L’Australie expulse l’ambassadeur d’Iran en raison d’attaques antisémites

Le gouvernement australien a annoncé mardi expulser l’ambassadeur d’Iran à Canberra, accusant le pays d’être impliqué dans des attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, une première en Australie depuis la Seconde Guerre mondiale. Canberra a également suspendu les activités de son ambassade à Téhéran, et rappelé son propre ambassadeur.Les services de renseignement du pays sont parvenus à la “conclusion profondément troublante” selon laquelle l’Iran aurait orchestré au moins deux attaques antisémites fin 2024, a déclaré le Premier ministre australien Anthony Albanese, lors d’une conférence de presse.L’Iran a rejeté ces accusations et averti qu’il prendrait des mesures de rétorsion.”L’accusation qui a été portée est catégoriquement rejetée”, a déclaré mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Esmaeil Baqaei, ajoutant que “toute mesure inappropriée et injustifiée au niveau diplomatique entraînera une rétorsion”. Les autorités australiennes ont déclaré “persona non grata” l’ambassadeur Ahmad Sadeghi, et lui ont donné, ainsi qu’à trois autres diplomates iraniens, sept jours pour quitter le pays, a précisé de son côté la ministre des Affaires étrangères Penny Wong.En dépit de la suspension des activités de son ambassade à Téhéran, l’Australie n’entend pas cesser complètement ses relations diplomatiques avec l’Iran, afin de défendre les intérêts de ses citoyens, a assuré Mme Wong.Mais la ministre a indiqué que la capacité de Canberra à fournir une assistance consulaire était désormais “extrêmement limitée”.”Je sais que de nombreux Australiens ont des liens familiaux en Iran, mais j’exhorte tous ceux qui envisageraient de s’y rendre à ne pas le faire”, a-t-elle expliqué.- Aucun blessé -L’Australie dispose d’une ambassade à Téhéran depuis 1968. Elle déconseille à ses ressortissants de se rendre en Iran depuis 2020.M. Albanese a affirmé que l’Iran était à l’origine de l’incendie d’un café casher dans le quartier de Bondi, près de Sydney, en octobre 2024, et de la synagogue Adass Israel de Melbourne en décembre 2024, disant s’appuyer sur les conclusions des services de renseignement.Aucun blessé n’avait été signalé lors de ces deux incendies.Le directeur de l’Australian Security Intelligence Organisation (ASIO), Mike Burgess, a déclaré qu’une enquête “minutieuse” des services de renseignement avait mis au jour des liens entre les attaques antisémites et les Gardiens de la révolution.Il soutient que l’armée idéologique de la République islamique a utilisé un réseau complexe d’intermédiaires pour dissimuler son rôle.Mais l’ambassade et ses diplomates ne seraient pas impliqués, d’après le directeur de l’ASIO.- Organisation terroriste -Les services australiens n’excluent pas que l’Iran soit à l’origine d’autres attaques antisémites perpétrées dans le pays.Lors d’une conférence de presse plus tôt cet été, M. Burgess avait mentionné l’Iran comme un pays qui tenterait activement de voler des informations classifiées.La communauté juive pourrait trouver un certain réconfort dans l’avancée de cette enquête, selon Daniel Aghion, président du Conseil exécutif des Juifs australiens.”Cependant, nous resterons très inquiets d’avoir été pris pour cible de manière aussi cruelle et calculée (…), simplement en raison de notre identité”, a-t-il confié.L’Australie va légiférer pour inscrire les Gardiens de la révolution sur sa liste des organisations terroristes, selon Anthony Albanese.Une décision saluée par l’ambassade d’Israël à Canberra. “C’est une mesure que nous préconisons depuis longtemps”, a-t-elle réagi dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.”Le régime iranien ne menace pas seulement les Juifs ou Israël, il met en danger l’ensemble du monde libre, y compris l’Australie. Il s’agit d’une mesure forte et importante” a-t-elle ajouté.

