Turquie: le maire d’Istanbul arrêté pour “corruption” et “terrorisme”, l’opposition dénonce un “coup d’Etat”

Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, a été interpellé mercredi accusé de “corruption” et de “terrorisme”, quelques jours avant d’être investi comme le candidat à la prochaine présidentielle de son parti, qui a dénoncé un “coup d’Etat” contre l’opposition.L’opération, qui a visé plus d’une centaine de ses collaborateurs et d’élus et membres du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), première force d’opposition, s’ajoute à une vague de répression qui a frappé tous azimuts ces derniers mois l’opposition, les milieux prokurdes, la presse et même des artistes.Populaire et charismatique, Ekrem Imamoglu, 53 ans, croule sous les procédures judiciaires lancées contre lui par le procureur d’Istanbul; il est poursuivi cette fois pour “corruption” et “soutien à une organisation terroriste”, a confirmé le ministre de la Justice Yilmaz Tunç.L’édile, à la tête de la mégapole turque de 16 millions d’habitants depuis 2019, a passé la journée au siège de la police d’Istanbul près duquel ont convergé des centaines de ses partisans.La plupart se dirigeaient en fin de journée vers la municipalité aux cris de “Gouvernement démission” et “Imamoglu, tu n’es pas seul!”, pour rejoindre un grand rassemblement convoqué par le CHP.Le président du CHP, Özgür Özel, a dénoncé “un coup d’Etat contre le prochain président” de la Turquie: “La liberté de la nation d’élire Ekrem Imamoglu a été confisquée, a-t-il accusé. “Mais vous ne pouvez pas arrêter la marche du maire”, a-t-il asséné.- “Dictature” -M. Imamoglu a été cueilli au petit jour à son domicile, a témoigné son épouse Dilek Imamoglu sur la chaine privée NTV: “Les policiers sont arrivés juste après le sahur”, le repas de l’aube durant le Ramadan, a-t-elle rapporté, précisant que leur fille de 13 ans était présente. Dans une vidéo postée sur X, le maire a dénoncé la fouille de son domicile affirmant, tout en nouant sa cravate, que “des centaines de policiers sont arrivés à ma porte”. Son arrestation a provoqué une chute immédiate de la livre turque qui a atteint le record de 40 livres pour un dollar et contraint la Banque centrale turque à intervenir. La Bourse d’Istanbul a également dévissé et terminé la journée en baisse de 8,72%.Selon le communiqué du bureau du procureur d’Istanbul, M. Imamoglu est accusé de corruption et d’extorsion et désigné comme le chef d’une “organisation criminelle à but lucratif”.Également arrêtés pour “corruption” figure le conseiller du maire, Ertan Yildiz, le maire du district de Sisli, le président d’un club de sport, le directeur d’une agence de publicité ainsi que des hommes d’affaires, un journaliste en vue et un producteur de cinéma.L’accusation de “soutien au terrorisme” qui vise sept suspects au total selon le ministre de la Justice concernerait des liens supposés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (interdit).Tous les rassemblements et manifestations ont été interdits jusqu’à dimanche par le gouverneur d’Istanbul et des barrières ont été érigées autour des lieux symboliques comme l’emblématique place Taksim, haut lieu traditionnel des manifestations. Les autorités ont également restreint l’accès aux réseaux sociaux et à certains sites internet.”On est en dictature”, a déclaré à l’AFP un commerçant identifié par son seul prénom, Kuzey. “Ce gars et sa sale bande nous haïssent. Dès qu’il ont affaire à quelqu’un de fort, ils font quelque chose d’illégal, ils paniquent”, a-t-il affirmé à propos du chef de l’Etat.- “Vers l’autocratie” -“Ce qui s’est passé ce matin n’est rien de moins qu’un coup d’Etat contre le principal parti d’opposition, avec des conséquences considérables pour l’avenir politique du pays”, a estimé Berk Esen, politiste de l’université Sabanci d’Istanbul, joint par l’AFP. “Cette décision pousse la Turquie plus loin vers l’autocratie, à l’instar du Venezuela, de la Russie et de la Biélorussie”.M. Imamoglu est seul en lice pour représenter son parti à la prochaine présidentielle prévue en 2028, et devait être officiellement désigné dimanche au cours d’une primaire interne.Pour Soner Cagaptay, du Washington Institute, M. “Erdogan pensait sûrement qu’après cette étape, Imamoglu serait devenu inarrêtable”.Ekrem Imamoglu est devenu la bête noire du chef de l’Etat, lui-même ancien maire d’Istanbul dans les années 90, quand il a ravi en 2019 la capitale économique de la Turquie au parti AKP du président. Il avait été réélu triomphalement en mars 2024.L’université d’Istanbul a annulé mardi son diplôme, ajoutant un obstacle supplémentaire à son éventuelle candidature: la Constitution exige un diplôme de l’enseignement supérieur pour toute candidature aux fonctions de chef de l’Etat.L’édile avait dénoncé une décision “illégale” qu’il entendait contester en justice: “les droits acquis de chacun dans ce pays sont menacés”, avait-il accusé.Ekrem Imamoglu, qui sera remplacé le temps de sa garde à vue par le vice-président du conseil municipal d’Istanbul, Nuri Aslan, est visé par cinq autres procédures judiciaires, dont deux ouvertes en janvier qui l’avaient conduit à dénoncer le “harcèlement” de la justice.Six maires CHP du pays sont détenus ou en garde à vue, et 10 maires prokurdes ont également été destitués ces derniers mois.
Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, a été interpellé mercredi accusé de “corruption” et de “terrorisme”, quelques jours avant d’être investi comme le candidat à la prochaine présidentielle de son parti, qui a dénoncé un “coup d’Etat” contre l’opposition.L’opération, qui a visé plus d’une centaine de ses collaborateurs et d’élus et membres du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), première force d’opposition, s’ajoute à une vague de répression qui a frappé tous azimuts ces derniers mois l’opposition, les milieux prokurdes, la presse et même des artistes.Populaire et charismatique, Ekrem Imamoglu, 53 ans, croule sous les procédures judiciaires lancées contre lui par le procureur d’Istanbul; il est poursuivi cette fois pour “corruption” et “soutien à une organisation terroriste”, a confirmé le ministre de la Justice Yilmaz Tunç.L’édile, à la tête de la mégapole turque de 16 millions d’habitants depuis 2019, a passé la journée au siège de la police d’Istanbul près duquel ont convergé des centaines de ses partisans.La plupart se dirigeaient en fin de journée vers la municipalité aux cris de “Gouvernement démission” et “Imamoglu, tu n’es pas seul!”, pour rejoindre un grand rassemblement convoqué par le CHP.Le président du CHP, Özgür Özel, a dénoncé “un coup d’Etat contre le prochain président” de la Turquie: “La liberté de la nation d’élire Ekrem Imamoglu a été confisquée, a-t-il accusé. “Mais vous ne pouvez pas arrêter la marche du maire”, a-t-il asséné.- “Dictature” -M. Imamoglu a été cueilli au petit jour à son domicile, a témoigné son épouse Dilek Imamoglu sur la chaine privée NTV: “Les policiers sont arrivés juste après le sahur”, le repas de l’aube durant le Ramadan, a-t-elle rapporté, précisant que leur fille de 13 ans était présente. Dans une vidéo postée sur X, le maire a dénoncé la fouille de son domicile affirmant, tout en nouant sa cravate, que “des centaines de policiers sont arrivés à ma porte”. Son arrestation a provoqué une chute immédiate de la livre turque qui a atteint le record de 40 livres pour un dollar et contraint la Banque centrale turque à intervenir. La Bourse d’Istanbul a également dévissé et terminé la journée en baisse de 8,72%.Selon le communiqué du bureau du procureur d’Istanbul, M. Imamoglu est accusé de corruption et d’extorsion et désigné comme le chef d’une “organisation criminelle à but lucratif”.Également arrêtés pour “corruption” figure le conseiller du maire, Ertan Yildiz, le maire du district de Sisli, le président d’un club de sport, le directeur d’une agence de publicité ainsi que des hommes d’affaires, un journaliste en vue et un producteur de cinéma.L’accusation de “soutien au terrorisme” qui vise sept suspects au total selon le ministre de la Justice concernerait des liens supposés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (interdit).Tous les rassemblements et manifestations ont été interdits jusqu’à dimanche par le gouverneur d’Istanbul et des barrières ont été érigées autour des lieux symboliques comme l’emblématique place Taksim, haut lieu traditionnel des manifestations. Les autorités ont également restreint l’accès aux réseaux sociaux et à certains sites internet.”On est en dictature”, a déclaré à l’AFP un commerçant identifié par son seul prénom, Kuzey. “Ce gars et sa sale bande nous haïssent. Dès qu’il ont affaire à quelqu’un de fort, ils font quelque chose d’illégal, ils paniquent”, a-t-il affirmé à propos du chef de l’Etat.- “Vers l’autocratie” -“Ce qui s’est passé ce matin n’est rien de moins qu’un coup d’Etat contre le principal parti d’opposition, avec des conséquences considérables pour l’avenir politique du pays”, a estimé Berk Esen, politiste de l’université Sabanci d’Istanbul, joint par l’AFP. “Cette décision pousse la Turquie plus loin vers l’autocratie, à l’instar du Venezuela, de la Russie et de la Biélorussie”.M. Imamoglu est seul en lice pour représenter son parti à la prochaine présidentielle prévue en 2028, et devait être officiellement désigné dimanche au cours d’une primaire interne.Pour Soner Cagaptay, du Washington Institute, M. “Erdogan pensait sûrement qu’après cette étape, Imamoglu serait devenu inarrêtable”.Ekrem Imamoglu est devenu la bête noire du chef de l’Etat, lui-même ancien maire d’Istanbul dans les années 90, quand il a ravi en 2019 la capitale économique de la Turquie au parti AKP du président. Il avait été réélu triomphalement en mars 2024.L’université d’Istanbul a annulé mardi son diplôme, ajoutant un obstacle supplémentaire à son éventuelle candidature: la Constitution exige un diplôme de l’enseignement supérieur pour toute candidature aux fonctions de chef de l’Etat.L’édile avait dénoncé une décision “illégale” qu’il entendait contester en justice: “les droits acquis de chacun dans ce pays sont menacés”, avait-il accusé.Ekrem Imamoglu, qui sera remplacé le temps de sa garde à vue par le vice-président du conseil municipal d’Istanbul, Nuri Aslan, est visé par cinq autres procédures judiciaires, dont deux ouvertes en janvier qui l’avaient conduit à dénoncer le “harcèlement” de la justice.Six maires CHP du pays sont détenus ou en garde à vue, et 10 maires prokurdes ont également été destitués ces derniers mois.