Nvidia et AMD verseront à Washington 15% de leurs revenus sur la vente de puces IA à la Chine

Les géants américains des semi-conducteurs Nvidia et Advanced Micro Devices ont accepté de verser au gouvernement américain 15% de leurs revenus provenant de la vente de puces IA à la Chine, selon des informations parues dimanche dans les médias.Le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a rencontré le président américain Donald Trump à la Maison Blanche mercredi et a accepté de reverser au gouvernement américain une partie de ses revenus, un arrangement très inhabituel dans le commerce international des technologies, selon des informations publiées dans le Financial Times, Bloomberg et le New York Times.L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier immédiatement ces informations.Le mois dernier, Nvidia, premier producteur mondial de semi-conducteurs, est devenu la première entreprise à dépasser les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, montrant à quel point les marchés misent sur l’intelligence artificielle, en train de révolutionner l’économie mondiale.La société californienne est au coeur de la rivalité technologique entre Pékin et Washington. L’accès des entreprises chinoises à ses puces avancées “H20” constitue un enjeu majeur dans les discussions commerciales entre les deux puissances.Mais début juillet, Nvidia a indiqué qu’il reprendrait les ventes de ses puces H20 en Chine, après que les autorités américaines ont levé certaines restrictions à l’exportation vers le pays asiatique.La société Advanced Micro Devices (AMD), basée dans la Silicon Valley, versera également 15 % de ses revenus sur les ventes en Chine de ses puces MI308, dont l’exportation vers ce pays lui était auparavant interdite.Selon le New York Times, cet accord pourrait rapporter plus de 2 milliards de dollars au gouvernement américain.Le président américain Donald Trump avait annoncé mercredi qu’il comptait imposer 100% de droits de douane sur les “puces et semi-conducteurs”, sans préciser, pour l’instant, la date d’entrée en vigueur de cette nouvelle taxe douanière.

Nvidia et AMD verseront à Washington 15% de leurs revenus sur la vente de puces IA à la Chine

Les géants américains des semi-conducteurs Nvidia et Advanced Micro Devices ont accepté de verser au gouvernement américain 15% de leurs revenus provenant de la vente de puces IA à la Chine, selon des informations parues dimanche dans les médias.Le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a rencontré le président américain Donald Trump à la Maison Blanche mercredi et a accepté de reverser au gouvernement américain une partie de ses revenus, un arrangement très inhabituel dans le commerce international des technologies, selon des informations publiées dans le Financial Times, Bloomberg et le New York Times.L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier immédiatement ces informations.Le mois dernier, Nvidia, premier producteur mondial de semi-conducteurs, est devenu la première entreprise à dépasser les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, montrant à quel point les marchés misent sur l’intelligence artificielle, en train de révolutionner l’économie mondiale.La société californienne est au coeur de la rivalité technologique entre Pékin et Washington. L’accès des entreprises chinoises à ses puces avancées “H20” constitue un enjeu majeur dans les discussions commerciales entre les deux puissances.Mais début juillet, Nvidia a indiqué qu’il reprendrait les ventes de ses puces H20 en Chine, après que les autorités américaines ont levé certaines restrictions à l’exportation vers le pays asiatique.La société Advanced Micro Devices (AMD), basée dans la Silicon Valley, versera également 15 % de ses revenus sur les ventes en Chine de ses puces MI308, dont l’exportation vers ce pays lui était auparavant interdite.Selon le New York Times, cet accord pourrait rapporter plus de 2 milliards de dollars au gouvernement américain.Le président américain Donald Trump avait annoncé mercredi qu’il comptait imposer 100% de droits de douane sur les “puces et semi-conducteurs”, sans préciser, pour l’instant, la date d’entrée en vigueur de cette nouvelle taxe douanière.

