Crops wither in war-torn Sudan as power cuts cripple irrigationFri, 04 Jul 2025 07:08:39 GMT

Hatem Abdelhamid stands amid his once-thriving date palms in northern Sudan, helpless as a prolonged war-driven power outage cripples irrigation, causing devastating crop losses and deepening the country’s food crisis.”I’ve lost 70 to 75 percent of my crops this year,” he said, surveying the dying palms in Tanqasi, a village on the Nile in Sudan’s …

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L’expulsion des Haïtiens, coup dur pour l’économie de la République dominicaine

La peur ne quitte plus Agamise Cheranfant, contraint à se cacher à la fin de sa journée de travail dans les champs de bananes de République dominicaine. Cet Haïtien vit sans papiers, dans la hantise d’être expulsé. La politique de fermeté contre l’immigration illégale du gouvernement dominicain se répercute sur les exploitations de banane, un secteur déjà fragilisé et qui dépend grandement de la main-d’Å“uvre étrangère, à l’instar d’autres pans de l’agriculture mais aussi des secteurs du tourisme et du BTP où les ouvriers sont en majorité haïtiens. Les plantations situées à Mao (nord-ouest) emploient peu de Dominicains pour la récolte de bananes, synonyme de journées harassantes sous un soleil ardent. Un travail pénible et peu rémunéré: 800 pesos par jour, soit moins de 14 dollars.A la difficulté du labeur s’ajoute désormais, pour les salariés haïtiens, la crainte d’être expulsés.”Nous sommes toujours effrayés, toujours cachés”, explique à l’AFP Agamise Cheranfant, 33 ans, dans un espagnol rudimentaire. “Nous fuyons le matin, la nuit, à trois heures, une heure du matin. Tu dors avec la peur, tu manges avec la peur. Nous ne pouvons pas vivre tranquilles”, raconte-t-il. – Expulsions à tout-va – La République dominicaine partage l’île caribéenne d’Hispaniola avec Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, mis à genoux par des gangs violents accusés de meurtres, de viols et d’enlèvements.La violence à Haïti s’est intensifiée au cours de l’année écoulée et un nombre record de près de 1,3 million de personnes ont été forcées de fuir les violences pour trouver refuge ailleurs dans leur pays, selon l’ONU.  Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président dominicain Luis Abinader, réélu triomphalement en 2024, a durci la politique migratoire du pays, lançant notamment la construction d’un mur le long de la frontière avec Haïti. Son gouvernement a multiplié les contrôles et les expulsions de sans-papiers, allant même jusqu’à arrêter des Haïtiennes qui venaient d’accoucher. Au premier semestre 2025, plus de 200.000 Haïtiens ont ainsi été renvoyés dans leur pays. Pour l’association des constructeurs (Acoprovi), ces “opérations de rapatriement désordonnées” ont entraîné une “réduction de la disponibilité de main-d’Å“uvre” pour des tâches qui “ne suscitent pas l’intérêt des Dominicains”. Dans certaines zones, l’offre de main d’Å“uvre a chuté de 40% à 80%. Le tourisme, par exemple, “a été affecté dans des secteurs comme la cuisine”, explique Henri Hebrard, économiste et conseiller dans le secteur public et privé. Les secteurs du bâtiment et de l’agriculture s’accordent sur la nécessité d’un plan de régularisation pour ces travailleurs indispensables. Acoprovi propose la délivrance de 87.000 permis de travail temporaires. Les producteurs de bananes recensent eux 15.000 ouvriers haïtiens. Le gouvernement, pour l’instant, n’a montré aucun signe d’inflexion.- Travailleurs “nomades” – La République dominicaine exporte des bananes vers plusieurs pays d’Europe, des Caraïbes et des États-Unis. Cette culture fait partie des 5,6% que pèse le secteur agricole dans le PIB du pays.  La banane dominicaine était déjà en crise, frappée par la météo, les ravageurs et l’augmentation des coûts. La production a chuté de 44% entre 2021 et 2024, selon les chiffres de l’association de producteurs Adobanano.S’ajoute désormais à ce tableau sombre l’incertitude provoquée par le manque de main-d’Å“uvre. “Ici, les effectifs ont diminué de plus de 50%” à cause des expulsions, observe le producteur Osvaldo Pineo.Une partie des ouvriers haïtiens travaille désormais “de manière nomade”, souligne-t-il. “Aujourd’hui, ils vous offrent le service mais demain, vous ne savez pas si vous l’aurez”. Pour les employeurs aussi, un risque existe. “Si vous les faites monter dans un véhicule et qu’il est contrôlé (par les autorités), vous êtes accusé d’être un trafiquant de personnes sans papiers”, se désole le producteur.

