La pauvreté en Allemagne, angle mort de la campagne électorale

Après une longue vie active, l’Allemande Renate Krause est tombée dans la pauvreté peu avant la retraite. Et avoue avoir “du mal à supporter” le “dédain” des pouvoirs politiques envers ceux qui vivent dans la précarité.Cette femme volontaire de 71 ans fait partie des 13,1 millions de personnes touchées par la pauvreté dans la première économie européenne, soit une personne sur sept, selon les statistiques officielles.Si on ajoute les personnes menacées d’y sombrer, le nombre grimpe à plus de 17 millions, un cinquième de la population, le plus souvent des femmes célibataires, des chômeurs de longue durée et, de plus en plus, des retraités. Le sujet reste pourtant “globalement ignoré” par les grands partis en lice pour les législatives du 23 février, archi-dominées par les thèmes de migrations et de sécurité, déplore Mme Krause qui reçoit l’AFP dans son petit appartement d’un quartier excentré de Kiel, ville des bords de la Baltique.Cette mère de quatre enfants y voit l’expression d’un “bashing contre les pauvres” dans les rangs de certains partis, notamment les conservateurs favoris du scrutin, où la pauvreté est considérée comme “un destin personnel qu’aucune loi ne doit prendre en compte”, selon elle.*- Isolement -“Avec mes revenus, j’ai financé ma vie, garanti une bonne éducation à mes enfants”, raconte l’ancienne libraire. Adepte de tricot et de couture, elle s’est mise à son compte dans les années 80 en fondant une boutique de textile, puis en vendant ses produits sur les marchés.Mais cela n’a pas suffi pour investir dans une assurance retraite privée, à laquelle elle aurait dû souscrire en tant que travailleuse indépendante. Après un divorce en 2001, une tumeur à l’oeil qui a réduit sa vision, elle abandonne la vie active en 2015, quelques années avant l’âge de la retraite fixé à 67 ans.Retraite et aides sociales comprises, elle dispose de 1.065,91 euros par mois, un niveau inférieur au seuil de pauvreté, soit 1.378 euros net en Allemagne l’an dernier. Une fois décomptés loyer et chauffage, il lui reste 678,51 euros. Tout le confort dont elle dispose – télévision, appareils ménagers – a été acquis avant la pauvreté, dit-elle. Etre pauvre isole, ajoute-t-elle. Aller boire un café est un luxe, d’autant plus que les prix ont grimpé avec l’inflation. Et comme sa famille est éparpillée en Allemagne, elle ne peut “pas rendre visite à ses sept petits-enfants”.- “Ne pas combattre les pauvres” -Le leader des conservateurs Friedrich Merz, probable futur chancelier, a adopté une ligne dure sur les aides sociales. Dans sa ligne de mire : “l’allocation citoyenne” de 563 euros versée aux chômeurs de longue durée, l’une des réformes phares du gouvernement sortant de centre-gauche.Parmi les quelque 5,5 millions de personnes qui la perçoivent, plus de 60% sont “issues de l’immigration”, selon les données officielles, une forte proportion qui s’explique par le fait que de nombreux réfugiés ukrainiens arrivés récemment en bénéficient.L’extrême droite a fait de cette statistique un thème de campagne récurrent.Friedrich Merz juge lui ce dispositif trop généreux. “Ceux qui ne travaillent pas alors qu’ils le pourraient ne recevront plus d’allocation citoyenne à l’avenir… Nous disons : zéro”, a-t-il lancé cette semaine.Il s’agit toutefois d’un nombre infime de personnes, selon Michael David, sociologue de l’organisation caritative protestante Diakonie. “On ne combat pas la pauvreté en combattant les pauvres”, juge-t-il, appelant plutôt à des formations de longue haleine pour réintégrer les gens dans la vie active.Le niveau de précarité et d’inégalités sociales en Allemagne avait valu l’an passé à Berlin un rappel à l’ordre du conseil de l’Europe, qui les a jugées “disproportionnées à la richesse du pays”.Le pays vieillissant doit par ailleurs relever le défi de la croissance du nombre de retraités menacés de pauvreté. Un étude récente évaluait à 2,8 millions le nombre de “baby boomers” concernés une fois à la retraite d’ici 2035.L’énergique Renate Krause témoigne régulièrement dans le cadre de la conférence sur la pauvreté, une alliance d’ONG qui veut sensibiliser les politiques.Si beaucoup de pauvres ont tendance à bouder les urnes, elle compte, elle, accomplir “son devoir démocratique”, déclare-t-elle car “ceux qui ne votent pas se sont résignés”. 

