Le militant des droits humains Alaa Abdel Fattah, récemment rentré au Royaume-Uni après plusieurs années de prison en Egypte, s’est excusé lundi pour d’anciens tweets appelant à la violence envers les “sionistes”, qui suscitent des appels de l’opposition à lui retirer sa citoyenneté britannique.Cet activiste égypto-britannique de 44 ans, figure de la révolution de 2011 qui a renversé le dirigeant égyptien Hosni Moubarak, a été libéré en septembre après avoir été gracié par le président Abdel Fattah al-Sissi, après d’intenses efforts diplomatiques de Londres.Il est rentré vendredi au Royaume-Uni, où réside une partie de sa famille, qui a activement milité pour sa libération. Mais dès le lendemain, d’anciens tweets remontant à 2010 ont été exhumés, dans lesquels il appelait à “tuer des sionistes” ou des agents de police.”Je suis bouleversé qu’au moment même où je retrouve ma famille pour la première fois en 12 ans, plusieurs de mes anciens tweets aient été republiés et utilisés pour remettre en cause et attaquer mon intégrité et mes valeurs”, a-t-il indiqué dans une déclaration publiée lundi sur le compte X de la campagne “Free Alaa”.”En relisant ces tweets aujourd’hui, du moins ceux qui n’ont pas été complètement déformés, je comprends à quel point ils peuvent être choquants et blessants, et je m’en excuse sans réserve”, a-t-il ajouté.Les conservateurs –qui avaient appelé à la libération d’Alaa Abdel Fattah quand ils étaient au pouvoir–, ont demandé à ce qu’il soit déchu de sa nationalité.”Si j’étais ministre de l’Intérieur, je signerais aujourd’hui un arrêté révoquant sa citoyenneté (…) et je veillerais à ce qu’il soit expulsé”, a affirmé lundi le député Chris Philp, en charge de l’Intérieur au sein du parti conservateur, sur la chaîne ITV.”Cet homme est une ordure méprisable”, a-t-il encore lancé.Le chef du file du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage, a qualifié son retour sur le sol britannique “d’extraordinaire erreur de jugement”, exhortant la ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood à expulser ce militant aux opinions “contraires à notre mode de vie britannique”.- “Colère et frustrations” -Alaa Abdel Fattah, qui a été emprisonné à plusieurs reprisés en Egypte, avait été arrêté en 2019 pour avoir publié sur Facebook un message évoquant des violences policières. Il a été condamné à cinq ans de prison en 2021 pour “diffusion de fausses informations”, une accusation fréquemment utilisée contre les dissidents.Vendredi, le Premier ministre britannique travailliste Keir Starmer s’était félicité de son retour au Royaume-Uni, soulignant que “le cas d’Alaa a été une priorité absolue pour (son) gouvernement”.Mais face au feu des critiques, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré dès dimanche que le “gouvernement condamne les anciens tweets de M. Abdel Fattah et les juge répugnants”.Ces messages, dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité, exprimaient “la colère et les frustrations d’un jeune homme à une époque de crises régionales (guerres en Irak, au Liban et à Gaza)”, et face “à la montée des violences policières contre la jeunesse égyptienne”, a expliqué Alaa Abdel Fattah lundi.”Certains tweets ont été complètement mal interprétés, apparemment par mauvaise foi”, a-t-il ajouté.The Board of Deputies of British Jews, organisation représentant la communauté juive britannique, a fait part de sa “profonde inquiétude”.”Ses propos extrémistes et violents visant les +sionistes+ et les blancs en général constituent une menace pour les juifs britanniques et le grand public”, a déploré cette organisation.Alaa Abdel Fattah a obtenu la nationalité britannique en prison en 2022, à l’époque du gouvernement conservateur de Boris Johnson.Elle lui a été accordée par le biais de sa mère, la mathématicienne Laila Soueif, figure de la gauche intellectuelle égyptienne. Âgée de 69 ans, elle a fait cette année une grève de la faim pendant cinq mois pour obtenir la libération de son fils.