L’Australie expulse l’ambassadeur d’Iran en raison d’attaques antisémites

Le gouvernement australien a annoncé mardi expulser l’ambassadeur d’Iran à Canberra, accusant le pays d’être impliqué dans des attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, une première en Australie depuis la Seconde Guerre mondiale. Canberra a également suspendu les activités de son ambassade à Téhéran, et rappelé son propre ambassadeur.Les services de renseignement du pays sont parvenus à la “conclusion profondément troublante” selon laquelle l’Iran aurait orchestré au moins deux attaques antisémites fin 2024, a déclaré le Premier ministre australien Anthony Albanese, lors d’une conférence de presse.L’Iran a rejeté ces accusations et averti qu’il prendrait des mesures de rétorsion.”L’accusation qui a été portée est catégoriquement rejetée”, a déclaré mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Esmaeil Baqaei, ajoutant que “toute mesure inappropriée et injustifiée au niveau diplomatique entraînera une rétorsion”. Les autorités australiennes ont déclaré “persona non grata” l’ambassadeur Ahmad Sadeghi, et lui ont donné, ainsi qu’à trois autres diplomates iraniens, sept jours pour quitter le pays, a précisé de son côté la ministre des Affaires étrangères Penny Wong.En dépit de la suspension des activités de son ambassade à Téhéran, l’Australie n’entend pas cesser complètement ses relations diplomatiques avec l’Iran, afin de défendre les intérêts de ses citoyens, a assuré Mme Wong.Mais la ministre a indiqué que la capacité de Canberra à fournir une assistance consulaire était désormais “extrêmement limitée”.”Je sais que de nombreux Australiens ont des liens familiaux en Iran, mais j’exhorte tous ceux qui envisageraient de s’y rendre à ne pas le faire”, a-t-elle expliqué.- Aucun blessé -L’Australie dispose d’une ambassade à Téhéran depuis 1968. Elle déconseille à ses ressortissants de se rendre en Iran depuis 2020.M. Albanese a affirmé que l’Iran était à l’origine de l’incendie d’un café casher dans le quartier de Bondi, près de Sydney, en octobre 2024, et de la synagogue Adass Israel de Melbourne en décembre 2024, disant s’appuyer sur les conclusions des services de renseignement.Aucun blessé n’avait été signalé lors de ces deux incendies.Le directeur de l’Australian Security Intelligence Organisation (ASIO), Mike Burgess, a déclaré qu’une enquête “minutieuse” des services de renseignement avait mis au jour des liens entre les attaques antisémites et les Gardiens de la révolution.Il soutient que l’armée idéologique de la République islamique a utilisé un réseau complexe d’intermédiaires pour dissimuler son rôle.Mais l’ambassade et ses diplomates ne seraient pas impliqués, d’après le directeur de l’ASIO.- Organisation terroriste -Les services australiens n’excluent pas que l’Iran soit à l’origine d’autres attaques antisémites perpétrées dans le pays.Lors d’une conférence de presse plus tôt cet été, M. Burgess avait mentionné l’Iran comme un pays qui tenterait activement de voler des informations classifiées.La communauté juive pourrait trouver un certain réconfort dans l’avancée de cette enquête, selon Daniel Aghion, président du Conseil exécutif des Juifs australiens.”Cependant, nous resterons très inquiets d’avoir été pris pour cible de manière aussi cruelle et calculée (…), simplement en raison de notre identité”, a-t-il confié.L’Australie va légiférer pour inscrire les Gardiens de la révolution sur sa liste des organisations terroristes, selon Anthony Albanese.Une décision saluée par l’ambassade d’Israël à Canberra. “C’est une mesure que nous préconisons depuis longtemps”, a-t-elle réagi dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.”Le régime iranien ne menace pas seulement les Juifs ou Israël, il met en danger l’ensemble du monde libre, y compris l’Australie. Il s’agit d’une mesure forte et importante” a-t-elle ajouté.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Dans les mythiques marais d’Irak, l’errance des éleveurs de buffles privés d’eau