Conseil constitutionnel: Ferrand sur le gril, la droite fait monter la température

Jour J hautement indécis pour Richard Ferrand: la commission des lois de l’Assemblée nationale a entamé mercredi l’audition du candidat d’Emmanuel Macron pour présider le Conseil constitutionnel, qui devra convaincre les parlementaires de ne pas entraver sa nomination.Il sera ensuite auditionné à 11H00 par la commission des lois du Sénat.”Je ne suis pas un professionnel du droit c’est vrai, mais comme vous un serviteur de la République”, a déclaré dans son propos introductif l’ancien député socialiste puis macroniste (2012-2022). Et pour répondre d’emblée aux critiques autour de sa proximité avec Emmanuel Macron, qu’il a aidé à entrer à l’Elysée, M. Ferrand a assuré avoir “toujours été (…) un homme libre”. “L’indépendance d’esprit est ma nature et ma culture”, a-t-il insisté. Les règles du jeu sont clémentes: il faudrait que trois cinquièmes des suffrages exprimés dans les commissions des Lois de l’Assemblée et du Sénat s’opposent à sa nomination pour y faire obstacle. Le scrutin, à bulletin secret, ce qui favorise les émancipations, s’annonce pourtant très indécis.Si les députés LR ont déjà fait savoir qu’ils voteraient contre sa nomination, les députés RN font durer le suspens, et les sénateurs LR, qui détiennent la clé du scrutin, auront leur liberté de vote. Si les 122 parlementaires s’exprimaient, il faudrait 74 voix pour empêcher la nomination.”Le Conseil constitutionnel doit juger à nouveau en droit et non pas être le bras armé juridique d’une idéologie de gauche (…) Ce qu’il serait sans nul doute demain si Richard Ferrand était nommé”, avait lancé mardi dans l’hémicycle Ian Boucard (député Droite républicaine).Un ténor socialiste voit dans l’opposition des députés LR un effet de la “bataille interne des LR”. “Wauquiez veut à tout prix envoyer une claque à Macron, et subsidiairement au gouvernement en disant +vous voyez, nous, on est les vrais opposants alors que Retailleau s’accommode de Ferrand+”, analyse-t-il.Richard Ferrand devrait pouvoir compter sur l’essentiel de l’ex-majorité (EPR-MoDem-Horizons). Mais il verra la gauche voter massivement contre lui, comme au Sénat.Outre son amitié avec le chef de l’Etat, elle lui reproche une compétence juridique jugée trop faible (un argument également avancé par des juristes), ou sa