En crise, la Bolivie s’apprête à virer à droite après 20 ans de socialisme

Plongés dans une profonde crise économique, les Boliviens s’apprêtent à mettre fin dimanche à deux décennies de domination de la gauche, en amorçant un virage radical à droite, portés par deux candidats promettant des changements drastiques.Dans ce contexte, l’ancien président Evo Morales, figure de la gauche dans le pays mais écarté du scrutin par la limite des mandats, appelle au vote nul et menace de mobiliser ses partisans dans la rue. Le pays de 11,3 millions d’habitants se rend aux urnes las du manque de dollars, de carburant et de produits alimentaires. L’inflation annuelle a frôlé 25% en juillet, un niveau inédit depuis au moins 2008.Rendu responsable de la débâcle, le président Luis Arce a renoncé à briguer un deuxième mandat.  “Notre situation est vraiment (…) catastrophique. Notre monnaie s’est dépréciée, les salaires ne suffisent pas, tout est très cher”, témoigne Freddy Millán, un ingénieur de 53 ans de Santa Cruz, poumon économique du pays.Le millionnaire de centre-droit Samuel Doria Medina, 66 ans, et l’ancien président de droite Jorge Quiroga, 65 ans, sont en tête des intentions de vote parmi les huit candidats en lice. Au coude-à-coude, les deux favoris devraient s’affronter lors d’un second tour le 19 octobre.Tous deux promettent de tourner la page du modèle économique étatiste mis en place par le Mouvement vers le socialisme (MAS), au pouvoir depuis près de 20 ans.La gauche pourrait ainsi vivre son pire fiasco électoral depuis son arrivée au pouvoir en 2006 sous la houlette d’Evo Morales, qui a gouverné jusqu’en 2019 avant de soutenir la victoire de son ancien ministre Luis Arce en 2020.Mais les luttes intestines entre les deux hommes ont depuis fracturé le parti au pouvoir et provoqué des manifestations avec blocages de routes qui ont paralysé plusieurs régions et aggravé la crise économique.  Figures de la gauche, le candidat du MAS, Eduardo Del Castillo, et le président du Sénat, Andrónico Rodríguez, tous deux âgés de 36 ans, sont ainsi à la traîne dans les sondages.- “Combat dans la rue” -La crise nous a “totalement affectés (…) Je pense que nous essayons tous de changer cette situation”, déclare Alejandra Ticona, une étudiante en droit de 24 ans de La Paz.Bien qu’elle reconnaisse que la gauche a autrefois aidé les paysans, comme sa propre famille, elle souhaite aujourd’hui que l’un des deux favoris remporte le scrutin. Sous la présidence d’Evo Morales, la Bolivie a triplé sa production intérieure, réduit la pauvreté de 60% à 37% et inclus la population indigène dans la redistribution du pouvoir et des richesses.Mais ce bilan s’efface maintenant derrière une crise économique devenue la préoccupation majeure des Boliviens.MM. Doria Medina et Quiroga promettent ainsi un plan de choc avec des coupes dans les dépenses publiques et une plus grande ouverture aux investissements privés.”Une nouvelle étape va commencer”, a récemment déclaré M. Doria Medina à l’AFP. M. Quiroga a, lui, promis un “changement radical” du modèle économique.”Avec le peuple, nous mènerons le combat dans les rues” si la droite l’emporte, a déclaré à l’AFP Evo Morales depuis son fief du Chapare, dans le centre du pays, où il est réfugié depuis un mandat d’arrêt dans une affaire de traite de mineure qu’il conteste.Après 20 ans au pouvoir, “le gouvernement ne peut tout simplement pas rejeter la responsabilité de la crise sur quelqu’un d’autre”, estime Pablo Calderón, professeur d’études internationales à la Northeastern University de Londres. Mais, selon lui, si la droite l’emporte, elle devrait éviter les “virages à 180 degrés” dans l’immédiat, notamment concernant les programmes sociaux qui ont permis à de nombreux Boliviens de sortir de la pauvreté.Pour Glaeldys Gonzalez, analyste du Crisis Group, l’opinion publique est toutefois prête au “changement”: libéraliser l’économie et réduire le rôle de l’Etat sont à présent des pistes largement acceptées, selon elle. Près de huit millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche, lors d’un vote obligatoire.

