Au procès Kardashian, une bague de la taille d’un “carré de chocolat”
Une bague de fiançailles grosse comme une phalange, des prothèses dentaires d’or et de diamants, un collier à 230.000 euros… La cour d’assises de Paris s’intéresse désormais à l’extravagant butin dérobé à Kim Kardashian, bien loin des quelques dizaines de milliers d’euros saisis chez les voleurs présumés.Trois mois après le braquage de la reine des influenceuses, gros coup de filet le 9 janvier 2017: la police interpelle la plupart de ceux qui sont désormais assis sur le banc des accusés. Et fouille leurs maisons. Dans leurs tiroirs, ni colliers, ni diamants, encore moins de “ring” -comme avaient réclamé à Kim Kardashian de leur fort accent français les malfrats venus pour la bague à 3,5 millions d’euros-, mais un peu d’argent en coupures de 50 euros.Quelques 17.000 euros chez Aomar Ait Khedache, le cerveau présumé du braquage. Environ 141.000 euros sous des piles de linge du barman Florus Heroui. Derrière les DVD sur l’étagère du revendeur de bijoux présumé Marceau Baum-Gertner (décédé avant le procès), 5.000 euros. Chez le fils de Yunice Abbas, qui a reconnu avoir été l’un des guetteurs, ce sont 65.000 euros qui ont été retrouvés, en grande partie dans un sac plastique.”C’est pas un montant dérisoire ?”, s’étonne le président David De Pas. Le butin total a été estimé à neuf millions d’euros, le plus gros vol d’un particulier depuis 20 ans. “On est sur des bijoux de marque ayant tous des singularités… la bague c’est 19 carats, c’est un carré de chocolat”, s’exclame l’enquêteur à la barre. “C’est difficile à refourguer”, certifie-t-il, expliquant que les receleurs arrivent généralement “à tirer 10 à 15%” du prix réel des bijoux, pas plus.- “Ça fait beaucoup de risque pour peu d’argent …”, dit le président- “Un coup par an à 70.000 euros, ça fait un bon train de vie”, répond l’enquêteur.Et pourtant, avance encore le magistrat, les policiers étaient persuadés que les malfrats préparaient au moment de leur arrestation un “autre coup”.- “Ah bah oui, mais c’est leur métier, monsieur le président”.- “Dauphins” -Les accusés, qui contestent pour la plupart leur implication, ne seront interrogés que la semaine prochaine, après l’audition mardi de Kim Kardashian.En attendant, les enquêteurs se succèdent à la barre pour répondre aux questions. Chaque avocat choisit son angle d’attaque pour défendre son client. Quitte, parfois, à perdre le reste de la salle: “Le problème là , c’est qu’il n’y a que vous deux qui vous comprenez, un peu comme les dauphins qui communiquent”, avait interrompu le président la veille au soir. Les enquêteurs ont la certitude que les bijoux ont été revendus à Anvers, plaque tournante du diamant. Le policier à la barre évoque les allers-retours de certains accusés en Belgique, notamment un rendez-vous de “quatre heures” dans une bijouterie, avec un curieux “manège” de diamantaires défilant dans la boutique. La police estime que, vu le montant, plusieurs bijoutiers se sont regroupés à plusieurs pour racheter le butin.La veille, le président avait fait défiler à l’écran les photos des 24 bijoux déclarés volés. Entre selfies moue boudeuse avec une copine ou à l’opéra, couverture de magazine et photos de mariage avec Kanye West (ils sont depuis séparés), on y voit Kim Kardashian portant ses “boucles d’oreille en or blanc” -“là on est à 351.000 euros”-, ou son bracelet panthère Cartier “à 95.000 euros”. Ici encore, Kim Kardashian mangeant une barbe à papa munie de bracelets Hermès – “55.000, 94.000, 100.000 je crois” poursuit le magistrat au ton désabusé-, une montre Rolex en or, “trois prothèses dentaires décoratives en or et diamant”. Et enfin “la fameuse bague évaluée à quatre millions de dollars”.”Qu’on comprenne bien quel a été le butin”, dit le président.Pendant l’enquête, Aomar Ait Khedache a uniquement reconnu la revente de 800 grammes d’or fondu (afin d’éviter que les bijoux ne soient reconnus), pour un montant de 25 à 28.000 euros, et de “petits éclats de diamants”. Il a soutenu que l’équipe avait eu “trop peur” de revendre la bague trop facilement repérable et que l’un d’entre eux l’avait conservée, sans vouloir dire qui.