mise en examen pour “prise illégale d’intérêts” dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, malgré un non-lieu pour prescription. “Macroniste de la première heure, secrétaire général d’En Marche, ministre, président du groupe LREM, plus redevable que juriste, son profil interroge”, a énuméré mardi aux questions au gouvernement l’écologiste Jérémie Iordanoff.- Balle au Sénat ? -En 2027, “il faudra qu’on ait un Conseil constitutionnel irréprochable. En termes d’indépendance, d’expertise. Là on prête un petit peu le flanc”, soupire un ministre. Une ministre macroniste parie elle sur les auditions: “je pense qu’il peut convaincre plein de gens”.Quant au RN, dont les voix pourraient être décisives, il ne dévoile pas son jeu. Si Marine Le Pen a dénoncé la “dérive” des nominations de politiques au Conseil constitutionnel, le groupe assure que le vote dépendra des auditions.Le Conseil constitutionnel est-il un législateur ? Doit-il être un constituant ? Son président doit-il prendre des positions politiques en public ? Autant de questions auxquelles les députés RN espèrent voir Richard Ferrand répondre par la négative.Seule chose certaine: tous les commissaires RN voteront de la même manière.C’est peut-être au Sénat que Richard Ferrand jouera sa nomination, à 11H00. Les cadres macronistes espèrent que l’influent président du Sénat Gérard Larcher (LR) aura sécurisé des voix de droite, largement majoritaires.”On ne m’a rien demandé”, assurait une sénatrice LR mardi, jugeant que la majorité du groupe voit négativement la candidature Ferrand.En attendant les résultats, potentiellement à l’heure du déjeuner, tout le monde y va de son calcul. Un cadre macroniste “pense que ça va passer”. “Pronostic défavorable”, jugeait mardi soir un sénateur LR.Dans l’ombre de la candidature Ferrand, deux parlementaires joueront aussi leur entrée au Conseil constitutionnel, mais uniquement devant leurs commissions respectives. Philippe Bas, sénateur LR candidat de Gérard Larcher, passera très vraisemblablement l’obstacle, auréolé d’un CV copieux et d’une connaissance pointue de la Constitution.Laurence Vichnievsky, députée MoDem, ex-juge d’instruction et candidate de Yaël Braun-Pivet, bénéficie d’une réputation de parlementaire compétente et indépendante, mais part avec moins de certitudes dans une commission plus éclatée politiquement.