Indonésie: reprise des recherches après le naufrage d’un ferry

Des centaines de sauveteurs ont repris vendredi les recherches après le naufrage mercredi soir d’un ferry au large de l’île indonésienne de Bali, qui a fait six morts et une trentaine de disparus.Le ferry avec 65 passagers et membres d’équipage avait appareillé mercredi de Banyuwangi, sur la côte orientale de Java, pour rejoindre le nord de l’île de Bali. Il a sombré peu avant minuit dans des conditions de mer difficiles, selon des témoins et des responsables des services de sauvetage.Selon le dernier bilan, six personnes ont trouvé la mort, 29 ont été secourues et 30 sont portées disparues.D’importants moyens ont été déployés vendredi pour mener des recherches en mer et par air, recherches qui ont été élargies le long des côtes de l’est de Java et de l’ouest de Bali, a déclaré vendredi aux journalistes Ribut Eko Suyatno, responsable des opérations de l’agence nationale de recherche et de sauvetage.”L’unité de recherche et de sauvetage terrestre (…) nous demande de ratisser la plage de Ketapang (sur l’île de Java, ndlr) du nord au sud. Il en va de même pour Gilimanuk”, a-t-il déclaré. Vendredi à la mi-journée, les secours n’avaient repéré ni nouveau survivant ni nouvelle victime.”Selon les communications que nous avons reçues, il n’y a toujours aucune (nouvelle) victime retrouvée suite aux recherches”, a déclaré vendredi Yudi, capitaine de l’un des navires de sauvetage et qui comme beaucoup d’Indonésiens ne porte qu’un seul nom, sur la chaîne de télévision Metro TV.- “J’ai demandé à Dieu de sauver ma femme” -Gilimanuk est une ville située à l’extrême nord-ouest de Bali, séparée de la grande île de Java par un étroit détroit.La traversée du port de Katapang, à l’est de Java vers le port de Gilimanuk, séparés d’environ 5 km, dure environ une heure, et est couramment effectuée par les habitants de la région.Plus de 300 sauveteurs ont été déployés vendredi pour poursuivre les recherches interrompues la veille au soir et ont repris vendredi à 08H00 locales (00H00 GMT), a indiqué l’agence de recherche et de sauvetage de Surabaya.Alors que le temps est pluvieux et nuageux, avec des vagues pouvant atteindre 1,30 mètre, un hélicoptère, deux navires de recherche et de sauvetage et quatre canots pneumatiques rigides ont été déployés. D’autres navires pourraient potentiellement participer aux opérations de recherche, selon la même source.Un garçon de trois ans, soit une sixième victime, a été retrouvé mort jeudi dans la soirée.”Je plaisantais avec ma femme. Et puis, le ferry a chaviré. L’accident est arrivé très vite”, a raconté à l’AFP jeudi soir, en larmes, Febriani, un homme de 27 ans.”J’ai demandé à Dieu de sauver ma femme. Finalement, (elle) est morte, mais j’ai survécu. J’ai sauté (du bateau) avec elle. J’ai réussi à me relever, mais ma femme a été emportée”, a-t-il ajouté.Les autorités n’ont pas précisé si des étrangers se trouvaient à bord.Des vagues de 2,5 mètres de haut accompagnées de “vents forts et d’un fort courant”, ont initialement perturbé les opérations de secours, avait expliqué Nanang Sigit, directeur de l’agence de sauvetage locale basée à Surabaya.Selon la liste des personnes embarquées, 53 passagers et 12 membres d’équipage étaient à bord, mais il n’est pas rare en Indonésie que le nombre réel de passagers diffère de la liste officielle.Quatre des survivants connus ont utilisé un canot de sauvetage du ferry et ont été retrouvés en mer tôt jeudi matin.Les accidents maritimes surviennent régulièrement en Indonésie, un vaste archipel d’environ 17.000 îles, en partie en raison de normes de sécurité laxistes.En mars, un bateau transportant 16 personnes a chaviré dans des conditions de mer agitée au large de la même île touristique de Bali. Une Australienne a trouvé la mort et au moins une autre personne a été blessée.

Comment la loi budgétaire Trump va-t-elle affecter le climat ?