Trump reçoit Carney, élu par les Canadiens pour lui tenir tête
Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney est arrivé mardi à la Maison Blanche pour une rencontre sous tension avec Donald Trump face auquel il a promis d’être ferme mais qu’il devra éviter de braquer s’il veut lui arracher un compromis commercial.L’entrevue dans le Bureau ovale, qui sera suivie d’un déjeuner de travail, pourrait être tendue au vue des déclarations du président américain à quelques minutes de la rencontre.”Nous n’avons pas besoin de leurs voitures, nous n’avons pas besoin de leur énergie, nous n’avons pas besoin de leur bois, nous n’avons besoin de RIEN de ce qu’ils ont, à part leur amitié, que nous espérons préserver”, a déclaré Donald Trump sur son réseau social Truth social.”Eux, en revanche, ont besoin de TOUT de notre part!”, estime-t-il.A l’arrivée du chef du gouvernement canadien, les deux hommes se sont serré la main et ont échangé quelques mots puis Donald Trump a levé le poing à l’attention des photographes, imité par Mark Carney.Il ne faut pas s’attendre à de la “fumée blanche” à l’issue de la réunion, avait averti vendredi le nouveau dirigeant canadien, usant d’une métaphore d’actualité en ces temps de conclave.Selon lui, l’ancienne relation entre les deux pays fondée sur “une intégration croissante” est “terminée”, et il s’agit de savoir comment les deux pays “vont coopérer à l’avenir”. Face à lui, le président américain s’estime en position de force: il a déjà imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, notamment, et menace son voisin du Nord de taxes douanières généralisées de 25%.- “Très sympathique” -“J’imagine qu’il veut conclure un accord”, a dit Donald Trump lundi à propos de son visiteur.La semaine dernière, il avait qualifié le nouveau chef du gouvernement canadien d'”homme très sympathique”, un ton incomparablement plus amène que celui réservé à l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, pour lequel le milliardaire républicain a une féroce antipathie.Mark Carney, vainqueur la semaine dernière des élections législatives alors que sa formation, le parti libéral, était il y a encore quelques mois promise à une cuisante défaite, a résumé vendredi sa délicate position de négociation.”Mon gouvernement va se battre pour décrocher le meilleur accord (commercial). Cela prendra le temps nécessaire, mais pas plus”, a dit le dirigeant libéral, ancien banquier central rompu à la gestion de crise qui a par exemple tenu le gouvernail de la Banque d’Angleterre dans la tempête du Brexit.Technocrate sans expérience de campagne, Mark Carney doit en bonne partie son élection à Donald Trump.Depuis son retour au pouvoir, ce dernier a lancé contre le Canada des attaques commerciales mais aussi politiques particulièrement violentes, en répétant que le gigantesque pays était voué à devenir le 51e Etat américain.- Conclure des “deals” -“C’est un moment très important pour (le nouveau dirigeant canadien), puisqu’il a martelé pendant la campagne qu’il pouvait affronter M. Trump”, a expliqué à l’AFP Geneviève Tellier, politologue à l’université d’Ottawa.”Cela doit bien se passer pour laisser une chance pour la suite”, a souligné la politologue, pour qui le pire scénario serait une altercation publique telle que celle ayant opposé Donald Trump au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale.Le nouveau Premier ministre, au tempérament mesuré et à l’expression prudente, a une personnalité fort différente de celle de l’éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de Justin Trudeau.Les Etats-Unis et le Canada sont liés par un accord de libre-échange conclu pendant le premier mandat de Donald Trump, et qui pourrait selon certains analystes être revu. Mais renégocier le texte serait un processus long et compliqué peu compatible avec la volonté du président américain de conclure rapidement des “deals” commerciaux spectaculaires.L’entrevue de mardi avec Mark Carney servira aussi de baromètre avant le sommet du G7, prévu au Canada en juin, rassemblant les dirigeants de pays particulièrement bousculés par Donald Trump depuis son retour au pouvoir.Le groupe des 7 réunit l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. L’Union européenne y est également représentée.
