L’activité économique française a progressé de 0,1% au premier trimestre, une évolution sans éclat entre durcissement budgétaire pour réduire le déficit et fortes incertitudes commerciales qui ont pénalisé la consommation et les investissements. Cette hausse modérée du produit intérieur brut (PIB) entre janvier et mars, selon la première estimation de l’Institut national de la statistique (Insee) français, succède à la contraction de 0,1% observée au quatrième trimestre 2024 en raison du contrecoup des Jeux olympiques de Paris. “On pourrait se réjouir du léger rebond de la croissance française. Mais la plupart des composantes du PIB affichent des évolutions négatives, à l’exception de la variation des stocks qui a, seule, soutenu la croissance”, a commenté Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès, dans une note.Ainsi, pilier traditionnel de la croissance française, la consommation des ménages a stagné au premier trimestre malgré le net repli de l’inflation. Or, “c’est vraiment le moteur sur lequel on espère un redémarrage de la croissance”, a souligné Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade, auprès de l’AFP. Outre “le rôle des politiques économiques, il y a aussi un climat d’incertitude, les ménages s’attendant à une remontée du chômage”. En particulier, les achats de biens ont nettement reculé (-0,6%), notamment dans les matériels de transports, ce qui peut s’expliquer, selon l’Insee, par un bonus ou malus écologiques plus restrictifs pour les véhicules. Le gouvernement français prévoit une cinquantaine de milliards d’euros de baisse des dépenses et hausse des prélèvements en 2025 pour assainir des finances publiques très dégradées, avant un nouvel effort de 40 milliards annoncé en 2026 sans nouvel impôt. – Consolidation budgétaire -Conséquence, la consommation publique, qui avait soutenu la croissance en 2024, a fortement ralenti (0,1% après 0,4%): “on commence à voir un début de consolidation budgétaire”, selon Maxime Darmet. La France affiche le pire déficit public de la zone euro pour 2024, à 5,8%. Le gouvernement entend le ramener à 5,4% puis sous le plafond européen de 3% en 2029. Son endettement (113% du PIB) est le troisième plus lourd après la Grèce et l’Italie.Les investissements sont en berne également (-0,2%): tant ceux des entreprises que administrations publiques et des ménages sont concernés. La construction et les biens manufacturés ont particulièrement souffert, “ces derniers étant très sensibles à la montée de l’incertitude commerciale”, a pointé Maxime Darmet. L’offensive protectionniste du président américain Donald Trump s’est traduite pour l’instant par une application de droits de douane de 10% aux importations de biens provenant d’Europe. Des discussions sont en cours pour essayer d’éviter qu’ils ne soient relevés davantage, mais jeudi à Washington, le ministre français de l’Economie Eric Lombard avait estimé un accord “encore loin”. La contribution du commerce extérieur est également négative (-0,4 point). En revanche, les variations de stocks ont contribué positivement à hauteur de 0,5 point à l’évolution du PIB. – “Effet récessif” -Cette publication de la croissance française précède celle de l’Allemagne, de l’Italie et de la zone euro, tandis que l’Espagne a vu son PIB augmenter de 0,6% au premier trimestre. Elle intervient dans un contexte politique toujours instable en France, le gouvernement minoritaire de François Bayrou étant régulièrement menacé de censure. Pour tenir son objectif de déficit en 2025, le gouvernement a aussi acté samedi 3,1 milliards d’euros d’annulations de crédits. Une “nouvelle coupe” qui, selon le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (La France insoumise, gauche radicale), “devrait avoir un effet récessif”. Le député réclame le dépôt par le gouvernement, au “printemps ou début de l’été”, d’un projet de loi de finances rectificative afin que le Parlement puisse “discuter de nouvelles recettes”. Dans ce contexte, après 1,1% en 2024, la croissance est attendue en net ralentissement en 2025, à 0,7% par le gouvernement comme la Banque de France. L’Insee n’a pas fourni de prévision annuelle à ce stade. Outre la guerre commerciale, “la volonté du gouvernement de limiter le déficit public pèsera également sur la conjoncture. La baisse des taux d’intérêt, du prix des matières premières et la relance budgétaire allemande pourraient cependant apporter un léger soutien à l’activité”, a estimé Sylvain Bersinger.