Conseil constitutionnel: Ferrand sur le gril, la droite fait monter la température

Jour J hautement indécis pour Richard Ferrand: la commission des lois de l’Assemblée nationale a entamé mercredi l’audition du candidat d’Emmanuel Macron pour présider le Conseil constitutionnel, qui devra convaincre les parlementaires de ne pas entraver sa nomination.Il sera ensuite auditionné à 11H00 par la commission des lois du Sénat.”Je ne suis pas un professionnel du droit c’est vrai, mais comme vous un serviteur de la République”, a déclaré dans son propos introductif l’ancien député socialiste puis macroniste (2012-2022). Et pour répondre d’emblée aux critiques autour de sa proximité avec Emmanuel Macron, qu’il a aidé à entrer à l’Elysée, M. Ferrand a assuré avoir “toujours été (…) un homme libre”. “L’indépendance d’esprit est ma nature et ma culture”, a-t-il insisté. Les règles du jeu sont clémentes: il faudrait que trois cinquièmes des suffrages exprimés dans les commissions des Lois de l’Assemblée et du Sénat s’opposent à sa nomination pour y faire obstacle. Le scrutin, à bulletin secret, ce qui favorise les émancipations, s’annonce pourtant très indécis.Si les députés LR ont déjà fait savoir qu’ils voteraient contre sa nomination, les députés RN font durer le suspens, et les sénateurs LR, qui détiennent la clé du scrutin, auront leur liberté de vote. Si les 122 parlementaires s’exprimaient, il faudrait 74 voix pour empêcher la nomination.”Le Conseil constitutionnel doit juger à nouveau en droit et non pas être le bras armé juridique d’une idéologie de gauche (…) Ce qu’il serait sans nul doute demain si Richard Ferrand était nommé”, avait lancé mardi dans l’hémicycle Ian Boucard (député Droite républicaine).Un ténor socialiste voit dans l’opposition des députés LR un effet de la “bataille interne des LR”. “Wauquiez veut à tout prix envoyer une claque à Macron, et subsidiairement au gouvernement en disant +vous voyez, nous, on est les vrais opposants alors que Retailleau s’accommode de Ferrand+”, analyse-t-il.Richard Ferrand devrait pouvoir compter sur l’essentiel de l’ex-majorité (EPR-MoDem-Horizons). Mais il verra la gauche voter massivement contre lui, comme au Sénat.Outre son amitié avec le chef de l’Etat, elle lui reproche une compétence juridique jugée trop faible (un argument également avancé par des juristes), ou sa mise en examen pour “prise illégale d’intérêts” dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, malgré un non-lieu pour prescription. “Macroniste de la première heure, secrétaire général d’En Marche, ministre, président du groupe LREM, plus redevable que juriste, son profil interroge”, a énuméré mardi aux questions au gouvernement l’écologiste Jérémie Iordanoff.- Balle au Sénat ? -En 2027, “il faudra qu’on ait un Conseil constitutionnel irréprochable. En termes d’indépendance, d’expertise. Là on prête un petit peu le flanc”, soupire un ministre. Une ministre macroniste parie elle sur les auditions: “je pense qu’il peut convaincre plein de gens”.Quant au RN, dont les voix pourraient être décisives, il ne dévoile pas son jeu. Si Marine Le Pen a dénoncé la “dérive” des nominations de politiques au Conseil constitutionnel, le groupe assure que le vote dépendra des auditions.Le Conseil constitutionnel est-il un législateur ? Doit-il être un constituant ? Son président doit-il prendre des positions politiques en public ? Autant de questions auxquelles les députés RN espèrent voir Richard Ferrand répondre par la négative.Seule chose certaine: tous les commissaires RN voteront de la même manière.C’est peut-être au Sénat que Richard Ferrand jouera sa nomination, à 11H00. Les cadres macronistes espèrent que l’influent président du Sénat Gérard Larcher (LR) aura sécurisé des voix de droite, largement majoritaires.”On ne m’a rien demandé”, assurait une sénatrice LR mardi, jugeant que la majorité du groupe voit négativement la candidature Ferrand.En attendant les résultats, potentiellement à l’heure du déjeuner, tout le monde y va de son calcul. Un cadre macroniste “pense que ça va passer”. “Pronostic défavorable”, jugeait mardi soir un sénateur LR.Dans l’ombre de la candidature Ferrand, deux parlementaires joueront aussi leur entrée au Conseil constitutionnel, mais uniquement devant leurs commissions respectives. Philippe Bas, sénateur LR candidat de Gérard Larcher, passera très vraisemblablement l’obstacle, auréolé d’un CV copieux et d’une connaissance pointue de la Constitution.Laurence Vichnievsky, députée MoDem, ex-juge d’instruction et candidate de Yaël Braun-Pivet, bénéficie d’une réputation de parlementaire compétente et indépendante, mais part avec moins de certitudes dans une commission plus éclatée politiquement.

