Au Sénégal, inquiétudes pour la liberté d’expression sous le nouveau pouvoir

Journaliste condamné pour “offense” au Premier ministre, chroniqueurs emprisonnés, convocations d’opposants par la police multipliées : au Sénégal, des voix dénoncent la répression croissante des libertés par le gouvernement, qui à son arrivée accusait pourtant son prédécesseur des mêmes travers.Depuis plusieurs mois, les poursuites pour délits d’opinion s’accumulent dans ce pays réputé démocratique et plutôt stable dans une région agitée.L’un des derniers cas concerne le journaliste Doudou Coulibaly.Arrêté le 20 août, il a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour “offense à un chef d’Etat étranger et à une personne exerçant les prérogatives du chef de l’Etat”, après une vidéo où il critiquait vertement le Premier ministre Ousmane Sonko à l’occasion de sa visite au président turc Recep Tayyip Erdogan.Il y a 16 mois, Bassirou Diomaye Faye, élu président dès le premier tour, et son mentor et désormais Premier ministre Ousmane Sonko (charismatique leader du parti souverainiste Pastef) étaient arrivés au pouvoir porteurs d’espoir pour une large partie de la société sénégalaise.Le duo avait promis une rupture avec les anciennes pratiques du régime de Macky Sall (2012-2024), qui avait violemment réprimé des manifestations contre lui. Plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées et des centaines d’autres blessées entre 2021 et 2024.MM. Faye et Sonko avaient tous les deux été emprisonnés. Le nouveau gouvernement a promis la fin de ces “abus” et organisé en mai 2024 des assises de la justice aux recommandations qui n’ont toujours pas été appliquées. Il n’a cessé depuis de se raidir, selon de nombreux observateurs.Interrogé à deux reprises par l’AFP, le porte-parole du gouvernement n’a pas donné suite. Pour Hamidou Anne, un cadre de l’ex-parti au pouvoir, “il y a une volonté de Pastef de rétrécir l’espace des libertés publiques et démocratiques”, a-t-il dit à l’AFP. Parmi les récentes affaires, le journaliste Bachir Fofana, qui commente régulièrement l’actualité dans la presse locale, a été écroué puis jugé après avoir affirmé, avant de se rétracter, qu’un marché de l’Assemblée nationale pour des véhicules neufs à chacun des 165 députés a été attribué à un opérateur économique cité dans une affaire de corruption.Il a été condamné fin juillet pour diffusion de fausses nouvelles et a recouvré la liberté après un mois de détention.- “Raser les murs” -Au moins deux chroniqueurs sont actuellement en détention pour notamment “diffusion de fausses nouvelles”, dont Badara Gadiaga, accusé d'”atteinte à une personne exerçant les prérogatives de chef d’Etat” (Premier ministre).M. Gadiaga avait, lors d’un débat télévisé, repris et expliqué des propos d’un député du pouvoir sur l’accusation de viol ayant visé Ousmane Sonko alors opposant (et qui sera finalement condamné pour “corruption de la jeunesse”).Quant à l’opposant Moustapha Diakhaté, il a fait 45 jours de détention après avoir traité le chef de l’Etat de “gougnafier”.Interrogé par l’AFP, le député Guy Marius Sagna, membre de Pastef, assure qu'”il n’y a pas de “restriction des libertés”. “Le problème n’est pas pourquoi certains anciens responsables et soutiens insulteurs du parti de Macky Sall sont emprisonnés. Le problème est pourquoi il n’y en a pas plus au vu des crimes économiques, financiers, sociaux et environnementaux” sous l’ex-pouvoir”, a-t-il lancé. Pour Hamidou Anne, la liberté d’expression est mise à rude épreuve car “le Premier ministre a affirmé vouloir effacer les voix contraires de l’opposition et des chroniqueurs politiques”. Devant les députés le 7 juillet, alors que certains lui reprochaient de ressasser son passé d’opposant brimé, M. Sonko s’est montré peu enclin au débat contradictoire.”Dieu sait pourquoi je ne suis pas président. Si ça ne tenait qu’à moi, l’expression serait réduite au minimum. Seuls s’expriment ceux qui ne doivent pas le faire, ceux qui devraient se taire et raser les murs”, avait-il dit, en faisant allusion aux pouvoir précédent.Le directeur d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, reconnaît “beaucoup de problèmes en matière de liberté d’expression”. Il pointe “de vieilles lois très répressives et à réformer” liées à “des infractions comme l’offense au chef de l’Etat, l’injure publique et la diffamation”.De son côté, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains, Alassane Seck, met en cause “les pouvoirs toujours exorbitants du procureur” à l’origine des nombreuses détentions préventives.”On s’attendait à des réformes du code pénal et du code de procédures pénales. Mais pour des raisons politiciennes, la situation est laissée en l’état”, relève-t-il.Et la nomination le 7 septembre aux ministères de la Justice et de l’Intérieur de deux personnalités très proches d’Ousmane Sonko n’a fait que renforcer les inquiétudes des défenseurs des libertés et de l’opposition.