Comme son père avant lui, Watheq Abbas fait paître depuis 15 ans ses buffles dans les marais du sud de l’Irak. Mais la sécheresse, qui décime les troupeaux, menace désormais un mode de vie plurimillénaire, hérité de l’antique Mésopotamie.”Il n’y a plus d’eau, les marais sont morts”, assène l’homme de 27 ans en djellaba noire, dans les marais de Chibayich.”Avant, la sécheresse durait un an ou deux, l’eau revenait, les marais revivaient. Là, nous sommes sans eau depuis cinq ans”, dit-il à l’AFP.Dans ces marais classés au patrimoine mondial de l’Unesco, qui ont abrité selon la légende le jardin d’Eden biblique, les marécages autrefois couverts de roseaux élancés ne sont plus qu’un désert craquelé.Cette année figure parmi les plus sèches depuis 1933 en Irak, où, l’été, le thermomètre dépasse souvent les 50°C. Et les dizaines de milliers d’habitants des marais assistent impuissants à la lente disparition de leur gagne-pain: élevage, chasse, pêche.Ici ou là, des canaux d’eau subsistent. Les autorités les ont approfondis pour que les buffles s’y rafraîchissent. C’est là que Watheq Abbas conduit ses 25 bêtes.Depuis des années, il déplace son cheptel au gré de l’eau disponible, à Chibayich ou dans la province voisine de Missane.Il y a quelques jours, l’un de ses buffles est mort après avoir bu une eau stagnante et salée. “Ça l’a empoisonné”, confie l’éleveur, qui en a déjà perdu sept l’an dernier.- “Bataille pour l’eau” -Derrière la sécheresse, le changement climatique avec une chute des précipitations et une hausse des températures qui accentue l’évaporation. Mais surtout, les barrages construits en amont, en Turquie et en Iran, ont drastiquement réduit le débit des fleuves Tigre et Euphrate.Bagdad doit arbitrer les usages: fournir l’eau potable à 46 millions d’Irakiens et couvrir leurs besoins agricoles. Les marais, eux, sont les derniers servis.”Il y a une bataille pour l’eau au sein du pays”, résume l’écologiste Jassem al-Assadi.Déplorant le “manque d’équité dans la répartition” des réserves, il fustige les usages agricoles et une méthode d’irrigation ancestrale consistant à inonder les champs, jugée synonyme de gaspillage.Il y a deux décennies, il faisait partie des militants et ingénieurs mobilisés pour ressusciter 5.600 km2 de marais –un pan des zones asséchées dans les années 1990 par Saddam Hussein, pour en chasser des insurgés chiites qui s’y réfugiaient.Aujourd’hui, seuls 800 kilomètres carrés de zones marécageuses sont immergées, selon lui, poussant les habitants à l’exode.”Nous allons perdre une culture locale qui remonte aux Sumériens et aux Akkadiens” de la Mésopotamie antique, déplore-t-il.La menace pèse sur la riche biodiversité: tortues, l’insaisissable loutre de “Maxwell” à pelage lisse, et des dizaines d’espèces d’oiseaux migrateurs passant l’hiver dans les marais.”Nous avions 48 espèces de poissons, il en reste quatre. Et sur 142 espèces d’oiseaux sauvages, nous sommes tombés à 22″, constate le vétérinaire Wissam al-Assadi.- “Risque d’extinction” -Avec une ONG française, il soigne les buffles victimes de la canicule. L’été, pour éviter l’épuisement thermique, l’animal devrait être immergé 14 heures par jour et boire des dizaines de litres d’eau.Mais “avec un débit réduit, l’eau ne se renouvelle pas, les taux de salinité et de polluants augmentent”, regrette-t-il.”Les bêtes qui pesaient 600 kilos font 400 ou 300 kilos, leur système immunitaire s’affaiblit, les maladies augmentent.”Quant au lait utilisé pour fabriquer du fromage et surtout le geymar, crème épaisse prisée au petit-déjeuner, sa production a parfois été divisée par trois en raison de l’état des bêtes.En juillet, un rapport onusien soulignait “le risque d’extinction” pesant sur les buffles “sans mesures de préservation urgentes”. L’espèce est déjà passée de 309.000 têtes en 1974 à 40.000 en 2000 “en raison des pénuries d’eau”.Cela fait deux ans que Touwayeh Faraj, visage buriné encadré par un keffieh, s’est installé à Hassja. Dans son hameau de Chibayich, des maisons borgnes en béton nu côtoient d’autres en terre sèche.Dans chaque enclos, des buffles et leurs petits.Il raconte trois décennies d’errance à la recherche de l’eau “pour faire vivre le bétail: car si le bétail est en vie, nous le sommes aussi.””Nous n’avons rien d’autre: ni salaire, ni emplois, ni soutien de l’Etat”, lance le quinquagénaire.Il lui reste 30 buffles, contre 120 lorsqu’il a commencé. Une à une, il a vendu ses bêtes pour payer le fourrage du bétail restant.Eleveur “de père en fils”, il est peut-être le dernier de sa lignée. Sur ses 16 enfants, l’aîné travaille pour une compagnie pétrolière chinoise, un autre conduit un minibus.