Macron brise un tabou en reconnaissant la “guerre” de la France au Cameroun pendant la décolonisation

Le président Emmanuel Macron a officiellement reconnu que la France avait mené “une guerre” au Cameroun contre des mouvements insurrectionnels avant et après l’indépendance de 1960, un mot jusqu’ici absent des discours officiels, signalant à nouveau sa volonté d’introduire plus de transparence dans l’histoire coloniale française.”Il me revient d’assumer aujourd’hui le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements”, souligne le chef de l’Etat dans un courrier à son homologue camerounais Paul Biya rendu public mardi, actant ainsi un tournant mémoriel entre les deux pays.M. Macron endosse les conclusions d’un rapport d’historiens qui lui avait été remis en janvier et qui a “clairement fait ressortir qu’une guerre avait eu lieu au Cameroun, au cours de laquelle les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de nature multiple”.En outre, ajoute Emmanuel Macron, “la guerre s’est poursuivie au-delà de 1960 avec l’appui de la France aux actions menées par les autorités camerounaises indépendantes”.Le président français avait annoncé en juillet 2022 au Cameroun le lancement de travaux d’une commission mixte franco-camerounaise visant à faire la lumière sur la lutte de la France contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun entre 1945 et 1971.Le rapport de cette commission, présidée par l’historienne Karine Ramondy, s’inscrit dans la politique mémorielle du président Macron vis-à-vis de l’Afrique, à la suite de rapports similaires sur le Rwanda et l’Algérie, autres pages sombres de la politique française en Afrique.- “renforcer la relation” -Le rapport sur le Cameroun et les recherches appelées à le prolonger “vont nous permettre de continuer à bâtir l’avenir ensemble, de renforcer la relation étroite qui unit la France et le Cameroun, avec ses liens humains entre nos sociétés civiles et nos jeunesses”, a appelé de ses voeux M. Macron.”C’est bien, parce qu’il reconnaît” ce qu’il s’est passé, a réagi auprès de l’AFP Mathieu Njassep, président de l’Association des vétérans du Cameroun (Asvecam) qui réunit d’anciens combattants indépendantistes, assurant toutefois qu’il ne pourra être satisfait que si la France verse des réparations. Un sujet qui n’est pas abordé dans sa lettre par M. Macron.”La France a commis beaucoup de crimes au Cameroun. Elle peut payer des réparations. Elle a détruit des villages, des routes, tant de choses… Il y a beaucoup de choses qu’elle doit faire”, a expliqué l’ancien combattant camerounais.Paul Biya, âgé de 92 ans, a annoncé en juillet qu’il briguerait un huitième mandat à la présidentielle prévue le 12 octobre prochain. Le Conseil constitutionnel a de son côté rejeté début août la candidature de son principal opposant, Maurice Kamto.Le rapport de plus de mille pages étudie notamment le glissement de la répression des autorités coloniales françaises vers une véritable “guerre”. Se déroulant dans le sud et l’ouest du pays entre 1956 et 1961, elle a sans doute fait “des dizaines de milliers de victimes”, selon les historiens.Le rapport souligne que “l’indépendance formelle (du Cameroun en janvier 1960) ne constitue absolument pas une rupture nette avec la période coloniale”. Ahmadou Ahidjo, Premier ministre puis président en 1960, met en place “un régime autocratique et autoritaire avec le soutien des autorités françaises, représentées par des conseillers et administrateurs, qui accordent leur blanc-seing aux mesures répressives adoptées”, selon les historiens.L’actuel président Paul Biya a été un proche collaborateur de M. Ahidjo dans les années 1960, jusqu’à devenir Premier ministre en 1975, avant d’accéder à la présidence à partir de 1982.M. Macron, qui suggère la création d’un groupe de travail dédié entre le Cameroun et la France, “s’engage à ce que les archives françaises soient rendues facilement accessibles pour permettre la poursuite des travaux de recherche”.Il évoque “certains épisodes spécifiques de cette guerre, comme celui d’Ekité du 31 décembre 1956, qui a fait de nombreuses victimes, ou la mort lors d’opérations militaires menées sous commandement français des quatre leaders indépendantistes Isaac Nyobè Pandjock (17 juin 1958), Ruben Um Nyobè (13 septembre 1958), Paul Momo (17 novembre 1960) et Jérémie Ndéléné (24 novembre 1960)”.En revanche, concernant l’assassinat de l’opposant Félix-Roland Moumié à Genève le 3 novembre 1960, “l’absence d’éléments suffisants dans les archives françaises et le non-lieu rendu par la justice suisse en 1980 n’ont semble-t-il pas permis d’apporter un nouvel éclairage sur les responsabilités” de sa mort, estime M. Macron.

