En plein bouleversement de l’ordre mondial par Donald Trump, le chef d’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa a plaidé jeudi pour le “multilatéralisme” et le “droit international” lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qu’a boudée le chef de la diplomatie américaine.Si les Etats-Unis multiplient les propositions sur l’Ukraine en son absence ou au sujet de Gaza avec un plan rejeté en bloc par les dirigeants arabes, ce rendez-vous inaugural, devant mener en novembre au premier sommet du G20 en Afrique, a été snobé par Marco Rubio, principal absent jeudi.”Il est essentiel que les principes de la charte des Nations unies, le multilatéralisme et le droit international restent au centre de tous nos efforts, ils doivent être le ciment nous unissant”, a affirmé Cyril Ramaphosa, avant de citer les guerres et conflits en Ukraine, au Proche-Orient et en République démocratique du Congo.Les “tensions géopolitiques”, le “changement climatique” et les “pandémies” aussi “menacent une coexistence mondiale déjà fragile”, a-t-il averti, face à une assistance “manquant de consensus”.Parmi celle-ci, les ministres des Affaires étrangères des pays des Brics, proches de Pretoria, à commencer par le Russe Sergueï Lavrov, ainsi que ses homologues chinois et indien. Mais aussi le Français Jean-Noël Barrot, le Britannique David Lammy ou la diplomate en chef de l’UE Kaja Kallas.”On traverse des temps très turbulents”, a observé cette dernière. “C’est le moment de revoir ses vieux amis et de s’en faire de nouveaux”, a-t-elle expliqué lors d’un point presse après une ode au multilatéralisme.La photo de groupe prévue a été annulée car “plusieurs pays ne souhaitaient pas apparaître aux côtés de Lavrov”, a appris l’AFP auprès de l’entourage d’une délégation.Premier pays du continent à présider le G20, l’Afrique du Sud a accueilli jeudi une valse des berlines déversant les diplomates sous le rythme de danses zouloues. Cette réunion de deux jours a débuté avec une demi-heure de retard au parc des expositions de Nasrec.”La première session abordera la situation géopolitique mondiale”, a indiqué jeudi le chef de la diplomatie sud-africaine Ronald Lamola. Après la conférence de Munich marquée par la diatribe anti-européenne du vice-président américain JD Vance puis la rencontre américano-russe de Ryad pour discuter du sort de l’Ukraine en son absence, cette rencontre donne à voir la nouvelle partition du concert des nations, à l’heure de Donald Trump.- “Pas un boycott” -La non-participation américaine y est “l’éléphant au milieu de la pièce”, observe auprès de l’AFP Priyal Singh, chercheur à l’Institut pour les études de sécurité à Pretoria.L’absence de Marco Rubio représente un “camouflet pour l’Afrique du Sud”, estime-t-il. En son absence, c’est la chargée d’affaires à l’ambassade américaine de Pretoria, Dana Brown, qui fait office de représentante des Etats-Unis.Quant au secrétaire au Trésor américain Scott Bessent, il n’ira pas davantage à la réunion des ministres des Finances du G20 programmée au Cap mercredi et jeudi prochain, “en raison d’obligations à Washington” a-t-il annoncé.”Cela envoie un message symbolique aux Africains: les Etats-Unis ne prennent pas le continent au sérieux”, juge William Gumede, professeur de politique à l’université du Witwatersrand.”L’absence du secrétaire d’État n’est pas une catastrophe, car les États-Unis sont toujours représentés ici”, a jugé lui jeudi Cyril Ramaphosa. “Ce n’est donc pas d’un boycott.”Au milieu du tapage des négociations de Washington avec Moscou sur l’Ukraine, l’Afrique du Sud risque de peiner à faire entendre son programme autour de la croissance inclusive et de l’innovation financière destinées à permettre aux pays accablés par la dette et le dérèglement climatique de se développer.”La crise climatique n’est plus une menace, c’est une réalité catastrophique à laquelle nous devons tous faire face”, a rappelé malgré tout jeudi Cyril Ramaphosa. “Les catastrophes naturelles provoquées par le climat affectent les pays du monde entier (…) mais elles ont un impact particulièrement dévastateur sur ceux qui n’ont pas les moyens de faire face aux coûts de reconstruction.”Ce thème n’est pas davantage au goût de l’administration Trump, déjà remontée contre une loi sur l’expropriation selon elle “injuste” envers les Afrikaners, descendants des premiers colons européens, ainsi que contre la plainte déposée par Pretoria pour génocide à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice.Par la voix de Marco Rubio, Washington a accusé l’Afrique du Sud d'”utiliser le G20 pour promouvoir” son programme en matière de “diversité” et de “changement climatique”.”Nous sommes déterminés à entretenir de bonnes relations avec les États-Unis”, a pourtant assuré Cyril Ramaphosa jeudi.”On peut ne pas être d’accord sur un certain nombre de sujets”, a reconnu le président sud-africain. “Mais (…) on veut pouvoir échanger directement.”
