Inondations en Argentine: 3 disparus et 3.000 évacués

Près de 3.000 personnes étaient toujours empêchées de rentrer chez elles et les autorités étaient à la recherche de trois disparus dans la province de Buenos Aires, dans l’est de l’Argentine, après des inondations provoquées par des pluies intenses, a annoncé dimanche le gouvernement provincial.Les pluies quasi-ininterrompues, près de cinq fois la normale locale en mai, ont fait déborder rivières et fossés, coupant une demi-douzaine d’axes routiers et submergeant des champs dans cette zone de pampa (plaine) sans relief. Elles ont aussi inondé des rues en grande banlieue de Buenos Aires.”Il reste 2.938 évacués dans 21 communes”, ont annoncé les autorités provinciales dans un communiqué, ajoutant que “les forces de sécurité recherchent trois personnes: un couple à cheval dans la localité de Rojas et un homme de 78 ans qui voyageait sur la route 41″.Le nombre de personnes évacuées a été réduit à moins de la moitié de ce qu’il était samedi soir.”Après la tempête de la nuit dernière (samedi), l’eau a baissé dans toutes les régions et les gens commencent à rentrer chez eux”, indique le communiqué.Tant le gouvernement national que provincial ont lancé des opérations d’urgence, envoyant dans les localités les plus touchées des brigades de secours, des équipes techniques, des véhicules de sauvetage et des fournitures pour les réfugiés, comme des matelas, des couvertures, des vêtements secs, de l’eau et de la nourriture.”Cet événement est absolument extraordinaire, c’est le climat, ça change; cela s’appelle le changement climatique”, a déclaré le gouverneur Axel Kicillof à la chaîne Crónica TV.A Campana, plusieurs familles ont dû passer une partie de la nuit sur leur toit dans l’attente des secours, pour échapper à leur maison inondée. “On a perdu tout ce qu’on avait, ce pour quoi on a sué toutes ces années, et on n’a pas d’endroit ou aller”, se désolait samedi matin auprès de l’AFP Manuel Sanchez, sur le point d’être secouru avec ses enfants.Le volume de précipitations depuis vendredi a dépassé celles recensées début mars à Bahia Blanca (600 km au sud de Buenos Aires), où pluies torrentielles et inondations avaient fait 18 morts, a souligné le ministre de Sécurité provincial Javier Alonso.Selon la météorologue Cindy Fernandez, la norme en mai dans cette partie du pays se situe “autour de 70, 80 mm d’eau pour tout le mois. Là, ça a quintuplé”.

