Attentat de la rue des Rosiers: procès aux assises requis contre six personnes, dont Abou Zayed

Vers un procès, 43 ans plus tard ? Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis mercredi les assises pour six hommes dont quatre sous mandats d’arrêt, suspectés d’être impliqués dans l’attentat de la rue des Rosiers, qui avait causé la mort de six personnes en 1982 à Paris.Dans un communiqué, le ministère public a indiqué demander un procès pour assassinats devant la cour d’assises spéciale pour trois hommes suspectés d’avoir été sur place le jour des faits, dont Abou Zayed, 66 ans, principal suspect. Il est soupçonné d’être l’un des tireurs et est détenu en France depuis fin 2020.D’après ces réquisitions dont l’AFP a eu connaissance mercredi, le Pnat demande également un procès pour Hicham Harb, 70 ans, qui aurait supervisé l’attentat et été tireur, et pour Nizar Tawfiq Hamada, 63 ans, un des exécutants présumés.Trois hommes risquent de leur côté un procès pour complicité d’assassinats: H. T., 65 ans, mis en examen en avril car soupçonné d’avoir caché des armes à l’époque, actuellement sous contrôle judiciaire et qui conteste les faits; mais aussi Amjad Atta, environ 72 ans, accusé d’avoir planifié l’attentat, et Nabil Othmane, 72 ans, mis en cause pour l’avoir préparé.MM. Harb, Hamada, Atta et Othmane font l’objet de mandat d’arrêt. Les deux premiers sont localisés en Cisjordanie et les deux autres respectivement en Jordanie et au Koweït.Le Pnat relève que d’autres personnes ont pu être impliquées “à divers degrés” mais certaines sont décédées tandis que les charges se sont avérées insuffisantes pour d’autres.- “Bricolage” -La décision finale sur un procès revient au juge antiterroriste qui a comme date butoir début août pour rendre son ordonnance. S’il la rend ultérieurement, Abou Zayed pourrait comparaître libre.Le 9 août 1982, six personnes ont été tuées et 20 blessées dans l’explosion d’une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg puis dans une fusillade dans le quartier du Marais, perpétrée par un commando de trois à cinq hommes.L’attentat a été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal, groupe dissident de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Abou Zayed, extradé de Norvège fin 2020, est “expressément désigné comme l’auteur des assassinats et tentatives d’assassinats, de manière constante et concordante depuis près de 14 ans par plusieurs témoins”, même s’il est mis hors de cause par deux autres hommes, souligne la procureure antiterroriste dans le document de 458 pages.Il conteste les faits.Pour Romain Ruiz et Bruno Gendrin, ses avocats, “ce réquisitoire est un bricolage dangereux, fait de portraits-robots vieux de 40 ans, de témoignages incohérents et de notes de renseignements bancales. Le Pnat est manifestement prêt à sacrifier toute forme d’exigence probatoire pour obtenir un procès à tout prix”.S’agissant d’H. T., le Pnat considère “démontré” qu’il a été “l’un des principaux responsables des caches d’armes”. Ses avocats n’ont pas commenté dans l’immédiat.- “Acharnement” -Selon le Pnat, les expertises soulignent “la similarité parfaite” entre les armes et munitions retrouvées sur les lieux et au bois de Boulogne avec celles saisies “lors d’attentats formellement attribués à ce groupe terroriste à Londres, Rome, Athènes et Bruxelles”.L’attentat “relève sans conteste d’une volonté de faire régner la terreur” comme “en atteste l’acharnement du commando à faire le plus de victimes possibles dans un lieu touristique réputé fréquenté par la communauté juive française et internationale”, insiste-t-il.Me David Père, qui représente l’Association française de victimes du terrorisme mais aussi des personnes qui étaient dans le restaurant et d’autres qui ont perdu leurs proches, a fait part auprès de l’AFP d'”une grande émotion chez toutes les victimes.” “Ca vous hante toute votre vie. Mes clients sont très reconnaissants à la justice de ne pas baisser les bras”, a-t-il ajouté.”Les familles de victimes de l’un des premiers attentats terroristes antisémites perpétrés en France peuvent enfin entrevoir l’espoir d’un procès. Il aura fallu autant de temps que pour juger Klaus Barbie !”, a déclaré à l’AFP Alain Jakubowicz, avocat de la famille d’une des victimes, Georges Demeter.”C’est un sentiment partagé pour les parties civiles entre l’immense soulagement de savoir que la République n’abandonne pas ses victimes (…) et le regret de constater que c’est un procès incomplet qui s’annonce, avec plusieurs accusés réfugiés à l’étranger”, a réagi auprès de l’AFP Romain Boulet, avocat de la fille d’une des victimes.Un autre avocat, Vincent Brengarth, a salué le “travail très minutieux accompli”.