Trump reçoit Carney, élu par les Canadiens pour lui tenir tête
Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney est arrivé mardi à la Maison Blanche pour une rencontre sous tension avec Donald Trump face auquel il a promis d’être ferme mais qu’il devra éviter de braquer s’il veut lui arracher un compromis commercial.L’entrevue dans le Bureau ovale, qui sera suivie d’un déjeuner de travail, pourrait être tendue au vue des déclarations du président américain à quelques minutes de la rencontre.”Nous n’avons pas besoin de leurs voitures, nous n’avons pas besoin de leur énergie, nous n’avons pas besoin de leur bois, nous n’avons besoin de RIEN de ce qu’ils ont, à part leur amitié, que nous espérons préserver”, a déclaré Donald Trump sur son réseau social Truth social.”Eux, en revanche, ont besoin de TOUT de notre part!”, estime-t-il.A l’arrivée du chef du gouvernement canadien, les deux hommes se sont serré la main et ont échangé quelques mots puis Donald Trump a levé le poing à l’attention des photographes, imité par Mark Carney.Il ne faut pas s’attendre à de la “fumée blanche” à l’issue de la réunion, avait averti vendredi le nouveau dirigeant canadien, usant d’une métaphore d’actualité en ces temps de conclave.Selon lui, l’ancienne relation entre les deux pays fondée sur “une intégration croissante” est “terminée”, et il s’agit de savoir comment les deux pays “vont coopérer à l’avenir”. Face à lui, le président américain s’estime en position de force: il a déjà imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, notamment, et menace son voisin du Nord de taxes douanières généralisées de 25%.- “Très sympathique” -“J’imagine qu’il veut conclure un accord”, a dit Donald Trump lundi à propos de son visiteur.La semaine dernière, il avait qualifié le nouveau chef du gouvernement canadien d'”homme très sympathique”, un ton incomparablement plus amène que celui réservé à l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, pour lequel le milliardaire républicain a une féroce antipathie.Mark Carney, vainqueur la semaine dernière des élections législatives alors que sa formation, le parti libéral, était il y a encore quelques mois promise à une cuisante défaite, a résumé vendredi sa délicate position de négociation.”Mon gouvernement va se battre pour décrocher le meilleur accord (commercial). Cela prendra le temps nécessaire, mais pas plus”, a dit le dirigeant libéral, ancien banquier central rompu à la gestion de crise qui a par exemple tenu le gouvernail de la Banque d’Angleterre dans la tempête du Brexit.Technocrate sans expérience de campagne, Mark Carney doit en bonne partie son élection à Donald Trump.Depuis son retour au pouvoir, ce dernier a lancé contre le Canada des attaques commerciales mais aussi politiques particulièrement violentes, en répétant que le gigantesque pays était voué à devenir le 51e Etat américain.- Conclure des “deals” -“C’est un moment très important pour (le nouveau dirigeant canadien), puisqu’il a martelé pendant la campagne qu’il pouvait affronter M. Trump”, a expliqué à l’AFP Geneviève Tellier, politologue à l’université d’Ottawa.”Cela doit bien se passer pour laisser une chance pour la suite”, a souligné la politologue, pour qui le pire scénario serait une altercation publique telle que celle ayant opposé Donald Trump au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale.Le nouveau Premier ministre, au tempérament mesuré et à l’expression prudente, a une personnalité fort différente de celle de l’éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de Justin Trudeau.Les Etats-Unis et le Canada sont liés par un accord de libre-échange conclu pendant le premier mandat de Donald Trump, et qui pourrait selon certains analystes être revu. Mais renégocier le texte serait un processus long et compliqué peu compatible avec la volonté du président américain de conclure rapidement des “deals” commerciaux spectaculaires.L’entrevue de mardi avec Mark Carney servira aussi de baromètre avant le sommet du G7, prévu au Canada en juin, rassemblant les dirigeants de pays particulièrement bousculés par Donald Trump depuis son retour au pouvoir.Le groupe des 7 réunit l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. L’Union européenne y est également représentée.