Avec l’adoption par le Congrès américain de son vaste projet de loi budgétaire, le président climatosceptique Donald Trump revient comme il l’avait promis sur plusieurs mesures prises par son prédécesseur Joe Biden pour lutter contre le réchauffement climatique et accélérer la transition énergétique.Voici un point sur les mesures et conséquences attendues de ce texte, que le républicain a surnommé avec emphase “grande et belle loi”.- Energies renouvelables -En 2022, M. Biden, président démocrate de l’époque avait fait passer un grand plan nommé Inflation Reduction Act (IRA) prévoyant des inédits investissements dans la transition énergétiques. Parmi eux: environ 370 milliards de dollars de crédits d’impôt dédiés aux projets d’énergie renouvelable ou encore à l’achat d’appareils économes en énergie, qui vont désormais être pour la plupart supprimés.Selon les nouvelles règles, les crédits restants ne pourront bénéficier qu’à des projets d’énergie mis en service avant 2027 ou dont la construction a débuté dans les 12 mois suivant la promulgation du texte.Les incitations aux travaux de rénovation énergétique seront elles aussi écourtées, tandis que les crédits d’impôts destinés aux technologies nucléaires, géothermiques ou encore à la capture du carbone perdureront.Avec la suppression d’une grande partie de ces “outils de motivation énorme”, les “projets d’énergie renouvelable sont tous à risque d’échouer complètement”, alerte Jean Su de l’ONG Center for Biological Diversity. Et ce alors que la demande d’électricité aux Etats-Unis explose face aux besoins croissants de l’intelligence artificielle.”Supprimer les incitations fiscales pour l’énergie propre signifie que toute cette nouvelle demande énergétique sera confiée à l’industrie des combustibles fossiles”, prédit Mme Su, s’inquiétant d’une augmentation à venir des émissions polluantes, notamment de gaz à effet de serre.Donald Trump, dont la campagne présidentielle a été abondamment financée par les acteurs du secteur des hydrocarbures a promis de “forer à tout-va” et a multiplié les mesures à l’encontre du secteur des énergies renouvelables et notamment de l’éolien et du solaire.Sa “belle loi” contenait d’ailleurs initialement une nouvelle taxe qui aurait été dévastatrice pour ces domaines, mais qui a fini par être retirée.- Voitures électriques -Les véhicules électriques sont également parmi les plus sévèrement touchés. Les incitations financières à l’achat de véhicules neufs ou d’occasion dits “propres” (électriques ou à hydrogène), seront écourtées et prendront fin en 2025, tandis que celles liées à l’installation de stations de charge expireront fin juin 2026.Pour Albert Gore du lobby Zero Emission Transportation Association, la loi budgétaire va enterrer l’objectif “de rendre les États-Unis compétitifs à l’échelle mondiale dans les marchés de production de minéraux, de batteries et de véhicules du futur”, cédant ainsi du terrain à la Chine.Le texte va également permettre de réduire à zéro les amendes encourues par les constructeurs automobiles qui n’appliqueraient pas les normes d’économie de carburant. Or, “si vous dites à un enfant avant un contrôle qu’il n’y a aura aucune pénalité s’il triche, que pensez-vous qu’il va faire?”, relève, sarcastique, Dan Becker du Center for Biological Diversity.- Charbon et méthane -D’autres dispositions de l’IRA, bénéfiques aux entreprises des énergies fossiles, comme des milliards de subvention et des autorisation de forage, vont, elles, perdurer.Le texte prévoit par ailleurs un dispositif fiscal avantageux pour le charbon utilisé dans la fabrication de l’acier et met fin à un programme destiné à aider à l’industrie des hydrocarbures à réduire ses déchets et émissions très polluantes de méthane.Il ouvre également la voie à l’exploitation des forêts et ressources en hydrocarbures et minerais de nombreuses terres publiques, y compris dans une zone très sauvage de l’Alaska.

“Grand intérêt pour des pays émergents”: le bras privé de la Banque mondiale augmente ses investissements