L’activité économique française a progressé de 0,1% au premier trimestre, une évolution sans éclat entre durcissement budgétaire pour réduire le déficit et fortes incertitudes commerciales qui ont pénalisé la consommation et les investissements. Cette hausse modérée du produit intérieur brut (PIB) entre janvier et mars, selon la première estimation de l’Institut national de la statistique (Insee) français, succède à la contraction de 0,1% observée au quatrième trimestre 2024 en raison du contrecoup des Jeux olympiques de Paris. “On pourrait se réjouir du léger rebond de la croissance française. Mais la plupart des composantes du PIB affichent des évolutions négatives, à l’exception de la variation des stocks qui a, seule, soutenu la croissance”, a commenté Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès, dans une note.Ainsi, pilier traditionnel de la croissance française, la consommation des ménages a stagné au premier trimestre malgré le net repli de l’inflation. Or, “c’est vraiment le moteur sur lequel on espère un redémarrage de la croissance”, a souligné Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade, auprès de l’AFP. Outre “le rôle des politiques économiques, il y a aussi un climat d’incertitude, les ménages s’attendant à une remontée du chômage”. En particulier, les achats de biens ont nettement reculé (-0,6%), notamment dans les matériels de transports, ce qui peut s’expliquer, selon l’Insee, par un bonus ou malus écologiques plus restrictifs pour les véhicules. Le gouvernement français prévoit une cinquantaine de milliards d’euros de baisse des dépenses et hausse des prélèvements en 2025 pour assainir des finances publiques très dégradées, avant un nouvel effort de 40 milliards annoncé en 2026 sans nouvel impôt. – Consolidation budgétaire -Conséquence, la consommation publique, qui avait soutenu la croissance en 2024, a fortement ralenti (0,1% après 0,4%): “on commence à voir un début de consolidation budgétaire”, selon Maxime Darmet. La France affiche le pire déficit public de la zone euro pour 2024, à 5,8%. Le gouvernement entend le ramener à 5,4% puis sous le plafond européen de 3% en 2029. Son endettement (113% du PIB) est le troisième plus lourd après la Grèce et l’Italie.Les investissements sont en berne également (-0,2%): tant ceux des entreprises que administrations publiques et des ménages sont concernés. La construction et les biens manufacturés ont particulièrement souffert, “ces derniers étant très sensibles à la montée de l’incertitude commerciale”, a pointé Maxime Darmet. L’offensive protectionniste du président américain Donald Trump s’est traduite pour l’instant par une application de droits de douane de 10% aux importations de biens provenant d’Europe. Des discussions sont en cours pour essayer d’éviter qu’ils ne soient relevés davantage, mais jeudi à Washington, le ministre français de l’Economie Eric Lombard avait estimé un accord “encore loin”. La contribution du commerce extérieur est également négative (-0,4 point). En revanche, les variations de stocks ont contribué positivement à hauteur de 0,5 point à l’évolution du PIB. – “Effet récessif” -Cette publication de la croissance française précède celle de l’Allemagne, de l’Italie et de la zone euro, tandis que l’Espagne a vu son PIB augmenter de 0,6% au premier trimestre. Elle intervient dans un contexte politique toujours instable en France, le gouvernement minoritaire de François Bayrou étant régulièrement menacé de censure. Pour tenir son objectif de déficit en 2025, le gouvernement a aussi acté samedi 3,1 milliards d’euros d’annulations de crédits. Une “nouvelle coupe” qui, selon le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (La France insoumise, gauche radicale), “devrait avoir un effet récessif”. Le député réclame le dépôt par le gouvernement, au “printemps ou début de l’été”, d’un projet de loi de finances rectificative afin que le Parlement puisse “discuter de nouvelles recettes”. Dans ce contexte, après 1,1% en 2024, la croissance est attendue en net ralentissement en 2025, à 0,7% par le gouvernement comme la Banque de France. L’Insee n’a pas fourni de prévision annuelle à ce stade. Outre la guerre commerciale, “la volonté du gouvernement de limiter le déficit public pèsera également sur la conjoncture. La baisse des taux d’intérêt, du prix des matières premières et la relance budgétaire allemande pourraient cependant apporter un léger soutien à l’activité”, a estimé Sylvain Bersinger.