Tennis: Alcaraz écoeure Sinner à Rome sur la route de Roland-Garros

A une semaine de Roland-Garros (25 mai-8 juin), Carlos Alcaraz a confirmé dimanche qu’il serait bien l’homme à battre sur la terre battue parisienne après son succès face au N.1 mondial Jannik Sinner en finale du Masters 1000 de Rome.Deux ans après sa première et jusque-là unique apparition au Foro Italico, écourtée après seulement deux matches, Alcaraz qui va passer de la 3e à la 2e place mondiale lundi, est allé cette fois jusqu’au bout.Sans toujours bien jouer mais avec l’assurance de celui qui n’a perdu que deux matches, pour 27 victoires, sur sa surface de prédilection depuis un an.Au terme d’une finale largement décevante conclue 7-6 (7/5), 6-1, l’Espagnol s’est adjugé à 22 ans le 19e titre de sa carrière, le troisième cette année, en brisant le rêve de Sinner et du tennis italien.Le N.1 mondial pouvait en effet devenir le premier Italien à remporter les Internationaux d’Italie depuis Adriano Panatta en 1976. Il pouvait aussi frapper les esprits en s’imposant dès la fin de sa suspension de trois mois en vertu d’un accord conclu avec l’Agence mondiale antidopage (AMA) après deux contrôles positifs attribués à une contamination accidentelle.- Fin de série pour Sinner -Pourtant poussé par les 10.800 spectateurs du Campo centrale, l’Italien n’a pas trouvé la solution et a subi sa première défaite depuis octobre 2024 (sa quatrième de suite face à Alcaraz), alors qu’il restait sur une série de 26 succès consécutifs, la plus longue de sa carrière. Dans la première manche où les deux joueurs ont multiplié les fautes directes (23 pour Sinner, 22 pour Alcaraz), Sinner s’est pourtant offert deux balles de set sur le service d’Alcaraz à 6-5 15-40, mais l’Espagnol les a repoussés sans trembler. Et dans le jeu décisif, il a fait d’entrée la différence pour mener 3-0 avant d’empocher la première manche en une heure et dix minutes de jeu.Dans le deuxième set, “Carlitos”, beaucoup plus incisif, a assommé d’entrée son adversaire, visiblement touché au moral, avec un double break pour mener 4-0 et s’imposer sur sa troisième balle de match devant un Central incrédule.”Battre Jannik en finale et gagner à Rome, cela donne bien sûr beaucoup de confiance dans la perspective de Paris”, a déclaré Alcaraz.”Comme je le dis souvent, une finale, cela ne se joue pas, cela se gagne, je suis bien sûr très, très content” a-t-il ajouté, avant de rendre hommage à son adversaire qu’il est “très content de revoir sur le circuit” et qui a réussi “quelque chose de fou en arrivant en finale pour son retour”.- “J’aurais signé pour ce résultat” -Malgré ce revers, Sinner se présentera à Roland-Garros en prétendant au titre sur une surface qui n’a pas ses préférences et où il avait atteint le dernier carré en 2024, battu par Alcaraz.Alors qu’il espérait initialement remporter “un ou deux matches” à Rome, le natif du Haut-Adige, cette région germanophone du nord-est de l’Italie, a marqué les esprits, notamment avec sa démonstration en quarts de finale contre le Norvégien Casper Ruud (7e mondial) balayé 6-0, 6-1.”J’ai donné tout ce que j’avais dans cette finale, je suis bien sûr déçu mais j’aurais signé pour ce résultat avant le début du tournoi. Les trois mois (de suspension) n’ont pas toujours été faciles, on peut être fier de nous”, a déclaré l’Italien lors de la cérémonie protocolaire.”Tu seras sûrement l’homme à battre, tu es clairement le joueur le plus fort actuellement”, a-t-il lancé à son vainqueur.Même si Sinner a fini son séjour romain sur une défaite, le tennis italien vit un âge d’or sans précédent. L’Italie a remporté deux des quatre titres en jeu à Rome, dont un rarissime doublé grâce à Jasmine Paolini, sacrée en double avec sa compatriote Sara Errani dimanche au lendemain de sa victoire en simple face à l’Américaine Coco Gauff.

Hongrie : manifestation massive contre une loi ciblant ONG et médias indépendants