Dans les mythiques marais d’Irak, l’errance des éleveurs de buffles privés d’eau

Comme son père avant lui, Watheq Abbas fait paître depuis 15 ans ses buffles dans les marais du sud de l’Irak. Mais la sécheresse, qui décime les troupeaux, menace désormais un mode de vie plurimillénaire, hérité de l’antique Mésopotamie.”Il n’y a plus d’eau, les marais sont morts”, assène l’homme de 27 ans en djellaba noire, dans les marais de Chibayich.”Avant, la sécheresse durait un an ou deux, l’eau revenait, les marais revivaient. Là, nous sommes sans eau depuis cinq ans”, dit-il à l’AFP.Dans ces marais classés au patrimoine mondial de l’Unesco, qui ont abrité selon la légende le jardin d’Eden biblique, les marécages autrefois couverts de roseaux élancés ne sont plus qu’un désert craquelé.Cette année figure parmi les plus sèches depuis 1933 en Irak, où, l’été, le thermomètre dépasse souvent les 50°C. Et les dizaines de milliers d’habitants des marais assistent impuissants à la lente disparition de leur gagne-pain: élevage, chasse, pêche.Ici ou là, des canaux d’eau subsistent. Les autorités les ont approfondis pour que les buffles s’y rafraîchissent. C’est là que Watheq Abbas conduit ses 25 bêtes.Depuis des années, il déplace son cheptel au gré de l’eau disponible, à Chibayich ou dans la province voisine de Missane.Il y a quelques jours, l’un de ses buffles est mort après avoir bu une eau stagnante et salée. “Ça l’a empoisonné”, confie l’éleveur, qui en a déjà perdu sept l’an dernier.- “Bataille pour l’eau” -Derrière la sécheresse, le changement climatique avec une chute des précipitations et une hausse des températures qui accentue l’évaporation. Mais surtout, les barrages construits en amont, en Turquie et en Iran, ont drastiquement réduit le débit des fleuves Tigre et Euphrate.Bagdad doit arbitrer les usages: fournir l’eau potable à 46 millions d’Irakiens et couvrir leurs besoins agricoles. Les marais, eux, sont les derniers servis.”Il y a une bataille pour l’eau au sein du pays”, résume l’écologiste Jassem al-Assadi.Déplorant le “manque d’équité dans la répartition” des réserves, il fustige les usages agricoles et une méthode d’irrigation ancestrale consistant à inonder les champs, jugée synonyme de gaspillage.Il y a deux décennies, il faisait partie des militants et ingénieurs mobilisés pour ressusciter 5.600 km2 de marais –un pan des zones asséchées dans les années 1990 par Saddam Hussein, pour en chasser des insurgés chiites qui s’y réfugiaient.Aujourd’hui, seuls 800 kilomètres carrés de zones marécageuses sont immergées, selon lui, poussant les habitants à l’exode.”Nous allons perdre une culture locale qui remonte aux Sumériens et aux Akkadiens” de la Mésopotamie antique, déplore-t-il.La menace pèse sur la riche biodiversité: tortues, l’insaisissable loutre de “Maxwell” à pelage lisse, et des dizaines d’espèces d’oiseaux migrateurs passant l’hiver dans les marais.”Nous avions 48 espèces de poissons, il en reste quatre. Et sur 142 espèces d’oiseaux sauvages, nous sommes tombés à 22″, constate le vétérinaire Wissam al-Assadi.- “Risque d’extinction” -Avec une ONG française, il soigne les buffles victimes de la canicule. L’été, pour éviter l’épuisement thermique, l’animal devrait être immergé 14 heures par jour et boire des dizaines de litres d’eau.Mais “avec un débit réduit, l’eau ne se renouvelle pas, les taux de salinité et de polluants augmentent”, regrette-t-il.”Les bêtes qui pesaient 600 kilos font 400 ou 300 kilos, leur système immunitaire s’affaiblit, les maladies augmentent.”Quant au lait utilisé pour fabriquer du fromage et surtout le geymar, crème épaisse prisée au petit-déjeuner, sa production a parfois été divisée par trois en raison de l’état des bêtes.En juillet, un rapport onusien soulignait “le risque d’extinction” pesant sur les buffles “sans mesures de préservation urgentes”. L’espèce est déjà passée de 309.000 têtes en 1974 à 40.000 en 2000 “en raison des pénuries d’eau”.Cela fait deux ans que Touwayeh Faraj, visage buriné encadré par un keffieh, s’est installé à Hassja. Dans son hameau de Chibayich, des maisons borgnes en béton nu côtoient d’autres en terre sèche.Dans chaque enclos, des buffles et leurs petits.Il raconte trois décennies d’errance à la recherche de l’eau “pour faire vivre le bétail: car si le bétail est en vie, nous le sommes aussi.””Nous n’avons rien d’autre: ni salaire, ni emplois, ni soutien de l’Etat”, lance le quinquagénaire.Il lui reste 30 buffles, contre 120 lorsqu’il a commencé. Une à une, il a vendu ses bêtes pour payer le fourrage du bétail restant.Eleveur “de père en fils”, il est peut-être le dernier de sa lignée. Sur ses 16 enfants, l’aîné travaille pour une compagnie pétrolière chinoise, un autre conduit un minibus.