Dans un monde secoué par la politique économique de Donald Trump et la menace d’une guerre commerciale à grande échelle, la Société financière internationale, bras privé de la Banque mondiale, nage à contre-courant avec une pluie d’investissements.La SFI, basée à Washington, gère des capitaux privés pour financer des entreprises d’économies émergentes. Peu connue en dehors des sphères du développement économique, elle joue un rôle majeur dans dans la promotion du secteur privé au sein de ces pays et permet d’attirer des investissements étrangers.Et avec brio, selon son patron: “L’économie mondiale a traversé une période compliquée, mais je dois dire que malgré ces turbulences, nous voyons un grand intérêt pour l’investissement dans des pays émergents”, souligne Makhtar Diop lors d’un entretien avec l’AFP.Et les résultats le montrent. Au cours de l’exercice fiscal qui s’est achevé le 30 juin, les chiffres préliminaires montrent que la SFI a versé plus de 71 milliards de dollars, soit le double environ du montant d’il y a seulement trois ans et bien plus que les 56 milliards de l’année dernière.Ses investissements ont afflué vers des pays du monde entier, avec plus 20 milliards en Amérique latine, 17 vers l’Asie et 15,4 pour l’Afrique.Un succès lié au changement de stratégie de la SFI, selon son chef M. Diop, aussi ancien ministre de l’Economie du Sénégal, qui souligne une structure “plus simple, plus agile, et qui délègue les prises de décision” aux équipes sur le terrain, devenant ainsi de moins en moins centralisée. La situation économique actuelle explique aussi l’augmentation des investissements, dans un moment où les économies occidentales déboursent moins d’aide aux pays en développement, contraintes par des dettes croissantes, des dépenses de défense en hausse et des politiques de repli économique.”Il est tout à fait compréhensible qu’elles aient moins de ressources à disposition pour des subventions à destination de pays en développement”, souligne Makhtar Diop.- De Dubaï à l’Afrique -Le rôle de la SFI au sein de la Banque mondiale (BM) ne cesse de grandir. Ses financements sont aujourd’hui quasi équivalents à ceux de la BM auprès de gouvernements du monde entier.L’organisation attire de nouveaux types d’investisseurs.Beaucoup d’entre eux viennent de régions du globe qui, traditionnellement, n’investissent pas en dehors de leur zone d’origine.Un des plus gros investissements de la SFI dans les énergies renouvelables en Afrique a ainsi été réalisé avec une société basée à Dubaï.Selon M. Diop, ces investisseurs font confiance à la SFI pour sa connaissance du marché et les outils qu’elle propose pour réduire les risques.En Afrique, la SFI identifie et soutient des “champions nationaux”, soit des entreprises locales prometteuses qui ont besoin d’aide pour devenir plus compétitives. Une importante portion de cette aide est dédiée aux projets de développement durable, souligne M. Diop, pour qui développement économique et respect de l’environnement peuvent aller de pair, en particulier pour les projets d’électricité. “Les solutions durables sont souvent les moins chères, et c’est cette beauté que l’on voit”, déclare-t-il.Derrière ces investissements se cache une réalité démographique: 1,2 milliard de jeunes atteindront l’âge de travailler dans les pays en développement au cours de la prochaine décennie.”La première question de tout dirigeant d’un pays en développement est de savoir comment vous allez aider à créer des emplois pour les jeunes”, souligne Makhtar Diop.Et pour la SFI, l’aide économique vise justement à absorber grâce à des entreprises la prochaine vague de jeunes travailleurs qui déferlera sur le monde du travail.

En Corse, la PJ pointe “l’emprise de type mafieux” de 20 bandes criminelles

