Militants de SOS Racisme agressés: l’ex-dirigeant des “Zouaves” se pose en victime à son procès

L’ancien leader présumé du groupuscule d’ultradroite dissous les “Zouaves Paris”, Marc de Cacqueray-Valmenier, s’est posé en victime de sa mauvaise réputation de néonazi, vendredi à Bobigny, où il était jugé pour la violente agression de militants de SOS Racisme lors d’un meeting en 2021 d’Éric Zemmour.Déjà condamné à plusieurs reprises pour violence, l’homme de 26 ans aux cheveux tondus sur la nuque et au bouc court comparaissait libre sous contrôle judiciaire, pour violence en réunion, avec un seul autre prévenu, un apprenti de 21 ans. Tous deux ont admis leur présence au meeting tout en assurant n’avoir pas participé aux violences.Cintré dans un pull noir sur chemise blanche, M. de Cacqueray-Valmenier se présente à la barre comme diplômé d’école de commerce mais actuellement titulaire d’un CDI dans “l’entretien de propriétés et la sécurité”, payé 2.000 à 3.000 euros. Il admet avoir travaillé “en Bretagne” mais avoir dû cesser son travail sur ce site du fait d’une “médiatisation” – des articles avaient affirmé qu’il était employé comme gardien de l’île privée de Vincent Bolloré.Quand le président Jean-Baptiste Acchiardi le présente comme “une figure reconnue dans la mouvance d’extrême droite”, le prévenu répond: “bien malgré moi mais je le reconnais”.Mais il conteste avoir jamais été le leader du groupuscule ultranationaliste les “Zouaves Paris”, qu’il dit n’avoir “fréquenté que de manière anecdotique” en 2020. Le gouvernement avait annoncé en janvier 2022 la dissolution de ce groupe informel, accusé d’être à l’origine de nombreux “agissements violents”, de “propager un discours ouvertement raciste” et de diffuser “régulièrement des images reprenant les symboles de l’idéologie nazie”. – “Pluie de coups” -Dans la petite salle du tribunal correctionnel emplie de militants de SOS-Racisme, les deux prévenus semblent rivaliser d’amnésie, quand de jeunes plaignants décrivent “la pluie de coups” reçus le 5 décembre 2021, à Villepinte, lors du premier meeting de campagne du candidat à la présidentielle Éric Zemmour. Une douzaine de militants de SOS Racisme étaient montés sur des chaises pour exhiber chacun une lettre de la phrase “Non au racisme”, également scandée. Ils avaient alors été agressés à coups de poing, de pied ou de mobilier jeté sur eux par des dizaines de personnes.Une militante de SOS Racisme, qui s’est vue reconnaître six jours d’ITT suite aux violences, a expliqué, émue, qu’ils voulaient “porter le message +non au racisme+ là même où le racisme se vit”. “J’ai juste eu le temps de crier une fois +non au racisme+” que le militant – noir – à ses côtés s’est “direct fait attraper et lyncher”, a-t-elle dit. “Je me suis retrouvée au sol”, prenant “des coups dans tous les sens”, a-t-elle raconté, faisant partie des plaignants qui ont identifié M. de Cacqueray comme un des agresseurs, dont le bas du visage était dissimulé par un cache-cou noir remonté. Lui ne se reconnaît sur aucune photographie ni sur la vidéo d’une minute et demie de violences projetée. Il conteste même d’ailleurs avoir été “avec des gens appartenant aux Zouaves Paris pendant ce meeting”. “Il y avait 13.000 personnes et comme écrirait Albert Camus, j’étais parmi eux mais j’étais pourtant seul”, ironise-t-il. L’avocat des parties civiles, Sacha Ghozlan, a plaidé que les militants, souvent noirs et arabes, de SOS Racisme, avait pris un “torrent de coups” par des personnes “animées par la haine et idéologisées”, membres d'”une jeunesse néonazie – et ce n’est pas un abus de langage”, a-t-il insisté.M. de Cacqueray-Valmenier, lui, s’est dit ciblé par une masse de “fake news”. “A partir de 2019, j’ai connu une surmédiatisation de mon profil, j’ai manqué d’être renvoyé de l’école où je faisais mon master, j’ai perdu plusieurs emplois”, a-t-il déploré. Il avait notamment été condamné, en janvier 2022 à Paris, à un an de prison ferme aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique, pour violence en réunion sans incapacité, lors d’une expédition dans un bar de la mouvance antifasciste à Paris. En 2023, la Cour de cassation a confirmé sa condamnation à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences aggravées contre un jeune homme de la mouvance antifasciste en 2017.