Dans un village américain, Trump crispe le voisinage

Berkeley Springs est un concentré d’Amérique, des tensions qui l’agitent. Ses habitants se pressent au petit matin à la boulangerie, se sourient, mais évitent désormais de prononcer un nom qui crispe: Donald Trump.Le tourbillon Trump divise plus que jamais en deux mondes les 850 habitants de ce village de Virginie-Occidentale, dans l’est des Etats-Unis: les conservateurs, ancrés dans la région depuis des générations, et les progressistes, venus des grandes villes s’installer au creux des Appalaches, montagnes vertes aux pentes douces.La cohabitation, calme pendant des décennies, se tend.”Ceux qui restaient silencieux jusqu’à maintenant élèvent la voix pour défendre leurs droits, ce qui énerve les autres qui élèvent la voix à leur tour. Donc aujourd’hui, tout le monde hausse le ton, et ça s’envenime… jusqu’à l’implosion”, lance dans un rire amer Kate Colby, 44 ans, propriétaire d’une petite boutique de cadeaux.Un grand drapeau aux couleurs LGBT+ est accroché sur l’un des murs. Des habitants, ancrés à droite du spectre politique, veulent qu’elle le retire.Un contentieux à l’image du pays: les progressistes ressentent comme des attaques les diatribes du président à l’encontre des minorités, quand les partisans du républicain se sentent légitimés par son discours.- “Tenir sa langue” -Cette polarisation est grandissante aux Etats-Unis, avec un président qui ne feint plus d’attaquer, pour son second mandat, l’équilibre des pouvoirs et ses adversaires politiques.Donald Trump “fait du sacré bon boulot pour tout polariser. Avec lui, c’est +tu es de mon côté, ou bien casse-toi+”, regrette Nicole Harris, 47 ans. Elle a déménagé de son Oregon natal pour ouvrir des chambres d’hôtes sur les hauteurs de Berkeley Springs, dans le nord de la Virginie-Occidentale, région rurale et industrielle où près de 90% des électeurs ont choisi Donald Trump à la dernière présidentielle.Alors pour éviter les étincelles, c’est motus et bouche cousue. Pas de discussion politique avec ses voisins, qu’elle qualifie de “très +tradis+”, ni avec ses clients, “pour ne pas nuire aux affaires”.Plus bas dans la vallée, Beth Curtin travaille dans une des belles maisons en briques du centre-ville, parsemé de boutiques d’art, cafés et restaurants. Toute sa vie réside là, dans ce pêle-mêle d’antiquités triées avec soin, qu’elle gère depuis 36 ans.Nombre de ses amies sont conservatrices, dévouées à Trump. Pas elle.”C’est un petit village, on se croise tout le temps. C’est pas comme dans les grandes villes où l’on peut fréquenter seulement des personnes avec les mêmes opinions. Ici, on va dans les mêmes restaurants, les mêmes supermarchés…. Mais comme c’est important de s’entendre avec tout le monde, j’essaie de tenir ma langue”, soupire la grand-mère d’une voix posée.- Boycott -A deux pas, Dieu, la famille, la liberté individuelle, l’Amérique de Scott Wetzel. L’homme de 62 ans, corps sec et regard vif, raconte dans un café balayé par la clim son enfance à la ferme et une vie de travail dans l’aménagement paysager puis la construction.Pour lui, les démocrates sont “des communistes” qui menacent sa façon de penser. “Quand je leur parle de liberté, leur idée est de me dicter comment vivre. Ce n’est pas ça, la liberté. Ils comprennent pas, mais on ne peut rien y faire. C’est ancré dans leur esprit”, lâche le retraité, debout derrière le comptoir.”S’ils veulent débiter leurs conneries, qu’ils le fassent. Mais je ne les écouterai pas”, continue Scott Wetzel.Début juillet, des habitants ont manifesté dans les rues de Berkeley Springs contre la “grande et belle loi” de Donald Trump, quand, à deux pas, un camion vendait des casquettes à son effigie.De nombreuses personnes boycottent des commerces dont les propriétaires ont des opinions opposées, comme Beth, la gérante du magasin d’antiquités, qui ne veut pas donner son argent “à des personnes qui ont ces idées” ultraconservatrices.”Il faut que ça change, on ne peut pas continuer comme ça. Il faut qu’on revienne à un monde où les gens vivent tranquillement côte-à-côte, comme avant Trump”, rêve Kate Colby dans son magasin de cadeaux.Sur le balcon de son élégante maison, le maire, Greg Schene, calme les esprits. Berkeley Springs, “c’est un vrai melting pot”, avoue le natif de Baltimore. Mais “je pense qu’il faut toujours essayer de trouver un entre-deux”, assène, conciliateur et souriant, l’élu qui salue les passants.

