des Sciences insistant sur la nécessité d'”être très prudent” face au chatbot chinois devenu rival des géants américains, dont ChatGPT.Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent l’industrie parce qu’elles ont été obtenues à une fraction du coût.La start-up affirme en effet n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour le développer, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les groupes de la côte ouest américaine, notamment dans des composants de pointe.”C’est très stimulant d’avoir un nouveau concurrent”, a assuré Sam Altman, précisant qu’OpenAI allait “évidemment fournir de bien meilleurs modèles”.- “Moment Spoutnik” -“DeepSeek R1 est le moment Spoutnik de l’IA”, a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la tech, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite artificiel de la Terre par l’Union soviétique, qui avait stupéfié le monde occidental.Pour préserver leur statut dominant dans l’IA, les Etats-Unis ont notamment imposé des contrôles à l’exportation des semi-conducteurs de pointe.Entreprise chinoise, DeepSeek n’a ainsi pas accès aux puces chères et ultra perfectionnées de la californienne Nvidia, utilisées pour entraîner les modèles d’IA générative tels que ChatGPT.”Si la Chine rattrape rapidement les Etats-Unis dans la course à l’IA, l’économie de l’IA sera bouleversée”, a averti Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB, dans une note aux clients. Nvidia, qui a décollé ces deux dernières années grâce à la forte demande pour ses composants, a plongé en Bourse lundi, perdant près de 590 milliards de dollars de capitalisation boursière.Satya Nadella, le patron de Microsoft, a affirmé sur les réseaux qu’une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde. Mais à Davos la semaine dernière, il avait appelé à “prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine”.Son groupe prévoit d’investir 80 milliards de dollars dans l’IA cette année. Meta (Facebook, Instagram) a de son côté annoncé vendredi que ses dépenses en capitaux allaient grimper à au moins 60 milliards de dollars cette année, principalement à cause de l’IA.Les performances de DeepSeek enchantent en revanche des start-up aux moyens plus limités, comme Perplexity AI, qui combine un assistant IA et un moteur de recherche en ligne.”DeepSeek R1 est désormais disponible sur Perplexity”, a indiqué l’entreprise sur X lundi, précisant que le modèle open source (ouvert) et les données des utilisateurs sont hébergés sur des “serveurs occidentaux”.- “Gosses de riche” -Les restrictions à l’exportation poussent les start-up chinoises à innover “en privilégiant l’efficacité, la mise en commun des ressources et la collaboration”, a souligné la MIT Technology Review. “Le travail de DeepSeek illustre comment de nouveaux modèles peuvent être créés” à l’aide de techniques différentes, “en s’appuyant sur des modèles largement disponibles et sur des puces entièrement conformes aux règlements sur les exportations”, a déclaré à l’AFP une porte-parole de Nvidia.Elon Musk, qui a abondamment investi dans sa société xAI, est parmi ceux qui soupçonnent DeepSeek d’accéder secrètement aux puces H100 de Nvidia, les plus sophistiquées.Des accusations d’une “équipe de gosses de riches” qui s’est fait “doubler par une équipe de gosses de pauvres”, a réagi sur X l’investisseur Jen Zhu Scott, basé à Hong Kong.Donald Trump a annoncé la semaine dernière un grand projet d’infrastructure d’IA impliquant notamment OpenAI et la société japonaise SoftBank, la concurrence avec la Chine étant l’une des principales motivations affichées.S’exprimant devant des élus lundi, il a jugé que DeepSeek constituait un “avertissement” pour les industriels américains à “rester très concentrés sur la concurrence pour gagner”.