Wall Street avance malgré les menaces douanières de Trump

La Bourse de New York a ouvert en hausse mercredi, peu ébranlée pour le moment par les dernières menaces de Donald Trump sur le plan commercial et dans l’attente du compte rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale (Fed).Dans les premiers échanges, le Dow Jones gagnait 0,41%, l’indice Nasdaq avançait de 0,51% et l’indice élargi S&P 500 prenait 0,40%.

Foot – Lyon attend fébrilement et espère éviter la Ligue 2

L’Olympique Lyonnais attend dans l’angoisse le résultat de l’appel contre sa rétrogradation administrative en Ligue 2, que ses nouveaux dirigeants, Michele Kang et Michael Gerlinger, ont défendu mercredi devant le gendarme financier du football français.Selon une source proche de la Fédération française de football (FFF), il est très probable que la décision de la commission d’appel soit rendue dans la journée compte tenu des enjeux pour le septuple champion de France et d’autres clubs: en cas de relégation lyonnaise, Reims se maintiendrait en Ligue 1 et Strasbourg jouerait la Ligue Europa, libérant une place européenne pour Lens.Kang et Gerlinger, nommés en urgence présidente et directeur général de l’OL, sont repartis en tout début d’après-midi du siège de la FFF où ils étaient arrivés en milieu de matinée, a-t-on appris de source fédérale. La délégation lyonnaise de neuf personnes, entrée et sortie discrètement à bord d’une fourgonnette, ne s’est pas exprimée devant les journalistes.Inquiète du fort endettement du club, la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) avait prononcé le 15 novembre une interdiction de recruter, un encadrement de la masse salariale et surtout une rétrogradation à titre conservatoire de l’OL qui avait fait appel. Le 24 juin, alors que le club s’était qualifié pour la Ligue Europa en terminant 6e de Ligue 1, la DNCG a confirmé sa décision, pas convaincue par l’Américain John Textor, qui l’avait racheté à Jean-Michel Aulas fin 2022. Ardent défenseur d’un modèle économique basé sur la multipropriétés (OL, Molenbeek en Belgique et Botafogo au Brésil), l’homme d’affaires a admis samedi des erreurs politiques, dans un entretien à la presse brésilienne.Sous la pression des administrateurs, de ses créanciers et de supporters, il s’est mis en retrait de la présidence de l’Olympique lyonnais, tout en restant à la tête de la maison-mère Eagle Football Holding (EFH).Il a été remplacé le 30 juin par sa compatriote Michele Kang, une milliardaire déjà présidente de l’équipe féminine (OL Lyonnes) et actionnaire de l’OL, qui défendra les intérêts de Lyon avec l’Allemand Michael Gerlinger, réputé dans le football européen après dix-huit ans au Bayern Munich.- Départs volontaires -Leur mission, convaincre la commission d’appel de la DNCG que les sommes injectées par Eagle Football Holding dans l’OL figurent bien sur les comptes du club français et ont vocation à y rester.Depuis le premier coup de semonce en novembre, les actionnaires ont apporté 83 millions d’euros en trésorerie; 19,5 millions d’euros d’options d’achat obligatoires sont tombés pour trois joueurs prêtés (Saïd Benrahma, Amine Sarr et Johann Lepenant); et le PSG a réglé comptant les 50 millions du transfert de Bradley Barcola.L’OL devrait également récupérer 40 millions sur les 200 millions tirés de la vente fin juin des parts d’Eagle dans le club anglais de Crystal Palace.  Sur le plan des économies, un accord a été conclu fin janvier avec les créanciers d’Eagle permettant un report de paiements et une centaine de salariés sont partis dans le cadre d’un plan de départs volontaires. Les fins de contrats ou transferts de joueurs onéreux (Alexandre Lacazette, Nicolas Tagliafico, Anthony Lopes, Maxence Caqueret, Rayan Cherki) ont allégé la masse salariale d’une trentaine de millions d’euros. – Dernier recours -Mais cela ne suffit pas: le club doit ramener la masse salariale autour de 75 millions d’euros, contre 160 millions avant le plan de départs, et la DNCG pourrait, même en cas de maintien en L1, imposer un encadrement des salaires et du recrutement.Dans cette optique, un plan d’austérité devrait être présenté par Michele Kang, avec de nouvelles économies, des cessions de joueurs et une limitation des rémunérations. Si l’instance confirme la descente en Ligue 2, l’OL pourra encore saisir le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour une conciliation, voire le tribunal administratif. La décision finale pèsera sur le destin de l’OL. S’il est maintenu en L1, il devrait pouvoir jouer la Ligue Europa, une fois que l’UEFA aura étudié la question de la multi-propriété. En cas de relégation en revanche, moins de droits TV, de billetterie et de marketing: l’OL verrait sa viabilité économique menacée.

