Les Chiliens votent dimanche pour élire leur président, lors d’un scrutin où l’extrême droite est donnée favorite pour la première fois depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet il y a 35 ans. Crédité d’une large avance par les sondages, l’ultraconservateur José Antonio Kast, avocat de 59 ans, affronte Jeannette Jara, une communiste modérée représentant une vaste coalition de gauche. Les Chiliens ont commencé à voter dans la matinée, a constaté l’AFP. Les premiers résultats devraient être connus peu de temps après la fermeture des bureaux de vote, prévue à 18H00 (21H00 GMT).Le candidat d’extrême droite en est à sa troisième tentative d’accéder à la présidence. Après avoir voté à Paine, à 40 km de Santiago, et s’être pris en selfie avec des sympathisants, il a été applaudi par une foule scandant “Kast, président”.Et promis de rechercher l’unité, dans un pays très polarisé. “Le vainqueur (de l’élection) devra être la présidente ou le président de tous les Chiliens”, a-t-il dit.Catholique pratiquant et père de neuf enfants, l’ex-député a fait campagne sur la lutte contre la criminalité et la promesse d’expulser les près de 340.000 migrants en situation irrégulière, pour la plupart des Vénézuéliens ayant fui la crise dans leur pays. En face, Jeannette Jara, 51 ans, ex-ministre du Travail du président sortant Gabriel Boric, promet l’augmentation du salaire minimum et la défense des retraites.Au premier tour le 16 novembre, les deux candidats ont obtenu chacun un quart des suffrages, avec une légère avance pour la gauche. Mais l’ensemble des candidats de droite ont totalisé 70%. – Sécurité et immigration -Arturo Huichaqueo, un chauffeur de taxi de 57 ans, votera Jara “pour ne pas perdre en matière sociale”, alors que Kast défend une baisse drastique de la dépense publique.Francesca Duran, étudiante en anthropologie de 20 ans, fera le même choix, ne voulant pas voter pour “un fasciste”.Pour Ursula Villalobos, femme au foyer de 44 ans, ce qui compte au contraire, “davantage que les prestations sociales, c’est le travail, la sécurité. Que les gens puissent sortir de chez eux sans avoir peur”.Comme elle, Gregorio Riera, un Vénézuélien de 49 ans autorisé à voter comme certains résidents au Chili, glissera dans l’urne un bulletin pour Kast. “Je suis venu du Venezuela à cause du communisme, ce n’est pas pour revenir à la même chose”, explique-t-il en référence à Jeannette Jara. La criminalité et l’immigration irrégulière sont en tête des préoccupations des Chiliens, devant les difficultés économiques liées à une croissance atone. “Le pays s’effondre”, répète à l’envi José Antonio Kast, candidat du Parti républicain qu’il a fondé en 2019. Les experts parlent de perceptions en décalage avec la réalité.Si le taux d’homicides a doublé au cours de la dernière décennie, il est en recul ces dernières années et est bien inférieur à la moyenne régionale. Les délits violents, comme les enlèvements et l’extorsion, ont néanmoins augmenté.M. Kast, opposé à l’avortement même en cas de viol ainsi qu’au mariage homosexuel, a mis en sourdine pendant cette campagne ses positions conservatrices.- “Pinochet sans uniforme” -Le discours sécuritaire de la droite et de l’extrême droite au Chili trouve d’autant plus d’écho que le gouvernement de gauche sortant a généré des frustrations. La révolte sociale de 2019 pour davantage d’égalité sociale, marquée par des violences, a été “très traumatisante” et, conjuguée à la pandémie, elle a produit “un mouvement vers le conservatisme”, relève la politologue Claudia Heiss. Cecilia Mora, une retraitée de 71 ans, votera pour Jara et décrit M. Kast comme “un Pinochet sans uniforme”, dans un pays où la dictature a fait 3.200 morts et disparus entre 1973 et 1990. L’ultraconservateur a soutenu la dictature militaire et assuré que si Pinochet était en vie, il voterait pour lui.Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que son père, né en Allemagne, avait été membre du parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi.Selon Robert Funk, professeur de sciences politiques à l’Université du Chili, les électeurs qui voteront pour Kast le feront “malgré, et non à cause, de son soutien à Pinochet”.