La Silicon Valley ébranlée par l’IA chinoise à bas prix

L’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, avec des ressources limitées par rapport aux géants américains de l’intelligence artificielle (IA) générative, a ébranlé la Silicon Valley, suscitant à la fois de l’admiration, des accusations de tricherie, des dégringolades à Wall Street et des mises en garde allant de Davos à la Maison Blanche.Ce week-end, DeepSeek R1 est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.R1 est “impressionnant”, a déclaré lundi soir Sam Altman, le patron d’OpenAI. “Surtout étant donné ce qu’ils sont capables de fournir pour le prix”, a-t-il ajouté sur X.Un ministre australien a, lui, appelé à “être très prudent” face à l’IA chinoise. “Il y a beaucoup de questions auxquelles il faudra répondre à temps sur la qualité, les préférences des consommateurs, la gestion des données et de la vie privée”, a déclaré Ed Husic, ministre australien de l’Industrie et des Sciences insistant sur la nécessité d'”être très prudent” face au chatbot chinois devenu rival des géants américains, dont ChatGPT.Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent l’industrie parce qu’elles ont été obtenues à une fraction du coût.La start-up affirme en effet n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour le développer, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les groupes de la côte ouest américaine, notamment dans des composants de pointe.”C’est très stimulant d’avoir un nouveau concurrent”, a assuré Sam Altman, précisant qu’OpenAI allait “évidemment fournir de bien meilleurs modèles”.- “Moment Spoutnik” -“DeepSeek R1 est le moment Spoutnik de l’IA”, a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la tech, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite artificiel de la Terre par l’Union soviétique, qui avait stupéfié le monde occidental.Pour préserver leur statut dominant dans l’IA, les Etats-Unis ont notamment imposé des contrôles à l’exportation des semi-conducteurs de pointe.Entreprise chinoise, DeepSeek n’a ainsi pas accès aux puces chères et ultra perfectionnées de la californienne Nvidia, utilisées pour entraîner les modèles d’IA générative tels que ChatGPT.”Si la Chine rattrape rapidement les Etats-Unis dans la course à l’IA, l’économie de l’IA sera bouleversée”, a averti Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB, dans une note aux clients. Nvidia, qui a décollé ces deux dernières années grâce à la forte demande pour ses composants, a plongé en Bourse lundi, perdant près de 590 milliards de dollars de capitalisation boursière.Satya Nadella, le patron de Microsoft, a affirmé sur les réseaux qu’une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde. Mais à Davos la semaine dernière, il avait appelé à “prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine”.Son groupe prévoit d’investir 80 milliards de dollars dans l’IA cette année. Meta (Facebook, Instagram) a de son côté annoncé vendredi que ses dépenses en capitaux allaient grimper à au moins 60 milliards de dollars cette année, principalement à cause de l’IA.Les performances de DeepSeek enchantent en revanche des start-up aux moyens plus limités, comme Perplexity AI, qui combine un assistant IA et un moteur de recherche en ligne.”DeepSeek R1 est désormais disponible sur Perplexity”, a indiqué l’entreprise sur X lundi, précisant que le modèle open source (ouvert) et les données des utilisateurs sont hébergés sur des “serveurs occidentaux”.- “Gosses de riche” -Les restrictions à l’exportation poussent les start-up chinoises à innover “en privilégiant l’efficacité, la mise en commun des ressources et la collaboration”, a souligné la MIT Technology Review. “Le travail de DeepSeek illustre comment de nouveaux modèles peuvent être créés” à l’aide de techniques différentes, “en s’appuyant sur des modèles largement disponibles et sur des puces entièrement conformes aux règlements sur les exportations”, a déclaré à l’AFP une porte-parole de Nvidia.Elon Musk, qui a abondamment investi dans sa société xAI, est parmi ceux qui soupçonnent DeepSeek d’accéder secrètement aux puces H100 de Nvidia, les plus sophistiquées.Des accusations d’une “équipe de gosses de riches” qui s’est fait “doubler par une équipe de gosses de pauvres”, a réagi sur X l’investisseur Jen Zhu Scott, basé à Hong Kong.Donald Trump a annoncé la semaine dernière un grand projet d’infrastructure d’IA impliquant notamment OpenAI et la société japonaise SoftBank, la concurrence avec la Chine étant l’une des principales motivations affichées.S’exprimant devant des élus lundi, il a jugé que DeepSeek constituait un “avertissement” pour les industriels américains à “rester très concentrés sur la concurrence pour gagner”.

