Reçus vendredi à l’Elysée pour discuter de la formation d’un nouveau gouvernement, les leaders du Parti socialiste ont réclamé à Emmanuel Macron la nomination d’un “Premier ministre de gauche”, le président promettant de nouvelles consultations dans les prochains jours.Les lignes bougent au lendemain de la démission de Michel Barnier. En particulier à gauche, où le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’est dit prêt à discuter du “gouvernement d’intérêt général” souhaité par le chef de l’Etat, mais sur la base “de concessions réciproques”.Une ouverture avant un rendez-vous au sommet au palais présidentiel, où M. Macron a d’abord rencontré en début de journée les dirigeants de son propre camp (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI), avant d’accueillir à midi M. Faure et les chefs des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner. Il reçoit une délégation des Républicains à 20H00.”Le président n’a posé aucun préalable sur aucun sujet”, a affirmé le numéro un du PS, qui a lui fait savoir que ses troupes ne participeraient “en aucun cas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite”.Les socialistes ont même obtenu un geste d’ouverture de M. Macron: ce dernier a promis de s’entretenir avec leurs alliés écologistes, communistes et Insoumis, “probablement lundi” selon l’entourage du président.- Un “arc” sous tension -En se disant prêt à “des compromis sur tous les sujets”, y compris sur la réforme des retraites, M. Faure a néanmoins déclenché l’incompréhension ou la colère des partenaires du Nouveau Front populaire.A commencer par le patriarche Insoumis, Jean-Luc-Mélenchon, qui a souligné que “LFI n’a donné aucun mandat” au patron du PS “pour négocier un accord”. La cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, a aussi sursauté, appelant le PS à ne “pas tomber dans ce piège”.L’idée d’une grande coalition en braque également certains à droite. Comme le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour qui sa famille politique “ne pourra faire aucun compromis avec la gauche (…) qui a voté une motion de censure irresponsable”. En quête d’un “arc de gouvernement”, le chef de l’Etat a tenté jeudi soir de reprendre la main lors d’une allocution télévisée, promettant la nomination d’un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”.Cette annonce ne devrait toutefois pas intervenir avant lundi, selon plusieurs participants à la réunion matinale avec le bloc central.Entre-temps, Emmanuel Macron doit s’offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame samedi, une journée chargée pour le chef de l’Etat qui recevra à l’Elysée le président élu américain Donald Trump puis son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.- L’option François Bayrou -Quel qu’il soit, le nouveau Premier ministre aura comme priorité le budget, dont les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure.En attendant de reprendre les débats sur ce budget l’année prochaine, une loi spéciale sera déposée “avant la mi-décembre au Parlement”.Qui pour porter ce chantier? François Bayrou a déjeuné jeudi avec le président et s’est également entretenu avec un autre prétendant, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Les deux hommes ont occupé l’espace médiatique vendredi: “Le centre ne peut pas être la réponse seul. Ce qui s’impose, ce sont des rassemblements de personnalités qui gardent leurs idées et qui décident de travailler ensemble”, a lancé le patron du MoDem sur LCI. Quant à Bernard Cazeneuve, il a reconnu que François Bayrou “ferait un bon Premier ministre”.Les noms du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.Le lauréat devra non seulement constituer une équipe que M. Macron souhaite “resserrée”, mais également composer avec un Rassemblement national qui vient de faire tomber Michel Barnier… Et s’est dit prêt à répéter la manoeuvre s’il n’était pas entendu.”Que personne ne pense que j’aurais dorénavant les mains liées. Je peux tout à fait voter à nouveau une motion de censure”, a martelé Marine Le Pen auprès du Figaro.pab-far-gbh-ama/hr/swi