Dans le sud du Liban, Israël accusé d’empêcher la reconstruction

Lorsqu’il a commencé à militer pour la reconstruction des villages frontaliers du sud du Liban, dévastés par la dernière guerre avec Israël, Tarek Mazraani dit avoir été menacé par des drones de l’armée israélienne qui ont survolé la zone où il habite.Depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu il y a près d’un an, Israël vise systématiquement les bulldozers et autres engins de construction, ainsi que les préfabriqués, dans une volonté claire d’entraver toute reconstruction selon les officiels libanais.L’ONU estime que près de 82.000 habitants du sud, notamment de la zone frontalière, qui ont fui pendant le conflit entre Israël et le Hezbollah, restent déplacés.”Pour nous, la guerre n’est pas finie (…) Nous ne pouvons pas rentrer dans nos villages, nous ne pouvons pas reconstruire”, assure à l’AFP Tarek Mazraani, un ingénieur de 61 ans originaire de Houla, à quelques kilomètres de la frontière avec Israël.Faute de fonds, l’Etat libanais n’a toujours pas lancé la reconstruction, dont le coût est estimé par la Banque mondiale à 11 milliards de dollars, en l’absence de tout recensement officiel des destructions.Comme Houla, la plupart des villages frontaliers sont aujourd’hui dévastés. En août, Amnesty International a estimé que “la destruction massive et délibérée de biens civils et de terres agricoles par l’armée israélienne dans le sud du Liban doit faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre”.Tarek Mazraani, qui affirme n’être affilié à aucun parti, a fondé le “Rassemblement des habitants des villages frontaliers” et commencé à élaborer des plans pour reconstruire des maisons dans la région qu’il avait lui-même bâties.Mais en octobre, raconte-t-il, des drones israéliens ont survolé le secteur de Nabatiyé où il s’est réfugié, diffusant par haut-parleur un message le menaçant directement et appelant la population à le “chasser”, en l’associant implicitement au Hezbollah. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas indiqué dans l’immédiat sur quelle base elle le considérait comme lié au mouvement islamiste libanais.  “C’est un message à quiconque pense qu’il y aura une reconstruction avant qu’ils (les Israéliens, NDLR) parviennent à leurs fins”, affirme l’ingénieur, installé chez ses proches à Beyrouth.”Ils interdisent de s’approcher des maisons dans la zone frontalière, de déblayer les décombres, empêchent tout engin de reconstruction de bouger”, dit-il.- “J’ai vu tout brûler” -Malgré le cessez-le-feu, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le Hezbollah pro-iranien et l’accusant de se réarmer.Le 11 octobre, des avions de combat israéliens ont mené des raids intensifs contre des parcs de bulldozers et d’excavatrices, détruisant plus de 300 engins à Msaileh, à une quarantaine de kilomètres de la frontière.Le Liban a dénoncé des frappes contre “des installations civiles”, l’armée israélienne affirmant avoir visé “des appareils destinés à la reconstruction des infrastructures terroristes du Hezbollah”.Au milieu des bulldozers calcinés, Ahmad Tabaja tente, les mains noircies, de sauver cinq engins encore intacts sur un total de 120 lui appartenant. “Tout le monde sait que ce sont des engins civils”, affirme cet homme de 65 ans qui évalue les dégâts à près de cinq millions de dollars.Dans la localité voisine d’Ansariyeh, Hussein Kiniar raconte que c’est la deuxième fois que le parc d’exposition fondé par son père est bombardé.”J’ai vu tout brûler sous mes yeux (…) La première frappe, pendant la guerre, nous a coûté cinq millions de dollars, et cette seconde sept millions”, dit l’homme de 32 ans devant les carcasses des appareils.L’armée israélienne avait indiqué avoir visé “un site du Hezbollah” abritant des véhicules “destinés à reconstruire les capacités de l’organisation terroriste et à soutenir ses activités”.M. Kiniar dément tout lien entre son site ou lui-même et le Hezbollah, affirmant faire partie d’une “entreprise civile”.Le 2 octobre, deux ingénieurs qui évaluaient les destructions dans le sud pour le compte d’une compagnie liée au Hezbollah ont été tués dans une frappe israélienne.La formation, sortie affaiblie de la guerre, est soumise à une intense pression pour remettre ses armes à l’Etat libanais et à des sanctions visant à l’asphyxier économiquement. Le Hezbollah, qui lors d’une guerre précédente avec Israël en 2006 avait contribué à la reconstruction, a juste payé cette fois à des habitants dont les maisons ont été détruites l’équivalent d’un loyer pour se reloger.Les agriculteurs des zones frontalières disent également ne plus avoir accès à leurs terres.Dans la maison de son fils près de la ville de Nabatiyé, Mohammad Rizk, 69 ans, pleure ses oliviers et dit être privé de récolte pour la troisième année consécutive.”Pour nous, la guerre n’est pas finie. Elle sera terminée lorsque nous rentrerons chez nous.”
