CAN-2025: ces pépites qui pourraient crever l’écran au Maroc

Yan Diomandé, Noah Sadiki, Carlos Baleba, Ibrahim Mbaye et Lamine Camara: ils sont jeunes, talentueux et pourraient crever l’écran lors de la CAN-2025 au Maroc.. Yan Diomandé, 19 ans, Côte d’IvoireC’est la sensation ivoirienne du moment. L’attaquant flambe en club avec Leipzig et pourrait être l’une des attractions de la CAN. Explosif, habile des deux pieds, le natif d’Abidjan, qui sortait d’une demi-saison à peine à Leganés, en Espagne, a mis peu de temps pour s’imposer au sein de sa formation de Bundesliga, un championnat où il compte déjà six buts en 14 journées. Capable d’évoluer sur les deux ailes, il a de quoi tourmenter les défenses, et étonne par sa maturité, même s’il doit encore peaufiner son adresse devant le but. Si son manque d’expérience peut le desservir dans un secteur offensif où les Eléphants sont bien pourvus, il a clairement la dynamique pour lui, à l’image de son but inscrit mi-octobre lors du match décisif pour la qualification au Mondial-2026 contre le Kenya.. Noah Sadiki, 21 ans, RD CongoA 21 ans, le milieu congolais s’annonce comme l’un des espoirs des Léopards, sélection qu’il a intégrée contre toute attente il y a un an. Après avoir évolué dans les catégories de jeunes avec la Belgique, Sadiki a préféré répondre à l’appel de la patrie de ses parents, pour le plus grand bonheur du sélectionneur français Sébastien Desabre. Formé à Anderlecht, c’est chez les rivaux bruxellois de l’Union Saint-Gilloise qu’il explose et brille durant deux saisons comme ratisseur de ballons, avec un titre de champion de Belgique à la clé en mai. Sadiki renonce toutefois à la Ligue des champions en filant chez le promu anglais Sunderland de l’entraîneur Régis Le Bris, qui l’installe dans le cœur du jeu. En sélection, il fait étalage de sa formidable activité lors des barrages du Mondial-2026 face au Nigeria et au Cameroun. En attendant de savoir si la RDC décroche son billet pour l’Amérique du Nord, le cap est fixé sur la CAN.. Carlos Baleba, 21 ans, CamerounFormé à l’Ecole des Brasseries du Cameroun, Baleba débarque à Lille en 2021. Le natif de Douala y est jugé encore trop tendre pour prétendre à une titularisation et il choisit de traverser la Manche deux ans plus tard, direction Brighton, où il s’impose sans tarder. Milieu polyvalent, son profil suscite les convoitises de cadors européens, notamment du PSG, mais Carlos Baleba est resté jusqu’ici fidèle à son club anglais. A 21 ans, il est déjà en passe de devenir un cadre en sélection, où il pourrait vite devenir un des dépositaires du jeu au sein d’un effectif rajeuni après le départ de Vincent Aboubakar, Michael Ngadeu-Ngadjui ou encore Vincent Onana.. Ibrahim Mbaye, 17 ans, et Lamine Camara, 21 ans, SénégalMême pas majeur, Mbaye débarquera au Maroc avec un statut tout frais de joueur titulaire du PSG, champion d’Europe où il est passé par les catégories U16 à U20. Il est aussi devenu il y a peu international sénégalais, après avoir côtoyé les sélections de jeunes des Bleus. Avec le PSG, le natif de Trappes est de plus en plus utilisé par Luis Enrique, symbolisant la montée en grade des “titis” face à l’accumulation des matches et des blessures. En sélection, il a immédiatement marqué les esprits avec un but et deux passes décisives, entre autres, en match amical contre le Kenya.Camara a lui déjà goûté aux délices d’une CAN, il y a deux ans, inscrivant au passage deux buts. Dans un entrejeu où les tauliers Idrissa Gueye, Ismaïla Sarr ou Pape Gueye peuvent se montrer irréguliers, le joueur de Monaco, club qu’il a rejoint en 2024, constitue un atout supplémentaire pour le sélectionneur Pape Thiaw, avec sa capacité à casser les lignes. Il devra toutefois se canaliser pour éviter un excès d’engagement comme lorsqu’il est allé tacler violemment le gardien du PSG Lucas Chevalier en Ligue 1, échappant par miracle à l’exclusion.

