Narcotrafiquants: les voisins des futures super-prisons ne paniquent pas

“Je n’ai pas du tout peur”: Magalie Manzi, habitante de Vendin-le-Vieil, accueille sereinement la désignation de la prison de cette commune du Pas-de-Calais pour accueillir cent des plus gros narcotrafiquants de France dès cet été.”Il y a la police qui est là pour faire son travail” et “apparemment” la prison “est très sécurisée”, estime cette agente hospitalière de 44 ans rencontrée par l’AFP près de la mairie de Vendin.Ces gros narcotrafiquants, “il faut bien les mettre quelque part, du moment qu’ils n’embêtent pas la population, c’est tout ce que je demande, voilà”, ajoute-t-elle.”Bien sûr qu’on peut se dire que ça peut être stressant, voire flippant, parce qu’on entend +narcotrafiquants+. Après, j’estime que c’est quand même assez bien gardé”, abonde Hugo Duchilliez, 18 ans, qui habite à Lens, à quelques kilomètres de la prison de haute sécurité.”Je fais confiance à l’État, mais pas à 100% non plus. Il y a toujours une méfiance, évidemment”, tempère le jeune homme en formation de sécurité, qui avoue avoir un peu peur de “potentielles évasions, même si ce sont des choses qui arrivent rarement”.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, en visite vendredi matin à la prison de Vendin, a juré de “dissiper les inquiétudes” des riverains, tout en disant “comprendre” leurs préoccupations.”Je crois que quand la prison est arrivée il y a quelques années il y avait les mêmes inquiétudes et que, finalement, aujourd’hui les gens ont vu que cette prison était tout à fait dans le paysage”, a développé le garde des Sceaux. Cette implantation n’a pas empêché le marché immobilier local “de se porter correctement et les personnes d’avoir une sécurité”, selon M. Darmanin.- “Partie du paysage” -“On espère qu’il n’y aura pas de conséquences sur les mobilisations de forces de police nationale”, commente de son côté Sylvain Robert, le maire de Lens. “On est déjà en sous-effectifs par rapport à la norme qui se pratique habituellement sur le territoire”, souligne l’élu divers gauche.Mais pour les habitants, l’arrivée de gros narcotrafiquants détenus ne devrait pas changer grand-chose, admet M. Robert: pour beaucoup, la prison de Vendin-le-Vieil, inaugurée en 2014, fait déjà “partie du paysage”.M. Darmanin retournera aussi à Condé-sur-Sarthe (Orne), prison jumelle de Vendin-le-Vieil, choisie jeudi soir pour accueillir cent autres narcotrafiquants à partir de mi-octobre.”On sait que ces trafiquants ont beaucoup d’argent, et donc peuvent mettre la pression. Comment les personnels vont-ils être protégés, comment ça va se passer?”, s’interroge Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO Justice et ancien surveillant à Condé, qui dit néanmoins “valider à 100% cette décision” du ministre de la Justice.L’évaluation des coût d’aménagement de ces deux sites déjà modernes et très sécurisés, “c’est entre 4 et 5 millions d’euros pour la prison de Vendin et sans doute le même montant pour la prison de Condé, donc à peu près 10 millions d’euros”, a estimé M. Darmanin. “Il faut notamment mettre des caillebotis sur les fenêtres, c’est-à-dire des petits carreaux qui empêchent de faire rentrer des choses par l’extérieur”, a-t-il détaillé. Gérald Darmanin a aussi évoqué “un système de lutte anti-drone extrêmement performant”, un “renforcement technologique pour que, même si on peut assez peu communiquer à l’intérieur de cette prison, on ne le puisse plus du tout”. “On va mettre des salles de visioconférence parce que le principe c’est que les détenus ne sortiront pas de la prison”, a-t-il conclu. En mai 2024, l’évasion sanglante de Mohamed Amra s’était produite lors d’un transfert à l’extérieur de ce narcotrafiquant pour être interrogé par un juge d’instruction.Du côté du Rassemblement national, le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde se montre sceptique: “Vendin-le-Vieil risque de devenir le QG du crime organisé où corruption et violences exploseront”, s’est-il inquiété vendredi dans un communiqué.”Les surveillants manquent de moyens, la sécurité des extractions est hors de contrôle et les riverains sont abandonnés”, a-t-il lancé, appelant M. Darmanin à “sortir de la communication et rendre des comptes”.las-edy-pgr-mac/etb/abl
