Balayant la mise en garde de Michel Barnier sur “la tempête” que déclencherait une chute du gouvernement, le Rassemblement national agite plus que jamais la menace d’une censure, peut-être dès la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale, objet probable d’un compromis députés-sénateurs mercredi.”Les Français attendent des engagements clairs et fermes sur l’abandon des 3 milliards de hausses du prix de l’électricité (disposition phare du budget 2025, autorisant le gouvernement à relever la fiscalité de l’électricité, ndlr), l’abandon du déremboursement de nouveaux médicaments et de la désindexation des retraites (…) et le Premier ministre n’en prend pas le chemin”, a réagi sur X Marine Le Pen au lendemain de l’intervention du chef du gouvernement sur TF1.Le député RN Jean-Philippe Tanguy ne voit pas non plus “une main tendue” par Michel Barnier, même si ce dernier s’est dit prêt à faire davantage pour “préserver le pouvoir d’achat” et a annoncé une mission sur la proportionnelle, autre revendication du RN.Le RN pourrait faire tomber le gouvernement s’il votait une motion de censure déposée par la gauche. De quoi amener l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à appeler Michel Barnier à faire “un geste de compromis” qui s’adresserait notamment au Rassemblement national et ses “11 millions d’électeurs”, en ciblant “la taxe sur l’électricité”.En attendant, “je ferai ce que j’ai à faire dans le cas de la défense des Français”, a répété Marine Le Pen, assurant que son procès, qui connaissait mercredi son dernier jour, “n’entre aucunement en considération” dans ses choix politiques. A défaut de convaincre le parti de Jordan Bardella, le gouvernement essaye de faire appel à “la responsabilité inouïe” – dixit la porte-parole Maud Bregeon – des parlementaires socialistes, dont les leaders ont été reçus mercredi après-midi à Matignon. “Nous n’accepterons jamais le chantage qui pourrait nous être fait”, a rétorqué le patron des sénateurs PS Patrick Kanner.Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a invité de son côté “à prendre la mesure du risque que fait courir cette motion de censure sur l’image, sur le poids qu’aura la France dans les années à venir”, son collègue à Bercy Laurent Saint-Martin mettant en garde contre “une crise économique et financière”.- Un premier 49-3 lundi ? -Sans attendre la lecture définitive sur le budget de l’Etat mi-décembre, une motion de censure pourrait être déposée la semaine prochaine en cas de recours au 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale.Faute de majorité à l’Assemblée, le gouvernement pourrait déclencher ce 49.3 lundi, si députés et sénateurs parviennent à un compromis mercredi en commission mixte partiaire (CMP), où la coalition gouvernementale dispose d’une courte majorité (huit voix contre six).Sénateurs et députés ont franchi un premier obstacle en approuvant en CMP une baisse des exonérations de cotisations patronales à hauteur de 1,6 milliard d’euros pour 2025, après la décision d’Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) de ne pas bloquer l’émergence d’un compromis.La représentante macroniste Stéphanie Rist a voté contre, mais elle ne devrait pas s’opposer in fine au texte issu de la CMP, même si les macronistes voient cette mesure comme un reniement de sept ans de politique de l’offre. Un échec de la CMP renverrait le texte dans la navette parlementaire, alourdissant probablement le nombre de 49.3 nécessaires pour faire passer le texte.Le gouvernement est absent en CMP mais peut interagir par coups de fil et textos. Le ministre du Budget Laurent Saint-Martin avait estimé qu’un “bon consensus” en CMP serait environ à 1,5 milliard d’euros. Si les cotisations sont le principal irritant pour les macronistes, le texte est truffé de mesures sensibles, sur l’indexation des retraites, le remboursement des médicaments ou la fiscalité sur les sodas et le tabac.La patron des députés Droite républicaine Laurent Wauquiez a, lui, annoncé un accord avec les sénateurs LR pour renoncer à sept heures de travail sans rémunération pour les actifs, censées rapporter 2,5 milliards. Une annonce qui a crispé certains sénateurs centristes la découvrant dans la presse.La gauche tentera, elle, de défendre des revalorisations de l’objectif des dépenses de l’assurance maladie (Ondam) ou la suppression de certains déremboursements de médicaments, et proposera des mesures de financement.