En plein bouleversement de l’ordre mondial par Donald Trump, le chef d’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa a plaidé jeudi pour le “multilatéralisme” et le “droit international” lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qu’a boudée le chef de la diplomatie américaine.Si les Etats-Unis multiplient les propositions sur l’Ukraine en son absence ou au sujet de Gaza avec un plan rejeté en bloc par les dirigeants arabes, ce rendez-vous inaugural, devant mener en novembre au premier sommet du G20 en Afrique, a été snobé par Marco Rubio, principal absent jeudi.”Il est essentiel que les principes de la charte des Nations unies, le multilatéralisme et le droit international restent au centre de tous nos efforts, ils doivent être le ciment nous unissant”, a affirmé Cyril Ramaphosa, avant de citer les guerres et conflits en Ukraine, au Proche-Orient et en République démocratique du Congo.Les “tensions géopolitiques”, le “changement climatique” et les “pandémies” aussi “menacent une coexistence mondiale déjà fragile”, a-t-il averti, face à une assistance “manquant de consensus”.Parmi celle-ci, les ministres des Affaires étrangères des pays des Brics, proches de Pretoria, à commencer par le Russe Sergueï Lavrov, ainsi que ses homologues chinois et indien. Mais aussi le Français Jean-Noël Barrot, le Britannique David Lammy ou la diplomate en chef de l’UE Kaja Kallas.”On traverse des temps très turbulents”, a observé cette dernière. “C’est le moment de revoir ses vieux amis et de s’en faire de nouveaux”, a-t-elle expliqué lors d’un point presse après une ode au multilatéralisme.La photo de groupe prévue a été annulée car “plusieurs pays ne souhaitaient pas apparaître aux côtés de Lavrov”, a appris l’AFP auprès de l’entourage d’une délégation.Premier pays du continent à présider le G20, l’Afrique du Sud a accueilli jeudi une valse des berlines déversant les diplomates sous le rythme de danses zouloues. Cette réunion de deux jours a débuté avec une demi-heure de retard au parc des expositions de Nasrec.”La première session abordera la situation géopolitique mondiale”, a indiqué jeudi le chef de la diplomatie sud-africaine Ronald Lamola. Après la conférence de Munich marquée par la diatribe anti-européenne du vice-président américain JD Vance puis la rencontre américano-russe de Ryad pour discuter du sort de l’Ukraine en son absence, cette rencontre donne à voir la nouvelle partition du concert des nations, à l’heure de Donald Trump.- “Pas un boycott” -La non-participation américaine y est “l’éléphant au milieu de la pièce”, observe auprès de l’AFP Priyal Singh, chercheur à l’Institut pour les études de sécurité à Pretoria.L’absence de Marco Rubio représente un “camouflet pour l’Afrique du Sud”, estime-t-il. En son absence, c’est la chargée d’affaires à l’ambassade américaine de Pretoria, Dana Brown, qui fait office de représentante des Etats-Unis.Quant au secrétaire au Trésor américain Scott Bessent, il n’ira pas davantage à la réunion des ministres des Finances du G20 programmée au Cap mercredi et jeudi prochain, “en raison d’obligations à Washington” a-t-il annoncé.”Cela envoie un message symbolique aux Africains: les Etats-Unis ne prennent pas le continent au sérieux”, juge William Gumede, professeur de politique à l’université du Witwatersrand.”L’absence du secrétaire d’État n’est pas une catastrophe, car les États-Unis sont toujours représentés ici”, a jugé lui jeudi Cyril Ramaphosa. “Ce n’est donc pas d’un boycott.”Au milieu du tapage des négociations de Washington avec Moscou sur l’Ukraine, l’Afrique du Sud risque de peiner à faire entendre son programme autour de la croissance inclusive et de l’innovation financière destinées à permettre aux pays accablés par la dette et le dérèglement climatique de se développer.”La crise climatique n’est plus une menace, c’est une réalité catastrophique à laquelle nous devons tous faire face”, a rappelé malgré tout jeudi Cyril Ramaphosa. “Les catastrophes naturelles provoquées par le climat affectent les pays du monde entier (…) mais elles ont un impact particulièrement dévastateur sur ceux qui n’ont pas les moyens de faire face aux coûts de reconstruction.”Ce thème n’est pas davantage au goût de l’administration Trump, déjà remontée contre une loi sur l’expropriation selon elle “injuste” envers les Afrikaners, descendants des premiers colons européens, ainsi que contre la plainte déposée par Pretoria pour génocide à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice.Par la voix de Marco Rubio, Washington a accusé l’Afrique du Sud d'”utiliser le G20 pour promouvoir” son programme en matière de “diversité” et de “changement climatique”.”Nous sommes déterminés à entretenir de bonnes relations avec les États-Unis”, a pourtant assuré Cyril Ramaphosa jeudi.”On peut ne pas être d’accord sur un certain nombre de sujets”, a reconnu le président sud-africain. “Mais (…) on veut pouvoir échanger directement.”
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