Des faits “d’une particulière gravité”: l’avocat général a requis mercredi 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Maylis Daubon, accusée d’avoir empoisonné avec des médicaments ses deux filles, dont l’une est morte, et d’avoir voulu faire assassiner son ex-mari.Devant la cour d’assises des Landes à Mont-de-Marsan, Marc Bourragué a retenu la circonstance aggravante d’empoisonnements “commis sur des personnes en état de sujétion psychologique ou physique connu de l’auteur, en l’occurrence la soumission chimique”, et demandé que la peine soit assortie d’une période de sûreté de 15 ans.Pour autant, il n’a pas demandé de “peine à perpétuité”, au terme de près de deux heures de réquisitoire, expliquant prendre en compte la deuxième fille de Maylis Daubon, Luan, aujourd’hui âgée de 22 ans.Pour le magistrat, “rien n’étaye” la thèse du suicide de la fille aînée Enea, avancée par l’accusée qui clame son innocence. L’adolescente de 18 ans est morte six jours après une crise de convulsions le 13 novembre 2019 au domicile familial.L’avocat général estime que la mère avait deux mobiles: “J’ai une emprise sur quelqu’un qui va m’échapper, je ne peux pas le supporter, je le tue. C’est le syndrome de Münchhausen par procuration. Et la détestation du père, tellement forte”.Yannick Reverdy, ancien international français de handball, avait divorcé de Maylis Daubon en 2009, qui l’accusait de violences, et avait ensuite perdu contact avec ses filles.Enea, déscolarisée depuis plus d’un an et souffrant de troubles psychologiques, avait pris du Propranolol, un bêta-bloquant qui ralentit l’activité du cœur, à un taux “dix fois supérieur à la dose thérapeutique”, selon l’enquête.- “Soumission chimique” -L’avocat général a présenté Enea “comme une enfant affaiblie par la surmédicalisation, avec une soumission chimique qui entraîne une abolition du libre arbitre”.Pour lui, “l’absorption de Propranolol” a eu lieu le matin des faits, quand elle a avalé un “café au lait”. “C’est Maylis Daubon qui va chercher les médicaments, c’est elle qui gère la pharmacologie de la famille”.Une perquisition a permis de découvrir des cachets de Propranolol dans la chambre de la mère, cachés dans un emballage de suppositoires, ainsi que dans le vaisselier du salon.Confrontée aux “incohérences” relevées dans ses déclarations, aux soupçons de falsifications d’ordonnances, l’accusée a persisté à l’audience dans ses dénégations, répondant aux questions d’une voix souvent gémissante quand elle ne gardait pas la tête baissée dans le box.”Les charges accumulées contre Maylis Daubon sont extrêmement importantes, depuis la toxicologie jusqu’à la multiplication des mensonges”, a résumé l’avocat général.”Je suis accusée de faits horribles” que “rien au monde n’aurait pu me faire commettre”, a insisté durant son procès Maylis Daubon, dont la “théâtralité”, la “victimisation” et la “mythomanie” ont été pointées à l’audience.- “Schéma criminel” -Concernant la cadette Luan, chez qui les analyses ont révélé une prise importante d’un antidépresseur réservé aux adultes, le magistrat évoque “exactement le même schéma. Il y a une similitude des modes opératoires, c’est la preuve de l’empoisonnement”.La sœur d’Enea n’a jamais incriminé sa mère. Au procès, elle a maintenu qu’elle n’était “pas coupable”, revenant sur son enfance “heureuse” mais “compliquée” par le divorce des parents et des violences imputées à son père.Ce dernier accuse son ex-femme de s’être servi de ses filles comme “outil de sa vengeance” contre lui.Devant la cour, un expert psychiatre a décrit “l’emprise” que la mère exerçait sur ses filles, vouée à “s’aggraver” à mesure qu’elles grandiraient, doublée d’une volonté d'”éliminer le père”.Outre l’empoisonnement d’Enea et Luan, Maylis Daubon est aussi soupçonnée d’avoir voulu faire assassiner son ex-mari en soudoyant des codétenues à la prison de Pau.Les faits d’empoisonnement sur les filles “sont colorés par l’instigation à l’assassinat sur Yannick Reverdy, qui montre un schéma criminel bien établi et mûri de longue date”, a lancé M. Bourragué.Mardi, Mme Daubon a dénoncé des “ragots de prison” à ce sujet.Après les plaidoiries de la défense, jurés et magistrats se retireront pour délibérer. Le verdict est attendu en fin de journée.