CEDH: la Russie condamnée pour de multiples violations des droits humains en Ukraine

Exécutions, torture, déplacements d’enfants, travail forcé, destruction du vol MH17: la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mercredi la Russie pour les nombreuses exactions commises en Ukraine depuis 2014.A l’issue d’un délibéré lu pendant plus de 40 minutes par le président de la Cour européenne des droits de l’Homme, le juge français Mattias Guyomar, la Russie est reconnue coupable d’exécutions de “civils et de militaires ukrainiens hors de combat”, “d’actes de torture” ou de “déplacements injustifiés de civils”.La CEDH relève aussi la pratique “consistant à commettre des destructions, pillages et expropriations de biens appartenant à des personnes civiles et à des entreprises privées”, et pointe la responsabilité de Moscou dans la destruction du vol MH17.La décision a été rendue par les 17 juges de la Grande chambre, formation la plus solennelle de l’institution qui siège à Strasbourg.Celle-ci a joint dans cette même décision trois plaintes déposées par l’Ukraine contre la Russie après les opérations menées en 2014 dans le Donbass et la guerre déclenchée en février 2022, et une autre plainte des Pays-Bas pour la destruction du vol MH17, parti d’Amsterdam vers la Malaisie le 17 juillet 2014, abattu par un missile dans la région de Donetsk, dans le Donbass, et qui avait fait 298 victimes.Le ministère ukrainien de la justice a salué une décision “historique”, qui reconnait le caractère “systématiques et généralisées” des violations de droits fondamentaux commises par la Russie. “La Cour a souligné que l’agression russe ne se limite pas à l’Ukraine, mais représente une menace mondiale qui remet en question l’idée même de coexistence des États dans un cadre juridique”, a rappelé Kiev.- Caractère symbolique -Moscou “doit sans délai libérer ou renvoyer en toute sécurité toutes les personnes qui, sur le territoire ukrainien occupé par les forces russes ou sous contrôle russe, étaient privées de liberté (…) et qui sont toujours détenues par les autorités russes”, intime la CEDH.Celle-ci estime également que la Russie “doit apporter sans délai sa coopération à la mise en place d’un mécanisme international et indépendant destiné à assurer, le plus rapidement possible et en tenant dûment compte de l’intérêt supérieur des enfants, l’identification de tous les enfants transférés d’Ukraine vers la Russie ou le territoire contrôlé par la Russie”.Cependant, cette condamnation de la Russie revêt avant tout un caractère symbolique: depuis septembre 2022 et son exclusion Moscou ne donne plus aucun signe de vie devant la CEDH.Et si elle reste normalement responsable des violations des droits fondamentaux commises avant cette date, la Russie ne considère plus les décisions de la CEDH comme contraignantes à son égard: Moscou “ne compte pas se conformer” à cette décision, a déclaré mercredi matin le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors de son point presse quotidien. “Nous les considérons comme nulles et non avenues”.De son côté le Premier ministre néerlandais Dick Schoof s’est réjoui de la décision de la CEDH: cet arrêt “est un pas important vers la justice. La Cour a désigné la Russie comme responsable de la destruction du vol MH17 et de la mort de ses passagers, dont 196 ressortissants néerlandais. Mes pensées vont aujourd’hui à tous les parents qui ont perdu leur famille, leurs proches et leurs amis il y a plus de dix ans.”- Justice, reconnaissance… excuses ? -“C’est une décision historique, non seulement sur le MH17 mais aussi sur les crimes commis en Ukraine par les Russes”, a également déclaré à l’AFP Piet Ploeg, qui a perdu son frère, sa belle-sœur et son neveu dans la catastrophe, et préside l’association de proches de victimes “Stichting Vliegramp MH17″.”Je ne pense pas que la Russie paiera quoi que ce soit, mais ce n’est pas une question d’argent aujourd’hui, c’est une question de justice et de reconnaissance… et peut-être d’excuses, on ne sait jamais”, a-t-il ajouté.Si la plupart des requêtes émises devant la CEDH sont introduites par des individus, des sociétés ou des ONG, les Etats peuvent également en présenter une contre un autre Etat dans ce qui devient alors une “affaire interétatique”.Plus de 30 affaires interétatiques ont été présentées depuis 1953, et la Cour a parfois ordonné aux Etats ayant violé la Convention de verser des indemnités, parfois en centaines de millions d’euros.Quinze affaires interétatiques sont actuellement instruites par la Cour, dont trois autres concernant les événements dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en 2014 par la Russie, dans l’est de l’Ukraine et dans la mer d’Azov.