Dans les mythiques marais d’Irak, l’errance des éleveurs de buffles privés d’eau

Comme son père avant lui, Watheq Abbas fait paître depuis 15 ans ses buffles dans les marais du sud de l’Irak. Mais la sécheresse, qui décime les troupeaux, menace désormais un mode de vie plurimillénaire, hérité de l’antique Mésopotamie.”Il n’y a plus d’eau, les marais sont morts”, assène l’homme de 27 ans en djellaba noire, dans les marais de Chibayich.”Avant, la sécheresse durait un an ou deux, l’eau revenait, les marais revivaient. Là, nous sommes sans eau depuis cinq ans”, dit-il à l’AFP.Dans ces marais classés au patrimoine mondial de l’Unesco, qui ont abrité selon la légende le jardin d’Eden biblique, les marécages autrefois couverts de roseaux élancés ne sont plus qu’un désert craquelé.Cette année figure parmi les plus sèches depuis 1933 en Irak, où, l’été, le thermomètre dépasse souvent les 50°C. Et les dizaines de milliers d’habitants des marais assistent impuissants à la lente disparition de leur gagne-pain: élevage, chasse, pêche.Ici ou là, des canaux d’eau subsistent. Les autorités les ont approfondis pour que les buffles s’y rafraîchissent. C’est là que Watheq Abbas conduit ses 25 bêtes.Depuis des années, il déplace son cheptel au gré de l’eau disponible, à Chibayich ou dans la province voisine de Missane.Il y a quelques jours, l’un de ses buffles est mort après avoir bu une eau stagnante et salée. “Ça l’a empoisonné”, confie l’éleveur, qui en a déjà perdu sept l’an dernier.- “Bataille pour l’eau” -Derrière la sécheresse, le changement climatique avec une chute des précipitations et une hausse des températures qui accentue l’évaporation. Mais surtout, les barrages construits en amont, en Turquie et en Iran, ont drastiquement réduit le débit des fleuves Tigre et Euphrate.Bagdad doit arbitrer les usages: fournir l’eau potable à 46 millions d’Irakiens et couvrir leurs besoins agricoles. Les marais, eux, sont les derniers servis.”Il y a une bataille pour l’eau au sein du pays”, résume l’écologiste Jassem al-Assadi.Déplorant le “manque d’équité dans la répartition” des réserves, il fustige les usages agricoles et une méthode d’irrigation ancestrale consistant à inonder les champs, jugée synonyme de gaspillage.Il y a deux décennies, il faisait partie des militants et ingénieurs mobilisés pour ressusciter 5.600 km2 de marais –un pan des zones asséchées dans les années 1990 par Saddam Hussein, pour en chasser des insurgés chiites qui s’y réfugiaient.Aujourd’hui, seuls 800 kilomètres carrés de zones marécageuses sont immergées, selon lui, poussant les habitants à l’exode.”Nous allons perdre une culture locale qui remonte aux Sumériens et aux Akkadiens” de la Mésopotamie antique, déplore-t-il.La menace pèse sur la riche biodiversité: tortues, l’insaisissable loutre de “Maxwell” à pelage lisse, et des dizaines d’espèces d’oiseaux migrateurs passant l’hiver dans les marais.”Nous avions 48 espèces de poissons, il en reste quatre. Et sur 142 espèces d’oiseaux sauvages, nous sommes tombés à 22″, constate le vétérinaire Wissam al-Assadi.- “Risque d’extinction” -Avec une ONG française, il soigne les buffles victimes de la canicule. L’été, pour éviter l’épuisement thermique, l’animal devrait être immergé 14 heures par jour et boire des dizaines de litres d’eau.Mais “avec un débit réduit, l’eau ne se renouvelle pas, les taux de salinité et de polluants augmentent”, regrette-t-il.”Les bêtes qui pesaient 600 kilos font 400 ou 300 kilos, leur système immunitaire s’affaiblit, les maladies augmentent.”Quant au lait utilisé pour fabriquer du fromage et surtout le geymar, crème épaisse prisée au petit-déjeuner, sa production a parfois été divisée par trois en raison de l’état des bêtes.En juillet, un rapport onusien soulignait “le risque d’extinction” pesant