Trump signs order to get ‘transgender ideology’ out of military

US President Donald Trump on Monday signed an executive order ridding the military of what he called “transgender ideology,” in a potentially major setback for LGBTQ rights.In a series of orders related to the military that Trump told reporters he had signed on Air Force One, he also called for the building of a US version of Israel’s Iron Dome missile defense system.The Republican signed further orders reinstating service members dismissed for refusing to take the Covid vaccine, and extending a wider government crackdown on diversity programs for the armed forces.”To ensure that we have the most lethal fighting force in the world, we will get transgender ideology the hell out of our military,” Trump told a Republican congressional retreat in Miami.Trump has previously promised to bring back a ban on transgender troops and demonized any recognition of gender diversity.In his order, Trump claimed the armed forces “have been afflicted with radical gender ideology to appease activists” and that “many mental and physical health conditions are incompatible with active duty.”The order said “adoption of a gender identity inconsistent with an individual’s sex conflicts with a soldier’s commitment to an honorable, truthful, and disciplined lifestyle, even in one’s personal life.””A man’s assertion that he is a woman, and his requirement that others honor this falsehood, is not consistent with the humility and selflessness required of a service member,” it added. In a separate order, Trump claimed diversity programs in the military “undermine leadership, merit, and unit cohesion, thereby eroding lethality and force readiness.”It also prohibited the defense department and armed forces from promoting “un-American” theories suggesting America’s founding documents are racist or sexist or advancing discussion on “gender ideology.”The orders came at the start of Trump’s second week back in the White House and on the day a welcome ceremony was held at the Pentagon for his new defense secretary, military veteran and Fox News personality Pete Hegseth.”Thank you for your leadership Mr. President. We will execute!” Hegseth — who was confirmed last week despite concerns over his inexperience, and alleged record of heavy drinking and domestic violence — said on X.Transgender Americans have faced a roller coaster of changing policies on military service in recent years, with Democratic administrations seeking to permit them to serve openly while Trump has repeatedly sought to keep them out of the ranks.The US military lifted a ban on transgender troops in 2016, during Democrat Barack Obama’s second term as president.Under that policy, trans troops already serving were permitted to do so openly, and transgender recruits were set to start being accepted by July 1, 2017.- ‘Patriots’ -But the first Trump administration postponed that date to 2018 before deciding to reverse the policy entirely, sparking criticism from rights groups.Trump’s Democratic successor Joe Biden moved to reverse the restrictions just days after he took office in 2021, saying all Americans qualified to serve should be able to do so.While the number of transgender troops in the US military is fairly small — with estimates of around 15,000 out of more than two million uniformed service members — their dismissal would reduce US forces at a time when the country is already facing difficulties recruiting new personnel.Biden’s defense secretary Lloyd Austin appeared to criticize Trump’s plans during a farewell address earlier this month, saying: “Any military that turns away qualified patriots who are eager to serve is just making itself smaller and weaker.”Transgender issues have roiled US politics in recent years, as states controlled by Democrats and Republicans have moved in opposite directions on policies ranging from medical treatment to what books on the topic are allowed in public or school libraries.Trump has meanwhile repeatedly promised to build a version of the Iron Dome system that Israel has used to shoot down missiles fired by Hamas from Gaza and Hezbollah in Lebanon.But he ignored the fact that the system is designed for short-range threats, making it ill-suited to defending against intercontinental missiles that are the main danger to the United States.”We need to immediately begin the construction of a state-of-the-art Iron Dome missile defense shield,” Trump said in Miami, adding that it would be “made right here in the USA.”

Japanese tech stocks hit by AI fears, dollar boosted by tariff talk