Trump and Canada’s Carney hold high-stakes meeting
Canadian Prime Minister Mark Carney held highly anticipated talks with Donald Trump at the White House Tuesday amid tensions over the US president’s tariffs and threats of annexation.Trump slammed Canada on Truth Social for effectively freeloading off the United States just minutes before greeting the recently reelected Carney outside the West Wing.Liberal leader Carney, 60, won the Canadian election on a pledge to stand up to Trump, saying the United States would never “own us” and warning that ties between the North American neighbors could never be the same.Republican Trump, 78, has sparked a major trade war with Canada with his tariffs while repeatedly making extraordinary calls for the key NATO ally and major trading partner to become the 51st US state.Trump said ahead of Carney’s arrival that “I very much want to work with him” but pointed to a possibly tense meeting.”Why is America subsidizing Canada by $200 Billion Dollars a year, in addition to giving them FREE Military Protection, and many other things?” Trump posted on Truth Social.”We don’t need ANYTHING they have, other than their friendship, which hopefully we will always maintain. The Prime Minister will be arriving shortly and that will be, most likely, my only question of consequence.”After his tough talk on the campaign trail, Carney will meanwhile be seeking to cool the temperature and move towards a trade deal.”Canada and the United States are strongest when we work together — and that work starts now,” Carney said on X as he arrived in Washington on Monday night.Trump slapped general tariffs of 25 percent on Canada and Mexico and sector-specific levies on autos, some of which have been suspended pending negotiations. He has also imposed similar duties on steel and aluminum.Carney has vowed to remake NATO member Canada’s ties with the United States in perhaps its biggest political and economic shift since World War II.- ‘Old relationship’ -“Our old relationship based on steadily increasing integration is over. The questions now are how our nations will cooperate in the future,” Carney said in his first post-election press conference on Friday.The Canadian leader said he would also “fight to get the best deal” on the tariffs.But Trump’s ultra-loyal Commerce Secretary Howard Lutnick said it would be “really complex” to reach a deal.”They have their socialist regime and it’s basically feeding off of America,” he told Fox Business on Monday. “I just don’t see how it works out perfectly.”The US president inserted himself into Canada’s election early on with a social media post saying Canada would face “ZERO TARIFFS” if it “becomes the cherished 51st state.”Pierre Poilievre’s Conservative Party had been on track to win the vote but Trump’s attacks, combined with the departure of unpopular former premier Justin Trudeau, transformed the race.Carney, who replaced Trudeau as prime minister in March, convinced voters that his experience managing economic crises made him the ideal candidate to defy Trump.The political newcomer previously served as governor of the Bank of Canada and the Bank of England, and in the latter post he played a key role reassuring markets after the 2016 Brexit vote.Carney is known for weighing his words carefully but he will face a challenge dealing with the confrontational Trump on the US president’s home turf.”This is a very important moment for him, since he insisted during the campaign that he could take on Mr Trump,” Genevieve Tellier, a political scientist at the University of Ottawa, told AFP.The Canadian premier would also have to avoid the fate of Ukrainian President Volodymyr Zelensky, who walked into a brutal tongue-lashing from Trump and Vice President JD Vance in February, said Tellier.But one point in Carney’s favor is that he is not Trudeau, the slick former prime minister whom Trump famously loathed and belittled as “governor” of Canada, she added.
L’UE veut en finir avec le gaz russe d’ici fin 2027
La Commission européenne a dévoilé mardi son plan pour mettre définitivement un terme aux importations de gaz russe d’ici fin 2027, un défi difficile tant la dépendance de l’Europe demeure importante.Plus de trois ans après l’invasion de l’Ukraine, “il est maintenant temps pour l’Europe de rompre complètement ses liens énergétiques” avec la Russie de Vladimir Poutine, a lancé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.L’exécutif européen propose d’agir par étapes: l’interdiction des nouveaux contrats et des contrats courts (spot) existants avec les entreprises russes fin 2025, puis l’extinction de l’ensemble des importations de gaz depuis la Russie deux ans plus tard.Plusieurs fois reportée avant sa présentation mardi au Parlement européen à Strasbourg, cette feuille de route va être soumise aux Etats membres et au Parlement. Les discussions s’annoncent sensibles sur fond de craintes d’une nouvelle flambée des prix