“Assez de l’autoritarisme !” : des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche en Hongrie contre un nouveau projet de loi mettant en danger les ONG et les médias accusés de “menacer la souveraineté du pays”. “Je veux vivre dans une Hongrie libre, pas dans une dictature”, pouvait-on lire sur une banderole déployée devant le Parlement, aux côtés de drapeaux hongrois, européens et arc-en-ciel. “Cette loi est truffée d’absurdités, elle ne contient rien de concret. Tout comme en Russie, on pourra désormais être accusé d’avoir critiqué l’État et être traité d’agent de l’étranger”, a déploré Gabor, un étudiant de 25 ans qui a préféré taire son nom de famille.- “Punaises” -Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui avait promis en mars “un grand nettoyage de Pâques” contre ses rivaux qualifiés de “punaises”, a mis sa menace à exécution. Après le vote d’une série d’amendements constitutionnels restreignant les droits des personnes LGBT+ et des binationaux, le parti au pouvoir a déposé en début de semaine au Parlement un texte sur “la transparence de la vie publique”.Plus de 300 ONG et médias, parmi lesquels Amnesty et Transparency International, ont signé une lettre commune dénonçant une manoeuvre “autoritaire pour rester au pouvoir”, à un an d’élections législatives qui s’annoncent serrées.Il s’agit de “faire taire toutes les voix critiques et d’éliminer ce qui reste de la démocratie hongroise”, ont-ils estimé, sur le modèle de ce qui se passe “en Russie”.Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé les dirigeants de l’UE à “condamner sans équivoque” cette législation, qui devrait être avalisée par les députés le mois prochain.- “Poutinisation de la Hongrie” -L’opposition a aussi dénoncé une “poutinisation” de la Hongrie. “Le Premier ministre a manifestement beaucoup appris de son mentor”, le président russe Vladimir Poutine, a réagi Peter Magyar, dont le parti conservateur Tisza est bien placé dans les sondages.Viktor Orban a défendu dimanche devant des militants de son parti ce texte qui vise selon le gouvernement à démanteler “des réseaux de propagande” financés par des fonds étrangers. “Oui au débat politique, oui à la liberté d’expression, non à l’argent étranger”, a-t-il déclaré.En vertu de la loi, les organisations “violant ou critiquant” les valeurs inscrites dans la Constitution, notamment “la primauté du mariage, de la famille et des sexes biologiques”, pourront être placées sur une liste noire, après recommandation de l’Autorité de souveraineté établie l’an dernier.Dans ce cas, elles devront demander l’autorisation de l’organe antiblanchiment pour recevoir des fonds de l’étranger. Leurs comptes en banque seront placés sous surveillance et les transferts de donateurs bloqués s’il s’avère que le but de cet argent est d'”influer sur la vie publique”.Si ces règles sont enfreintes, de lourdes amendes seront infligées, pouvant atteindre 25 fois le montant de l’aide financière reçue, avec menace d’interdiction des activités en cas de récidive. 

Présidence LR: Laurent Wauquiez reconnait sa défaite et appelle la droite à ne pas se “diluer dans le macronisme”

Laurent Wauquiez a reconnu sa défaite dimanche face à Bruno Retailleau pour la présidence des Républicains et appelé la droite à porter un “projet de rupture”, possible “si nous ne sommes pas dilués dans le macronisme”.”Il faut faire en sorte que nous soyons unis pour gagner, parce que divisés, nous sommes sûrs de perdre. Ma conviction reste la même, il faut rassembler toute la droite et il faut porter un projet de rupture. Et nous ne pourrons le faire si nous sommes dilués dans le macronisme”, a-t-il déclaré depuis son fief du Puy-en-Velay (Haute-Loire).”Les Français attendent de nous que nous portions un projet de changement permettant de tourner la page du +En même temps+, un vrai projet d’alternance”, a ajouté le député de Haute-Loire devant quelques militants rassemblés dans un lieu de co-working.”Pour cela, il faut que nous fassions sauter les verrous de l’impuissance qui, aujourd’hui condamnent la politique française à l’absence de résultats”, a-t-il plaidé.”La droite ne pourra réussir qu’en assumant des idées fortes nous permettant de renverser la table, quitte à déplaire à la cohorte de tous ceux qui veulent que rien ne change pour juguler enfin l’explosion de l’immigration et du communautarisme. Pour rendre la sécurité à nos compatriotes qui ont droit, pour tout simplement s’attaquer à l’explosion de la dépense publique”, a-t-il dit.Nettement battu par M. Retailleau (74,3% contre 25,7%), le patron des député LR a dit l’avoir appelé pour le “féliciter de sa victoire” en lui adressant ses “voeux de réussite”, saluant une campagne “digne” effectuée “avec respect” et “engagement”.Il a remercié les adhérents LR et “quels qu’aient été les résultats de ce scrutin, j’ai adoré aller à leur rencontre partout, dans toute la France”.

Présidence LR: Laurent Wauquiez reconnait sa défaite et appelle la droite à ne pas se “diluer dans le macronisme”

Laurent Wauquiez a reconnu sa défaite dimanche face à Bruno Retailleau pour la présidence des Républicains et appelé la droite à porter un “projet de rupture”, possible “si nous ne sommes pas dilués dans le macronisme”.”Il faut faire en sorte que nous soyons unis pour gagner, parce que divisés, nous sommes sûrs de perdre. Ma conviction reste la même, il faut rassembler toute la droite et il faut porter un projet de rupture. Et nous ne pourrons le faire si nous sommes dilués dans le macronisme”, a-t-il déclaré depuis son fief du Puy-en-Velay (Haute-Loire).”Les Français attendent de nous que nous portions un projet de changement permettant de tourner la page du +En même temps+, un vrai projet d’alternance”, a ajouté le député de Haute-Loire devant quelques militants rassemblés dans un lieu de co-working.”Pour cela, il faut que nous fassions sauter les verrous de l’impuissance qui, aujourd’hui condamnent la politique française à l’absence de résultats”, a-t-il plaidé.”La droite ne pourra réussir qu’en assumant des idées fortes nous permettant de renverser la table, quitte à déplaire à la cohorte de tous ceux qui veulent que rien ne change pour juguler enfin l’explosion de l’immigration et du communautarisme. Pour rendre la sécurité à nos compatriotes qui ont droit, pour tout simplement s’attaquer à l’explosion de la dépense publique”, a-t-il dit.Nettement battu par M. Retailleau (74,3% contre 25,7%), le patron des député LR a dit l’avoir appelé pour le “féliciter de sa victoire” en lui adressant ses “voeux de réussite”, saluant une campagne “digne” effectuée “avec respect” et “engagement”.Il a remercié les adhérents LR et “quels qu’aient été les résultats de ce scrutin, j’ai adoré aller à leur rencontre partout, dans toute la France”.

La Pologne aux urnes pour une élection présidentielle serrée, sous le regard attentif de l’Europe

Les Polonais votent dimanche au premier tour de la présidentielle, un scrutin qui s’annonce décisif pour l’avenir du gouvernement pro-européen actuel, ainsi que pour la loi sur l’avortement et les droits des minorités sexuelles. Le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, un soutien de longue date de l’UE, devrait obtenir 30% des voix, devant l’historien nationaliste Karol Nawrocki avec 25% des suffrages, selon les sondages. Si ces projections se concrétisent, les deux candidats seront face à face au second tour prévu pour le 1er juin, à un moment délicat pour l’Europe en raison de la poursuite de la guerre en Ukraine, de la montée en puissance des partis d’extrême droite et des liens tendus avec Washington. Les bureaux de vote doivent fermer à 19H00 GMT et un sondage à leur sortie doit être publié aussitôt après. – “Deux visions diamétralement opposées” -Le taux de participation a été de 50,7% à quatre heures de la fin du vote, comparé à 47,9% à la même heure, à la précédente élection présidentielle il y a cinq ans.Treize candidats au total sont en lice et les résultats définitifs sont attendus pour lundi seulement.Depuis que la coalition de l’ancien leader européen Donald Tusk est arrivée au pouvoir en 2023, les initiatives clés du gouvernement sont souvent bloquées par le veto du président conservateur sortant Andrzej Duda. La politique internationale a largement dominé la campagne électorale, notamment la question de la place de la Pologne entre l’UE et les Etats-Unis, et mis en lumière un affrontement entre deux conceptions distinctes.”Ce sont des élections très importantes, qui opposent deux visions diamétralement opposées de la Pologne (…) : d’un côté, une Pologne démocratique, européenne, ouverte, sûre et honnête, et, de l’autre, tout le contraire”, déclare à l’AFP Marcin Woloszynski, un économiste de 42 ans, après avoir voté à Varsovie.Les questions sociales ont également joué un rôle important dans les débats. Rafal Trzaskowski, 53 ans, a promis de soutenir les droits à l’avortement dans un pays où il est quasiment interdit et ceux de la communauté LGBTQ.- “Un vrai Polonais”-Le parti Droit et Justice (PiS), qui soutient le nationaliste Karol Nawrocki, a souvent été en désaccord avec les alliés occidentaux de la Pologne et Bruxelles sur les questions du respect de l’Etat de droit, jusqu’à ce qu’il perde le pouvoir en 2023. M. Nawrocki, 42 ans, qui dit admirer Donald Trump, affirme que le président américain lui a dit “Vous allez gagner” lorsqu’ils se sont rencontrés à la Maison Blanche début mai. Wojciech Bobrowski, un retraité de 79 ans, est convaincu qu'”à l’heure actuelle, la Pologne a besoin d’un président qui soit un vrai Polonais et non d’un homme qui a la trahison dans les gènes”.La Pologne est depuis longtemps divisée entre les deux camps majeurs, nationaliste et pro-européen, mais beaucoup choisissent déjà une autre voie.”Je ne dirai pas pour qui j’ai voté mais certainement pas pour un de ceux qui, on le sait, passeront au second tour”, a confié à l’AFP Krystian, un ouvrier de 40 ans de Sandomierz (sud-est). Le résultat définitif de la présidentielle dépendra en grande partie du vote au second tour des partisans de Slawomir Mentzen, un candidat d’extrême droite, troisième dans les sondages, avec environ 12% des suffrages. Celui-ci est un libertarien eurosceptique, fermement opposé à l’avortement et aux migrants, qui accuse les réfugiés ukrainiens, dont le nombre est évalué à environ un million, de profiter de la Pologne. – “Arrêter la tendance antidémocratique” -Une victoire de M. Trzaskowski permettrait au gouvernement de tenir ses engagements les plus importants qui n’ont pas été honorés par la coalition en place ayant fait bien des déçus, notamment parmi les défenseurs des droits des femmes, dont celui à l’avortement.Elle lui donnerait aussi la possibilité de réaliser des progrès dans le rétablissement de l’Etat de droit, mis à mal par le précédent gouvernement populiste et le président sortant.”Nous avons la possibilité de mettre de l’ordre dans notre pays (…), nous sommes à un moment de grandes discussions sur l’avenir de la Pologne, de l’Europe et du monde”, a dit à l’agence de presse PAP le prix Nobel de la paix Lech Walesa qui a voté à Gdansk (nord).Le chef de l’Etat polonais a des pouvoirs limités mais dispose d’un droit de veto sur les initiatives législatives, une prérogative fréquemment utilisée par le président sortant. “Avec Nawrocki, le gouvernement sera de fait paralysé et cela peut mener à terme à la chute de la coalition au pouvoir”, juge la politologue Anna Materska-Sosnowska.Son succès signifierait “en réalité le retour des populistes, avec une force décuplée, au plus tard dans deux ans”, aux prochaines législatives, selon elle.Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Tusk, la Pologne renforce sa position en Europe et occupe une place de première importance aux confins orientaux de l’Alliance atlantique, face à la Russie.Dans ce contexte, note Mme Materska-Sosnowska, la présidentielle est “fondamentale”, non seulement pour la Pologne mais aussi face aux “tentatives d’arrêter la tendance antidémocratique, populiste, qui traverse l’Europe”.

La Pologne aux urnes pour une élection présidentielle serrée, sous le regard attentif de l’Europe

Les Polonais votent dimanche au premier tour de la présidentielle, un scrutin qui s’annonce décisif pour l’avenir du gouvernement pro-européen actuel, ainsi que pour la loi sur l’avortement et les droits des minorités sexuelles. Le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, un soutien de longue date de l’UE, devrait obtenir 30% des voix, devant l’historien nationaliste Karol Nawrocki avec 25% des suffrages, selon les sondages. Si ces projections se concrétisent, les deux candidats seront face à face au second tour prévu pour le 1er juin, à un moment délicat pour l’Europe en raison de la poursuite de la guerre en Ukraine, de la montée en puissance des partis d’extrême droite et des liens tendus avec Washington. Les bureaux de vote doivent fermer à 19H00 GMT et un sondage à leur sortie doit être publié aussitôt après. – “Deux visions diamétralement opposées” -Le taux de participation a été de 50,7% à quatre heures de la fin du vote, comparé à 47,9% à la même heure, à la précédente élection présidentielle il y a cinq ans.Treize candidats au total sont en lice et les résultats définitifs sont attendus pour lundi seulement.Depuis que la coalition de l’ancien leader européen Donald Tusk est arrivée au pouvoir en 2023, les initiatives clés du gouvernement sont souvent bloquées par le veto du président conservateur sortant Andrzej Duda. La politique internationale a largement dominé la campagne électorale, notamment la question de la place de la Pologne entre l’UE et les Etats-Unis, et mis en lumière un affrontement entre deux conceptions distinctes.”Ce sont des élections très importantes, qui opposent deux visions diamétralement opposées de la Pologne (…) : d’un côté, une Pologne démocratique, européenne, ouverte, sûre et honnête, et, de l’autre, tout le contraire”, déclare à l’AFP Marcin Woloszynski, un économiste de 42 ans, après avoir voté à Varsovie.Les questions sociales ont également joué un rôle important dans les débats. Rafal Trzaskowski, 53 ans, a promis de soutenir les droits à l’avortement dans un pays où il est quasiment interdit et ceux de la communauté LGBTQ.- “Un vrai Polonais”-Le parti Droit et Justice (PiS), qui soutient le nationaliste Karol Nawrocki, a souvent été en désaccord avec les alliés occidentaux de la Pologne et Bruxelles sur les questions du respect de l’Etat de droit, jusqu’à ce qu’il perde le pouvoir en 2023. M. Nawrocki, 42 ans, qui dit admirer Donald Trump, affirme que le président américain lui a dit “Vous allez gagner” lorsqu’ils se sont rencontrés à la Maison Blanche début mai. Wojciech Bobrowski, un retraité de 79 ans, est convaincu qu'”à l’heure actuelle, la Pologne a besoin d’un président qui soit un vrai Polonais et non d’un homme qui a la trahison dans les gènes”.La Pologne est depuis longtemps divisée entre les deux camps majeurs, nationaliste et pro-européen, mais beaucoup choisissent déjà une autre voie.”Je ne dirai pas pour qui j’ai voté mais certainement pas pour un de ceux qui, on le sait, passeront au second tour”, a confié à l’AFP Krystian, un ouvrier de 40 ans de Sandomierz (sud-est). Le résultat définitif de la présidentielle dépendra en grande partie du vote au second tour des partisans de Slawomir Mentzen, un candidat d’extrême droite, troisième dans les sondages, avec environ 12% des suffrages. Celui-ci est un libertarien eurosceptique, fermement opposé à l’avortement et aux migrants, qui accuse les réfugiés ukrainiens, dont le nombre est évalué à environ un million, de profiter de la Pologne. – “Arrêter la tendance antidémocratique” -Une victoire de M. Trzaskowski permettrait au gouvernement de tenir ses engagements les plus importants qui n’ont pas été honorés par la coalition en place ayant fait bien des déçus, notamment parmi les défenseurs des droits des femmes, dont celui à l’avortement.Elle lui donnerait aussi la possibilité de réaliser des progrès dans le rétablissement de l’Etat de droit, mis à mal par le précédent gouvernement populiste et le président sortant.”Nous avons la possibilité de mettre de l’ordre dans notre pays (…), nous sommes à un moment de grandes discussions sur l’avenir de la Pologne, de l’Europe et du monde”, a dit à l’agence de presse PAP le prix Nobel de la paix Lech Walesa qui a voté à Gdansk (nord).Le chef de l’Etat polonais a des pouvoirs limités mais dispose d’un droit de veto sur les initiatives législatives, une prérogative fréquemment utilisée par le président sortant. “Avec Nawrocki, le gouvernement sera de fait paralysé et cela peut mener à terme à la chute de la coalition au pouvoir”, juge la politologue Anna Materska-Sosnowska.Son succès signifierait “en réalité le retour des populistes, avec une force décuplée, au plus tard dans deux ans”, aux prochaines législatives, selon elle.Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Tusk, la Pologne renforce sa position en Europe et occupe une place de première importance aux confins orientaux de l’Alliance atlantique, face à la Russie.Dans ce contexte, note Mme Materska-Sosnowska, la présidentielle est “fondamentale”, non seulement pour la Pologne mais aussi face aux “tentatives d’arrêter la tendance antidémocratique, populiste, qui traverse l’Europe”.