sur les buffles “sans mesures de préservation urgentes”. L’espèce est déjà passée de 309.000 têtes en 1974 à 40.000 en 2000 “en raison des pénuries d’eau”.Cela fait deux ans que Touwayeh Faraj, visage buriné encadré par un keffieh, s’est installé à Hassja. Dans son hameau de Chibayich, des maisons borgnes en béton nu côtoient d’autres en terre sèche.Dans chaque enclos, des buffles et leurs petits.Il raconte trois décennies d’errance à la recherche de l’eau “pour faire vivre le bétail: car si le bétail est en vie, nous le sommes aussi.””Nous n’avons rien d’autre: ni salaire, ni emplois, ni soutien de l’Etat”, lance le quinquagénaire.Il lui reste 30 buffles, contre 120 lorsqu’il a commencé. Une à une, il a vendu ses bêtes pour payer le fourrage du bétail restant.Eleveur “de père en fils”, il est peut-être le dernier de sa lignée. Sur ses 16 enfants, l’aîné travaille pour une compagnie pétrolière chinoise, un autre conduit un minibus.

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Vagues de 4 mètres et plages fermées: houle “atypique” sur la côte atlantique

Drapeau rouge à Biarritz, plages interdites à Biscarrosse (Landes)… Une houle “atypique” en été s’est abattue mardi sur le littoral atlantique avec des vagues dépassant 4 à 5 mètres de hauteur selon Météo-France, sources de danger pour les estivants.Cette houle dite cyclonique, causée dans l’Atlantique par l’ex-ouragan Erin qui a menacé la côte orientale des États-Unis la semaine dernière, est renforcée par de forts coefficients de marée et pourrait sévir, après une atténuation mercredi, jusqu’à vendredi.”L’ex-ouragan Erin est devenue une dépression à nos latitudes mais ce n’est pas un cyclone qui arrive sur nous”, seulement la propagation de la houle créée par la tempête dans l’Atlantique, nuance pour l’AFP Christelle Robert, prévisionniste de Météo-France.”Ce sont des choses tout à fait courantes en hiver, mais c’est moins courant pour cette période de l’année”, souligne-t-elle.Selon l’institut météorologique, ce phénomène doit entraîner “une houle énergétique avec des vagues de 4 à 5 mètres sur les rivages atlantiques et d’entrée de Manche, avec une élévation du niveau de la mer pouvant créer des submersions locales, notamment au moment des pleines mers”, prévues entre 19h00 et 20h00 en Nouvelle-Aquitaine.Mardi matin, Météo-France a relevé des vagues dépassant 6 mètres au large du Finistère, 4,7 mètres à Noirmoutier (Vendée), 4,1 mètres au Cap Ferret (Gironde) et 3 mètres à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).- Sacs de sable -À Biarritz, sur la côte basque, le drapeau rouge a été hissé malgré la forte fréquentation estivale en cette dernière semaine de vacances scolaires, avec de nombreux sauveteurs mobilisés et deux jets-skis qui patrouillent pour dissuader les éventuels baigneurs. Philippe et Catherine Capdeville, 75 et 70 ans, sont venus faire leur marche quotidienne. “On ne reviendra pas en fin de journée faire les curieux, on ne va pas ajouter du monde au monde et donner plus de travail aux sauveteurs”, sourit Catherine.Devant la plage centrale, le casino et la piscine municipale ont été protégés par des sacs de protection remplis de sable.”C’est la première fois que ce dispositif de vagues de submersion (…) est déployé en été”, reconnaît Michel Laborde, adjoint au maire chargé du littoral. “Et c’est donc la première fois qu’on est confrontés à autant de monde à gérer, d’autant que les curieux vont vouloir voir le phénomène”.À Lacanau (Gironde) et Biscarrosse (Landes), la baignade et certaines activités nautiques ont également été interdites sur tout ou partie des plages.Météo-France a placé mardi six départements, de la Bretagne à la frontière espagnole, en vigilance jaune vague-submersion: Côtes-d’Armor, Finistère, Charente-Maritime, Gironde, Landes et Pyrénées-Atlantiques.