de l’énergie.Certes, la part des importations de gaz russe dans l’Union européenne est passée de 45% en 2021 à 19% en 2024.Mais si l’UE s’est efforcée de réduire ses approvisionnements par gazoducs, elle s’est en partie tournée vers le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par navire, déchargé dans des ports, regazéifié puis injecté dans le réseau européen.Les importations en la matière atteignent des records. Derrière les Etats-Unis (45%), la Russie occupe une place centrale avec 20% des importations de GNL de l’UE en 2024, soit 20 milliards de mètres cubes sur la centaine de milliards importés.La marche sera haute, alors que la Commission promettait dès 2022 de se passer des combustibles fossiles russes “à l’horizon 2027”.L’un des grands enjeux sera la diversification des approvisionnements.L’UE avait évoqué il y a plusieurs mois la possibilité d’augmenter encore ses importations de GNL américain. Mais les tensions commerciales avec les Etats-Unis de Donald Trump ont brouillé les cartes. – La France, porte d’entrée -Il a fallu attendre le 1er mai pour que le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, suggère de nouveau de “résoudre très rapidement” le différend avec l’administration Trump grâce à des achats de GNL américain ou de produits agricoles comme le soja.Le président des Etats-Unis avait mis une forte pression aux Européens début avril en leur réclamant des commandes massives d’énergie américaine, à hauteur de 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros).”La Commission risque de remplacer une dépendance désastreuse par une autre – débrancher le gaz de Poutine et brancher celui de Trump”, s’alarme l’organisation environnementale Greenpeace, qui plaide pour des économies d’énergie et le développement des renouvelables.Dans un entretien à l’AFP, le commissaire européen à l’énergie Dan Jorgensen mentionne pour sa part “le large éventail” de pays producteurs: Norvège, Qatar, Afrique du Nord… “Nous ne voulons dépendre d’aucun pays, y compris des États-Unis”, assure-t-il.Comment vont se positionner les Etats membres ? Certains comme la Hongrie ne cachent pas leur proximité avec Moscou. Le plan de l’UE est “une très grave erreur”, a réagi le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto.Afin de se sevrer du gaz russe, la Commission a pris les devants en optant pour une proposition législative – qui peut être adoptée à la majorité qualifiée – plutôt qu’un nouveau train de sanctions, qui nécessiterait l’unanimité des 27.Bruxelles va aussi devoir gérer la dépendance de plus en grande de certains pays au GNL russe.La France se retrouve en première ligne avec ses cinq terminaux de regazéification. Selon le groupe de réflexion IEEFA, elle a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024 et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.Dan Jorgensen déplore les centaines de milliards dépensés par les pays européens depuis le début de la guerre. “Nous avons acheté du gaz russe pour un montant supérieur à celui de l’aide que nous avons apportée à l’Ukraine”, s’est-il indigné.Au-delà du gaz, l’UE rappelle les efforts qui ont été faits pour mettre fin à la dépendance au pétrole russe, avec un embargo instauré fin 2022.Avec sa nouvelle feuille de route, Bruxelles promet de nouvelles actions contre la flotte fantôme russe, des navires pétroliers souvent vieillissants et opérés sous pavillon étranger, accusés d’être utilisés pour contourner les sanctions occidentales.Des mesures contre les importations d’uranium enrichi russe sont aussi évoquées pour le mois de juin.
Friedrich Merz, dirigeant mal-aimé avant même d’avoir régné
Le chemin fut long et jusqu’au bout semé d’embûches: le conservateur Friedrich Merz, désigné chancelier mardi après une élection aux forceps, fait figure d’impulsif qui peine à rassembler et à se faire apprécier de l’opinion.Cet homme de 69 ans a reçu des mains du chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier son mandat pour les quatre ans à venir aux commandes de la première puissance économique européenne, après avoir été élu au deuxième tour par les députés du Bundestag.Mais le rejet inédit plus tôt de son élection lors du premier tour jette une ombre sur sa personne et l’ensemble de son gouvernement avec le centre gauche du SPD.”Merz est désormais considéré comme un chancelier affaibli, sans alliance stable, et sa cote de popularité n’est déjà pas bonne”, a jugé Der Spiegel.Faisant montre d’une rare persévérance, il a pourtant déployé moult efforts pour revenir sur le devant de la scène politique après avoir été écarté du pouvoir au début des années 2000 par Angela Merkel. A un moment où il se considérait comme l’héritier naturel d’Helmut Kohl, le père de la réunification allemande.Ce multi-millionnaire, pilote amateur et propriétaire d’un jet privé, a longtemps été perçu comme un grand bourgeois hautain, même s’il a tenté lors de la campagne de renvoyer une image d’élu accessible et humain, se montrant verre de bière à la main lors un meeting, ou dévoilant des drames privés méconnus comme le décès à 21 ans de sa jeune soeur dans un accident de voiture.