CGT, FSU et Solidaires peinent à mobiliser contre l’austérité budgétaire
La journée d'”alerte” contre l’austérité budgétaire et pour les salaires ne fait pas le plein: la mobilisation à l’appel de trois syndicats, dont la CGT, reste mardi bien en-deçà de celles constatées lors des manifestations de septembre et octobre.Au moment où le budget 2026 de la Sécurité sociale revient devant les députés, la CGT, la FSU et Solidaires avaient appelé à se mobiliser à nouveau contre le doublement des franchises médicales, le gel des pensions de retraites et des prestations sociales ou encore “la violente baisse du budget des hôpitaux et des Ehpad, de la culture, des associations et des collectivités”. Avec un trafic ferroviaire quasi-normal et peu d’enseignants grévistes, le mouvement est resté peu visible pour les Français.A Paris, un cortège clairsemé s’est élancé vers 14H00 de la place de la Bourse, a constaté l’AFP. “On dégraisse, ils engraissent, changeons de régime” et “pour un budget de progrès social”, pouvait-on lire sur des pancartes.Lors des dernières journées de manifestation sur le même thème, à l’appel d’une intersyndicale plus large incluant notamment la CFDT et FO, le ministère de l’Intérieur avait décompté à Paris 55.000 personnes (le 18 septembre) puis 24.000 personnes (le 2 octobre). Mardi, les syndicats annonçaient quelque 150 rassemblements et cortèges à travers la France. A Nantes, au moins 1.500 personnes selon les syndicats, 750 selon la préfecture, ont défilé en fin de matinée derrière une banderole “on prend la rue pour sortir de l’impasse”. A Rennes, une journaliste de l’AFP a dénombré quelques centaines de manifestants. Catherine Jossé, 57 ans, professeure dans le premier degré, affiliée FSU, s’est mobilisée pour demander “autre un budget, pour le service public”. Elle explique que les mesures d’austérité touchent beaucoup les femmes, à la fois très présentes dans certains métiers comme l’enseignement et premières utilisatrices des services publics. – “Décisifs” -“À partir d’aujourd’hui, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale est dans sa dernière lecture à l’Assemblée nationale, ce qui signifie que tous les votes vont être décisifs pendant les 15 prochains jours”, a souligné la cheffe de file de la CGT Sophie Binet avant le départ du cortège parisien, enjoignant salariés, retraités et jeunes à “interpeller les parlementaires pour les appeler à retirer toutes les horreurs qui polluent ce projet de budget”.Les députés devraient ré-indexer sur l’inflation les minima sociaux et pensions de retraite et suspendre de nouveau la réforme des retraites, une mesure annulée par le Sénat.Autre point brûlant: les franchises médicales, reste à charge payé par les patients par exemple sur les médicaments, que le gouvernement entend doubler par décret. Le Premier ministre rencontre mardi le groupe écologiste, qui appelle à renoncer à cette mesure et dont le vote pourrait être décisif pour le budget de la Sécurité sociale. “Il faut un budget, mais pas à n’importe quel prix”, a souligné sur France Inter Sophie Binet.”On est aussi tout à fait responsable et conscient qu’il est nécessaire de réduire le déficit”, a assuré la secrétaire générale de la FSU, Caroline Chevé, dans le cortège parisien. Mais “réduire le déficit, ça ne peut pas se faire sur le dos des services publics, (…) de l’hôpital, de l’école ou de celles et ceux, dans les collectivités territoriales, qui sont en charge des politiques sociales”.Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé un taux de grévistes de 5,27% chez les enseignants. Dans la matinée, le trafic ferroviaire était quasi-normal, conformément aux prévisions de la veille, avec des perturbations concentrées sur les régions Centre-Val de Loire et Occitanie, a indiqué la SNCF à l’AFP. En Ile-de-France, seul le RER C est légèrement perturbé, avec 9 trains sur 10 en circulation.burs-bj-boc/alu/mpm
L’Assemblée ouvre une semaine décisive pour le budget de la Sécurité sociale