Gabriel Zucman, le Français qui veut faire payer les milliardaires

Si l’idée de taxer les milliardaires fait son chemin en France et à l’international en dépit des obstacles, il y est pour quelque chose. L’économiste français Gabriel Zucman s’active en coulisses pour que cette réforme voie le jour.”Je pense que quasiment tout le monde reconnaît le besoin d’une imposition minimale des ultra-riches” en France, veut croire ce père de trois enfants, interrogé par l’AFP.Après la tentative du gouvernement Barnier d’imposer une taxation minimale sur les hauts revenus, le gouvernement Bayrou planche sur une taxation sur le patrimoine des plus fortunés dont les contours sont encore flous, met-il en avant. Ces projets sont moins ambitieux que l’idée portée par l’économiste de 38 ans, et dont le groupe écologiste s’est inspiré pour présenter une proposition de loi, en examen jeudi à l’Assemblée nationale et qui consiste à imposer un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des “ultra riches”. Une proposition communément surnommée “impôt Zucman”, du nom de l’économiste qui doit s’entretenir la semaine prochaine avec le ministre de l’Economie Eric Lombard et celle des Comptes publics Amélie de Montchalin.”Le problème actuel vient du fait que les très riches peuvent échapper à l’impôt sur le revenu en structurant leur patrimoine”, détaille M. Zucman qui partage sa vie entre l’Observatoire européen de la fiscalité à Paris, qu’il dirige, et l’université de Berkeley en Californie.D’où l’importance d’un impôt minimal dont la fixation à 2% “permettrait de s’assurer que les milliardaires français n’aient pas un taux de prélèvements obligatoires plus faible que celui des autres catégories sociales”.- Enfant de la crise -M. Zucman se décrit comme “un enfant de la crise financière” après avoir fait ses armes à 21 ans au sein de la société d’investissement Exane pour y écrire des notes et a “commencé le jour de la faillite de Lehman Brothers” (en 2008, NDLR).En 2019, il publie avec son collègue Emmanuel Saez “Le triomphe de l’injustice”, dans lequel il aborde le cas américain et évoque ses pistes pour taxer les riches ménages et entreprises.Ses idées ont été vite repérées au sein de la sphère politique: cet amateur de piano a publié en juin un rapport, à la demande de la présidence brésilienne du G20, sur la taxation des plus fortunés, proposant un impôt minimum mondial équivalent à 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires. Quelques mois plus tard, cette organisation a endossé l’idée de coopérer pour taxer “effectivement” les personnes très fortunées, une décision saluée comme “historique” par ce diplômé de l’Ecole d’économie de Paris et ancien de l’Ecole normale supérieure de Paris-Saclay, qui a aussi la nationalité américaine.”Il faut agir à toutes les échelles”, martèle ce fils de médecins parisiens, s’opposant aux “discours défaitistes” et au risque de voir Donald Trump, un milliardaire proche des hommes les plus riches au monde, réduire à néant les avancées.Le fait même que cette thématique soit arrivée sur la table des négociations est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l’économiste Thomas Piketty. – Elizabeth Warren, Bernie Sanders -“Quand je proposais il y a dix ans dans +Le capital au XXIe siècle+ la création d’un impôt mondial sur la fortune, j’étais loin de me douter que cela arriverait aujourd’hui dans l’agenda officiel du G20″, dit à l’AFP M. Piketty, dont l’ouvrage avait rencontré un succès public inattendu et un large écho politique.”Cela doit beaucoup à l’infatigable énergie de Gabriel Zucman”, ajoute-t-il.”Il ne faut pas sous-estimer la résistance des contribuables concernés”, estime Gabriel Zucman qui a conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020, et a travaillé sur la question des paradis fiscaux au travers de “La richesse cachée des nations”, sa thèse éditée en 2013 avant d’être traduite en près de 20 langues.Avec Thomas Piketty, Esther Duflo et Emmanuel Saez, Gabriel Zucman s’est hissé dans le club des économistes français reconnus aux Etats-Unis, d’autant plus après avoir reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.Une récompense “controversée”, avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettent en doute ses méthodes utilisées pour mesurer les inégalités.