Trump says bringing $15 bn lawsuit against New York Times

US President Donald Trump said Monday that he is bringing a $15 billion “defamation and libel lawsuit” against the New York Times.”The New York Times has been allowed to freely lie, smear, and defame me for far too long, and that stops, NOW!” he wrote on his Truth Social platform, adding the lawsuit was being brought in Florida.AFP has contacted the New York Times for comment.Trump decried the newspaper as a “virtual ‘mouthpiece’ for the Radical Left Democrat Party” and accused it of lying about his “family, business, the America First Movement, MAGA, and our Nation as a whole.”He provided no evidence for his claims.The news outlet reported last week that Trump had threatened legal action against it in relation to articles on a lewd birthday note given to sex offender Jeffrey Epstein.The Republican president has denied authoring the note.Trump has intensified his attacks on traditional media since his return to the White House, repeatedly badmouthing journalists critical of his administration, restricting access and bringing lawsuits.He sued media magnate Rupert Murdoch and The Wall Street Journal for at least $10 billion in July after it published an article about his friendship with Epstein.Paramount settled Trump’s lawsuit over election coverage on CBS News’ flagship show “60 Minutes” for $16 million the same month. He had alleged that the program deceptively edited an interview with his 2024 election rival, Kamala Harris, in her favor.

A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d’une lignée de pêcheurs

Ouvert d’un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient “plus trop d’avenir” dans ce métier.Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent “la pêche en bœuf”: “le filet est tendu entre les deux bateaux, c’est comme une charrue tirée par deux bœufs”, explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy.Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté “l’autoroute du détroit” du Pas-de-Calais en direction du sud.Mi-septembre, l’air est doux et la mer calme. Le premier “coup de chalut” est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français.Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — “énormes par rapport à la petite bretonne”, souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante.Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d’un métier “de liberté” qui “remplit l’assiette”, affleure une inquiétude profonde. “C’est un métier difficile, trop de contraintes…”, glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot.- “Trompe-l’oeil” -Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, “on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier”, dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n’ont “aucune intention” de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n’ont jamais envisagé d’embarquer et Vincent “ne souhaite pas” que ses enfants, encore petits, suivent son exemple.”C’est trop de sacrifices. S’ils veulent être marins, je préfère qu’ils choisissent la marine marchande”, sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, “une passion”, mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit.Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d’un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques.La bataille a laissé des traces. “Les Anglais, si on les a mis sur une île, c’est qu’il y a une raison”, lâche Nicolas Margollé.”On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c’est un trompe-l’œil. Parce qu’en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va”, explique le capitaine, qui réalise “30 à 40%” de son chiffre d’affaires dans les eaux britanniques.Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l’équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d’un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). “Un espace de plus fermé à la pêche.”Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. “Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses”, jusqu’à 3 km². La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d’un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet.”On l’a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d’affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis”, raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans.Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux.- Devoir “se justifier” -Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d’euros, “aujourd’hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions”. L’avenir est “trop plein d’incertitudes” pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères.Alors ils améliorent l’existant, viennent d’installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons.Les marins étaplois sont aussi las de devoir “se justifier”: après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond  — qui racle les fonds marins — pour chasser l’encornet. “Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien”, balaye Nicolas Margollé.La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d’arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu’au retour au port. Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec “22 tonnes de sardines”. “Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus.”