En Corse, 20 équipes criminelles articulées en “deux blocs” exercent une “emprise de type mafieux” en tentant de “dominer les activités légales” les plus juteuses, révèle une note de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) consultée par l’AFP.Cette fiche confidentielle, rédigée en 2025 par le service information, renseignement et analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) de la DNPJ et révélée par Le Monde, précise que “la majorité” de ces 20 bandes criminelles “ont pénétré les secteurs politiques, sociaux et économiques de l’île, et cherchent à dominer les activités légales qui leur semblent les plus lucratives”: BTP, immobilier, restauration, hôtellerie, ou batellerie.Si ces groupes sont “autonomes”, ils “ne fonctionnent pas pour autant de manière isolée”, développant “des stratégies d’alliance autour d’intérêts communs qui les conduisent à se rendre des services mutuels” pour “éviter les conflits ouverts”, analyse ce document.Pointant un “paysage instable depuis quelques mois”, les policiers l’expliquent par “une vaste recomposition bousculant les équilibres locaux et laissant craindre une escalade des tensions” dans l’île, où sept homicides dont six règlements de compte ont été commis depuis le début de l’année.Deux blocs majeurs sont identifiés, “ce qui pourrait constituer les prémices d’un nouvel équilibrage”, écrivent-ils.D’un côté, la bande criminelle du Petit Bar, dont le noyau dur vient d’être condamné à Marseille à des peines de 10 à 13 ans de prison, “reste très influente, à la tête d’une manne financière conséquente”. Elle “dispose de nombreuses connexions dans les milieux politiques et économiques et a développé des ramifications en France et à l’étranger”.Le “Petit Bar” est considéré comme allié à des “mafionalistes”, néologisme mêlant mafia et nationalistes, dont la tête serait Pierre Paoli en Corse-du-Sud.Chef présumé du mouvement clandestin FLNC UC (Front national de libération corse Union des combattants) pour la Corse-du-Sud et aujourd’hui cadre du parti indépendantiste Nazione, Pierre Paoli serait, selon le Sirasco, à la tête de “l’une des équipes les plus puissantes actuellement”, cherchant “à dominer certains secteurs (BTP, restauration) par des méthodes illégales”.- “Vendetta” -Ce premier bloc est également composé des équipes criminelles baptisées du nom de leur chefs locaux présumés: Lucchini, Pantalacci, Carboni et Costa.L’ancien militant indépendantiste Alain Lucchini est ainsi présenté comme le “patron occulte de la chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio” mais “suffisamment discret pour ne pas être trop inquiété judiciairement”.Originalité de ce premier bloc, Yassine Akhazzane, incarcéré avec une vingtaine de condamnations à son casier, serait parvenu “à constituer la première équipe du banditisme insulaire construite autour d’individus issus de la communauté maghrébine et des gens du voyage”.Son groupe, qui a étendu “son influence de Propriano à Ajaccio”, “pourrait profiter des connexions de Yassine Akhazzane avec les milieux marseillais et niçois pour poursuivre son développement”, “notamment la DZ Mafia”, note le Sirasco.Face à eux, dans l’autre alliance d’équipes criminelles, figurent les clans Mattei, Luciani, Sisti, Germani et Codaccioni. En Haute-Corse, le clan Mattei, bien connu depuis des décennies pour sa “vendetta historique” avec la famille Costa, est présenté comme “l’une des équipes les plus puissantes du moment”, en particulier dans les stupéfiants.Cette note ayant été rédigée il y a plusieurs mois, elle ne prend pas en compte le possible affaiblissement de la bande par une série d’arrestations de ses membres, fin juin, dans l’enquête sur l’assassinat, en janvier, de Camille Orsoni, considéré comme proche des Costa.Autre allié de ce second bloc, la bande dite des “Africains”, surnommés ainsi pour leur lien entre le Gabon et la Corse, autour de l’homme d’affaires corse Michel Tomi.Dirigée par Jean-Luc Codaccioni junior, dont le père a été tué dans le double assassinat de Bastia-Poretta en décembre 2017, cette bande “dispose d’une surface financière considérable qui lui permet de sous-traiter à des hommes de main l’exécution de contrats portant sur des projets criminels”, précise le Sirasco.Codaccioni junior poursuivrait “une vendetta” contre “l’alliance Guazzelli-Michelosi-Mariani” qui a été condamnée pour l’assassinat de son père. “Les Africains” chercheraient aussi à “s’établir en Balagne” (nord-ouest), où une série d’incendies criminels a visé récemment des bateaux de promenade en mer, avance cette note du renseignement.