Les Chiliens votent dimanche pour élire leur président, lors d’un scrutin où l’extrême droite est donnée favorite pour la première fois depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet il y a 35 ans. Crédité d’une large avance par les sondages, l’ultraconservateur José Antonio Kast, avocat de 59 ans, affronte Jeannette Jara, une communiste modérée représentant une vaste coalition de gauche. Les Chiliens ont commencé à voter dans la matinée, a constaté l’AFP. Les premiers résultats devraient être connus peu de temps après la fermeture des bureaux de vote, prévue à 18H00 (21H00 GMT).Le candidat d’extrême droite en est à sa troisième tentative d’accéder à la présidence. Après avoir voté à Paine, à 40 km de Santiago, et s’être pris en selfie avec des sympathisants, il a été applaudi par une foule scandant “Kast, président”.Et promis de rechercher l’unité, dans un pays très polarisé. “Le vainqueur (de l’élection) devra être la présidente ou le président de tous les Chiliens”, a-t-il dit.Catholique pratiquant et père de neuf enfants, l’ex-député a fait campagne sur la lutte contre la criminalité et la promesse d’expulser les près de 340.000 migrants en situation irrégulière, pour la plupart des Vénézuéliens ayant fui la crise dans leur pays. En face, Jeannette Jara, 51 ans, ex-ministre du Travail du président sortant Gabriel Boric, promet l’augmentation du salaire minimum et la défense des retraites.Au premier tour le 16 novembre, les deux candidats ont obtenu chacun un quart des suffrages, avec une légère avance pour la gauche. Mais l’ensemble des candidats de droite ont totalisé 70%. – Sécurité et immigration -Arturo Huichaqueo, un chauffeur de taxi de 57 ans, votera Jara “pour ne pas perdre en matière sociale”, alors que Kast défend une baisse drastique de la dépense publique.Francesca Duran, étudiante en anthropologie de 20 ans, fera le même choix, ne voulant pas voter pour “un fasciste”.Pour Ursula Villalobos, femme au foyer de 44 ans, ce qui compte au contraire, “davantage que les prestations sociales, c’est le travail, la sécurité. Que les gens puissent sortir de chez eux sans avoir peur”.Comme elle, Gregorio Riera, un Vénézuélien de 49 ans autorisé à voter comme certains résidents au Chili, glissera dans l’urne un bulletin pour Kast. “Je suis venu du Venezuela à cause du communisme, ce n’est pas pour revenir à la même chose”, explique-t-il en référence à Jeannette Jara. La criminalité et l’immigration irrégulière sont en tête des préoccupations des Chiliens, devant les difficultés économiques liées à une croissance atone. “Le pays s’effondre”, répète à l’envi José Antonio Kast, candidat du Parti républicain qu’il a fondé en 2019. Les experts parlent de perceptions en décalage avec la réalité.Si le taux d’homicides a doublé au cours de la dernière décennie, il est en recul ces dernières années et est bien inférieur à la moyenne régionale. Les délits violents, comme les enlèvements et l’extorsion, ont néanmoins augmenté.M. Kast, opposé à l’avortement même en cas de viol ainsi qu’au mariage homosexuel, a mis en sourdine pendant cette campagne ses positions conservatrices.- “Pinochet sans uniforme” -Le discours sécuritaire de la droite et de l’extrême droite au Chili trouve d’autant plus d’écho que le gouvernement de gauche sortant a généré des frustrations. La révolte sociale de 2019 pour davantage d’égalité sociale, marquée par des violences, a été “très traumatisante” et, conjuguée à la pandémie, elle a produit “un mouvement vers le conservatisme”, relève la politologue Claudia Heiss. Cecilia Mora, une retraitée de 71 ans, votera pour Jara et décrit M. Kast comme “un Pinochet sans uniforme”, dans un pays où la dictature a fait 3.200 morts et disparus entre 1973 et 1990. L’ultraconservateur a soutenu la dictature militaire et assuré que si Pinochet était en vie, il voterait pour lui.Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que son père, né en Allemagne, avait été membre du parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi.Selon Robert Funk, professeur de sciences politiques à l’Université du Chili, les électeurs qui voteront pour Kast le feront “malgré, et non à cause, de son soutien à Pinochet”.