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d’une lignée de pêcheurs

Ouvert d’un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient “plus trop d’avenir” dans ce métier.Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent “la pêche en bœuf”: “le filet est tendu entre les deux bateaux, c’est comme une charrue tirée par deux bœufs”, explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy.Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté “l’autoroute du détroit” du Pas-de-Calais en direction du sud.Mi-septembre, l’air est doux et la mer calme. Le premier “coup de chalut” est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français.Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — “énormes par rapport à la petite bretonne”, souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante.Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d’un métier “de liberté” qui “remplit l’assiette”, affleure une inquiétude profonde. “C’est un métier difficile, trop de contraintes…”, glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot.- “Trompe-l’oeil” -Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, “on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier”, dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n’ont “aucune intention” de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n’ont jamais envisagé d’embarquer et Vincent “ne souhaite pas” que ses enfants, encore petits, suivent son exemple.”C’est trop de sacrifices. S’ils veulent être marins, je préfère qu’ils choisissent la marine marchande”, sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, “une passion”, mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit.Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d’un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques.La bataille a laissé des traces. “Les Anglais, si on les a mis sur une île, c’est qu’il y a une raison”, lâche Nicolas Margollé.”On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c’est un trompe-l’œil. Parce qu’en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va”, explique le capitaine, qui réalise “30 à 40%” de son chiffre d’affaires dans les eaux britanniques.Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l’équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d’un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). “Un espace de plus fermé à la pêche.”Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. “Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses”, jusqu’à 3 km². La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d’un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet.”On l’a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d’affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis”, raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans.Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux.- Devoir “se justifier” -Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d’euros, “aujourd’hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions”. L’avenir est “trop plein d’incertitudes” pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères.Alors ils améliorent l’existant, viennent d’installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons.Les marins étaplois sont aussi las de devoir “se justifier”: après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond  — qui racle les fonds marins — pour chasser l’encornet. “Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien”, balaye Nicolas Margollé.La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d’arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu’au retour au port. Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec “22 tonnes de sardines”. “Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus.”

A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d’une lignée de pêcheurs

Ouvert d’un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient “plus trop d’avenir” dans ce métier.Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent “la pêche en bœuf”: “le filet est tendu entre les deux bateaux, c’est comme une charrue tirée par deux bœufs”, explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy.Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté “l’autoroute du détroit” du Pas-de-Calais en direction du sud.Mi-septembre, l’air est doux et la mer calme. Le premier “coup de chalut” est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français.Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — “énormes par rapport à la petite bretonne”, souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante.Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d’un métier “de liberté” qui “remplit l’assiette”, affleure une inquiétude profonde. “C’est un métier difficile, trop de contraintes…”, glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot.- “Trompe-l’oeil” -Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, “on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier”, dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n’ont “aucune intention” de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n’ont jamais envisagé d’embarquer et Vincent “ne souhaite pas” que ses enfants, encore petits, suivent son exemple.”C’est trop de sacrifices. S’ils veulent être marins, je préfère qu’ils choisissent la marine marchande”, sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, “une passion”, mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit.Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d’un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques.La bataille a laissé des traces. “Les Anglais, si on les a mis sur une île, c’est qu’il y a une raison”, lâche Nicolas Margollé.”On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c’est un trompe-l’œil. Parce qu’en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va”, explique le capitaine, qui réalise “30 à 40%” de son chiffre d’affaires dans les eaux britanniques.Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l’équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d’un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). “Un espace de plus fermé à la pêche.”Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. “Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses”, jusqu’à 3 km². La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d’un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet.”On l’a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d’affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis”, raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans.Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux.- Devoir “se justifier” -Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d’euros, “aujourd’hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions”. L’avenir est “trop plein d’incertitudes” pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères.Alors ils améliorent l’existant, viennent d’installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons.Les marins étaplois sont aussi las de devoir “se justifier”: après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond  — qui racle les fonds marins — pour chasser l’encornet. “Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien”, balaye Nicolas Margollé.La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d’arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu’au retour au port. Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec “22 tonnes de sardines”. “Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus.”