En Corse, la PJ pointe “l’emprise de type mafieux” de 20 bandes criminelles

En Corse, 20 équipes criminelles articulées en “deux blocs” exercent une “emprise de type mafieux” en tentant de “dominer les activités légales” les plus juteuses, révèle une note de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) consultée par l’AFP.Cette fiche confidentielle, rédigée en 2025 par le service information, renseignement et analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) de la DNPJ et révélée par Le Monde, précise que “la majorité” de ces 20 bandes criminelles “ont pénétré les secteurs politiques, sociaux et économiques de l’île, et cherchent à dominer les activités légales qui leur semblent les plus lucratives”: BTP, immobilier, restauration, hôtellerie, ou batellerie.Si ces groupes sont “autonomes”, ils “ne fonctionnent pas pour autant de manière isolée”, développant “des stratégies d’alliance autour d’intérêts communs qui les conduisent à se rendre des services mutuels” pour “éviter les conflits ouverts”, analyse ce document.Pointant un “paysage instable depuis quelques mois”, les policiers l’expliquent par “une vaste recomposition bousculant les équilibres locaux et laissant craindre une escalade des tensions” dans l’île, où sept homicides dont six règlements de compte ont été commis depuis le début de l’année.Deux blocs majeurs sont identifiés, “ce qui pourrait constituer les prémices d’un nouvel équilibrage”, écrivent-ils.D’un côté, la bande criminelle du Petit Bar, dont le noyau dur vient d’être condamné à Marseille à des peines de 10 à 13 ans de prison, “reste très influente, à la tête d’une manne financière conséquente”. Elle “dispose de nombreuses connexions dans les milieux politiques et économiques et a développé des ramifications en France et à l’étranger”.Le “Petit Bar” est considéré comme allié à des “mafionalistes”, néologisme mêlant mafia et nationalistes, dont la tête serait Pierre Paoli en Corse-du-Sud.Chef présumé du mouvement clandestin FLNC UC (Front national de libération corse Union des combattants) pour la Corse-du-Sud et aujourd’hui cadre du parti indépendantiste Nazione, Pierre Paoli serait, selon le Sirasco, à la tête de “l’une des équipes les plus puissantes actuellement”, cherchant “à dominer certains secteurs (BTP, restauration) par des méthodes illégales”.- “Vendetta” -Ce premier bloc est également composé des équipes criminelles baptisées du nom de leur chefs locaux présumés: Lucchini, Pantalacci, Carboni et Costa.L’ancien militant indépendantiste Alain Lucchini est ainsi présenté comme le “patron occulte de la chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio” mais “suffisamment discret pour ne pas être trop inquiété judiciairement”.Originalité de ce premier bloc, Yassine Akhazzane, incarcéré avec une vingtaine de condamnations à son casier, serait parvenu “à constituer la première équipe du banditisme insulaire construite autour d’individus issus de la communauté maghrébine et des gens du voyage”.Son groupe, qui a étendu “son influence de Propriano à Ajaccio”, “pourrait profiter des connexions de Yassine Akhazzane avec les milieux marseillais et niçois pour poursuivre son développement”, “notamment la DZ Mafia”, note le Sirasco.Face à eux, dans l’autre alliance d’équipes criminelles, figurent les clans Mattei, Luciani, Sisti, Germani et Codaccioni. En Haute-Corse, le clan Mattei, bien connu depuis des décennies pour sa “vendetta historique” avec la famille Costa, est présenté comme “l’une des équipes les plus puissantes du moment”, en particulier dans les stupéfiants.Cette note ayant été rédigée il y a plusieurs mois, elle ne prend pas en compte le possible affaiblissement de la bande par une série d’arrestations de ses membres, fin juin, dans l’enquête sur l’assassinat, en janvier, de Camille Orsoni, considéré comme proche des Costa.Autre allié de ce second bloc, la bande dite des “Africains”, surnommés ainsi pour leur lien entre le Gabon et la Corse, autour de l’homme d’affaires corse Michel Tomi.Dirigée par Jean-Luc Codaccioni junior, dont le père a été tué dans le double assassinat de Bastia-Poretta en décembre 2017, cette bande “dispose d’une surface financière considérable qui lui permet de sous-traiter à des hommes de main l’exécution de contrats portant sur des projets criminels”, précise le Sirasco.Codaccioni junior poursuivrait “une vendetta” contre “l’alliance Guazzelli-Michelosi-Mariani” qui a été condamnée pour l’assassinat de son père. “Les Africains” chercheraient aussi à “s’établir en Balagne” (nord-ouest), où une série d’incendies criminels a visé récemment des bateaux de promenade en mer, avance cette note du renseignement.

