Election locale à Buenos Aires: Milei marque un point dans la guerre des droites

Le candidat du président ultralibéral argentin Javier Milei est arrivé dimanche en tête d’une élection locale à Buenos Aires, un message fort dans un scrutin à valeur de test pour l’hégémonie à droite, entre la force “libertarienne” montante du président, et le courant conservateur classique.La liste conduite par Manuel Adorni, porte-parole présidentiel et fidèle de M. Milei, a récolté plus de 30% de voix à l’élection, qui renouvelait la moitié du “Parlement” local de Buenos Aires, selon des résultats à plus de 98% des votes comptés.Il devance la liste de Leandro Santoro, soutenu par l’opposition péroniste (centre-gauche), qui recueille plus de 27%, et distance largement la candidate du PRO de l’ex-président (2015-2019) Mauricio Macri, traditionnellement dominant à Buenos Aires, à près de 16%.Le résultat du scrutin ne bouleverse pas la gouvernance de la capitale de 3 millions d’habitants, fief du PRO depuis 2007, et dont Jorge Macri (cousin de l’ex-président), élu en 2023 dans une élection distincte, reste maire.Mais il envoie le signal que l’hégémonie à droite est peut-être en train de changer de mains, le parti la Libertad Avanza (LLA) de Javier Milei conquérant des parts de l’électorat en vue des législatives — nationales, celles-là — de mi-mandat, en octobre.L’élection législative de Buenos Aires, aux enjeux très locaux, avait pris cette année un relief national, avec la lutte croissante entre le PRO et la LLA, officiellement alliés au niveau national, mais rivaux sur le terrain électoral.Si le scrutin de dimanche ne saurait préfigurer la tendance d’octobre — Buenos Aires votant différemment du pays –, il pourrait augurer de qui domine désormais à droite, face au péronisme (centre-gauche). Et attester que Javier Milei est en train d’ancrer une force politique, au-delà de sa personne.Du PRO et de LLA, “celui qui devancera l’autre (à Buenos Aires) le devancera au niveau national”, a prédit pour l’AFP le politologue Andres Malamud.”Vive la liberté, bordel…!!!”, a tonné Javier Milei sur X en soirée, avec une photo de sa soeur Karina, secrétaire générale de la présidence, de son candidat Adorni, et la mention “Merci”.Accusé par ses opposants de “nationaliser” l’élection, le président depuis 18 mois s’était investi en personne dans la campagne de Buenos Aires, en soutien de Manuel Adorni.Les partis de MM. Milei et Macri sont entrés ces derniers mois dans une rivalité de plus en plus ouverte, avec échanges d’invectives, coups bas et débauchages.Ainsi la ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, qui fut candidate du PRO contre Javier Milei à la présidentielle de 2023, puis passée au gouvernement au nom de l’alliance, a récemment rejoint officiellement le parti du président.

