A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Le combat des forestiers pour sauver la forêt pyrénéenne

“Dépérissement caché”, “tempête silencieuse”: Hervé Houin, le directeur territorial de l’Office national des forêts Midi‑Méditerranée, ne mâche pas ses mots au moment de décrire le danger que court la forêt pyrénéenne face à une conjonction de crises, entre réchauffement climatique et invasions de cerfs et de parasites.Dans un demi-siècle – un battement de coeur à l’échelle du temps de la forêt -, les sapins et hêtres qui se dressent ici, à 1.350 m d’altitude dans le massif du Mourtis, n’existeront plus. Selon les projections de l’ONF formulées à partir des prévisions climatiques du GIEC, ils ne pourront alors plus survivre au-dessous de 1.800 m.Dans la forêt des Arguts, sur la commune de Boutx (Haute-Garonne), les signes de ce dépérissement sont discrets: quelques feuilles roussies par-ci, un arbre décharné par-là…- Taches blanches -Mais depuis la piste caillouteuse, on aperçoit de l’autre côté de la vallée le pic voisin du Burat, où l’océan vert sombre est piqueté de taches blanches: des sapins morts, aux branches nues et blanchies, qui semblent s’extirper de la masse pour appeler au secours.Les racines de la crise sont profondes. Le réchauffement climatique, d’abord, a multiplié sécheresses et canicules depuis les années 2000, même à ces hauteurs, affaiblissant des arbres qui n’avaient jamais vraiment eu soif. La hausse des températures a aussi permis au scolyte, petit coléoptère parasite, de pondre plus souvent et donc de proliférer.Les galeries creusées dans les troncs par l’insecte viennent bloquer la sève. “Et sans sève, l’arbre sèche sur pied”, explique Hervé Houin. Rendus vulnérables par le réchauffement, les arbres ne parviennent plus à se défendre et meurent par bosquets entiers.Derrière lui, une plantation d’épicéas dévastée. En trois mois, les scolytes ont condamné la parcelle. Un “phénomène brutal”, renchérit Denis Feuillerat, ingénieur de l’ONF. Les forestiers viennent de finir de raser ces deux hectares pour récolter le bois, qui reste utilisable.Face à cette brusque mortalité, la forêt peine à se régénérer, confrontée à un troisième écueil: la population de cerfs, réintroduits dans la région en 1958, est hors de contrôle. Ils se sont “très bien adaptés, peut-être trop”, indique Denis Feuillerat.Or, ces herbivores, dont les adultes mangent jusqu’à 100 kg de végétation par mois, boulottent tout ce qui passe à leur portée, en particulier les tendres tiges, feuilles et bourgeons des jeunes arbres, empêchant leur développement.- Proche du point de non-retour -En Haute-Garonne et dans les Hautes-Pyrénées, 25.000 hectares sont menacés par cette crise multifactorielle, souligne Jean-Lou Meunier, directeur de l’ONF Pyrénées-Gascogne.”On approche d’un point de non-retour”, souffle-t-il, “très inquiet” face à l’ampleur du défi. Cinquante ans pour sauver le massif, “c’est très court pour un forestier, il faut que nous nous précipitions.”La riposte devra être plurielle: chasser davantage de cerfs pour rétablir l’équilibre, protéger les jeunes pousses en installant des enclos, et introduire de nouvelles essences mieux adaptées au climat qui s’annonce.La forêt devra se faire “mosaïque”, plus diversifiée pour renforcer sa résilience, selon Denis Feuillerat. Le cèdre de l’Atlas, originaire d’Afrique du nord et plus apte à “résister à des situations de sécheresse prolongée”, a donné de très bons résultats dans le département voisin de l’Aude, explique-t-il devant l’un des dix enclos d’une plantation, qui comportent chacun 25 petits cèdres hauts comme trois pommes.Sont aussi envisagés le noisetier de Byzance, par exemple, ou des essences moins exotiques comme le mélèze d’Europe, le chêne pubescent ou le pin de Salzman.Une fois sélectionnées, il faudra disperser ces essences dans le massif pour les laisser essaimer. “90% du renouvellement lié au changement climatique se fera de façon naturelle”, assure Hervé Houin.L’inquiétude dépasse les seules Pyrénées: “Nous avons encore une chance ici, contrairement aux Vosges et Jura où des centaines d’hectares sèchent sur pied”, grimace Hervé Houin.Entre 2018 et 2023, la quantité de bois mort récolté dans les forêts publiques jurassiennes a explosé, passant de 20.000 à 320.000 m3, confirme son homologue pour le Jura, Florent Dubosclard, pour qui il faut sans tarder “imaginer la forêt de demain”.