Japanese tech firms sank Tuesday following a rout on Wall Street after China’s DeepSeek chatbot upended the artificial intelligence sector and sparked questions about huge investments by US titans.The dollar rallied on a report saying Washington was considering universal tariffs on a range of goods, fanning fresh fears about a trade war.Tokyo-listed companies linked to the artificial intelligence sector tanked for a second straight day as investors tracked a rout on Wall Street that saw Nvidia crumble 17 percent, wiping more than half-a-trillion dollars off its market capitalisation.The retreat came after DeepSeek unveiled its R1 chatbot that has apparently shown the ability to match the capacity of US AI pace-setters for a fraction of the investments made by American companies. Nvidia has been the standout company that has led the drive by investors to seek out all things AI, spending vast sums of cash but seeing their share prices rocket — the US chip firm has piled on about 1,900 percent in five years.The DeepSeek bombshell also came on the heels of President Donald Trump’s announcement of a new $500 billion venture to build infrastructure for artificial intelligence in the United States.Trump said the release “should be a wake-up call for our industries that we need to be laser-focused on competing to win”.He argued that it could be a “positive” for US tech giants.”Instead of spending billions and billions, you’ll spend less, and you’ll come up with hopefully the same solution,” he said.But Sam Altman, the boss of OpenAI, which runs lead US chatbot ChatGPT, called DeepSeek “impressive”.The Nasdaq tanked more than three percent and the S&P 500 more than one percent, with another US chip-maker, Broadcom, off 17.4 percent.The selling in Tokyo extended into Tuesday, with the Nikkei off 1.4 percent. Advantest plunged more than 11 percent, while Tokyo Electron shed 5.7 five percent and Disco Corporation almost three percent.Tech investor SoftBank, which is a key investor in Trump’s AI project, tumbled more than five percent, having lost more than eight percent the day before.- Greenback rally -“The Deepseek news has triggered a rethink on the AI revolution and arguably one of the pillars of the current US exceptionalism,” said National Australia Bank’s Rodrigo Catril.”If R1 is as good as first impressions seem to suggest, then demand for sophisticated chips, infrastructure (think data centres) and energy may not be as large as originally thought.”Other Asian markets were mixed in limited trade ahead of the Lunar New Year break.Hong Kong, Singapore and Mumbai rose, though Sydney, Wellington, Manila and Bangkok dipped with Sydney barely moved.Shanghai, Jakarta, Seoul and Taipei were closed.The dollar pushed higher after the Financial Times reported that US Treasury Secretary Scott Bessent was looking to impose universal tariffs of 2.5 percent on goods initially and lifting them by the same amount each month. It said the move would give room for negotiations with the White House but the tariffs could go as high as 20 percent. The report comes after Trump rattled confidence Sunday by a row with Colombia over deportations, in which the president said he would hit the country with 25 percent levies.Bogota backed down after a short standoff, but analysts said the development highlighted the president’s willingness to weaponise tariffs.The greenback rallied against the yen, euro and sterling, while the Mexican peso and South African rand were off more than one percent each.Investors are also looking ahead to the Federal Reserve’s policy meeting this week, with hopes it will offer a fresh view of its interest rate outlook in light of Trump’s tariff warnings and pledges to slash taxes, immigration and regulations.”Data points to better inflation, continued growth but the first executive orders from the president targeting immigration could see the jobs market tighten and force up wages,” TipRanks analyst Neil Wilson said.”On tariffs, things are only just getting started. Donald Trump said he would ‘rather not’ impose new tariffs on China. But it’s hard to see things going any other way,” said Wilson.”The reality of tariffs has not been fully priced.”- Key figures around 0710 GMT -Tokyo – Nikkei 225: DOWN 1.4 percent at 39,016.87 (close)Hong Kong – Hang Seng Index: UP 0.1 percent at 20,225.11 (close)Shanghai – Composite: Closed for a holidayEuro/dollar: DOWN at $1.0437 from $1.0492 on MondayPound/dollar: DOWN at $1.2440 from $1.2496Dollar/yen: UP at 155.71 yen from 154.61 yen Euro/pound: DOWN at 83.85 pence from 83.94 penceWest Texas Intermediate: UP 0.5 percent at $73.52 per barrelBrent North Sea Crude: UP 0.5 percent at $77.48 per barrelNew York – Dow: UP 0.7 percent at 44,713.58 (close)London – FTSE 100: FLAT at 8,503.71 (close)