Municipales à Paris: vers un accord historique à gauche dès le premier tour

A Paris, socialistes, écologistes et communistes s’apprêtent à sceller pour la première fois leur union dès le premier tour des municipales, derrière l’ex-premier adjoint socialiste Emmanuel Grégoire. Une alliance arrachée au terme de négociations délicates, mais réclamée sur le terrain face à une droite revigorée.Les 2.500 adhérents écologistes parisiens sont invités à voter mercredi pour cet accord. “C’est nouveau, c’est vraiment quelque chose d’historique pour nous”, a déclaré sur franceinfo le candidat écologiste David Belliard.Si socialistes et écologistes gouvernent ensemble la capitale depuis 2001, ils n’avaient encore jamais mené campagne commune dès le premier tour.Cet accord, qui prévoit le désistement de David Belliard et de son homologue communiste Ian Brossat, sera soumis au vote des trois formations politiques.”Ce soir, dans la nuit, on connaîtra la réponse et (…) dès demain (jeudi) moi je suis prêt, dans toutes les configurations, à continuer la campagne”, a ajouté M. Belliard.”Quand une droite extrémisée menace, nous avons le devoir d’unir nos forces”, a posté sur X Ian Brossat, rappelant que la candidate potentielle de Reconquête, Sarah Knafo, a jugé “naturelle” une alliance avec Rachida Dati.- “Enormes” enjeux -Interrogé sur la possibilité d’une union au second tour avec LFI, David Belliard s’est dit favorable à une “candidature unique à gauche”. “On est dans une élection difficile, dans laquelle il y a des enjeux (…) énormes pour Paris (…)  Et nous avons face à nous une droite qui est une droite populiste, affairiste, qui aujourd’hui est très brutale”, a-t-il souligné.Selon l’accord consulté par l’AFP, les partenaires s’engagent “à tout faire pour qu’il n’y ait qu’une seule liste de gauche au second tour”, excluant toute alliance avec le candidat Horizons soutenu par Renaissance Pierre-Yves Bournazel.”La situation politique se clarifie à Paris. Il y a désormais un bloc de gauche très à gauche et un bloc de droite très à droite”, a réagi ce dernier sur X. Initialement annoncée pour octobre, cette alliance à gauche, qui devrait également associer Place publique et possiblement L’Après (ex-LFI), est le fruit de plus de trois mois de tractations serrées.”Si un accord historique comme celui-ci n’avait jamais été réalisé auparavant c’est d’abord parce que c’est difficile et parfois douloureux. Cela implique que certains sortent des listes”, glisse une source socialiste. Les discussions achoppaient notamment sur la place des écologistes en lice pour le Conseil de Paris dans un contexte de changement de mode de scrutin. Une réforme vivement critiquée par l’exécutif sortant, qui y voit une manoeuvre visant à faire gagner la droite.Selon l’accord, 36 écologistes seraient éligibles contre 28 élus actuellement. – “Coût” politique -Source de profondes crispations chez les militants socialistes, les écologistes ont également obtenu que David Belliard soit tête de liste dans le XIe arrondissement, où fut élu Léon Blum et où l’est l’actuelle maire socialiste Anne Hidalgo. Une troisième mairie verte en plus de celles du XIIe et du XIVe qu’ils administrent déjà.Revendiquant leur rôle central dans la transformation de l’espace public, de l’essor des pistes cyclables aux “rues aux écoles”, les écologistes conditionnaient de fait leur retrait à l’obtention de concessions significatives.Parmi les “marqueurs communs” figurent la revalorisation du périscolaire, un service de garde d’enfant universel, l’objectif de 40% de logement public (dont 30% de logement social), ou encore la poursuite de la piétonnisation et du verdissement de la ville.Parmi les points de divergence, l’avenir du Parc des Princes.  “C’est un rassemblement historique qui a un coût très important pour les socialistes”, reconnaît une source à gauche, pour qui les écologistes en sortiront “renforcés” alors qu’ils “reculent partout en France”.”Avec cette liste d’union il y aura un effet vote utile (…) Ca va forcément ouvrir une dynamique”, estime-t-on de même source.A l’instar de Paris, la plupart des grandes villes dirigées par la gauche ont franchi le pas d’une alliance dès le premier tour.Mais certains écologistes refusent l’accord. “Se ranger derrière les socialistes dès le départ, c’est installer une confrontation artificielle avec LFI entre deux gauches irréconciliables”, déclare à l’AFP le conseiller de Paris écologiste Emile Meunier.Le jeu politique parisien est plus ouvert que jamais. Samedi, un sondage Ipsos pour Le Parisien créditait de 32% des voix au premier tour la gauche unie hors LFI, talonnée par Rachida Dati (27%), soutenue par le MoDem.Pierre-Yves Bournazel est lui estimé à 14%, contre 13% pour Sophia Chikirou (LFI). A l’extrême droite, la liste du RN de Thierry Mariani est créditée de 7%, ex-aequo avec celle de Sarah Knafo.

La grève au Louvre reconduite à l’unanimité, la réouverture du musée incertaine

Les agents du Louvre ont voté à l’unanimité mercredi matin en faveur de la reconduction de la grève qui avait empêché le musée d’ouvrir lundi et rend très incertaine sa réouverture, nouvelle épreuve pour un établissement en crise dont la présidente est réentendue en fin de journée au Sénat.”Le préavis de grève a été maintenu et la grève votée à l’unanimité”, a déclaré Valérie Baud, représentante CFDT, devant la presse sur le parvis du musée parisien. Il y a eu “un refus des propositions du ministère à l’unanimité”, a déclaré à l’AFP Gary Guillaud, de la CGT, évoquant des propositions “indignes”.Les salariés, qui débrayent contre les problèmes de sous-effectif, la dégradation du bâtiment ou la hausse des tarifs pour les non-Européens, étaient “au moins 300” à l’AG selon la CFDT.Dehors devant la pyramide, un panneau indiquait aux visiteurs ayant trouvé portes closes que “l’ouverture du musée est actuellement retardée”, et que l’établissement communiquerait “les modalités d’une éventuelle ouverture dès que possible”. La direction doit à présent préciser si elle dispose d’assez d’agents pour assurer une ouverture partielle du Louvre ou si elle doit le fermer intégralement comme lundi. Le musée parisien était resté clos mardi, jour de fermeture hebdomadaire.A 9H00, avant l’issue du vote de l’assemblée générale, les visiteurs du jour étaient partagés. “Nous espérons que le musée sera ouvert, puisque nous retournons demain au Japon. C’est maintenant ou jamais pour le visiter”, avait confié à l’AFP Chika Nishi, 29 ans, étudiante en droit.”Je ne suis pas en colère car je respecte les travailleurs et ils doivent défendre leurs droits. Si le musée n’ouvre pas aujourd’hui, je ne sais pas si on pourra y aller un autre jour de la semaine car tout est affiché complet”, a déclaré pour sa part Maximilian Cimander, 23 ans, étudiant allemand dans la capitale pour la semaine.Lundi, une réunion de crise avait eu lieu avec les syndicats au ministère de la Culture, en première ligne dans ce dossier, pour répondre à la colère des agents, également nourrie par la succession d’avanies depuis le cambriolage du 19 octobre.Outre l’annulation de la baisse prévue de 5,7 millions d’euros de dotation au Louvre pour 2026, le ministère propose de redéployer des effectifs et d’ouvrir des recrutements dédiés à l’accueil et la surveillance du musée, et s’engage au versement d’une prime exceptionnelle alors que les syndicats voudraient une revalorisation indemnitaire pérenne. Trois réunions ont déjà eu lieu au ministère la semaine dernière, dont l’une avec Rachida Dati, sans parvenir à éteindre la mobilisation.