US summit in Alaska a ‘personal victory’ for Putin, Zelensky says

Ukrainian President Volodymyr Zelensky said Tuesday that Russian counterpart Vladimir Putin had scored a “personal victory” by getting invited to talks with Donald Trump on US soil, and that the meeting further delayed sanctions on Moscow.Zelensky also ruled out withdrawing troops from Ukraine’s eastern Donbas region as part of a peace deal, after Trump suggested he and Putin might negotiate a land swap to end the war.The summit, set to take place in Alaska on Friday, will be the first between a sitting US and Russian president since 2021 and comes as Trump seeks to broker an end to Russia’s nearly three-and-a-half year war in Ukraine.Zelensky, who is not scheduled to take part, has expressed concern that Russia will put forward hard-line demands and that Trump will hammer out a deal that will demand Ukraine cede swathes of territory.”We will not withdraw from the Donbas… if we withdraw from the Donbas today — our fortifications, our terrain, the heights we control — we will clearly open a bridgehead for the Russians to prepare an offensive,” Zelensky told reporters.The Donbas encompasses the eastern Ukrainian regions of Lugansk and Donetsk, both of which Russia claims as its own and has sought to control since its invasion began in 2022.Zelensky said Friday’s summit would effectively postpone new US sanctions on Russia — sanctions that Trump had promised to impose if Putin refused to halt his war.”First, he will meet on US territory, which I consider his personal victory. Second, he is coming out of isolation because he is meeting on US territory. Third, with this meeting, he has somehow postponed sanctions,” Zelensky said.Zelensky also said he had received a “signal” from US envoy Steve Witkoff that Russia might agree to a ceasefire, without elaborating.”This was the first signal from them,” Zelensky said.To prepare for the summit, Russian Foreign Minister Sergei Lavrov held a call with US counterpart Marco Rubio, who told a US radio show earlier that Trump did not regard the meeting as a “concession” to Russia.The White House, meanwhile, confirmed that the meeting came about after Putin requested it.Trump’s spokeswoman Karoline Leavitt said the aim was “for the president is to walk away with a better understanding of how we can end this war”.- ‘No equipment’ -On the battlefield, Zelensky warned Russia had made sharp advances near the coal mining town of Dobropillia and was planning new ground assaults on at least three different areas of the front line.”Russian units have advanced 10 kilometres (six miles) deep in several spots. They all have no equipment, only weapons in their hands. Some have already been found, some destroyed, some taken prisoner. We will find the rest and destroy them in the near future,” Zelensky said.A map published by Ukrainian battlefield monitor DeepState, which has close ties with Ukraine’s military, showed Russia had made a double-pronged advance around 10 kilometres (six miles) deep in a narrow section of the front line near Dobropillia.Dobropillia, home to around 30,000 people before the war, has come under regular Russian drone attacks.The advance also threatens the largely destroyed town of Kostiantynivka, one of the last large urban areas in the Donetsk region still held by Ukraine.Russian forces have been accelerating their advances for months, pressing their advantage against overstretched Ukrainian troops.The Ukrainian army said Tuesday it was engaged in “difficult” battles with Russian forces in the east, but denied Russia had a foothold near Dobropillia.”The situation is difficult and dynamic,” it said in a statement.- ‘New offensive’ -The Institute for the Study of War, a US-based think tank, said Russia was sending small sabotage groups forwards.It said it was “premature” to call the Russian advances around Dobropillia “an operational-level breakthrough”.A Ukrainian military group that oversees parts of the front in the Donetsk region also said Russia was probing Ukrainian lines with small sabotage groups, describing battles as “complex, unpleasant and dynamic”.Trump has described his summit with Putin on Friday as a chance to check the Russian leader’s ideas for ending the war.European leaders have meanwhile sought to ensure respect for Kyiv’s interests.Russia, which invaded Ukraine in 2022, has made costly but incremental gains across the front in recent months and claims to have annexed four Ukrainian regions while still fighting to control them.Ukrainian police meanwhile said that Russian attacks in the past hours had killed three people and wounded 12 others, including a child.

US offers $5 mn reward for arrest of Haitian gang leader

The United States offered a $5 million reward on Tuesday for the arrest of Haitian gang leader Jimmy “Barbeque” Cherizier for allegedly violating US sanctions.Cherizier, 48, and another man, Bazile Richardson, have been indicted on charges of conspiring to transfer funds from the United States to fund gang activities in Haiti, the Justice Department said.”There’s a good reason that there’s a $5 million reward for information leading to Cherizier’s arrest,” US Attorney Jeanine Pirro said at a press conference.”He’s a gang leader responsible for heinous human rights abuses, including violence against American citizens in Haiti.”Cherizier has been under US Treasury Department sanctions since 2020 and UN sanctions since 2022.The former policeman heads an alliance of gangs in Haiti dubbed the “G9 Family,” whose members are accused of murder, robbery, extortion, rape, targeted assassinations, drug trafficking and kidnappings.The alliance participated in an organized assault last year that ultimately led to the resignation of prime minister Ariel Henry, who was replaced by a frail transitional council.The Justice Department said that Cherizier and Richardson, a naturalized US citizen who was arrested in Texas last month, raised funds from members of the Haitian diaspora in the United States and had the money transferred to intermediaries in the Caribbean nation.Cherizier allegedly used the funds to pay salaries to members of his gang and purchase firearms.Haiti is the poorest country in the Western hemisphere, with swaths of the country and the vast majority of the capital Port-au-Prince under the control of armed gangs.Despite the deployment of a Kenyan-led multinational force to back up Haiti’s police, violence has continued to soar.At least 3,141 people have been killed in the first half of this year, according to figures released last month by the UN High Commissioner for Human Rights.”Cherizier and (Richardson) sought to raise funds in the United States to bankroll Cherizier’s violent criminal enterprise, which is driving a security crisis in Haiti,” Assistant Attorney General John Eisenberg said.”The National Security Division does not tolerate criminal gang fundraising in the United States, and will continue to pursue those who enable Haiti’s violence and instability.”