- Promesse trahie -Mais Friedrich Merz, dont le camp conservateur CDU/CSU a remporté sans gloire le scrutin législatif du 23 février, a surtout brusqué à la fois la population et son parti en assouplissant peu après les élections le sacro-saint “frein à la dette”, inscrit dans la constitution nationale, pour réarmer et moderniser le pays.Et ce alors même que le dirigeant démocrate-chrétien, partisan d’une droitisation de son mouvement après l’ère centriste d’Angela Merkel, s’était engagé à ne pas y toucher pendant la campagne électorale.Ce revirement a profité au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivé deuxième avec un score historique aux législatives, qui dénonce à l’envi son “mensonge” et ses “tromperies”. Cette formation a récemment dépassé les conservateurs dans des sondages.L’avocat de formation est devenu la bête noire de l’AfD, avec qui il avait pourtant flirté au Parlement en janvier en votant avec ce parti une motion contre l’immigration.Cette initiative inédite depuis l’après-guerre a provoqué de grandes manifestations de protestation de gauche dans le pays. Il a depuis dit exclure toute coopération malgré les exhortations de Trump et de ses proches.- Loué à l’étrangerS’il a du mal à convaincre chez lui, celui qui n’a jamais occupé de poste ministériel suscite les espoirs de ses pairs européens, qui comptent sur Berlin à un moment où le continent cherche à s’affranchir de la tutelle militaire d’un allié américain devenu imprévisible pour assurer sa défense face à la menace russe.Atlantiste convaincu, il a toutefois promis de ramener son pays au centre du jeu européen avec une “voix forte” pour défendre les intérêts du continent. Et le soutien sans faille à l’Ukraine contre la guerre d’agression russe fait partie de ses priorités. Sur le plan intérieur, l’ancien député européen (1989-1994) puis au Bundestag a promis un durcissement des règles migratoires. Lors de son élection – après deux échecs d’affilée – à la tête de la CDU en 2022, il avait annoncé un renversement complet de la généreuse politique d’accueil héritée d’Angela Merkel (2005-2021). Une revanche face à son ancienne rivale qui l’écarta en 2002 du poste stratégique de président du groupe parlementaire CDU, le conduisant à se reconvertir dans la finance en 2009, notamment chez BlackRock, l’un des plus gros gestionnaires d’actifs au monde.Celui qui a promis de “redonner sa fierté” à l’Allemagne devra aussi trouver la parade pour résoudre la crise profonde du modèle industriel traversée par le pays, qui a enchaîné deux récessions d’affilée et dont l’économie reste faible.
Zimbabwe: un journaliste libéré sous caution après deux mois de détention
Un journaliste emprisonné depuis plus de deux mois au Zimbabwe après avoir interviewé un opposant appelant au départ du président a été libéré sous caution mardi, en attendant son procès.Blessed Mhlanga avait été arrêté le 24 février après avoir interviewé Blessed Geza, un vétéran de la lutte pour l’indépendance du pays d’Afrique australe, qui y a réclamé la destitution du président Emmerson Mnangagwa, au pouvoir depuis un coup d’Etat mené il y a huit ans.”L’accusé est libéré sous caution. Il doit déposer une caution de 500 dollars auprès du greffier du tribunal”, a déclaré le juge mardi lors d’une audience en appel dans la capitale Harare, à laquelle assistait une journaliste de l’AFP.En attendant son procès prévu le mercredi 14 mai, le journaliste doit remettre son passeport et demeurer à son domicile.Lui et son média Heart and Soul TV sont poursuivis pour “diffusion de message appelant à la violence”. Une “accusation à tort”, selon Reporters sans frontières.Dans un communiqué diffusé fin mars, l’organisation a dénoncé un “contexte de répression croissante des critiques à l’égard des autorités zimbabwéennes” et rappelé que le pays est classé 116e sur 180 pays à l’indice mondial de la liberté de la presse.Ancienne figure du parti Zanu-PF au pouvoir, Blessed Geza a appelé depuis la clandestinité à des manifestations, misant sur la colère croissante de l’opinion sur fond d’économie en souffrance.Elles n’ont pas été très suivies à la fin mars, dans ce pays où ces rassemblements sont très contrôlés par la police et l’opposition étouffée. Une centaine de manifestants déterminés avaient d’ailleurs été arrêtés.L’avocat du reporter a argué de la fin de cette période de discrète protestation pour demander la libération de son client.”La Cour peut constater qu’à la suite du premier appel à défiler, personne n’a envahi les rues”, a invoqué Me Thabani Mpofu. “Il y a eu un appel à la fermeture nationale, mais les gens ont poursuivi leurs activités”.Le mandat d’Emmerson Mnangagwa, âgé de 82 ans et surnommé “le crocodile” pour son caractère impitoyable, doit arriver à son terme en 2028.