Un acte 2 décisif: les députés planchent à nouveau mardi sur le projet de budget de la Sécurité sociale, à l’avenir très incertain, avec encore de multiples compromis à trouver pour le gouvernement à gauche… sans perdre sa droite. Retraites, franchises, déficit à contenir… Les sujets explosifs ne manquent pas, tous facteurs d’une équation difficile pour rassembler des voix de groupes aux positions souvent opposées.Une adoption du texte mardi prochain serait une victoire majeure pour le gouvernement de Sébastien Lecornu, qui, contraint par son absence de majorité, place le Parlement au centre de la construction budgétaire.Des cadres du camp gouvernemental espèrent qu’elle enclenche une dynamique positive pour le projet de budget de l’Etat, encore plus clivant.Mais un rejet serait un désaveu cinglant de la méthode gouvernementale.Quoiqu’il en soit, a plaidé mardi la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, voter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 n’aura “rien à voir avec un quelconque soutien au gouvernement”.L’examen du texte devrait commencer en fin d’après-midi, en présence du Premier ministre – qui pourrait prendre la parole – par une motion de rejet préalable des Insoumis, a priori vouée à l’échec. Les débats sur les quelque 980 amendements pourront aller jusqu’à dimanche. A mi-parcours, les députés voteront d’abord sur la partie recettes. Rejetée, elle emporterait l’ensemble du texte.Face au rejet attendu du texte par le RN et LFI qui regroupent quelque 210 députés, l’adoption du projet de loi “ne repose pas uniquement sur les groupes qui soutiennent le gouvernement et sur le Parti socialiste”, a insisté Mme Bregeon. Mais le Premier ministre est exposé à des défections dans le camp gouvernemental. En l’état, “on ne peut pas voter pour”, a jugé Edouard Philippe devant le groupe Horizons, qui oscille entre vote contre et abstention.L’adoption de justesse de ce PLFSS en première lecture avait permis de débattre notamment de la suspension de la réforme des retraites, concédée par le gouvernement contre une non-censure du PS. Les députés n’avaient pas fini l’examen dans les temps, et le Sénat a profondément remanié le texte, annulant la suspension de la réforme. C’est de sa copie que les députés repartent.- “Dernier kilomètre” -Le moment est crucial car si le dernier mot est donné à l’Assemblée nationale après un nouveau passage au Sénat, la copie finale ne pourra que très peu différer de celle écrite par les députés cette semaine.Pour le rapporteur général Thibault Bazin (LR), “si on évite les irritants, et qu’on n’en crée pas de nouveau (…) on peut avoir un chemin”.Mais cela impliquera selon lui un déficit de la “Sécu” plus important que 20 milliards d’euros, limite fixée par le gouvernement, alors que l’Assemblée nationale en première lecture le portait à 24 milliards.”On a l’impression d’être à la veille d’un match de Ligue des Champions”, souligne Jérôme Guedj, député PS. “Sur les 660 milliards du budget de la Sécu, le dernier kilomètre porte” sur quelques milliards d’euros, note-t-il.Les députés devraient ré-indexer sur l’inflation les minimas sociaux et pensions de retraite. Et suspendre de nouveau la réforme des retraites.Une bataille aura lieu sur une mesure proposée par la gauche pour engranger des recettes: l’augmentation de la part de CSG sur les revenus du capital. Irritant la droite, elle avait motivé certains députés LR et Horizons à s’abstenir en première lecture.Autre point brûlant: les franchises médicales, reste à charge payé par les patients par exemple sur les médicaments, que le gouvernement entend doubler par décret.”Il doit renoncer” à cette “mesure injuste”, a martelé le groupe écologiste, dont le vote pourrait être décisif.Côté Rassemblement national, Christophe Bentz dénonce à la fois des “dérapages et insincérités budgétaires” et des mesures “injustes socialement et contraignantes économiquement”. – “Qu’un chemin: le compromis” -A l’approche du match, tout le monde semble se renvoyer la balle.Les socialistes estiment que le gouvernement doit convaincre les écologistes. “Le PS doit faire le travail” auprès d’eux, lance en retour un cadre Renaissance, qui appelle parallèlement PS et LR à se “rendre compte qu’ils ont besoin (des concessions) de l’un et l’autre” pour que le texte passe.Le gouvernement, qui alerte sur un déficit de la Sécurité sociale approchant “30 milliards” d’euros en l’absence de budget, pourrait-il ressusciter le 49.3 pour passer l’obstacle ? Certains députés le souhaitent, estimant plus facile pour les socialistes, voire pour Horizons et LR, de ne pas censurer le gouvernement que de voter ce compromis.Une piste écartée par l’entourage de M. Lecornu: “Il n’y a qu’un chemin, le compromis parlementaire”.