Dans le froid hivernal, l’ultra-précarité des migrants à Calais

Dans un hangar désaffecté à Calais, des dizaines de tentes s’entassent dans l’obscurité. Dehors, les déchets s’amoncellent et des vêtements détrempés pendent aux grilles. Il fait à peine quelques degrés, et un vent humide s’infiltre dans ce campement de migrants.Lorsque les températures chutent, la précarité des migrants sur le littoral du nord de la France, qui attendent de rejoindre l’Angleterre, devient encore plus critique.Ali-Ibrahim Adam, un Soudanais de 28 ans, vit dans cet endroit qu’il surnomme “la jungle” depuis six mois. “La situation humanitaire est difficile. La pluie, le froid, certains n’ont pas de couverture, ni quoi que ce soit pour se chauffer, pas même de manteaux. Les gens souffrent du froid”, témoigne-t-il, dans sa fine doudoune. Lorsque le plan “grand froid” est activé, la préfecture du Pas-de-Calais ouvre des hangars chauffés, équipés de lits de camp et de sacs de couchage. Depuis le 1er décembre, ce dispositif “exceptionnel”, qui permet d’héberger environ 500 migrants au total, a été ouvert quinze nuits, explique à l’AFP Agathe Cury, la sous-préfète de Calais.Les migrants peuvent aussi dormir dans des Centres d’accueil et d’évaluation des situations (CAES) ouverts toute l’année. Mais l’éloignement de ces sites du littoral dissuade de nombreux migrants, qui veulent rester à proximité des points de passage vers le Royaume-Uni.- Dispositifs “insuffisants” et “dysfonctionnels” -Pour Médecins sans frontières (MSF), ces dispositifs d’État sont “insuffisants” et “dysfonctionnels”. Dans un communiqué publié mardi, l’ONG appelle l’État à leur fournir un hébergement d’urgence “en continu”, et “au moins jusqu’à la fin de l’hiver”.En réponse aux “défaillances de l’État”, MSF a mis en place son propre dispositif d’hébergement d’urgence: depuis le 2 décembre et jusqu’au 31 mars, l’ONG loue dix chambres dans un hôtel du centre-ville de Calais, offrant 29 places pour héberger des familles, des enfants, des femmes enceintes et des mineurs non accompagnés. Najma, 13 ans, originaire de Somalie, a trouvé refuge dans cet hôtel avec sa famille. “J’ai dormi dehors pendant quatre jours. Il faisait très froid, et l’endroit où nous dormions n’était ni propre, ni chauffé”, raconte-t-elle à l’AFP, assise dans un fauteuil de la salle commune. “Ici, c’est propre, on peut manger, boire du thé, et il ne fait pas froid”, ajoute l’adolescente en anglais. “Le mois de janvier est particulièrement froid. Il y a des maladies, c’est la première fois que nous tombons malades à cause de la météo, nous avons attrapé une grippe”, explique Mohammad, 44 ans, originaire de Syrie.A Calais, les personnes “survivent dans des conditions indignes et inhumaines”, dénonce Feyrouz Lajili, coordinatrice MSF à Calais. “Les dispositifs mis en place par l’État ne sont pas suffisants, ils sont rapidement saturés et difficiles d’accès”, ajoute-t-elle. Par ailleurs, “le plan grand froid n’est activé qu’en pointillé. En décembre, il n’a pas été activé, malgré les températures très basses, voire négatives”.- Le rêve de l’Angleterre, coûte que coûte -Les autorités justifient ces mesures restreintes par la volonté de ne pas encourager l’installation des migrants sur le littoral.”L’objectif de l’État n’est pas de leur faciliter le passage de l’autre côté de la Grande-Bretagne. Il serait insensé que nous déployions autant d’efforts sur le littoral pour sauver des vies en leur évitant de prendre les bateaux et de les loger à proximité de là même où les passeurs vont Å“uvrer”, justifie la sous-préfète. Environ 750 migrants vivent actuellement dans le Calaisis, selon elle.Cependant, selon les associations d’aide aux migrants, ces craintes sont infondées.”Les conditions indignes n’empêchent pas les personnes de venir sur le littoral et de tenter la traversée très dangereuse vers le Royaume-Uni”, soutient Feyrouz Lajili. Najma et sa famille n’ont ainsi “qu’une option”: atteindre le Royaume-Uni pour “avoir une éducation, une vie meilleure et en sécurité”, confie la jeune fille. “S’il m’arrive quelque chose ou si je meurs sur le chemin, ce sera mieux que la vie que je vis ici”, conclut Hussein, 27 ans, originaire du Koweït, dont l’épouse a failli se noyer lors d’une tentative de traversée maritime quelques jours plus tôt.