Dans un village américain, Trump crispe le voisinage

Berkeley Springs est un concentré d’Amérique, des tensions qui l’agitent. Ses habitants se pressent au petit matin à la boulangerie, se sourient, mais évitent désormais de prononcer un nom qui crispe: Donald Trump.Le tourbillon Trump divise plus que jamais en deux mondes les 850 habitants de ce village de Virginie-Occidentale, dans l’est des Etats-Unis: les conservateurs, ancrés dans la région depuis des générations, et les progressistes, venus des grandes villes s’installer au creux des Appalaches, montagnes vertes aux pentes douces.La cohabitation, calme pendant des décennies, se tend.”Ceux qui restaient silencieux jusqu’à maintenant élèvent la voix pour défendre leurs droits, ce qui énerve les autres qui élèvent la voix à leur tour. Donc aujourd’hui, tout le monde hausse le ton, et ça s’envenime… jusqu’à l’implosion”, lance dans un rire amer Kate Colby, 44 ans, propriétaire d’une petite boutique de cadeaux.Un grand drapeau aux couleurs LGBT+ est accroché sur l’un des murs. Des habitants, ancrés à droite du spectre politique, veulent qu’elle le retire.Un contentieux à l’image du pays: les progressistes ressentent comme des attaques les diatribes du président à l’encontre des minorités, quand les partisans du républicain se sentent légitimés par son discours.- “Tenir sa langue” -Cette polarisation est grandissante aux Etats-Unis, avec un président qui ne feint plus d’attaquer, pour son second mandat, l’équilibre des pouvoirs et ses adversaires politiques.Donald Trump “fait du sacré bon boulot pour tout polariser. Avec lui, c’est +tu es de mon côté, ou bien casse-toi+”, regrette Nicole Harris, 47 ans. Elle a déménagé de son Oregon natal pour ouvrir des chambres d’hôtes sur les hauteurs de Berkeley Springs, dans le nord de la Virginie-Occidentale, région rurale et industrielle où près de 90% des électeurs ont choisi Donald Trump à la dernière présidentielle.Alors pour éviter les étincelles, c’est motus et bouche cousue. Pas de discussion politique avec ses voisins, qu’elle qualifie de “très +tradis+”, ni avec ses clients, “pour ne pas nuire aux affaires”.Plus bas dans la vallée, Beth Curtin travaille dans une des belles maisons en briques du centre-ville, parsemé de boutiques d’art, cafés et restaurants. Toute sa vie réside là, dans ce pêle-mêle d’antiquités triées avec soin, qu’elle gère depuis 36 ans.Nombre de ses amies sont conservatrices, dévouées à Trump. Pas elle.”C’est un petit village, on se croise tout le temps. C’est pas comme dans les grandes villes où l’on peut fréquenter seulement des personnes avec les mêmes opinions. Ici, on va dans les mêmes restaurants, les mêmes supermarchés…. Mais comme c’est important de s’entendre avec tout le monde, j’essaie de tenir ma langue”, soupire la grand-mère d’une voix posée.- Boycott -A deux pas, Dieu, la famille, la liberté individuelle, l’Amérique de Scott Wetzel. L’homme de 62 ans, corps sec et regard vif, raconte dans un café balayé par la clim son enfance à la ferme et une vie de travail dans l’aménagement paysager puis la construction.Pour lui, les démocrates sont “des communistes” qui menacent sa façon de penser. “Quand je leur parle de liberté, leur idée est de me dicter comment vivre. Ce n’est pas ça, la liberté. Ils comprennent pas, mais on ne peut rien y faire. C’est ancré dans leur esprit”, lâche le retraité, debout derrière le comptoir.”S’ils veulent débiter leurs conneries, qu’ils le fassent. Mais je ne les écouterai pas”, continue Scott Wetzel.Début juillet, des habitants ont manifesté dans les rues de Berkeley Springs contre la “grande et belle loi” de Donald Trump, quand, à deux pas, un camion vendait des casquettes à son effigie.De nombreuses personnes boycottent des commerces dont les propriétaires ont des opinions opposées, comme Beth, la gérante du magasin d’antiquités, qui ne veut pas donner son argent “à des personnes qui ont ces idées” ultraconservatrices.”Il faut que ça change, on ne peut pas continuer comme ça. Il faut qu’on revienne à un monde où les gens vivent tranquillement côte-à-côte, comme avant Trump”, rêve Kate Colby dans son magasin de cadeaux.Sur le balcon de son élégante maison, le maire, Greg Schene, calme les esprits. Berkeley Springs, “c’est un vrai melting pot”, avoue le natif de Baltimore. Mais “je pense qu’il faut toujours essayer de trouver un entre-deux”, assène, conciliateur et souriant, l’élu qui salue les passants.