Présidentielle au Honduras: les candidats de droite à quasi-égalité, Trump accusateur
Le président américain Donald Trump a accusé les autorités électorales du Honduras d'”essayer de changer” le résultat de la présidentielle, dont deux candidats de droite sont sortis au coude-à-coude, en laissant une gauche moribonde.L’homme d’affaires Nasry Asfura, 67 ans, qui a les faveurs de Donald Trump, ne devance que de 515 voix son rival de droite, le présentateur de télévision Salvador Nasralla, 72 ans, après le décompte numérique de 57% des procès-verbaux, a déclaré sur X la présidente du Conseil national électoral (CNE). Ce faible écart constitue, compte tenu de la marge d’erreur, une “égalité technique”, a ajouté Ana Paola Hall, demandant “de la patience” aux électeurs. Le dépouillement manuel pourrait durer plusieurs jours.”On dirait que le Honduras est en train d’essayer de changer le résultat de son élection présidentielle. S’ils le font, ils le paieront cher!”, a menacé lundi soir Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant la CNE d’avoir “abruptement cessé de compter” les voix, sans étayer cette affirmation.Les deux candidats sont de leur côté restés optimistes et prudents à la fois. “Les chiffres parleront d’eux-mêmes”, a affirmé Nasry Asfura, du Parti national (PN), depuis son quartier général de campagne. “Je sais que j’ai déjà gagné. Ce matin, on m’a communiqué un chiffre qui me donne l’avantage”, a répondu Salvador Nasralla (Parti libéral – PL) aux journalistes, avant de préciser sur X ne pas se proclamer vainqueur mais ne faire “que projeter les résultats”.Dimanche, les Honduriens ont clairement sanctionné la gauche qui gouverne ce pays parmi les plus pauvres d’Amérique latine, miné par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption.Sa candidate, l’avocate Rixi Moncada, 60 ans, est 20 points derrière la droite. Elle a dénoncé l’irruption de Donald Trump dans la campagne, déclarant que son soutien à l’ancien maire de Tegucigalpa avait “été perçu par la population comme une forme de coercition”.L’actuelle présidente Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d’une décennie après le coup d’État contre son époux, Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et de Cuba.Les deux candidats en tête ont mené campagne sur la peur que le maintien de la gauche ne conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde. – Grâce pour un ancien président – Donald Trump, interventionniste dans toute la région, n’a pas hésité à conditionner l’aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants, comme il l’avait fait précédemment en Argentine, au soutien de Javier Milei.Il a assuré que “les États-Unis ne gaspilleraient pas leur argent” si Nasry Asfura ne gagnait pas.”Tito (Nasry Asfura) et moi pouvons travailler ensemble contre les +narco-communistes+ et apporter au peuple du Honduras l’aide dont il a besoin”, a insisté le milliardaire américain.Le dirigeant républicain avait par ailleurs récemment annoncé la grâce de l’ancien président Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du PN de Nasry Asfura. Il est sorti lundi de sa prison en Virginie-Occidentale. Il purgeait une peine de 45 ans de détention pour avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les États-Unis.”Après presque quatre années de douleur, d’attente et d’épreuves difficiles, mon mari (…) est à nouveau un homme libre, en vertu de la grâce présidentielle”, a déclaré mardi son épouse, Ana Garcia de Hernandez, sur les réseaux sociaux.Une grâce à contre-courant du déploiement militaire de Washington dans les Caraïbes, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela.Nasry Asfura brigue la présidence pour la deuxième fois après avoir perdu en 2021 face à Mme Castro. Salvador Nasralla, lui, se soumet aux urnes pour la troisième fois. Durant la campagne, les grandes préoccupations des citoyens comme la violence ou la pauvreté, qui touche deux tiers des 11 millions d’habitants, ont été peu évoquées.”Ils ne font rien pour les pauvres, les riches deviennent chaque jour plus riches et les pauvres chaque jour plus pauvres. Seuls des voleurs nous gouvernent”, a déploré auprès de l’AFP Henry Hernandez, un gardien de voitures de 53 ans.