Chez les bouquinistes de Damas, la littérature clandestine sort de l’ombre

Des romans racontant le calvaire des prisonniers politiques côtoient des textes de la théologie islamique radicale: chez les bouquinistes de Damas, la littérature clandestine qui s’échangeait sous le manteau s’affiche désormais en devanture.Amr al-Laham, un étudiant de 25 ans, a trouvé un livre qu’il cherchait depuis longtemps: Al-Maabar (le passage), ou la guerre à Alep décrite depuis un point de passage qui reliait autrefois les quartiers Est de la métropole, tenus par des rebelles armés, aux quartiers Ouest gouvernementaux.Flânant avec son frère dans les librairies près de l’Université de Damas, il peut acheter des ouvrages autrefois interdits.”Je me dis que si j’avais posé une question sur un livre il y a encore soixante jours, j’aurais pu disparaître et finir en prison”, résume le jeune homme.”Avant, on avait peur d’être étiqueté par les Renseignements à cause d’un achat: soufi, salafiste, gauchiste”.La chute de Bachar al-Assad, renversé le 8 décembre par une coalition de groupes armés islamistes, a mis fin à plus d’un demi-siècle de règne sans partage du clan familial.Toute dissidence était implacablement réprimée, les libertés publiques muselées par une myriade d’agences sécuritaires, terrorisant la population et torturant les opposants en détention.Pour de nombreux Syriens, des inquiétudes demeurent au sujet d’un avenir qu’ils espèrent démocratique. Cependant, Damas respire à présent, libérée de l’omniprésence sécuritaire à chaque coin de rue, dans un pays déchiré depuis 2011 par une guerre civile meurtrière.- “Littérature des prisons” -Sur les murets le long des trottoirs ou dans les boutiques, les mêmes titres reviennent, autrefois accessibles uniquement en version piratée sur Internet.Il y a “La maison de ma tante” –expression du dialecte syrien désignant la prison–, roman de l’Irakien Ahmed Khairi Alomari. Ou encore “La coquille”, du Syrien Mustafa Khalifa, racontant les années de détention dans la prison de Tadmor d’un athée pris pour un islamiste radical.Une “littérature des prisons qui était totalement interdite”, reconnaît le bouquiniste quinquagénaire Abou Yamen. “Avant les gens n’osaient même pas demander, on savait à quoi s’attendre”, ajoute-t-il.Le propriétaire d’une prestigieuse maison d’édition accepte de raconter les aléas du métier — sous anonymat.Depuis les années 1980, il avait supprimé tous les ouvrages politiques de ses catalogues, à l’exception de quelques essais “de pensée politique très généralistes, ne traitant pas d’une région ou d’un pays en particulier.””Malgré cela, les services de sécurité nous convoquaient, pour nous interroger sur notre travail et nos ventes: qui était venu nous voir, qu’avaient-ils acheté, que demandait le public”, se souvient-il.”Alors qu’en matière de littérature, ils étaient les plus incultes”, s’amuse l’éditeur, racontant l’histoire d’un enquêteur qui réclamait pour le lendemain la convocation d’Ibn Taymiyya, figure centrale du fondamentalisme sunnite, décédé au XIVe siècle.- “On avait peur” -Sur les étagères à l’entrée de sa librairie, Abdel Rahmane Sourouji a disposé des ouvrages à la reliure en cuir, leur titre calligraphié en lettres dorées: des écrits d’Ibn Qayyim al-Jawziyya, théologien musulman du Moyen-Age et grand idéologue du salafisme, ou encore Sayyed Qotb, un des principaux théoriciens des Frères musulmans et inspirateur de leur mouvance radicale.”Tous ces livres étaient interdits, on les vendait en secret, seulement à ceux en qui nous avions confiance, des étudiants qu’on connaissait ou des chercheurs”, confie à l’AFP le libraire de 62 ans.Aujourd’hui, il se réjouit d’une “forte demande”. Parmi ses nouveaux clients: des habitants de Damas, des Syriens rentrés de l’étranger, ou d’autres venus des anciens bastions rebelles du nord.Ces trois dernières décennies, le sexagénaire avait appris à différencier les indics des étudiants à la recherche d’un ouvrage. Même si en 2010, une dizaine d’agents avaient fouillé sa librairie de fond en comble et finalement “saisi plus de 600 livres”.Mostafa al-Kani, 25 ans, qui poursuit un master en théologie islamique, est venu se renseigner sur le prix d’une collection d’ouvrages de Sayyed Qotb.”Pendant la révolution, on avait peur de chercher certains livres, on ne pouvait pas les avoir en notre possession, on les consultait sur Internet”, confie le jeune homme. “Rien qu’en publiant une citation de Sayyed Qotb on pouvait être jeté en prison.”