Sursaut en Roumanie, le candidat pro-européen remporte la présidence

Maintenir le cap européen et le soutien à Kiev ou se tourner vers l’extrême droite: les Roumains, nombreux dimanche aux urnes pour élire leur président, ont choisi la première option en donnant la victoire au maire centriste de Bucarest.Alors que peu auraient parié sur lui il y a deux semaines, Nicusor Dan, 55 ans, a recueilli près de 54% des suffrages, après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, un résultat accueilli dans la liesse à son quartier général.”C’est la victoire de milliers et de milliers de gens qui ont cru que la Roumanie pouvait changer dans la bonne direction”, a-t-il lancé à ses partisans au milieu de chants louant l’Europe et moquant la Russie.Il a aussi eu un mot pour ceux qui n’avaient pas voté pour lui, appelant à “se mettre au travail” et à “bâtir une Roumanie unie”.La présidentielle était surveillée de près par la communauté internationale et les messages ont aussitôt afflué, de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui a salué le choix des Roumains en faveur d’une “Europe forte” au chef d’Etat français Emmanuel Macron, pour qui “la démocratie” l’a emporté “malgré les nombreuses tentatives de manipulation”. Dans l’Ukraine voisine, Volodymyr Zelensky s’est félicité de ce succès “historique”, rappelant “l’importance d’avoir la Roumanie comme partenaire fiable”.- Mobilisation exceptionnelle -Cinq mois après la rarissime annulation du scrutin de novembre entaché par des soupçons d’ingérence russe, la Roumanie espère désormais refermer ce chapitre tumultueux.Mais les divisions sont profondes. Après avoir refusé dans un premier temps de concéder sa défaite malgré le verdict des urnes (46%) et crié à la fraude, le candidat souverainiste George Simion a félicité son adversaire, tout en promettant de “poursuivre le combat”.Cet admirateur de Donald Trump, âgé de 38 ans, avait largement dominé le premier tour le 4 mai avec près de 41% des voix, le double du maire de Bucarest, porté par un vent de colère face aux “politiciens voleurs” au pouvoir depuis 1989 et aux difficultés économiques d’un des pays les plus pauvres de l’UE. Il a pâti d’une série de “faux pas” dans l’entre-deux-tours mais surtout d’une “mobilisation quasi sans précédent, liée à un sursaut des défenseurs de la démocratie”, a commenté pour l’AFP l’analyste Sergiu Miscoiu. Le taux de participation s’est élevé à près de 65%, contre seulement 53% au premier tour.”Jamais une élection n’avait été aussi décisive” pour l’avenir du pays, “avec des implications géopolitiques manifestes”, ajoute l’expert.Car le chef de l’Etat a le pouvoir de nommer des personnes à des postes clés et de participer aux sommets de l’Union européenne et de l’Otan.Membre loyal de l’UE, la Roumanie, une nation de 19 millions d’habitants voisine de l’Ukraine, est devenue un pilier essentiel de l’Alliance atlantique depuis le début de l’offensive russe en 2022.- “Georgescu président” -Ce sont deux visions qui s’affrontaient dans les urnes.Nicusor Dan, un brillant mathématicien qui a fait ses études en France avant de devenir un militant anticorruption, est un Européen convaincu et un fervent soutien de Kiev.En face, le volcanique George Simion, détracteur des “politiques absurdes de l’UE”, a plaidé pendant la campagne pour l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine, prônant “la neutralité” tout en se défendant d’être “l’ami de Vladimir Poutine”.Il s’est de nouveau affiché dimanche avec Calin Georgescu, celui qui avait surpris en terminant en tête du scrutin du 24 novembre après une campagne massive sur TikTok dont le mode opératoire pointait vers la Russie.L’ex-haut fonctionnaire a depuis été inculpé et exclu de cette nouvelle course, une décision qui a provoqué des manifestations parfois violentes.”Calin Georgescu président!”, a crié une petite foule venue avec des fleurs accueillir son héros déchu.A la sortie des bureaux de vote, beaucoup disaient leur espoir que le cauchemar actuel se termine. “C’est un tel chaos en Roumanie” depuis l’annulation du vote, raconte Runa Petringenaru, organisatrice de séminaires de 55 ans.”C’est du jamais vu, probablement même à l’échelle européenne”, souffle-t-elle.

Italie: Naples se fait peur mais garde un point d’avance sur l’Inter

Un statu quo après bien des soubresauts: Naples a conservé malgré son nul à Parme (0-0) dimanche la tête du Championnat d’Italie avec un point d’avance sur l’Inter à une journée de la fin du championnat.Le titre de champion d’Italie 2025 sera attribué lors de la 38e et dernière journée qui, initialement prévue le week-end prochain, pourrait être avancée à jeudi.Dans cette saison indécise comme rarement, le Scudetto 2025 pourrait être attribué à l’issue d’un rarissime match d’appui entre l’Inter, adversaire du Paris SG en finale de la Ligue des champions le 31 mai, et Naples s’ils finissent à égalité de points à l’issue de la saison.Le Napoli garde la main: s’il s’impose contre Cagliari à domicile, il sera sacré champion d’Italie pour la quatrième fois, quel que soit le résultat de l’Inter à Côme.Mais l’équipe d’Antonio Conte revient de loin. Incapable de trouver le chemin des filets sur le terrain du mal classé Parme, elle a virtuellement rétrogradé à la 2e place à deux reprises, quand l’Inter a mené 1 à 0 contre la Lazio grâce à Yann-Aurel Bisseck (45e+1), puis 2 à 1 grâce à Denzel Dumfries (79e). Mais les Nerazzurri ont concédé un pénalty à la 90e minute, transformé par Pedro, déjà auteur de la première égalisation romaine (72e).Ils seront privés de leur entraîneur Simone Inzaghi pour leur déplacement à Côme: l’entraîneur italien a été exclu pour avoir critiqué avec virulence la décision de l’arbitre d’accorder le premier but de la Lazio.Inzaghi ne s’est ensuite pas présenté devant les diffuseurs pour revenir sur ce match.- “Proche du titre” -“On est proche du titre, mais il y a encore un match à gagner devant nos tifosi, dans notre stade, cette saison est vraiment difficile”, a souligné Conte. “On est en mesure de faire quelque chose de vraiment incroyable”, a-t-il insisté.Il n’y a pas que la course pour le titre qui reste indécise avant le dernier match de la saison.La Juventus Turin s’accroche à la 4e place (67 pts), la dernière qualificative pour la Ligue des champions grâce à son succès 2 à 0 face à l’Udinese. L’équipe d’Igor Tudor n’a qu’un petit point d’avance sur l’AS Rome (5e, 66 pts) qui s’est imposé 3 à 1 face à l’AC Milan, de retour au Stade olympique quatre jours après sa défaite en finale de la Coupe d’Italie (1-0) contre Bologne.Le Milan a rétrogradé à la 9e place et a perdu son dernier espoir de participer à une compétition européenne la saison prochaine.Outre la Roma, la Lazio (65 pts) peut encore y croire, avec ses trois longueurs d’avance sur la Fiorentina (7e, 62 pts) qui a battu Bologne (8e, 62 pts).En bas de classement aussi, il faudra attendre la 38e journée pour savoir qui accompagnera Monza, déjà relégué, en 2e division.Humilié 3 à 0 à Cagliari, Venise est 19e, avec 29 points, à deux points du premier non-relégable, Lecce, qui est sorti de la zone dangereuse en s’imposant face au Torino (1-0).Empoli, vainqueur à Monza (3-1), est 18e avec le même nombre de points que Lecce (31 pts).