L’OCDE plus optimiste pour la croissance des poids lourds économiques en 2025
L’économie mondiale résiste en 2025 malgré le choc des droits de douane américains et les incertitudes politiques, a souligné mardi l’OCDE, se montrant plus optimiste pour des poids lourds comme les Etats-Unis, la Chine et la zone euro, tout en pointant une fragilité accrue.”L’économie mondiale a été résiliente cette année, malgré les craintes d’un ralentissement plus marqué compte tenu du renforcement des obstacles au commerce et de la forte incertitude liée à l’action publique”, affirme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans ses prévisions économiques mondiales actualisées. Comme facteurs de résistance, l’institution basée à Paris cite l’anticipation du relèvement des droits de douane qui a stimulé les échanges commerciaux, les investissements liés à l’intelligence artificielle (IA), la baisse des taux d’intérêt par les banques centrales et des politiques budgétaires soutenant la demande. La volonté du président américain Donald Trump de relever les droits de douane sur les produits entrant aux Etats-Unis avait entraîné une ruée sur les importations en début d’année. Ce flot s’est depuis tari, s’accompagnant d’un ralentissement économique dans la deuxième partie de l’année. Après 3,3% en 2024, l’OCDE a confirmé sa prévision d’une croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial de 3,2% en 2025, qui perdrait en vitalité à 2,9% en 2026 puis rebondirait à 3,1% en 2027. – Droits de douane contrebalancés -Pour les Etats-Unis, les perspectives sont plus optimistes que lors de la précédente publication de l’OCDE en septembre, avec une croissance attendue à 2% en 2025 et 1,7% en 2026 (+0,2 point à chaque fois), puis à 1,9% en 2027.Malgré une dégradation du marché de l’emploi, une persistance de l’inflation et la “faiblesse temporaire” induite par la paralysie budgétaire, la première économie mondiale paierait cette année moins fortement qu’attendu l’impact des droits de douane et le recul de l’immigration. Ces effets sont compensés par “des investissements très importants dans les logiciels et les équipements de traitement de l’information, et la bonne tenue des marchés d’actions”, note l’organisation.Depuis l’annonce au printemps des droits de douane, les Etats-Unis ont signé des accords commerciaux avec l’Union européenne, le Japon, la Suisse et le Royaume-Uni notamment, et la guerre commerciale avec Pékin s’est apaisée. En conséquence, le taux effectif des droits de douane sur les importations américaines de marchandises était estimé par l’OCDE à 14% fin novembre, contre 15,4% en juin. En zone euro, la croissance est attendue à 1,3% en 2025 (+0,1 point), à 1,2% en 2026 (+0,2) et à 1,4% en 2027. Pénalisée par l’instabilité politique et budgétaire, la France ralentirait toutefois moins que prévu cette année, avec une hausse du PIB de 0,8% (+0,2 point), tirée par les exportations aéronautiques, avant 1% (+0,1 point) en 2026 et 2027. Première économie européenne, l’Allemagne n’enregistrerait qu’une modeste croissance de 0,3% en 2025 (prévision inchangée), qui rebondirait à 1% en 2026 (-0,1 point) et 1,5% en 2027. – “Risques significatifs” -L’OCDE remarque que dans de nombreuses économies de marché émergentes, “la croissance du PIB a étonnamment bien résisté” également. La Chine est un peu mieux positionnée qu’en septembre, avec 5% estimés en 2025 (+0,1 point) avant un ralentissement à 4,4% en 2026 et 4,3% en 2027. Toutefois, “ces perspectives demeurent fragiles, avec des risques significatifs”, a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, devant la presse.Il a pointé l’éventualité de “nouvelles barrières commerciales” susceptibles d’alimenter l’inflation et des inquiétudes sur “la résistance des chaines d’approvisionnement mondiales” au vu de la “forte concentration” de la production de certains intrants clés comme les terres rares en Chine. Toute perturbation de ces chaines d’approvisionnement est susceptible d’affecter des secteurs comme l’énergie, la défense, l’automobile, l’intelligence artificielle (IA) et les technologies de l’information et de la communication. Outre l’incertitude géopolitique, l’OCDE relève aussi “un risque de corrections brutales des prix” d’entreprises de l’IA hautement valorisées, et le risque pour la stabilité financière posé par “la grande volatilité des cours des crypto-actifs et les liens de plus en plus étroits des intermédiaires financiers non bancaires avec le système financier traditionnel”. Enfin, des “vulnérabilités budgétaires” exacerbées par les dépenses accrues en défense et le vieillissement de la population peuvent entraîner une hausse des taux souverains, avec des difficultés de financement à la clé.