A Fresnes, six semaines pour évaluer la dangerosité des criminels avant la sortie de prison

Au bout de combien d’années est-on prêt à sortir de prison ? Comment savoir si on est encore dangereux ? A la prison de Fresnes, des criminels jouent leur avenir lors d’une évaluation de six semaines, obligatoire avant une éventuelle remise en liberté.Il flotte comme un parfum de rentrée dans cette aile coupée du brouhaha de la détention classique par une porte sécurisée et un écriteau rouge aux lettres dorées: Centre national d’évaluation (CNE). Au compte-gouttes, une vingtaine d’hommes s’installent sur les chaises en plastique du gymnase, s’observent du coin de l’oeil. Pas mal de cheveux gris, quelques dreads et tatouages, des maillots de foot, une béquille, des lunettes en cordon autour du cou.Des centaines de détenus passent chaque année dans les quatre CNE de France pour cette évaluation, imposée aux condamnés à de longues peines qui ont demandé une libération conditionnelle. “Bonjour, allez-y, installez-vous”, encourage la directrice, assise avec son équipe derrière une table en bois. Sous leurs yeux, les fiches des détenus. Vol avec arme et meurtre, assassinat, viols sur mineurs, personne vulnérable ou conjoint… “Vous êtes ici pour une évaluation de dangerosité”, lance la directrice qui “sait” que “ce n’est pas simple” de revenir devant des inconnus sur sa vie et la raison d’une incarcération. Mais “soyez actifs, ayez les clefs entre vos mains”.- “On va penser que c’est trop tôt” -Chaque détenu se voit attribuer un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (Cpip), un psychologue, qui le verront 4-5 fois chacun en tête-à-tête, et un surveillant qui observera son comportement. Leur synthèse sera envoyée au juge chargé de statuer sur la libération. Si elle est rejetée, il faudra recommencer – voire repasser par le CNE au-delà de deux ans.Les entretiens se déroulent dans d’anciennes cellules au premier étage du bâtiment. Barreaux aux fenêtres, alarmes “coup de poing” au mur, en plus de celles que les professionnels portent à la ceinture – même si les incidents sont extrêmement rares.Nicolas*, 34 ans, joues rebondies par un éternel sourire, entre dans le bureau de sa Cpip Solène. Il portait le premier jour une veste de sport noire floquée au dos de lettres blanches disant “j’ai trois enfants magnifiques”, suivies de leurs prénoms.Aux surveillants il a décrit les cadeaux qu’il confectionne pour eux. En omettant de préciser que la cour d’assises lui a totalement retiré l’autorité parentale en le condamnant à 11 ans pour violences et viols quasi-quotidiens de son épouse. “La femme qui m’a mis en prison”, comme il dit avant que sa Cpip ne corrige: “C’est vous qui vous êtes mis en prison tout seul, Monsieur”.Nicolas acquiesce poliment. Raconte sa vie sentimentale et familiale à la demande de Solène. Mais pas un mot sur ce qui lui vaut d’être ici. Solène l’interroge sur cette fois où il a laissé sa femme enceinte de six mois sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, de nuit, après une dispute. “J’en suis pas fier”, répond Nicolas, dont le visage se crispe légèrement. Et la fois où il lui a ouvert l’arcade ? “Une grosse journée à l’usine, ça a fini en bousculade”. Les viols conjugaux ? “Un petit câlin après une dispute elle prenait ça pour un viol”. Sa femme a fini par porter plainte après une ultime soirée de cauchemar, où il l’avait traînée depuis la salle de bain avant de la violer par terre dans leur chambre.”J’ai 140 personnes qui attestent que j’étais un super bonhomme”, s’énerve Nicolas. “La violence, elle vient de l’alcool et je ne bois plus”.  “L’alcool facilite la violence, mais il n’en est pas à l’origine”, essaie de faire comprendre la Cpip. “C’est à ça aussi que sert la peine, que vous vous mettiez au travail”. Nicolas ne voit pas. Parle d’un codétenu “qui a fait des trucs aux enfants et qui a pris moins”. “On n’aime pas quand vous comparez des faits qui n’ont rien à voir”, répond la Cpip. Nicolas n’écoute plus vraiment.”Oui, mais y a un moment j’aimerais bien sortir quand même”.  Un silence.- “Faut me laisser une chance, j’ai l’employeur qui me reprend, mes parents…- Nous on a la crainte qu’il y ait un risque de récidive car c’est pas tout à fait mature. On va penser que c’est trop tôt”.Fin de l’entretien. Sur le visage de Nicolas, le sourire a disparu.- L’échiquier de la vie -“Aujourd’hui on va parler des choses présentes dans votre vie”, dit sa Cpip à Yacine, 39 ans, survêtement et cheveux coiffés. Condamné à 15 ans dans une affaire de séquestration avec torture sur fond de trafic de stupéfiants, il a déjà purgé une dizaine d’années. La Cpip déploie un échiquier imprimé, montre les pions. Le roi, “c’est vous”. A lui de dire ce qu’il met sur les dames, tours, cavaliers…La méthode aide “les personnes réfractaires à parler”, explique-t-elle hors entretien. Effectivement au fil des pions, Yacine déroule sa vie. Sans surprise il met sa femme et ses enfants tout en haut. Puis la liberté. “Je sacrifierai plus jamais ça”, dit-il d’une voix peu assurée. “Ma femme a rien demandé, pour vivre seule, éduquer mes enfants seule, tout gérer seule. C’est pendant ces années que je me suis rendu compte, mais ça se rattrape pas”.Ensuite: “les loisirs”. “En détention j’ai appris la peinture, sourit-il. Je me disais c’est pour les bourgeois mais en fait une toile c’est cinq euros, la peinture, avec 20 euros vous avez toutes les couleurs et les pinceaux ça coûte rien”.D’autres choses qui paraissaient inaccessibles ? “Les grandes écoles… l’école tout court”, qu’il a vite lâchée. Au quartier, il y avait ce copain “bien habillé” sans “soucis financiers”… “ça m’a donné envie”. De quoi ? “De briller”.”C’est à partir de là que j’ai basculé dans les conneries. On m’a forcé à rien du tout. Je me sentais invincible et trois mois après je me suis retrouvé en prison” pour la première fois, poursuit Yacine qui en a oublié l’échiquier.”Quand je vois ce qu’il se passe aujourd’hui, des petits de 14 ans qui se tuent pour de la drogue… Je suis pas fier de moi, j’ai participé à ça”.