- “Message de prudence” -La préfecture maritime de l’Atlantique (Premar) a de son côté lancé un “message de prudence” face à ce phénomène “atypique” en plein été, associant une forte houle, un vent modéré et du beau temps, avant une dégradation orageuse attendue mercredi. “On est encore en période estivale donc cette combinaison de facteurs fait qu’il y a un risque que les usagers de la mer sous-estiment la situation”, a déclaré à l’AFP le capitaine de frégate Guillaume Le Rasle, porte-parole de la Premar, qui rappelle que le numéro d’appel d’urgence gratuit dédié au sauvetage en mer est le 196.En outre, une alerte maximale aux baïnes, ces courants d’arrachement dangereux pour les baigneurs, a été émise pour les journées de mardi et mercredi sur tout le littoral du Sud-Ouest.Dans le Morbihan, les sauveteurs en mer de la SNSM ont fait état d’une “nuit chaotique” à Belle-Île, où trois voiliers “ont rompu leur mouillage suite à une forte houle” et ont été projetés sur les rochers vers 03h00.”Aucun blessé n’est à déplorer (…) et les dégâts ne sont que matériels”, a toutefois précisé la SNSM.

Vagues de 4 mètres et plages fermées: houle “atypique” sur la côte atlantique

Drapeau rouge à Biarritz, plages interdites à Biscarrosse (Landes)… Une houle “atypique” en été s’est abattue mardi sur le littoral atlantique avec des vagues dépassant 4 à 5 mètres de hauteur selon Météo-France, sources de danger pour les estivants.Cette houle dite cyclonique, causée dans l’Atlantique par l’ex-ouragan Erin qui a menacé la côte orientale des États-Unis la semaine dernière, est renforcée par de forts coefficients de marée et pourrait sévir, après une atténuation mercredi, jusqu’à vendredi.”L’ex-ouragan Erin est devenue une dépression à nos latitudes mais ce n’est pas un cyclone qui arrive sur nous”, seulement la propagation de la houle créée par la tempête dans l’Atlantique, nuance pour l’AFP Christelle Robert, prévisionniste de Météo-France.”Ce sont des choses tout à fait courantes en hiver, mais c’est moins courant pour cette période de l’année”, souligne-t-elle.Selon l’institut météorologique, ce phénomène doit entraîner “une houle énergétique avec des vagues de 4 à 5 mètres sur les rivages atlantiques et d’entrée de Manche, avec une élévation du niveau de la mer pouvant créer des submersions locales, notamment au moment des pleines mers”, prévues entre 19h00 et 20h00 en Nouvelle-Aquitaine.Mardi matin, Météo-France a relevé des vagues dépassant 6 mètres au large du Finistère, 4,7 mètres à Noirmoutier (Vendée), 4,1 mètres au Cap Ferret (Gironde) et 3 mètres à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).- Sacs de sable -À Biarritz, sur la côte basque, le drapeau rouge a été hissé malgré la forte fréquentation estivale en cette dernière semaine de vacances scolaires, avec de nombreux sauveteurs mobilisés et deux jets-skis qui patrouillent pour dissuader les éventuels baigneurs. Philippe et Catherine Capdeville, 75 et 70 ans, sont venus faire leur marche quotidienne. “On ne reviendra pas en fin de journée faire les curieux, on ne va pas ajouter du monde au monde et donner plus de travail aux sauveteurs”, sourit Catherine.Devant la plage centrale, le casino et la piscine municipale ont été protégés par des sacs de protection remplis de sable.”C’est la première fois que ce dispositif de vagues de submersion (…) est déployé en été”, reconnaît Michel Laborde, adjoint au maire chargé du littoral. “Et c’est donc la première fois qu’on est confrontés à autant de monde à gérer, d’autant que les curieux vont vouloir voir le phénomène”.