- Désaveu -Fragilisée encore davantage par ce conflit social, la présidente du Louvre passera, à partir de 16H30, de nouveau sur le gril de la commission de la culture du Sénat, qui cherche à éclairer les failles sécuritaires du musée.Le 22 octobre, trois jours après le vol des huit joyaux de la Couronne, Laurence des Cars avait déjà reconnu un “échec” devant les sénateurs mais défendu son action, en assurant notamment avoir “accéléré l’élaboration” du schéma directeur de sûreté.Depuis, des révélations embarrassantes ont toutefois affaibli la dirigeante, arrivée à la tête du musée fin 2021.Laurence des Cars a dû reconnaître n’avoir eu connaissance d’un audit sécuritaire alarmant de 2019 qu’après le casse et la Cour des comptes a récemment pointé le “report persistant” affectant le schéma directeur de sûreté, dont la mise en œuvre n’a pas encore débuté.La gestion de la sécurité du musée a également été étrillée par l’enquête administrative lancée après le cambriolage.Sous pression, le Louvre a annoncé début novembre des mesures d’urgence, dont l’installation de dispositifs “anti-intrusion”. Mais, signe de désaveu, la ministre de la Culture a confié à Philippe Jost, en charge du chantier de Notre-Dame, une mission de deux mois pour réorganiser le musée au côté de Mme des Cars.Mardi, l’ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire de deux audits sécuritaires alarmants pendant son double mandat (2013-2021), avait défendu son action dans ce domaine devant les sénateurs.bur-adp-lcr-kp-jt/jmo/mpm

La grève au Louvre reconduite à l’unanimité, la réouverture du musée incertaine

Les agents du Louvre ont voté à l’unanimité mercredi matin en faveur de la reconduction de la grève qui avait empêché le musée d’ouvrir lundi et rend très incertaine sa réouverture, nouvelle épreuve pour un établissement en crise dont la présidente est réentendue en fin de journée au Sénat.”Le préavis de grève a été maintenu et la grève votée à l’unanimité”, a déclaré Valérie Baud, représentante CFDT, devant la presse sur le parvis du musée parisien. Il y a eu “un refus des propositions du ministère à l’unanimité”, a déclaré à l’AFP Gary Guillaud, de la CGT, évoquant des propositions “indignes”.Les salariés, qui débrayent contre les problèmes de sous-effectif, la dégradation du bâtiment ou la hausse des tarifs pour les non-Européens, étaient “au moins 300” à l’AG selon la CFDT.Dehors devant la pyramide, un panneau indiquait aux visiteurs ayant trouvé portes closes que “l’ouverture du musée est actuellement retardée”, et que l’établissement communiquerait “les modalités d’une éventuelle ouverture dès que possible”. La direction doit à présent préciser si elle dispose d’assez d’agents pour assurer une ouverture partielle du Louvre ou si elle doit le fermer intégralement comme lundi. Le musée parisien était resté clos mardi, jour de fermeture hebdomadaire.A 9H00, avant l’issue du vote de l’assemblée générale, les visiteurs du jour étaient partagés. “Nous espérons que le musée sera ouvert, puisque nous retournons demain au Japon. C’est maintenant ou jamais pour le visiter”, avait confié à l’AFP Chika Nishi, 29 ans, étudiante en droit.”Je ne suis pas en colère car je respecte les travailleurs et ils doivent défendre leurs droits. Si le musée n’ouvre pas aujourd’hui, je ne sais pas si on pourra y aller un autre jour de la semaine car tout est affiché complet”, a déclaré pour sa part Maximilian Cimander, 23 ans, étudiant