Conseil constitutionnel: les députés LR inflexibles, Ferrand sous forte pression

Les nuages s’amoncellent au-dessus de Richard Ferrand, les parlementaires de droite se montrant au mieux réservés, au pire hostiles à sa candidature pour présider le Conseil constitutionnel, et le choix d’Emmanuel Macron aura fort à faire mercredi pour inverser la tendance.”Un problème d’éthique”, “un problème d’impartialité”, “un problème parce qu’il n’a pas d’expertise juridique”. Quand il se présente devant la presse mardi, Laurent Wauquiez, l’un des chefs de la toute relative alliance macronie-LR à l’Assemblée, ne retient pas ses coups.Le patron de la droite à l’Assemblée a estimé que l’arrivée de Richard Ferrand conforterait “un Conseil constitutionnel qui ne juge plus en droit mais avec une dérive idéologique”. Et les élus du groupe en commission des Lois devraient tous s’opposer à la nomination mercredi.Ancien président de l’Assemblée (2018-2022), Richard Ferrand est aussi l’un des premiers “marcheurs” et l’un des rares à pouvoir parler franchement à Emmanuel Macron, qu’il a aidé à faire entrer à l’Elysée.Une relation de proximité que le natif de Rodez se voit renvoyée à la figure, quand certains l’estiment disqualifié par l’affaire des Mutuelles de Bretagne et sa mise en examen pour “prise illégale d’intérêts”. En dépit d’un non-lieu pour cause de prescription, confirmée par la Cour de cassation en 2022. Des faits de toute façon “pas établis”, selon M. Ferrand.- Auditions à enjeu -“Macroniste de la première heure, secrétaire général d’En Marche (première dénomination du parti présidentiel, ndlr), ministre, président du groupe LREM, plus redevable que juriste, son profil interroge”, a énuméré mardi aux Questions au gouvernement l’écologiste Jérémie Iordanoff.”La grande proximité peut donner parfois une grande liberté”, a répondu le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.D’autres enfin, notamment des juristes, lui reprochent une expertise juridique trop faible, alors que le Conseil constitutionnel subit déjà des procès en politisation de la droite et de l’extrême droite.En 2027, “il faudra qu’on ait un Conseil constitutionnel irréprochable. En termes d’indépendance, d’expertise. Là on prête un petit peu le flanc”, soupire un ministre. Une ministre macroniste parie elle sur les auditions: “Je pense qu’il peut convaincre plein de gens que c’est la bonne personne”.Ancien député socialiste puis macroniste (2012-2022) Richard Ferrand retrouvera son ancienne chambre mercredi (8H30) pour passer sur le gril d’une commission des Lois où il dispose de peu d’alliés.S’il devrait pouvoir compter sur l’essentiel des élus de l’ancienne majorité (EPR-MoDem-Horizons), les parlementaires de gauche et de DR voteront contre. Quant au RN, dont les voix pourraient s’avérer cruciales, il répète qu’il prendra sa décision après l’audition.Est-ce que le Conseil constitutionnel est un législateur ? Est-ce qu’il doit être un constituant ? Est-ce que son président doit prendre des positions politiques en public ? Autant de questions auxquelles les députés RN espèrent avoir une réponse négative de Richard Ferrand mercredi.C’est toutefois probablement au Sénat (11H00) que se jouera la décision. – “Pronostic défavorable” -Les parlementaires des commissions des deux chambres voteront à bulletin secret, renforçant l’incertitude autour d’un scrutin dont personne ne connaît la barre fatidique. Si les 122 commissaires s’expriment, 74 devront voter contre pour entraver la nomination (les oppositions détiennent une soixantaine de sièges). Mais ce sont les trois cinquièmes des voix “exprimées” qui compteront, et chaque abstention, et a fortiori chaque vote contre, dans la fragile alliance macronie-LR abaisserait le couperet.Les cadres macronistes espèrent que l’influent président du Sénat Gérard Larcher (LR) aura sécurisé des sénateurs de droite, largement majoritaires en commission.”On ne m’a rien demandé”, assure une sénatrice LR, qui juge que la majorité de son groupe voit négativement la candidature Ferrand.”Je crois qu’il souffre de la bataille interne des LR. Wauquiez veut à tout prix envoyer une claque à Macron, et subsidiairement au gouvernement en disant +vous voyez, nous on est les vrais opposants alors que Retailleau s’accommode de Ferrand”, analyse un ténor socialiste.Avant l’annonce des résultats, potentiellement à l’heure du déjeuner, tout le monde sort sa calculette. Un cadre macroniste “pense que ça va passer”. “Pronostic défavorable a cette heure”, juge un sénateur LR.sac-parl/hr/dch