Elections au Portugal: victoire étriquée de la droite au pouvoir

Le Premier ministre portugais de droite modérée, Luis Montenegro, a remporté les législatives anticipées de dimanche mais, comme il y a un an, il n’obtient pas une majorité suffisante pour assurer la stabilité politique du pays.L’extrême droite représentée par la formation Chega (“Assez”), qui continue de progresser à chaque scrutin, atteint pour la première fois la barre de 20% des voix et menace de dépasser le Parti socialiste (PS) en tant que principale force d’opposition.Selon un sondage sortie des urnes diffusé par la télévision publique RTP, le camp du gouvernement sortant – l’Alliance démocratique (AD) – aurait obtenu entre 29 et 34% des suffrages, contre 21 à 26% pour le Parti socialiste et 20 à 24% pour Chega.M. Montenegro, un avocat de 52 ans qui a toujours refusé de gouverner avec le soutien de Chega, pourrait former une majorité plus large en négociant le ralliement de la formation Initiative libérale (IL), qui serait arrivée en quatrième position avec 4 à 7% des voix.Les résultats officiels partiels seront connus plus tard dans la soirée mais, selon l’enquête sortie des urnes, la coalition sortante aurait remporté 85 à 96 sièges sur un total de 230, ce qui reste très en dessous du seuil de 116 élus synonyme de majorité absolue.- “Cordon sanitaire” -Contraint de démissionner en mars sur fond de soupçons de conflit d’intérêts, le chef du gouvernement semble ainsi avoir remporté le pari de s’en remettre au verdict des urnes pour assurer sa survie politique, mais ses gains semblent insuffisants pour modifier le rapport de forces à l’Assemblée.Même en comptant six à douze mandats pour les libéraux, M. Montenegro risque de se retrouver à nouveau pris en tenaille entre le PS de Pedro Nuno Santos, un économiste de 48 ans, et l’extrême droite emmenée par André Ventura, un ex-séminariste et juriste de 42 ans, qui s’est fait connaître comme truculent commentateur de football.”Un hypothétique accord post-électoral entre l’AD et l’IL semble la solution la plus viable, avec un gouvernement minoritaire et une opposition affaiblie par l’hécatombe qu’a subie le PS”, a expliqué à l’AFP la politologue Paula Espirito Santo, de l’Institut supérieur des sciences sociales et politiques de l’Université de Lisbonne (ISCSP).Selon sa collègue Marina Costa Lobo, directrice de l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lisbonne (ICS), “Chega est le grand vainqueur de la soirée”.”En fonction de ces résultats, ce n’est pas clair s’il y aura une capacité à gouverner accrue si le cordon sanitaire est maintenu entre l’AD et Chega”, a-t-elle ajouté.- “Besoin d’immigrés” -En un an, l’exécutif de M. Montenegro a pris plusieurs mesures en faveur du pouvoir d’achat, en augmentant les retraites, le salaire minimum ou en acceptant les revendications de plusieurs catégories de fonctionnaires, dont les enseignants, les médecins ou les policiers.Il a par ailleurs durci la politique migratoire, qui était une des plus souples d’Europe sous le précédent gouvernement socialiste d’Antonio Costa,.Alors que le nombre d’étrangers vivant au Portugal a quadruplé entre 2017 et 2024, atteignant environ 15% de la population, sur 10 millions d’habitants au total, l’immigration a fait irruption dans le débat politique.”Le pays a besoin d’immigrés, mais il n’est pas capable d’accueillir tous ceux qui arrivent”, a estimé Tiago Manso, un économiste de 33 ans originaire du Brésil, qui a voté pour la première fois au Portugal.Depuis sa fondation en 2019, Chega a connu une croissance fulgurante, obtenant en mars dernier 18% des voix pour passer de 12 à 50 députés.Surfant sur les déboires du Premier ministre et l’afflux de travailleurs migrants d’Asie du Sud, son président André Ventura a martelé la rhétorique habituelle des partis populistes contre la corruption des élites politiques et les immigrés.