À Lacanau (Gironde) et Biscarrosse (Landes), la baignade et certaines activités nautiques ont également été interdites sur tout ou partie des plages.Météo-France a placé mardi six départements, de la Bretagne à la frontière espagnole, en vigilance jaune vague-submersion: Côtes-d’Armor, Finistère, Charente-Maritime, Gironde, Landes et Pyrénées-Atlantiques.- “Message de prudence” -La préfecture maritime de l’Atlantique (Premar) a de son côté lancé un “message de prudence” face à ce phénomène “atypique” en plein été, associant une forte houle, un vent modéré et du beau temps, avant une dégradation orageuse attendue mercredi. “On est encore en période estivale donc cette combinaison de facteurs fait qu’il y a un risque que les usagers de la mer sous-estiment la situation”, a déclaré à l’AFP le capitaine de frégate Guillaume Le Rasle, porte-parole de la Premar, qui rappelle que le numéro d’appel d’urgence gratuit dédié au sauvetage en mer est le 196.En outre, une alerte maximale aux baïnes, ces courants d’arrachement dangereux pour les baigneurs, a été émise pour les journées de mardi et mercredi sur tout le littoral du Sud-Ouest.Dans le Morbihan, les sauveteurs en mer de la SNSM ont fait état d’une “nuit chaotique” à Belle-Île, où trois voiliers “ont rompu leur mouillage suite à une forte houle” et ont été projetés sur les rochers vers 03h00.”Aucun blessé n’est à déplorer (…) et les dégâts ne sont que matériels”, a toutefois précisé la SNSM.

La France restitue à Madagascar trois crânes de l’époque coloniale

La France a restitué mardi à Madagascar trois crânes datant de l’époque coloniale, dont l’un attribué à un roi malgache décapité par l’armée française lors d’un massacre à la fin du XIXe siècle, a constaté l’AFP. Réclamé depuis plusieurs années par Antananarivo, le crâne présumé du roi Toera, tué en 1897 aux premières heures de la colonisation et emporté ensuite comme trophée en France, était jusque-là conservé au Muséum national d’histoire naturelle à Paris aux côtés de centaines d’autres restes humains malgaches.Transportés dans des malles recouvertes de tissus traditionnels, les trois crânes de l’ethnie Sakalava ont été symboliquement remis mardi aux autorités malgaches lors d’une cérémonie au ministère de la Culture français et vont retrouver l’île de l’océan Indien le 31 août où ils seront inhumés.Cette restitution “marque un événement historique”, a salué la ministre de la Culture Rachida Dati. “Ces crânes sont entrés dans les collections nationales dans des conditions qui contreviennent de manière très objective à la dignité humaine et dans un contexte de violences coloniales”, a-t-explicité devant la presse. Le roi Toera avait été tué lors d’une attaque meurtrière des troupes coloniales françaises à Ambiky, ancienne capitale royale du Menabe. En visite à Madagascar en avril, le président français Emmanuel Macron avait appelé de ses voeux cette restitution afin de créer les “conditions” d’un “pardon” face aux “pages sanglantes et tragiques” de la colonisation (de 1897 à l’indépendance en 1960).Juridiquement, cette restitution marque par ailleurs la première application en France d’une loi-cadre votée fin 2023 qui facilite le retour de restes humains en permettant leur sortie des collections publiques sans passer par la voie législative.Présente à Paris, la ministre de la Culture malgache a salué un “geste d’une immense portée”.Ces crânes ne sont pas “un simple objet de collections”, a déclaré Volamiranty Donna Mara. “Ils sont le lien invisible et indélébile qui unit notre présent à notre passé”. “Leur absence a été pendant plus d’un siècle, 128 ans, une blessure ouverte dans le coeur de notre île”, a-t-elle estimé.Mme Dati a précisé que le travail des scientifiques réalisé en amont de la restitution avait permis d’établir “avec certitude” que ces crânes proviennent de la communauté Sakalava mais qu’on ne pouvait que “présumer” que l’un d’eux était celui du roi Toera.