allemand dans la capitale pour la semaine.Lundi, une réunion de crise avait eu lieu avec les syndicats au ministère de la Culture, en première ligne dans ce dossier, pour répondre à la colère des agents, également nourrie par la succession d’avanies depuis le cambriolage du 19 octobre.Outre l’annulation de la baisse prévue de 5,7 millions d’euros de dotation au Louvre pour 2026, le ministère propose de redéployer des effectifs et d’ouvrir des recrutements dédiés à l’accueil et la surveillance du musée, et s’engage au versement d’une prime exceptionnelle alors que les syndicats voudraient une revalorisation indemnitaire pérenne. Trois réunions ont déjà eu lieu au ministère la semaine dernière, dont l’une avec Rachida Dati, sans parvenir à éteindre la mobilisation.- Désaveu -Fragilisée encore davantage par ce conflit social, la présidente du Louvre passera, à partir de 16H30, de nouveau sur le gril de la commission de la culture du Sénat, qui cherche à éclairer les failles sécuritaires du musée.Le 22 octobre, trois jours après le vol des huit joyaux de la Couronne, Laurence des Cars avait déjà reconnu un “échec” devant les sénateurs mais défendu son action, en assurant notamment avoir “accéléré l’élaboration” du schéma directeur de sûreté.Depuis, des révélations embarrassantes ont toutefois affaibli la dirigeante, arrivée à la tête du musée fin 2021.Laurence des Cars a dû reconnaître n’avoir eu connaissance d’un audit sécuritaire alarmant de 2019 qu’après le casse et la Cour des comptes a récemment pointé le “report persistant” affectant le schéma directeur de sûreté, dont la mise en œuvre n’a pas encore débuté.La gestion de la sécurité du musée a également été étrillée par l’enquête administrative lancée après le cambriolage.Sous pression, le Louvre a annoncé début novembre des mesures d’urgence, dont l’installation de dispositifs “anti-intrusion”. Mais, signe de désaveu, la ministre de la Culture a confié à Philippe Jost, en charge du chantier de Notre-Dame, une mission de deux mois pour réorganiser le musée au côté de Mme des Cars.Mardi, l’ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire de deux audits sécuritaires alarmants pendant son double mandat (2013-2021), avait défendu son action dans ce domaine devant les sénateurs.bur-adp-lcr-kp-jt/jmo/mpm

En Guinée, la déchirante quête des familles des jeunes disparus de la migration

“Je sais que le bateau sur lequel mon fils était embarqué a coulé, mais on ne nous a pas montré son corps. Alors dire que le petit est décédé, je ne sais pas…”, lâche dans un sanglot Abdoul Aziz Baldé, dont le fils, Idrissa, parti de Guinée à la recherche d’un avenir meilleur, est porté disparu au large du Maroc.Comme lui, des milliers de jeunes partis clandestinement de Guinée ont disparu pendant leur voyage vers l’Europe, plongeant leurs familles dans une angoisse et une impuissance qui les torturent. Ce phénomène touche plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, mais le nombre est démultiplié en Guinée, devenue ces dernières années l’un des principaux pays africains d’origine des jeunes migrants en route vers le Maghreb et l’Europe. Leurs traces s’évanouissent avant un départ en mer prévu dans des embarcations surchargées, une traversée du désert à la merci de passeurs qui parfois les abandonnent, lors d’une rafle policière au Maghreb, durant un emprisonnement en Libye ou dans un centre de rétention, ou dans une ville européenne où ils décident de disparaître volontairement, rongés par la honte d’avoir échoué dans leur rêve.Souvent abandonnées à leur sort, leurs familles en sont réduites à chercher leurs enfants en écumant sur Facebook les indices d’endroits