Aid cuts fuel fears on jihadist-hit Lake Chad’s shoresMon, 11 Aug 2025 06:07:45 GMT

Jihadists surrounded Ahmat Moussa’s isolated village on Lake Chad’s shores in the dead of night and then attacked — with devastating consequences for the fisherman and many of his neighbours.Boko Haram jihadists have sowed terror among those living around Lake Chad for some 15 years, disrupting the fishing, farming and herding on which millions depend.”I …

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Au Japon, une procureure dénonce un viol et se bat pour obtenir justice

Au Japon, rares sont les femmes qui osent dénoncer un viol, encore plus lorsque l’agresseur présumé est un supérieur hiérarchique… et l’un des plus hauts procureurs du pays. “Hikari” (nom d’emprunt) a eu le courage de le faire, ce qui lui a coûté cher, personnellement et professionnellement.Aujourd’hui en congé maladie prolongé, cette procureure a accepté de livrer son histoire à l’AFP lors d’un entretien, à condition que sa véritable identité ne soit pas livrée.”Ma vie s’est arrêtée depuis l’agression (…) L’autre jour, mon mari a pleuré d’une voix que je n’avais jamais entendue, il frappait contre le mur en disant qu’il n’en pouvait plus”, confie-t-elle.Dans cette affaire très médiatisée, Hikari accuse Kentaro Kitagawa  – alors chef du parquet d’Osaka – de l’avoir violée en 2018 après une soirée de travail. Ce n’est qu’en juin 2024 qu’il a été arrêté, inculpé, et que son nom a été rendu public.Peu habituée à l’alcool fort, elle explique avoir perdu connaissance en cours de soirée. Des collègues ont témoigné qu’elle était montée dans un taxi pour rentrer chez elle, mais que M. Kitagawa s’y était introduit de force.”Ce dont je me souviens ensuite, c’est d’être chez lui… en train d’être violée. C’était comme un cauchemar. Je ne pouvais pas me défendre, tétanisée à l’idée qu’il pourrait me tuer”, déclare-t-elle.- “Homme très influent” -Après l’agression, Hikari est restée silencieuse. Selon ses dires, M. Kitagawa l’aurait suppliée de ne rien dire, affirmant que cela ruinerait le parquet, allant jusqu’à évoquer un suicide.Il a pris sa retraite environ un an plus tard, mais Hikari affirme qu’il pouvait encore nuire à sa carrière. “C’était un homme très influent et puissant, j’avais peur que personne ne me croie”, raconte-t-elle.En 2024, six ans après les faits qu’elle dénonce, et après avoir été diagnostiquée d’un trouble de stress post-traumatique et s’être mise en arrêt de travail, elle porte plainte.”Pour retrouver une vie paisible avec ma famille et reprendre mon travail de procureure, j’ai estimé qu’il devait être traduit en justice”, explique-t-elle.Après être revenue brièvement au travail en septembre dernier, elle découvre que des rumeurs circulent, alléguant qu’elle avait été consentante, qu’elle n’était pas ivre… Hikari repart en arrêt maladie.Kentaro Kitagawa est actuellement jugé et se trouve en détention depuis juin 2024.Lors d’une première comparution en octobre, il n’a pas contesté les faits et a présenté ses excuses pour le “tort considérable” causé. Mais en décembre, changement de stratégie: son avocat, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP, affirme désormais qu’il pensait que la relation était consentie.Hikari a rendu publique une lettre manuscrite que Kitagawa lui avait adressée en 2019, où il présentait ses “excuses sincères pour le tort irréparable que je t’ai causé”.D’autres femmes au Japon ont ouvertement pris la parole: la journaliste Shiori Ito a gagné un procès historique en 2019 contre un célèbre présentateur télé, avant d’en tirer un documentaire nommé aux Oscars. Rina Gonoi, ex-militaire, a elle accusé ses collègues d’agressions sexuelles: trois ont été condamnés avec sursis.Toutes deux ont été saluées pour leur courage, mais aussi victimes d’un flot de haine en ligne.- Monde judiciaire verrouillé -Selon les statistiques gouvernementales, 8,1% des Japonaises ont subi un rapport sexuel non consenti. Parmi elles, seules 1,5% ont contacté la police et plus de la moitié (55,4%) n’en ont parlé à personne.Mais selon Kaori Okamoto, de l’Université Seisen, “l’idée qu’on peut parler de violences sexuelles commence à se répandre”. Psychologue clinicienne, elle observe des consultations croissantes dans les centres d’aide.Même s’il n’existe pas au Japon de mouvement #MeToo aussi massif qu’aux Etats-Unis ou en Corée du Sud, des manifestations ont eu lieu en 2019 après plusieurs relaxes dans des procès pour viol.Des réformes ont été introduites: en 2017, la définition du viol a été élargie, et depuis 2023, il n’est plus nécessaire pour les victimes de prouver qu’elles ont subi des violences ou des menaces.Dans le monde judiciaire japonais, les violences sexuelles sont, selon Hikari, “monnaie courante”. Elle affirme que 21 personnes ont été sanctionnées pour ce motif dans les parquets ces 16 dernières années, d’après les registres publics.Les procureurs, “sans pression extérieure”, “se sentent tout-puissants en gravissant les échelons”, assure-t-elle.En janvier, ses soutiens ont remis une pétition au gouvernement, signée par 58.000 personnes, pour réclamer une peine de prison ferme contre Kitagawa. Elle a depuis dépassé les 68.000 signatures.”Si je continue à m’exprimer publiquement, c’est pour affirmer haut et fort que les victimes ne sont pas coupables”, insiste Hikari. “Je ne connais pas vos visages, mais je veux que vous sachiez que je suis de votre côté.”