Gabriel Zucman, le Français qui veut faire payer les milliardaires

Si l’idée de taxer les milliardaires fait son chemin en France et à l’international en dépit des obstacles, il y est pour quelque chose. L’économiste français Gabriel Zucman s’active en coulisses pour que cette réforme voie le jour.”Je pense que quasiment tout le monde reconnaît le besoin d’une imposition minimale des ultra-riches” en France, veut croire ce père de trois enfants, interrogé par l’AFP.Après la tentative du gouvernement Barnier d’imposer une taxation minimale sur les hauts revenus, le gouvernement Bayrou planche sur une taxation sur le patrimoine des plus fortunés dont les contours sont encore flous, met-il en avant. Ces projets sont moins ambitieux que l’idée portée par l’économiste de 38 ans, et dont le groupe écologiste s’est inspiré pour présenter une proposition de loi, en examen jeudi à l’Assemblée nationale et qui consiste à imposer un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des “ultra riches”. Une proposition communément surnommée “impôt Zucman”, du nom de l’économiste qui doit s’entretenir la semaine prochaine avec le ministre de l’Economie Eric Lombard et celle des Comptes publics Amélie de Montchalin.”Le problème actuel vient du fait que les très riches peuvent échapper à l’impôt sur le revenu en structurant leur patrimoine”, détaille M. Zucman qui partage sa vie entre l’Observatoire européen de la fiscalité à Paris, qu’il dirige, et l’université de Berkeley en Californie.D’où l’importance d’un impôt minimal dont la fixation à 2% “permettrait de s’assurer que les milliardaires français n’aient pas un taux de prélèvements obligatoires plus faible que celui des autres catégories sociales”.- Enfant de la crise -M. Zucman se décrit comme “un enfant de la crise financière” après avoir fait ses armes à 21 ans au sein de la société d’investissement Exane pour y écrire des notes et a “commencé le jour de la faillite de Lehman Brothers” (en 2008, NDLR).En 2019, il publie avec son collègue Emmanuel Saez “Le triomphe de l’injustice”, dans lequel il aborde le cas américain et évoque ses pistes pour taxer les riches ménages et entreprises.Ses idées ont été vite repérées au sein de la sphère politique: cet amateur de piano a publié en juin un rapport, à la demande de la présidence brésilienne du G20, sur la taxation des plus fortunés, proposant un impôt minimum mondial équivalent à 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires. Quelques mois plus tard, cette organisation a endossé l’idée de coopérer pour taxer “effectivement” les personnes très fortunées, une décision saluée comme “historique” par ce diplômé de l’Ecole d’économie de Paris et ancien de l’Ecole normale supérieure de Paris-Saclay, qui a aussi la nationalité américaine.”Il faut agir à toutes les échelles”, martèle ce fils de médecins parisiens, s’opposant aux “discours défaitistes” et au risque de voir Donald Trump, un milliardaire proche des hommes les plus riches au monde, réduire à néant les avancées.Le fait même que cette thématique soit arrivée sur la table des négociations est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l’économiste Thomas Piketty. – Elizabeth Warren, Bernie Sanders -“Quand je proposais il y a dix ans dans +Le capital au XXIe siècle+ la création d’un impôt mondial sur la fortune, j’étais loin de me douter que cela arriverait aujourd’hui dans l’agenda officiel du G20″, dit à l’AFP M. Piketty, dont l’ouvrage avait rencontré un succès public inattendu et un large écho politique.”Cela doit beaucoup à l’infatigable énergie de Gabriel Zucman”, ajoute-t-il.”Il ne faut pas sous-estimer la résistance des contribuables concernés”, estime Gabriel Zucman qui a conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020, et a travaillé sur la question des paradis fiscaux au travers de “La richesse cachée des nations”, sa thèse éditée en 2013 avant d’être traduite en près de 20 langues.Avec Thomas Piketty, Esther Duflo et Emmanuel Saez, Gabriel Zucman s’est hissé dans le club des économistes français reconnus aux Etats-Unis, d’autant plus après avoir reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.Une récompense “controversée”, avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettent en doute ses méthodes utilisées pour mesurer les inégalités.