- “Tout est carré” -De l’autre côté du couloir dans le bureau du surveillant en uniforme bleu de la pénitentiaire, se trouve Olivier, un ancien commercial condamné à 23 ans de réclusion pour avoir tué sa femme. Le passage au CNE se passe bien ? s’enquiert le gradé – Olivier ne sort ni en promenade ni en activité.”Je veux pas polluer mon évaluation… Ca fait 12 ans que je suis en prison, je connais la maison. +T’as fait quoi, et lui…+ Ca m’intéresse pas ça, chef”. Jambes écartées sur sa chaise et mains jointes pour convaincre, le détenu de 50 ans parle bien. “Je suis coupable donc c’est normal que je sois en prison”. Mais maintenant que sa période de sûreté (où il ne pouvait pas demander de libération) a pris fin, Olivier “aspire à une chose: sortir”.”J’estime avoir prouvé à tout le monde que je suis une personne réinsérable et pas dangereuse. Vous savez chef, le comportement que j’ai en détention c’est celui que j’ai dehors”.Le gradé, impassible, lui demande ce qu’il fera en cas de libération.”Trouver un travail d’ouvrier à l’usine”, se réinstaller chez lui, avec ses parents et son fils. “Je suis peinard, j’ai déjà le logement. Les enquêtes de voisinage des gendarmes sont déjà faites, elles sont bonnes, tout est carré”. Avec les proches ? “Impeccable”, promet encore Olivier.Quant au CNE, pas d’inquiétude. “Tout se passe bien, l’équipe est aux petits soins”.- Le bilan -Quatre semaines après le début du cycle, c’est l’heure d’un bilan d’équipe. Salle de réunion, dossiers “dangerosité” sur les tables en U. Les professionnels n’aiment pas ce mot qui signifie “tout et rien”. “C’est bien beau de dire +il est dangereux+ mais on fait quoi ? A un moment il va sortir”, commente une Cpip. La récidive criminelle est plus basse (autour de 10% en 2023) que la récidive délictuelle (presque 24%). Et à l’opposé des discours politiques réclamant au fil des faits divers fermeté et peines de prison intégralement appliquées, tout le monde s’accorde ici à dire que mieux vaut un aménagement de peine accompagné des années plus tôt qu’une sortie “sèche” du jour au lendemain.Pour Nicolas, l’homme condamné pour de multiples viols sur son épouse, ça ne sera pas pour tout de suite. “Il a le discours de quelqu’un en début de peine alors qu’il sort en 2028, c’est pas très rassurant”, commente sa Cpip, recommandant des groupes de parole en détention.On passe à Olivier, l’ancien commercial qui a tué sa femme. “Il est assez fier de son parcours exemplaire. Il lisse beaucoup, c’est trop gros, trop parfait. Pour autant il n’est pas inauthentique”, estime sa conseillère. Et s’il a “encore du travail à faire sur la réflexion”, il n’y a pas de “risque de récidive élevé”, juge-t-elle.Pour Yacine, qui avait juré devant son échiquier que le trafic c’était “terminé”, les professionnels sont plutôt confiants également. Il a déjà eu une vingtaine de permissions de sortie sans incident et a trouvé une association de réinsertion pour l’accompagner une fois dehors, sous bracelet électronique. Certes il n'”assume pas pleinement” son rôle parmi les têtes de réseau dans son affaire et est facilement retombé dans le trafic de drogues à cause de difficultés financières – “ça reste le point de vigilance”, note sa Cpip. Mais il a vieilli, mûri, acheté un pavillon avec sa femme… il “semble déterminé, prêt à changer de vie”, abonde le surveillant. “Donc plutôt favorable ?”, demande la directrice. La Cpip approuve: “On a envie d’y croire”.- “Faudra pas tout dire” -Les six semaines touchent à leur fin. Romain, 44 ans, style propret qui détonne – jean, baskets blanches, petit pull – voit le psychologue pour un dernier entretien. Il a été condamné à 15 ans de prison pour des viols sur plusieurs enfants. Comme souvent dans ces affaires, il a été victime, petit.En détention il a suivi un traitement inhibiteur de libido, validé une formation d’assistant de direction, prospecté pour récolter une promesse d’embauche. S’il sort il aura un suivi psy, un groupe de soutien disponible 24h/24. Au CNE les avis sont bons, et il est probable qu’après plus de 10 ans en prison sa demande soit validée.Comment l’envisage-t-il ?, demande le psychologue.Romain a peur. Pas de “reproduire les actes de mon passé”, dit-il: “s’il y a quelque chose qui remonte, je saurai qui appeler”.Ce qu’il craint surtout, c’est de devenir un paria à son retour dans la société. Que quelqu’un “vienne à savoir” ce qu’il a fait. Qu’on ne l’invite pas “parce qu’il y a les enfants à la maison”.S’il pouvait expliquer, il dirait “accordez-moi deux heures et on parle. Si après vous avez plus envie de me voir…” Et même dans ce cas, “comment on enclenche le sujet ? Est-ce qu’il faut en parler avant ?”, s’interroge-t-il à voix haute. Et s’il le fait, comment les autres, à commencer par ses voisins, vont-ils réagir ?Le psy tempère: “Ca dépend des gens et de leur histoire”. Et puis, ajoute-t-il, “vous avez le droit de fermer la porte si vous ne voulez pas l’ouvrir, vous pouvez vous recréer”.(* tous les prénoms ont été modifiés.)