‘Nothing here’: Lack of jobs forces young Nepalis abroad

After youth protests over corruption and joblessness toppled Nepal’s parliament and left dozens dead, villagers like Santosh Sunar see their own struggles reflected in the nation’s turmoil.The 31-year-old is jobless and desperately seeking work, yet he dreads the day he finds it — knowing it will likely mean splitting his family further, leaving his daughter with his mother, with his wife already abroad. “There are no opportunities even after education,” said Santosh, who lives in the rural settlement of Pharping, on the outskirts of the capital Kathmandu.He is far from alone. A “staggering” 82 percent of Nepal’s workforce is in informal employment, one in five Nepalis aged 15–24 are jobless, according to the World Bank.With few prospects at home, where GDP per capita is only $1,447, millions of Nepalis look abroad.Remittances now account for a third of GDP, the world’s fourth-highest rate. In Pharping, nearly every second household has a relative overseas.- ‘What can we do?’ -Santosh’s wife Amrita, 22, is a waitress in Dubai. “We really miss each other,” Santosh told AFP, who has previously worked in India’s tech-hub of Bengaluru. “It’s tough being away from your wife — and tougher knowing I’d also have to leave my mother and young daughter when I find work,” he said. “But what can we do?”More than 839,000 Nepalis left the country of 30 million to work abroad last year, according to government data.Tackling endemic corruption and unemployment tops the agenda for Nepal’s new leader, 73-year-old former chief justice Sushila Karki, who was sworn in as interim prime minister on Friday.Her predecessor quit on September 9, as protesters set parliament and key government buildings on fire.Protests began a day earlier, sparked by a ban on social media, but fuelled by long-standing economic woes.At least 72 people were killed in two days of protests, with 191 still recovering in hospital, according to government figures.Santosh didn’t take part, but said he backed what the protesters had done.His mother, Maiya Sunar, 48, dreams of a time when the young don’t have to choose between food and family. “We miss living like a family,” she said. “But I also understand that the young have no choice.”- ‘No option’ -Her neighbour, Kamala Sunar, 40, also faces the prospect of living without her children nearby. Her younger daughter Diksha, 24, works as a housekeeper in Dubai.Now her older daughter, Rakshya, 27, a single mother to a two-year-old, hopes to follow in her sister’s footsteps, leaving her daughter behind.”She has repeatedly warned me against the idea, as the hours are long and the living conditions tough,” Rakshya told AFP.”But what life would I be able to give my daughter here? There is nothing here. If I toil for a few years, and save some money for her education, maybe my daughter would have a bright future.”Sitting outside their one-room house, with unplastered brick walls painted red and white, Kamala said the thought of her daughter leaving fills her with sadness. “Most of our people our age have no option but to leave,” Kamala said. Shyam Bahadur Khatri, 69, an elected village official, said that Nepal is creating ageing villages where subsistence agriculture was the only option. “There will be no young person left even to carry the dead,” he said, warning of the future.

‘Nothing here’: Lack of jobs forces young Nepalis abroad

After youth protests over corruption and joblessness toppled Nepal’s parliament and left dozens dead, villagers like Santosh Sunar see their own struggles reflected in the nation’s turmoil.The 31-year-old is jobless and desperately seeking work, yet he dreads the day he finds it — knowing it will likely mean splitting his family further, leaving his daughter with his mother, with his wife already abroad. “There are no opportunities even after education,” said Santosh, who lives in the rural settlement of Pharping, on the outskirts of the capital Kathmandu.He is far from alone. A “staggering” 82 percent of Nepal’s workforce is in informal employment, one in five Nepalis aged 15–24 are jobless, according to the World Bank.With few prospects at home, where GDP per capita is only $1,447, millions of Nepalis look abroad.Remittances now account for a third of GDP, the world’s fourth-highest rate. In Pharping, nearly every second household has a relative overseas.- ‘What can we do?’ -Santosh’s wife Amrita, 22, is a waitress in Dubai. “We really miss each other,” Santosh told AFP, who has previously worked in India’s tech-hub of Bengaluru. “It’s tough being away from your wife — and tougher knowing I’d also have to leave my mother and young daughter when I find work,” he said. “But what can we do?”More than 839,000 Nepalis left the country of 30 million to work abroad last year, according to government data.Tackling endemic corruption and unemployment tops the agenda for Nepal’s new leader, 73-year-old former chief justice Sushila Karki, who was sworn in as interim prime minister on Friday.Her predecessor quit on September 9, as protesters set parliament and key government buildings on fire.Protests began a day earlier, sparked by a ban on social media, but fuelled by long-standing economic woes.At least 72 people were killed in two days of protests, with 191 still recovering in hospital, according to government figures.Santosh didn’t take part, but said he backed what the protesters had done.His mother, Maiya Sunar, 48, dreams of a time when the young don’t have to choose between food and family. “We miss living like a family,” she said. “But I also understand that the young have no choice.”- ‘No option’ -Her neighbour, Kamala Sunar, 40, also faces the prospect of living without her children nearby. Her younger daughter Diksha, 24, works as a housekeeper in Dubai.Now her older daughter, Rakshya, 27, a single mother to a two-year-old, hopes to follow in her sister’s footsteps, leaving her daughter behind.”She has repeatedly warned me against the idea, as the hours are long and the living conditions tough,” Rakshya told AFP.”But what life would I be able to give my daughter here? There is nothing here. If I toil for a few years, and save some money for her education, maybe my daughter would have a bright future.”Sitting outside their one-room house, with unplastered brick walls painted red and white, Kamala said the thought of her daughter leaving fills her with sadness. “Most of our people our age have no option but to leave,” Kamala said. Shyam Bahadur Khatri, 69, an elected village official, said that Nepal is creating ageing villages where subsistence agriculture was the only option. “There will be no young person left even to carry the dead,” he said, warning of the future.