traversés ou en regardant des boucles WhatsApp macabres qui diffusent des photos de jeunes cadavres dans des morgues ou échoués sur des plages après des naufrages.Mais depuis un an, une ONG locale, l’Organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière (OGLMI), apporte une lueur d’espoir et d’humanité. Elle a entamé un travail pionnier, que l’AFP a pu suivre, pour identifier les familles des disparus et les aider dans leurs recherches.”Sur 100 migrants qui bougent, il y en aura au moins 10 qui ne reviendront pas”, explique à l’AFP Elhadj Mohamed Diallo, 38 ans, directeur exécutif de l’OGLMI.Alors que le nombre de disparus guinéens se compte en “milliers”, le sujet reste un tabou dans le pays comme au niveau des institutions internationales, déplore-t-il.En ce matin d’automne, il sillonne la capitale, Conakry, sur sa moto rouge, son collègue Tidiane en passager, puis cahote dans les rues non bitumées d’une banlieue. – “Laisse-moi aller chez eux” -C’est la première fois qu’il vient rencontrer la famille d’Idrissa, disparu depuis plus d’un an. “C’est mon premier garçon… Un enfant très intelligent” qui aurait 29 ans aujourd’hui, confie le père, Abdoul Aziz Baldé, un chauffeur de 62 ans, très éprouvé.  La famille reçoit dans une maison partagée entre colocataires, où le dénuement est criant.A chaque famille rencontrée, c’est le même rituel. Dans un recueillement douloureux, les parents d’Idrissa remontent sur leurs téléphones les fils WhatsApp pour retrouver la dernière trace visuelle de leur enfant. Sur l’une des dernières photos envoyées, un selfie, le visage du jeune homme apparaît souriant.”Si on arrive à retrouver son corps, je voudrais faire tout mon possible pour le ramener. Parce qu’il est parti pour nous sauver, et sauver sa petite sœur. Mais Dieu n’a pas voulu…”, souffle son père en s’effondrant en larmes. Idrissa disait ne plus supporter de voir son père s’épuiser au travail à plus de 60 ans. Malgré des études brillantes, il ne voyait, comme bien d’autres jeunes Guinéens, aucun débouché dans le pays. Son père l’entend encore lui dire: “Tu es fatigué, tu ne peux plus conduire. Laisse-moi aller chez eux (en Europe) chercher de quoi vivre”. A partir de 2023, Idrissa tente par trois fois d’aller en Europe par le Maroc. A chaque fois, son père a tenté de le retenir. Puis il est parti une quatrième fois en 2024, en emportant dans son sac à dos “tous ses diplômes, du brevet à ses masters”, découvrira son père.Le 19 août 2024, ce dernier reçoit un appel. “Vous êtes Baldé ? Vous avez un fils qui est au Maroc ? Toutes mes condoléances”, dit un homme au bout du fil. “Ils ont embarqué sur des petits bateaux… Ils sont noyés”.  “Le coup m’a terrassé”, raconte M. Baldé. “Toute la famille a pleuré”.Idrissa a disparu dans un bateau qui a chaviré le 17 août 2024, leur confirmera une jeune fille qui était à bord avec lui. “Quand ils se sont rencontrés avec la vague, elle a perdu connaissance. Donc elle ne sait pas où est parti Idrissa. Est-ce qu’il est mort ? Est-ce qu’il n’est pas mort?”, s’épuise le père.- “Abandonné” -Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), au moins 33.220 personnes sont décédées ou disparues en Méditerranée et 17.768 sur le continent africain lors de leurs périples migratoires vers l’Europe entre 2014 et 2025.Des chiffres considérés comme largement sous-estimés, selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, qui pour la seule année 2024 a recensé 10.457 personnes mortes ou disparues en mer “à la frontière occidentale euro-africaine”.Parmi elles figurent “beaucoup de personnes originaires de Guinée”, confirme à l’AFP Helena Maleno, fondatrice de cette ONG. Parmi les proches