Le président taïwanais entame sa tournée Pacifique à Hawaï, malgré la colère de Pékin

Le président taïwanais Lai Ching-te est arrivé samedi dans l’archipel américain d’Hawaï, première étape d’une tournée dans plusieurs territoires du Pacifique qu’il présente comme l’entrée dans une “nouvelle ère démocratique”, mais suscite l’ire de Pékin.M. Lai a atterri peu avant 07H30 heure locale (17H30 GMT) à Honolulu, selon un journaliste de l’AFP accompagnant le président dans son premier voyage à l’étranger depuis sa prise de fonction en mai.Dans un discours prononcé avant le décollage, M. Lai a déclaré que sa tournée marquait l’entrée dans “une nouvelle ère démocratique” et a remercié le gouvernement américain pour “avoir facilité ce voyage”.Il a déclaré vouloir “continuer à étendre la coopération et approfondir les partenariats avec nos alliés sur la base des valeurs de la démocratie, de la paix et de la prospérité”.Le président taïwanais a été accueilli par le gouverneur de Hawaï Josh Green et Ingrid Larson, la directrice à Washington de la représentation américaine à Taipei (American Institute in Taiwan).”C’est la première fois que le chef d’Etat (taïwanais) est accueilli sur le tarmac, qu’il reçoit le tapis rouge et qu’on lui offre des fleurs” lors d’une visite à Hawaï, a souligné le bureau du président dans un communiqué.La Chine considère l’île de Taïwan comme l’une de ses provinces à réunifier avec le reste de son territoire et n’exclut pas d’avoir recours à la force pour y parvenir. Elle est irritée par cette tournée lors de laquelle le président Lai doit visiter ses alliés du Pacifique, et voit d’un mauvais oeil tout contact officiel entre Taipei et les Etats-Unis.Le président taïwanais doit passer deux jours à Hawaï, où il devait visiter le musée local Bishop d’histoire naturelle et culturelle, l’agence de gestion des services d’urgence de Hawaï, et le mémorial de l’USS Arizona consacré aux marins américains tués lors de l’attaque de Pearl Harbor, selon son programme officiel.Il devrait aussi, au cours de son voyage, passer une nuit à Guam, en territoire américain, et visiter les îles Marshall, Tuvalu et Palaos, seules nations de la région parmi les 12 alliés restants à reconnaître Taïwan.- Escorte de F-16 -Taïwan a déployé quatre avions de chasse F-16 pour escorter l’avion qui transporte le président taïwanais et sa délégation.Au cours du vol, M. Lai a remercié toutes les personnes présentes à bord de “voyager ensemble pour ouvrir l’horizon international de Taïwan”, en estimant que sa tournée doit “permettre à Taïwan de rejoindre la scène internationale, avec sérieux et confiance”.Pékin s’oppose à tout contact officiel entre Taipei et des représentants étrangers. Plus largement, la Chine cherche à l’effacer de la scène internationale en l’empêchant de participer à des forums internationaux.Pékin a qualifié Lai Ching-te de “séparatiste” à maintes reprises et accentué la pression militaire autour de l’île ces dernières années avec de nombreuses manœuvres.- “Partenariat” avec les Etats-Unis -Des responsables taïwanais ont déjà fait escale sur le sol américain lors de déplacements dans le Pacifique ou en Amérique latine.La prédécesseure de Lai Ching-te, Tsai Ing-wen, avait ainsi transité par ces mêmes territoires américains en 2017. En 2023, elle avait rencontré en Californie Kevin McCarthy, alors président de la Chambre des représentants des Etats-Unis. Pékin avait alors répliqué par d’importants exercices militaires autour de Taïwan.La Chine “veut toujours donner l’impression que Taïwan est isolée et dépendante” d’elle, estime auprès de l’AFP Bonnie Glaser, analyste au cercle de réflexion German Marshall Fund.”Quand un président taïwanais voyage hors de Taïwan, c’est un rappel qu’il y a des pays dans le monde qui accordent de la valeur à leurs relations avec Taïwan”, ajoute-t-elle, soulignant le rôle majeur de l’île dans l’industrie des semi-conducteurs.”Et, bien sûr, quand il passe par les Etats-Unis, c’est un rappel (…) que les Etats-Unis et Taïwan entretiennent un partenariat étroit.”Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei depuis 1979 mais reste de fait l’allié le plus puissant de Taïwan et son principal fournisseur d’armes.Les Etats-Unis ont d’ailleurs annoncé vendredi avoir approuvé la vente potentielle de pièces détachées pour des avions de chasse F-16 et de systèmes radar à Taïwan, pour un montant estimé à 320 millions de dollars.Vendredi, au lendemain de l’annonce du parcours de M. Lai, le ministère de la Défense taïwanais a dit avoir détecté 33 avions et huit navires de guerre chinois dans son espace aérien et ses eaux en 24 heures. Il s’agissait alors du déploiement le plus important en trois semaines.Le voyage du dirigeant taïwanais intervient alors que Donald Trump doit arriver à la Maison Blanche en janvier. Taipei a félicité M. Trump pour sa victoire, mais des incertitudes demeurent quant à sa future politique envers l’île.Au cours de sa campagne, M. Trump avait suggéré que Taïwan paie les Etats-Unis pour sa défense.
Sun, 01 Dec 2024 03:13:30 GMT