“Je n’ai pas du tout peur”: Magalie Manzi, habitante de Vendin-le-Vieil, accueille sereinement la désignation de la prison de cette commune du Pas-de-Calais pour accueillir cent des plus gros narcotrafiquants de France dès cet été.”Il y a la police qui est là pour faire son travail” et “apparemment” la prison “est très sécurisée”, estime cette agente hospitalière de 44 ans rencontrée par l’AFP près de la mairie de Vendin.Ces gros narcotrafiquants, “il faut bien les mettre quelque part, du moment qu’ils n’embêtent pas la population, c’est tout ce que je demande, voilà”, ajoute-t-elle.”Bien sûr qu’on peut se dire que ça peut être stressant, voire flippant, parce qu’on entend +narcotrafiquants+. Après, j’estime que c’est quand même assez bien gardé”, abonde Hugo Duchilliez, 18 ans, qui habite à Lens, à quelques kilomètres de la prison de haute sécurité.”Je fais confiance à l’État, mais pas à 100% non plus. Il y a toujours une méfiance, évidemment”, tempère le jeune homme en formation de sécurité, qui avoue avoir un peu peur de “potentielles évasions, même si ce sont des choses qui arrivent rarement”.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, en visite vendredi matin à la prison de Vendin, a juré de “dissiper les inquiétudes” des riverains, tout en disant “comprendre” leurs préoccupations.”Je crois que quand la prison est arrivée il y a quelques années il y avait les mêmes inquiétudes et que, finalement, aujourd’hui les gens ont vu que cette prison était tout à fait dans le paysage”, a développé le garde des Sceaux. Cette implantation n’a pas empêché le marché immobilier local “de se porter correctement et les personnes d’avoir une sécurité”, selon M. Darmanin.- “Partie du paysage” -“On espère qu’il n’y aura pas de conséquences sur les mobilisations de forces de police nationale”, commente de son côté Sylvain Robert, le maire de Lens. “On est déjà en sous-effectifs par rapport à la norme qui se pratique habituellement sur le territoire”, souligne l’élu divers gauche.Mais pour les habitants, l’arrivée de gros narcotrafiquants détenus ne devrait pas changer grand-chose, admet M. Robert: pour beaucoup, la prison de Vendin-le-Vieil, inaugurée en 2014, fait déjà “partie du paysage”.M. Darmanin retournera aussi à Condé-sur-Sarthe (Orne), prison jumelle de Vendin-le-Vieil, choisie jeudi soir pour accueillir cent autres narcotrafiquants à partir de mi-octobre.”On sait que ces trafiquants ont beaucoup d’argent, et donc peuvent mettre la pression. Comment les personnels vont-ils être protégés, comment ça va se passer?”, s’interroge Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO Justice et ancien surveillant à Condé, qui dit néanmoins “valider à 100% cette décision” du ministre de la Justice.L’évaluation des coût d’aménagement de ces deux sites déjà modernes et très sécurisés, “c’est entre 4 et 5 millions d’euros pour la prison de Vendin et sans doute le même montant pour la prison de Condé, donc à peu près 10 millions d’euros”, a estimé M. Darmanin. “Il faut notamment mettre des caillebotis sur les fenêtres, c’est-à-dire des petits carreaux qui empêchent de faire rentrer des choses par l’extérieur”, a-t-il détaillé. Gérald Darmanin a aussi évoqué “un système de lutte anti-drone extrêmement performant”, un “renforcement technologique pour que, même si on peut assez peu communiquer à l’intérieur de cette prison, on ne le puisse plus du tout”. “On va mettre des salles de visioconférence parce que le principe c’est que les détenus ne sortiront pas de la prison”, a-t-il conclu. En mai 2024, l’évasion sanglante de Mohamed Amra s’était produite lors d’un transfert à l’extérieur de ce narcotrafiquant pour être interrogé par un juge d’instruction.Du côté du Rassemblement national, le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde se montre sceptique: “Vendin-le-Vieil risque de devenir le QG du crime organisé où corruption et violences exploseront”, s’est-il inquiété vendredi dans un communiqué.”Les surveillants manquent de moyens, la sécurité des extractions est hors de contrôle et les riverains sont abandonnés”, a-t-il lancé, appelant M. Darmanin à “sortir de la communication et rendre des comptes”.las-edy-pgr-mac/etb/abl