Trump confirms US envoy Witkoff to travel to Russia in coming week

Donald Trump confirmed Sunday his special envoy Steve Witkoff will visit Russia in the coming week, ahead of a deadline the US president has set for imposing fresh sanctions on Moscow. Speaking to reporters, Trump also said that two nuclear submarines he deployed following an online row with former Russian president Dmitry Medvedev were now “in the region.”Trump has not said whether he meant nuclear-powered or nuclear-armed submarines. He also did not elaborate on the exact deployment locations, which are kept secret by the US military.The nuclear saber-rattling came against the backdrop of a deadline set by Trump at the end of next week for Russia to take steps towards ending the Ukraine war or face unspecified new sanctions.The Republican leader said Witkoff would visit “I think next week, Wednesday or Thursday.”Russian President Vladimir Putin has already met Witkoff multiple times in Moscow, before Trump’s efforts to mend ties with the Kremlin came to a grinding halt.When reporters asked what Witkoff’s message would be to Moscow, and if there was anything Russia could do to avoid the sanctions, Trump replied: “Yeah, get a deal where people stop getting killed.”- ‘Secondary tariffs’ -Trump has previously threatened that new measures could mean “secondary tariffs” targeting Russia’s remaining trade partners, such as China and India. This would further stifle Russia, but would risk significant international disruption.Despite the pressure from Washington, Russia has continued its onslaught against its pro-Western neighbor.Putin, who has consistently rejected calls for a ceasefire, said Friday that he wants peace but that his demands for ending his nearly three-and-a-half-year invasion were “unchanged.””We need a lasting and stable peace on solid foundations that would satisfy both Russia and Ukraine, and would ensure the security of both countries,” Putin told reporters. But he added that “the conditions (from the Russian side) certainly remain the same.” Russia has frequently called on Ukraine to effectively cede control of four regions Moscow claims to have annexed, a demand Kyiv has called unacceptable.Putin also wants Ukraine to drop its ambitions to join NATO.Ukraine launched a drone attack Sunday which sparked a fire at an oil depot in Sochi, the host city of the 2014 Winter Olympics. Kyiv has said it will intensify its air strikes against Russia in response to an increase in Russian attacks on its territory in recent weeks, which have killed dozens of civilians.Russia’s Ministry of Defence said on Monday, its air defences intercepted 61 Ukrainian drones overnight.  One person was killed by Russian shelling in the southern Kherson region, Ukraine’s military administration said in Telegram post early Monday.Ukrainian President Volodymyr Zelensky also said Sunday that the two sides were preparing a prisoner exchange that would see 1,200 Ukrainian troops return home, following talks with Russia in Istanbul in July.Trump began his second term with his own rosy predictions that the war in Ukraine — raging since Russia invaded its neighbor in February 2022 — would soon end.In recent weeks, Trump has increasingly voiced frustration with Putin over Moscow’s unrelenting offensive.

Hiroshima: 80 ans après le drame, la double peine des victimes coréennes

Victime du bombardement de Hiroshima à l’âge de cinq ans, la Coréenne Bae Kyung-mi a vécu dans le secret une grande partie de sa vie: à ses stigmates physiques s’est ajoutée une stigmatisation sociale telle qu’elle en a caché son statut de survivante à ses proches.Le 6 août 1945, elle se rappelle avoir entendu des avions au-dessus de sa tête alors qu’elle jouait chez elle. Quelques minutes plus tard, elle s’est retrouvée ensevelie sous les décombres.”J’ai dit à ma mère en japonais: +Maman, il y a des avions! Il y a des avions!+”, raconte la désormais octogénaire à l’AFP.Son oncle et sa tante n’ont pas survécu à l’effondrement de leur immeuble.”Je n’ai jamais dit à mon mari que j’étais à Hiroshima et que j’avais été victime du bombardement”, confie Mme Bae.”A l’époque, les gens disaient souvent que vous aviez épousé la mauvaise personne si elle avait survécu à un bombardement atomique.”Ses deux fils n’ont appris qu’elle avait été à Hiroshima que lorsqu’elle s’est inscrite dans un centre pour les victimes, dans sa ville de Hapcheon en Corée du Sud.Les radiations qui l’ont affectée l’ont obligée à subir une ablation des ovaires et d’un sein, en raison du risque élevé de cancer.Quelque 740.000 personnes ont été tuées ou blessées lors des deux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.Plus de 10% des victimes étaient coréennes, selon les données disponibles.- Discrimination -Kim Hwa-ja avait quatre ans le 6 août 1945. Elle se souvient avoir été forcée de fuir Hiroshima dans une charrette tirée par des chevaux.La fumée emplissait l’air et la ville brûlait, dit-elle. Sa mère lui criait de se réfugier sous une couverture et de ne pas regarder.Des organisations estiment que jusqu’à 50.000 Coréens se trouvaient dans la ville ce jour-là, dont des dizaines de milliers travaillant comme ouvriers forcés sur les sites militaires.Mais les documents sont peu précis.”Le bâtiment municipal a été tellement dévasté qu’il n’a pas été possible de retrouver des documents clairs”, a déclaré un fonctionnaire territorial à l’AFP.La politique coloniale du Japon interdisait l’utilisation de noms coréens, ce qui complique encore la recherche dans les registres.Les rescapés qui sont restées au Japon ont dû subir une double discrimination: à la fois en tant que survivants ou “hibakusha” en japonais, et en tant que Coréens.Les victimes coréennes n’ont été reconnues qu’à la fin des années 1990, lorsqu’un monument funéraire a été érigé dans le Parc du Mémorial de la paix de Hiroshima.Quant aux dizaines de milliers de survivants coréens qui sont retournés dans leur pays nouvellement indépendant, ils ont là aussi été confrontés à de la stigmatisation.- Reconnaissance minimale -“A l’époque, des rumeurs infondées circulaient selon lesquelles l’exposition aux radiations pouvait être contagieuse”, explique Jeong Soo-won, directeur du Centre des victimes de la bombe atomique, qui organise une cérémonie de commémoration le 6 août à Hapcheon.A l’échelle nationale, on estime qu’il reste environ 1.600 survivants sud-coréens en vie, a indiqué M. Jeong, dont 82 résident au centre.Séoul a promulgué une loi spéciale en 2016 pour aider les survivants – y compris une allocation mensuelle d’environ 62 euros – mais elle ne fournit aucune assistance à leurs descendants.Beaucoup d’entre eux ont pourtant ont “été touchés par les bombardements” et “souffrent de maladies congénitales”, selon M. Jeong.Une disposition visant à les soutenir “doit être prévue” à l’avenir, rassure-t-il néanmoins.Un groupe de survivants japonais a reçu le prix Nobel de la paix l’année dernière.Mais 80 ans après les attaques, nombre d’entre eux, tant au Japon qu’en Corée, affirment que le monde n’a toujours pas tiré leçon de ces horreurs.Le président américain Donald Trump a récemment comparé ses frappes sur les installations nucléaires iraniennes aux bombardements de Hiroshima et de Nagasaki.