CEDH: la Russie condamnée pour de multiples violations des droits humains en Ukraine

Exécutions, torture, déplacements d’enfants, travail forcé, destruction du vol MH17: la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mercredi la Russie pour les nombreuses exactions commises en Ukraine depuis 2014.A l’issue d’un délibéré lu pendant plus de 40 minutes par le président de la Cour européenne des droits de l’Homme, le juge français Mattias Guyomar, la Russie est reconnue coupable d’exécutions de “civils et de militaires ukrainiens hors de combat”, “d’actes de torture” ou de “déplacements injustifiés de civils”.La CEDH relève aussi la pratique “consistant à commettre des destructions, pillages et expropriations de biens appartenant à des personnes civiles et à des entreprises privées”, et pointe la responsabilité de Moscou dans la destruction du vol MH17.La décision a été rendue par les 17 juges de la Grande chambre, formation la plus solennelle de l’institution qui siège à Strasbourg.Celle-ci a joint dans cette même décision trois plaintes déposées par l’Ukraine contre la Russie après les opérations menées en 2014 dans le Donbass et la guerre déclenchée en février 2022, et une autre plainte des Pays-Bas pour la destruction du vol MH17, parti d’Amsterdam vers la Malaisie le 17 juillet 2014, abattu par un missile dans la région de Donetsk, dans le Donbass, et qui avait fait 298 victimes.Le ministère ukrainien de la justice a salué une décision “historique”, qui reconnait le caractère “systématiques et généralisées” des violations de droits fondamentaux commises par la Russie. “La Cour a souligné que l’agression russe ne se limite pas à l’Ukraine, mais représente une menace mondiale qui remet en question l’idée même de coexistence des États dans un cadre juridique”, a rappelé Kiev.- Caractère symbolique -Moscou “doit sans délai libérer ou renvoyer en toute sécurité toutes les personnes qui, sur le territoire ukrainien occupé par les forces russes ou sous contrôle russe, étaient privées de liberté (…) et qui sont toujours détenues par les autorités russes”, intime la CEDH.Celle-ci estime également que la Russie “doit apporter sans délai sa coopération à la mise en place d’un mécanisme international et indépendant destiné à assurer, le plus rapidement possible et en tenant dûment compte de l’intérêt supérieur des enfants, l’identification de tous les enfants transférés d’Ukraine vers la Russie ou le territoire contrôlé par la Russie”.Cependant, cette condamnation de la Russie revêt avant tout un caractère symbolique: depuis septembre 2022 et son exclusion Moscou ne donne plus aucun signe de vie devant la CEDH.Et si elle reste normalement responsable des violations des droits fondamentaux commises avant cette date, la Russie ne considère plus les décisions de la CEDH comme contraignantes à son égard: Moscou “ne compte pas se conformer” à cette décision, a déclaré mercredi matin le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors de son point presse quotidien. “Nous les considérons comme nulles et non avenues”.De son côté le Premier ministre néerlandais Dick Schoof s’est réjoui de la décision de la CEDH: cet arrêt “est un pas important vers la justice. La Cour a désigné la Russie comme responsable de la destruction du vol MH17 et de la mort de ses passagers, dont 196 ressortissants néerlandais. Mes pensées vont aujourd’hui à tous les parents qui ont perdu leur famille, leurs proches et leurs amis il y a plus de dix ans.”- Justice, reconnaissance… excuses ? -“C’est une décision historique, non seulement sur le MH17 mais aussi sur les crimes commis en Ukraine par les Russes”, a également déclaré à l’AFP Piet Ploeg, qui a perdu son frère, sa belle-sœur et son neveu dans la catastrophe, et préside l’association de proches de victimes “Stichting Vliegramp MH17″.”Je ne pense pas que la Russie paiera quoi que ce soit, mais ce n’est pas une question d’argent aujourd’hui, c’est une question de justice et de reconnaissance… et peut-être d’excuses, on ne sait jamais”, a-t-il ajouté.Si la plupart des requêtes émises devant la CEDH sont introduites par des individus, des sociétés ou des ONG, les Etats peuvent également en présenter une contre un autre Etat dans ce qui devient alors une “affaire interétatique”.Plus de 30 affaires interétatiques ont été présentées depuis 1953, et la Cour a parfois ordonné aux Etats ayant violé la Convention de verser des indemnités, parfois en centaines de millions d’euros.Quinze affaires interétatiques sont actuellement instruites par la Cour, dont trois autres concernant les événements dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en 2014 par la Russie, dans l’est de l’Ukraine et dans la mer d’Azov.