Lorsqu’il a commencé à militer pour la reconstruction des villages frontaliers du sud du Liban, dévastés par la dernière guerre avec Israël, Tarek Mazraani dit avoir été menacé par des drones de l’armée israélienne qui ont survolé la zone où il habite.Depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu il y a près d’un an, Israël vise systématiquement les bulldozers et autres engins de construction, ainsi que les préfabriqués, dans une volonté claire d’entraver toute reconstruction selon les officiels libanais.L’ONU estime que près de 82.000 habitants du sud, notamment de la zone frontalière, qui ont fui pendant le conflit entre Israël et le Hezbollah, restent déplacés.”Pour nous, la guerre n’est pas finie (…) Nous ne pouvons pas rentrer dans nos villages, nous ne pouvons pas reconstruire”, assure à l’AFP Tarek Mazraani, un ingénieur de 61 ans originaire de Houla, à quelques kilomètres de la frontière avec Israël.Faute de fonds, l’Etat libanais n’a toujours pas lancé la reconstruction, dont le coût est estimé par la Banque mondiale à 11 milliards de dollars, en l’absence de tout recensement officiel des destructions.Comme Houla, la plupart des villages frontaliers sont aujourd’hui dévastés. En août, Amnesty International a estimé que “la destruction massive et délibérée de biens civils et de terres agricoles par l’armée israélienne dans le sud du Liban doit faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre”.Tarek Mazraani, qui affirme n’être affilié à aucun parti, a fondé le “Rassemblement des habitants des villages frontaliers” et commencé à élaborer des plans pour reconstruire des maisons dans la région qu’il avait lui-même bâties.Mais en octobre, raconte-t-il, des drones israéliens ont survolé le secteur de Nabatiyé où il s’est réfugié, diffusant par haut-parleur un message le menaçant directement et appelant la population à le “chasser”, en l’associant implicitement au Hezbollah. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas indiqué dans l’immédiat sur quelle base elle le considérait comme lié au mouvement islamiste libanais.  “C’est un message à quiconque pense qu’il y aura une reconstruction avant qu’ils (les Israéliens, NDLR) parviennent à leurs fins”, affirme l’ingénieur, installé chez ses proches à Beyrouth.”Ils interdisent de s’approcher des maisons dans la zone frontalière, de déblayer les décombres, empêchent tout engin de reconstruction de bouger”, dit-il.- “J’ai vu tout brûler” -Malgré le cessez-le-feu, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le Hezbollah pro-iranien et l’accusant de se réarmer.Le 11 octobre, des avions de combat israéliens ont mené des raids intensifs contre des parcs de bulldozers et d’excavatrices, détruisant plus de 300 engins à Msaileh, à une quarantaine de kilomètres de la frontière.Le Liban a dénoncé des frappes contre “des installations civiles”, l’armée israélienne affirmant avoir visé “des appareils destinés à la reconstruction des infrastructures terroristes du Hezbollah”.Au milieu des bulldozers calcinés, Ahmad Tabaja tente, les mains noircies, de sauver cinq engins encore intacts sur un total de 120 lui appartenant. “Tout le monde sait que ce sont des engins civils”, affirme cet homme de 65 ans qui évalue les dégâts à près de cinq millions de dollars.Dans la localité voisine d’Ansariyeh, Hussein Kiniar raconte que c’est la deuxième fois que le parc d’exposition fondé par son père est bombardé.”J’ai vu tout brûler sous mes yeux (…) La première frappe, pendant la guerre, nous a coûté cinq millions de dollars, et cette seconde sept millions”, dit l’homme de 32 ans devant les carcasses des appareils.L’armée israélienne avait indiqué avoir visé “un site du Hezbollah” abritant des véhicules “destinés à reconstruire les capacités de l’organisation terroriste et à soutenir ses activités”.M. Kiniar dément tout lien entre son site ou lui-même et le Hezbollah, affirmant faire partie d’une “entreprise civile”.Le 2 octobre, deux ingénieurs qui évaluaient les destructions dans le sud pour le compte d’une compagnie liée au Hezbollah ont été tués dans une frappe israélienne.La formation, sortie affaiblie de la guerre, est soumise à une intense pression pour remettre ses armes à l’Etat libanais et à des sanctions visant à l’asphyxier économiquement. Le Hezbollah, qui lors d’une guerre précédente avec Israël en 2006 avait contribué à la reconstruction, a juste payé cette fois à des habitants dont les maisons ont été détruites l’équivalent d’un loyer pour se reloger.Les agriculteurs des zones frontalières disent également ne plus avoir accès à leurs terres.Dans la maison de son fils près de la ville de Nabatiyé, Mohammad Rizk, 69 ans, pleure ses oliviers et dit être privé de récolte pour la troisième année consécutive.”Pour nous, la guerre n’est pas finie. Elle sera terminée lorsque nous rentrerons chez nous.”