Gabriel Zucman, le Français qui veut faire payer les milliardaires

Si l’idée de taxer les milliardaires fait son chemin en France et à l’international en dépit des obstacles, il y est pour quelque chose. L’économiste français Gabriel Zucman s’active en coulisses pour que cette réforme voie le jour.”Je pense que quasiment tout le monde reconnaît le besoin d’une imposition minimale des ultra-riches” en France, veut croire ce père de trois enfants, interrogé par l’AFP.Après la tentative du gouvernement Barnier d’imposer une taxation minimale sur les hauts revenus, le gouvernement Bayrou planche sur une taxation sur le patrimoine des plus fortunés dont les contours sont encore flous, met-il en avant. Ces projets sont moins ambitieux que l’idée portée par l’économiste de 38 ans, et dont le groupe écologiste s’est inspiré pour présenter une proposition de loi, en examen jeudi à l’Assemblée nationale et qui consiste à imposer un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des “ultra riches”. Une proposition communément surnommée “impôt Zucman”, du nom de l’économiste qui doit s’entretenir la semaine prochaine avec le ministre de l’Economie Eric Lombard et celle des Comptes publics Amélie de Montchalin.”Le problème actuel vient du fait que les très riches peuvent échapper à l’impôt sur le revenu en structurant leur patrimoine”, détaille M. Zucman qui partage sa vie entre l’Observatoire européen de la fiscalité à Paris, qu’il dirige, et l’université de Berkeley en Californie.D’où l’importance d’un impôt minimal dont la fixation à 2% “permettrait de s’assurer que les milliardaires français n’aient pas un taux de prélèvements obligatoires plus faible que celui des autres catégories sociales”.- Enfant de la crise -M. Zucman se décrit comme “un enfant de la crise financière” après avoir fait ses armes à 21 ans au sein de la société d’investissement Exane pour y écrire des notes et a “commencé le jour de la faillite de Lehman Brothers” (en 2008, NDLR).En 2019, il publie avec son collègue Emmanuel Saez “Le triomphe de l’injustice”, dans lequel il aborde le cas américain et évoque ses pistes pour taxer les riches ménages et entreprises.Ses idées ont été vite repérées au sein de la sphère politique: cet amateur de piano a publié en juin un rapport, à la demande de la présidence brésilienne du G20, sur la taxation des plus fortunés, proposant un impôt minimum mondial équivalent à 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires. Quelques mois plus tard, cette organisation a endossé l’idée de coopérer pour taxer “effectivement” les personnes très fortunées, une décision saluée comme “historique” par ce diplômé de l’Ecole d’économie de Paris et ancien de l’Ecole normale supérieure de Paris-Saclay, qui a aussi la nationalité américaine.”Il faut agir à toutes les échelles”, martèle ce fils de médecins parisiens, s’opposant aux “discours défaitistes” et au risque de voir Donald Trump, un milliardaire proche des hommes les plus riches au monde, réduire à néant les avancées.Le fait même que cette thématique soit arrivée sur la table des négociations est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l’économiste Thomas Piketty. – Elizabeth Warren, Bernie Sanders -“Quand je proposais il y a dix ans dans +Le capital au XXIe siècle+ la création d’un impôt mondial sur la fortune, j’étais loin de me douter que cela arriverait aujourd’hui dans l’agenda officiel du G20″, dit à l’AFP M. Piketty, dont l’ouvrage avait rencontré un succès public inattendu et un large écho politique.”Cela doit beaucoup à l’infatigable énergie de Gabriel Zucman”, ajoute-t-il.”Il ne faut pas sous-estimer la résistance des contribuables concernés”, estime Gabriel Zucman qui a conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020, et a travaillé sur la question des paradis fiscaux au travers de “La richesse cachée des nations”, sa thèse éditée en 2013 avant d’être traduite en près de 20 langues.Avec Thomas Piketty, Esther Duflo et Emmanuel Saez, Gabriel Zucman s’est hissé dans le club des économistes français reconnus aux Etats-Unis, d’autant plus après avoir reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.Une récompense “controversée”, avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettent en doute ses méthodes utilisées pour mesurer les inégalités.