Mitre après mitre, les mains d’or de nonnes macédoniennes brodent les coiffes du clergé orthodoxe

Dans un silence que rien ne parait pouvoir troubler, sœur Élisabeth brode point après point au fil doré les motifs qui viendront orner la mitre d’un évêque, et qui font la renommée de son monastère de Macédoine du Nord à travers tout le monde orthodoxe.Entre ses mains expertes, la mitre -une coiffe que portent les prélats orthodoxes- qu’on lui a confiée pour réparation ressuscite et scintille comme si elle était faite d’or.Nichée en altitude à environ 130 km à l’ouest de la capitale Skopje, le monastère de Saint Georges le victorieux fabrique ou répare ces couvre-chefs ornés d’icônes, de perles, de fils d’or … dont la tradition remonte à l’empire byzantin.”Nous sommes les seules au monde à fabriquer ce type de mitre”, explique sœur Efimija, 44 ans, qui fait partie de l’atelier d’une dizaine de femmes. Avec deux novices, les sœurs travaillent en équipe, chacune d’entre elles étant spécialisée dans une étape du processus de fabrication – et gardant précieusement leurs secrets. “Chaque sœur a sa propre tâche”, précise Efimija en observant les dernières retouches que sa collègue apporte à la mitre confiée par un responsable de l’église orthodoxe dont elle préfère taire le nom. D’abord habité par des moines, le monastère a été transformé en étable lorsque la Macédoine du Nord a fait partie de la Yougoslavie socialiste, de 1945 à 1990. Rouvert en 2001, il est habité par ces sœurs orthodoxes qui ont, en près d’un quart de siècle, fabriqué 1.700 mitres, détaille Efimija.-Une mitre pour le pape François-Si seuls les hauts responsables de l’Eglise orthodoxe peuvent ceindre ces coiffes, les sœurs ont déjà fait une exception, pour le Pape François, mort au printemps. Elles avaient passé 5 mois sur la coiffe offerte au pape par une délégation de Macédoine du Nord en visite au Vatican. “Il fut agréablement surpris”, explique la religieuse sans cacher sa fierté. Chaque mitre, brodée de couleurs flamboyantes et de bijoux, pèse entre un et deux kilos – et nécessite, si elle est simple, un mois de travail. Pour les plus richement ornées, cela peut monter à 6 mois.Les nonnes respectent le style byzantin, mais les secrets de fabrication du monastère ajoutent une touche de modernité, explique encore Efimija.Devenue richement décorée au fil des siècle, la mitre symbolise à l’origine la couronne d’épine qui fut placé sur la tête de Jésus pendant la crucifixion, selon la bible.Mais, met en garde Efimija, “si un évêque porte un objet aussi inestimable sur sa tête et ne ressent pas le poids des tourments de l’homme contemporain, alors il porte la mitre en vain”.