Au Japon, une procureure dénonce un viol et se bat pour obtenir justice

Au Japon, rares sont les femmes qui osent dénoncer un viol, encore plus lorsque l’agresseur présumé est un supérieur hiérarchique… et l’un des plus hauts procureurs du pays. “Hikari” (nom d’emprunt) a eu le courage de le faire, ce qui lui a coûté cher, personnellement et professionnellement.Aujourd’hui en congé maladie prolongé, cette procureure a accepté de livrer son histoire à l’AFP lors d’un entretien, à condition que sa véritable identité ne soit pas livrée.”Ma vie s’est arrêtée depuis l’agression (…) L’autre jour, mon mari a pleuré d’une voix que je n’avais jamais entendue, il frappait contre le mur en disant qu’il n’en pouvait plus”, confie-t-elle.Dans cette affaire très médiatisée, Hikari accuse Kentaro Kitagawa  – alors chef du parquet d’Osaka – de l’avoir violée en 2018 après une soirée de travail. Ce n’est qu’en juin 2024 qu’il a été arrêté, inculpé, et que son nom a été rendu public.Peu habituée à l’alcool fort, elle explique avoir perdu connaissance en cours de soirée. Des collègues ont témoigné qu’elle était montée dans un taxi pour rentrer chez elle, mais que M. Kitagawa s’y était introduit de force.”Ce dont je me souviens ensuite, c’est d’être chez lui… en train d’être violée. C’était comme un cauchemar. Je ne pouvais pas me défendre, tétanisée à l’idée qu’il pourrait me tuer”, déclare-t-elle.- “Homme très influent” -Après l’agression, Hikari est restée silencieuse. Selon ses dires, M. Kitagawa l’aurait suppliée de ne rien dire, affirmant que cela ruinerait le parquet, allant jusqu’à évoquer un suicide.Il a pris sa retraite environ un an plus tard, mais Hikari affirme qu’il pouvait encore nuire à sa carrière. “C’était un homme très influent et puissant, j’avais peur que personne ne me croie”, raconte-t-elle.En 2024, six ans après les faits qu’elle dénonce, et après avoir été diagnostiquée d’un trouble de stress post-traumatique et s’être mise en arrêt de travail, elle porte plainte.”Pour retrouver une vie paisible avec ma famille et reprendre mon travail de procureure, j’ai estimé qu’il devait être traduit en justice”, explique-t-elle.Après être revenue brièvement au travail en septembre dernier, elle découvre que des rumeurs circulent, alléguant qu’elle avait été consentante, qu’elle n’était pas ivre… Hikari repart en arrêt maladie.Kentaro Kitagawa est actuellement jugé et se trouve en détention depuis juin 2024.Lors d’une première comparution en octobre, il n’a pas contesté les faits et a présenté ses excuses pour le “tort considérable” causé. Mais en décembre, changement de stratégie: son avocat, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP, affirme désormais qu’il pensait que la relation était consentie.Hikari a rendu publique une lettre manuscrite que Kitagawa lui avait adressée en 2019, où il présentait ses “excuses sincères pour le tort irréparable que je t’ai causé”.D’autres femmes au Japon ont ouvertement pris la parole: la journaliste Shiori Ito a gagné un procès historique en 2019 contre un célèbre présentateur télé, avant d’en tirer un documentaire nommé aux Oscars. Rina Gonoi, ex-militaire, a elle accusé ses collègues d’agressions sexuelles: trois ont été condamnés avec sursis.Toutes deux ont été saluées pour leur courage, mais aussi victimes d’un flot de haine en ligne.- Monde judiciaire verrouillé -Selon les statistiques gouvernementales, 8,1% des Japonaises ont subi un rapport sexuel non consenti. Parmi elles, seules 1,5% ont contacté la police et plus de la moitié (55,4%) n’en ont parlé à personne.Mais selon Kaori Okamoto, de l’Université Seisen, “l’idée qu’on peut parler de violences sexuelles commence à se répandre”. Psychologue clinicienne, elle observe des consultations croissantes dans les centres d’aide.Même s’il n’existe pas au Japon de mouvement #MeToo aussi massif qu’aux Etats-Unis ou en Corée du Sud, des manifestations ont eu lieu en 2019 après plusieurs relaxes dans des procès pour viol.Des réformes ont été introduites: en 2017, la définition du viol a été élargie, et depuis 2023, il n’est plus nécessaire pour les victimes de prouver qu’elles ont subi des violences ou des menaces.Dans le monde judiciaire japonais, les violences sexuelles sont, selon Hikari, “monnaie courante”. Elle affirme que 21 personnes ont été sanctionnées pour ce motif dans les parquets ces 16 dernières années, d’après les registres publics.Les procureurs, “sans pression extérieure”, “se sentent tout-puissants en gravissant les échelons”, assure-t-elle.En janvier, ses soutiens ont remis une pétition au gouvernement, signée par 58.000 personnes, pour réclamer une peine de prison ferme contre Kitagawa. Elle a depuis dépassé les 68.000 signatures.”Si je continue à m’exprimer publiquement, c’est pour affirmer haut et fort que les victimes ne sont pas coupables”, insiste Hikari. “Je ne connais pas vos visages, mais je veux que vous sachiez que je suis de votre côté.”