de disparus, “des gens font des AVC en apprenant la nouvelle, d’autres ont des insomnies, des amnésies”, souligne le chercheur guinéen Mahmoud Kaba, qui mène une vaste étude sur ces familles en Guinée.Ces dernières sont isolées, alors que l’Europe restreint les visas et contrôle de plus en plus ses frontières, que les personnes migrantes sont criminalisées et que la tragédie des morts sur les routes migratoires suscite souvent l’indifférence.Abdoulaye Diallo, 67 ans, éprouvé par la disparition depuis deux ans de son fils aîné, Abdou Karim, dit à l’AFP se sentir “abandonné”.    Il est rongé par l’angoisse depuis mars 2023, lorsque son fils, qui aurait 25 ans aujourd’hui, a cessé de lui envoyer des messages. Les dernières traces de vie d’Abdou sur Facebook remontent à novembre 2023.    A partir de ses 18 ans, en 2018, il est parti plusieurs fois, au Maroc, puis en Tunisie, puis un an en Libye, où il a été emprisonné. Puis, après un retour à Conakry, de nouveau vers l’Algérie et ensuite le Maroc, d’où il comptait se rendre en Espagne. “C’était en 2023, il est parti dans une zone dangereuse… “, poursuit M. Diallo, qui pense que son fils est passé par le massif forestier de Gourougou, à l’est de Tanger (Maroc), devenu au fil des ans une base précaire pour des milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui cherchent à entrer dans l’enclave espagnole de Melilla.Les autorités marocaines y mènent régulièrement des rafles pour déloger les migrants des forêts. “Il y a la violence, surtout du côté des forces de l’ordre. C’est un pays par lequel des vies s’éteignent bêtement…”, souffle M. Diallo, avant de s’effondrer en pleurant.”Il n’y a pas de honte à avoir” en tant que parents de jeunes disparus dans la migration, estime-t-il. Car “c’est un vent qui a soufflé devant toutes les maisons de l’Afrique, à cause de la mauvaise gouvernance”. “Je suppose qu’il est tombé dans les pièges des bandits, ou la violence de la police”, ajoute M. Diallo, les yeux rougis, envisageant désormais une cérémonie de deuil. “Mais tant que je n’ai pas vu la trace réelle” de sa mort, “c’est difficile de le croire”.- Groupe de parole -Lorsque des migrants disparaissent, ou que leurs familles soupçonnent qu’ils ont été arrêtés, ces dernières alertent les autorités en Guinée en leur envoyant les quelques informations qu’elles ont. Mais il n’y a souvent pas de suite, constate Elhadj Mohamed Diallo, de l’OGLMI, qui pour soulager leur détresse et rompre leur isolement a mis en place des boucles WhatsApp en langues locales, ainsi qu’un groupe de parole.La junte au pouvoir en Guinée depuis 2021 rechigne à évoquer publiquement le phénomène de la migration clandestine.”Admettre qu’on perd des ressortissants en mer, c’est admettre aussi un échec politique et que nous ne faisons pas assez pour nos ressortissants”, souligne le chercheur Mahmoud Kaba.Le directeur général de la Direction générale des Guinéens établis à l’étranger, Mamadou Saïtiou Barry, invite pour sa part à prendre le terme de disparus avec “beaucoup de méfiance”, dit-il à l’AFP. Selon lui, beaucoup de ceux qui ne sont pas décédés “n’ont pas réussi et refusent de communiquer”, ou “sont hospitalisés” ou “en état d’arrestation ou de rétention”. Il souligne que les autorités ont porté assistance aux familles des naufragés dont elles ont eu connaissance – souvent les rares médiatisées.    “Que ce soit dans le pays d’origine, de transit ou de destination, il n’y a pas de reconnaissance de cette tragédie et du fait que le nombre de victimes est tellement important”, dénonce de son côté Helena Maleno, de Caminando Fronteras. “Il y a parfois des villages où il y a la moitié des jeunes qui manquent”. “Les familles ont le droit à la vérité et à porter plainte, les disparus ont le droit d’être recherchés et les personnes mortes ont le droit d’être enterrées avec dignité. Mais faire reconnaître cela aux États, c’est très compliqué”, dit-elle.Après avoir reçu le signalement d’une disparition par les familles, l’ONG OGLMI part à la rencontre des proches à travers la Guinée et recueille auprès d’eux un maximum d’informations et d’éléments d’identification, qu’elle transmet à des associations ou militants au Maghreb, en Europe, et jusqu’au Mexique, en Argentine, aux États-Unis… Des contacts de l’ONG sont parfois missionnés pour visiter les tombes anonymes des “carrés migrants” de cimetières au Maghreb ou en Europe du Sud, ou des morgues.Elhadj Mohamed Diallo souligne également une réalité moins connue: nombre de jeunes migrants tombent dans la maladie mentale, après des tortures en prison en Libye, des passages à tabac par des policiers au Maroc, ou la mort à leurs côtés sur la route d’un ami ou d’un proche. Lui-même revient de loin : il a tenté plusieurs fois de migrer en Europe entre 2015 et 2017. Détenu en prison en Libye en 2017, il a vu des gens mourir, a été “vendu” deux fois en Libye et plusieurs fois violemment agressé.  De nombreuses familles guinéennes sont aussi la proie de personnes qui tentent de profiter de leur détresse en leur vendant au prix fort des preuves de vie de leur proches disparus. – “Ne pas les oublier” -Le jour où l’AFP le rencontre à Conakry, Idrissa Diallo, 65 ans, est désespérément en quête de réponses sur la disparition de son fils Aladji en Libye il y a quatre ans. Il confie avoir parlé le matin même à son marabout, qu’il interroge régulièrement: “Il nous a assuré qu’Aladji est vivant…”M. Diallo reçoit sous le porche de sa maison en construction, figée dans le temps. Son fils a tenté l'”aventure” – terme employé dans la région pour désigner la migration – en 2020 pour trouver du travail et aider ses parents à financer les travaux. Parti à Dakar au Sénégal en 2020, Aladji a gagné le Mali, l’Algérie, puis la Libye où il a travaillé dans un garage avant, en avril 2021, d’embarquer sur une pirogue pour tenter de rejoindre l’Europe via la Tunisie. “Des gens nous ont dit qu’ils n’ont pas pu traverser et qu’ils ont été +dispersés+. Depuis, on n’a plus de ses nouvelles”, raconte le père. Le corps n’ayant jamais été retrouvé, M. Diallo “n’est pas sûr” de la mort de son fils. “Peut-être qu’il a été arrêté et emprisonné en Libye, ou en Italie”, espère-t-il.”Tant qu’ils n’ont pas la confirmation du décès, il y a de l’espoir”, souligne Elhadj Diallo.  Car au milieu des drames, les recherches aboutissent parfois, comme celles de Tahibou Diallo, 58 ans, après deux ans sans nouvelles de son fils Thierno.L’AFP avait accompagné Elhadj lorsqu’il était venu rencontrer Tahibou pour la première fois. La mère de famille se rongeait visiblement les sangs car elle avait aidé au voyage de son fils jusqu’en Espagne. “Il m’a dit qu’il allait étudier là-bas…”, disait-elle. Thierno avait ensuite rejoint la France, puis s’était volatilisé. “Mon espoir, c’est que vous m’aidiez à le retrouver”, avait lancé Tahibou, bouleversée, à Elhadj. Courant octobre, grâce à un réseau d’associations, l’OGLMI a pu localiser le jeune, vivant et devenu sans domicile fixe à Nantes, dans l’ouest de la France. Il va apparemment très mal, mais sa mère a pu lui reparler et retisser le lien fragile.D’autres familles ont sollicité l’ONG qui cherche depuis plus d’un an, ce qui laisse peu d’espoir. “Ces familles doivent être accompagnées à faire leur deuil”, plaide M. Diallo. “Tous ces disparus, on ne doit pas les oublier”.