Chez les bouquinistes de Damas, la littérature clandestine sort de l’ombre

Des romans racontant le calvaire des prisonniers politiques côtoient des textes de la théologie islamique radicale: chez les bouquinistes de Damas, la littérature clandestine qui s’échangeait sous le manteau s’affiche désormais en devanture.Amr al-Laham, un étudiant de 25 ans, a trouvé un livre qu’il cherchait depuis longtemps: Al-Maabar (le passage), ou la guerre à Alep décrite depuis un point de passage qui reliait autrefois les quartiers Est de la métropole, tenus par des rebelles armés, aux quartiers Ouest gouvernementaux.Flânant avec son frère dans les librairies près de l’Université de Damas, il peut acheter des ouvrages autrefois interdits.”Je me dis que si j’avais posé une question sur un livre il y a encore soixante jours, j’aurais pu disparaître et finir en prison”, résume le jeune homme.”Avant, on avait peur d’être étiqueté par les Renseignements à cause d’un achat: soufi, salafiste, gauchiste”.La chute de Bachar al-Assad, renversé le 8 décembre par une coalition de groupes armés islamistes, a mis fin à plus d’un demi-siècle de règne sans partage du clan familial.Toute dissidence était implacablement réprimée, les libertés publiques muselées par une myriade d’agences sécuritaires, terrorisant la population et torturant les opposants en détention.Pour de nombreux Syriens, des inquiétudes demeurent au sujet d’un avenir qu’ils espèrent démocratique. Cependant, Damas respire à présent, libérée de l’omniprésence sécuritaire à chaque coin de rue, dans un pays déchiré depuis 2011 par une guerre civile meurtrière.- “Littérature des prisons” -Sur les murets le long des trottoirs ou dans les boutiques, les mêmes titres reviennent, autrefois accessibles uniquement en version piratée sur Internet.Il y a “La maison de ma tante” –expression du dialecte syrien désignant la prison–, roman de l’Irakien Ahmed Khairi Alomari. Ou encore “La coquille”, du Syrien Mustafa Khalifa, racontant les années de détention dans la prison de Tadmor d’un athée pris pour un islamiste radical.Une “littérature des prisons qui était totalement interdite”, reconnaît le bouquiniste quinquagénaire Abou Yamen. “Avant les gens n’osaient même pas demander, on savait à quoi s’attendre”, ajoute-t-il.Le propriétaire d’une prestigieuse maison d’édition accepte de raconter les aléas du métier — sous anonymat.Depuis les années 1980, il avait supprimé tous les ouvrages politiques de ses catalogues, à l’exception de quelques essais “de pensée politique très généralistes, ne traitant pas d’une région ou d’un pays en particulier.””Malgré cela, les services de sécurité nous convoquaient, pour nous interroger sur notre travail et nos ventes: qui était venu nous voir, qu’avaient-ils acheté, que demandait le public”, se souvient-il.”Alors qu’en matière de littérature, ils étaient les plus incultes”, s’amuse l’éditeur, racontant l’histoire d’un enquêteur qui réclamait pour le lendemain la convocation d’Ibn Taymiyya, figure centrale du fondamentalisme sunnite, décédé au XIVe siècle.- “On avait peur” -Sur les étagères à l’entrée de sa librairie, Abdel Rahmane Sourouji a disposé des ouvrages à la reliure en cuir, leur titre calligraphié en lettres dorées: des écrits d’Ibn Qayyim al-Jawziyya, théologien musulman du Moyen-Age et grand idéologue du salafisme, ou encore Sayyed Qotb, un des principaux théoriciens des Frères musulmans et inspirateur de leur mouvance radicale.”Tous ces livres étaient interdits, on les vendait en secret, seulement à ceux en qui nous avions confiance, des étudiants qu’on connaissait ou des chercheurs”, confie à l’AFP le libraire de 62 ans.Aujourd’hui, il se réjouit d’une “forte demande”. Parmi ses nouveaux clients: des habitants de Damas, des Syriens rentrés de l’étranger, ou d’autres venus des anciens bastions rebelles du nord.Ces trois dernières décennies, le sexagénaire avait appris à différencier les indics des étudiants à la recherche d’un ouvrage. Même si en 2010, une dizaine d’agents avaient fouillé sa librairie de fond en comble et finalement “saisi plus de 600 livres”.Mostafa al-Kani, 25 ans, qui poursuit un master en théologie islamique, est venu se renseigner sur le prix d’une collection d’ouvrages de Sayyed Qotb.”Pendant la révolution, on avait peur de chercher certains livres, on ne pouvait pas les avoir en notre possession, on les consultait sur Internet”, confie le jeune homme. “Rien qu’en publiant une citation de Sayyed Qotb on pouvait être jeté en prison.”