Bangladesh ex-PM palace becomes revolution museum

Once a heavily guarded palace, the former official residence of Bangladesh’s ousted prime minister Sheikh Hasina is being turned into a museum as a lasting reminder of her autocratic rule.Photographs of jubilant flag-waving crowds clambering onto the rooftop of the Dhaka palace after Hasina fled by helicopter to India were a defining image of the culmination of student-led protests that toppled her government on August 5, 2024.One year later, with the South Asian nation of around 170 million people still in political turmoil, the authorities hope the sprawling Ganabhaban palace offers a message to the future.Graffiti daubed on the walls condemning her regime remains untouched.”Freedom”, one message reads. “We want justice.”Hasina’s rule saw widespread human rights abuses, including the mass detention and extrajudicial killings of her political opponents.Up to 1,400 people were killed between July and August 2024 in her failed bid to cling to power, according to the United Nations.The 77-year-old has defied court orders to attend her ongoing trial on charges amounting to crimes against humanity in Dhaka, accusations she denies.”Dictator”, another message reads, among scores being protected for posterity. “Killer Hasina”.Muhammad Yunus, the 85-year-old Nobel Peace Prize winner who is leading the caretaker government until elections are held in early 2026, said the conversion to a museum would “preserve memories of her misrule and the people’s anger when they removed her from power”.- ‘Symbol of fascism’ -Mosfiqur Rahman Johan, 27, a rights activist and documentary photographer, was one of the thousands who stormed the luxurious palace, when crowds danced in her bedroom, feasted on food from the kitchens, and swam in the lake Hasina used to fish in.”It will visualise and symbolise the past trauma, the past suffering — and also the resistance,” he said.”Ganabhaban is a symbol of fascism, the symbol of an autocratic regime”.The complex was built by Hasina’s father, the first leader of Bangladesh, Sheikh Mujibur Rahman, and Hasina made it her official residence during her 15 years in power.Tanzim Wahab, the curator of the under-construction museum, told AFP that exhibits would include artefacts of the protesters killed.Their life stories will be told through films and photographs, while plaques will host the names of the people killed by the security forces during the longer period of Hasina’s rule.”The museum’s deeper purpose is retrospective, looking back at the long years of misrule and oppression”, said Wahab.”That, I believe, is one of the most important aspects of this project.”Wahab said the museum would include animation and interactive installations, as well as documenting the tiny cells where Hasina’s opponents were detained in suffocating conditions.”We want young people… to use it as a platform for discussing democratic ideas, new thinking, and how to build a new Bangladesh,” Wahab said.- ‘Statues of dictatorship’ -That chimes with the promised bolstering of democratic institutions that interim leader Yunus wants to ensure before elections — efforts slowed as political parties jostle for power.The challenges he faces are immense, warned Human Rights Watch ahead of the one-year anniversary of the revolution.”The interim government appears stuck, juggling an unreformed security sector, sometimes violent religious hardliners, and political groups that seem more focused on extracting vengeance on Hasina’s supporters than protecting Bangladeshis’ rights,” HRW said.But while Hasina’s palace is being preserved, protesters have torn down many other visible signs of her rule.Statues of Hasina’s father were toppled, and portraits of the duo torn and torched.Protesters even used digger excavators to smash down the home of the late Sheikh Mujibur Rahman — that Hasina had turned into a museum to her father.”When the dictatorship falls, its Mecca will go too,” said Muhibullah Al Mashnun, who was among the crowds that tore down the house.The 23-year-old student believes that removing such symbols was necessary for Bangladesh to move forward to a better future.”They were the statues of dictatorship,” Mashnun said.