Les évêques de France invitent à “reconsidérer” la promotion d’un prêtre condamné pour viol

Les évêques de France souhaitent que l’archevêque de Toulouse revienne sur sa décision de promouvoir un prêtre condamné pour viol sur mineur en 2006, estimant que cette nomination ne peut que “raviver des blessures” et “déconcerter” les fidèles.”Nous avons engagé un dialogue constructif avec Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, l’invitant à reconsidérer la décision qu’il avait prise quant à la nomination du chancelier de son diocèse”, a indiqué dimanche la présidence de la Conférence des évêques de France dans un communiqué.”En effet, une telle nomination à un poste aussi important, canoniquement et symboliquement, ne peut que raviver des blessures, réveiller des soupçons et déconcerter le peuple de Dieu”, souligne l’organisation.Début juin l’archevêque de Toulouse a nommé au poste de chancelier le prêtre Dominique Spina, condamné en 2006 à cinq ans de prison dont un avec sursis pour le viol d’un lycéen de 16 ans en 1993.L’archevêque a expliqué avoir “pris le parti de la miséricorde” pour nommer ce prêtre à qui il n’a “rien à reprocher” dans une “fonction administrative” – le chancelier établit les actes administratifs et a un rôle de conseil.Une décision qui a suscité l’incompréhension. En réaction, plusieurs collectifs de victimes d’établissements catholiques dont Notre-Dame de Bétharram ont fait part de leur “colère” face à une situation “inacceptable”.”Nous avons appris à regarder ces faits d’abord du point de vue des personnes qui en ont été les victimes et qui en subissent les conséquences à longueur de vie. Ce déplacement du regard, l’écoute bouleversante de leur détresse et de leur douleur, l’accueil de leur invitation à poursuivre humblement avec elles un chemin de vérité, ont amorcé, pour notre institution ecclésiale, un long et exigeant travail de conversion, que nous sommes résolus à poursuivre”, affirme la Conférence des évêques de France (CEF), présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille.