L1: Strasbourg retrouve Emegha et gagne au Paris FC

Strasbourg a récolté dimanche au Paris FC (3-2) une quatrième victoire en cinq journées de Ligue 1, grâce à son capitaine Emanuel Emegha, buteur et passeur, de retour de blessure et de fâcherie avec les ultras.Réconciliation. Entré pour la dernière demi-heure, le Néerlandais a offert au bout d’un contre le deuxième but à Guéla Doué (78) et a signé lui-même celui du 3-1 (87).Il a couru vers la tribune visiteurs en brandissant son maillot — ce qui lui a valu un avertissement — quand l’arbitre vidéo a confirmé que le troisième but du Racing était valable. La grande majorité des 900 Alsaciens ont scandé: “Emegha ! Emegha !”L’annonce de son transfert l’été prochain à Chelsea, le club partenaire, avait entraîné une crise interne au Racing: banderoles offensives des ultras contre lui et la multipropriété et réactions courroucées du président Marc Keller et de l’entraîneur Liam Rosenior.”Je ne pense pas qu’Emanuel soit facilement affecté, a commenté le technicien anglais. Il a été contrarié un temps, c’est sûr, mais ce qui est génial avec sa mentalité, c’est qu’il reste concentré sur son football.”Contre le PFC, Emegha “a été exceptionnel. Pour moi, rien n’a vraiment changé. Je ne veux pas que le bruit extérieur affecte mes joueurs. Il continue d’être performant et de marquer pour l’équipe”, a ajouté Rosenior.Le capitaine, qui a repris à Mamadou Sarr son brassard en remplaçant l’Argentin Joaquin Panichelli (60), n’avait plus joué depuis le match de barrages de Ligue Conférence à Brondby où il avait signé un doublé (victoire 3-2) avant de se blesser.- Fin de série pour Paris -Avant l’entrée en scène d’Emegha, le jeune Kendry Paez (18 ans) s’était habilement glissé entre Hamari Traoré et Samir Chergi pour reprendre d’une tête croisée un centre de Diego Moreira (27). Il s’agit du premier but en Ligue 1 du grand espoir sud-américain prêté par le grand-frère Chelsea.Grâce à eux et Guéla Doué, Strasbourg revient avec 12 points à la hauteur du Paris Saint-Germain, dont le choc à Marseille a été décalé à lundi (20h00) en raison des intempéries, et de Lyon.Le PFC en revanche voit sa série de deux victoires stoppée, et s’incline pour la première fois à Jean-Bouin, le stade qu’il partage avec le Stade Français.Pour la première, les bleu marine avaient renversé Metz (3-2), mais cette fois les buts de Nouha Dicko (81) et Alimami Gory (90+4) sont arrivés trop tard.L’entraîneur Stéphane Gilli voulait que le nouveau stade du PFC devienne “une forteresse”, mais ses joueurs ont trop manqué d’efficacité devant le but pour éviter la défaite.Willem Geubbels en particulier a manqué d’adresse, gâchant notamment une balle d’égalisation à trois mètres de la ligne (45+3), avant d’être remplacé à la pause par Gory pour “une petit douleur à l’adducteur”, a précisé Gilli.Ilan Kebbal, qui a reçu le trophée UNFP de meilleur joueur de L1 du mois d’août, a aussi manqué de précision et s’est parfois enfermé dans des actions solitaires.Le PFC reste en milieu de tableau (10e) en attendant les autres matches de dimanche.

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Fin de la garde à vue de l’influenceur Jeremstar pour son action anticorrida

L’influenceur Jeremstar, arrêté vendredi soir après avoir fait irruption au milieu des arènes de Nîmes en pleine corrida, brandissant un tissu portant l’inscription “F*CK la CORRIDA”, est sorti de garde à vue dimanche, a annoncé à l’AFP le parquet de Nîmes.Il a reçu, ainsi que les deux autres participants à l’action de protestation, une convocation par officier de police judiciaire (COPJ), une mesure de convocation directe à une audience devant le tribunal, a ajouté le parquet sans préciser la date de cette audience.”Aussi éprouvantes qu’aient été les conditions de la garde à vue, elles ne sont rien comparées à ce que subissent les taureaux. Et si j’ai dû passer deux nuits en cellule pour me battre pour eux, je l’ai fait volontiers”, a déclaré à l’issue de sa garde à vue Jeremstar, Jérémy Gisclon de son vrai nom, dans une réaction transmise à l’AFP par l’association de défense des animaux Peta France, qui avait soutenu et organisé l’action.La corrida avait été brièvement interrompue vendredi à la suite de l’intrusion de l’influenceur. Les deux autres activistes avaient eux parcouru le couloir circulaire, le callejon, autour des arènes, vêtus d’un tee-shirt flanqué du mot corrida barré de rouge. Tous trois ont été expulsés des arènes par des agents de sécurité avant d’être placés en garde à vue “pour des faits d’intrusion dans une enceinte sportive troublant le déroulement de la compétition”.”Je déteste la corrida. Ce n’est pas de l’art mais de la torture animale. Cette tradition ignoble doit être abolie. Je ne comprends pas comment ce spectacle honteux est encore possible en 2025″, s’était justifié l’influenceur dans un post sur son compte Instagram aux 2,5 millions d’abonnés, accompagné de la vidéo de son action.

A Arras, Attal esquisse les contours d’une “nouvelle République” en 2027

“Nous ne sommes plus en 2017, ni en 2022”. Gabriel Attal a jeté les bases de son projet de “nouvelle République” lors de la rentrée de Renaissance dimanche à Arras, en se tournant vers l’élection présidentielle, malgré les tensions internes avec les fidèles d’Emmanuel Macron.Un bug sur la Marseillaise -répétant à l’infini son introduction- a légèrement entaché la scène finale au parc des Expositions d’Arras, où environ 3.000 personnes étaient réunies pour écouter le discours de l’ancien Premier ministre, en clôture d’un weekend de rentrée du parti créé par le chef de l’État en 2016.Un certain nombre de figures manquaient à l’appel. Certaines ont invoqué les Journées du patrimoine pour retourner dans leur circonscription. D’autres ont préféré sécher la séance, comme Benjamin Haddad ou Aurore Bergé. Présidente du conseil national du parti, Élisabeth Borne n’était pas présente. Seuls deux ministres Renaissance démissionnaires, régionaux de l’étape, étaient assis au premier rang: Agnès Pannier-Runacher et Gérald Darmanin.En cause: les phrases plutôt offensives distillées dans la semaine par l’entourage de M. Attal, promettant un “discours fondateur” d’un “homme libre”, alors que les relations sont au point mort avec le chef de l’État.”Consigne a été donné manifestement à haut niveau de ne pas assister au discours”, a commenté un cadre de la direction du parti.M. Attal “a le droit d’affirmer une ambition présidentielle” mais “on ne veut pas que ce parti devienne un parti de rupture avec le président”, explique un des réfractaires.Gabriel Attal, à la tête du parti présidentiel depuis un an, a néanmoins persisté. “Nous ne sommes pas audibles si nous ne reconnaissons pas la réalité: l’origine première de cette instabilité, c’est la décision de dissoudre l’Assemblée nationale”, a-t-il lancé sous des applaudissements polis, tranchant avec les “Attal, président” régulièrement scandés par les jeunes du mouvement.”Cessons de croire au mythe de l’homme providentiel et acceptons de partager le pouvoir. Cessons de croire qu’une personne peut tout avoir et tout décider”, a-t-il insisté.Le secrétaire général n’a pas oublié la situation actuelle, promettant d'”aider” le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, membre de Renaissance, qui s’est contenté d’un passage à huis clos vendredi soir devant les parlementaires.-“Tout sera refondé”-Mais pour le reste, M. Attal s’est essentiellement tourné vers la prochaine échéance présidentielle, promettant de bâtir “une nouvelle République” où “tout sera refondé”.Le “financement du modèle social n’empêchera pas les salaires d’augmenter sous le poids des cotisations”, a-t-il prôné, jugeant nécessaire d’interroger “jusqu’à la notion de temps de travail”.L’ex-Premier ministre a notamment à nouveau exposé les projets déjà déclinés dans le cadre de travaux internes du parti, sur un système de retraites par points, avec disparition de l’âge légal, ou encore sur un permis à points pour l’immigration.Il a par ailleurs proposé d’insérer dans la Constitution un “principe de non-régression sociétale”, sur le principe déjà inscrit de non-régression environnementale. Au plan institutionnel, le détail des propositions attendra. M. Attal a expliqué vouloir bâtir la “Ve République du XXIe siècle” en évoquant le recours fréquent à des référendums, la baisse du nombre de parlementaires ou la suppression d’une strate de collectivités territoriales et la chasse aux “recours” contre les grands projets.De retour à Matignon avec Sébastien Lecornu, Renaissance est au centre de la crise politique actuelle. Le parti s’attend à devoir faire des concessions pour éviter la censure du Parti socialiste.Mais M. Attal a semblé écarter, sans la nommer, la taxe Zucman réclamée par la gauche, commandant de ne pas créer “des impôts supplémentaires” qui mettraient “des boulets aux pieds de nos entreprises qui font face à la compétition internationale”.”Cette guerre, on l’a perdue”, juge néanmoins un cadre de la direction du parti, tandis qu’un autre relève que le principe d’une imposition supplémentaire des plus fortunés est largement partagé, “y compris dans l’aile droite” de Renaissance.Sur les retraites, Renaissance continue de défendre la réforme Borne de 2023. Mais “il faut déterminer quel compromis permet à la France d’avoir un budget et nous, on aura l’occasion de dire ce qu’on pense de ce compromis. Et on ne sera pas des obstacles”, a glissé un dirigeant.