Malawi votes in a rematch between two presidents as economic crisis bitesTue, 16 Sep 2025 05:13:40 GMT

Malawi went to the polls Tuesday with the incumbent president and his predecessor vying for a second chance to govern the largely poor southern African nation battered by soaring costs and fuel shortages.There are 17 names in the running for president but analysts say the race is between outgoing Lazarus Chakwera and Peter Mutharika who …

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Trump set for unprecedented second UK state visit

Donald Trump lands in Britain on Tuesday for an historic second state visit that will see the UK government spare no effort in trying to flatter the mercurial American president.As wars still rage in Ukraine and the Middle East, and major economies grapple with US tariffs, Britain hopes the pageantry of its monarchy can help keep Trump on side.But controversies over sex offender Jeffrey Epstein and free-speech culture wars could make for some awkward moments when Trump sits down with Britain’s embattled Prime Minister Keir Starmer.Trump has long been fascinated with the royal family and will be treated to a carriage procession with King Charles III and a grand state banquet at Windsor Castle.He will also be kept far away from crowds and protesters, keeping outside London, where a large demonstration has been called against the 79-year-old Republican.Labour leader Starmer is not a natural bedfellow for right-wing firebrand Trump, but has worked to win him over since his return to the White House in January.”This is really special, this has never happened before, this is unprecedented,” Starmer said as he hand-delivered a letter from the king to Trump in the Oval Office in February inviting him for the state visit.Accepting the invitation, Trump told Starmer that Charles — who is currently undergoing treatment for cancer — was a “great, great gentleman”.Downing Street has said Trump’s visit, with engagements taking place throughout Wednesday and Thursday, would see the “unbreakable friendship” between the countries “reach new heights”.- US investments -The two are set to sign agreements worth £10 billion ($13.6 billion), including one to speed up new nuclear projects as well as what British officials called “a world-leading tech partnership”.Ahead of the trip, Google said it would invest £5 billion in the UK in the next two years while US finance firms including PayPal and Citi Group announced they would spend £1.25 billion.Trump, whose mother was Scottish, will become the first US president to get a second state visit, after his previous one in 2019 when he met Queen Elizabeth II.The US leader will once again mix with royalty on Wednesday in a series of events capped by a state banquet in the evening.Politics takes over on Thursday when Starmer hosts Trump at his country retreat Chequers, seeking to capitalise on Britain being one of the first countries to secure a US trade deal and avoid the worst of Trump’s tariffs.- Epstein scandal -Ukraine will also be a key topic. Starmer is one of a host of European leaders who have pushed Trump to keep backing Kyiv despite signs of him leaning toward Russian President Vladimir Putin.First Lady Melania Trump, who is making a rare public appearance, has a separate itinerary on Thursday when she will take part in an event Queen Camilla.Despite the pomp, tensions will be lurking in the background.The White House said Trump would raise “how important it is for the prime minister to protect free speech in the UK” — a topic raised by Trump’s former ally Elon Musk in a speech to a far-right rally in Britain over the weekend.Starmer’s spokesman on Monday called Musk’s language “dangerous and inflammatory”.Starmer desperately needs the visit to pass successfully following a miserable few days that have featured murmurings about his future.He has been dogged by questions over his judgement for appointing the now-sacked Peter Mandelson as ambassador to Washington despite his known friendship with Epstein.Trump is facing awkward scrutiny himself over his own links to the convicted sex offender, whose friendship with Charles’s younger brother Andrew also embarrassed the royal family.