Des faits “d’une particulière gravité”: l’avocat général a requis mercredi 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Maylis Daubon, accusée d’avoir empoisonné avec des médicaments ses deux filles, dont l’une est morte, et d’avoir voulu faire assassiner son ex-mari.Devant la cour d’assises des Landes à Mont-de-Marsan, Marc Bourragué a retenu la circonstance aggravante d’empoisonnements “commis sur des personnes en état de sujétion psychologique ou physique connu de l’auteur, en l’occurrence la soumission chimique”, et demandé que la peine soit assortie d’une période de sûreté de 15 ans.Pour autant, il n’a pas demandé de “peine à perpétuité”, au terme de près de deux heures de réquisitoire, expliquant prendre en compte la deuxième fille de Maylis Daubon, Luan, aujourd’hui âgée de 22 ans.Pour le magistrat, “rien n’étaye” la thèse du suicide de la fille aînée Enea, avancée par l’accusée qui clame son innocence. L’adolescente de 18 ans est morte six jours après une crise de convulsions le 13 novembre 2019 au domicile familial.L’avocat général estime que la mère avait deux mobiles: “J’ai une emprise sur quelqu’un qui va m’échapper, je ne peux pas le supporter, je le tue. C’est le syndrome de Münchhausen par procuration. Et la détestation du père, tellement forte”.Yannick Reverdy, ancien international français de handball, avait divorcé de Maylis Daubon en 2009, qui l’accusait de violences, et avait ensuite perdu contact avec ses filles.Enea, déscolarisée depuis plus d’un an et souffrant de troubles psychologiques, avait pris du Propranolol, un bêta-bloquant qui ralentit l’activité du cœur, à un taux “dix fois supérieur à la dose thérapeutique”, selon l’enquête.- “Soumission chimique” -L’avocat général a présenté Enea “comme une enfant affaiblie par la surmédicalisation, avec une soumission chimique qui entraîne une abolition du libre arbitre”.Pour lui, “l’absorption de Propranolol” a eu lieu le matin des faits, quand elle a avalé un “café au lait”. “C’est Maylis Daubon qui va chercher les médicaments, c’est elle qui gère la pharmacologie de la famille”.Une perquisition a permis de découvrir des cachets de Propranolol dans la chambre de la mère, cachés dans un emballage de suppositoires, ainsi que dans le vaisselier du salon.Confrontée aux “incohérences” relevées dans ses déclarations, aux soupçons de falsifications d’ordonnances, l’accusée a persisté à l’audience dans ses dénégations, répondant aux questions d’une voix souvent gémissante quand elle ne gardait pas la tête baissée dans le box.”Les charges accumulées contre Maylis Daubon sont extrêmement importantes, depuis la toxicologie jusqu’à la multiplication des mensonges”, a résumé l’avocat général.”Je suis accusée de faits horribles” que “rien au monde n’aurait pu me faire commettre”, a insisté durant son procès Maylis Daubon, dont la “théâtralité”, la “victimisation” et la “mythomanie” ont été pointées à l’audience.- “Schéma criminel” -Concernant la cadette Luan, chez qui les analyses ont révélé une prise importante d’un antidépresseur réservé aux adultes, le magistrat évoque “exactement le même schéma. Il y a une similitude des modes opératoires, c’est la preuve de l’empoisonnement”.La sœur d’Enea n’a jamais incriminé sa mère. Au procès, elle a maintenu qu’elle n’était “pas coupable”, revenant sur son enfance “heureuse” mais “compliquée” par le divorce des parents et des violences imputées à son père.Ce dernier accuse son ex-femme de s’être servi de ses filles comme “outil de sa vengeance” contre lui.Devant la cour, un expert psychiatre a décrit “l’emprise” que la mère exerçait sur ses filles, vouée à “s’aggraver” à mesure qu’elles grandiraient, doublée d’une volonté d'”éliminer le père”.Outre l’empoisonnement d’Enea et Luan, Maylis Daubon est aussi soupçonnée d’avoir voulu faire assassiner son ex-mari en soudoyant des codétenues à la prison de Pau.Les faits d’empoisonnement sur les filles “sont colorés par l’instigation à l’assassinat sur Yannick Reverdy, qui montre un schéma criminel bien établi et mûri de longue date”, a lancé M. Bourragué.Mardi, Mme Daubon a dénoncé des “ragots de prison” à ce sujet.Après les plaidoiries de la défense, jurés et magistrats se retireront pour délibérer. Le verdict est attendu en fin de journée.