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Les lagunes, “sentinelles” du réchauffement climatique en Méditerranée

Un café, une gaufre, et Sébastien Gaubert saute sur sa barque à 5h45 pour fendre la surface parfaitement lisse à l’aube de l’étang de l’Ayrolle à Gruissan (Aude), dont le fragile équilibre est menacé par une sécheresse persistante, et y relever les 50 hameçons calés la veille.Dans l’air poisseux d’humidité et de sel, l’homme de 47 ans, dont quinze à pêcher sur cette lagune près de Narbonne, ne ramènera que trois loups, surnom local du bar. Un “minimum syndical” qui permettra de “sauver la journée”.La pêche de l’anguille, activité traditionnelle de l’étang et interdite six mois sur douze, n’a rouvert qu’au 1er septembre. “Avant, on faisait trois à quatre tonnes d’anguilles par an, aujourd’hui, une tonne si on est chanceux”, raconte le pêcheur au crâne rasé, chaîne en argent autour du cou.Ce poisson longiligne, qui fournit une part “considérable” du revenu des pêcheurs de l’étang de l’Ayrolle – près de 40% – selon le maire de Gruissan, Didier Codorniou, a été classé en danger critique d’extinction en 2008 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).- “Très peu de pluie” -Son déclin a accompagné la métamorphose des lagunes, et Sébastien Gaubert veut y voir un lien: “Le problème, c’est la pollution et l’eau qui est trop salée. L’anguille a besoin d’eau saumâtre”, c’est-à-dire moins salée que la mer, dit-il.L’anguille passe la majeure partie de sa vie en eau douce ou saumâtre, et se reproduit en mer. Les lagunes, sortes de bassines à l’interface entre rivières et Méditerranée, leur fournissent ainsi un milieu adéquat – mais pour combien de temps?”Avec cette configuration de bassine ou de casserole”, la composition des lagunes “bouge beaucoup plus vite qu’en mer”, explique Valérie Derolez, chercheuse en écologie côtière à l’Ifremer.La concentration en sel des étangs varie au gré des pluies et des fortes chaleurs, qui apportent de l’eau douce ou la font s’évaporer. Or le littoral méditerranéen subit de plein fouet le réchauffement climatique. “On observe très peu de pluie depuis 2015”, décrit Mme Derolez. Conséquence, “sur 20 ans, on observe une salinisation assez marquée de nos lagunes.”Généralement moins salées que la Méditerranée (38 unités de salinité, à peu près équivalentes à des grammes de sel par litre), les lagunes pourraient renverser rapidement la tendance.Entre 2001 et 2022, la salinité médiane “sur l’ensemble des lagunes est passée de 33 à 37 unités l’été”, détaille la chercheuse. L’Ayrolle, encore plus touché, est passé de 28 à 36, et pourrait atteindre 44 unités en 2025. “C’est énorme”, juge-t-elle.- Risque d’asphyxie -L’écosystème des lagunes présente par ailleurs un fragile équilibre: l’eau douce, lorsqu’elle leur parvient par ruissellement, charrie des substances nutritives.”En moyenne, les étangs sont six fois plus riches que la mer en azote et phosphore, ce qui conduit à une prolifération d’algues, de zooplancton, de coquillages… Donc quand les poissons entrent, ils grossissent rapidement”, explique Laurent Benau, responsable qualité de l’eau au parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée, qui comprend l’étang de l’Ayrolle.Mais si l’eau est trop riche, “le système se dégrade”, alerte M. Benau. Les algues risquent d’envahir l’étang et l’oxygène de se raréfier, parfois au point de faire s’étouffer les étangs, où faune et flore finissent par agoniser. On parle alors de malaïgue, de l’occitan “mala aiga” (mauvaise eau).Les relevés de l’Ifremer montrent que le phénomène est en marche: le taux d’oxygène baisse depuis 20 ans. Sous 5 milligrammes par litre, “ça peut faire un gros stress physiologique pour le vivant”, prévient Valérie Derolez. L’étang de l’Ayrolle est déjà passé de 8 à 6 mg/L entre 2000 et 2022.Des mutations qui laissent entrevoir la façon dont le réchauffement va transformer la Méditerranée. “Les lagunes, pour nous, ce sont un peu des sentinelles du changement climatique”, assure la chercheuse en écologie côtière. “Ça amplifie le signal par rapport à ce qu’on pourrait avoir en mer, vu que les effets sont décuplés.”