Major Australian steelworks enters administration

Australian government officials said on Wednesday they had placed a major steelworks into administration as it struggled to repay mounting debts.Special legislation was rushed through the South Australia state parliament that allowed receivers to take control of the Whyalla Steelworks, located 400 kilometres (250 miles) northwest of Adelaide.The site — owned by British billionaire Sanjeev Gupta’s GFG Alliance — is one of only two Australian steelworks and produces 75 percent of Australian structural steel, government figures show.It employs about 1,000 people, according to local media.”The South Australian government has intervened. The steelworks is now in the hands of an administrator, who will stabilise operations and explore a possible sale to a new owner,” South Australian Premier Peter Malinauskas said.”This is a significant step, and one we do not take lightly. But it is a necessary one to secure the long-term future of Whyalla.”He added that “it’s not just the steelworks itself — it’s a vast number of local suppliers, small businesses owned and operated by South Australians, whose debts remain unpaid, whose revenue has evaporated, and whose livelihoods are at stake”.”Only an intervention of this nature will protect the steelworks and its creditors.”GFG had faced pressure to pay back tens of millions of dollars to creditors, including the South Australia government for royalties and water fees, the Sydney Morning Herald reported. GFG Alliance — which purchased the steelworks in 2017 for Aus$700 million (US$445.6 million) — directly employs 1,000 people in Whyalla, which has a population of 22,000, the paper said.Australian Workers’ Union secretary Paul Farrow said the country’s “economic sovereignty” hinged on the Whyalla Steelworks remaining operational.”Without Whyalla, we will be forced to rely on China for long steel. That would be catastrophic,” he said.GFG Alliance did not respond to a request for comment.Australia is a minor global player in steel export markets but is the leading exporter of iron ore, most of it heading to China.

Agriculture: élever plus pour importer moins? Une “fausse route”, selon le Réseau action climat

L’intensification de l’élevage, particulièrement gourmand en soja et en engrais importés de l’étranger pour cultiver les céréales destinées à l’alimentation animale, pourrait affaiblir la souveraineté alimentaire de la France plutôt que la renforcer, relève le Réseau action climat dans un rapport publié mercredi.Le réseau, qui regroupe une quarantaine d’associations impliquées dans la lutte contre le changement climatique, rappelle que “la souveraineté alimentaire s’est imposée récemment comme un objectif cardinal pour les politiques agricoles françaises” dans un contexte international incertain.En matière d’élevage, estime-t-il, “la solution proposée par les pouvoirs publics et les filières semble claire: produire plus et à bas coûts pour réduire les importations de viande”.Ces dernières années, le cheptel français, notamment bovin, a eu tendance à décroître surtout en raison du non-renouvellement des générations d’éleveurs. La taille des troupeaux a elle eu tendance à légèrement augmenter, selon les chiffres de l’Institut de l’élevage. Le budget 2025, comme le précédent, prévoit des mesures fiscales pour inciter à l’accroissement des cheptels.”Indépendamment des enjeux environnementaux”, ce raisonnement serait selon le Réseau action climat “en contradiction” avec le but recherché, pour deux raisons principales.D’abord parce que l’élargissement des cheptels implique plus de bouches animales à nourrir. Si la France produit suffisamment de céréales et de fourrages pour ses bêtes, elle est largement déficitaire pour les apports en protéines.Ainsi, “95% du soja utilisé pour l’alimentation des élevages français est importé”, principalement d’Amérique latine, relève le rapport, qui dresse le même constat pour les engrais de synthèse utilisés pour cultiver les céréales, achetés en Russie, Biélorussie, Egypte ou Algérie.Le Réseau action climat estime par ailleurs que 44% de l’ensemble des terres cultivées en France le sont déjà pour nourrir les élevages et que leur agrandissement accentuerait encore cette surface, “entrant ainsi en concurrence avec d’autres productions agricoles stratégiques du pays”.”Augmenter l’élevage intensif au nom de la souveraineté alimentaire est donc une erreur stratégique” et une “fausse route”, en conclut le réseau, qui suggère d’autres leviers d’action.D’une part le développement des “élevages durables”, notamment biologiques, plus autonomes dans l’alimentation de leurs animaux, et d’autre part un changement global des modes de consommation.”L’État doit mettre en place des politiques alimentaires ambitieuses, en faveur de la réduction de la consommation de viande, tout en favorisant celle de viande de qualité et produite en France”, demande la fédération de 37 associations locales et nationales.